L’amour c’est comme une cigarette
Zdenek Zeman, Arrigo Sacchi… Diego Armando Maradona et Roberto Baggio… Si vous suivez les traces laissées par ma « fusée fantaisiste » dans la stratosphère de mes récits, ou si plus simplement, vous vous trouvez être un fidèle aficionado de mes fables… vous aurez alors sans aucun doute facilement reconnu les quatre astres cités ci-dessus, fantastiques super-héros souvent croisés dans mes articles, jamais cependant en tant que « Star » principale… et qui aujourd’hui, comme pour une sorte d’occasion un peu spéciale, se retrouvent follement placés en premières lignes de notre histoire. Une nouvelle histoire au son de SOS, aux allures de message étouffant dans une bouteille désespérément balancée à la mer… Un conte pour conclure, dont l’écho du cri raisonne comme une prière, cette dernière dédiée évidemment aux Dieux du sport le plus partagé de la planète. Ici Apollon ayant, en quelque sorte, remplacé l’astre suprême par un ballon rond… et là d’autres innombrables déités perchées tout là haut, sur le toit de leur propre Panthéon, tranquillement installées à la tête de l’ « Olympe du football » et donc indéniablement influentes, pour ne pas dire totalement décideuses : de toutes nos émotions ! Message, prière… notre texte pour finir sera un petit papier… Un « papelito » qui tombera du ciel… Expression d’un transport tout droit descendu des tribunes d’un stade argentin, ange déchu pour avoir voulu dérober un nuage du Paradis… « Dame raison » qui dégringole à la vitesse de la chute libre ou pourquoi pas, pour ponctuer le tout : mon caractère utopique, cavalier… romantique ou que sais-je encore… qui une fois de plus serait comme frappé par la foudre ! Après tout peut importe… Notre « papelito » continu son atterrissage improvisé, finalement plutôt à la façon d’une plume sensible à la trajectoire frivole… Aigle planant au-dessus des lois, Petit Prince en apesanteur et autres astronautes, pardon : « extraterrestres étrangers de notre système » et si difficile à apprivoiser. Une redescente sur Terre aussi lente qu’in extremis, autant délicate qu’accompagnée de quelques secousses et voici notre soucoupe de papier qui vient enfin se poser, ou peut-être mourir, éphémère papillon aux ailes fragiles… sur la pelouse, verte comme l’espérance bien sûr, de mes rêves sauvages et impossibles ! Veuillez faire s’il vous plaît une petite place dans l’album Panini de votre imagination, dans votre bibliothèque de verre réservée spécifiquement au football purement poétique… Nous sommes en plein été 2023 et pour l’ère « post-Spaletti » qui s’ouvre à Naples, le lunaire et lunatique président Aurelio De Laurentiis vient de nommer Zdenek Zeman nouvel « allenatore » des « partenopei » ! Ici « L’amour c’est comme une cigarette », air soufflé sur le titre de ce paragraphe par une Sylvie Vartan plus que jamais balkanique, viendrait à la perfection embaumer les battements et les pulsations du superbe « Il cuore è uno zingaro » (« le cœur est un tzigane »), chanson populaire du répertoire italien, primée au festival de San Remo en 1971 et proposée par le « pugliese » Nicola di Bari qui, contrairement à ce que son nom peut laisser croire, est originaire de la province de Foggia… la paraphe n’est-elle pas parfaite ? Zeman nouveau coach de Naples donc… Indiscutablement « la fumée blanche », lâchée par un Conclave délocalisé pour l’occasion dans le ventre rouge vif du Vésuve et annonçant évidemment : la nomination du nouveau Pape du football ! Une nouvelle, un événement… qui comme vous vous en doutez, volera la vedette au « Mage de Fusignano », au « Pibe de Oro » et au « Divin Codino » (qui devront encore attendre leur tour pour avoir un rôle de personnage central)… pour venir mettre en avant « Il Boemo » (« le Bohème », « le Bohémien », en italien) comme on appelle l’entraîneur tchèque du côté de la botte. Un doux présage, presque un mirage… et pourtant bel et bien la réalité ! Alternance entre costume et survêt, poste fixe en revanche pour la cigarette… grand classique (pour la forme et la rime) comme « Un jeans e una maglietta »… et pour terminer (facile) : toute une ville qui perd la tête ! « Zemanlandia » : « Last Dance » et nouvelle « Napolimania » !
L’amour et la folie
Zeman est à Naples. Qui se souvient de son premier bail avec les « Azzurri » ? C’était en 2000, le Napoli venait de s’infliger un traitement cathartique, deux saisons au purgatoire, et Zeman sortait d’une année d’exil en Turquie, coupable de blasphème en ayant publiquement émis des doutes quant à la pureté des triomphes « Juventini ». Ces pauses n’étaient pas méditatives, pas question de repentir chez ces gens-là. Et puis demander pardon pour quoi ? D’avoir perturbé l’ordre établi puis d’avoir perdu pied après les fastueuses années Maradona ? De s’être exprimé sans filtre devant un micro tendu, une cigarette à la main ? Leur union était une alliance d’intérêt, celle de pestiférés qui n’ont pas l’embarras du choix. Ce Napoli exsangue n’attirait plus grand-monde, les portes et les volets se fermaient à l’approche du Bohème, un immigré ingrat. Un mariage faute de mieux, sans amour. Alors le vieux Corrado Ferlaino, patriarche intrigant du Napoli à bout de souffle, avait décidé de rompre des liens qui n’avaient rien de sacrés dès la mi-novembre, après sept misérables journées de championnat. Oui, Zeman est à Naples par la volonté d’Aurelio De Laurentiis, un président totalitariste comme d’autres avant lui, dans les bras desquels le Napoli aime s’abandonner. Ascarelli, Lauro, Ferlaino et maintenant De Laurentiis, sans doute le plus éclairé de cette lignée de despotes. Les chroniqueurs se lèchent les babines des phrases assassines à venir entre l’homme le plus puissant de Naples et son entraîneur. « – Zeman, aimez-vous vraiment les polémiques, les querelles ? – Non, j’aime mon travail, j’aime le faire avec honnêteté et dignité. Personne ne m’a jamais crié « voleur » en sortant du stade, il m’est arrivé de sortir sous les applaudissements après une défaite. C’est une grande satisfaction car vous vous sentez en paix avec vous-même ». On lui rappelle alors les mots cruels qui avaient accompagné sa brutale éviction de novembre 2000. Dans La Stampa, un journaliste avait cru bon de titrer « L’utopie du grand perdant », enchaînant par « Zeman a éteint le volcan avec un arrosoir ». Pourquoi serait-ce différent en 2023, à 76 ans et une décennie, ou presque, après sa dernière expérience manquée en Serie A ? Parce que la foi, monsieur, la foi ! La foi en cet immuable 4-3-3, la foi en la prodigalité, la foi en la beauté !
L’amour est enfant de bohème
Avec le rapatriement de ce qui représente certainement l’ultime locomotive à vapeur du Calcio encore en activité, les voyageurs seraient désormais en droit d’espérer, ou au moins d’imaginer et de rêver évidemment… voir débarquer, sur les quais mythiques d’un « Napoli Centrale » pour le coup plus que jamais nostalgique, les vieux wagons ayant jadis suivi, aussi amoureusement qu’aveuglément et à l’époque sur les rives de la côte Adriatique, du côté Pescara très exactement… l’enivrante fumée crachée par cette « Loco » complètement folle ! Insigne qui signerait ici dans la seconde, allant jusqu’à accepter le rôle de doublure de « Kvaradona » pour pouvoir chanter son chant du cygne chez lui, entre Capri et Ischia, au crépuscule d’une baie de Naples empruntant à merveille les mêmes teintes que celles de sa carrière : chaudes, intimes… locales ! Immobile ensuite, dans une sorte de « Last Dance » au rythme des tarentelles et, dans le même temps : une dernière chance aussi pour Ciro d’être sacré champion d’Italie chez lui. Un second Scudetto soulevé dans l’ancien San Paolo ? Et pourquoi pas un petit peu plus que ça… Effectivement, en échangeant de maillot avec le « Cholito » Giovanni Simeone, et en tolérant contre toutes attentes : au mieux l’instauration d’un turnover « Tornadesque » avec le vengeur masqué Victor Osimhen, au pire un poste dans l’ombre du « Zorro des Azzurri »… Immobile vient ici fixer la pointe d’un triangle de substitution redessinant indiscutablement les ambitions du Napoli (Lozano et Raspadori sont toujours en charge de la troisième arrête (Politano complète quant à lui la panoplie du géomètre parfait)). Des retours aux sources inattendus mais semblant maintenant tellement naturels, redimensionnant sans discussion aucune les perspectives entrevues dans chaque compétition et prolongeant ainsi sans retenue les droites, cercles et autres tracés, tous aussi précis que possédés ou ensorcelés… des schémas presque chamaniques de Zdenek Zeman ! Deux enfants napolitains donc, pour des « partenopei » paradoxalement bien plus européens et une équipe pour conclure, dans la laquelle manque encore à l’appel un dernier membre de cette formidable fratrie… Pas une progéniture de San Gennaro cette fois-ci mais un fils tout aussi spirituel, adoptif ou à part entière peu importe… du « père Zinzin » ! Hiboux à la vista clairvoyante et seule palette de bleus dans les yeux pouvant rivaliser avec celle de l’archipel campanien ou de son nouveau président… vous l’avez tous deviné et vu arriver : Marco Verratti (une venue pour palier le départ de Zielinski, celui-ci fraîchement « Laziale », parti remplacer le sergent Sergej Milinković-Savić dans l’entrejeu romain mais surtout, parti retrouver (décidément c’est la tendance de l’été) son maître à penser Maurizio Sarri (un retour de Jorginho était également envisagé au pied du Vésuve mais l’autre fils prodige de Sarri a préféré rejoindre, lui aussi par fidélité et loyauté envers la figure paternel, l’autre célèbre cigarette de « Serie A » chez les « biancocelesti »)… « Foi », « prodigalité », « beauté »… disions nous plus haut, juste après avoir prêté à l’illuminé président De Laurentiis une certaine qualité de conscience et de lucidité… Il n’en fallait pas plus pour s’abandonner aux bras de « Dame démesure » la démente, Déesse indéniablement domiciliée dans la « cité du soleil » bien sûr… et venir ainsi se laisser bercer ici : dans le duvet et le doux landau d’une ville éveillant à elle seule les rêves les plus endormis ! Pure, vulnérable… vierge de tout vice et véritable visage d’un football à l’avenir vertueux, ou plutôt ici : tout bonnement le merveilleux visage de l’avenir du football… Zdenek Zeman à Naples, c’est cet ange tombé du ciel, ce cadeau de la vie, cette bénédiction… cet amour enfant de bohème !
En collaboration avec l’ami Verano!
Zeman a trouvé son duo de fantaisistes. Ça ne décrochera évidemment pas le titre mais vive la beauté du geste!
Eh eh, pas facile d’être digne des rêves de Calcio !
Verano merci encore d’avoir joué avec moi. Mon enfant intérieur et ses rêves interdits sont ravis !
Ah ah merci Khia!
Puisque Zeman n’est pas à Naples mais à Pescara, un mot sur le match de Coppa contre la Reggiana : le Delfino menait 0-2 et a perdu 6-2. Rien n’a changé, Zeman = orgies de buts, pour le pire ou le meilleur !