Malgré le titre volontairement racoleur, cet article n’a pas pour vocation de révéler au public des informations fracassantes sur l’épisode de Knysna. Je ne suis pas journaliste et je me contente de rassembler du matériel largement disponible. Pour commencer, il faut rappeler le fait que la manipulation de l’information n’est pas l’exercice du mensonge. L’information, comme un objet, se manipule en la tournant d’un côté ou de l’autre, en choisissant un angle de vision et un éclairage qui insisteront sur telle facette et en laissera dans l’ombre d’autres, au gré de celui qui rédige l’article.
En agençant de manière différente les éléments à notre disposition, on peut pourtant raconter une histoire entièrement différente.
La France perd contre le Mexique à l’issue d’un match médiocre (et contre une bonne équipe mexicaine) sans être véritablement mauvaise. Nicolas Anelka est sorti à la mi-temps et une altercation verbale l’oppose à son entraîneur Domenech. Les propos sont probablement les suivants : « Va te faire enc**** avec ton équipe. Fais l’équipe que tu veux » selon les différentes sources[1]. On peut noter que ce type de dérapage est assez fréquent dans l’ambiance d’un vestiaire. On reviendra dessus.
Le lendemain L’Equipe titre en une :
On notera à la fois la présence des guillemets (en rouge s’il vous plaît !) et l’insulte « fils de pute ». Cette dernière n’a été mentionnée par aucun témoin par la suite, deux options sont donc envisageables :
– la taupe a volontairement déformé les propos ;
– la rédaction de L’Equipe a volontairement ajouté cette insulte ;
Dans les deux cas l’intention malveillante est évidente pour tous les joueurs qui ont assisté à la scène, et l’utilisation des guillemets une faute professionnelle là où tout journaliste qui se respecte aurait utilisé un conditionnel prudent… mais évidemment la une n’aurait plus de sens.
Ajoutez à cela la fuite d’une conversation de vestiaire, aussi choquante pour un joueur que le serait par exemple pour un journaliste une demande de révéler ses sources. Le choix du timing n’est évidemment pas neutre non plus. Il reste encore un match à disputer, la France possède encore une très faible chance de qualification, le journal est bien conscient d’achever l’équipe de France à ce moment.
Anelka n’a pas traité son entraîneur de « fils de pute »
Mais Cristiano Ronaldo si !
La star du Real a insulté Zidane devant les caméras à l’occasion d’un remplacement. CR7 a-t-il été sanctionné par son club ? Non, Zidane a désamorcé la tension et à la fin de la saison le Real gagnait la Liga, la Ligue des Champions, et Ronaldo était Ballon d’Or… On dira que n’est pas Ronaldo qui veut. C’est vrai, mais en termes éducatifs et dans la gestion d’un collectif l’argument n’a pas de valeur. Zidane n’a certainement pas apprécié les insultes, Ronaldo ou pas, mais il a privilégié la cohésion de l’équipe et en tant qu’ancien joueur il comprend ce type d’énervement.
L’exemple de Ronaldo vient simplement rappeler que lorsque tout le monde a intérêt à ce que les choses se passent bien, ce genre d’incident est géré, y compris lorsque les journalistes s’arrangent pour attiser le feu.
A Knysna, la gestion par la Fédération d’un incident qui aurait dû rester cantonné à Domenech et ses joueurs, a été désastreuse. Anelka est sanctionné sur la base d’une campagne de presse dont on vient de voir qu’elle était digne des plus mauvais tabloïds anglais, sans avoir eu l’occasion de s’expliquer. A aucun moment la Fédération ou l’entraîneur ne cherche à localiser l’auteur des fuites qui font définitivement imploser l’équipe de France. C’en est trop pour les joueurs.
A la recherche de la taupe
On se souvient combien Patrice Evra a été moqué pour avoir cherché la « taupe ». On peut le railler, effectivement ce n’était pas à lui de faire cette enquête : c’était le rôle de Domenech et de la Fédération. En 2018, personne ne reproche à Unaï Emery d’avoir localisé et sanctionné deux « taupes » présumées au PSG : Lucas et Ben Arfa.
On peut reprocher beaucoup de choses à l’emprise de l’argent sur le football actuel, mais une chose est sûre : un club professionnel sait protéger l’intérêt de l’équipe, et donc l’intégrité du vestiaire. Encore une fois, faire sortir dans la presse les différends internes est une faute majeure dans un sport collectif. Patrice Evra jouait à Manchester United en 2010, Nicolas Anelka à Chelsea et Franck Ribéry au Bayern Munich. Trois très grands clubs, trois grands entraîneurs. (Ferguson, Ancelotti, Van Gaal). Ces trois joueurs entre autres connaissaient parfaitement la gestion d’un club de très haut niveau et ne pouvaient qu’être sidérés du traitement infligé à l’équipe de France par les propres instances de la Fédération.
Ce qui depuis sept ans a été présenté par toutes les rédactions comme une sorte d’attentat commis par une bande de « caïds » irresponsables aurait tout aussi bien pu être interprété comme le devoir d’alerte incombant à des professionnels reconnus dans leur milieu. Le choix de l’angle d’attaque est purement journalistique (et lié aux moqueries provoquées par des difficultés d’expression qui cachent le professionnalisme réel).
Une lettre sans mystère
Encore une fois notre point de vue n’a rien d’extravagant. Il s’agit simplement d’adopter le point de vue de joueurs professionnels confrontés à un encadrement incompétent. Nous n’avons pas besoin du préjugé qui consiste à imaginer une bande de voyous jouissant à l’idée de piétiner le drapeau français…
Pour s’en convaincre il suffit de reprendre la lettre lue par Raymond Domenech :
Sans surprise, tous les éléments invoqués plus haut y sont présents:
– la divulgation d’un incident interne au groupe ;
– la sanction sans tentative de dialogue et sur la base d’un article de presse ;
– l’absence de volonté de la Fédération de protéger le groupe ;
Le fait que la protestation soit limitée à un événement, sans aucune menace pour la suite, atteste de la motivation des joueurs : marquer le coup par un événement pour attirer les médias et dénoncer l’attitude de la Fédération.
Ce que ces Bleus avaient mal mesuré c’est que si effectivement leur mouvement allait faire tomber la Fédération, beaucoup de responsables avaient intérêt à faire converger la colère des Français vers eux, ou plutôt certains d’entre eux.
Une Coupe du monde très politique
Nicolas Sarkozy n’a jamais caché sa passion pour le football et la Coupe du monde était pour lui un événement majeur dans le quinquennat, susceptible de détourner l’attention des misères sociales qu’il faisait souffrir aux Français. Pour marquer cette importance, Sarkozy dépêche la Ministre des Sports Roselyne Bachelot pour suivre l’équipe de France. La même ministre défendra devant l’Assemblée nationale la thèse des « caïds », « immatures »[2], tout en n’oubliant pas d’insister sur la responsabilité du staff. Le point le plus emblématique est le fait qu’une dissension entre les joueurs et l’encadrement ait amené une Ministre à témoigner devant l’Assemblée nationale ! Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’ingérence du politique dans le sport avait atteint des niveaux qu’on n’a pas retrouvés depuis. Ce point est essentiel parce que le discours politique de Sarkozy repose en grande partie sur sa capacité à contenir les « caïds », les « racailles », pour contrer un discours du Front National qui est centré sur la déstabilisation de l’équipe de France depuis l’époque de la victoire « black-blanc-beur ».
Raymond Domenech et la Fédération ont tout intérêt à laisser se développer ce déchaînement médiatique pour tenter d’atténuer un désastre qui est d’abord le leur.
Le « racisme anti-blanc »
Il ne s’agit pas ici de nier le caractère conflictuel des relations entre certains joueurs. Que Gourcuff et Ribéry ne s’apprécient pas, on peut relever depuis Knysna beaucoup d’indices concordants. Mais il s’agit de replacer ces tensions dans le contexte d’une vie de groupe. Il est quasiment impossible de constituer une équipe compétitive composée à 100 % de copains, on essaie plutôt de garantir que les tensions resteront mesurées.
Quand bien même il y a eu des tensions entre Gourcuff et Ribéry, la position victimaire attribuée au premier semble largement exagérée, et pas très flatteuse pour lui. Elle dessine une personnalité sous influence, incapable de se faire respecter. Si Domenech affirme dans ses écrits que Gourcuff n’a pas le caractère d’un leader, rien ne laisse penser non plus qu’il ait celui d’un suiveur. Les journalistes aiment bien s’exprimer à sa place, Ménès allant jusqu’à invoquer un « racisme anti-blanc »[3]. L’intéressé n’a jamais confirmé cette interprétation, mais il faudrait lui prêter bien peu de caractère pour imaginer que, au vu de ces arguments, il ait accepté de ne pas descendre du bus. La carrière de Gourcuff laisse plutôt entrevoir un caractère réservé mais entier, tout le contraire du suiveur qui cherche à se faire accepter par le groupe. Est-ce que c’est vraiment la pression supposée qui l’empêchait de descendre du bus ou plus simplement qu’il était plutôt d’accord sur le fond des arguments ?
Rappelons en outre que la lettre a été rédigée par l’avocat de Jérémy Toulalan, autre garçon réservé mais au caractère affirmé. Rappelons que quelques mois avant la Coupe du monde, il avait signé une interview fracassante pour dénoncer l’influence néfaste de « France 98 » et l’apathie de la Fédération[4]. Il confirme l’existence de clans au sein de l’équipe de France mais affirme clairement que ce n’est pas le problème majeur. Tout dans l’épisode de Knysna semble indiquer qu’on n’est pas en présence de la conséquence de clans et d’un supposé racisme « anti-blanc ». Au contraire, il semble qu’à ce moment les clans ont été dépassés par le rejet unanime de la politique de la Fédération.
Pour finir est-ce que l’inimitié entre Gourcuff et Ribéry doit absolument être reliée à un racisme « anti-blanc » ? Ribéry, bien que musulman, est avant tout un Ch’ti, mais surtout un enfant des milieux populaires. Gourcuff est un enfant du sérail, son père était déjà footballeur puis entraîneur, jouissant certainement d’un niveau de vie confortable. Ces tensions peuvent nous rappeler celles bien connues entre Grégory Coupet et Vikash Dhorasoo. Bien que Dhorasoo soit également issu d’un milieu populaire, il a développé une culture et des intérêts qui sortent du cadre du milieu des footballeurs. Son caractère solitaire l’a souvent mis en marge du groupe, comme Gourcuff. Ribéry contre Gourcuff, c’est un peu comme Coupet contre Dhorasoo, sauf qu’évidemment dans le second cas personne n’ira invoquer le racisme « anti-blanc »[5]. Il n’y a pas de raison de racialiser des comportements qui s’expliquent parfaitement par des antagonismes sociaux, sauf à en apporter des preuves formelles.
Un « démenti » bien tardif
Finalement, Raymond Domenech aurait « révélé » qu’Anelka n’a pas tenu les propos qui lui sont prêtés. Mais, comme je l’ai mentionné plus haut, ce fait est déjà connu depuis longtemps, confirmé à la fois dans les déclarations des joueurs et dans l’autobiographie de Domenech. La question qui se pose est plutôt : pourquoi les journalistes essaient de nous faire croire qu’il s’agirait d’un élément nouveau ?
Pourquoi Domenech insiste-t-il sur ce point ? Ses déclarations ressemblent à une tentative maladroite de se dédouaner de ce qui a pu arriver, à la fois à Anelka et à l’équipe de France. Pourtant, comme le souligne William Gallas, connaissant la vérité Domenech aurait pu très tôt désamorcer la bombe. Il ne l’a pas fait au moment où il aurait dû, ce qui explique aussi certainement la réaction des joueurs.
Plus encore, dans ce jeu de poker menteur, on est forcé de se rappeler qu’à travers sa compagne Estelle Denis, Domenech a été le sélectionneur le plus proche des journalistes sportifs de l’histoire de l’équipe de France. Est-ce que les journalistes de L’Equipe n’auront pas été tentés de prévenir leur consœur avant de larguer une telle bombe ? Est-ce que la mise au pilori d’Anelka n’était pas aussi un moyen de détourner l’attention de la faillite de Domenech ?
Certains interpréteront ce texte comme une tentative désespérée de rendre sympathique une bande de post-adolescents surpayés, alors que tant de nos compatriotes triment quotidiennement dans l’anonymat pour arriver à peine à payer leur loyer. Je n’ai volontairement pas abordé ce sujet de la corruption massive du foot (et des joueurs par l’argent), sujet qui mérite bien plus qu’un article.
Il s’agit juste ici de rappeler qu’il est difficile de porter un réel jugement sur les événements à chaud, c’est souvent 10 ans plus tard que l’histoire commence à prendre du sens. Dans le cas de Knysna, on voit que certaines lignes commencent à bouger. Non, on n’est pas forcé d’avoir de la sympathie pour les joueurs de l’équipe de France, ni même pour le football. Mais si on veut porter un jugement sur cet événement, on doit pouvoir le faire en dehors de l’approche hystérique qu’il a jusqu’ici suscitée.
Le mensonge des journalistes, le refus d’un sélectionneur de rétablir la vérité publiquement au moment des faits, la lâcheté de la Fédération face aux pressions à la fois des journalistes et des partis politiques qui espéraient récupérer l’équipe de France, autant dans ses succès que dans ses défaites, la lecture racialisante du conflit entre les joueurs et la Fédération… tout un ensemble de faits qui au moins permettent de prêter des circonstances atténuantes à ceux qui se sont retrouvés au centre de la tourmente.
Est-ce qu’il était judicieux de ne pas descendre du bus ? A posteriori il est facile de répondre non. Il est vrai que les joueurs représentent la France. Mais est-ce que courber l’échine devant le mensonge, la lâcheté et les manipulations politiques c’est représenter la France ?
Nous finirons avec les mots d’Hugo Lloris au sortir de la crise de Knysna : « Le pouvoir, on ne nous le donne pas c’est à nous de le prendre. »[6] Dans le contexte de l’époque, une telle conclusion ressemble à tout sauf à des regrets…
Gynogege pour Pinte 2 foot
[1] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/08/18/97001-20100818FILWWW00275-ce-qu-a-reellement-dit-anelka-a-domenech.php
[2] https://www.20minutes.fr/sport/593278-20100905-sports-equipe-de-france-eric-abidal-en-veut-a-roselyne-bachelot
[3] https://www.ouest-france.fr/sport/football/stade-rennais/menes-en-bleus-yoann-gourcuff-ete-victime-de-racisme-anti-blanc-4942400
[4] https://www.europe1.fr/sport/Toulalan-s-en-prend-a-France-98-271656
[5] https://www.football365.fr/buzz-quant-gregory-coupet-repond-a-vikash-dhorasoo-6735847.html
[6] https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/07/23/lloris-juge-stupide-la-greve-des-bleus_1391387_3242.html
D’autres nations ont vecu des ambiances délétères comme celle-ci. Je pense à l’épisode portugais en 86 dont je ne me souviens jamais le nom. Ou celui de l’Espagne en 78 dont je parlais dans mon texte sur Pirri et Asensi. Pirri etait passé pas tres loin d’en mettre une à Kubala. La granja de la Martona.
O Caso Saltilho
Merci Dip!
Belgique 70 et 94, Euro 2016.. RFA 86..
Aux Pays-Bas ça va beaucoup mieux ces derniers temps.
Curieux de lire vos échanges (le linge sale se lave en famille, vais rester en retrait)!
Très bon article et point de vue très intéressant !
Moi, j’avais 14 ans en 2010… Donc forcément, ça me parle et me touche beaucoup.
Je comprends qu’on essaye d’expliquer les actes des joueurs. Je n’ai aucun problème avec ça. Et je suis tout à fait d’accord pour dire que les premiers responsables de ce désastre sont Domenech et la FFF.
Cela dit, j’ai du mal avec l’idée qu’on puisse vouloir dédouaner les joueurs. Ce qu’ils ont fait, ils en sont pleinement responsables, et ils sont surtout coupables d’avoir été trop déconnectés du monde réel pour ne pas se rendre compte de l’image que cela aurait.
Je me demande si nos voisins, particulièrement les Belges ou les Suisses, se rendent compte du niveau de honte que l’on a ressenti ce 20 juin 2010…
Ces évènement ont terriblement entaché l’image de notre sport et de ceux qui l’aiment. Encore aujourd’hui, aucun de mes amis proches n’aime le football (pour ne pas dire le déteste, et 2018 n’a rien changé). Ce n’est pas grave, je ne le vis pas mal (même si je me sens parfois un peu seul ^^). Et je suis persuadé que ce qui s’est passé en 2010 a une influence considérable sur la popularité du football au sein de ma génération.
Dans l’Hexagone entier, nous étions, nous les fans de football, devenus des parias.
Et ça, même douze ans après, je ne pourrai jamais le leur pardonner.
Suis d’accord avec toi.
Le texte n’est pas inintéressant mais je trouve que c’est un article dans l’air du temps : les responsables ne peuvent être les individus eux-mêmes (ici, les joueurs), ils sont victimes de forces supérieures (presse, gouvernement, instances sportives, tout ce qui participe du discours ambiant « tous pourris ») qui, en se fédérant dans je ne sais quel but, causent les conditions propices à des comportements inadaptés des pauvres joueurs.
Il y a au départ un défaut de compétence d’un sélectionneur, ce qui n’a rien d’exceptionnel dans l’histoire du foot français (la liste est longue !). Il crée les conditions d’un désastre sportif sous le regard intéressé de journalistes en quête de sensationnalisme et de changement, ce qui n’a rien d’exceptionnel dans l’histoire du foot français (cf. Cantona vs Henri Michel). La suite appartient aux joueurs, ce sont eux qui allument l’incendie, et ce niveau de sabotage est exceptionnel dans l’histoire du foot français.
Bref, merci de mettre en perspective certains faits, avec des éléments concrets. Mais je ne peux me résoudre à voir les joueurs comme de simples victimes.
Si l’on s’en est rendu compte? Je vivais en Afrique et la communauté belge expat’ m’y emmerdait, je ne traînais qu’avec des vieux coloniaux ou des locaux qui n’en avaient rien à foutre, bref : rien suivi du comment les Belges vécurent cela.. Albatros, peut-être?
Mais quasi-sûr que ç’aura énormément fait rire dans les chaumières, quoique probablement surtout la frange pas vraiment Bleus-friendly de Belgique, les footix aussi.. et les droitards?
En Afrique du Sud j’ai frayé une semaine avec un expat’ belge qui avait joué au golf sur le resort-Knysna où les Bleus partirent en grève, bon lui il buvait du petit lait.. 🙂 Je me rappelle avoir mis sur la table l’assez manifeste (ma foi) récup’/instrumentalisation politique du bazar, mais c’était inaudible/incompatible avec ses valeurs, et je présume que beaucoup de son acabit ne retiennent et ne retiendront de cette histoire que sa dimension « caillera ».
Pour ma part, ok : propos dénaturés, presse sensationnaliste et ordurière, groupe-joueurs à certains égards solidaire, entraîneur et fédé en-dessous de tout..mais les joueurs restent impardonnables, le linge sale se lave en famille.
C’est aussi mon opinion pour les Belges à l’Euro 2016, où une frange (pas tous) de jeunes blaireaux aux égos surdimensionnés se sont auto-sabotés (je n’oublierai jamais le gap, live!, entre les consignes de ce certes perfectible mais correct et patriote Wilmots, redoublant de grands gestes pour jouer plus haut..et de moitié de ses joueurs qui n’en faisaient qu’à leur tête, ne jouant que pour leur gueule), avant de poursuivre en meute le lynchage public, nauséeux et pour l’essentiel injuste (il avait les mains liées) de leur coach paternaliste.
Quand tu joues pour ton pays c’est juste imbitable. Et les derniers tournois ont témoigné qu’on eût mieux fait de nettoyer aussitôt les écuries d’Augias (mais trop d’intérêts commerciaux en jeu).. Il nous eût fallu un Deschamps pour y faire le ménage, arracher l’ivraie.. A la place nous dûmes nous coltiner 6 ans durant un représentant commercial soumis aux desiderata des sponsors et des agents de joueurs.
Le logiciel-jeu de Deschamps me rebute, mais j’aurais donné cher pour qu’on ait un type pareil à la tête de notre sélection, sacré gestionnaire (dont de crises), le mec!
Mais t’es un petit jeune Xixon, je te croyais plus âgé que moi 😉
Je suis d’accord avec toi, on ne peut pas dédouaner totalement les joueurs. Comme le dit Verano, c’est une espèce de mode actuelle que de déresponsabiliser les gens individuellement parlant afin de faire porter le chapeau à ceux « au-dessus », histoire de ne pas trop se remettre en question.
Déjà, Domenech n’était pas au niveau pour être sélectionneur de l’équipe de France. Tactiquement, je me rappelle qu’il ne savait faire que du changement poste pour poste et ne savait pas réorganiser l’équipe après un carton rouge (cf. le match Israël-France lors des qualifs du mondial 2006 après l’expulsion de Trezeguet où Raymond ne change rien et laisse Willy Sagnol seul face à des 2 vs 1 des Israéliens qui finiront par égaliser de son côté).
D’ailleurs, lorsqu’il sélectionne Henry pour le mondial 2010 alors que selon ses dires, il n’était plus au niveau, il redonne le brassard de capitaine à Évra, sans en parler à Gallas, qui était le vice-capitaine et qui l’a vécu comme une trahison. Il est le premier responsable à avoir donné les clés du jeu à Ribéry alors qu’il ne faisait que s’enfermer dans un jeu individualiste et stéréotypé car voulant absolument être LE sauveur de la France.
La FFF est aussi responsable, après l’avoir maintenu lors du cataclysmique Euro 2008 et qu’il s’humilie devant la France entière en demandant Estelle Denis en mariage (spoiler : ils ne se sont jamais mariés et sont aujourd’hui séparés ; ma compagne a accepté ma demande en mariage le week-end dernier) alors qu’on vient de se faire uriner dessus par les Italiens et finissant derniers derrière la Roumanie.
La FFF, Domenech, les joueurs ont tous leur part de responsabilité, qu’ils le veuillent ou non. Après avoir vécu la période Raymond, on peut vraiment savourer l’immense boulot accompli par Deschamps.
Félicitations!
(Le vin fut bon?)
Big Pénis > Gros sourcils
Merci Alex ! Oui les vins furent excellents, j’ai même pu lui faire découvrir les fouées tourangelles, une spécialité répandue dans le Chinonais.
On a profité d’une visite de cave et dégustation chez un vigneron de Cravant les Côteaux pour ramener un carton de 6 bouteilles 🍷
J’aime beaucoup cet article, qui apporte un point de vue original.
Pour moi, le mal est parti de la suite de l’euro 2008, où la FFF (dont ce cher Noël), avec l’appui de Platini (pas fan de France 98) ont maintenu Domenech pour faire la nique à Deschamps et au groupe « France 98 ».
Par la suite, ce fut comme en train entraîné vers le vide, un château de cartes qui s’effondre petit à petit, sans personne pour écoper (Gallas pas capitaine, match perdu contre l’équipe B de Chine etc….). Qui se souvient du « putsch » contre Rama Yade ?
Le seul rayon de soleil : Abou Diaby. C’était lui la relève de Vieira.
Abou Diaby, éternelle déception quant à sa carrière… Les blessures l’ont vraiment tué.
Au final, tout ça a abouti à une réforme de la gouvernance de la FFF avec la création du comex dont on parle beaucoup dans la presse ces derniers temps.
Bah écoute, Gynogege, rien qu’à la lecture du premier paragraphe, j’ai vu plus d’objectivité et de professionnalisme que chez tous les « journalistes » de So Foot réunis.
Je ne sais pas si tes hypothèses sont toutes justes ni jusqu’à quel point, mais en tout cas la réflexion est très intéressante et tu as bien raison de souligner ces faits en discordance avec l’histoire officielle, et que le matraquage médiatique à l’époque nous avait largement dissimulés.
Une mise en relief et un point de vue intéressants.
Personnellement, je ne défendrais pas Anelka autant que toi : tout incompétent soit le sélectionneur, un joueur n’a pas à utiliser ce vocabulaire.
Et si comme tu l’affirmes, c’est très fréquent, alors c’est qu’on a raté quelque chose depuis 10 ans, parce que c’est franchement anormal.
Et encore plus de la part d’un sélectionné en Equipe de France (sens du devoir, montrer l’exemple aux jeunes…etc.)
Pour le reste, certaines de tes analyses sont pertinentes : le lien Domenech-Denis-presse sportive peut en effet expliquer certaines choses dans les fautes commises, notamment par l’Equipe… la récupération politique et les éléments de langage (« caids ») pour culpabiliser les joueurs…
Ceci dit, on ne m’ôtera pas de l’idée que les joueurs n’avaient pas à défendre Anelka sur le fond (sur la forme ça se discute, s’il y eu en effet absence de discussions)… et qu’ils ont été très maladroits/mal conseillés en ne prenant pas la mesure de l’image qu’ils renvoyaient.
Tu aurais des précisions sur ton histoire de taupe au PSG, Lucas et Ben Arfa ?