A l’occasion de cette troisième saison, la rédaction a décidé de se lancer dans un défi ô combien périlleux, classer les plus prestigieux défenseurs de chaque décennie. Des années 1920 à celles de 2010 ! Toutes les deux semaines, vous retrouverez donc les portraits des plus fameux assassins silencieux, des ténors du tacle glissé ou de la poussette dans le dos… Une façon de mettre en lumière cette confrérie trop souvent oubliée. Des choix cornéliens émanant d’une intense réflexion collective qui demeurera aussi imparfaite que notre tendresse pour l’histoire de ce sport est grande… Bonne lecture !
Numéro 5 : Miodrag Belodedici
Du régime autoritaire de Ceausescu à la guerre de Yougoslavie, c’est l’histoire en personne qui a guidé la carrière du libéro Roumain. Né en Roumanie mais issu d’une famille d’origine Serbe, Belodedici est bercé par le football de ces deux pays, ce qui fera de lui un fan inconditionnel du Steaua Bucarest et de l’Etoile rouge de Belgrade.
Repéré très tôt par la fédération roumaine de football, il arrive au Steaua en 1982 à l’âge de 17 ans, il deviendra vite titulaire au poste de libéro. Mais à ses débuts le Steaua n’y arrive plus en championnat et ce sont les rivaux du Dinamo qui enchainent les titres. L’élément clef du changement est selon le joueur, l’arrivée en 83 du fils du dictateur, Valentin Ceausescu dans le conseil d’administration. « Il a été d’une grande aide, c’était un fan de foot, un exemple pour les joueurs. Toujours poli, il parlait à tout le monde et ne se mêlait pas de la tactique ni ne donnait de conseils aux joueurs ou même d’avis après un match. Il faisait le lien entre l’équipe et la direction. C’est à lui que l’on parlait des primes non versées par l’armée. Quand Valentin était dans les gradins, on était sûr que l’arbitre n’allait pas nous léser, surtout lors des matchs contre le Dinamo qui avait une très mauvaise réputation dans le pays car il était lié à la Securitate (police politique secrète roumaine). Au total, le défenseur remportera cinq titres de champion de Roumanie (le dernier en 2001). Mais le plus grand succès qu’il gagnera avec le Steaua sera aussi le plus gros succès de l’histoire du foot roumain, la coupe d’Europe des clubs champions 1986 remportée face au Barça. De cette finale remportée aux penalties, on retient surtout la performance hors norme du gardien roumain, Duckadam. Le portier stelist ayant stoppé tous les tirs aux buts barcelonais ce soir-là, avant que Balint n’envoie le club de la capitale au firmament.
Ce triomphe n’est pas qu’une simple victoire sportive, c’est aussi un outil de propagande nationale qui promulgue un idéal communiste alors que pourtant, derrière cette gloire se dissimule la réalité oppressante d’un régime que Miodrag ne peut plus supporter. Sous le « Conducator », la liberté individuelle est un luxe inexistant. Fâché du traitement reçu par les champions d’Europe, toujours interdits de séjours à l’étranger, Belodedici rêve de nouveaux horizons, loin du contrôle étouffant des Securitate. C’est ce qui va pousser le héros à devenir traitre. Il s’enfuit à Belgrade avec pour objectif, rejoindre l’équipe de son cœur : l’Étoile rouge.
Il reçoit l’asile politique en Yougoslavie et se rend à un match de l’Etoile rouge, en regardant d’un œil attentif le libéro local, Bosko Gurovski, légende du club au crépuscule de sa carrière. Miodrag est n’est pas inquiet, il est meilleur que lui. Il s’en va donc toquer à la porte du directeur sportif du club pour expliquer qui il est et exprimer son désir de jouer pour le club (il dût expliquer six fois son histoire avant que le club ne réalise qui il était !) Malheureusement, le Steaua est le club de l’armée et par conséquent Miodrag est un militaire, (arrivé comme joueur sous le rang de soldat, il est lieutenant et officier quand il s’enfuit) il est donc déclaré déserteur et condamné à 10 ans de prison en Roumanie. C’est pourquoi la FIFA le condamne à purger une suspension d’un an (88-89) liée à son transfert controversé.
C’est donc fin 1989 que le défenseur est autorisé à jouer avec son club de cœur, très vite il répond aux attentes et aide l’Etoile Rouge à remporter le championnat en 89-90. Mais alors qu’il vient de quitter une nation en plein effondrement (la révolution roumaine mettant fin à la dictature du « Danube de la pensée »), il met ses pieds dans une autre. Le climat est tendu en Yougoslavie, la faute à des tensions politiques qui gangrènent la Yougoslavie, notamment les tensions entre le parti de l’HDZ (union démocratique Croate) et le parti nationaliste Serbe de Slobodan Milosevic. Nous sommes le 13 mai 1990, au Maksimir Stadium de Zagreb, l’Etoile rouge de Belgrade se déplace sur le terrain du Dinamo pour le choc du championnat. Mais situation explose entre les deux camps de supporters et en quelques minutes la situation dégénère. Belodedici et ses coéquipiers courent se réfugier au vestiaire quand les supporters croates fuyant l’animosité Serbe en envahissent le terrain. De cet évènement on retiendra le coup de pied de Zvonimir Boban, capitaine du Dinamo, sur un policier qui s’en prend à un supporter de Zagreb. L’international roumain se souvient de cet évènement : « J’ai vu les fans pousser le grillage pour envahir le terrain et j’ai vu Boban assener le coup de pied au policier. » Pour beaucoup cette rencontre, marque le déclenchement symbolique de la guerre de Croatie, mais aussi la fin du championnat de Yougoslavie qui n’existera que pour une saison de plus.
Ces événements dramatiques n’affecteront pas une équipe qui va rentrer dans l’histoire la saison suivante. Leur parcours en Coupe d’Europe des clubs champions marqué par des victoires éclatantes contre les Rangers, le Dynamo Dresde et le Bayern culmina lors de la finale à Bari, remportée aux tirs au but contre l’Olympique de Marseille. Cette victoire, reflet d’un collectif harmonieux fit de Belodedici, le premier joueur vainqueur de la C1 avec deux clubs différents et de l’Etoile rouge le dernier champion d’Europe issu de l’Est avant l’éclatement des régimes communistes et des guerres balkaniques.
Une guerre de Yougoslavie qui verra le talent du libéro s’exporter en Espagne à Valence, Valladolid et Villaréal, puis au Mexique pour deux saisons au CF Atlante avant de revenir à son premier amour, le Steaua Bucarest. En Sélection, à cause de sa suspension il sera privé de la coupe du monde en Italie, qui verra la Roumanie tomber en huitième face à l’Irlande. Il sera bien là quatre ans plus tard, libéré de toute suspension et pouvant reporter le maillot de la Tricolori, pour l’épopée au mondial américain de 1994 où malheureusement il loupera le pénalty décisif qui enverra la Suède en demie. Avec la sélection, il aura évolué avec certains des plus grands joueurs roumains de tous les temps, Hagi, Popescu, Andone, Rednic, Balint, Boloni, …
Celui qu’on surnommait « The deer », pour son élégance naturelle, sa rapidité et sa capacité à se mouvoir avec fluidité sur le terrain, incarne une figure unique du football européen. Ses deux victoires en Coupe d’Europe avec le Steaua Bucarest et l’Etoile rouge de Belgrade, symbolisent un destin guidé par les étoiles. Ces étoiles, symboles de ses deux clubs de cœurs racontent l’histoire d’un joueur qui a traversé les frontières et régimes, pour arriver au sommet du football continental.
Numéro 4 : Júnior
Júnior, est une figure emblématique du football brésilien. Né le 29 juin 1954 à João Pessoa, dans l’État de Paraíba, il incarne l’essence du joueur brésilien : technique, polyvalent et imprégné de joie de vivre. Sa carrière, qui s’étend sur près de deux décennies, est marquée par des succès collectifs et individuels éclatants, mais aussi par des moments d’émotion inoubliable.
Le destin de Júnior est lié au Flamengo (bien qu’originellement il soit un supporter de Fluminense) le club de Rio de Janeiro où il a débuté en 1974. Dès ses premières apparitions, il s’est imposé par sa capacité à transformer le poste de latéral gauche. Plus qu’un défenseur, il devint un créateur, initiant des actions spectaculaires tout en maîtrisant son rôle défensif. À la fin des années 70 et au début des années 80, il fut l’un des artisans des plus grands triomphes du club. Flamengo, porté aussi par Zico, domina non seulement le Brésil mais aussi le monde du football, remportant la Copa Libertadores et la Coupe Intercontinentale en 1981. Lors de cette dernière, Flamengo pulvérisa Liverpool (3-0), une victoire inscrite dans la légende. En parallèle, Júnior devient un pilier de l’équipe nationale brésilienne. L’apogée de sa carrière internationale survint lors de la Coupe du Monde 1982, en Espagne, où la Seleção brilla par son jeu offensif sous la direction de Telê Santana. Júnior y marqua un but mémorable contre l’Argentine dans une victoire 3-1, accompagnant sa célébration de quelques pas de Samba. Malgré leur statut de favoris, les Brésiliens furent éliminés en quart de finale par l’Italie (3-2), dans un match ou le défenseur se rendra coupable de passivité sur le troisième but de Rossi. Júnior, malgré la défaite, fut désigné meilleur latéral gauche du tournoi.
En 1984, alors âgé de 30 ans, Júnior quitte le Brésil pour rejoindre le Torino en Italie. Conscient des exigences physiques du football européen, il propose à son entraîneur de jouer au milieu de terrain, où il peut davantage utiliser sa vision du jeu et ses qualités de passeur. Ce repositionnement fut un succès. Lors de la saison 1984-1985, il mena le Torino à une deuxième place en Serie A, et fut élu meilleur joueur du championnat italien. Après trois années au Torino, Júnior rejoignit Pescara, où il continua à faire preuve d’une élégance technique rare malgré l’âge. En 1989, à 35 ans, il décide qu’il est temps de rentrer au Brésil pour boucler la boucle. De retour au Flamengo, Júnior ne se contente pas de jouer un rôle symbolique. En 1992, il guide un jeune Flamengo au titre de champion du Brésil. Lors de la finale contre Botafogo, il marque dans les deux matchs, prouvant qu’il n’a rien perdu de son instinct de gagnant. Il prend sa retraite en 1993, laissant derrière lui des statistiques impressionnantes : 857 matchs et 73 buts avec Flamengo. Pourtant, ce n’était pas la fin de sa carrière sportive : il s’illustrera également dans le beach soccer, remportant plusieurs trophées avec la sélection brésilienne.
En dehors du terrain, Júnior était un amoureux de la musique, passioné de Samba qu’il apprend dès ses 8 ans. Avant la Coupe du monde 1982, il avait enregistré « Voa Canarinho » (Vole, petit canari) une chanson devenue un véritable hymne au Brésil, vendue à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires en quelques mois. Après sa retraite, il se consacra brièvement au métier d’entraîneur, avant de trouver sa place comme commentateur télévisé.
Loin des excès de certains grands noms, Júnior a traversé sa carrière avec élégance et constance. Son nom demeure synonyme d’intelligence de jeu et de fidélité, notamment envers Flamengo. Mais ce qui rend Júnior si unique, c’est qu’au-delà des trophées et des distinctions, il a toujours incarné l’esprit du football brésilien : un jeu fait de beauté, de créativité et de plaisir partagé.
Numéro 3 : Eric Gerets
Gerets, c’est bien plus qu’un simple nom dans l’histoire du football belge. C’est celui du meilleur arrière latéral que la Belgique ait jamais connu, un joueur d’exception qui a marqué toute une génération. Son passage au Standard de Liège, sa manière de jouer, son courage sur le terrain, tout chez lui respirait l’engagement et l’amour du maillot.Lorsqu’on évoque Gerets, il est impossible de ne pas parler de sa solidité défensive et de son impact offensif, un équilibre quasi parfait qui en faisait une arme redoutable sur le côté. Il n’était pas seulement un défenseur, il était un leader, un vrai capitaine, un exemple pour tous ceux qui ont eu la chance de jouer à ses côtés. Que ce soit au Standard, où il est devenu une légende vivante, ou en équipe nationale, il a démontré un niveau de jeu qui ne laisse personne indifférent.
Mais au-delà de sa carrière exceptionnelle, Gerets reste un homme profondément humain. On l’a souvent décrit comme un joueur humble, d’une simplicité rare dans ce monde du football où l’égo peut parfois prendre le pas. Ce n’était pas un homme qui cherchait à briller dans les médias. C’était un homme qui, à chaque match, donnait tout pour son équipe. Et même dans les moments difficiles, comme lorsqu’il a traversé le scandale du match arrangé contre Waterschei en 1982, il a montré une résilience admirable. Bien qu’il fasse partie du complot, la vérité est plus étriquée et le « Lion de Rekem » n’a jamais voulu être mêlé à cette histoire. Un des instigateurs principaux étant principalement Raymond Goethals, son entraîneur au Standard, qui, poussé par sa soif de titre (il n’avait pas encore le moindre titre de champion à son palmarès) a cherché à assurer le sacre de son équipe à tout prix. Goethals était persuadé qu’il fallait intervenir financièrement pour que Waterschei lève le pied. Il croyait que si ce n’était pas le Standard qui payait l’équipe limbourgeoise pour fausser le match, Anderlecht, alors à seulement deux points derrière, ne tarderait pas à faire de même pour que son opposant lève aussi le pied (Et il faut dire que les bruxellois n’était pas étranges à quelques manigances, en atteste le match contre Nottingham en 84). Pris dans la pression de cette situation, Gerets a succombé à l’argument de son entraîneur. Il a agi sous la contrainte de cette logique implacable, bien loin de sa propre volonté et de ses principes.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’Éric Gerets, fidèle à son éthique, a été pris dans cette spirale, mais il n’a jamais voulu s’y soumettre. Malgré tout, il n’a pas été épargné par les conséquences de cette affaire, étant le seul joueur à assumer publiquement (au contraire de Goethals contre lequel il gardera un grief à vie), il a dû redresser sa carrière, ce qu’il a fait avec une force incroyable, réaffirmant son caractère et son intégrité. Car quand le scandale éclate en 84, le latéral est capitaine à l’AC Milan et joue une saison pleine, mais le jugement tombe fin avril et est sans appel, 3 ans de suspension dont deux avec sursis, les Rossoneri lui indiquent la porte de sortie et il peut faire une croix sur l’euro. À 30 ans, nombreux sont ceux qui le croyaient sur le déclin, mais sa soif de victoire ne fait que se renforcer. Il s’envole alors pour les Pays-Bas et rejoint le MVV Maastricht, tout juste promu en Eredivisie. Là, il ne restera qu’une saison avant de prendre une nouvelle direction, le PSV Eindhoven ou il s’inscrira dans l’histoire du club. En sept saisons, il enchaîne six titres de champion des Pays-Bas et décroche la Coupe trois fois d’affilée. Mais c’est surtout en 1988 qu’il écrit son nom en lettres d’or, en remportant la Ligue des champions, devenant ainsi le premier Belge à soulever la légendaire « Coupe aux grandes oreilles ».
Gerets, c’est aussi un homme qui a marqué les gens autour de lui. Ceux qui ont eu la chance de croiser sa route, que ce soit sur le terrain ou en dehors, ne tarissent pas d’éloges sur sa générosité et sa gentillesse. Il ne s’en vante jamais, mais ceux qui l’ont côtoyé savent combien de jeunes joueurs il a aidés, combien de gestes d’humanité il a réalisés sans jamais en faire un étendard. Lors de sa dernière apparition publique, fin 2024, pour être intronisé au Hall of Fame du championnat belge, Eric Gerets a prouvé une fois de plus qu’il était un homme hors du commun. Autrefois si virevoltant sur l’aile droite, il ne peut plus marcher seul, fortement affaibli par une hémorragie cérébrale subie en 2012, il a pourtant fait le déplacement. Les supporters, ses anciens coéquipiers, les journalistes présents ont tous été bouleversés par ce moment, par l’humilité et la force qui se dégageaient de lui. Ce n’était pas juste un hommage à sa carrière, c’était aussi un hommage à l’homme qu’il est, à sa combativité, à son cœur immense.
Michel Preud’homme, son ancien coéquipier et ami, a d’ailleurs parfaitement résumé ce qu’Éric Gerets représente : « Même dans la souffrance, il est là. » Et c’est bien cela qui fait de lui une légende, pas seulement pour ses exploits sur le terrain, mais pour la personne qu’il est. Éric Gerets a toujours été là pour ses coéquipiers, pour son club, pour les siens. Et il l’est toujours, aujourd’hui encore, dans la vie, comme il l’a toujours été sur le terrain.
Numéro 2 : Andreas Brehme
Andreas Brehme, figure emblématique du foot allemand, incarne une vision du football où technicité rime avec élégance et intelligence. Ses exploits sur les pelouses, notamment en 1990, illuminent toujours la mémoire collective, comme des notes de musique parfaites jouées à jamais.
« Andy », n’est pas qu’un simple arrière latéral. Il redéfinit son poste avec une maîtrise technique rarement égalée. Joueur ambidextre, il s’illustre par une capacité unique à manier le ballon des deux pieds avec une précision chirurgicale. On raconte qu’à l’entraînement, il réalisait des tirs au but en alternant systématiquement pied gauche et pied droit, provoquant l’admiration de ses coéquipiers et par la même occasion… l’impuissance des gardiens.
Cette polyvalence ne traduit pas seulement une réussite technique. Elle révèle son intelligence de jeu exceptionnelle. Brehme utilise l’étendue de son arsenal pour anticiper les mouvements adverses et trouver des solutions dans des situations difficiles. Avec une préférence pour les longues passes millimétrées et des centres parfaits, il est un architecte du jeu, stratège et exécutant à la fois. Sa carrière professionnelle, qui commence à Kaiserslautern, le porte jusqu’à l’Inter Milan et au Bayern Munich, deux clubs où il laissera une empreinte durable. Il participe notamment à la conquête de la Serie A en 1989 sous les couleurs de l’Inter, aux côtés de stars comme Lothar Matthäus. Mais c’est sous le maillot de la Mannschaft que Brehme atteint son apogée, devenant un héros national.
Le 8 juillet 1990, le stade olympique de Rome est le théâtre d’une épopée sportive. Ce soir-là, l’Allemagne affronte l’Argentine en finale de la Coupe du monde. La tension électrise chaque instant tant l’enjeu est colossal. Alors que le score est encore vierge à la 85e minute, l’arbitre accorde un penalty à la RFA. Brehme avance, serein. Non pas du pied gauche, comme le monde entier l’imagine, mais du droit. Une frappe sèche, placée, imparable. Ce but, au-delà de son importance sportive, scelle l’unité d’une nation et inscrit Brehme dans l’éternité. « Le plus beau souvenir de ma carrière », dira-t-il souvent par la suite. Ce penalty, symbole d’une sérénité glaçante, reflète la quintessence de son style : précision calculée, maîtrise totale et confiance inébranlable. Il terminera sa carrière de la plus belle de manière, il sera sacré champion d’Allemange 1998 avec son club de cœur, le FC Kaiserslautern.
Mais Andreas Brehme reste plus qu’une icône du jeu. Hors des terrains, il se fait remarquer par sa gentillesse, son humilité et son respect envers ses pairs. Contrairement à certains égos que le football moderne semble produire, Brehme reste fidèle à des valeurs simples et humaines. Il n’est pas rare d’entendre ses anciens coéquipiers raconter qu’après une défaite difficile, il pouvait passer une soirée entière à consoler un jeune joueur en pleurs, lui rappelant que le football est avant tout une passion et une leçon d’humilité.
Andreas Brehme est décédé l’an dernier, mais son étoile continue de briller. Plus qu’un athlète, il est un ambassadeur du beau jeu, un éclaireur qui montre que le football peut être un art. Son style de jeu, fait de fluidité, de précision et d’audace, éclaire toujours les mémoires. Il est le symbole d’un football où chaque geste a un sens et où chaque passe raconte une histoire.
Numéro 1 : Gaetano Scirea
C’est haut la main que le septuple champion d’Italie remporte les lauriers de meilleurs défenseur des « eighties ». Gaetano Scirea est un nom qui résonne encore profondément dans le monde du football, non seulement pour ses accomplissements, mais aussi pour la dignité et la classe qu’il incarnait à chaque instant, tant sur le terrain qu’en dehors. Né à Cernusco sul Naviglio, un petit village près de Milan, en 1953, il s’impose dès ses débuts comme un défenseur unique, à la fois sobre et élégant. Lorsqu’il rejoint la Juventus en 1974, à l’âge de 21 ans, il devient rapidement un pilier de la défense, avec un style de jeu calme et réfléchi qui contrastait avec la rudesse de beaucoup d’autres joueurs de l’époque.
C’était un véritable chef d’orchestre reconnu pour sa capacité à organiser la défense. Scirea savait prendre une décision en une fraction de seconde, il avait une capacité à voir les choses avant qu’elles ne se produisent. Mais malgré son rôle essentiel au sein de l’équipe, c’était un homme peu enclin à se mettre sous le feu des projecteurs. Il préférait se fondre dans le collectif, ses actions parlant plus fort que ses mots.
Bien que n’étant pas un joueur de grande taille, Scirea compensait par une intelligence de jeu hors du commun et une anticipation inégalée. Lors de la Coupe du Monde 1982, il est l’un des éléments clés de la défense qui permet à l’Italie de décrocher le titre, n’hésitant jamais à se porter vers l’avant, en atteste sa remontée de ballon jusqu’au grand rectangle adverse en finale. Il est d’ailleurs resté dans les mémoires pour son calme inébranlable face à la pression. Paolo Rossi, raconte qu’avant la finale contre l’Allemagne, il avait cette capacité rare à dédramatiser les choses. Plutôt que de parler de la pression, il plaisantait avec ses camarades, leur rappelant que le football n’était qu’un jeu. Une sérénité qui l’a aidé à traverser l’un des moments les plus cruciaux de sa carrière…
Son départ tragique en 1989, à seulement 36 ans, dans un accident de voiture en Pologne, a bouleversé la famille du football italien. Alors qu’il rentrait d’une mission d’observation en vue de la Coupe UEFA, il perdit la vie dans un accident de la route sur une route sinueuse entre Varsovie et Cracovie. La nouvelle de sa mort a été un choc national. Marco Tardelli, son coéquipier de longue date, était en studio pour la célebre émission « La Domenica Sportiva » au moment où la nouvelle a été annoncée à la télévision, et il est resté sans voix, dévasté par la perte de l’ami et du champion, il sera évacué, victime d’un malaise.
Aujourd’hui, Scirea est encore célébré comme l’un des plus grands défenseurs de l’histoire du football, non seulement pour ses exploits sportifs, mais aussi pour sa personnalité hors du commun. Il restera dans les mémoires comme un modèle d’intégrité, de classe et de dévouement, un véritable gentleman du football, dont l’impact dépasse largement les frontières du terrain.
Le classement complet :
1er : Gaetano Scirea (90 pts)
2e : Andreas Brehme (61 pts)
3e : Eric Gerets (52 pts)
4e : Júnior (34 pts)
5e : Belodedici (32 pts)
6e : Amoros (29 pts)
7e : Briegel (26 pts)
8e : Ruggeri (26 pts)
9e : Forster (22 pts)
10e : Hansen (18 pts)
10e ex-aequo : Morten Olsen (18 pts)
12e : Chivadze (16 pts)
13e : Koeman (14 pts)
14e ex-aequo : Gentile, Cabrini (12 pts)
16e : Bergomi (10 pts)
17e : Mozer (7 pts)
18e ex-aequo : Bossis, Ricardo (6 pts)
20e ex-aequo : Joao Pinto, Neal (4 pts)
22e ex-aequo : Kuznetsov, Demyanenko, Leandro, Butcher (1 pt)
Merci Mayo !
Júnior dans les meilleurs défenseurs, j’ai un peu de mal mais le jury est souverain ! Excellent joueur que j’ai adoré, offensivement très fort mais des lacunes récurrentes sur le plan défensif, son positionnement sur le but fatal contre l’Italie est désastreux malgré sa main levée pour signaler un HJ inexistant. Bref, superjoueur aux qualités défensives douteuses.
Exactement ce pourquoi je ne lui ai pas donné, je crois??, le moindre point (ce qui était exagéré, mais d’autres ont rattrapé le coup) ; le moins à attendre d’un défenseur, c’est de savoir défendre.
Pour le reste : joueur formidable évidemment.
Prédominance allemande (3 joueurs) dans le top 10 cette décennie comme dans les 70es (4).
Des 3 Italiens au delà du top 10, Antonio Cabrini me paraît le plus doué. Latéral gauche très très complet, et en plus, une gueule de star. Sans doute souffre-t-il d’avoir connu ses meilleures saisons entre 1978 et 1983, à cheval sur deux décennies. En 1978, il est la révélation du tournoi alors qu’il venait pour faire le nombre, un peu comme Paolo Rossi. Et en 1982, il se balade malgré un penalty manqué en finale. Lui et Scirea incarnaient la classe, rendant acceptable la présence de Gentile eh eh
J’avais mis Bergomi dans mes votes moi !
3 finales de coupe du monde successives avec la victoire en 90 et celle de 74 c’est tout bonnement impressionnant pour l’Allemagne. Ça joue sûrement sur l’omniprésence, et montre que les votes on peut être été plus en fonction des performances en coupe du monde pour cette décennie ?
Sans doute mais je ne trouve pas que ce soit usurpé, c’est le reflet de leur domination collective et individuelle.
C’est donc la team Italia 90, la photo d’intro? Ces bandes horizontales ne sont pas désagréables.
Je ne pensais pas voir Gerets si haut, je ne suis pas pour grand-chose dans son classement, j’ai déjà dit trouver Renquin un chouia plus fort que lui..mais au-delà des capacités formidables de cet ancien attaquant mué latéral, qui intrinsèquement avait bien sa place parmi ces grands des 80’s, voilà de fait l’une des figures morales les plus remarquables de l’époque.
Ca doit faire bizarre de lire ça alors qu’il fut confondu de corruption mais, l’article le dit : il s’y refusa..fut victime de chantage..voulut encore s’y refuser jusqu’au dernier moment, ses équipiers furent unanimes…….et en définitive il fut l’un des rares à assumer ce qui s’était passé.
Au Standard, ce fut très longtemps le joueur le moins bien payé malgré son statut d’international, il était peu porté sur ces considérations-là (ça changea sur la fin de son parcours d’entraîneur, quand il dut se refaire une santé financière après avoir divorcé), et cependant il n’y eut jamais plus irréprochable en termes d’attachement, de conscience d’un devoir collectif supérieur à son nombril……. A ce point, ce n’était déjà plus tant courant que cela!
Il subsistera un non-aboutissement dans son parcours : ne jamais être revenu au Standard comme entraîneur (profession où il excella), c’est l’objectif majeur qu’il s’était fixé au terme de sa carrière, peut-être déjà après le Waterscheigate et bien entendu pour le laver (ce que Preud’Homme fit), « je reviendrai en rampant s’il le faut »..et ce n’est pas la bonne volonté qui manquît, il mit de l’eau dans son vin, il s’en fallut de bien peu à deux reprises………..mais son divorce puis ses problèmes de santé en décidèrent autrement.
Merci pour les ajouts Alex ! J’aurais adoré le voir à la tête des diables également. Tout ça me fait dire qu’on idolâtre beaucoup Raymond la science en Belgique mais il a une sacrée part d’ombre.
Renquin, c’est comme Cabrini : à cheval sur deux décennies et à la fin, ils ne sont élus dans aucune. On aurait du faire un top annuel 🙂
Je ne sais pas comment l’expliquer mais j’ai toujours trouvé l’image de Gerets en tenue de footballeur en décalage avec ce qu’il renvoyait hors du terrain. Un latéral intransigeant, dur et sans pitié (son passage au PSV notamment où il se met au diapason de ses équipiers) et un homme a priori affable, marrant par ailleurs. Et j’ajouterais très malin : la manière dont il s’est mis le public du Vélodrome dans la poche, un modèle du genre eh eh