A l’occasion de cette troisième saison, la rédaction a décidé de se lancer dans un défi ô combien périlleux, classer les plus prestigieux défenseurs de chaque décennie. Des années 1920 à celles de 2010 ! Toutes les deux semaines, vous retrouverez donc les portraits des plus fameux assassins silencieux, des ténors du tacle glissé ou de la poussette dans le dos… Une façon de mettre en lumière cette confrérie trop souvent oubliée. Des choix cornéliens émanant d’une intense réflexion collective qui demeurera aussi imparfaite que notre tendresse pour l’histoire de ce sport est grande… Bonne lecture !
Numéro 10 – ex æquo : Morten Olsen
Le célèbre danois est une icône du football dans son pays tellement il l’aura marqué de son empreinte, à la fois comme défenseur et entraîneur. Il aura été le premier Danois à atteindre les 100 caps avec la Danish Dynamite (il passera au total 19 ans en sélection). Avec 15 saisons disputées en tant que tacticien de son pays, il détient le record du plus long mandat presté pour un sélectionneur en Europe.
Mais avant d’atterrir au Panthéon du football danois, le natif de Vordingborg a franchi les paliers un à un, armé de son caractère travailleur et de son intelligence. Lancé dans le grand bain de la première division danoise à 20 ans seulement au B.1901, il se démarque comme un très bon milieu de terrain et ailier droit, ce qui lui fera gagner les rangs de l’équipe nationale après dix matchs seulement. Son talent sera vite repéré par l’œil fin des recruteurs belges du Cercle de Bruges, ce qui l’y conduit à l’été 1972. Après des saisons remarquées assorties d’un passage au RWDM (Racing White Daring Molenbeek), c’est en 1980 qu’il débarque au Sporting d’Anderlecht. À ce moment, Olsen est encore milieu de terrain. C’est suite à une blessure au tibia qui le tiendra éloigné des terrains durant une majeure partie de la saison 1981-82 que le coach des Mauve et Blanc, décidant de ménager son joueur, va l’aligner au poste de libéro pour la saison 1982-83. Morten Olsen y fait davantage ressortir toute l’ampleur de son talent. Déjà reconnu pour sa vista, il peut mettre à profit son nez fin pour anticiper les passes des attaquants adverses et ressortir en contre. L’expérience est un succès total. Avec Olsen libéro, le Sporting d’Anderlecht remporte la coupe UEFA 1982-83. On ne saurait mieux décrire le talent du Danois que par les mots de son compatriote Frank Arnesen à son égard : « Je ne dirais pas qu’il prenait beaucoup de risques, car il ne perdait jamais le ballon. Mais il ne se contentait pas de s’en débarrasser. Il essayait toujours de soigner la relance, toujours de dribbler son adversaire direct. Il savait aussi le faire lors de sa période comme ailier droit. Mais il était surtout un leader. » Le désormais défenseur sera élu meilleur footballeur danois de l’année 1983 et sera pour beaucoup considéré comme le meilleur défenseur du monde cette saison-là.
En parallèle, Olsen vit également ses plus beaux moments avec l’équipe nationale (dont il est le capitaine), qui se qualifie pour l’Euro 84 (le deuxième seulement de l’histoire de la sélection après 64). L’Europe va donc découvrir la Danish Dynamite dont le surnom vient… de la chanson du même titre de Gunnar Nu qui a remporté un concours au pays pour devenir l’hymne de la sélection à l’Euro. Je vous laisse la vidéo ici, certains apprécieront, j’en suis sûr. Pour la petite histoire, l’homme que vous entendez rapper s’appelle Gunnar Hansen, un commentateur de légende de la sélection âgé de… 78 ans au moment du tube ! Le surnom est néanmoins bien trouvé pour une équipe explosive qui va surprendre tout le monde et atteindre les demi-finales, où elle s’inclinera face à l’Espagne sur un penalty manqué de Preben Elkjaer-Larsen dont reste l’image du short troué, seul et dévasté dans la nuit lyonnaise. Olsen figurera dans l’équipe-type du tournoi.
La sélection ne s’arrêtera pas en si bon chemin et se qualifiera dans la foulée pour son premier Mondial en 1986. La présence d’Olsen, remarquable en tant que libéro, permet à l’équipe coachée par Piontek de passer sans problème d’une formation 1-2-5-2 à une formation 1-3-4-2, souvent au cours d’un même match. C’était du football fantastique à regarder : les joueurs allaient là où l’instinct les poussait, dans le cadre d’un système que de nombreux juges respectés considèrent comme encore plus fluide que celui de la sélection néerlandaise des années 70. Piontek l’appelait le « système contra », et le but extraordinaire de l’arrière droit John Sivebæk contre l’Irlande en 1985 en est peut-être le meilleur exemple.
Entretemps, Olsen enchaine les succès à Anderlecht avec deux championnats consécutifs. Individuellement il remporte une deuxième fois, après 1981, le titre d’homme de la saison en 1985. Il fait aussi partie des meilleurs XI mondiaux établis par Soccer Magazine en 1984, 1985, et 1986. C’est justement au terme de la saison 1985-86, à 36 ans, qu’il décide de quitter Anderlecht pour Cologne qu’il rejoindra au terme de la Coupe du monde. Le tournoi ne va pas plus loin que les huitièmes de finale où la Danish Dynamite est arrêtée une nouvelle fois par l’Espagne et un quadruplé de Butragueño (5-1). Néanmoins, les Danois ont fini premiers de leur poule après une victoire tonitruante face à l’Allemagne de l’Ouest, rencontre où Morten Olsen a peut-être livré le plus beau match de son immense carrière.
Alors qu’il est à deux mois de fêter ses 37 bougies, l’âge du joueur attaque. Et pas du mauvais côté, celui qui freinerait brusquement en faisant craquer les genoux et le dos, mais en magnifiant de toute l’expérience acquise pour réaliser ce dernier baroud d’honneur et offrir ce jour où rien ne peut l’arrêter, pas même l’Allemagne de l’Ouest. On joue la 42e minute et Olsen, pour la énième fois, remonte lentement le terrain en possession du ballon, la tête haute comme toujours, cherchant une fois, deux fois, une ouverture. Arnesen a quitté le côté droit. Olsen lui donne le ballon sur la ligne médiane et Arnesen attend, attend et attend que le capitaine se dirige lentement vers le rond central. Arnesen tend le bras et dépose le ballon, comme pour dire : « Après toi ». Une brèche s’ouvre soudainement devant lui. Olsen se fiche du mur de Berlin et de l’Est, il veut filer sur une autoroute large bande en Allemagne de l’Ouest. Il s’engouffre dans la brèche, Völler s’efforce de lui faire face, mais il n’est bientôt plus qu’un simple voyeur de fesses danoises. Tout s’est ouvert et Olsen a transpercé la colonne vertébrale allemande comme une furie. Quand Völler le rattrape, c’est pour le faire tomber. Penalty, les Danois s’imposeront 2-0. Ce jour-là, Morten Olsen a montré aux Allemands ce que c’était de jouer contre Beckenbauer, car il l’a incarné en personne, justifiant là son surnom officieux de Beckenbauer des années 80.
À Cologne il disputera trois saisons où il se préparera à endosser son prochain costume, celui d’entraîneur. Le coach du 1. FC Köln, le regretté Christoph Daum, n’a à l’époque que 33 ans et fait d’Olsen son bras droit sur le terrain, accordant également beaucoup d’intérêts aux avis de son joueur. En Rhénanie, Morten Olsen inscrira deux petits buts dont un qui mérite d’être raconté. Le 27 novembre 1987, Cologne accueille Karlsruhe et le gardien titulaire des visiteurs est suspendu. C’est donc un nouveau venu du nom d’Oliver Kahn qui prend place entre les perches pour son premier match en Bundesliga. À la 28e, Olsen récupère le ballon au milieu du terrain, s’avance, et arme une frappe qui finit dans la lucarne du jeune gardien. Le premier Tor d’Olsen en Bundesliga est aussi le premier encaissé par le jeune Oliver, qui en prendra quatre au total ce jour-là. Définitivement, quand on s’appelle Morten Olsen, on fait les choses bien comme il faut.
Numéro 10 – ex æquo: Alan Hansen
Pilier de la défense de Liverpool de la fin des années 70 aux années 80, l’Ecossais est le seul joueur de champ à avoir remporté des titres avec Liverpool sur trois décennies. Au total, « Jockey » aura remporté huit championnats, 3 C1, 2 FA Cup, 4 League Cups, 6 Community shield et une Super Coupe de l’UEFA en 620 rencontres avec les Scousers. Un palmarès qui donne le vertige mais qui est logique pour une légende, dans un club mythique au pays du football.
Hansen naît dans un village de mineurs où les enfants ne pensent qu’à jouer au foot, et il ne fait pas exception. Tant et si bien qu’il repousse même l’opportunité d’étudier à l’université d’Aberdeen pour rejoindre son frère John au Partick Thistle. Mais en attendant d’être accepté, il va travailler six semaines pour la compagnie d’Assurance « General Accident ». Il confiait lors d’une interview pour FourFourTwo en 2010 à quel point il détestait ce boulot : « C’était terrible. Le premier jour, je n’ai fait que du classement. C’était tellement facile que je me suis dit : « C’est le meilleur travail qui soit ! » Le lendemain, j’ai réalisé que c’était incroyablement ennuyeux. Je suis passé de l’exaltation au désespoir. Je faisais tout ce que je pouvais pour éviter le travail. Heureusement, le football a commencé à bien marcher et j’ai pu m’en sortir. »
Alors qu’il fait ses gammes chez les jeunes du Partick, il assiste à l’âge de 16 ans à l’un des plus gros « upsets » du foot écossais. Son frère, fraichement promu avec le Thistle, dispute la finale de la Scottish League Cup contre le Celtic Glasgow, grandissime favori. C’est ce qui fera dire au commentateur du match pour la BBC « En Écosse, c’est le jour de la finale de la Coupe de la League à Hampden Park, et le Celtic affronte le Partick Thistle qui n’a aucune chance. » Résultat, les Orange et Rouge mènent 4-0 après 37 minutes de jeu et l’emporteront 4-1. Alan n’a qu’une envie, arriver en équipe première le plus vite possible pour disputer lui aussi ce genre de match. Son rêve deviendra réalité en 1973 mais le club évolue alors en deuxième division. Lors de la saison 1975-76, « Stretch » est un pilier de l’équipe qui remonte en première division et il tape dans l’œil de Bob Paisley. Après 35 matches et une saison pleine en D1 il déménage en 1977 à Liverpool qui deviendra sa maison.
Sur les rives de la Mersey, il s’imposera comme titulaire indiscutable en 1979 remplaçant Emlyn Hughes au cœur de la défense. « Mister Cool » (surnom donné par son coéquipier Allan Kennedy) a tout du défenseur moderne : vision claire du jeu, anticipation remarquable, du physique, et une superbe relance. Lorsqu’Hansen dribble avec le ballon, le temps vire au ralenti pour tous les autres sauf lui sur le terrain, il passe les obstacles avec aisance avant de servir Ian Rush ou Kenny Dalglish sur un plateau. Entre Mark Lawrenson, rapide au sprint et doté d’un timing parfait au tacle, d’une précision que l’on pourrait qualifier de chirurgicale dans son exécution, et Alan Hansen, capable de visualiser le prochain geste de ses adversaires avant même qu’ils ne l’aient formulé dans leur esprit, Liverpool était doté de la meilleure défense centrale d’Europe et les trophées n’ont cessé de pleuvoir. Hansen sera une nouvel fois impérial lors de son dernier titre de champion au terme de la saison 1989-90. Il mettra un terme à sa carrière l’année suivante après une blessure au genou.
Avec la sélection écossaise, Hansen n’aura pas le même succès qu’avec son club de cœur. Il ne disputera que 26 rencontres malgré une présence au Mundial 1982 où les Écossais ne passent pas les poules, la faute à un match nul face à l’URSS où il est coupable sur le deuxième but soviétique après une collision avec un coéquipier. Pire, en 1986, Alex Ferguson, pour sa seule année à la tête de la sélection, ne comptera même plus sur lui et ne le retiendra pas.
Comme beaucoup de ses équipiers, Hansen sera fortement marqué par le drame d’Hillsborough le 15 avril 1989. Il décrit cette période dans son autobiographie comme étant la plus noire de sa vie : « les cicatrices émotionnelles seront toujours présentes ». Il assistera à plusieurs funérailles et ne manquera jamais d’apporter son plus profond soutien aux familles des victimes.
Alan Hansen déclinera tout poste d’entraîneur à la fin de sa carrière, ne jugeant pas ce job fait pour lui. Il travaillera 22 ans pour l’émission Match of the Day de la BBC jusqu’à la Coupe du monde 2014. Une de ses maximes restera assez célèbre. Au début de la saison 1995-96, Manchester United s’incline 3-1 à Aston villa après avoir vendu trois cadres durant l’intersaison (Ince, Hughes, et Kanchelskis) pour introduire les jeunes Scholes, Beckham, Butt, et Neville en équipe première. Hansen dira au terme de la défaite : « you can’t win anything with kids » … Ces gamins prouveront le contraire en remportant le championnat… et celui d’après ! À la TV ou sur le terrain, Alan Hansen ne faisait définitivement pas dans la dentelle.
Numéro 9 : Karl-Heinz Förster
En 1982, l’équipe de France arrive au Mundial espagnol avec sa plus belle génération et un Michel Platini au sommet de son art. Son parcours s’arrêtera en demi-finale contre la RFA, non sans rancœur, dans un des plus grands matchs de l’histoire. La nuit de Séville reste dans les mémoires pour le véritable attentat du gardien allemand à l’encontre de Patrick Battiston et masque par la même occasion, une performance XXL, celle de Karl-Heinz Förster. L’homme aura été le chien de garde de la défense ouest-allemande, en permanence sur les talons de Platini à qui il n’aura laissé qu’un penalty.
Il faut se méfier de la gueule d’ange du garçon, dur sur l’homme, insatiable, infatigable qui incarne bien le jeu de son pays à l’époque, tactique et physique. C’est ce qui lui vaudra le doux surnom de « Der Treter mit dem Engelgesicht », « le matraqueur à la gueule d’ange ». Mais s’il est dur sur l’homme, Förster n’est pas un vulgaire casse-cheville. C’est un boxeur aux gants de velours qui sait jouer dur, mais sans jamais faire mal ; il ne sera d’ailleurs exclu qu’une seule fois sur l’ensemble de sa carrière. Förster, c’est aussi une détente à faire pâlir un joueur de NBA ou un sauteur en hauteur, tant il est capable de s’élever haut malgré sa taille moyenne pour asséner des coups de tête ravageurs.
L’Allemand commence sa carrière avec le VfB Stuttgart (son unique club en Bundesliga !) en grande pompe avec un titre et une promotion en première division lors de la saison 1976-77. Un premier trophée dont il se souvient avec émotion et qui en appellera de nombreux autres. Il déclarait récemment que la raison de son succès précoce a été la précieuse expérience acquise aux côtés de Dragan Holcer. Il est vrai que l’intéressé n’est pas un modeste joueur de seconde zone. C’est le genre d’homme à vous prendre par l’épaule et vous apprendre la vie, la vraie, tant il a vécu, et qui mériterait un article à lui seul. Né en captivité dans un camp de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale d’un père slovène tué avant même sa naissance, il deviendra une légende de l’Hadjuk Split et participera à l’Euro 68 avec la Yougoslavie. Autant vous dire que les conseils et la guidance du Croate seront cruciaux dans le développement du joueur qui pourra aussi compter sur son frère Bernd, arrivé au club en 1978. Le sommet de sa carrière dans le Bade-Wurtemberg sera atteint lors de la saison 1983-84 avec un titre de champion où le joueur incarnera la solidité défensive (meilleure défense du championnat) dans une équipe au football offensif.
Après deux saisons à Stuttgart, Förster reçoit sa première sélection avec la RFA en 1978 et deviendra vite un titulaire indiscutable au sein d’une équipe avec laquelle il remportera l’Euro 1980. Lors de la finale, il sera intraitable face à la Belgique d’un Jan Ceulemans qu’il aura totalement asphyxié. Un calvaire qu’il fera vivre à de nombreux autres attaquants internationaux. Ce trophée sera le seul de sa riche carrière en sélection, puisque l’Allemagne s’inclinera en finale de deux Coupes du monde successives en 1982 et 1986. C’est à la fin de celle-ci qu’il raccrochera avec l’Allemagne de l’Ouest, en sélection comme en club puisqu’il quittera Stuttgart pour l’OM suite aux avances de Bernard Tapie.
À Marseille, Förster ne vient pas pour les vacances. Il s’installe vite comme pièce indéboulonnable d’un effectif avec lequel il remportera le doublé coupe-championnat en 1988-89 et un autre championnat l’année d’après. Après la grave blessure de Battiston, les Allemands étaient maudits et une véritable haine s’était emparée du supporter français moyen, à tel point que les chefs d’État des deux pays avaient dû calmer les esprits ! Le transfert réussi et l’attitude exemplaire de Förster à Marseille ont grandement aidé à rendre une image positive de l’Allemagne en France.
Numéro 8 : Oscar Ruggeri
L’Argentin, défenseur solide et rugueux, est une vraie tête de mule qui ne fait pas dans la dentelle, sur et hors du terrain. Formé à Boca, il signe à River après la grève des joueurs du début de l’année 1985, non sans avoir forcé son transfert auprès de l’AFA. Cela lui vaudra une haine éternelle de la part des supporters xeneize, qui n’hésiteront pas à mettre le feu à sa maison et brûler sa voiture après un superclásico. El Cabezón (L’Entêté) ne se laissera pas faire et ira seul, à 24 ans, sonner chez le chef de la Barra Brava de Boca, José Barritta dit « El Abuelo », pour le mettre en garde : « Si quoi que ce soit d’autre m’arrive, je viens et je fous le bordel chez toi », un sacré tempérament qui l’accompagnera toute sa carrière.
Au moment où Boca traverse l’une des pires périodes de son histoire, la traîtrise de Ruggeri servira son palmarès. L’année 1986 sera la plus prolifique pour le joueur qui gagnera sur la même saison le championnat, la Copa Libertardores, la Coupe intercontinentale avec le Millonario, et la Coupe du monde avec l’Argentine. Il est à ce niveau l’égal de Pelé puisqu’aucun autre joueur n’a remporté tous ces trophées sur une seule et même saison. Le sacre mondial reste le souvenir le plus mémorable du défenseur qui disputait sa première Coupe du monde. Et pour son premier match dans le tournoi, face à la Corée du Sud, Ruggeri inscrira un but de la tête (qui illustre aussi son aisance dans le jeu aérien) sur un centre de Maradona ; le match se soldera par une victoire 3-1. De cette édition victorieuse, le public se rappelle surtout du génie du numéro 10 de l’Albiceleste et du match légendaire contre les Anglais. Mais il est certain que Ruggeri, de par sa rigueur et son intransigeance en défense, a grandement contribué lui aussi à la victoire finale. Oscar Ruggeri aura toujours tout donné pour l’Albiceleste avec laquelle il disputera aussi la Coupe du monde 1990 perdue contre l’Allemagne de l’Ouest, une édition qu’il disputera blessé et sous infiltration, manquant quelques matchs et devant quitter la pelouse à la mi-temps durant la finale. Son cœur ciel et blanc a compensé au maximum, mais c’était trop. Avec la sélection et en tant que capitaine, il ramènera deux Copa America successives au pays en 1991 et 1993, un titre qui échappait à l’Argentine depuis 1959 ! Ruggeri mettra fin à sa carrière en équipe nationale après la défaite face à la Roumanie en Coupe du monde 1994. Il n’aura rien pu changer dans un vestiaire, lui compris, totalement ébranlé par la suspension pour dopage de Diego Maradona. Ce cas sera synonyme de dispute entre les deux amis, Ruggeri ayant toujours condamné l’addiction et le train de vie festif du Pibe.
Après sa période à River, Ruggeri signera en 1988 à la surprise générale au CD Logrones, club de seconde zone en Liga, avec lequel il jouera une saison pleine. Nettement supérieur au reste de l’effectif, il signera la saison d’après au Real Madrid où il ne restera qu’un an, sans éclat, bien qu’il soit sacré champion avec une trentaine de matchs au compteur. Blessé au pubis, il doit se faire opérer après la Coupe du monde 1990, ce qui implique une indisponibilité de trois mois. Le Real préfère le vendre pour faire place à un autre joueur étranger, car seulement trois étaient autorisés à l’époque et il y avait déjà Schuster et Hugo Sanchez. Beaucoup à Madrid le soupçonneront d’ailleurs d’avoir signé uniquement pour préparer le Mondiale italien. Après cela, sa carrière en club sera moins brillante qu’en sélection. Il gagnera cependant un nouveau titre de champion d’Argentine avec San Lorenzo en 1995, même si on retiendra surtout sa tentative de tacle assassin sur le gardien paraguayen José Luis Chilavert, son ancien coéquipier à Velez, lors du Clausura 96.
A la fin de sa carrière, il se reconvertira entraîneur, sans succès, mais peu lui importe. El Cabezón a vécu son rêve de gosse jusqu’au bout, et il a même touché les étoiles un soir de juin 1986.
Numéro 7 : Hans-Peter Briegel
C’est comme regarder l’horizon et fixer le point exact où deux mondes du football se rencontrent, l’un fait de photographies en noir et blanc et de souvenirs fragmentés, l’autre d’images nettes répétées au ralenti. C’est sur cette ligne que marchait le décathlonien Hans-Peter Briegel. Un footballeur qui avait le talent du football à l’ancienne, fait de technique et de jeu individuel, et la force du football moderne, qui exige une bonne dose d’athlétisme, c’est-à-dire des poumons d’acier, des éclairs de sprinter, et un cœur de coureur de demi-fond. Comme s’il avait voulu prendre exemple sur son presque homonyme Pieter Brueghel, qui a fait la jonction entre Moyen Âge et la Renaissance en rupture avec ses prédécesseurs.
Hans-Peter Briegel est né le 11 octobre 1955 à Rodenbach, tout près de Kaiserslautern. Dès son plus jeune âge, il pratique le sport et se distingue comme un bon décathlonien. C’est à l’âge de 17 ans qu’il commence à se consacrer au football, jouant pour l’équipe de sa ville natale. Impressionné par les capacités athlétiques et les prouesses physiques du jeune Briegel, le 1. FC Kaiserslautern le recrute à l’âge de 20 ans. Ses débuts sont loin d’être faciles : accueilli sous les huées, surnommé « le gorille » par dérision, le jeune attaquant se transforme peu à peu en défenseur. Les propres supporters de l’équipe allemande l’insultent en criant : « Sors, gorille, retourne labourer les champs ». Mais Briegel a le caractère et la capacité de prouver sa valeur, si bien qu’il gagne rapidement le respect des supporters et de l’équipe nationale senior. C’est d’ailleurs avec elle qu’il se fait connaître au niveau international : nous sommes en juin 1980 et le Championnat d’Europe des Nations se déroule en Italie. Dans la conquête du titre par la RFA, Briegel siège à gauche d’une défense qu’il dirige de main de maître aux côtés de Karl-Heinz Förster dont nous avons déjà parlé.
Les grandes satisfactions vont lui échapper en club. Toujours placé mais jamais gagnant à cette époque, Kaiserslautern ne pourra pas contrer les rouleaux compresseurs qu’étaient le Bayern Munich et Hambourg et s’inclinera deux fois en finale de Coupe en 1976 et 1981, sans oublier une demi-finale de C3 en 1981-82. C’est encore avec l’équipe nationale que Briegel aura la chance d’obtenir des résultats prestigieux. Lors de la Coupe du monde en Espagne 1982, la machine ouest-allemande est une fois de plus l’une des plus redoutables mais doit s’incliner en finale face à la supériorité technique de l’Italie, emmenée par un Paolo Rossi époustouflant. Pour Briegel, c’est une grande déception. Adepte de la rédemption et du travail acharné, ce fils de paysan du Palatinat ne se laissera pas abattre et livrera une saison 1982-83 de grande facture malgré une sixième place finale.
Ses prestations sont grandement remarquées, et c’est ainsi que durant l’été 1984, il se voit offrir la possibilité de jouer en Serie A, peut-être la meilleure ligue d’Europe à l’époque. Le Hellas Vérone de Bagnoli le veut absolument et l’Allemand se présente avec enthousiasme sur les rives de l’Adige. La presse se montre pourtant critique et l’achat est qualifié de peu judicieux, Briegel n’étant pas en mesure selon elle, d’offrir autre chose qu’une prestation physique peu gracieuse. Mais le joueur, comme à ses débuts, va faire taire les critiques et étonner tout le monde. Désormais placé en 6 comme en sélection, il sait neutraliser le meneur de jeu adverse (en atteste un marquage impeccable de Maradona) mieux que quiconque, initier la reconversion par de longues relances, et forcer la décision par des raids puissants souvent conclus en buts. Merveilleux cocktail de technique et de force physique, Briegel s’avère être l’un des pions fondamentaux de Vérone vainqueur du Scudetto 1984-85, inscrivant même neuf buts. L’année suivante, Briegel réalise une nouvelle bonne saison sous le maillot du Hellas. À l’été 1986, après un nouvel échec crève-cœur en finale du Mundial mexicain, il rejoint la Sampdoria de Mantovani où il remporte la Coppa Italia. Il est alors au crépuscule de sa carrière et quitte l’Italie en 1988.
Le rouleau compresseur du Palatinat aura marqué son époque par sa constitution physique hors du commun, sa vitesse, son endurance et son imperméabilité à toute forme de fatigue. Il aura été le cliché parfait du joueur-soldat « à l’allemande », mais si les soldats vont au front avec un casque, Briegel n’a jamais voulu du sien. Opposé à l’utilisation de protège-tibias, il aura joué toute sa carrière sans protection.
Numéro 6 : Manuel Amoros
Quand on évoque l’un des meilleurs joueurs français des années 80, celui-ci doit forcément avoir vécu les trois moments-clefs de la sélection: le Mundial 1982 en Espagne, l’Euro 84 à domicile, et le Mundial 1986 au Mexique. Revenons en particulier sur cette nuit de Séville entrée droit dans la légende. Un jeune défenseur de 20 ans, international que depuis le mois de février seulement, se retrouve titulaire pour cette demi-finale de la Coupe du monde. On est à la 89e minute de jeu quand le natif de Nîmes arme une violente frappe qui s’écrase sur la barre de Schumacher. Le score ne bougera plus, direction les prolongations et les tirs au but où le jeune Amoros, bourré de sang-froid, marquera le sien avant de connaître la douleur de l’élimination. Mais le jeune Français d’origine espagnole a appris beaucoup lors de cette édition qu’il ne pensait même pas disputer quelques mois auparavant. C’est parce que son ascension a été folle depuis ses débuts sur un Rocher qu’il ne s’est pas contenté de regarder et a gravi à la manière d’un alpiniste, écartant tout sur son passage.
Manuel Amoros, formé à l’académie de l’AS Monaco, était un latéral « moderne » pour l’époque, solide défensivement mais également porté vers l’avant, comme en attestent ses statistiques remarquables. Il rejoint l’équipe première de la Principauté à 18 ans seulement et il portera le maillot monégasque pendant neuf saisons (1980-1989), au cours desquelles il sera sacré deux fois champion de France (1982, 1988) et remportera une Coupe de France en 1985. Rétrospective étant faite sur son début de carrière, revenons-en maintenant à son deuxième moment-clé vécu avec les Bleus : l’Euro 84 à la maison. Une forte pression pèse sur l’équipe, de laquelle les supporters attendent rien moins que la victoire finale. Le match d’ouverture oppose la France au Danemark de Morten Olsen. On joue la 86e minute quand la pression submerge Amoros, alors que Michel Platini a donné l’avantage aux Français huit minutes plus tôt. Après un duel face à Jesper Olsen, le Monégasque dégoupille et, dans un geste auquel Zidane aura peut-être voulu rendre hommage en 2006, assène un coup de tête au Danois qui s’effondre. Certes, la victime en rajoute car Amoros le touche à peine, mais le geste est là… et il n’est pas digne d’un joueur professionnel. La sanction est sans appel : carton rouge direct.
Elle deviendra encore plus lourde après la rencontre, avec trois matchs de suspension. Si Manuel Amoros veut espérer rejouer dans cet Euro, la France doit arriver en finale. C’est ce qu’elle fait bien entendu, mais quand la chance a frappé à sa porte, « Doudou » Domergue ne s’est pas plaint du bruit et l’a laissé rentrer comme une bonne amie. Il remplace brillamment le malheureux Amoros et s’offre même un doublé en demie contre le Portugal. C’est donc logiquement qu’il est titulaire en finale et que Manuel se retrouve sur le banc. Il n’est pas prévu qu’il rentre mais Patrick Battiston, malheureuse victime de 1982, illustre à la perfection la solidarité du collectif « bleu-blanc-rouge » millésime 84. Il simule une blessure pour que le Franco-Espagnol puisse disputer 19 minutes de la finale face à l’Espagne, pays de ses parents. Un merveilleux cadeau de la part du Mosellan qui estimait que son coéquipier « méritait de disputer une finale ». Une finale, Amoros et l’équipe de France sont proches d’en disputer une nouvelle deux ans plus tard à Mexico. Malheureusement, une fois de plus, l’Allemagne de l’Ouest mettra fin au rêve.
Cette fois-ci, pas de frappe malheureuse ni de nerfs qui craquent, mais une compétition de haute volée qui fera de lui le meilleur défenseur latéral du monde à ce moment. Il sera élu meilleur latéral de l’édition et deuxième meilleur joueur du tournoi derrière Diego Maradona, rien que ça. Les performances de l’équipe de France seront nettement en dessous des attentes après Mexico et il quittera définitivement les Bleus après l’Euro 92. Alors que l’équipe de France déçoit, Amoros rejoint l’Olympique de Marseille en 1989 où il participera activement à l’hégémonie nationale du club avec les titres de 1990, 1991, et 1992 (Il ne participera pratiquement pas au titre de 1993, la faute à une blessure). Cette surpuissante équipe phocéenne sera aussi de la partie en Europe mais décidément, les grands matchs seront de douloureux souvenirs pour le joueur. Lors de la finale de C1 1990-91 face à l’Étoile rouge de Belgrade, c’est lui qui rate le seul tir au but de la séance et offre ainsi le titre aux Yougoslaves. À celle de 1992-93, blessé et barré par Angloma, il vivra le sacre marseillais sur le banc avant de s’envoler pour Lyon. Il y restera deux ans et retournera finir sa carrière au chevet de l’OM en deuxième division pour la saison 95-96 avant de ranger les crampons à cause d’une blessure à la hanche.
On retiendra de lui qu’il a été l’un des meilleurs latéraux français de l’histoire, polyvalent, très difficile à éliminer, et qui aimait se projeter vers l’avant, comme en attestent ses 41 buts en carrière. Un défenseur brillant et attachant, à la carrière énorme en club, et qui fait partie pour l’éternité de la première équipe française victorieuse d’un grand tournoi. Un gars à qui il aura finalement manqué le sang-froid de ses 20 ans pour éventuellement ajouter quelques lignes à son prestigieux palmarès.
Encore du beau monde dans cette décennie.
Oscar Ruggeri ! Ceux qui l’ont vu jouer savent qu’il fut un défenseur central hors normes. Un gagneur à l’immense palmarès, héros de l’Albiceleste et de River notamment. Mais ils savent également à quel point, le concernant, la frontière entre l’exceptionnel et le pitoyable est ténue.
Petit fils d’immigrés italiens, il aurait pu être un de ces Oriundi qui firent la gloire de la Nazionale. Une sorte de Luis Monti transporté dans les années 1980, prêt à tout pour gagner, chef de guerre exemplaire ou fils de pute selon les contingences. Ils ont d’ailleurs en commun le fait d’avoir gagné et perdu une finale de coupe du monde.
En Italie, El Cabezón n’a pas l’aura de Monti, souvent dans le mauvais rôle. Venant de Vélez, recrue phare d’Ancona Calcio en 1992, son séjour touristique se limite à quelques mois désastreux. Parti avant même l’inauguration du Stadio del Conero, outre quelques millions de lires, la seule chose qu’il y gagne, c’est un surnom : Il Bidone. Il faut dire qu’il y met du sien lors d’un match contre la Fiorentina durant lequel il refuse d’appliquer le marquage en zone exigé par son coach au profit d’un marquage individuel sur Batistuta. Certes Batigol n’inscrit aucun but mais il s’exile sur les côtés, attirant avec lui Ruggeri, créant d’immenses espaces au coeur de la défense dont profitent ses coéquipiers, score final 7-1.
L’unique fois où il brille sur la terre de ses aïeux, c’est en 1990 avec l’Albiceleste quand il participe à l’élimination de la Nazionale en demi-finale à Naples. Un de ces matchs où il se transcende dans l’adversité, où la testostérone lui permet d’exprimer sa domination physique et psychologique…
Ruggeri, c’est une personnalité extravertie et intimidante, un regard de psychopathe, Joe Pesci dans Les Affranchis en beaucoup plus grand. Ce sont des gestes violents, des expulsions en pagaille, des embrouilles aux quatre coins du terrain, ce sont désormais des diatribes interminables et de vaines polémiques à la télé argentine, où il se moque (avec talent) de ses victimes préférées, Chilavert, Passarella et d’autres encore…
Bien sûr, aussi féroce et aussi dominant, Passarella est au-dessus, bien plus grand qu’El Cabezón. Mais Maradona, usant de son droit divin, décide en 1986 de faire de Ruggeri le monarque absolu de la défense, évinçant sans égards le Káiser de 1978 avec la complicité de Bilardo. Oscar 1er, en dépit de ses outrages, fut un roi prestigieux, craint, aimé par un peuple bafoué, assoiffé de gloire dont il a su flatter la fibre patriotique et les bas instincts.
« où il se moque (avec talent) de ses victimes préférées, Chilavert, Passarella et d’autres encore… »
Il est appréciable qu’il ne tape pas (que?) sur des lampistes, des sans-grades ou des sans-voix..et plus encore : qu’il le fasse lui-même, nombreux sont ceux qui auront préféré déléguer leurs règlements de comptes pour ne pas avoir à se salir les mains.
Même si ça ne vole probablement pas bien haut, voilà qui est quand même plutôt estimable.
Ça vole rarement haut mais l’Oscar, il a un vrai talent pour raconter les histoires.
J’ignorais tout du « duel » avec Passarella avant d’entamer mes recherches pour l’article , une histoire qui mériterait un article à elle seule !
Comme tu le mentionnes, Briegel est associé à Maradona. Ils sont adversaires pour leurs débuts en Serie A, en septembre 1984. Le Hellas accueille le Napoli, le mot « accueillir » étant mal approprié puisqu’une partie des tifosi insulte les Napolitains, racisme ordinaire du Nord de l’Italie vis-à-vis du Mezzogiorno. Pour ce 1er match, l’Allemand s’impose par KO : au marquage de Diego, il l’étouffe totalement et inscrit un des buts de la victoire véronaise, première étape vers le scudetto.
Les cuisses de Hans-Peter…. 😨
Super super article Ketchoupy!
Eh là,
Je pensais voir Förster plus haut.. Je dois dès lors être le seul à l’avoir mis en 1, a priori??
J’ai une assez haute idée des équipes nationales, pour l’Europe le foot de nations est le seul qui me garde de suivre encore ce jeu..et donc j’ai du mal avec Alan Hansen, qui à compter de..très tôt dans sa carrière n’eut de cesse de snober l’équipe d’Ecosse, en se faisant porter pâle ou multipliant plus que de raison les prétextes-bidon……….
Le concernant tout joueur a ses groupies, parmi d’autres les Anglais voient rarement beaucoup plus loin que le bout de leur nez, vieux réflexe suprémaciste/isolationniste……….et donc un Hansen trouvera aujourd’hui encore beaucoup de supporters scousers (et même écossais!) pour lui trouver des excuses, combien de fois n’ai-je lu que c’était non Hansen mais le board de Liverpool qui le poussait à snober ces sélections, ceci dit : un Souness parvenait bien à les honorer toutes, lui.. Quand on veut, on peut. Et idem plus tard d’un Giggs, qui aura non moins bénéficié d’une mansuétude intenable au regard de l’engagement de ses équipiers mancuniens : joueur mis sous pression, que sais-je encore.. Mais c’est souvent trop demander à un groupie de garder sa raison, a fortiori quand l’intéressé a plutôt une bonne gueule de papier glacé.
Oui, Forster est un magnifique défenseur. Sa finale de l’Euro 80 est un modèle du genre. Implacable en un contre un, sans être un vicelard, capable d’éliminer l’adversaire par ses crochets. C’est largement mieux que Hummels !
La photo mise en avant, je me rappelle fort bien qu’elle agrémentait un ouvrage que m’offrit mon père en 86.
Un mot sur Morten Olsen : dans mes souvenirs il choisit moins de quitter Anderlecht, qu’il n’en fut poussé à la porte. Et pour causes : Stéphane Demol faisait figure de très grand espoir européen au poste de libéro (mieux même qu’un espoir après ses perfs remarquées lors de la WC86), le bien peu sentimental board d’Anderlecht fut toujours impitoyable avec les types engagés d’un peu sur la pente savonneuse (ce dont ils se mordirent parfois les doigts d’ailleurs!)..
Tu as enfin raison d’évoquer Lawrenson en évoquant Hansen, duo remarquable par sa dynamique de double-couverture, doubles-libéros…….
Quitte à évoquer Demol.. ==> Tu étais probablement trop jeune à l’époque, voire pas même né??, et l’un des drames du bien trop modeste football belge est que ses archives sont inversément mises en valeur par rapport à celles de footballs qui ont toujours veillé à se vendre, eux..mais si tu as l’occasion (j’ignore où et comment..sinon en achetant des archives auprès de la RTBF, ce à quoi je me résignai tout un temps), essaie de regarder 3-4 matchs du Standard du temps où il était drivé par Arie Haan : le duo de libéros constitué par les internationaux brésilien et belge Cruz et Demol était du même bois, quoique plus technique et offensif encore que celui constitué une dizaine d’années plus tôt par Lawrenson et Hansen, un binôme absolument superbe!, chacun apportant à tour de rôle le danger et la confusion dans le bloc adverse, formidable.
C’est d’ailleurs une hérésie que cette équipe n’ait pas remporté le titre en Belgique..dont les voies sont parfois impénétrables, no more comment à ce stade – je crois superflu de te faire un dessin.
L’élimination en C3 face à Auxerre l’avait été contre le cours du jeu aussi.. Ce Standard-là avait sans problème l’envergure d’un demi-finaliste de CE, voire..
Je n’étais effectivement pas né, de Demol je n’ai en tête que le commentaire mythique de Roger Laboureur » BUUUUT DE STÉPHANE DEMOL! » , entendu à plusieurs reprises dans les archives sur Mexico 86. Mais j’ai en effet déjà entendu plusieurs fois à quel point il était excellent et « peu mentionné ».
Demol, pour l’avoir vu évoluer au Stadium, ne m’a pas laissé un grand souvenir. Pourtant, choper un mec de Porto était un gros coup pour Toulouse. Mais l’équipe était vraiment mauvaise, sauvée en barrages face à Lens qui montera malgré tout grâce aux relégations administratives de Bordeaux et Brest, il me semble.
Tu ne me choques pas pour son passage à Toulouse, c’est la stricte vérité. Et même à Porto, en dépit du titre et de stats dans l’absolu impressionnantes : il n’avait déjà totalement répondu aux attentes dans mes souvenirs. D’ailleurs, si le Standard parvint à l’attirer : c’est parce que sa cote a sacrément baissé et que l’élite ne croyait déjà plus vraiment en lui, le pari était loin d’être gagné.
Intrinsèquement : joueur de classe, vraiment. Mais c’est son coup de fourchette surtout qui était délirant ; s’il avait été moins hédoniste il aurait pu devenir, allez, une espèce de Laurent Blanc?? Mais sacrifier sa qualité de vie n’était pas dans ses projets, résultat des courses : à 27 ans (c’est-à-dire au top, normalement) il signe au..Cercle de Bruges, joufflu et hors forme..et y fait un four (..les restos étoilés, par contre..)!
Bon.. Je ne vais pas le blâmer!
Marrant comme le cercle attire toujours , peu importe l’époque (même si comme tu en donnes l’exemple, c’est pas toujours pour le meilleur). Club trop méconnu et pas assez considéré, je dois souvent corriger mes amis qui le prennent pour un simple faire valoir qui ne vaut rien d’autre que la D2.
Club discret, pas tape-à-l’oeil et qui gagne peu est une chose.. Et cependant, je l’écrivais en préambule de la série que j’ai tenu à lui consacrer : 5ème club le plus assidu en division d’élite du foot belge, dans la roue d’Anderlecht, c’est pas rien.. Admirable, même, vu la chicheté de leurs moyens.
Demol, bon.. Sa première saison au Standard est 36 carats…….puis c’est comme s’il se rappela qu’il n’avait peut-être jamais eu envie d’adopter un mode de vie pro, ascétique..
Il y eut des blessures aussi, mais bon : c’était un pari trop loin.
Tout à fait ! Juste dommage qu ils n’aient pas un stade à leur échelle/image..
Olsen avait une sacré classe et le Belgique-Danemark de l’Euro 84 vaut autant par son enjeu que par la rivalité existante entre joueurs qui se connaissaient par cœur.
Ils se connaissaient sur..tous les plans 😉 , le schéma « de » Piontek n’étant guère qu’une appropriation de cet Anderlecht où Morten Olsen officiait comme libéro volant. Et ce sont les Danois de Belgique Busk et Olsen qui convainquirent Piontek d’adopter aussi ce jeu certes spectaculaire..mais à bien des égards plus réactif que véritablement proactif, l’arme numéro 1 consistant à laisser l’adversaire s’enferrer dans le dispositif défensif, aussi profondément que possible………de sorte qu’Olsen pût d’autant plus léthalement en sortir, en partant de loin et de manière très verticale.
Une façon de faire que pour ma part j’ai adoré, de fait très spectaculaire..mais qui à ses débuts ne fit pas du tout l’unanimité parmi les travées de l’alors très dogmatique Sporting Anderlecht!, où la tradition-maison entendait avec +/- de radicalité d’être dominant, et non pas de répondre/réagir mais tant que possible d’imposer le cours du jeu (et ce quel que fût l’adversaire), et où le premier libéro-volant (le déjà évoqué Verbiest, première moitié des 60’s) montait jusqu’au rectangle adverse..en toutes circonstances, c’est-à-dire pas « seulement » (Olsen ne faisait pas que ça, mais) dans des situations escomptées de contre.
Du BE-DK de 84 : autant les Belges convinrent qu’ils auraient tout de même perdu au complet (la défense est décapitée pour le tournoi) face à la France, quoique « jamais par 5-0 »..et autant face au Danemark il y a de très, très gros regrets à avoir : équipe certes superbe mais beaucoup plus prenable! ; se faire remonter deux buts avec Renquin Gerets Meeuws Plessers et/ou Poels derrière, ce n’était même pas envisageable.
Ruggeri au Real, une seule saison.. en 90, après un passage au Logroñes. Où passèrent Alzamendi, Islas, Hugo de Leon à cette époque. Polster par la suite.. Ça ressemble un peu à Brest de la même époque. Capable d’attirer des Julio Cesar, Brown ou Cabañas dans une modeste écurie.
Il me semble avoir lu qu’Alzamendi a été une condition posée par Ruggeri pour aller jouer la bas !
Alzamendi, avec lequel il avait gagné la Libertadores en 1986. Un attaquant fuyant et rapide, difficile à marquer, auteur de quelques buts clés comme en demi-finale de Copa América en 1987 face à l’Argentine de Ruggeri ou en Intercontinental 1986.
Alzamendi est la quintessence du foot charrua. Malin et opportuniste. Un héritier de Cubilla, en moins bon quand même !
Me rappelle d’Alzmendi, peau très sombre et cheveux..gris?? C’est l’image que j’en garde. Joueur redouté avant les trois coups du Mundial 90.
Et puis Ruggeri est resté longtemps le dernier capitaine d’une sélection argentine victorieuse.
Briegel, suis fan. Je crois l’avoir mis numéro 1. Bien plus technique que son physique laissait présupposer.
Un match sympa à mater de K’Lautern est la victoire 5-0 face au Real de Cunningham en 82. Pourtant récent finaliste de la c1. Briegel, le jeune Brehme et le vieux Hellstrom.
Le centre de gravité de la carrière de Briegel est plutôt en 6 qu’en 3, c’est ce qui me fait tiquer quand je le vois dans une liste de grands défenseurs. À Kaiserslautern, dans une grosse équipe à laquelle je consacrerai un article un de ces jours, il pouvait indifféremment jouer 3 ou 6. À partir de 1983, l’émergence d’un certain Andreas Brehme a fait monter Briegel de manière permanente à la récupération, poste qu’il occupait déjà en sélection depuis la retraite de Bonhof après l’Euro 80. (Contre la France en amical en novembre 1980, par exemple, il jouait déjà 6, Dietz occupant le 3.)
Amoros, je n’ai connu qu’à partir de l’OM mais suis toujours épaté par sa disparition des Bleus à partir de l’Euro 92. Lui le capitaine, recordman de sélections.
On dirait qu’il a vraiment payé de sa blessure cette même année .. Aucune idée de son niveau pendant la période lyonnaise.
A l’OM, dans mon souvenir, ça n’a pas toujours été grandiose. Je crois que le public lui reprochait de ne pas tout donner malgré une rémunération XXL. Je ne me rappelais même plus qu’il avait joué à Lyon… De toute manière, le grand Manu Amoros, ce sont les années 80 à l’ASM.
Et bravo Mayo pour ce top !
Welcome back Jefe!
Salut Gooz. T’as bien rangé ta chambre ? Sinon, t’es bon pour un footing de Brive la Gaillarde jusqu’à Marmande.
Avec plaisir, content de te revoir parmis nous ! 🙂
Arnesen, splendide carrière également. L’Ajax où il joue avec Tahamata, Krol, Lerby, j’aime beaucoup. Jesper Olsen un peu plus tard.
Je n’ai aucune opinion sportive, ou autre sur Alan Hansen. Il fallait que je le dise.
Verano, on a fait un portrait de Dragan Holcer dans notre top sur l’Hajduk avec Alpha !
Oui, je m’en souviens. Tu t’adressais à Mayo, non ?
Oui, me suis emmêlé les pinceaux. Hehe
Je vais aller lire ça, merci !
Pour 84, je comprends la réaction d’Amoros, l’agressivité de Jesper Olsen n’est pas saine sur cette action.
Aussi loin que je me rappelle, je crois bien que ce fut par ailleurs le premier joueur français que j’aie vraiment apprécié.
Briegel, puisque Maradona lui réussissait si bien que cela : pourquoi ne lui en avoir confié la garde en finale de WC86? Matthäus se le coltine certes plutôt bien, mais il y a du vrai dans l’assertion selon laquelle la RFA y perdit en intentions dans le jeu.
Moi il me faisait peur, c’était l’époque de Rutger Hauer aussi.. Je le trouvais flippant.
Consulter le Moteur… Action du 27 février 2024 pour voir de quoi le bonhomme était capable.
Ruggeri était un vrai connard. Déjà à Boca, il se comportait comme tel. Il était pas le dernier pour faire des coups tordus dans le dos de ses coéquipiers, imposer sa loi dans un vestiaire et faire la lèche à la direction et aux entraîneurs pour mieux les berner. Le pauvre Mouzo, en a fait les frais, et Ruggeri partit à River aura roulé son monde. Sa carrière en club européenne est sacrément dégueulasse, c’est bien en sélection qu’il tire son prestige et peut prétendre à ce classement. Avec l’albi, 86 à 91, là il était fort, il règne. une albi à son image, là où il était dans son élément, là où il pouvait apparaître comme l’un des meilleurs centraux. En dehors …
Amoros, très surpris de le retrouver là ! dans les années 80, au vu de sa 6e place, c’était le meilleur latéral droit du monde ? où les souvenirs des tournois internationaux des bleus ont joué en sa faveur ?
Amoros? Il reste 5 places à pourvoir.
Oui, il peut encore avoir 1 ou 2 arrière droit à venir … reste qu’il est quand même 6e. C’est très haut.
Il valait quoi Bernd Förster ? Idem pour Thomas Allofs ?