Un siècle de défense – les années 1970 (2e partie)

A l’occasion de cette troisième saison, la rédaction a décidé de se lancer dans un défi ô combien périlleux, classer les plus prestigieux défenseurs de chaque décennie. Des années 1920 à celles de 2010 ! Toutes les deux semaines, vous retrouverez donc les portraits des plus fameux assassins silencieux, des ténors du tacle glissé ou de la poussette dans le dos… Une façon de mettre en lumière cette confrérie trop souvent oubliée. Des choix cornéliens émanant d’une intense réflexion collective qui demeurera aussi imparfaite que notre tendresse pour l’histoire de ce sport est grande… Bonne lecture !

Numéro 5 : Berti Vogts

Petit mais méchant.

Quand il s’agit de classer les joueurs du Borussia Mönchengladbach ou de l’Allemagne de l’ouest des années 1970, Berti Vogts se range dans la catégorie des besogneux. Un ouvrier du football, ni beau, ni élégant en dépit d’un soin particulier pour ses cheveux blonds ondulés, à la Michael Caine. Un dur au mal, aux jambes courtaudes, aux cuisses épaisses et aux genoux carrés. Un petit défenseur, insignifiant en apparence, dont l’allure contraste avec l’aisance de Franz Beckenbauer, géant d’airain concentrant toutes les attentions.

Besogneux, oui, mais ambitieux et aspirant à ressembler aux puissants dans leur inclination pour le pouvoir, surmontant le peu d’enthousiasme populaire attaché à sa personne. Pour preuve, Vogts succède à deux reprises à Beckenbauer, en tant que capitaine puis en tant que sélectionneur de la Mannschaft, en dépit d’un complexe d’infériorité et d’une forme de déférence que le Kaiser entretient savamment jusqu’à la fin de sa vie.

Sans doute Vogts nourrit-il cette soif de reconnaissance au cours d’une enfance marquée par la perte de ses deux parents alors qu’il n’a qu’une douzaine d’années. Elevé par une tante dans un environnement très modeste, apprenti outilleur, il trouve son salut dans le football et dans la rencontre de Hennes Weisweiler. Joueur que l’on prétend dénué de talent, Vogts devient un des plus grands spécialistes du marquage individuel en se confrontant à l’exigence du coach allemand. Son agressivité et son recours aux expédients quand les moyens licites ne suffisent pas lui valent de nombreuses inimitiés et critiques. Pourtant, l’enfermer dans un rôle de défenseur latéral exclusivement dédié à la destruction ne lui rend pas justice. Au sein du formidable Mönchengladbach de Weisweiler, Günter Netzer expose son génie créatif crinière au vent alors que Der Terrier, intraitable roquet en phase défensive, dévore le couloir droit quand le jeu le commande.

Gentil toutou. Il n’a jamais mordu son maître Weisweiler.

Adversaires dans les compétitions domestiques, le Bayern de Beckenbauer et le Gladbach de Vogts exportent leur rivalité au sein de la Mannschaft. Les Fohlen jouent un rôle décisif dans le gain de l’Euro 1972 mais une blessure prive Vogts de la phase finale. Deux ans plus tard, alors que les Munichois prennent le pouvoir pour la Coupe du monde à domicile, personne ne songe à contester Berti Vogts au poste de numéro 2 alors que Netzer, Wimmer et Heynckes ont régressé dans la hiérarchie[1]. Sa finale face aux Pays-Bas débute sous de sombres auspices. Pris de vitesse, il assiste impuissant à la faute de Uli Hoeneß sur Cruyff offrant un pénalty et l’ouverture du score des Oranje. La suite est un modèle d’abnégation, celle d’un Vogts Terrier aux trousses d’un lévrier désorienté finissant par rendre les armes. A l’issue du sacre mondial de la RFA, les journaux les plus impartiaux résument l’impression générale en affirmant que les meilleurs se sont inclinés face aux plus forts. Ou que l’opiniâtreté allemande, incarnée mieux que personne par Berti Vogts, a eu raison du talent vaniteux néerlandais.

Champion du monde, amoureux de Monika, Der Terrier continue inlassablement à martyriser ses adversaires, que ce soit avec die Fohlen (1975, année faste avec un nouveau sacre en Bundesliga et une Coupe de l’UEFA) ou en sélection (finale de l’Euro 1976 perdue aux tirs au but face à la Tchécoslovaquie) avant que le poids des ans ne se fasse sentir. Cela se manifeste une première fois en finale de la Coupe des clubs champions européens 1977 contre Liverpool, quand Kevin Keegan se joue de lui à maintes reprises. Il raccroche après la perte du titre mondial en Argentine, à 32 ans, alors qu’une blessure le prive d’une partie de ses moyens.

Entraineur de la Deutscher Fußball-Bund, il aurait aimé succéder à Jupp Derwall à la tête de la Mannschaft en 1984 mais la DFB lui préfère Franz Beckenbauer. Ce dernier, faute de diplômes lui permettant d’exercer, s’adresse naturellement à Berti pour effectuer le travail de l’ombre, perpétuant un lien de subordination comme lorsqu’ils jouaient ensemble. Après le sacre mondial de 1990, Der Terrier se glisse dans les habits du numéro un et s’il mène l’Allemagne réunifiée à deux finales d’Euro (dont une victoire au goût de revanche en 1996 contre la République tchèque), rien ne lui est épargné, pas même les remarques les plus blessantes sur sa communication alambiquée. On ne peut s’empêcher d’y voir un mépris de classe de la part d’une presse indisposée par les pouvoirs confiés à un homme qu’elle ne conçoit qu’en fade épigone de Beckenbauer.

Qui a dit que Berti était mal-aimé ?

[1] Rainer Bonhof, magnifique milieu du Borussia, dispute également la finale.


Numéro 4 : Daniel Passarella

« Me chupa un huevo, soy campeón ».

El Gran Capitán champion du monde 1978, le Káiser en version latine, le Caudillo autoritaire, le mâle dominant. Des euphémismes de la phraséologie machiste. Des valeurs d’un autre âge, mises à mal par des attitudes détestables, des propos douteux à une époque où la phallocratie ne fait plus recette.

Pour Daniel Passarella, tout commence en janvier 1974, quand Néstor Pipo Rossi fait confiance à ce défenseur issu du discret Sarmiento de Junín à l’occasion d’un superclásico de présaison. Au fil des matchs, Omar Sívori et Ángel Labruna, autres légendes des Gallinas, le titularisent de plus en plus fréquemment, sur le flanc gauche puis aux côtés du vieux Mariscal Perfumo en défense centrale. D’évidence, ce joueur au physique ordinaire dispose d’atouts singuliers : un timing parfait dans le jeu aérien, une frappe de balle surpuissante et une agressivité dénuée de scrupules.

Durant la Coupe du monde 1978, Passarella ajoute à ces qualités celles d’un leader tout terrain, alternant obscurs sacrifices et folles chevauchées vers l’avant, comme s’il menait ses hommes à l’assaut. A l’issue de la finale victorieuse, les photographes immortalisent la cérémonie durant laquelle El Gran Capitán reçoit avec avidité le trophée doré des mains de Videla, ce que certains considèrent comme une posture servile à l’endroit de la dictature militaire, une obéissance soldatesque dénuée d’intelligence. Procès injuste mais il faut reconnaître que par la suite, Passarella ne fait rien pour atténuer cette représentation. Avec son « frère » Américo Gallego, ils se comportent comme des caïds, imposant leurs règles de fonctionnement en symbiose avec l’Argentine des généraux quand ils enseignent aux nouveaux venus en sélection qu’« ici, ce n’est pas la démocratie ».

Y avait du lourd en finale de Coupe du monde 1978.

Un joueur du calibre de Passarella ne peut évidemment pas résister à l’appel de la Serie A des années 1980. Quatre années à la Fiorentina, deux à l’Inter et un bilan contrasté où les qualités offensives du Káiser impressionnent[1] autant qu’exaspèrent ses largesses défensives et ses accès de démence. Faut-il rappeler qu’il envoie à l’hôpital le soigneur du Hellas Verona à l’issue d’une échauffourée sur le chemin des vestiaires ? Et que de dire de ce geste insensé sur un ramasseur de balles de la Sampdoria, trop lent à son goût ?

Alors que se profile la Coupe du monde 1986, Diego Maradona, avec l’assistance du staff de l’Albiceleste, entreprend de démystifier le Caudillo. Les mesquineries de Passarella, soupçonné de faire supporter au collectif argentin des notes de téléphone pharaoniques, apparaissent au grand jour. Et quoi de mieux pour brouiller l’aura du Káiser que de manier la calomnie et révéler de supposées relations extra-conjugales avec la compagne d’un équipier en sélection[2] ? S’il conquiert un second titre de champion du monde, c’est en tant que remplaçant, incapable de résorber des soucis gastriques que le staff médical argentin attribue à un péché mignon, l’ingestion de whiskys rafraichis par des glaçons contaminés.

Viscéralement lié à River, Passarella y revient en 1988 pour un ultime round, dans un Monumental encore acquis à sa cause[3]. Entraineur à succès des Millonarios, puis sélectionneur contesté pour son intransigeance et ses relations délétères avec la presse, le prestige du Káiser se délite quand il s’empare de la présidence de River en 2009. En difficulté, Passarella s’isole, aux prises avec une profonde crise financière aggravée par de probables malversations financières, développant une paranoïa destructrice qui mène le club en seconde division.

Admiré durant des décennies, sa personne tient désormais lieu de repoussoir. Avec cette quatrième place, Pinte de foot rend grâce au joueur, immense, en se remémorant les propos de Maradona à son sujet : « c’est le meilleur défenseur que j’ai vu. Le meilleur joueur de tête également, défensivement et offensivement ».


[1] 175 buts en matchs officiels.

[2] Durant son séjour italien, les lendemains de match, Passarella rejoint la compagne d’un joueur de l’Albiceleste à Monaco. Les soupçons se portent sur l’épouse de Juan Simón, défenseur de l’ASM. Il semble en fait qu’il s’agisse de Pata Villanueva, mannequin et compagne d’Alberto Tarantini durant les années 1980.

[3] Le dernier match de Passarella s’achève sur une expulsion contre Boca Juniors.


Numéro 3 : Ruud Krol

RFA-Pays Bas au San Paolo lors de l’Euro 1980. Horst Hrubesch et Rudi Krol, tactiles.

En juin 1980, la presse italienne s’intéresse bien plus au marché des transferts qu’à l’Euro organisé dans la péninsule. A Naples, face à la Grèce et à la RFA, les efforts désespérés du collectif néerlandais pour préserver son lustre indiffèrent les chroniqueurs, obnubilés par le capitaine oranje Ruud Krol, son leadership, son aisance balle au pied et son avenir incertain avec les Vancouver Whitecaps. Les frontières de la Serie A viennent de rouvrir (dans la limite d’un étranger par club) et les regards convergent vers Krol après qu’il a exprimé publiquement le souhait de retrouver le vieux continent. Mais où ira-t-il ? A Milan, à Turin ou à Rome ?

L’élimination au premier tour des Pays-Bas[1] n’entame en rien le prestige de l’ancienne star de l’Ajax mais les opportunités s’éteignent les unes après les autres. Relégués administrativement à la suite du scandale du totonero, le Milan et la Lazio sont hors-jeu. La Juventus et l’Inter choisissent respectivement Liam Brady et Herbert Prohaska. Soumis à une cure d’austérité par le président Pianelli, le Torino constate qu’il n’a pas les moyens de ses envies et se rabat vers Michel van de Korput, jeune libero du Feyenoord que son agent Cor Coster – le beau-père de Cruyff – présente comme « le nouveau Krol ». Longtemps intéressée, la Roma lui préfère finalement Roberto Falcão…

A Naples, les tifosi napolitains expriment bruyamment leur dépit alors que le championnat va reprendre : Antonio Juliano, ancienne gloire locale grimée dans les habits du directeur sportif, ne parvient pas à leur offrir du rêve. Alors que la campagne d’abonnements vire au désastre, Juliano trouve enfin un accord avec les Vancouver Whitecaps[2] et le 9 septembre 1980, Totonno paraît triomphalement à l’aéroport de Capodichino en compagnie de Krol.

Mamma mia, che bello !

Latéral gauche puis libero de l’Ajax hégémonique des années 1970, Rudi Krol exporte en Italie une nouvelle manière de défendre, aux antipodes des sentinelles de pierre qui peuplent alors la Serie A[3]. Sa plastique et son élégance naturelle accélèrent le mécanisme de légitimation auprès d’un peuple napolitain prompt à se choisir des souverains venus d’ailleurs. Il réconcilie même autour de sa personne les esprits libertaires et les traditionnalistes. Roi de Naples, il profite de son statut et des fréquentes absences d’Yvonne – le couple se sépare au cours des années 1980 – pour s’afficher au volant de bolides attirant les belle ragazze comme des mouches. Les catholiques les plus fervents ne sont pas en reste et tirent également parti de la popularité du Néerlandais volage : au printemps 1981, opposés à la légalisation de l’avortement, ils interpellent les supporters des Azzurri appelés à voter avec ce slogan, « et si la maman de Krol avait avorté ? ».

Rudi Krol prolonge son séjour napolitain jusqu’en 1984, frôlant le scudetto dès sa première saison avant de connaître des blessures et des moments plus agités au fur et à mesure des déceptions sportives. Vénéré ad vitam par les tifosi, il fallait un joueur d’exception pour lui succéder. Ce fut Diego Maradona.

Le jour où Rudi a failli se pacser avec Dave.

[1] Les Pays-Bas finissent troisième de leur poule après une victoire à Naples 1-0 face à la Grèce, une défaite 2-3 contre la RFA (triplé d’Allofs) et un nul contre la Tchécoslovaquie (1-1).

[2] L’opération ayant lieu en dehors de la période de transfert, Krol est d’abord prêté et n’est acquis définitivement qu’en fin de saison.

[3] Elu meilleur joueur d’Italie en 1980-81 par le Guerin Sportivo, publication de référence à l’époque.


Numéro 2 : Elías Figueroa

Coquine !

Evacuons d’emblée le sujet qui fâche : oui, Elías Figueroa a affiché publiquement son soutien au sinistre Général Pinochet quand d’autres comme Carlos Caszely, son équipier en sélection, n’ont pas hésité à marteler leur opposition à la dictature militaire. Jeter un discrédit moral sur le citoyen chilien Figueroa doit-il conduire à relativiser les performances du sportif Don Elías ? En le classant second de ce Top 10, le jury a implicitement a répondu non.

De nationalité chilienne, certes, Figuerora est avant tout un super héros sudaméricain croulant sous les distinctions collectives et individuelles. Sacré avec le Palestino au Chili, Peñarol en Uruguay, c’est probablement avec le football brésilien qu’il noue la relation la plus intime, une idylle trouvant son origine en 1962.

Elías a 15 ans quand il effectue deux rencontres décisives. La première se nomme Marcela Küpfer, sa future épouse, une conquête pour la vie. Elle étudie à l’école allemande de Valparaíso, il fréquente les équipes de jeunes des Santiago Wanderers, ils se plaisent et ne se quittent plus. La seconde conjonction est sportive : dans les jours précédant l’ouverture de la Coupe du monde 1962, avec les juniors de Santiago Wanderers, il affronte Pelé et la Seleção dont le camp de base se trouve à Quilpué, à proximité de Valparaíso et de Viña del Mar.

A la fin des années 1960, Figueroa n’a plus rien du faire-valoir juvénile de Quilpué et Pelé l’apprend à ses dépens lors de mémorables oppositions entre Peñarol et Santos[1]. La gestuelle défensive de Don Elías s’est perfectionnée, sa lecture des trajectoires n’a rien à envier à celle de Beckenbauer et l’orientation de son corps, inspirée des passes des toreros, lui confère un avantage quasi systématique dans les duels qu’il accompagne de coups de coude quand nécessité fait loi. Adversaires, le Brésilien et le Chilien s’admirent réciproquement et tissent des liens d’amitié qui perdurent bien au-delà de leur carrière. Qu’en 2014 Pelé accepte d’inaugurer le stade Rapa Nui sur l’Île de Pâques à titre gracieux – une rareté – sur invitation de Figueroa témoigne de la profonde estime que se portent les deux ex-footballeurs.

En novembre 1971, Figueroa repousse les offres du Real Madrid[2] pour se confronter au football brésilien sous les couleurs de l’Internacional de Porto Alegre. Par on ne sait quelle alchimie, Don Elías devient immédiatement plus brésilien que les Brésiliens. A son propos, le journaliste Nelson Rodrigues poétise et lui attribue l’élégance d’un « comte en smoking » et la dangerosité d’« un tigre du Bengale ».

Parmi la flopée de titres conquis avec le Colorado[3], le Brasileirão 1975 tient une place particulière. Ce jour de décembre, d’épais nuages ternissent le spectacle qu’offrent l’Internacional et Cruzeiro jusqu’à ce que le Colorado obtienne un coup franc. Valdemiro centre, Figueroa saute et marque le but du sacre au moment précis où un rayon de soleil rasant éclaire Don Elías. Un signe des cieux, le gol iluminado pour l’éternité. La dévote admiration qui accompagne ses faits et gestes se teinte alors d’idolâtrie, comme si ce but justifiait un culte à sa gloire. Des mères lui amènent leurs enfants pour qu’il les guérisse ou leur transmette ses dons, les sommités avides de notoriété posent à ses côtés, les photographes le harcèlent – des photos volées de Figueroa nu dans le vestiaire sont publiées – et sa biographie se vend à 120 millions d’exemplaires au Brésil.

La lune.
Le soleil (l’action du gol iluminado).

Amour fou, pression démesurée, sentiment d’insécurité… Figueroa échappe à sa prison dorée brésilienne et poursuit sa carrière au Chili, où il est enfin prophète en son pays avec le Palestino, et aux Etats-Unis avant de raccrocher. Consacré plus grand joueur chilien de l’histoire, un vent de contestation est apparu récemment sous l’impulsion d’Arturo Vidal, fort de ses victoires en Copa América. Une remise en question balayée par Carlos Caszely et une polémique éteinte le mois dernier lors d’une cérémonie durant laquelle le King Vidal lui-même fait allégeance à Don Elías.


[1] Epreuve où les vainqueurs de la Copa Libertadores se départagent pour désigner un représentant sudaméricain, les lauréats de la Coupe des clubs champions européens en font de même et les deux premiers de chaque continent s’affrontent en finale. En 1968, Santos s’impose face à l’Inter. En 1969, Peñarol écarte Santos et faute de participation européenne, s’octroie le titre.

[2] Une possibilité due à des origines espagnoles, la Liga ne rouvrant ses frontières qu’en 1973.

[3] Cinq championnats gaúchos consécutifs au nez et à la barbe de Grêmio et deux championnats du Brésil.


Numéro 1 : Franz Beckenbauer

A Belo Horizonte, avec Jairzinho caché sous une touffe.

Réuni en conclave, le corps électoral composé des rédacteurs de Pinte de foot n’a pas mis longtemps à désigner le pontife des années 1970 : Franz Beckenbauer. Un choix unanime, fruit d’une admirable harmonie entre votants. Quelques lecteurs chagrins pourraient s’étonner d’une absence de pluralité et soupçonner un fonctionnement despotique au sein d’une rédaction sous influence allemande, quatre joueurs d’Outre-Rhin figurant parmi ce Top 10. Pour couper court à ces interrogations somme toute légitimes, nous avons décidé de ne pas vous infliger un énième panégyrique à la gloire du grand défenseur pour nous concentrer sur un court épisode de sa vie, quand Franz et l’Allemagne de l’ouest entament une douloureuse procédure de séparation.

Le 21 décembre 1976, le FC Bayern München se trouve à Belo Horizonte pour le match retour de la Coupe Intercontinentale. A l’aller, sur la pelouse gelée du stade Olympique, le froid polaire et les assauts bavarois ont fini par faire plier les Brésiliens de Cruzeiro (2-0). Dans la fournaise du Mineirão, forts de leur avantage, les Munichois contiennent sans peine les tentatives de Jairzinho, Nelinho ou Dirceu Lopes et s’adjugent l’officieux titre de champion du monde des clubs[1]. Pour Beckenbauer et quelques-uns de ses équipiers, ce trophée représente un achèvement, l’acte ultime d’une quête collective entamée dix ans plus tôt. Cerise sur le gâteau, dans les derniers jours de l’année, Kaiser Franz reçoit pour la seconde fois les sacrements de France Football et un nouveau Ballon d’or du plus bel effet.

Saviez-vous que le sponsor du Bayern est Adidas ?

Dans la République fédérale d’Allemagne des années 1970, dont le modèle de prospérité est contesté par les groupes anti-impérialistes et antifascistes ayant choisi la lutte armée, le portrait césarien de Beckenbauer rassure et comble un peuple avide de succès sportifs susceptibles d’atténuer les traumatismes du passé. A 31 ans, sous contrat avec le Bayern jusqu’à l’été 1979, il n’affiche aucun signe de déclin et compte bien porter le maillot de la Mannschaft jusqu’à la Coupe du monde en Argentine avant d’en devenir le sélectionneur, selon le scénario idéalisé par la Deutscher Fußball-Bund.

Ces perspectives tranquillisantes sont mises à mal dès le printemps 1977 au fur et à mesure de la parution d’informations confidentielles dans la presse, dans une curieuse concordance de temps avec l’effondrement sportif du Bayern, dépossédé de son sceptre européen par le Dinamo Kiev et largué en championnat par le Borussia Mönchengladbach. Les émoluments confortables du Kaiser sont soudainement rendus publics et comparés à ceux du chancelier Helmut Schmidt, bien plus modiques. Le déboulonnage de la statue du Commandeur vient de débuter. Déjà écornée, l’image du citoyen modèle se craquèle quand l’Allemagne apprend le monumental redressement fiscal auquel il a dû se soumettre. C’est enfin la représentation du gendre idéal qui vole en éclats : le couple qu’il forme avec Brigitte vit des heures difficiles. De séducteur, le beau Franz, devient un homme adultère avec ce que le terme comporte de moraline rampante pour un Bavarois catholique.

Brigitte ne se doute de rien.

Mi-avril 1977, Beckenbauer annonce sa prochaine signature au New York Cosmos. L’opinion publique devrait être désemparée et devrait se mobiliser, comme à la fin des années 1950, quand Fritz Walter et Uwe Seeler avaient renoncé à leurs envies d’Italie sous la pression populaire. Il n’en est rien. Alors Franz décide d’achever la déconstruction du système allemand, de pratiquer la politique de la terre brûlée avant de fuir. Dans une interview accordée au magazine Stern, il affirme que « les performances des footballeurs ouest-allemands doivent beaucoup au dopage ». Il précise « en Bundesliga, on se pique et on avale des cachets de toute sorte » avant de conclure sur une note personnelle, « plusieurs fois par mois, on m’a retiré du sang d’une veine du bras pour me le réinjecter plus tard dans une veine de la cuisse ».

Dans les semaines suivantes, Beckenbauer confirme son départ et le justifie par la violence des campagnes médiatiques à son encontre. En état de choc, le Frankfurter Allgemeine Zeitung titre « Le football allemand sans Beckenbauer », comme s’il s’agissait d’une amputation. Dans son article, le chroniqueur ajoute que « personne n’est encore capable de se représenter une telle éventualité », traduisant le désarroi général que provoquent la déchéance brutale et l’exil du Kaiser, inimaginables six mois plus tôt.


[1] Par crainte de la violence des clubs argentins, le Bayern renonce à disputer l’Intercontinentale en 1974 (l’Atlético, finaliste de la C1, remplace les Allemands et s’impose face à Independiente) et 1975 (titre non décerné faute de participant européen).


Le classement complet

1e : Franz Beckenbauer (RFA-Allemagne)

2e : Elias Figueroa (Chili)

3e : Ruud Krol (Pays-Bas)

4e : Daniel Passarella (Argentine)

5e : Berti Vogts (RFA-Allemagne)

6e : Héctor Chumpitaz (Pérou)

7e : Paul Breitner (RFA-Allemagne)

8e : Luís Pereira (Brésil)

9e : Anton Ondruš (Tchécoslovaquie-Slovaquie)

10 : Manfred Kaltz (RFA-Allemagne)

11e : Hans-Georg Schwarzenbeck (RFA-Allemagne)

12e ex-aequo : Bjorn Nordqvist (Suède), Barry Hulshoff (Pays-Bas), Nelinho (Brésil), Norman Hunter (Angleterre), Mourtaz Khurtsilava (URSS-Géorgie)

17e ex-aequo : Wim Suurbier (Pays-Bas), Ivan Buljan (Yougoslavie-Croatie), Josip Katalinski (Yougoslavie-Bosnie)

20e : Marius Trésor (France)

21e ex-aequo : Bruno Pezzey (Autriche), Claudio Gentile (Italie)

23e ex-aequo : Phil Neal (Angleterre), Marinho Chagas (Brésil), Humberto Coelho (Portugal)

26e : Jean-Pierre Adams (France)

27e : Osvaldo Piazza (Argentine)

41 réflexions sur « Un siècle de défense – les années 1970 (2e partie) »

  1. Coster a vraiment dit ça de van de Korput? Un vrai marchand de tapis…. Le Michel était moyen+ comme joueur : propre, sans faille véritable..mais vraiment rien de sensass non plus.

    Beckenbauer était condamné, un domino à faire tomber..pour faire chuter ensuite celui du Président Neudecker, de sorte d’aboutir enfin l’éradication de l’ADN socialiste du club, puis sa pleine et entière entrée dans le giron démocrate-chrétien (dont les CAs depuis lors se passent de commentaire). Tu évoques des résultats poussifs en 77.. ==> Là-dessus je ne serai pas catégorique, je passe mon tour.. Par contre, concernant les résultats catastrophiques observés tout un temps en 79 : le sabotage était patent, et fut même il me semble confirmé par l’un ou l’autre intéressés (la clique des Maier, Breitner, Hoeness..). Du reste, dès que fut acté le retrait définitif de Neudecker : ces intrigants se remirent aussitôt à gagner, comme par enchantement.

    Pelé n’a évidemment pas dit que cela de lui, vu qu’il disait du bien de tout le monde, partout, tout le temps.. C’était l’école des fans, El Rey! Mais il lui arrivait aussi de dire un peu de mal, parfois..or Beckenbauer eut sa part!, en substance Pelé en déclara un jour que c’était « facile de jouer comme ça » (à savoir : en électron libre, avec de solides lieutenants derrière et tout le jeu devant lui).

    Défensivement je ne le trouve pas aussi bon que l’Anglais Moore, vraiment pas l’assurance tous risques et, n’avait été son influence pas piquée des vers sur le corps arbitral, sorte de Baresi mieux élevé……. Ca m’avait marqué en archives : pas mal de pénos (mais aussi de vilains coups) qui se sont perdus au gré des intimidations verbales du Kaiser..lequel n’était pas 100% classieux.

    Ce qui me déplaît le plus en lui, davantage que la fable du « révolutionnaire du jeu » (Vasovic, Verbiest..qui sais-je encore), c’est ça : ces passe-droits………………. On ne prête qu’aux riches, ok, mais franchement : la couverture Vogts d’abord en Mannschaft, celle de Goethals ensuite à l’OM, où il faisait de plus en plus pot de fleur……..mais une espèce de pot de fleur qu’on s’évertuait coûte que coûte à vouloir mettre en évidence, et à ce qu’il tire ces couvertures à lui.. J’ai du mal.

    Je suis fasciné aussi par l’asymétrie des sorts médiatiques réservés aux secondes carrières respectives de Beckenbauer et Platini……. Le Français a été brisé, va traîner toute sa vie d’être un pourri, un corrompu………..mais Beckenbauer c’est pour ainsi dire RAS, alors que son rôle pour l’attribution de la WC2006 a été à bien des égards plus accablant!!!

    J’ai vraiment du mal avec son aura, tout ce tralalas de Mister Perfect / Deutsche Qualität.. D’ailleurs, vote unanime du jury, argh……….. ==> C’est accessoire! 🙂 , mais je ne peux concevoir de l’avoir mis premier!, et pense avoir bien plutôt privilégié le Néerlandais Krol, non? (registre sale type, il n’est pas triste pourtant..mais je le trouve plus fort)

    Pas un seul Belge, tant pis pour eux : ils n’avaient qu’à avoir plus d’influence à l’international, et puis je n’avais qu’à faire plus de lobbying parmi vous. Mais si on cite des Suurbier, Hulshoff, Pezzey, Coelho..(Adams je sais pas..), y en a d’autres encore………..ben un Dewalque avait alors ici toute sa place, les yeux fermés!! C’est Kompany sans la créatine : reçut deux offres fermes du Barca, le Bayern aussi en fit une priorité, pas mal de cocufiages sportifs malheureusement, tant avec les Diables Rouges/Blancs qu’avec le Standard……et cependant, intrinsèquement : un joueur très au-dessus de bien des joueurs dont je vois ici le nom, la grande classe.

    Ceci dit c’est le seul Belge que j’aurais épinglé parmi la crème de la crème du foot européen des 70’s, les autres défenseurs noir-jaune-rouge furent un cran en-dessous..ou trop tendres encore..

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    1. Gracias pour tous ces détails.
      Oui, ce sont les propos de Coste( (source La Stampa) à propos de van de Korput à sa signature au Torino.
      Tu as toi aussi voté pour Franz en numéro 1 eh eh (comme tout le monde).
      Dewalque n’a pas réussi à s’exporter en termes de notoriété et n’a pas disputé la finale de l’Euro 80, sans doute une raison de son absence, non ?

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      1. Mes doigts ont dû zapper, c’est pas possible.. Le pire, c’est que je suis certain d’avoir quelques fois dit ne pas voir plus fort que Krol comme défenseur européen des 70’s! J’ai dû rentrer prudemment dans le rang??

        Dewalque est carbo depuis longtemps en 1980. Mais pendant une dizaine d’années, 65-75 : il n’y a pas des dizaines de joueurs plus forts que lui en Europe. Et il appartient même à ce qui s’y fait de mieux de, allez, 69 à 74?? La liste des clubs qui firent plus que s’intéresser à lui dit long, je ne les citais pas tous : Real, Barca, Milan, Bayern..comme défenseur et en mode pré-Bosman : c’est costaud.

        Dans un style pourtant aventureux et « risky », très racé : il fut fondamental du caractère de « citadelle » des deux équipes qu’il servit, Diables et Standard. Toutefois compliqué de laisser sa trace mémorielle à travers les décennies, quand votre club brade au plus offrant un 1/4 de C2 (AC 68), est volé au coin du feu en 1/4 de C1 (Inter 72)..ou quand votre sélection se voit refuser des buts valides lors de grandes échéances face à la RFA ou aux Pays-Bas, quand votre foot reste fondamentalement amateuriste…….. Si de surcroît vos dirigeants vous interdisent d’exprimer votre talent ailleurs : c’est mort.

        ‘fin bref : de bons défenseur belges à l’époque il y en a, un Heylens eut son moment de gloire par exemple..mais de très loin, s’il y en avait un qui méritât d’être cité : Dewalque. Et intrinsèquement il le méritait bien plus que pas mal de « noms » – mais le foot est injuste, c’est comme ça.

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  2. Marius Trésor, froidement : il est vraiment à sa place..ou il méritait intrinsèquement mieux? Ne fût-ce qu’un peu mieux?

    C’est la question du candide, je ne sais pas trop ce qu’il valait dans les 70’s.

    Je pressens un de ces cas malheureux, joueur né au mauvais endroit au mauvais moment, ce genre de trucs, mais?

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    1. De mon point de vue, il est à sa place (le pauvre JP Adams, cité ici, c’est un bel hommage mais il dénote un peu). Dans les 70es, Trésor alterne le bon, le spectaculaire (but au Maracanã notamment) et les trous d’air. Son retour en sélection quand il joue à Bordeaux est sans doute plus convaincant. Mais ce sont déjà les 80es.

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  3. Le sexisme n’est plus de notre temps, Verano. Aussi, cette photo des fesses de Figueroa………. Je suis d’avis de mettre aussi les femmes à l’honneur, elles n’ont pas de moins belles fesses que nous.

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      1. Ahahah, qu’est-ce que c’est que ce truc..

        J’adore : aussi potaches que nous.. Des meufs qui s’amusent, que demande le peuple?

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      2. Ce sont les fesses des joueuses de Brondby. J’ai du mal à mettre un nom sur ces rondeurs, pourtant je suis un as du foot féminin danois.

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  4. Figueroa, je n’imaginais pas qu’il ait gagné une telle envergure chez les Brésiliens, c’est dingue ce que tu rapportes des ventes de sa biographie au Brésil.

    Il y a un joueur que je connais mal mais dont je pensais voir circuler le nom, l’Uruguayen Ancheta…… ==> Il n’a évolué en Celeste que pendant deux saisons?? Mes excuses si ça a déjà été développé un jour, mais : une explication à cela? C’est un cador, non?

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    1. Ancheta, j’ai hésité à le mettre dans ma liste. Il y a une telle densité dans cette décennie… idole du Grêmio des 70es qui souffre malheureusement de la comparaison avec l’Internacional de Figueroa et Falcão. Et la Celeste des 70es, c’est pas glorieux. Je pense faire un top 10 de Grêmio et il sera parmi les élus à coup sûr. Derrière son compatriote Hugo de León, of course, mais il y sera.

      Quant à Figueroa, moi aussi j’ai eu des doutes en voyant le nombre de bouquins vendus mais je l’ai lu dans deux sources différentes.
      Sinon, il était vraiment très fort, il n’y a qu’à mater RFA-Chili 74. Physiquement costaud, méchant de temps en temps et à l’aise quand il faut relancer. Il avait une sacrée allure, le Elías !

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      1. Certains plus que d’autres, mais à la revoyure ces libéros volants ont souvent une allure folle, quel beau poste c’était..

        Sur l’allure, malgré tout le mal (relatif) que j’en écris plus haut : concéder que Beckenbauer, visuellement c’est quand même quelque chose. Et il était évidemment très fort, c’est tellement évident que..que pourquoi tout ce surjeu symbolique autour de lui?? Pourquoi avoir cherché à en rajouter? Dans son chef, ça n’était pas vraiment requis. Et je ne comprends même pas l’attrait escompté à aboutir de la sorte des espèces de demi-dieux olympiens, ce besoin de figures mythologiques.. – surtout : ce que d’aucuns y trouvent?? ==> C’est ma foi tout l’intérêt du type d’angle que tu as choisi ici.

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      2. Le nombre des ventes est quand même suspect parce que 120 millions, c’est le nombre d’habitants au Brésil en 1980. Et au passage, ils étaient 66 millions en 1958, lors de la première victoire en Coupe du monde.

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      3. 66 millions, c’est pas beaucoup plus que la RFA pour cette même année 1958. De quoi relativiser le poids de la démographie brésilienne dans ces glorieuses années-là.

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      4. Effectivement, mais il faudrait regarder la pyramide des âges, le Brésil devait être un pays beaucoup plus jeune, donc le bassin de joueurs devait quand même être plus important.

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    1. C’est vrai, pas même cités! Perso j’y ai pensé, mais j’ai pensé à tellement d’autres joueurs également, et nul doute que les autres aussi d’ailleurs.. C’est dur de se limiter à 10 noms!

      Verano a raison : j’avais mis Beckenbauer premier, merde alors! Et j’ai même le quinté dans le désordre, ça c’est du conformisme, éhéh.

      A titre perso, ce serait cool que qui de droit commente ses choix, Khurtsilava ou Nordqvist?? J’ai ma petite idée sur le second (c’est accessoire mais l’impression qu’il passait top10 si, parmi d’autres peut-être??, je n’avais pas changé mon vote), le premier nommé par contre je connais beaucoup moins bien.

      Des NL que j’aime bien à l’époque : Mansveld, Strik, Poortvliet..mais tous barrés par Krol (ils eurent aussi en commun de pouvoir évoluer un cran plus haut – Poortvliet s’illustrera peut-être surtout comme demi-défensif)!!! Ces trois-là, je me serais bagarré pour les mettre dans un top50 européen – ce qui est déjà formidable vu la densité défensive de la décennie.

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      1. Tiens, un auquel j’ai pensé : Rontved! Super joueur, ça aussi..

        Derrière Dewalque, pour moi top10-15..européen : c’est compliqué de trancher..mais le back gauche Maurice Martens et le libéro Erwin Vandendaele étaient des joueurs formidables, dignes d’un top 50 européen.

        Je présume que beaucoup seraient tentés de vouloir mettre à l’honneur un Gilbert Van Binst, C2 78 oblige, les deux buts assez dingues qu’il y inscrit……..mais n’était cela : n’arriva pas à la cheville de Martens, c’était loin d’être si foufou comme joueur. D’ailleurs, rien que sur l’autre flanc anderlechtois : le transfuge du Standard Thissen était fait d’un autre bois! Toujours à Anderlecht : il y avait aussi le très fiable et très respectable Broos.

        Meeuws est formidable déjà dans les 70’s..mais n’y évolue que dans des clubs plutôt en retrait, barré par Dewalque, lancé dans le grand bain en pleine phase de transition post-Goethals.. Compliqué.

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      2. Nordqvist, je l’ai mis dans ma liste.
        Le type fait les 3 CM des seventies, est excellent en 1974, participe à l’ascension du PSV, un incontournable de la décennie.

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      3. Ah ben merde alors : il vient tout juste de mourir, Van Binst..

        Un personnage attachant, un peu perché mais gentil, un p’tit côté Michel Serrault….. Des années qu’il n’allait pas bien, il retrouve donc son copain Rensenbrink.

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      4. Dans ses oeuvres donc, finale de C2 78.. Pas mal pour du tout pour un back droit (..il était..attaquant de formation, ça explique beaucoup de choses) : https://www.youtube.com/watch?v=zZg0G7cx2jg

        Et cependant, le grand latéral belge des 70’s : c’est le très méconnu Maurice Martens, un crack!

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      5. De Van Binst, je retiens son match XXL (deux buts dont une jolie praline de 20-25 m) en finale de C2 1977-78 avec Anderlecht face à l’Austria. Pas grand-chose d’autre, hélas, on ne voyait pas beaucoup les Belges à la TV française en ces années-là.

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      6. Quand tu évoquais les formations offensives des 70’s : je voulais ajouter Anderlecht 😉

        Moins intégristes que dans les 60’s sous Sinibaldi, ils gagnent en équilibre dans les 70’s..mais ça resta tout de même une équipe viscéralement tournée vers l’offensive, bien plus qu’un Ajax d’ailleurs (qui, à l’extérieur ou dès qu’ils menaient au score, avaient souvent tendance à fermer la boutique et à ne plus pratiquer que le contre – surtout vrai sous Michels, il est vrai).

        Des latéraux hyper-offensifs, parmi lesquels Van Binst donc.. De vrais ailiers en 4-3-3, et sinon des 4-4-2 dont les demis gauche et droit (Vercauteren, Nielsen..) se balladaient un peu partout en attaque.. Des meneurs de jeu mués en récupérateurs, tels Dockx ou Coeck, joueur de classe mondiale.. Le plus défensif était Haan, pourtant un danger permanent!! Van Himst est encore là dans la première moitié de la décennie, et il y aurait même le roi des buteurs NL Ruud Geels.. Swat VanderElst, encore un joueur de toute grande classe..et last but not least Rensenbrink pour couronner le tout, c’était du football 5 étoiles.

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      7. Personnage tout en belgitude, amoureux de l’absurde.. J’espère que cette vidéo fonctionne chez vous??, c’était un personnage rare dans un monde du football déjà bien trop sérieux..

        https://www.rtbf.be/article/s-il-boite-un-peu-il-ne-va-pas-si-vite-le-conseil-de-goethals-a-van-binst-en-finale-des-coupe-des-coupes-1978-11484524?fbclid=IwY2xjawHk7nhleHRuA2FlbQIxMQABHQB2q0WIa5ZHoOdTR87qMT9FFD-lMBxClqxp1mWi2ySGX5V3unUxuxW8Ww_aem_2Vn1rWg1t6AivKUUTo7sXA

        Au passage, après Pelé : en voilà encore un qui dit que c’était facile de jouer libéro, éhéh

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    2. Tarantini top 15 un peu haut a mon avis. Il est très fort certes sur 3 saisons à Boca 75-76-77, même si j ai du mal a le comparer aux autres arrieres gauches mondiaux.. lesquels ? Carrascosa son concurrent direct argentin étant pas mal non plus. mais apres, hormis le Mondial 78, c est 3 saisons mediocres: Tarantini se brouille dans ses pb contractuels, les pages people avec la bimbo Villanova , son passage en Angleterre catasteophique , et c est les 80s apres. Et il est en deça de la concurrence quand viennent les 80s.

      A droite, Pernía pour moi est un vrai excellent lateral, ce qui ce fait de mieux en Argentine à cette époque. Derriere son image de dur au mal, d un « boucher » et agressif, un vrai bon lateral: régulier, excellent au marquage, fiable defensivement qui fermait bien son couloir, et montées offensives calculées et efficaces.

      Sur le classement, Figueroa est vraiment tres fort, un patron dans le tres difficile et dense championnat bresilien . Passarella j aurai toujours du mal avec lui, les ouest-allemand sont en force… Adams et Piazza c est le côté franchouillard non ? hehe

      Quid des British ? les années 70 j avais mis Norman Hunter dans mes 10 en pensant a Leeds, les années 70 ils sont là aussi en foit de clubs, y avait il un ou deux noms à sortir du lot ? lindo parle d Emlyn Hughes, pas specialiste du foot brit pour donner un avis.

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      1. Je trouve que Lindo n’a pas tort sur Hughes, dans un style brutaliste (sans doute pas assez mis à l’honneur ici – y en a surtout pour des defenseurs plus sophistiqués) c’est tres fort.

        Hunter a mis en cage tout ce qu’on lui confiait, tres intelligent.. En plus il n’avait pas peur de la baston, solidaire.. Moi j’aime bien..mais j’admire son Leeds, bref??

        Passarella je suis pas fan non plus, mais il avait sur un Koeman (autre grand defenseur-buteur..quoique surtout buteur, defensivement quelle cata) de savoir defendre, lui.

        Tarantini, ouf : premiere fois que je lis ca…et je me sens moins seul voire moins bete, ceci dit je n’ai pas dû en voir les bons moments.

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      2. J’aimais bien Jorge Olguín, un défenseur central avec du ballon que Menotti avait mis sur le côté droit. Thuram avant l’heure.
        Il était du San Lo des 70es et sur la fin, avec Argentinos Jrs. Il fait pas mal de boulettes contre la Juve en Intercontinentale.

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    1. Pirri a surtout joué au milieu, je ne le mettrais pas dans les défenseurs. Pour moi, ce qui se fait de mieux, c’est déjà Camacho sur son côté gauche.
      Sol, à droite, c’est moins bien. Sinon Goyo Benito. Sauf si tu préfères Migueli eh eh !

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  5. Les années 70 sont sans doute la plus grande décennie de l’histoire pour les gardiens (on en reparlera…). Côté défenseurs, c’est aussi du très lourd, comme on vient de le voir. Et si c’était pour cette raison que le foot de ces années-là reste en mémoire comme physique et peu fourni en souvenirs de grandes équipes offensives ? (Gladbach, Pays-Bas, et dans une certaine mesure Ajax mis à part)

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    1. Les gardiens, ça semble effectivement particulièrement dense dans les 70’s, hypothèse perso : parce que c’est dans cette décennie que se généralise le recours aux entraînements et équipements spécifiques (jusqu’alors loin de faire l’unanimité – bien au contraire énormément de débrouille et d’expérimentations encore dans les 60’s!)..??

      On y bascule en tout cas assez brutalement d’un football où plupart des gardiens jouent sans gant, n’ont pas d’entraîneur attitré , osent pour l’écrasante majorité à peine sortir de leur ligne, se prémunissent du froid et des chocs en multipliant les couches de vêtements..parfois ankylosants………….à une ère où, bien vite, ils portent tous des gants de plus en plus adaptés à leur pratique, bénéficient d’entraînements toujours plus adaptés aussi, et de combinaisons les protégeant mieux tout en étant moins encombrantes.. Encouragés par ailleurs à sortir / s’enhardir sur les balles aériennes, à officier comme libéro derrière des lignes hautes, à user par conséquent de leur(s) pieds et à saoigner/travailler ces relances, à perfectionner les relances à la main aussi………….

      ==> Un gap énorme..qui peut expliquer bien des choses (peut-être pas tout, mais..pas bien loin à mon avis)..?

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      1. Pour la Belgique et jusqu’aux années Courtois, il n’y aura eu qu’un et un seul gardien sérieusement (je laisse les sondages mercantiles de côté – ceux-là pour qui le football pré-90’s voire -80’s n’existe..pas!) capable de le disputer audit Christian Piot, lequel avait un Pfaff ou un Preud’Homme dans chaque main : ce fut son père spirituel Jean Nicolay…… Un joueur, donc, préexistant à toutes ces innovations qui seraient adoptées par le plus grand nombre dans les 70’s.

        3 couches de pulls, une vieille casquette, une dégaine à jouer un méchant dans un Chaplin..! Pas faute qu’il fût moderne pour son temps, on peut d’ailleurs même dire, à certains égards, qu’il a créé la grande école des gardiens belges post-war..mais aujourd’hui il ferait sourire! : pratiquement pas de jeu au pied, repoussoir ambulant sur le plan du marketing, ne quittait guère sa ligne de but (par contre inégalé dans ses duels homme contre homme – signature de l' »école » des gardiens, jadis, du Standard)……………..

        J’aurais voulu y voir un Preud’Homme, avec les conditions éprouvées par ledit Nicolay!…. (NB : Preud’Homme fut un gardien splendide évidemment..mais je l’ai vu à l’oeuvre dans les difficultés, au Standard du mitan des 80’s..et hum.. or c’est ça aussi voire surtout, être un grand gardien..)

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      2. Y a aussi un autre truc à dire des gardiens pré-70’s : ils n’étaient guère voire du tout protégés par les arbitres!

        C’est déjà mieux qu’avant-guerre, où n’est pas rare en archives de les voir se prendre systématiquement un sale coup (pied, poing) dès qu’ils s’emparent du cuir, parfois même 2-3 secondes après, dans la « foulée »..généreuse de leur captation du cuir, en tout impunité..

        Dans les 60’s, ça reste rude mais c’est déjà plus enviable.

        Dans les 70’s : le sort du gardien s’améliore encore.. il était temps.. Rien que pour les sorties aériennes : ça peut faire une belle différence déjà.

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  6. Cette décennie niveau défense c’est du solide, dans les 28 cités il n’y a pas beaucoup de peintres, Adams qui était pourtant un bon défenseur fait office d’intrus ce qui est assez significatif!
    Coelho qui est un des plus grands défenseurs portugais de l’histoire reste loin du gratin de la décennie…

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