Un siècle de défense : les années 1940 (1ère partie)

A l’occasion de cette troisième saison, la rédaction a décidé de se lancer dans un défi ô combien périlleux, classer les plus prestigieux défenseurs de chaque décennie. Des années 1920 à celles de 2010 ! Toutes les deux semaines, vous retrouverez donc les portraits des plus fameux assassins silencieux, des ténors du tacle glissé ou de la poussette dans le dos… Une façon de mettre en lumière cette confrérie trop souvent oubliée. Des choix cornéliens émanant d’une intense réflexion collective qui demeurera aussi imparfaite que notre tendresse pour l’histoire de ce sport est grande… Bonne lecture !

Numéro 10 : Jorge Alberti

Jorge Alberti est une légende du Club Atlético Huracán, son club de toujours. C’est au sein du Globo qu’il a disputé la quasi exclusivité de sa carrière de 1930 à 1947. Il y détient toujours le record de matchs joués sous ce maillot avec 393 parties. Fidèle de Parque Patricios, le fief d’Huracán, il est le dernier d’une famille de 12 frères et sœurs dont toute la famille était de ce quartier et vibrait pour Huracán. Son frère cadet Agustín avait porté le maillot quemero. Il débute en toute fin d’année 1930, et s’impose dans le onze titulaire à partir de la saison 1932.

15 ans durant à tenir son poste, à s’imposer comme l’un des tous meilleurs défenseurs de sa génération. Réputé impassable, surnommé «La Aplanadora » (le rouleau compresseur), il jouait majoritairement sur le côté gauche de la défense centrale. Le duo qu’il formait avec Carlos Marinelli, de 1938 à 1946, correspondit à ses meilleures années sous le maillot blanc et rouge. Il ne remporta pas de titre national, même si Huracán en fut proche en 1939, finissant deuxième ex-aequo avec River Plate derrière Independiente. Cette saison-là, le « sexto grande » réussit l’exploit d’être la première équipe à battre les « cinq grands » dans le même championnat1.

Alberti était une muraille pour les grands attaquants de son époque. Il brillait souvent dans les confrontations directes avec les meilleurs : en mettant en avant ses qualités défensives, le meilleur au marquage disait-on de lui, faisant preuve de ténacité et de sérénité durant les matchs. C’est notamment ses rivaux de La Máquina, les attaquants de River Plate, qui confessèrent avoir eu le plus de mal face à lui. Alberti défendait proprement, ce n’était pas un rugueux, plutôt technique, un joueur sûr et de grande intuition qui œuvrait à fermer le passage aux attaquants avec élégance.

Avec Huracán, il remporta tout de même des coupes prestigieuses organisées par l’AFA. À l’époque des trophées qui étaient renommés, comme la Copa Adrián Escobar2, qu’il remporte en 1942 contre River Plate (2-0, avec un but en finale de sa part) et de nouveau en 1943 contre Platense ; ainsi que la Competencia Británica 1944 (4-2 contre Boca Juniors en finale), un tournoi du même genre qui réunissait les équipes de première division.

International argentin, il comptabilise 23 sélections. C’est au côté du mythique José Salomón qu’il passe ses meilleures années. Il remporte la Copa América 1941, titulaire avec ce dernier. De nouveau titulaire en défense lors du tournoi 1942, il ne peut empêcher l’Uruguay de battre l’Argentine et de les priver de doublé. En 1947, à 35 ans, Alberti met un terme à sa carrière.


1Le « sixième grand ». Selon les historiens du football argentin, les « cinq grands » furent « officialisés » en 1935. Huracán, club historique n’avait rien à leur envier en termes de palmarès, popularité et renommée, mais pour une raison de seuil minimal de « socios » à avoir, il fut laissé à la porte.

2Tournoi à élimination directe qui réunissait les sept meilleures équipes du précédent championnat.

Numéro 8 : Johnny Carey

En 1936, quand Johnny Carey quitte Dublin pour Manchester, United fait le yo-yo entre Second Division et First Division. Titulaire en défense à 18 ans, il participe à la promotion et au maintien de Man Utd jusqu’à ce que la guerre interrompe la Football League pour de longues années. A la fin du conflit, auquel il prend part en Italie et au Moyen Orient, il retrouve Manchester United au moment où le tout jeune Matt Busby est désigné manager.

Sportif accompli – il est un grand espoir du football gaëlique dans sa jeunesse – et capable d’évoluer à de nombreux postes, Carey est aligné sur le flanc droit par Busby. Son style se définit difficilement tant il paraît maîtriser tous les aspects du jeu défensif : roi de l’anticipation et de l’interception, sa puissance lui permet de s’imposer au duel sans excès d’agressivité, ce qui justifie son surnom de Gentleman Johnny.

Pionnier des Busby years, Carey participe en tant que capitaine à la restauration du prestige de United dont les ultimes trophées remontent au tournant des années 1910. Privés d’Old Trafford[1], Carey et les Red Devils évoluent alors à Maine Road, l’antre de City, sans que cela n’entrave leur montée puissance. Une FA Cup en 1948, plusieurs places d’honneur et c’est enfin la consécration en championnat en 1952, 41 ans après le dernier titre.

Titulaire en équipe nationale dès 1937[2], il se couvre de gloire avec le maillot orné du trèfle en 1949, au lendemain de la proclamation de la République d’Irlande privant le roi d’Angleterre George V du titre de chef d’état qu’il partage jusqu’alors avec le président irlandais. Pour la première fois de son histoire, l’Irlande s’impose en Angleterre, 2-0 à Goodison Park. Archidominés dans le jeu, The Boys in green s’arcboutent autour de Carey qu’un journaliste qualifie de colosse. Ses performances avec United et l’exploit réalisé avec sa sélection lui valent d’être désigné par la presse footballeur de l’année 1949 (une première pour un Irlandais) puis sportif britannique de l’année 1950.

Carey se retire en 1953 alors qu’une nouvelle génération apparaît, les Busby babes que le crash aérien de 1958 va décimer. Survivant de Munich, en fonction de 1945 à 1969, Busby sait ce qu’il doit à Gentleman Johnny et en fait l’égal de Bobby Charlton et George Best dans l’histoire de United.


[1] Endommagé par les bombardements, Old Trafford est indisponible durant plusieurs saisons.

[2] A l’époque, deux fédérations irlandaises cohabitent, l’une basée à Dublin, l’autre à Belfast. Elles font appel indifféremment à des joueurs Irlandais et Irlandais du Nord. Carey dispute des rencontres internationales sous l’égide de l’une et l’autre de ces fédérations.

Numéro 8 ex æquo : Eusebio Tejera

Rio de Janeiro, Maracanã,le 16 juillet 1950. La Celeste plonge le Brésil dans le désespoir le plus profond à l’issue de la finale du Mondial 1950. À domicile, la Canarinha voit son rêve de premier succès mondial, que tout un peuple pensait déjà acquis, s’effondrer devant l’Uruguay. Elle remporte sa deuxième couronne en déjouant les pronostics avec une victoire 2-1 acquise dans le dernier quart d’heure. L’armada offensive de la Seleção, celle des Jair, Zizinho, Ademir ou Chico, qui avait gagné haut la main la Copa América 1949 et écrasée Suède et Espagne dans ce groupe final du Mondial, s’est heurtée à la défense uruguayenne. Ce Maracanazo a été possible par l’excellente performance défensive de l’Uruguay, d’Eusebio Tejera donc, de son compère Matías González, bien aidés par leur gardien Roque Máspoli ou des replis défensifs du demi Schúbert Gambetta.

Eusebio « Cato » Tejera, avait commencé sa carrière à Bella Vista, puis une saison à River Plate (Montevideo) avant de rejoindre Nacional, l’un des deux géants uruguayens (sur la photo en en-tête, il est avec Raúl Pini, autre excellent défenseur, et le gardien Aníbal Paz). Robuste défenseur, il porte le maillot du Tricolor de 1945 à 1950. Avec le Decano, il remporte trois titres nationaux en 1946, 1947 et 1950. Il est loué pour sa puissance physique, sa force, son impact, sa ténacité, son courage. Il peut évoluer soit à droite, soit à gauche. Infatigable combattant, dur sans être brusque, il devient une ressource vitale pour la défense de la patrie.

Avec la sélection, il est titulaire lors des Sudamericanos 1945, 1946 et 1947 mais l’Uruguay est plus en retrait, moins en verve derrière l’intouchable Argentine et un Brésil qui monte en puissance. Mais Tejera se montre à son avantage face aux redoutables attaquants argentins et brésiliens. Il démontre qu’il a les qualités pour lutter, pour défendre sur eux, les contenir malgré les défaites. En 1950, Tejera et ses camarades avaient pour mission de stopper les attaquants brésiliens, Tejera de contrôler Zizinho. Ce qu’il fit à merveille pour devenir Champion du monde et accéder au panthéon des défenseurs.

Numéro 7 : Neil Franklin

Une carrière tronquée par la Seconde Guerre mondiale, une histoire avec les Three Lions volontairement écourtée et affadie par un renoncement à une Coupe du monde, un cuisant échec sportif et financier en Colombie, aucun trophée majeur inscrit à son palmarès, de longues années en Second Division jalonnées de blessures… Que peut bien faire Cornelius Neil Franklin dans ce classement ? 

Né à Shelton, le quartier des poteries de Stoke-on-Trent, Franklin évolue dans les équipes de jeunes des Potters et signe son premier contrat professionnel à 17 ans, en 1939. Il lui faut patienter jusqu’en 1945 pour retrouver la compétition avec les cracks de Stoke City, Stanley Matthews et Freddie Steele[1]. Défenseur central au cœur du WM de l’historique manager des Potters, Bob McGrory, Franklin instaure un style probablement inédit en Grande-Bretagne. Aux dégagements lointains, il préfère les relances courtes, ponctuées de feintes et de dribbles que l’on pense alors réservées aux meilleurs attaquants, des prises de risque déroutantes pour ses propres équipiers. Il n’en faut pas plus pour que parmi ses contemporains, certains le désignent meilleur défenseur anglais de l’histoire.

Sa mésentente avec McGrory et les offres mirobolantes de Hull City, en Second Division, préfigurent son départ de Stoke City alors qu’il est solidement installé en équipe nationale (cf. photo d’en-tête, à gauche, lors d’un Angleterre-Ecosse). Mais au printemps 1950, qui peut imaginer que Franklin va privilégier l’Eldorado colombien et les dollars de l’Independiente Santa Fe au détriment de la Coupe du monde 1950 au Brésil, une première pour les Three Lions ? Alors que l’Angleterre et Billy Wright, orphelin de Franklin, se ridiculisent en s’inclinant face aux Etats-Unis[2], l’ex-Potter tente difficilement de s’acclimater à Bogotá avec ses amis britanniques[3] et réclame en vain le paiement des sommes promises par les dirigeants colombiens.

De retour au pays dès 1951, Hull City obtient sa signature en misant sur lui pour enfin retrouver l’élite. Espoirs déçus, les Tigers échouent saison après saison, jusqu’à la blessure de trop pour Franklin en 1955. Il joue encore quelques années dans les divisions inférieures et si son parcours suscite des regrets, il subsiste à travers les âges l’image d’un défenseur en avance sur son temps dont on ignore le réel potentiel.


[1] Meilleur buteur du championnat en 1937.

[2] Victorieuse du Chili 2-0, l’Angleterre s’incline à deux reprises 1-0 contre les Etats-Unis et l’Espagne.

[3] L’Independiente recrute également Charlie Mitten (Manchester United), Billy Higgins (Everton), Bobby Flavell (Hearts of Midlothian) et George Mountford (Stoke City).

Numéro 6 : José Marante

C’est avec Boca Juniors en réalisant le doublé national 1943 et 1944, mettant fin au règne de La Máquina de River Plate (cf. photo en en-tête en haut à droite où Marante défend contre River), que le défenseur a laissé son empreinte dans l’histoire du football argentin. José Marante avait tout pour devenir la tour de contrôle et une idole de Boca, mais son parcours ne fut pas linéaire et il eut une reconnaissance que sur le tard. Pourtant, tout commence comme dans un conte de fées pour le jeune José. Après avoir effectué toutes ses classes dans le club de son cœur, lui qui est né dans le quartier de La Boca et où toute sa famille réside, il débute en équipe première en 1934 au sein de l’équipe qui sera championne la même année. Cependant, il reste un remplaçant quelques saisons et patiente avant d’avoir sa chance lors du championnat 1938.

Malgré cela, en 1939, il rejoint Ferro Carril Oeste à la suite d’un conflit financier et contractuel avec les dirigeants de Boca. Malgré une seule saison, il fut très apprécié au Ferro, au sein d’une équipe qui pratique un football différent, plus offensif et ouvert, ce qui change du registre xeneize. Ce qui marque son évolution en tant que joueur comme il le reconnaîtra par la suite. Il revient dans son club de cœur, à la suite d’évènements favorables. En effet, alors qu’il est sans contrat, Boca Juniors le rappelle au cours de la saison 1940, à l’issue de laquelle il termine champion, pour pallier à des blessures à son poste. Malgré ses bonnes prestations et bien qu’il soit adoré par la hinchada, Perico ne retrouve pas immédiatement une place de titulaire.

Ce ne sera qu’à partir de la saison 1942 qu’il s’y installe définitivement et qu’il ne laissera plus sa place jusqu’en 1949. Avec Victor Valussi, un camarade qu’il connaît bien, car il évolue au club depuis 1935, ils forment une charnière solide, expérimentée et efficace, qui est le socle d’une défense de fer, réalisant ce doublé 1943 et 1944 qui marque les esprits du football argentin. Après ce doublé, Boca échouera trois fois consécutivement à la seconde place du championnat, le vétéran Marante formant un nouveau duo avec un autre grand défenseur de cette décennie, Rodolfo De Zorzi.

Au même moment, avec la sélection argentine, il prend part au Sudamericano 1946 remporté par son pays, mais étant le remplaçant de José Salomón. En finale, la légende du Racing se blesse face au Brésil, et Marante est appelé à prendre sa place. Il gagne de nouveau la Copa América l’année suivante en 1947, la troisième consécutive pour l’Albiceleste. Cette fois-ci, il est titulaire au côté de Juan Sobrero, un remarquable défenseur de Newell’s Old Boys. Marante, qui avait la réputation d’être droit et loyal, était le capitaine de son club et de la sélection, car c’était une figure respectée autant par ses coéquipiers que ses adversaires. Au point que c’est avec lui qu’en 1948, lors d’un match de Boca Juniors auquel il assiste, que le président argentin Juan Domingo Perón se prend en photo au côté du capitaine de Boca, et non pas d’un autre. Marante quitte Boca en 1950 et termine sa carrière en Uruguay peu de temps après.

Textes rédigés par Ajde59 et Verano82.

43 réflexions sur « Un siècle de défense : les années 1940 (1ère partie) »

  1. Incontestablement la décennie la plus difficile à juger. Carey sera le premier non britannique à être élu joueur de l’année en Angleterre. En 49. Viendront Trautmann dans les années 50 et beaucoup plus loin, Thijssen d’Ipswich.

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  2. Franklin, bon… me fait penser à tous un tas de joueur britannique d’entre deux guerres, jusque 1950 même, considérés comme des géants, sans vraiment d’éléments pour juger aux autres football du fait du relatif isolationnisme britannique et de leur absence des compétitions internationales.
    L’impression que l’autarcie du football britannique a pu préserver leur égéries. alors que quand il mettait le nez par dehors (cf. 1950). Là où les sudaméricians, centroeuropéens, italiens et ibériques ne ce sont jamais cachés pour s’affronter, voyager chez l’un, chez l’autre, in fine pouvoir juger sur pièces.

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      1. Les parcours en d2 ne perturbent pas les amateurs anglais de ce sport à cette époque là. Un mec comme Johnny Haynes, un fidèle de le selection de 54 à 62, n’a découvert la première division avec Fulham qu’en 59 ! Johnny Haynes sera 3ème au Ballon d’or en 1961.

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      2. D’ailleurs, je viens de mater, on se demande un peu d’où sort cette 3ème place au Ballon d’or en 61… J’aime bien Haynes mais cette année là, Fulham finit 17ème et il marque 9 buts. Bon, c’était pas un avant-centre. Et en selection, 2 buts en 9 matchs. Un doublé en amical face à l’Écosse. Les Anglais battent l’Italie en amical et éliminé le Portugal du Mondial mais suffisant pour être 3ème ? Ils sont forts ces Anglais pour placer leurs joueurs. Hehe

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    1. Les supporters d’Huracán continuent à dire que c’est toujours le sixième, mais ils ont été bien dépassés, comme tu dis, par Estudiantes (c’est peut être lui le vrai sixième), Newell’s, Vélez et je dirais même par Central et Argentinos Júniors.

      Pour mémoire, les cinq grands son River, Boca, Independiente, Rácing et San Lorenzo

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      1. Je dirais Vélez sur l’ensemble, Estudiantes plus pour les Copa moins sur la scène nationale.
        Après, Racing et San Lo ont connu des énormes trous d’air sur la seconde partie du XXe siècle. Independiente est bien loin de ses standards depuis les années 1990… Newell’s et Central très irréguliers…
        Je le disais sous l’article de Chacarita en réponse à Alex, on est plutôt sur un duo Boca-River depuis 25 ans quand à la régularité nationale et aux possibilités continentales, depuis une douzaine d’années c’est même flagrant.

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    1. Au Brésil non ? Je crois avoir lu une fois que Rimet est au Brésil quand Allemagne envahit la Pologne. Dans l’optique du Mondial 42 et pour se rabibocher avec les sudaméricains hispanophones (suite boycott 38…) mais Faut demander à Bobby il a éplucher tous les communiqués officiels de la la FIFA, il sera être plus précis.

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      1. Par ailleurs, Rimet au Brésil le 1er septembre 1939, je ne sais pas d’où ça sort… L’Auto mentionne, preuves à l’appui, son voyage à la fin de l’hiver et au début du printemps : il embarque le 18 février et rentre le 3 mai. Le 1er septembre, il est à Paris.

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      2. j’ai recherché sur internet pour voir si j’avais pas inventé ça, mais il y a bien plusieurs sites qui le disent donc j’avais bien lu ça.
        si c’est faux, je fais confiance à notre spécialiste maison des archives de l »auto, le net c’est du pipeau hehe

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      3. Tu n’as pas rêvé, ajde : cette version existe un peu partout en effet. Et elle ne tient pas la route.

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      4. Elle ne tient pas la route, en effet. Elle est contredite, de manière certaine, par les archives.
        Cela me paraît une réécriture pour dédouaner la FIFA et Rimet. Ils voulaient l’Allemagne. Le Brésil et l’Argentine ne furent jamais que des pis-aller, au cas où l’Allemagne ne pourrait pas.

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    2. Rimet et la FIFA voulaient l’Allemagne. Le Brésil et l’Argentine étaient candidats. Rimet voyage effectivement début 39 en Amérique du Sud, notamment pour les raisons évoquées par Ajde.
      Finalement, en 40, la Coupe du monde est reportée sine die à cause de la guerre.

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    3. tiens Khia, comme ça à la volée, l’équipe championne du Monde 1942 🙂

      Gardiens: Gualco (Estrada)
      Défense: Salomón (Montañés) – Alberti (Vaghi)
      Milieux: Carlos Sosa (Yácono) – Perucca (C.Martínez) – Colombo (José Ramos)
      Attaquants: Sastre (A. Belén) – Pedernera (V. De la Mata )- Pontoni (Masantonio) – Charro Moreno (Martino) – Chueco Garcia (Loustau)

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      1. Episode 2. 1946, le doublé.
        L’immense Sastre a cédé sa place, parti finir sa carrière et dispenser sa maestria technique et tactique au Brésil. 1950 est déjà en cours de préparation chez les voisins. La nouvelle idole Mario Boyé est donc titulaire en ailier droit (avec l’expérimenté De la Mata en remplaçant), Loustau a pris le pouvoir à gauche (avec Sued en remplaçant Chueco comme au Racing). Pedernera, Pontoni et en créateur Martino qui remplace Charro Moreno, qui fut le meilleur joueur du monde de l’édition 42 (Ce dernier, de retour du Mexique, s’est égaré dans les cabarets, la vraie chute de La Maquina de River, c’est Boca sur le terrain et les nuits de Buenos Aires d’après les légendes calleras de Buenos Aires). Tucho Méndez, Farro et Labruna en deuxième rideau: que de solutions offensives. En défense, le Marante évoqué dans ce top fait le duo avec le Roi Salomon (qui mystérieusement ne s’est pas blessé… oh la la j’en ai trop dit). De Zorzi et Oscar Basso (le vrai oublié de ce top des défenseurs des années 1940 !!!) en rechange. Au milieu, peu de changement. Martinez d’Independiente trop vieux à laissé sa place. Pescia en profite pour intégrer l’équipe bien qu’il joue à gauche. La polyvalence est partout, à toutes les lignes. Dans les buts, exit les deux. Claudio Vacca et Hector Ricardo en sont.
        Evidemment Stabile n’a jamais été entraîneur de ces deux équipes.

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      2. En 46, pas une petite place dans les 22, pour le jeune quinenveut Di Stéfano ?

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      3. Aaaaaaah, Oscar Basso, voilà : on y arrive!

        Non que je l’attendais, je ne sais même pas qui c’est : jamais entendu parler!

        Par contre j’attendais ton retour sur ce vote populaire – auquel je tiens à dire avoir prudemment jugé préférable de ne prendre part, du moins pour ces insondables 1940’s.

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      4. @Khia ma liste est insatisfaisante, j’ai été trop vite => j’ai oublié Cozzi dans les buts – le meilleur goal argentin de la décennie – pour 46 (42 un poil juste) qui est évidemment le titulaire.

        @fred Di Stef’ est prête à Huracan en 46, c’est la saison 47 qu’il prend de l’ampleur.

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      5. Au Sudamericano 42, la Celeste s’impose face à l’Argentine. C’est l’époque du quinquenio de oro du Nacional, des frères Varela, du stratège Porta…
        Y aurait eu match entre les deux géants de la Plata.

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      6. Alex, bon bah parlons de Basso je le gardais pour après faire genre « Scandale, il n’y est pas  » haha (je l’ai mis haut dans mon vote, 2 ou 3 je crois hehe).

        J’ai du l’évoquer dans mon top San Lorenzo. C’était l’un des piliers de l’équipe de 1946.
        Basso est décrit comme un défenseur technique, élégant, la classe en défense… un talent qui a été snobé de la sélection… Pilier de la grève des joueurs et du syndicat, il a été blacklisté .

        Basso a été brièvement à l’Inter Milan après la grève (Verano en sais tu plus ?)

        Ensuite, il retourne à SanLo puis rejoint le Brésil. C’est l’un des Argentins qui a le plus marqué le foot brésilien en si peu de temps. Élu deux fois dans le onze de tous les temps de Botafogo en 1982 et 1994 (à chaque fois avec Carlos Alberto, Nilton Santos et Sebastiao Leonidas) par la bible brésilienne en la matière, le magazine Placar. Ce magazine organisait tous les 10 ans environ des votes de ce genre pour tous les grands clubs, en 2006, il a réactualisé et Basso est sorti au profit de Mauro Galvao. Il y en a plus eu derrière.
        Et comment un mec qui a peu joué soit considéré dans le onze tous les temps de Botafogo ? Chopé dans des archives de presse brésilienne cette phrase « c’était un Argentin blond, grand, avec une technique raffinée, comme Domingos da Guia ». Botafogo avait peu connu de défenseurs centraux d’un niveau de qualité et techniques dans son histoire, surtout le fogao était plus réputé pour ses joueurs offensifs, donc Basso est resté longtemps dans les mémoires.

        https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibgYzIdqdOEjFS2sSfRGf_UgI_8tAonICZGBvmPap4AU5Z-WNT2xC8E2Q8z5bOnopO8v-SdHw5Nul7m87AcmgWlZxrXsXGNz5CJ1GAbUaxqtvTr91qEKOzDIZ6zWt2ohgRgH5JBAZTdb772vcmtxxu4l21fEH5KoL3AB4BwZ2JklB4JtwSqUiDXxfrmXfD/s1168/BFR,%20Placar%201982.jpg

        La photo de Placar sur le onze de 1982, Basso le 3e en haut à gauche.

        http://www.futebolportenho.com.br/wp-content/uploads/2017/05/Basso03-600×398.jpg

        Le onze Botafogo toujours avec Basso en 1994

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      7. Verano, oui il y aurait eu match évidemment ! En 42, l’Uruguay profite d’être chez elle au Centenario, qui a toujours été un terrain difficile pour l’albi… l’Argentine s’était vengé quelques mois après en 42 et avait collé un 4-1 chez elle.
        il y a eu un 6-2 trois an s plus tard en 1945… Globalement l’Argentine avait nettement dominé leur confrontation dans la décennie 1940. Mais s’imposait au Centenario était toujours un exploit pour l’albi, les démons de 1930 étaient encore présents…

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      8. @Ajde, Basso à l’Inter, c’est un échec. Il arrive en même que Rinaldo Martino à la Juve, alors que les footballeurs argentins sont en grève, en effet. La presse italienne s’attarde surtout sur le rôle de meneur de Basso dans le mouvement de fronde des joueurs argentins. Son arrivée à Milan est éclipsée par celle de Faas Wilkes. Ce dernier capte toute l’attention, en Italie et aux Pays-Bas où un journal lui offre une chronique hebdomadaire.
        Basso ne reste qu’un an et ne se distingue pas particulièrement en Serie A. Il repart en même temps que Martino qui, lui, réalise une très bonne saison à Turin (champion, même si la disparition du Torino lui facilite la tâche).

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  3. Tejera rate donc le Quinquenio de Oro mais joue avec Atilio Garcia. Toujours du mal à départager les deux ogres Uruguayens personnellement. J’irais instinctivement vers Peñarol mais il y a plus de joueurs que j’apprécie du côté de Nacional… Pas simple.

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      1. Ca te fait un point commun avec le Professeur Pierre Arrighi!

        Bon.. Lui en est carrément supporter, il me semble. Au-delà de la simple préférence ou sympathie.

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  4. C’est quand même fort de café, que d’avoir institué « 5 grands » après, quoi, 40 ans de championnat amateur??

    Déjà le principe en soi est douteux, cette idée de liste de clubs qui seraient comme immortels, lol..mais le faire alors même que ce football venait à peine de basculer dans le professionnalisme, hum : ça sent la narrative commerciale à plein nez, non? L’attrape-gogos?

    Du portrait de Marante, dont je n’avais jamais entendu parler, je me demande si Borges ( = ce vieux dada qui rejeta et le football, et Peron) les rejetait individuellement pour ce que chacun d’eux était, lui inspirait..ou plutôt à mesure des instrumentalisations faites du football par Peron. Et je me demande lequel des deux il tenait le plus en horreur.

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    1. L’argument est politique. Les grands clubs voulaient davantage peser dans les décisions de l’AFA. Le football argentin sortait d’une décennie 1920 où deux ligues étaient en concurrence, l’une par l’AFA, l’autre dissidente. La professionnalisation devaient aussi mettre fin à ce bordel. Les clubs, qui déjà avaient plus de socios et plus de revenus par leur billetterie, voulaient plus d’argent et de pouvoir. Niveau palmarès ils n’avaient pas plus que d’autres clubs, mais la plupart des premiers clubs champions amateur – dont tous ceux qui étaient « de l’école britannique » – avaient sportivement dégringolés, disparus ou choisis de rester sous le giron amateur.
      Donc selon les critères établis (nombre de socios, etc.), ce sont ces 5 là qui eurent chacun plus de voix que les autres au sein du comité de l’AFA. Les 5 représentaient culturellement l’hégémonie de Buenos Aires et la créolisation définitive du football argentin. Des têtes de gondole que le football argentin avaient besoin pour se structurer, se développer, massifier sa popularité.

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