Un révolutionnaire sentimental

19 mars 1975, Madrid. L’homme qui avance sa main vers la table basse pour récupérer son verre de slivoviça est Miljan Miljanić, un des plus grands techniciens yougoslaves. Nous sommes chez lui, où il a invité plusieurs amis et quelques journalistes espagnols afin de regarder le quart de finale retour de la Coupe des Vainqueurs de Coupe. A la télévision, c’est l’équipe qu’il dirige, le Real, qui joue. A Belgrade, face à son club de cœur, l’Etoile Rouge. Et non, Miljan Miljanić n’est pas suspendu pour l’occasion…

Ombre et lumière

Il se murmure que Miljan Miljanić aurait rejoint les rangs des Partisans en 1944. A 14 ans seulement… Peut-être en réponse à l’horreur à laquelle il avait assistée trois ans plus tôt. A Kragujevac, ville-refuge pour sa famille pendant la guerre, où la Wehrmacht assassina méthodiquement 2 700 civils aux premiers jours de l’automne. Son père Akim, un Monténégrin, est géomètre et sans présager du futur du rejeton, il coule dans les veines du jeune Miljan la rigueur des angles et l’expertise des taiseux. La précision, l’art du détail dans toutes ses formes, du corps et de l’âme, qui feront de cet indécrottable curieux un étudiant en psychologie et en sciences économiques, autant qu’un novateur qui refusa obstinément l’immobilisme.

Celui que l’on surnomme affectueusement Čiča aime le football, passionnément… Le destin ayant conduit ses proches, en camionnette pour le bétail, à Belgrade, il rêve d’une grande carrière, au sein de l’Étoile Rouge naissante dont il porte fièrement les couleurs dans les catégories jeunes. Néanmoins, fi de parcours à la Rajko Mitić pour Miljan. Défenseur appliqué mais besogneux, il ne convint jamais. Sa future femme, Vera, joueuse de handball au club, est la seule à déceler l’étincelle. Elle l’épaule les soirs de remise en cause et demeurera son phare pendant toute sa vie… En gage à sa dévotion désintéressée pour le club, Miljanić a droit une unique apparition en équipe senior en 1952. Cicatrice muette que ses détracteurs n’hésiteront pas à raviver lors de ses premières prises de fonctions en tant que coach. Čiča, toi qui nous parles. Quelle est donc ta légitimité ?

Rajko Mitić et Zvezdan Čebinac

Parachuté sans référence en 1965 au poste de sélectionneur national, Miljan échoue à qualifier la Plaví pour le Mondial anglais. Ivan Toplak, incapable de contrer l’hégémonie du Partizan des Galić, Vasović ou Škorić, Miljanić retrouve les bancs de l’Étoile Rouge qu’il connaît comme personne. Mais la situation est bien différente. Il est désormais l’homme fort, celui qui dicte le tempo. Un coup de pied dans la fourmilière… Le funambule Dragan Džajić et le métronome Jovan Aćimović sont les fers de lance d’une résurrection, au même titre que son préparateur physique, Srecko Radišić, à qu’il fait une confiance aveugle. Les titres de champion s’accumulent en huit saisons, quatre au total, parsemés d’épopées européennes où se mélangent pêle-mêle héroïsme d’Anfield et soupçon de corruption à Athènes. A nouveau sélectionneur, Miljanić barre la route du Mondial 1974 à la Roja. L’Espagne et Santiago Bernabéu sauront s’en souvenir…

Method Man

L’arrivée de Miljanić au Real Madrid en 1974 intervient au lendemain d’une saison cataclysmique. Le Real finit à une piteuse 8ème place, Miguel Muñoz est viré après 14 ans de bons et loyaux services et les fans merengues n’ont toujours pas digéré la manita administrée par la bande à Cruyff à domicile. Le Serbe est sur les tablettes du mastodonte madrilène depuis quelques temps. Bernabéu vient le rencontrer en personne à Belgrade et Miljanić s’engage en mars en échange d’un salaire de 150 000 $. La nouvelle de sa signature, quelques semaines avant le Mondial 1974, fait grincer les dents au pays. La presse demande son limogeage immédiat. Miljanić, dans les petits papiers de la Fédération, mène néanmoins son groupe en Allemagne, laissant une empreinte mitigée au regard de la qualité à disposition.

Pour les sénateurs de l’institution madrilène, l’arrivée à la barre du technicien yougoslave sonne la fin de la récréation. Eux qui alternaient entre repos les semaines européennes, match contre la filiale le jeudi, bains, massages et visite décontractées des villes adverses la veille du match, découvrent incrédules les carnets du préparateur physique, Srecko Radišić. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette fonction n’existait pas à l’époque… La méthode de Miljanić repose sur trois aspects fondamentaux : la tactique (« étudier d’abord et répéter ensuite »), le psychologique (« il faut préparer les joueurs au combat ») et le physique. Les entraînements sont intenses, plus que de raison. Passant d’ailleurs de un à trois par jour. Miljanić cherche à développer un jeu rapide où il est proscrit de faire plus de deux touches de balle. Au sommet de leur forme, le couteau entre les dents, le Real va marcher sur la péninsule. Dès le début de la saison, Miljanić l’iconoclaste replace l’emblème Pirri au poste de libéro, insistant sur la vitesse des ailes pour mettre dans les meilleures conditions l’incomparable jeu de tête de Carlos Santillana. Si les vieux grognards Netzer, Breitner et Amancío tiquent sur les exercices de forçats de Radišić, si le peuple de Bernabéu s’ennuie ferme devant un jeu sans grande envolée lyrique, le bilan est lui inattaquable. Un doublé sans contestation aucune. Reste désormais l’Europe à mettre au pas…

« Je ne peux trahir mon cœur. »

La saison précédente ratée dans les grandes largeurs, le Real 1975 participe à une compétition qu’il connait peu, la Coupe des Vainqueurs de Coupe. Tout se déroule dans le meilleur des mondes lorsque le sort farceur lui offre l’Étoile Rouge. La charge émotionnelle est immense pour Miljanić, il ne s’en cache pas… L’aller à Madrid est gagné 2-0 mais le Serbe, épuisé, avoue à la sortie du vestiaire que « ce fut le match le plus difficile de ma vie » .

Bien qu’en ballottage favorable avant le retour, des rumeurs commencent à faire leur nid au sein de l’institution merengue. Miljanić songerait à rester en Espagne. La presse, jamais la dernière à sonder les poubelles, ne le laisse plus respirer. Réponse laconique du technicien : « Ne me posez pas de questions sur ma vie privée ou si j’irai avec Madrid à Belgrade. C’est quelque chose qui m’appartient. Après trente-cinq ans de vie à l’Étoile Rouge, j’ai changé pour la première fois pour devenir professionnel à Madrid. » Cette fois-ci néanmoins, les scribouillards auront vu juste. La veille du déplacement à Belgrade, il est confirmé que ce serait Antonio Ruiz, l’adjoint, qui siégerait sur le banc.

Santiago Bernabéu soutient son technicien devant l’incompréhension générale. Bien qu’il désapprouve son choix. Et rappelle aux mécontents que Ruiz s’est rendu à multiples reprises en Yougoslavie afin d’espionner l’adversaire. Mais la pilule ne passe pas. Ils sont nombreux à mettre en doute la probité de Miljanić, allant jusqu’à spéculer sur des pressions venues de Belgrade. Même agonisant, le régime franquiste garde ses bases idéologiques… Afin de montrer patte blanche, comme s’il avait besoin de témoins avant un duel au pistolet, Miljanić invite donc 21 personnes à son domicile le soir du match. Télévision minuscule, traits tirés, verre de spiritueux à la main, Mijan s’assoit dans son siège favori. Chaque chant serbe qui résonne dans le Marakana est un supplice, comme si il lui était directement adressé. L’Étoile Rouge étouffe les Espagnols, l’absence d’Amancío se fait cruellement ressentir, le Real peut s’estimer heureux d’atteindre la séance de penalty. Au bout de la nuit, Benito a la balle de la qualification. Son tir passe au dessus de la transversale… Au tour de Petrović qui lui ne se rate pas. S’avance alors Carlos Santillana, l’épicentre du Real de Miljanić. C’est un échec, le Real est éliminé… Le fidèle Ruiz, dont c’était le premier match sur la banc, est effondré mais se refuse à jeter la pierre sur Miljanić. Le retour en avion est long, improvisé entre Francfort-Paris-Barcelone. Les journalistes, présents aux côtés de la délégation madrilène, chargent le Serbe dans leurs éditos et demandent sa tête. Le vieux Bernabéu s’emporte alors et annonce à l’assemblée qu’il est fier de son équipe et qu’il les attend tous le lendemain pour le versement de la prime…

Un fossoyeur ?

Ni Bernabéu ni Miljanić ne reviendront sur l’affaire. Le Real est à nouveau couronné en 1976 mais le peuple madrilène n’accroche décidément pas. Le Bayern, Bruges enterrent les rêves de consécration continentale, il faudra un compatriote, Vujadin Boškov, pour s’en approcher, et Mijanic démissionne un soir de défaite face à Salamanque. En septembre 1977, sans tambour ni trompette… Longtemps courtisé par l’Angleterre, Miljanić congédie les avances lucratives d’Arsenal ou Chelsea car les installations sont hors d’âge et qu’il ne souhaite pas jouer le bas du tableau.

Homme de confiance des puissants, Miljanić est rappelé pour la troisième fois aux chevets de la sélection en 1979, afin de sauver des qualifications pour l’Euro 1980 bien mal embarquées. Trop tard pour ne pas à nouveau céder face à l’ennemi intime de l’époque, l’Espagne, mais suffisant pour construire un escadron jeune et talentueux en vue du Mondial suivant. On attend énormément des Zajec, Sušić, Gudelj ou Šurjak. Certainement trop. L’Ulster et le Honduras sont déconsidérés, la Yougoslavie est l’équipe la plus talentueuse du groupe mais c’est sans compter un arbitrage-maison évitant une humiliation à la Roja. Un goût de je t’aime, moi non plus avec l’Espagne pour Miljanić dont le passage à Valence demeure anecdotique.

Cerveau et parrain de la Fédération yougoslave, il influence les philosophies des Blažević ou autre Ivica Osim, adoubant ce dernier à la tête de la Plavi. Lorsque l’étau se resserre sur Sarajevo et qu’Osim démissionne en mai 1992, il forme avec Ivan Čabrinović le duo de techniciens sensé conduire leur pays à l’Euro. Bilan ? Une unique rencontre amicale face à la Viola, sous les huées de Florence, le 28 mai avant l’exclusion définitive trois jours plus tard alors que le groupe est déjà en Suède. Si tu te posais la question Čiča. Non, vous n’êtes plus les bienvenus…

Comme le soulignait la quatrième étoile de l’Étoile Rouge, Vladimir Petrović, Miljanić connaissait le foot comme personne. Et comme surenchérit Ćurković, « il s’est toujours comporté comme un gentleman et a toujours respecté tout le monde. » Pas suffisant apparemment pour faire taire les critiques. Prudence, tactique défensive, influence supposée néfaste sur les autres entraîneurs, ils sont nombreux en ex-Yougoslavie à lui reprocher les échecs constants de l’équipe nationale et le jeu jugé peu attrayant des années 1970 et 1980. Fossoyeur pour certains, stratège pragmatique pour d’autres, Čiča, homme affable et courtois, ne refusa jamais un débat contradictoire. Et assuma le moindre de ses choix. Que ce soit chez lui, cerné de journalistes espagnols prêts à lui cracher au visage son abandon. Que ce soit pour faire taire un Arkan trop véhément au siège de la Fédération…

27 réflexions sur « Un révolutionnaire sentimental »

  1. L’épisode avec Arkan m’échappe totalement.

    Pour le reste, je connaissais..évidemment bien trop peu pour m’imaginer pareils chassés croisés avec l’Espagne, merci!

    Le noyau du Real, mid-70’s : c’est quand même quelque chose.. Et je découvre par la bande que Camacho était déjà international mid-70’s, éh bé..

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    1. J’etais tombé sur une vidéo consacrée au duel Djazic-Camacho en 75. Une véritable corrida. Dragan met dans le vent un nombre incalculable de fois le jeune Camacho mais celui-ci revient toujours à la charge. Un très beau duel.

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  2. J’en ai pas tout vu, mais le tournoi des Yougos en 74 n’a effectivement pas l’air foufou??

    Contre la RFA, ça j’ai vu le match : inexistants……mais j’ai l’impression que ce fut leur prestation la plus pénible, bref?

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      1. Elle n’est pas encore assez simple pour moi : je n’ai rien compris 😉 , je ne vois vraiment pas où tu veux en venir?

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      2. Déjà, faut voir ce qu’on entend par, et attend de la « démocratie ». Sans compter qu’il y en a de toutes sortes : représentatives, directes..

        Ceci dit l’Europe me paraît de moins en moins démocratique, ses piliers (séparation des pouvoirs, souveraineté, pluralité..) sont de plus en plus manifestement mis à mal. Des démocraties-croupions. Mais je ne vois pas ce que le statut de monarchies..parlementaires a à voir là-dedans : représenter un Etat, ce n’est pas le gouverner. Et malgré le peu d’estime que je leur porte, toutes monarchiques qu’elles soient, ces cadres « monarchiques » (c’est surtout symbolique) restent plus démocratiques que l’écrasante majorité des républiques à travers le monde : il vaut infiniment mieux vivre à l’ombre (extrêmement relative) d’une Margrethe II ou d’un Felipe d’Espagne, que sous bien des républiques « démocratiques » des Tropiques, ça n’a rien à voir.

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    1. Oui, prestation relativement décevante de la Yougoslavie en 74. Qui ne doit son passage au second tour qu’à la supercherie du match face au Zaïre. Et pourtant c’est une grande génération. Maric était un bon gardien, très spectaculaire. La défense était sérieuse. Buljan, Katalinski, Peruzovic que l’on verra à Anderlecht. C’était vraiment pas mal. Au milieu, de vrais talentueux, en la personne d’Oblak, Acimovic ou Petkovic. Enfin, en attaque, quand tu as Djazic, Surjak, Bajevic ou Jerkovic, tu as une palette de très bon goût. Et je n’ai pas parlé de Karasi ou Popovida…
      Bref, un effectif superbe. Mais là où cette génération s’est vraiment manquée, c’est lors de l’Euro suivant à domicile. Deux buts d’avance en demi-finale face à la RFA, elle avait les moyens de choper la couronne à la Tchécoslovaquie.

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      1. D’accord sur le fond, mais force est de reconnaître que son groupe 3 (avec le Brésil et une grosse Écosse) était celui de la mort dans ce tournoi. Face à la RFA et la Pologne au deuxième tour, elle était à sa place. C’est personnellement la Yougoslavie de 1982 qui m’a le plus déçu.

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      2. C’est sur que face à la RFA et la Pologne, y avait pas grand-chose à espérer. Quelle magnifique équipe polonaise…

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      3. Humainement c’était un mec vraiment extra, crème d’homme.

        Footballistiquement, c’était un défenseur des 70’s-80’s.. 😉 , mais pas bien méchant.

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    2. C’est en partie parce que la RFA était en net progrès après sa revolution interne suite à la défaite contre la RDA. À défaut d’exprimer des certitudes dans le jeu (ç’a été lors du match suivant face à la Suède, un des meilleurs de ce WM), elle avait retrouvé sa cohésion. Les valeur traditionnelles du foot allemand au milieu et Gerd Müller devant ont fait le reste.

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      1. Hurler au loup pour Belanov, Owen, qui sais-je encore……….. ==> Pour ce genre de bonne conscientisation panurgique, répéter les vieux mantras : y aura du monde..

        Mais pour le BO 74, curieusement y a jamais personne pour s’étonner / s’interroger, lol…. Et pourtant, au regard des critères qui faisaient informellement autorité, au regard des matchs aussi voire surtout (je ne parle pas de l’arrière-cuisine, inaudible) : comment ce BO-là a-t-il pu échapper à un mec du Bayern???

        Les votes perdus d’entre Beckenbauer, Müller et Breitner? Bonne blague : c’est l’excuse pour justifier l’injustifiable, comme van Basten Vs Göteborg une génération plus tard.

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      2. A juger des matchs que j’ai vus du Bayern ou de la RFA durant l’exercice 74 : c’est Müller qui me saute aux yeux. Pas le plus spectaculaire, pas le plus souverain non plus, mais un poison permanent, qui participe décisivement au jeu aussi, décroche, angoisse.. Quel joueur!! J’aurais voté pour lui.

        Côté Elftal, c’est Wim Jansen que j’aurais mis à l’honneur.

        Cruyff fait une bonne saison en club, certes……mais dans un championnat déclassé, au sein duquel le Barca était déjà passé devant un Real à son plus bas historique ; il a (très) bon dos ce 0-5 à Bernabeu, c’était un club malade en face.

        Le reste…….. Bah : en Belgique, on savait ce qu’il valait vraiment face à une équipe solide..et on l’a vu en finale..

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  3. La fin de Miljanic au Real en 1977, après une unique journée de championnat, correspond à un moment où Bernabéu, déclinant et hospitalisé, n’a plus l’énergie pour défendre son coach. La saison précédente a été médiocre, la presse prédit sa destitution tout au long de l’hiver et du printemps 1977 mais Bernabéu le maintient en post. Mieux encore, il confirme le coach yougoslave pour la saison 1977-78. Les matchs préparatoires peu brillants et pour le prestigieux Trofeo Teresa Herrera, en août, Miljanic place Santillana sur le banc. Un échec, puisque le Real se fait sortir par le Dukla Prague. A Salamanca, en ouverture de la Liga, idem. Même quand Jensen se blesse, il ne fait pas entrer Santillana. La défaite provoque une réaction dans l’effectif, il semble qu’une fronde ait été menée dans le bus ramenant le Real à Madrid. Miljanic propose sa démission, Saporta la soumet à Bernabéu qui l’accepte manifestement à contrecœur.

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  4. Dans une relation un peu similaire, Giresse avait refusé de revenir à Lescure lors de sa dernière saison marseillaise. Faut dire que la réception de l’année précédente, en particulier de la part de Rohr, avait été musclée…

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    1. « Souvenir » (..je ne reviens évidemment pas sur le nom..) d’un joueur, en Belgique, qui avait fait insérer dans son contrat une clause le dispensant de jouer face à son ancien club – si ça pouvait me revenir..

      Hormis à fins de com’, se mettre le public dans la poche : je ne sais si l’on croiserait encore beaucoup de Miljanic dans le football européen aujourd’hui.

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