Les Ultras : un pilier indispensable du football français malgré les débordements
Le football, en France comme ailleurs, n’est pas qu’un simple sport. Il est un miroir de la société, une expression des passions, et un catalyseur d’émotions collectives. Parmi les acteurs de cet univers, les Ultras occupent une place singulière. Souvent décriés pour leurs débordements, ils sont pourtant des éléments indispensables à l’âme du football français. Pourquoi ? Parce qu’ils incarnent l’essence populaire du sport, son identité et sa vitalité. Revenons sur leur rôle, leurs apports, et les controverses qui entourent leur existence.
Les Ultras : une culture, une identité
Les Ultras ne sont pas qu’un groupe de supporters. Ils forment une véritable culture, née en Italie dans les années 1960, avant de s’étendre en Europe, notamment en France dans les années 1980. Leur présence va bien au-delà des chants et des fumigènes. Ils se définissent par un soutien inconditionnel à leur équipe, une fidélité indéfectible, et une capacité unique à galvaniser les foules.
Les Ultras ne se contentent pas d’être des spectateurs : ils vivent et respirent pour leur club. Qu’il pleuve ou qu’il vente, qu’ils jouent en Ligue des champions ou dans les divisions inférieures, leur engagement est total. Ce soutien transcende les résultats sportifs. Pour les clubs, notamment ceux de Ligue 2 ou de National, cette fidélité est un atout inestimable, parfois le dernier rempart contre la morosité des tribunes désertées.
Un rôle social et communautaire
Les groupes d’Ultras jouent également un rôle crucial dans le tissu social. Ce sont des espaces de rencontre et de cohésion, où des individus de toutes origines et générations se rassemblent autour d’une passion commune. Ils organisent des déplacements, des collectes de fonds, des animations et des actions caritatives pour soutenir leur communauté.
Prenons l’exemple des supporters des Girondins de Bordeaux. Les Ultramarines, le principal groupe Ultra du club, ont souvent montré leur engagement en dehors des stades. Pendant la crise financière traversée par le club en 2021, ils ont été à l’avant-garde des mobilisations, appelant les supporters et les autorités locales à sauver ce patrimoine sportif. Cette capacité à fédérer est une richesse pour le football et pour la société.
Le 12e homme : l’impact sur le terrain
Il est impossible de parler des Ultras sans évoquer leur rôle de 12e homme. Leur ferveur est une arme psychologique redoutable pour leur équipe et un élément déstabilisant pour les adversaires. Les tifos spectaculaires, les chants ininterrompus, les fumigènes qui colorent les stades : ces manifestations donnent vie au spectacle sportif.
Imaginez un football sans Ultras. Des tribunes aseptisées, dépourvues de chants et d’effervescence. Cela ressemble davantage à une pièce de théâtre qu’à une arène sportive. Les Ultras, malgré leurs excès, insufflent une âme au football.
Les débordements : une ombre sur le tableau
Toutefois, leur passion débordante a un revers. Les débordements violents, les incidents avec les forces de l’ordre, ou les rivalités exacerbées ternissent leur image. Certains groupes tombent parfois dans des dérives regrettables : bagarres, usage illégal de fumigènes, ou encore slogans discriminatoires.
Ces incidents donnent du grain à moudre à leurs détracteurs, qui appellent à leur bannissement des stades. Cependant, faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? Ces débordements, bien que problématiques, ne doivent pas occulter la contribution positive des Ultras.
Un dialogue nécessaire entre clubs, Ultras et autorités
Plutôt que d’exclure les Ultras, il est crucial d’encadrer et de dialoguer. Des exemples en Allemagne ou en Suède montrent que la coopération entre clubs et supporters peut réduire les tensions. L’instauration de chartes, de formations et de dialogues réguliers permet de canaliser les énergies tout en maintenant la passion.
En France, certains clubs ont compris l’intérêt de collaborer avec leurs Ultras. À Marseille, les groupes comme les South Winners ou les Ultras marseillais jouent un rôle central dans la vie du club. En retour, l’Olympique de Marseille soutient leurs initiatives, tout en fixant des limites claires pour éviter les dérives.
Les Ultras, un mal nécessaire ? Non, un bien précieux
Les débordements des Ultras ne doivent pas faire oublier leur apport inestimable au football. Ils sont les gardiens de l’authenticité, les protecteurs de l’âme populaire du sport. Sans eux, le football risquerait de perdre sa saveur, de devenir une simple industrie déconnectée de ses racines.
Au-delà des polémiques, il est temps de reconnaître leur rôle comme partie intégrante de l’écosystème footballistique. Les Ultras ne sont pas parfaits, mais ils sont indispensables. Le défi est de canaliser leur passion, sans la brider, pour que le football reste ce qu’il doit être : un jeu, une fête, et un vecteur d’émotions collectives.
Le football français, riche de sa diversité et de son histoire, doit apprendre à compter avec les Ultras pour éviter une ambiance aseptisée dans ses stades.
XL pour Pinte de Foot
Je vois un peu l’historique du phénomène, sa généalogie : Split, l’Italie.. Y a les torcidas au Brésil aussi.. Par contre je ne pige pas trop pourquoi il est apparu, à quel éventuel besoin ça aura répondu de ci de là?
A titre personnel, j’ai connu l’avant et l’après en tribunes – et même trois âges, qui auront parfois coexisté : le supportériat belge old-school, belge (sirènes, trompettes, chants en français..) mais qui ne pouvait s’empêcher de lorgner du côté de l’Angleterre..le hooliganisme, d’inspiration incontestablement UK..et enfin l’émergence du mouvement Ultra, qui à Liège n’était pas fortuit, en rien spontané..mais sciemment construit, abouti à fins de canalisation de la frange du public qui avait trop radicalement versé dans la violence au gré des 80’s.
De l’expérience liégeoise, celle que je connais le mieux donc, très portée à gauche : j’ai fini par être refroidi par leur prétention à incarner le fin du fin du supportériat, et alors tout ce prosélytisme politique.. ==> Envie de leur rappeler que, éh : c’est pas comme s’il n’y avait jamais rien eu avant! Sans compter que cette couche de sectarisme politique.. ==> Le football, en soi déjà un gros vecteur de territorialité, a-t-il vraiment besoin de ça?? Du mal avec cette accaparation idéologique des tribunes.
Ceci dit : probable qu’il ne subsisterait désormais plus grand-chose comme ambiance sans eux, en effet.
(Il y a certains groupes d’Ultra pour qui ce n’est souvent que des problèmes pour peu de valeur ajoutée.) Le problème en France, j’en ai l’impression du moins, c’est qu’on veut à tout prix aseptiser vos tribunes. Il n’y a aucune compréhension politique de ce que c’est et c’est uniquement associé à la violence, ce qui fait qu’on condamne ou exclus directement. J’y vois aussi un manque criant, comme tu l’abordes, de communication avec les instances mais aussi avec la police pour les contrôler lors d’arrivée au stade par exemple. Pour l’Euro 2016, les Allemands et anglais ont envoyé comme il est de coutume avant un grand tournoi, la liste de leurs IDS (interdits de stade) qui viendront quand même et sont dangereux et donc à surveiller. La France a réagi en se demandant pourquoi cette liste leur a été envoyée car elle n’avait aucune cellule pour gérer cela. Ce qui a fait craindre de nombreux débordements, les Allemands étaient « sur le cul » si je peux dire. On a encore tous en tête les événements de Marseille, ou même si la sauvagerie n’aurait sûrement pas pu être évitée, une meilleure organisation des forces de l’ordre aurait pu empêcher certains débordements. Quand je vois le nombre de déplacements interdits en France je trouve ça d’une tristesse… Il y a une incompréhension du phénomène par la police et les politiques. Et rien ne change, sûrement car ils s’en foutent et veulent plus de contrôle sur le public.
De mon point de vue perso, je suis un convaincu du mouvement ultra, même si je n’en suis pas un, car j’adore cette ambiance qui me fascine autant que le foot en lui même. Je suis pratiquement incapable de supporter un club au morne soutient dans un stade. En Belgique on remarque depuis deux ans, un grand renouveau ultra. Auprès d’ ados/ jeunes adultes surtout et dans nos divisions inférieures, quelques débordements sans plus. Mais des tifos , des chants pour animer le stade (ou la maigre tribune) et quelques pyros. (Je vous invite à aller voir ce que font les rocheboys , groupe ultra de Rochefort en D3 dans le sublime parc des roches (abordé par Alex, dans sa série groundhop en Belgique si je ne me trompe)).
Les pyros, parlons-en, c’est ce qui est le plus sévèrement puni en Belgique, la plupart du temps ils sont utilisés par le groupe ultra au sein du groupe ultra, je ne vois donc aucun danger pour les autres car ils sont entre eux. Par contre c’est à condamner si le fumigène est craqué dans un parcage où sont présents des gens qui n’ont rien demandé. En gros si ils se brûlent ou s’enfume entre eux c’est leur problème ils en sont conscients, si cela atteint une personne externe alors la c’est un problème. (Mais ce cas arrive rarement, en tout cas chez nous ils en sont conscients je trouve).
Pour ma part je suis hyper content de voir ce renouveau en Belgique et surtout dans les divisions inférieures, ça rajoute un ancrage local dans nos clubs souvent désertes par les supporters. Encore une fois reprenons l’exemple des rocheboys qui se battent pour que le proprio ne déplace pas l’équipe à Marche en Famenne, où il a pour projet de construire un stade plus grand et toucher plus de monde.
Je n’ai vraiment de problèmes qu’avec les groupes ultra racistes – violents envers tout le monde et qui n’apportent absolument aucune valeur ajoutée au club, il y en a quelques-uns en Belgique, mais leur structure est différente et à ce niveau on remarque souvent que ce ne sont pas des ultras mais du crime-organisé.
J’en profite pour saluer les actions et le soutient du groupe valenciennois, Génération Rouge et Blanc 2004, toujours présent malgré la situation à Valenciennes depuis quelques années et dont certains des membres m’ont invités en leur sein et dans le kop la saison dernière. Je leur souhaite un excellent anniversaire pour leurs 20 ans. https://youtu.be/bW1Qqd_ZMCc?feature=shared&sfnsn=mo
« Et rien ne change, sûrement car ils s’en foutent et veulent plus de contrôle sur le public. »
Dès qu’il est question de foot français (pas seulement ses tribunes) et de politique, y a toujours cette idée de « contrôle sur le public » qui revient, éhéh.. Peut-être la signature du foot français??
Disons que ce texte ne fait pas dans la nuance ! J’ai l’impression que Sofoot vient d’infiltrer le site…
« En France, certains clubs ont compris l’intérêt de collaborer avec leurs Ultras. À Marseille, les groupes comme les South Winners ou les Ultras marseillais jouent un rôle central dans la vie du club. En retour, l’Olympique de Marseille soutient leurs initiatives, tout en fixant des limites claires pour éviter les dérives. »
Je m’incline devant tant d’humour.
Bonne journée à tous.
Salut XL!
J espère que tu vas lire ton article ici.
T es de quel coin?
Tu supportes quel club?
Tant de questions…