Top 51 – Stade de Reims (partie 4)

Numéro 20 : René Humbert

Le Stade de Reims existe officiellement depuis le 18 juin 1931. Le club existait cependant depuis 1910 sous le nom de Société Sportive du Parc Pommery. A l’origine, c’est un club corporatif de la maison de champagne Pommery & Greno propriété du marquis Melchior de Polignac. Ce dernier féru de sport créé le Parc Pommery (aujourd’hui appelé Parc de Champagne, c’est le plus grand espace vert de Reims) dédié à la pratique sportive. La section football se met en place, dirigée par un cadre de la maison Pommery & Greno : René Humbert. L’équipe joue alors un bout de pelouse du Parc entouré d’acacias.
Attachement au monde du champagne oblige, les premières couleurs du club sont or et vert bouteille avant de devenir orange et noir à partir de 1930.

René Humbert a de grandes ambitions pour sa section. Ce qui l’intéresse, c’est ni plus, ni moins que le professionnalisme, incompatible avec la première division d’honneur où l’équipe évolue. Les instances du football français font une chasse acharnée à l’amateurisme « marron ». Reims qui compte des britanniques et un hongrois est constamment dans leur viseur.
Les statuts évoluent et le club devient le Stade de Reims en 1931. Humbert implique les pouvoirs publics dans son projet. La priorité est d’abandonner leur terrain champêtre sans tribunes pour avoir un stade digne de ce nom. En 1932, la Ville de Reims lance le projet de construction d’un nouveau stade d’une capacité de 18 000 places. L’architecte Royer est alors désigné et les travaux commencent en 1933 pour s’achever un an plus tard. A cette époque le Stade de Reims qui joue les premiers rôles en division d’honneur est le meilleur club de la ville et doit logiquement prendre possession de ce nouveau stade.
Bien qu’officiellement inauguré le 2 juin 1935 par le président de la République Albert Lebrun, le premier match dans le Stade vélodrome municipal (qui ne s’appellera Auguste Delaune qu’après la guerre) a lieu le 21 octobre 1934. Symboliquement ils reçoivent leur bête noire depuis des années : l’équipe ardennaise de Vireux qu’ils battent 4-3 devant 5000 personnes. Enfin champion du groupe Nord-est de la DH, les rémois accèdent à la deuxième division et au professionnalisme en 1935. Sept ans auparavant, ils étaient encore en première division départementale…
Malade, René Humbert démissionnera en décembre 1936, passant la main à Maurice Hutin, le sentiment du devoir accompli.

Numéro 19 : Michel Leblond

A jamais le premier !
13 juin 1956, 6ème minute, Michel Leblond reprend un corner de Kopa et ouvre la marque face au Real Madrid devenant ainsi le premier buteur en finale d’une coupe d’Europe. Exploit inutile, puisque les rémois s’inclineront finalement 4-3. Cette finale, il n’aurait pas dû la jouer, puisqu’il remplace Penverne blessé au milieu de terrain.

Seul natif de Reims dans l’effectif, Michel Leblond est le couteau suisse d’Albert Batteux. Bien que milieu de terrain de prédilection, il peut jouer à peu près tous les postes sur le terrain. Au club depuis son plus jeune âge, il intègre l’équipe première dès 1949. D’abord comme joueur d’appoint avec un statut amateur, il le restera jusqu’en 1952 ce qui lui permet de disputer les JO d’Helsinki avec l’équipe de France amateurs.

La « vraie » équipe de France, il la découvrira plus tard en 1954 face à la Belgique, avant de partir pour la coupe du monde en Suisse (où il ne jouera pas) avec cinq autres rémois (Kopa, Glovacki, Jonquet, Marche et Penverne). La saison 1955-1956 va être sa grande année. Outre son but en finale, il ouvre également le score face aux Hibernians lors de la demi-finale aller et avait précédemment inscrit un doublé en quarts face aux hongrois de Voros Lobrogo.

Il disputera également la finale de 1959 également perdue face au Real. Il remporte 4 titres de champion et une coupe de France et détient du nombre de matchs de coupe d’Europe disputés avec le club (18). Il quitte le club en 1961 pour Strasbourg après 271 matchs. Revenu au club, il entrainera des équipes de jeune et fera un intérim sur le banc de l’équipe première en 1975.

Numéro 18 : Victor Canard

Né à Ludes, dans le vignoble où sa famille détient la maison de champagne Canard-Duchêne, il côtoie Henri Germain dès son plus jeune âge. Les deux hommes vont se retrouver au sein du Sporting club rémois dont ils vont devenir dirigeants dans les années 30. Le 2ème club de la ville poursuit un parcours remarquable dans l’ombre du nouveau Stade de Reims. Champion amateur du Nord Est en 1937, ils postulent au statut professionnel. La fédération refuse qu’une ville de 100 000 comptent deux clubs à ce niveau et les somment de fusionner en 1938.

La nouvelle entité continuera à s’appeler Stade de Reims mais pour les maillots, exit le très kitsch tango à scapulaire noir (ce maillot a été réedité pour la saison 2010-2011 pour les 80 ans du club), le club portera désormais les couleurs du Sporting : rouge et blanc !
Victor Canard va prendre en charge la partie administrative tandis que son acolyte Henri Germain s’occupera du sportif. Président à partir de 1945, Canard va faire de Reims le club le mieux structuré de France. Avec un nouvel entraineur ambitieux Henri Roessler et des joueurs comme Favre, Marche, Batteux ou Sinibaldi, le club va connaître une ascension fabuleuse avec un titre dès 1949 après seulement quatre saisons en D1.

Mais le succès va détériorer la relation avec Germain. Les deux amis d’enfance se brouillent et une lutte d’influence se créé à la tête du club. En 1953, la brouille éclate au grand jour, officiellement pour un motif de publicité sur un calendrier du club. Le comité directeur du club soutient alors Germain (qui a gardé la main sur le sportif depuis le début). Victor Canard quitte alors le club.

Numéro 17 : Roger Marche

Le début de carrière de Roger Marche, « le sanglier des Ardennes », est lié à celui de Pierre Flamion. Tous deux dotés de qualités athlétiques exceptionnelles et licenciés au club de Mohon (petite ville de cheminots dans la banlieue de Charleville), débarquent au Stade de Reims juste après la guerre.

Enfin « débarquent », façon de parler! Car Roger Marche est loin d’être un joueur comme les autres. Il continue d’habiter Mohon. Il s’y entraine seul et ne rejoint ses coéquipiers que les jours de matchs. En plus du football, il tient un bistrot. L’été, il entraine les gamins du coin et le reste du temps, il chasse !
Marche est un arrière gauche puissant, réputé infranchissable. C’est une force de la nature, jamais blessé, il ne rate quasiment jamais un match.
C’est le joueur emblématique de la première période de domination du club avec qui il remporte deux titres de champion, une coupe de France et la coupe latine 1953 et totalise 336 matchs sous le maillot rémois (pour… 1 but).
La saison 46-47 où les rémois terminent deuxième du championnat lui ouvre les portes de l’équipe de France. Il est le deuxième joueur du club sélectionné après Pierre Sinibaldi. Il dispute les coupes du monde 54 et 58 (où il retrouve 6 joueurs de son ancien club mais joue peu). Il resta pendant longtemps recordman des sélections (63 dont 38 au cours de sa période rémoise).

En 1954, il est transféré au Racing sans même en avoir été consulté. Il est déçu par l’attitude des dirigeants et leur reprochera leur ingratitude mais pour lui comme pour tant d’autres Henri Germain malgré son côté paternaliste n’hésitait pas à trancher et ne laissait jamais un joueur faire la saison de trop en rouge et blanc.
Direction Paris donc. Enfin, là encore façon de parler hein! Il n’a jamais voulu déménager à Reims alors c’est certainement pas pour aller s’installer en Ile-de-France! Il continuera tout comme avant chez lui dans les Ardennes, quitte à allonger le parcours les jours de matchs.

Numéro 16 : Robert Marion (et sa filière argentine)

Au début des années 70, Reims retrouve la première division mais n’a plus les moyens de jouer les premiers rôles comme quelques années auparavant. Le club ne peut pas se positionner sur les meilleurs joueurs français préemptés par Nantes, Marseille et St Etienne, les nouveaux cadors du championnat.
Alors ils s’en remettent à leur imagination. Robert Marion est trésorier du club et propriétaire d’un commerce de vêtements professionnels, mais c’est surtout un négociateur hors pair qui profite d’un voyage en Argentine à l’été 1971 pour faire quelques emplettes. Il rentre avec deux joueurs locaux dans ses valises : l’attaquant Delio Onnis et le milieu Roberto Zywica tous deux en provenance du club de Gimnasia La Plata.

Les deux argentins donnent pleinement satisfaction même si la saison est compliquée. Onnis inscrira 22 buts en 32 matchs pour sa première saison.
Alors Marion remet ça l’année suivante. Objectif, renforcer la défense, talon d’Achille des champenois. C’est du côté de River Plate cette fois-ci qu’il débusque Cesar-Augusto Laraignee, arrière central de 23 ans déjà international. Stabilisé défensivement, la saison suivante est bien meilleure mais Onnis annonce son départ pour Monaco.

Robert Marion est à nouveau prié de reprendre l’avion pour Buenos Aires en quête d’un remplaçant au buteur. Son dévolu se jette sur l’avant-centre de Velez Sarsfield de 24 ans et appelé 14 fois avec l’Albiceleste : Carlos Bianchi. L’intéressé se souvient : « Quand il est venu me chercher, je ne parlais évidemment pas français. Nous nous étions entendus en blanc (Il lui a en réalité fait signer un contrat de non sollicitation avant même de prendre contact avec le club). Le lendemain, Velez bat 4-1 San Lorenzo le champion d’Argentine et je marque trois buts. Il a cru que j’allais faire monter les enchères mais j’avais donné ma parole. Les clubs espagnols me proposaient pourtant 3 ou 4 fois plus. ».
Une fois l’accord du joueur et de son club, restait à obtenir la lettre de sortie de la fédé argentine. Formalité en principe compliquée, mais le recruteur français avait trouvé la faille lors du transfert de Laraignee l’année précédente : y aller le samedi, jour où seul un secrétaire assurait la permanence et donnait tout ce qu’on demandait.

Marion fera à nouveau son pélerinage argentin annuel en 1974 mais à Rosario cette fois (peut-être sentait-il le besoin de se faire oublier du côté de Buenos Aires ?). Objet de la négociation, l’ailier gauche de 22 ans des Newell’s Old Boys, Santiago Santamaria.
La suite est plus calme. En proie à des problèmes financiers, le club n’a plus les moyens de recruter des stars étrangères. Mais l’histoire de Robert Marion ne s’arrête pas là pour autant. A présent en D2, le nouveau président Serge Bazelaire veut faire remonter le club au plus vite. En 1985, il demande à son recruteur fétiche de ressortir son passeport et traverser l’Atlantique comme au bon vieux temps. Il avance cette fois en terrain connu : convaincre celui qui avec le temps est devenu son ami, Carlos Bianchi, de devenir entraîneur. A 35 ans, le goleador joue encore et continue à planter avec Velez son club de toujours. Entraîner est une opportunité, il accepte mais c’est sur le pré qu’il débutera la saison avant de prendre place sur le banc.

En 1987, Marion va effectuer son dernier voyage en service commandé pour le club. Mais c’est cette fois-ci au Chili que ça se passe. La presse locale évoque un « gros coup ». Ivo Basay, attaquant de 21 ans, est la révélation chilienne de la copa America où il vient de claquer un doublé au Brésil lors d’une historique victoire 4-0 de la Roja. Il est aussi meilleur buteur du championnat chilien avec son club d’Everton. Selon la légende, il apprend que le club joue en D2 dans l’avion qui le conduit à Paris. Il n’en tiendra pas rigueur à Robert Marion.
Cet homme n’avait que des amis. Le mot de la fin revient à l’un d’eux, Carlos Bianchi après son décès : « C’était un phénomène de générosité. Lorsque j’étais en France, j’avais dit à mes enfants, s’ils nous arrivent quelque chose, c’est vers Robert qu’il faut vous tourner. C’était un ami et je n’en ai pas 300. ».

Numéro 15 : René Bliard

Mondial 1958. Just Fontaine entre dans la légende en inscrivant 13 buts dans la compétition. Ce record inamovible aurait bien pu ne jamais voir le jour. Peu avant le début de la compétition, alors que les français sont arrivés en Suède pour préparer leur premier match, son coéquipier à Reims René Bliard se blesse à l’entrainement. Aveuglé par le soleil, il bute contre une motte de terre et se fait une entorse à la cheville gauche. Le natif de Dizy près d’Epernay, est forfait pour la coupe du monde.
Bien que remplacé par Raymond Bellot, c’est en réalité Just Fontaine qui va profiter de ce forfait pour être titularisé avant-centre, poste promis à Bliard. Fontaine devait initialement être la doublure de Raymond Kopa et le reste de l’attaque étant composé autour de la star madrilène. Et René Bliard est un formidable buteur qui vient juste d’inscrire un doublé en finale de la coupe de France.

Mais surtout, il a joué plusieurs saisons aux côtés de Kopa. Les deux hommes ont des automatismes. Cette association plaidait en sa faveur alors de son côté Fontaine n’avait jamais joué avec le maestro madrilène même si Justo venait d’inscrire 34 buts lors de cette saison 57-58 marquée par le doublé pour le club champenois.

Mais retour cinq ans en arrière, René Bliard a 21 ans, il intègre l’équipe première mais ne fait qu’une seule apparition. C’est au cours de la saison 54-55 qu’il explose et devient meilleur du championnat 1955 avec 30 buts, à la surprise générale. Champion de France, il va découvrir la toute nouvelle coupe d’Europe des clubs des champions. Buteur en quarts et en demies, il ne pourra rien en finale face au Real. Il est également meilleur buteur du club cette saison là avec 19 réalisations.
La saison 56-57 est plus délicate. Il joue et marque moins. Il est un temps envisagé qu’il serve de monnaie d’échange dans le cadre du transfert de Piantoni. Il n’en sera finalement rien et il réalise une très bonne saison 57-58.
Moins performant lors de la saisons 58-59, de 1959, il quitte le club après la finale de C1 perdue pour le Red Star après 111 buts en 177 matchs.

Numéro 14 : Robert Siatka

Homme de l’ombre, Robert Siatka débarque en provenance d’Alès à 19 ans en 1953. Les premières saisons sont celles de l’apprentissage, son temps de jeu augmente et sera titulaire à partir de 1956 disputant la finale de coupe d’Europe.

Surnommé « Cheval » tant sa résistance est grande, il va régner sur le milieu de terrain rémois pendant près de 10 ans le plus souvent aux côtés d’Armand Penverne. Il se taille un palmarès de premier plan : 4 titres de champion, 1 coupe de France et une finale de coupe d’Europe (il ne jouera pas celle de 1959) pour un total de 259 matchs et 17 buts.
A l’issue de la saison 1963, la dernière avant la relégation, il part pour Nantes, nouvelle place forte du foot français où il remporte le premier titre du club en 1965.

Avec l’équipe de France, il dispute le match pour la 3ème place de l’Euro 1960 (défaite face à la Tchécoslovaquie, ce qui sera sa seule sélection). Depuis le décès de Michel Hidalgo, Robert Siatka est le dernier rémois de la finale 1956 encore en vie.

Numéro 13 : David Guion

14 mai 2016. Reims accueille Lyon pour la dernière journée de L1. Les rouge et blanc n’ont pas leur destin entre les mains mais peuvent se maintenir en cas de victoire si Toulouse ne gagne pas à Angers. Se retrouver dans cette situation est déjà un exploit en soi puisque les rémois semblaient irrémédiablement condamnés un mois plus tôt. Jean-Pierre Caillot tente alors le fameux électrochoc en virant son coach. Exit Olivier Guégan qui avait maintenu le club l’année précédente, l’équipe première est confiée à l’entraineur des équipe B : David Guion.
L’équipe enchaine alors les victoires et s’offre une once d’espoir. Bien aidés par des lyonnais démobilisés, ils mènent rapidement 2-0 puis 3, puis 4. Lyon réduira le score mais c’est maintenant du côté d’Angers que tous les regards se tournent. Après une mi-temps sérieuse (et bien que n’ayant eux même plus rien à jouer) les joueurs du SCO mènent 2-1 mais vont se relacher en seconde. Le TFC égalise mais à ce moment-là Reims est encore sauvé. Arrive ce coup-franc dans les arrêts de jeu qui sauvent les toulousains et envoient le Stade en L2.
La mission impossible de Guion a échoué d’un rien et le technicien retourne en CFA.

Caillot préfère confier la mission « remontée immédiate » à un spécialiste de l’exercice : Michel Der Zakarian. Mais l’expérience est un échec et il part à la fin de la saison. A 50 ans, l’heure de David Guion a enfin sonné, il se voit confier l’équipe première. Il va entraîner pour la fois de sa carrière une équipe professionnelle.

Ancien joueur pro, David Guion n’a jamais joué au Stade de Reims (son frère Pascal y a évolué dans les années 90). Il a entraîné les amateurs de Chambéry qu’il a propulsé en quart de finale de la coupe en ayant sorti trois L1. Son histoire avec Reims commence en 2012. Sa mission est de développer le centre de formation nouvellement créé et entraîner l’équipe B tombée au fin fond de la DH.
L’objectif est atteint au-delà de toutes les espérances. Les U19 atteignent la finale de Gambardella en 2014 et les U17 sont champions de France (avec Siebatcheu et Oudin) en 2015, tout cela alors que le centre n’a que trois d’existence !
Quant à l’équipe B, elle remonte de deux divisions pour se stabiliser en CFA (niveau infranchissable pour les réserves professionnelles).

L’équipe première sera son plus grand défi. Pour remonter en L1, il bouleverse l’effectif laissant partir des cadres plus concernés par le projet (Charbonnier, Weber) pour recruter des joueurs de L2 affamés (Da Cruz, Chvalerin, Abelhamid, Chavarria). Il donne sa chance aux jeunes (Oudin, Siebatcheu, Mendy) et replace Diego Rigonato dans les meilleures conditions. Tactiquement, il s’appuie sur une défense solide et un bloc bas pour se projeter en contre. Reims survole la L2 établissant un nouveau record de points marqués.
Pour son retour en L1, c’est un groupe légèrement renforcé qui va appliquer les mêmes principes avec les mêmes résultats. L’équipe termine 8ème pour sa première saison puis 6ème l’année suivante avec la meilleure défense du championnat (21 buts).

Numéro 12 : Francis Méano

25 juin 1953. Une collision entre une voiture et un camion des pompes funèbres, à une dizaine de km de Reims tue six personnes, parmi eux Francis Méano 22 ans, ailier gauche et du Stade de Reims et grand espoir du football français, ainsi que son épouse, son père, son ami et ancien gardien du but rémois Antonio Abenoza et sa fiancée et leur ami qui conduisait le véhicule. Peu après l’accident, un terrible orage éclate et gêne les secours qui mettront des heures à désincarcérer les corps.
A l’annonce du décès, l’émotion est immense. Une foule gigantesque se masse le long du convoi funéraire et dans la cathédrale de Reims où se déroulent ses obsèques.
Francis Méano était un prodige. International junior au club d’Aix en Provence, il remporte le championnat d’Europe 1949, premier titre international du football français, en écrasant les hollandais 4-1 chez eux en finale.

Dans la foulée, il rejoint le Stade à 18 ans. Il brille dès sa première saison. Immédiatement titulaire, il inscrit 11 buts en championnat et s’offre la coupe de France (la première du club) en ouvrant le score en finale face au Racing et son « gardien cambrioleur » René Vignal.

Ce succès précoce l’amène aussi en sélection en décembre 1949 (défaite 3-2 face à la Yougoslavie pour les éliminatoires du mondial). Longtemps blessé la saison 50-51 (fracture du péroné), il revient à son meilleur niveau lors de la saison suivante en inscrivant 13 buts. Il honore ainsi sa deuxième sélection lors d’une victoire 2-1 face à l’Autriche à Vienne. La saison 52-53 précédant la tragédie sera sa plus réussie. Il réussit le doublé championnat de France – coupe latine en inscrivant un but en demies face à Valence puis en finale face au Milan. C’est au sommet de sa gloire qu’il va trouver la mort moins d’un mois plus tard. Quelques années après l’accident, la tribune latérale qui fut reconstruite prit alors le nom de Francis Méano. Le nom est resté malgré la reconstruction totale du stade dans les années 2000.

Numéro 11 : René Masclaux

D’une relégation à l’autre.
1964, coup de tonnerre sur le football français, le « grand Reims » est relégué en deuxième division. Impensable pour un club qui avait terminé deuxième la saison précédente et champion deux ans plus tôt.
Lueur d’espoir au milieu du chaos, les juniors remportent la coupe Gambardella et annoncent – du moins on veut y croire- le renouveau du club. En réalité, très peu parmi cette bande de gamins entrainée par Claude Prosdocimi réussira à percer. Mais l’un d’eux va tout de même marquer l’histoire du club : l’arrière droit René Masclaux.
Immédiatement promu en équipe première, il découvre la D2 à 19 ans aux côtés de Jean Wendling en défense. Le joueur montre ses qualités. Pas le meilleur techniquement mais c’est un battant qui ne lâche rien. La deuxième saison est la bonne : Reims est champion de D2. Mais le club ne parvient pas à se maintenir en D1 pour la dernière « vraie » saison de Kopa (il conservera ensuite une licence au club pour dépanner).

Retour à nouveau à la case D2 avec une montée ratée de peu en barrages. Le club y passera deux autres saisons avant de remonter avec cette fois-ci de toutes autres ambitions. Reims va passer toute la décennie 70 en D1. A 25 ans, Masclaux est désormais capitaine du club et le restera jusqu’à sa dernière apparition en rouge et blanc. Il est de tous les combats comme la demi-finale de coupe 1972 perdue aux tirs aux buts face à Marseille au Vélodrome et bien sûr la finale 1977 face à St Etienne où il est le héros malheureux sur un pénalty sifflé après une faute inexistante sur Farison.
Son histoire ne pouvait se terminer que sur une… relégation, celle de 1979 qui scelle le sort du club pour les 30 années à venir. Après 24 ans au club, le recordman de matchs disputés avec l’équipe première (553) est prié de partir raccrocher les crampons sans même un merci. Les temps ont décidément bien changé à la tête du club…
Son fils Christophe, également arrière latéral, sera joueur du club dans les années 80.

Ubri pour pinte2foot !