Le 25 mai 1967 à Lisbonne, un groupe d’hommes a remporté le trophée le plus convoité du monde du football. Le Celtic bat alors l’Inter Milan pour remporter la Coupe d’Europe des clubs champions. 11 Ecossais dans l’équipe au début du match, tous nés dans un rayon de 50 kilomètres autour de Parkhead, fief du Celtic.
Le parcours des Lisbon Lions est intimement lié à celui de leur entraîneur.
Jock Stein débarque au Celtic à l’été 1965. Il n’est pas un inconnu ici. Né le 5 octobre 1922 à Burnbank en Ecosse, Jock Stein arrête l’école à 15 ans, devient mineur et s’engage avec le petit club de Blantyre Victoria, au sud-est de Glasgow. Puis il signe semi-professionnel dans le club de la ville de Coatbridge, les Albion Rovers. Il continue alors à mi-temps son travail à la mine. En 1950, à l’âge de 28 ans, il devient enfin professionnel à Llanelli Town au Pays de Galles. Mais l’aventure ne dure qu’une saison à cause de problèmes financiers du club et Jock Stein revient en Ecosse et signe au Celtic Glasgow.
Deux ans après son arrivée sur la pointe des pieds, il est incontournable et devient capitaine en 1954. C’est d’ailleurs cette année-là que pour la première fois depuis 1938, le Celtic remporte le titre de champion. Le club remporte aussi la Coupe d’Ecosse et réalise ainsi son premier doublé depuis 1914 (1).
Jock Stein devient entraîneur de l’équipe réserve du Celtic en 1957, une fois sa carrière de joueur terminée. Il obtient des résultats très satisfaisants, remportant notamment la Reserve’s Cup contre les rivaux des Glasgow Rangers. Mais il est protestant et il comprend que cela est rédhibitoire pour accéder au rôle d’entraineur principal.
En mars 1960, il quitte donc « son » club et part entrainer Dunfermline Athletic, une équipe du bas de tableau du championnat écossais. Très vite, il fait des miracles, remonte l’équipe dans le haut de tableau et remporte la Coupe d’Ecosse au printemps 1961 en battant en finale le Celtic Glasgow ! La saison suivante, il porte ses joueurs jusqu’en quart de finale de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe et se classe quatrième en championnat. Il se révèle être un meneur d’hommes, fin tacticien, toujours porté vers l’attaque. En 1964 Jock Stein signe à Hibernian FC (2), un club catholique, plus prestigieux et avec plus de moyens.
La consécration
Là-bas, il met en place les mêmes méthodes et cela paye. Il offre la Summer Cup, premier trophée depuis 10 ans. Bien sûr, la direction du Celtic n’est pas insensible à cette réussite. Mais il est catholique alors il lui est proposé d’être « seulement » l’adjoint de Sean Fallon, l’un de ses anciens coéquipiers. Jock Stein refuse. La direction du Celtic cède. Il devient entraîneur du Celtic au début de l’année 1965 sans même avoir passé une saison entière à Hibernian. Il avouera plus tard avoir toujours été gêné de cet état de fait (3).
En parallèle, il est nommé sélectionneur de l’équipe nationale. Son parcours au Celtic dure 13 ans et représente la réussite absolue. A tel point qu’il est même constaté une baisse d’affluence en championnat tant les victoires étaient routinières.
Dès sa première saison, Jock Stein la Coupe d’Ecosse contre équipe de Dunfermline qui avait battu Hibernian en demi-finale ! La saison suivante, le Celtic s’incline en demi-finale de Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe contre Liverpool FC et remporte le championnat écossais. C’est le ticket pour une saison 1966-1967 de tout les records.
Le Celtic remporte les 5 compétitions officielles dans lesquelles il est engagé : le championnat, la Coupe d’Ecosse, la coupe de la ligue, la Glasgow Cup et la C1. Et, record toujours actuel pour une équipe d’un championnat majeur, l’équipe marque 196 buts, signe d’une philosophie de jeu axée sur l’attaque.
La C1, créée en 1955 est alors plutôt dominé par les clubs italiens et espagnols. Le Celtic y arrive avec conviction et une ossature de gars du cru. Ce qui en aucun cas n’est une légende. En effet 14 joueurs de l’effectif sur 15 venaient d’un rayon de 16 kilomètres autour de Celtic Park. Seul Bobby Lennox, que Jock Stein avait signé avec Hearts, venait de Saltcoats, à environ 50 kilomètres. De plus, il s’agit, pour une majorité, de joueurs que Jock stein a formé lors de son premier passage au Celtic.
Le 28 septembre 1966, une foule de plus de 47 000 personnes afflue au Celtic Park pour regarder les Bhoys lancer leur aventure européenne au match aller du premier tour de la C1 contre le FC Zürich. Une victoire 2 à 0 avec des buts de Tommy Gemmell et Joe McBride donne le ton. Le match retour se termine sur le score de 3 à 0 pour le Celtic. Déjà, les fans suivent l’équipe. Ce qui a l’époque est fastidieux.
Au deuxième tour, le Celtic élimine le FC Nantes 1 à 3 à l’aller à Nantes et 3 à 1 au retour. Au tour suivant, le Celtic perd 1 à 0 en Serbie dans un match coupe-gorge contre le FK Vojvodina. Au retour dans un Parkhead en ébullition, les Bhoys font le travail et se qualifient après leur victoire 2 à 0, grâce à un but à la dernière minute de Billy McNeil. La nuit à Glasgow est interminable.
Le Celtic affronte l’équipe tchécoslovaque du Dukla Prague en demi-finale avec le match aller à Glasgow. Le Celtic gagne 3 à 1. Pour la seule fois de la saison, Jock Stein décide un dispositif ultra défensif pour le retour. Le plan fonctionne et le match se termine par un match nul et vierge. Les Bhoys sont en finale !
Sur le toit de l’Europe
L’Inter de Milan est la meilleure équipe européenne du moment, couronnée championne d’Europe à trois reprises au cours des quatre dernières saisons. L’entraineur argentin Helenio Herrera a mis en place le fameux catenaccio. Ainsi le match se profile comme une bataille tactique. Le panache écossais contre le pragmatisme, pour être poli, italien. Les Italiens possèdent dans leur rang des stars reconnues comme Mazzola et Facchetti.
Des milliers de fans écossais se déplacent. Par tous les moyens. Entre 10 000 et 20 000. Difficile à évaluer à cette époque. Tous n’ont pas de billet pour le stade (4). La légende dit deux choses. Que pour nombre d’entre eux, c’est la première fois qu’ils quittent Glasgow. Et que quelques-uns ne sont jamais rentrés en Ecosse. Le soleil portugais leur a plu.
Les joueurs italiens se moquent des Ecossais, de leur dégaine. Un joueur écossais raconte qu’effectivement, les Italiens apparaissent grands, élégants, bien coiffés. Les gars de Glasgow sont moins apprêtés, la plupart ont déjà perdu des dents. Dans le couloir, les Ecossais, vexés, entonnent un chant paysan. Les Italiens restent perplexes et sûrs d’eux, voire hautains. Les Italiens se moquent même du maillot de leurs adversaires qui n’a pas de numéro. Celui-ci est sur le short, devant et derrière. Ce qui est plutôt classe en réalité.
L’Inter est réputé pour sa capacité à protéger une avance de 1 à 0. C’est le score après sept minutes de jeu suite à un penalty, après que Jim Craig a taclé Renato Cappellini dans la surface. Comme prévu, l’Inter se replie. Les 56 000 personnes présentes assistent alors à une attaque -défense magistrale. Au final, Le Celtic aura 39 tirs au but et son gardien Ronnie Simpson n’aura à faire que deux arrêts.
L’inter conserve son avance jusqu’à la mi-temps. Les fans écossais s’époumonent. A la 63e minute, Tommy Gemmell égalise. Les Italiens s’avèrent incapables de modifier leur système de jeu défensif devant les coups de butoir écossais. A la 84e minute, Chalmers marque en reprenant un tir de Billy McNeil. L’impensable pour les Italiens se produit. On cherche encore la dernière fois que les Nerazzurri se font battre après avoir ouvert le score.
Au coup de sifflet final, les fans du Celtic se précipitent sur le terrain pour célébrer la victoire.
La plupart déterrent des mottes de gazon en souvenir. Certains tentent de démonter les poteaux. D’autres encore se disputent les poteaux de corner. C’est le chaos, bon enfant. A tel point que le capitaine Billy McNeill doit sortir du stade et revenir par une entrée de service pour se rendre à la salle de presse puis recevoir la coupe. Tandis que le reste de l’équipe reçoit les médailles dans le vestiaire.
« Il n’y a pas d’homme plus fier sur la Terre de Dieu que moi en ce moment », dit Jock Stein après le match. Il explique que gagner était important, bien sûr, mais c’est la façon dont l’équipe a gagné qui l’a rempli de satisfaction. « Nous l’avons fait en jouant au football. Un football pur, beau et inventif. Il n’y avait pas de restriction dans nos têtes. » Helenio Herrera lui-même salue le résultat comme une victoire pour le sport. En 13 ans avec Jock Stein, le Celtic accumule 10 titres de champion, huit coupes d’Ecosse, six Coupes de la Ligue. L’équipe atteint à nouveau la finale de la C1 en 1970 – perdant finalement contre Feyenoord.
Une génération dans l’histoire
Cette génération de joueurs à fait la gloire du club et est célébrée comme il se doit. Un film sur l’épopée 66-67 a été diffusé au cinéma, une statue aux abords du Celtic Park représente l’emblématique capitaine Billy McNeill soulevant la coupe, des parterres de fleurs figurent la victoire, les joueurs défilent chaque année sur la pelouse avant le match à la date la plus proche du 25 mai. Enfin le football total développé par l’entraîneur Jock Stein a selon de nombreux spécialistes préfiguré et inspiré le jeu flamboyant de la Hollande des années 1970.
Stein quitte le Celtic en 1978 avec les valises remplies de titres. Tout est parfait, il lui reste un seul défi : celui de réussir avec l’équipe nationale d’Ecosse. Il devient sélectionneur de l’Ecosse après la Coupe du monde 1978. Les choses sont plus compliqués que prévues : l’Ecosse ne se qualifie pas pour l’Euro 1980. Qualifiée pour la Coupe du monde 1982, elle perd en phase de poules. Elle ne se qualifie pas non plus pour l’Euro 1984. Jock Stein fait de la Coupe du monde 1986 son objectif.
Mais cet objectif-là, il ne l’atteindra pas. Le 10 septembre 1985, lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde contre le Pays de Galles, le temps s’arrête. Quelques minutes avant la fin du match, Jock Stein meurt au bord du terrain d’un arrêt cardiaque (5).
Jock Stein a sa une statue devant le stade du Celtic.
Robert le Bruce pour Pinte de Foot
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- Hibs entretient une rivalité traditionnelle locale avec l’autre grand club d’Édimbourg, Heart of Midlothian. Ce derby constitue l’une des plus anciennes rivalités du football mondial. Les deux équipes se rencontrèrent le jour de Noël 1875, Hearts l’emportant 1-0. Ce fut le premier match disputé par Hibs.
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- Pour la finale de la C3 à Seville en 2003 contre le FC.Porto, plus de 70 000 fans écossais se sont déplacés. Au moins la moitié sans billet de stade.
- C’est son adjoint, Alex Fergusson, qui le récupère dans ses bras. En 1983, Alex Fergusson avait mené le modeste club d’Aberdeen à la victoire en coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, et il avait sollicité Jock Stein pour accompagner le groupe, notamment en finale contre le Real Madrid.
Je me souviens de cette finale commentée par Thierry Roland qui se demandait si le bombardement incroyable des buts milanais allait finir par payer.
On a rarement assisté à un match autant à sens unique.
Les Nantais n’avaient pas pesé lourd. En 68, pour les Stéphanois, ce sera pire, une vraie boucherie, sous les yeux d’un arbitre assez complaisant.
Bel hommage à Jock Stein, mais je me permets de souligner trois petites erreurs:
– L’inter de Milan au lieu de l’Inter Milan
– L’Inter, avant cette finale, a été deux fois champion d’Europe, pas trois.
– Helenio Herrera n’était pas argentin (ou pas que).
Une question sur la prononciation de Llanelli. Les commentateurs de rugby prononcent régulièrement le nom de ce bled, Llanecli! C’est une bêtise ou non?
Merci Robert le Bruce! C’était ton dernier texte proposé. Et j’ai apprécié le choix de tes sujets. Même si tu préfères resté anonyme! Hehe
N’hésite pas à nous en proposer d’autres.
La victoire 67, la finale 70 face au Feyenoord, avec un groupe similaire. Tres fort…On peut ajouter deux demi-finales de c1 en 72 et 74. Perdues face à l’Inter et l’Atletico. Verano nous avait fait un texte sur Jimmy Johnstone et les Colchoneros. C’est l’eclosion de McGrain et de Dalglish evidemment.
Et en 72 ils se font baiser par l’arbitrage, à l’instar de ces Gladbach puis Standard eux aussi cocucifés par les pratiques souterraines de l’Inter. Sans quoi ils avaient l’envergure pour une troisième finale de C1 en 5 ans.
Et il y aurait même à redire de leur élimination en demi de C2 66 face à Liverpool?? Pas vu mais souvent lu qu’il y eût des décisions borderline aussi.
J’aimerais voir un jour leurs matchs face à l’AC Milan, édition 68-69, si quelqu’un a un lien??
Et la question du jour… Law ou Dalglish?
Leur bestiole dans le Loch Ness! Plus mythique, tu meurs.
Si j’étais écossais, je crois que j’aurais un faible pour Joe Jordan : le but décisif pour la qualif (pour eux historique) à la WC74, seul Ecossais à marquer dans 3 WCs consécutives, warrior toujours irréprochable, une dégaine unique..et même un footballeur plus accompli que ne pourraient laisser croire les images d’Epinal.
Dans l’absolu pas leur meilleur joueur bien sûr, ni le plus gros palmarès, ni.. Mais fin des fins, c’est peut-être bien lui qui aura été globalement le plus en vue?? Etre parvenu, comme il fit, à mener l’attaque écossaise trois WCs durant, quand on considère tous leurs phénomènes dans ces années-là (dont d’ailleurs beaucoup furent incompréhensiblement comme snobés en équipe nationale) : c’est très fort!
Dans les années 60, parmi le nombre incalculable d’Ecossais de talent, j’ai un faible pour Jim Baxter. Gaucher créateur de Rangers. Malheureusement une carrière gâchée par la bibine.
Je vais citer ce passage de l’article : « « Nous l’avons fait en jouant au football. Un football pur, beau et inventif. Il n’y avait pas de restriction dans nos têtes. » Helenio Herrera lui-même salue le résultat comme une victoire pour le sport. »
Pour ce que j’en ai vu c’est vrai, on ne peut pa s dénier cela à Jock Stein : foot offensif et généreux!, avec bien moins d’ambigüités ni concessions que chez leurs contemporains d’Ajax (lesquels sous Michels, et ce leur fut d’ailleurs parfois reproché à l’époque, jouaient de manière volontiers négative en déplacement ou sitôt l’avantage acquis).
Et cependant, à en croire l’Histoire pour les nuls : c’est Ajax qui aurait sauvé le foot (pas même européen mais carrément mondial), le sortir de l’ornière du calcul, du Catenaccio, de la brutalité, du vice etc..??? Le tout sans jamais le moindre mot pour ce Celtic?
Lol.
Merci pour ce texte,
Quelqu’un sait pourquoi à l’époque (et pendant longtemps encore) le Celtic ne portait pas de numéro sur le dos mais un énorme devant sur le pantalon, côté gauche ? (superbe maillot, au passage)
Devant et derrière le short.
Je n’en ai pas le fin mot, hypothèses persos donc : l’air de rien peut-être, l’Ecosse était à la pointe rayon marketing footballistique. Les premiers noms de joueurs sur les maillots, pour l’Eurofoot du moins : ben il me semble que c’est chez eux par exemple.
Bref : une façon comme une autre de se différencier? Même époque, autre club qui s’employait alors à bousculer les codes, les révolutionner même : Leeds! Eux, c’est sur les chaussettes qu’ils imprimèrent les numéros des joueurs :
https://pbs.twimg.com/media/CFjcavEWMAAd93o?format=jpg&name=medium
C’est aussi la décennie des attributions délirantes (mais souvent âprement négociées!) de numéros, NL, Argentins.. Le foot changeait très spectaculairement, frénétiquement même.. ==> Je mettrais intuitivement cette coquetterie sur ce compte-là.
En cherchant l’explication, je réalise que mon hypothèse est foireuse! 🙂
C’est que, punaise : on peut remonter loin comme ça, avec ces numéros sur leurs shorts.. Tout début 60’s c’était déjà le cas! Je donne ma langue au monstre du Loch Ness.
Sur l’article wikipedia, version anglaise (mais traduit avec DeepL) :
À partir de 1945, les maillots numérotés sont peu à peu utilisés dans toute l’Écosse, avant de devenir obligatoires en 1960. À cette époque, le Celtic est le dernier club britannique à adopter l’utilisation de numéros sur la bande de l’équipe pour identifier les joueurs. Le président traditionaliste et idéaliste du Celtic, Robert Kelly, ne voulait pas que les célèbres cerceaux verts et blancs soient défigurés et le Celtic a donc porté ses numéros sur les shorts des joueurs[12]. Cette tradition inhabituelle a survécu jusqu’en 1994, bien que les maillots numérotés aient été portés dans les compétitions européennes à partir de 1975[12]. [La tradition du Celtic de porter les numéros sur les shorts plutôt qu’au dos des maillots a pris fin lorsque la Scottish Football League a demandé au Celtic de porter les numéros sur ses maillots à partir du début de la saison 1994-95. Le Celtic a réagi en ajoutant des numéros sur le haut de ses manches, mais quelques semaines plus tard, les autorités du football ont ordonné au club de les attacher au dos de ses maillots, où ils apparaissaient sur une grande tache blanche, rompant ainsi avec les cerceaux verts et blancs
L’Inter arrive en finale au bout du rouleau. Elle a perdu toute l’avance qu’elle avait sur la
Juve en championnat en enchaînant 5 matchs sans victoire, elle doit jouer un match d’appui au couteau pour éliminer le CSKA Sofia. Une victoire contre ce Celtic aurait été miraculeux. C’est le gardien Sarti qui la sauve pendant l’essentiel du match avant de capituler. Ce même Sarti qui réalise une boulette énorme contre Mantoue en clôture de championnat, offrant le titre à la Juventus, cf. l’article sur ce site-même.