Tanabata – Les Pompiers de Sendai (Bonus)

Mais pourquoi ? Pourquoi donc ? Pourquoi dans le Yurtec Stadium de Sendai y a-t-il une photo de ce qui semble être une équipe de France arborant fièrement l’emblématique maillot arqué de rouge de la Coupe du monde 2006 ? Qui sont ces joueurs au visage au visage juvénile et à première vue difficile à reconnaître ? Quand a été prise cette photo ? A quelle occasion ? En somme, que fait donc cette sélection française dans le nord-est du Japon, sur la pelouse du Vegalta Sendai ?

Alors mettons fin déjà au suspens : non. Contrairement à ce que laisse penser le putassier titre de cet article bonus de la série Tanabata, il ne s’agit pas d’une équipe de France des pompiers. Nul doute que cela a existé un jour. Mais il s’agit ici en réalité d’une petite private joke, d’une référence à la petite enquête qu’a mené la rédaction de Pinte de Foot pour découvrir ce qui se cache derrière cette photo d’équipe. Car celle-ci est pour le coup bien réelle. Comme nous l’avions déjà évoqué, se balader dans les travées du Yurtec Stadium peut s’apparenter à visiter un petit musée où sont exposés divers objets, traces de ce qui s’est passé dans ce stade. La surprise fut bien sûr de taille lorsque nous sommes tombé sur ce magnifique maillot français de l’année 2006, accompagné d’un fanion de la Fédération Française de Football et donc d’une photo d’une équipe… Dont nous peinons dans un premier temps à identifier les protagonistes. Le temps de la stupeur laisse alors place à la réflexion et aux hypothèses. Et l’hypothèse des soldats du feu amusa tellement les rédacteurs que l’équipe gagna vite le surnom de « Pompiers ».

Petit voyage « scolaire » pour les jeunes français qui découvrent le protocole à la Japonaise.

Cela dit, « inconnus », c’est vite dit. Les plus attentifs de nos lecteurs auront peut-être reconnus de tout jeunes Morgan Schnederlin, Younousse Sankharé ou David N’Gog. Nous sommes le 2 septembre 2007, et la France s’apprête à affronter le Brésil. En Coupe du monde ? Non. Dans un tournoi de catégories de U18 : la Sendai Cup.

Un an après la Coupe du monde 2002, qui a vu l’équipe nationale d’Italie avoir son camp de base dans la ville, la municipalité de Sendai, la Fédération japonaise de football ainsi que la Ligue du Tôhoku décident de s’associer pour organiser un tournoi commémorant le passage des Azzurri dans la région. Un tournoi qui permettrait aux jeunes footballeurs locaux et régionaux de se confronter à des joueurs d’un potentiel grand calibre. La Sendai Cup est un mini-championnat où quatre équipes s’affrontent sur une période d’une semaine. Pour la première édition, une sélection de lycéens originaires de la région du Tôhoku est formée et participe au tournoi. Elle est rejointe par l’équipe U18 du Japon. Enfin, sont conviées la sélection U18 d’Italie, en hommage à la récente Coupe du monde, ainsi que la sélection U18 du Brésil, en référence bien sûr au sacre de la Seleção. Les jeunes Brésiliens imiteront d’ailleurs leurs ainés en s’adjugeant la première Sendai Cup devant le Japon, l’Italie et la sélection du Tôhoku

Le plateau sera identique en 2004 mais verra cette fois une victoire de l’Italie. Une Italie qui, l’année d’après, déclinera l’invitation et sera remplacée par la Croatie pour cette seule édition 2005. Puis en 2006, fort du prestige acquis par son parcours en Coupe du monde, c’est l’équipe de France qui devient le représentant européen du tournoi. Une France qui échouera à la seconde place derrière le Brésil pour sa première participation… avant de prendre sa revanche l’année suivante en 2007. Portée par des joueurs comme Morgan Schnederlin, Djamel Bakar, Yohan Mollo ou Jérémy Pied, la sélection française s’impose dans le match décisif face à la Seleção par des buts du même Schnederlin, de David N’Gog et de Younousse Sankharé. Et un, et deux, et trois zéro ! La France ajoute son nom au palmarès.

L’équipe de France qui prendra d’ailleurs part à toutes les autres éditions de la Sendai Cup. Mais 2007 fut aussi la dernière édition où une sélection de lycéens du Tôhoku fut engagée, remplacée par la Corée du Sud les deux années suivantes, puis par la Chine en 2010. Ainsi, toutes les équipes participantes sont des sélections nationales, ce qui donne à la Coupe un petit prestige parmi les tournois U18, et une bonne opportunité à notamment aux jeunes Nippons de se confronter à des joueurs de haut niveau en préparation de la Coupe d’Asie des moins de 19 ans.

Edition 2009, le Japon rencontre la France et son improbable maillot rouge…
Score final 3-3

Malheureusement, l’édition 2010 sera la dernière de l’histoire de la Sendai Cup. Comme on peut s’en douter, le tournoi fait partie des dommages collatéraux du Grand tremblement de terre de 2011. Annulé cette année-là, la municipalité de Sendai a naturellement d’autres priorités et n’inscrit pas l’organisation du tournoi dans son budget de l’année 2012. Les années suivantes, la reprise de ne sera jamais mise à l’ordre du jour. Ainsi s’éteint tristement la Sendai Cup, un tournoi qui n’aura il est vrai jamais rempli le Yurtec Stadium. Il faut dire que l’achat d’une place pouvait s’avérer être un parcours du combattant et passait notamment par l’envoi de plusieurs… fax ! Néanmoins, au terme de huit éditions, un petit palmarès a pu se former : six éditions remportées par les Brésiliens, une par la France et une par l’Italie. Le Japon détient le record de médailles d’argent avec quatre deuxièmes places.

Mais ?.. On le connait lui ! C’est le gendre de Silvio Berlusconi !

Il est toujours amusant lorsque l’on parle de tournois de jeunes de regarder la liste des joueurs ayant participé. Bien sûr, on en trouvera beaucoup par lesquels sont passés de futurs bons joueurs. Cela dit, la Sendai Cup, sans être le tournoi le plus prestigieux du monde, a tout de même attiré des sélections de renom qui l’ont pris suffisamment au sérieux pour qu’on puisse y voir des futurs professionnels. Voici une liste non exhaustive :

Brésil : Diego Alves ; Luiz Adriano ; Lucas Leiva : Denilson ; Alexandre Pato ; Douglas Costa ; Oscar
France : Kévin Monet-Paquet ; Anthony Modeste : Gary Bocaly ; Younousse Sankharé ; Damien Le Tallec ; Sébastien Corchia ; Yann M’Vila ; Emmanuel Rivière ; Gaël Kakuta ; Yaya Sanogo ; Francis Coquelin ; Yanis Tafer
Italie : Emiliano Viviano ; Marco Motta ; Andrea Masiello ; Domenico Criscito ; Alessio Cerci
Corée du Sud : Kim Young-kwon
Japon/Tôhoku : Shinji Kagawa ; Keisuke Honda : Atsuto Uchida ; Yoichiro Kakitani ; Genki Haraguchi ; Gôtoku Sakai ; Takashi Usami ; Wataru Endô

PDF de la feuille de match de Brésil 0/3 France
Composition de la France :
16 : Willy Maeyens ; 2 : Loïc Abenzoar ; 3 : Younousse Sankharé ; 5 : Léo Schwechlen ; 12 : Christopher Glombard ; 13 : Samuel Souprayen ; 8 : Morgan Schnederlin ; 10 : Djamel Bakar ; 7 : Jeremy Pied ; 9 : David N’Gog ; 18 : Yohan Mollo
Remplaçants :
1 : … ; 4 : Lamine Koné ; 14 : Loïc Nestor ; 6 : Distel Zola ; 11 : Dylan Duvantru ; 15 : Quentin Bernard ; 17 : Karim Aït Fana

Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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5 réflexions sur « Tanabata – Les Pompiers de Sendai (Bonus) »

  1. Merci Xixon! Récemment, j’ai découvert le tournoi Kōshien de base ball qui semble etre une institution au Japon. Un tournoi de lycées aux allures de March Madness en NCAA suivi par toute la nation.

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    1. « Institution », le mot est bien choisi.
      C’est diffusé sur la NHK et tout…
      Y’a très peu d’équipes professionnelles au Japon, et la plupart sont des équipes de marques (genre à Sendai, l’équipe s’appelle Rakuten Golden Eagles…). C’est dur de s’y attacher vraiment. Alors que les lycées… Je pense que c’est pour ça que le Koshien a une telle popularité

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      1. Oui, j’ai vu quelques images. Les familles se transmettent la passion pour un lycée. Une expérience plus locale que des gros clubq désincarnés.
        Merci pour cette belle série Xixon!

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  2. A la première vision de la photo j’avais cru a un canular (ou à une bonne vieille équipe PES sans licence), mais il est vrai qu’avec un regard attentif, certaines connaissances finissent par émerger.
    Je suppose que la feuille de match de la fin est celle de la photo de couverture ?

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