Il détient le record d’affluence dans le championnat tchèque mais n’est plus utilisé depuis de nombreuses années. Le stade Brno, 50 000 places, raconte l’histoire du club avec ses quelques hauts et surtout ses bas.
27 juin 2015 : Petr Švancara, attaquant baroudeur du football tchèque (447 matches de championnat, dont 325 en première division), met définitivement fin à sa carrière en organisant un jubilé dans le stade Za Lužánkami de Brno, ville où il a fait ses premiers pas de footballeur. Sur le terrain s’affrontent des gloires locales du football et du hockey tchèques, devant 35 000 spectateurs. Le match aurait pourtant pu ne pas avoir lieu à cet endroit, car le stade était totalement à l’abandon quelques mois plus tôt. Pour le remettre en état, Petr Švancara a pu compter sur l’aide de supporters locaux, mais pas celle de la ville, qui ne veut plus investir dans un stade démesuré. Le stade Za Lužánkami est le plus grand stade de football du pays, avec 50 000 places (6 500 assises, 43 500 debout).
L’enceinte a été construite entre 1949 et 1953, après une première tentative dans les années 1930, abandonnée faute de moyens. Le 5 novembre 1953, un match amical est organisé pour inaugurer la nouvelle enceinte. Le grand Dynamo Moscou de Lev Yachine est invité, mais il n’affrontera pas le Zbrojovka Brno. À la place, c’est une formation hétéroclite de mineurs des clubs d’Ostrava et de Kladno qui se présentent sous le nom DSO Baník. La rencontre est à sens unique et les Soviétiques l’emportent 5 à 0.
Mais l’essentiel est ailleurs. Brno, deuxième ville tchèque et capitale historique de la Moravie, s’est dotée d’un stade moderne, le plus grand de Tchécoslovaquie, et elle va en profiter. Le Zbrojovka y écrit les plus belles pages de son histoire, couronnées par un titre de champion de Tchécoslovaquie en 1978. En mars 1980, 52 000 personnes se massent dans les tribunes pour voir le club de Brno battre l’Eintracht Francfort en quart de finale de Coupe de l’UEFA (3-2). Un score insuffisant pour se qualifier après la défaite du match aller (1-4), mais le record d’affluence absolue pour le stade.
La gloire puis l’oubli
Mais si Brno n’est pas à la fête dans les années 1980, il revient sur le devant de la scène dans les années 1990, avec une troisième place dans le championnat tchèque en 1995. Et les fans en profitent pour battre le record d’affluence dans le championnat tchèque.
Le 2 octobre 1996, le FC Boby Brno, huitième au classement, reçoit le Slavia Prague, leader et tenant du titre. L’affiche est belle et 44 120 spectateurs assistent à un match nul (1-1) pas très emballant. L’essentiel est ailleurs. Le club bat son propre record d’affluence, qu’il avait établi un mois plus tôt lors de la réception du FC Petra Drnovice (victoire 4-1). Record qui en suivait un autre… C’est simple : entre 1994 et 1997, Brno affiche les cinq plus grosses affluences de l’histoire du championnat tchèque (la plus faible des cinq étant 28 695 spectateurs). Des chiffres qui ne sont pas près d’être battus puisque le stade le plus grand encore en fonction est celui du Slavia Prague, qui ne compte que 20 232 places. Ce soutien populaire permet notamment à Brno d’être invaincu à domicile lors de la saison 1996-1997.
Certes, le record de Brno est assez loin derrière le record du championnat tchécoslovaque, quand le Slavia et le Sparta avaient fait match nul 2-2 (décidément…) au stade de Strahov en 1965 devant 51 150 spectateurs. Mais c’est tout de même un exploit dans une ville nettement plus petite que la capitale et dont le club est loin de faire des étincelles. Les années 1990 sonnent toutefois le glas du stade Za Lužánkami. Les résultats moribonds du FC Boby Brno (qui retrouvera son nom FC Zbrojovka Brno en 2010), englué dans le ventre mou puis luttant pour son maintien en première division, finissent par lasser les supporters.
En 2001, la mairie décide d’abandonner le stade et de faire déménager le Zbrojovka dans le stade municipal, une enceinte de 10 200 places modernisée peu avant. Za Lužánkami dépérit peu à peu, des buissons poussent dans les tribunes, la pelouse se transforme en bosquet géant, et tout le monde semble oublier le vieux stade, jusqu’au jubilé de Petr Švancara. Mais si l’attaquant espérait faire avancer le chantier de remise à niveau du stade, il va rapidement déchanter. Les coûts estimés de rénovation de l’enceinte sont démesurés et la faible affluence dans le stade municipal, couplée aux mauvais résultats du Zbrojovka (qui s’est maintenu de justesse en 2015), n’incite pas à investir.
Des tentatives pour faire revivre le stade
Mais les initiatives des fans pour donner une cure de jouvence au stade connaissent un rebondissement inattendu en 2016, chez leurs voisins du hockey sur glace… Car si le Zbrojovka Brno est à deux doigts de descendre en deuxième division (ce qu’il fera en 2018), ce n’est pas le cas du Kometa Brno, le club de hockey de la ville. Les Comètes, qui avaient outrageusement dominé le championnat tchécoslovaque dans les années 1960 (11 titres de champion entre 1955 et 1966), semblent soudainement renaître et viennent d’atteindre le dernier carré des play-offs deux saisons de suite.
Une idée folle naît chez certains fans, bientôt relayée par le club lui-même : l’organisation de matches de hockey en plein air, juste à côté du stade Za Lužánkami (précisément là où se trouvait l’ancienne patinoire), façon Winter Game de NHL. L’endroit revit pour quelques jours et quelques matches de championnat. Et le 8 janvier 2016, la rencontre entre le Kometa Brno et le Sparta Prague attire 21 500 spectateurs dans des tribunes amovibles. Brno l’emporte (4-2), le stade provisoire vibre… et puis plus rien.
Les tribunes sont toujours désespérément vides et les initiatives pour faire revivre le stade sont désormais au point mort. Mais Brno peut se targuer de détenir les records d’affluence du championnat de football et de hockey sur glace en même temps. Ce qui est peut-être unique au monde.
Le stade du Strahov contient la surface de 9 terrains et n’est pas vraiment comparable. À Brno, la ville pourrait utilement s’inspirer des examples de l’ex-RDA où Dresde, Magdebourg et Rostock ont rasé leurs anciens stades de 25000 à 40000 places et construit des enceintes modernes de 25000 à 30000 places (celle de Dresde est un petit bijou) toujours bien remplies, pour des coûts unitaires de 50-80 M€ qui finissent toujours par se trouver pour ce genre de projet.
Le stade de Strahov était prévu pour les Spartakiades et pas pour le football. Et il sert désormais de centre d’entraînement pour le Sparta.
Doux Jesus, comment peut-on avoir l’idée de nommer un club « FC Boby »?! C’est la lose garantie.
Parce que c’est la lose, ça : https://www.youtube.com/watch?v=hVEk1wiUxa0 ?
Oui
Je suppose que tu vas préférer ce genre d’horreur : https://www.youtube.com/watch?v=HS-L4UAmuFI
Alors le nom est nul, mais quand tu sauras pourquoi ils se sont appelés comme ça tu trouveras ça encore plus nul !
En 1991 le club est racheté par Lubomír Hrstka, un ancien hockeyeur. Le surnom du bonhomme est « Boby », alors zou ! ce sera le nom du club !
Pas mégalo pour un sou, Boby ouvre en 1993 un complexe hôtelier avec discothèque et magasins, qu’il nomme Bobycentrum. Son projet a fait faillite à la fin des années 90 (2 milliards de couronnes de dettes, soit pas loin de 84 millions d’euros. Il ne faisait pas les choses à moitié ce cher Boby).
Ja genau
À Brno, on peut voir le seul Spielberg à avoir bien vieilli…
Au fait, a t-on le nom de l’architecte qui a commis cette horreur, de ce Rose Bowl coco cheap?
Tu veux dire Špilberk? 🙂
Le seul intérêt de cette forteresse c’est son aspect historique car la Gestapo s’y est installée pour torturer tranquillement. Et le parc autour est très agréable et bien sympa pour courir.
Le vrai Rose Bowl coco, presqu’aussi grand que l’original et avec des tribunes de formes très voisines, était l’ancien Zentralsradion de Leipzig. Il y avait aussi le Sztadiôn Marzsâl Plekszy-Gladz à Szohôd dont on va parler sur p2f d’ici une grosse dizaine de jours, mais ceci est une autre histoire.
Punaise, tu m’as eu pendant 3 secondes quand même, bravo.
Je viens de voir que le Kometa Brno était le champion en titre. Y’a une rivalité avec Kladno, l’équipe de Jagr?
D’ailleurs, quelle est la personnalité de Jagr? J’ai souvenir qu’il avait assez souvent des confrontations avec ses clubs en NHL.
Je le trouve beau ce stade sur la dernière photo. Abandonné avec peut-être des jeunes squattant le terrain, en s’imaginant soutenus par des milliers de spectateurs.
Il n’y a pas de rivalité avec Kladno car Kladno n’a pas les moyens de rivaliser avec quiconque. Ils jouent le maintien et c’est déjà assez compliqué pour eux.
Kladno est une ville des alentours de Prague, donc elle n’a aucune raison d’avoir un antagonisme avec Brno.
Le principal rival des Kometa c’est le Sparta Prague parce que Brno, en tant que capitale de la Moravie, a constamment besoin de se mesurer avec la capitale du pays. C’est Bohême contre Moravie et c’est assez marrant. Au fur et à mesure que les tours de play-offs avancent, les supporters des clubs éliminés se trouvent une équipe à soutenir parmi celles qu’il reste. Et on a un antagonisme global Bohême-Moravie sur l’ensemble du pays (la Silésie est avec la Moravie quand Třinec est en forme).
Jágr est connu pour être un sportif formidable et un con hors du terrain. Il a mis sa carrière sportive au cœur de tout, sorti de la glace il n’a pas grand-chose dans le ciboulot. Entre ses réguliers changements de nanas et son accident de la route (où il était fautif) après lequel il a fait de la pub déguisée pour sa voiture (qui est son sponsor), c’est l’exemple typique du sportif qu’on n’admirera pas pour autre chose que son talent sportif !
C’est un peu l’image que j’avais de Jagr. Une légende du sport mais un keke de première.
Le Jagr vient juste de dépasser Gretsky au nombre de buts marqués en carrière. À presque 51 piges.