par Impossible ne pas évoquer les déboires de la sélection nationale allemande : la Deutsche Nationalmannschaft ou la parenthèse désenchantée. On attendait la Nationalmannschaft sur ses deux rencontres amicales de septembre (Japon puis France) et on n’a pas été déçu.
Samedi soir, dans la continuité de leur dernière victoire au Qatar en Coupe du monde (1-2), c’est le Japon et ses Samourai Blue qui se sont imposés à Wolfsbourg sur un score sans appel qui a cette fois donné à cette nouvelle défaite allemande des allures de véritable humiliation (1-4). Côté allemand, on retient le jeu offensif insipide, une cascade d’erreurs défensives, une composition bancale et hélas sans surprise (Schlotterbeck latéral gauche, Kimmich latéral droit et Havertz en pointe), tous les ingrédients étaient réunis pour une déroute du 4-2-3-1 aligné. Alors que les Japonais ont proposé un football solide, classique mais pas non plus révolutionnaire, s’appuyant sur un collectif en place, une défense compacte et des buteurs venus de Düsseldorf (Tanaka) ou Bochum (Asano), deux monstres du football allemand actuel… Comme un terrible aveu de faiblesse d’une sélection qui n’en finit plus de déchanter et qui est sortie sous les sifflets de son public. Une bronca rarissime.
Et histoire de faire de cette débâcle une vraie coquetterie, le sélectionneur s’autorisait juste après Allemagne-Japon (1-4) une sortie lunaire, « Je pense que nous faisons du bon travail et je suis le bon entraîneur. »
Dimanche, la Fédération allemande de football a enfin pris la décision qui s’imposait en démettant le sélectionneur Hansi Flick et son staff avec effet immédiat. Une première en 123 ans d’existence. La crise est là et bien là. Et comme un symbole de l’inexorable chute du football outre-Rhin, ce même dimanche l’Allemagne devient pour la première fois de son histoire championne du Monde de basket-ball.
Mardi, ce donc les intérimaires Rudi Völler (directeur sportif de la sélection), Sandro Wagner et Hannes Wolf (directeur sportif pour la jeunesse, la formation et le développement de la DFB) qui ont pris place sur le banc à Dortmund pour affronter l’Equipe de France coachée par Didier Deschamps. Drôle de retrouvailles pour Deschamps et Völler, ex-coéquipiers vainqueurs ensemble de la Ligue des Champions sous le maillot de l’Olympique de Marseille, le 26 mai 1993 au stade olympique de Munich.
Et ce qui est dingue, alors qu’avec le groupe sélectionné pour cette séquence internationale, il n’y avait finalement qu’assez peu d’options radicales à proposer face aux Français, l’Allemagne a pourtant battu le vice-champion du Monde au terme d’un match peu emballant, joué sur un petit rythme (2-1). Difficile d’en tirer des conclusions d’autant que la France alignait majoritairement ses réservistes. Seuls Heinrichs (un vrai latéral, jouant comme un latéral, même si ce droitier était positionné côté gauche, faute de profondeur de banc), et à un moindre degré ter Stegen, Tah et Müller ont marqué des points.
A la recherche du bon sélectionneur pour l’Euro
A neuf mois du début d’un Euro qui se dispute en Allemagne, l’attente est aujourd’hui forte quant au profil du nouveau sélectionneur. Alors que se profilent déjà les prochains amicaux (USA le 14 octobre et le Mexique le 18 octobre) d’une tournée américaine, difficile d’imaginer la Fédération capable de se renouveler dans les 10 jours qui viennent alors qu’elle n’en a pas été capable après les débâcles continues de ces dernières années (Russie 2018, Qatar 2022). Et pourtant il va falloir se résoudre à créer un électro-choc, seule option raisonnable pour essayer de se donner une chance de sortir des poules d’une compétition jouée à domicile !
Si, Julian Nagelsmann, coach dogmatique, a le profil du sauveur potentiel, s’y risquera-t-il, lui l’entraîneur de club qui est le favori de cette succession inattendue ? Si cette option peut coûter chère à une Fédération désargentée, le Bayern pourrait faciliter un rapprochement qui allégerait sa masse salariale des 6,5 millions d’euros que Nagelsmann touche encore à l’année. Des voix militent pour le maintien en place des intérimaires, une option qui a l’avantage du statu-quo si cher aux politiciens de tout poil (et donc à ceux de la fédération) mais qui ne règle rien sur le long terme, alors que d’autres voix poussent pour des profils plus pragmatiques, au caractère plus trempé dans une logique de courte mission (sont évoqués les noms de Sammer, Magath, Matthaüs, Küntz voir van Gaal qui serait alors le premier non allemand sélectionneur). Réponse dans les jours à venir.
Quoiqu’il en soit, et la majorité de la presse s’accorde sur ce point, cette déroute face au Japon marque la fin d’un règne long de 17 ans, le crépuscule d’une dynastie dirigeante, originaire du sud-ouest de l’Allemagne qui était composée des « Klinsi (Jürgen Klinsmann), « Jogi » (Joachim Löw), » Oli » (Oliver Bierhoff) et autre « Hansi » (Hans Dieter Flick). Et le choix du prochain sélectionneur d’un pays composé de 16 Länder pourra aussi s’analyser avec cette grille de lecture.
L’Allemagne déçoit depuis plusieurs années, c’est ça qui inquiète. L’équipe est faible, désorganisée et les joueurs sont mentalement très friables, sans esprit de révolte. Lors de la crise du football allemand à la fin des années 90 début 2000, le problème était principalement un style de jeu obsolète, qui avait bien fonctionné durant les années 80 et 90, venant d’une formation allemande en retard sur tous les plans.
Low a voulu imiter le jeu de l’Espagne, tel un plagieur sans idées ; je n’ai jamais compris pourquoi il s’était obstiné en 2014 à faire jouer Lahm milieu défensif, Mustafi arrière droit, Klose sur le banc et ce jusqu’en huitièmes.
En 2018, je crois que ce fut une caricature du football de possession inutile et d’une défense bien trop haute qui se faisait poutrer à chaque contre-attaque un peu rapide.
Également, le manque de vrai capitaine depuis Schweinsteiger se fait ressentir dans les moments difficiles. Avant, sous Matthaüs, Klinsmann ou Ballack, tu savais que même si l’Allemagne jouait mal et était dominée, elle pouvait te planter à la dernière minute. Lorsque je vois des joueurs comme Kimmich, Rüdiger ou Sané, j’ai la sensation de mecs qui coulent dès que le bateau commence à tanguer…
Constat partagé !
Ce n’est pas une équipe, pas de ligne directrice forte, une identité de jeu évanouie, des compositions paranormales
des leaders aux abonnés absents, au charisme plat, conséquence directe de ces sélectionneurs qui ont coupé la tête de tous ceux qui avaient du caractère. Quand le management sportif s’inspire du management d’entreprise…Vaste sujet qui ne devrait pas manquer de faire réagir la communauté de P2F.
Des évidences footballistiques : pas de 9 dans la lignée de la grande tradition allemande, des couloirs désertés, pas de schéma tactique clair.
Le débat possession-jeu vertical peut aussi renvoyer aux principes de jeu inculqués dans les centres de formation puisque le football allemand s’est lancé dans un grand copier-coller de ce que la France avait fait (CDF & Clairefontaine).
On peut aussi observer que les clubs de Buli se sont lancés dans l’achat de nombreux jeunes joueurs étrangers en post-formation, ce qui a eu pour conséquence de limiter le temps de jeu offert à ses propres jeunes.
Enfin, la mainmise d’une génération de techniciens sur une période beaucoup trop longue. Devenus de vrais politiques, ils n’ont pas su/voulu lâcher le pouvoir.
Diversité et inclusion sont sources de richesse. Enfin, normalement. Le choix des individus aux postes clefs devient primordial en période turbulences. Et comme un clin d’œil, aujourd’hui, Andreas Rettig a été nommé nouveau directeur général de la fédération allemande. Expérimenté (60 ans, attention à la durée du plan pluriannuel qu’il ne manquera pas de mettre en place), il a derrière lui une solide carrière en club (Leverkusen, Fribourg, Cologne, Augsbourg, St.Pauli et Viktoria Köln) et avec un passage à la DFL. Il connaît donc le métier et ses arcanes. Certainement un bon gestionnaire et probablement pas un apprenti révolutionnaire.
En tout cas, si le football se joue toujours à onze, aujourd’hui ce n’est plus l’Allemagne qui gagne systématiquement à la fin.
Il suffit de voir le traitement réservé à Füllkrug, seul vrai n°9 de métier allemand que Flick n’a jamais aligné en titulaire… Parce que plus rustique et moins tendance que Gnabry ou Musiala. Et Hansi qui préfère faire jouer Havertz en pointe… Ah oui, il est soyeux Kai, quel toucher de ballon… Mais aucun impact devant le but adverse !
Les médias allemands ont à plusieurs reprises parler de la hiérarchie horizontale, truc à la mode dans les entreprises dites progressistes (avec tous leurs anglicismes pseudo-intellectuels), où il n’y a plus de vrais leaders et qui engendre des personnalités fades, sans aspérités et interchangeables.
Je crois que vous avez tout dit, merci pour vos échanges (et l’article, toujours au top, Rwano). J’apprécie cette critique des modèles managériaux, on remet trop rarement en question ce type de paramètre.
L’absence de caractère, ça fait un peu bateau, et cependant..ben je trouve qu’en Allemagne c’est violent, même les Allemandes s’en plaignent, lol : ils seraient devenus une bande de moules.. Dévirilisés en tout, l’indirect prime..un peu normal que ça finisse par rejaillir sur les terrains de foot, de jeunes mâles sociétalement châtrés ne peuvent faire des fauves.
L’avis d’un Jurgen Croy, qui nous fit l’honneur d’une interview, m’aurait intéressé, tiens.. D’évidence défiant de cette époque et de certaines doxas, pas sûr qu’il se retrouve beaucoup dans cette équipe..
Merci Rwano! C’est une sale période pour l’Allemagne avec des jeunes qui semblent galérer à passer le cap international.
Tu parles de la mainmise du sud-ouest sur le foot allemand mais quel est le Lander ayant fourni le plus la sélection? En Espagne, c’est le Pays Basque par exemple…
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le centre de gravité du foot allemand est dans le Sud-Ouest et à l’Ouest : Rhénanie-Palatinat, Rhénanie du Nord-Westphalie, et région de Francfort (sur le Main, maintenant que celui sur l’Oder fait partie du même pays). La densité de clubs y est la plus élevée et les ligues amateur y sont les plus compétitives (ça se voit jusqu’en haut de la pyramide, en D4). Si on ne regarde que la densité d’internationaux, on aura bien évidemment un gros pic du côté de Munich, mais il n’est pas représentatif de là où les futurs sélectionnés découvrent le ballon rond.
Je ne sens pas trop un pompier de la vieille garde genre Magath : le jeu a évolué depuis leurs grandes heures et ils auraient du mal à être au niveau tactique à l’Euro. Van Gaal me parait être une capitulation, surtout dans le contexte de rivalité historique entre Allemagne et Pays-Bas sur le terrain (et en dehors…) Il y a des choses qu’il ne faut simplement pas faire, comme nommer John Toshack entraîneur de Saint-Étienne, par exemple (oh wait…), et un sélectionneur néerlandais pour l’équipe d’Allemagne est de celles-là. Rudi Völler a déclaré avec énergie qu’il n’en avait justement plus assez, à 63 ans, pour la mission Euro. Je ne suis pas entièrement convaincu des qualités de meneur d’hommes de Nagelsmann – et il aura de plus du mal à gérer certains cadres du Bayern (hello, Manuel Neuer) qu’il a pu se mettre à dos avant son licenciement. Jürgen Klopp veut aller au bout de son contrat avec Liverpool, ce qui est un peu dommage. Personnellement, j’aimerais bien voir Christian Streich prendre l’équipe en main sur le long terme. Il a fait un si bon travail de fond à Fribourg qu’il mérite examen, mais est-il intéressé ?
Streich ? Encore un mec du sud-ouest (non, pas le Quercy, Verano), ça ferait jaser 🙂
Salut Alex. Je t’ai laissé un message sur le discord mais je pense que tu l’as pas vu. Ton texte sur les tueurs du Brabant est-il fini? J’ai du rater un truc sur le planning… Celui sur Goethals est destiné au centenaire de St Trond, non?
A plus
Ah oui, excuse-moi : pas accès où je suis, je communique d’un smartphone.
« Voir Naples.. » est achevé, prenez-le pour la date la plus immédiate.
« Tueurs » : fini dès que je sors d’hôpital.
« Saint-Trond » pas fini, non.
Sinon, quelles étaient déjà les prochaines dates? (navré d’empiéter sur P2F pour cela)
Je dois bien avoir un lapin dans mon chapeau.
Ok, merci. Désolé de t’embêter. Naples est deja programmé. On garde les autres pour plus tard. Repose toi bien!
Tu ne m’embêtes pas du tout!, bien plutôt moi qui fous (bien malgré moi) le bazar.
Quelle est mon autre date pour septembre, déjà? J’ai de la connexion et on m’apporte mon portable cet après-midi.
Alex. Rien sur le feu de ton côté!
Non, je pense que j’avais fait une erreur. Pour aujourd’hui, il y avait marqué Duel Pays Bas Belgique, alors que nous avions convenu de faire une serie mensuelle à partir de décembre. J’ai oublié d’enlever la date du 20 septembre. Pas de soucis. Tu n’as que Naples ce mois ci et il est deja programmé.
Ok cool, merci.