Rétrospective 2024 : nos moments de football de l’année

Voici notre site à la fin de la deuxième année pleine de son existence depuis sa fondation en septembre 2022. Entre bûche de Noël et vœux du Nouvel An, l’heure est au retour sur les douze mois écoulés. Comme l’an passé à pareille date, la rédaction a délibéré avec ce qu’il faut de rigueur, de boissons « lubrifiantes », et du zeste de mauvaise foi qui sied à tout footeux pour nommer les faits de notre sport favori qui l’ont le plus marquée en 2024. C’est parti !

Dans notre petit monde, l’événement marquant a été le passage à une cadence de publication trois fois par semaine. Après le sprint enthousiaste du rythme quotidien des débuts, nous avons pris l’allure de ce véritable marathon qu’est le succès à long terme – sans faire de compromis sur la qualité des textes, osons-nous espérer. Un autre moment fort a été le départ pour le Japon de Xixon qui y est désormais notre correspondant permanent. Chapeau, respect, et bonne chance : voilà P2F maintenant établi sur trois continents !

Sur la planète football, le retour sur 2024 ne peut pas ignorer les disparitions. Nombreux sont les noms célèbres, voire légendaires, qui ont rejoint le paradis du jeu : Mario Zagallo (5 janvier), Franz Beckenbauer (7 janvier), Gigi Riva (22 janvier), Andreas Brehme (20 février), Artur Jorge (22 février), Kees Rijvers (4 mars), Bernd Hölzenbein (15 avril), César Luis Menotti (5 mai), Karl-Heinz Schnellinger (20 mai), Sven-Göran Eriksson (26 août), Salvatore « Toto » Schillaci (18 septembre), Johan Neeskens (6 octobre), Helmuth Duckadam (2 décembre), et bien d’autres… En France, Jean Petit (23 janvier), Guy Van Sam (8 février), Yves Herbet (28 juin), Rachid Mekhloufi (8 novembre), ou encore Hassan Akesbi (9 novembre)… Et aussi, parce qu’il faut des dirigeants pour organiser et de grands sifflets pour arbitrer, Issa Hayatou (8 août) ou autres Heinz Aldinger (18 octobre).

Avec leur curiosité habituelle, nos rédacteurs n’ont pas manqué de saluer les beaux parcours, et pas seulement en terres connues. En Pologne, coup de chapeau au « petit » Jagiellonia Białystok, sacré champion pour la première fois (en 104 ans d’existence !) sous la férule d’un jeune technicien qui promet, Adrian Siemieniec. En République d’Irlande, mention au Shelbourne FC, entraîné par Damien Duff, qui remporte son 14e titre de champion avec dans ses rangs le latéral droit Sean Gannon, désormais le joueur le plus titré (11) de la Premier Division irlandaise.

En Belgique, le format baroque des play-offs nous a offert de belles émotions avec le triomphe du Club Bruges, seulement quatrième de la saison régulière, sur les « voisins » du Cercle à l’issue d’une dernière journée au suspense irrespirable. Au Portugal, un grand coup de corne de brume pour le 20e titre du Sporting, emmené par un irrésistible Viktor Gyökeres, coaché à la perfection par Ruben Amorim, et tombé en pleine crise depuis le départ de celui-ci pour Manchester United.

Puisque le propos nous conduit en Angleterre, les nostalgiques ont salué le retour en Premier League d’Ipswich Town, flamboyant vainqueur de la C3 1980-81. Dans la famille remontée, l’un d’entre nous annonce plus directement la (ses ?) couleur(s) : « L’accession en Liga de l’Espanyol. Je vois pas mieux (sic) en 2024. » Nos observateurs du football allemand se félicitent quant à eux du retour chez les pros de l’Alemannia Aachen, un ancien grand nom dont les 24 000 spectateurs de moyenne cette saison (en D3 !) rendent jalouses nombre de L1 françaises.

Toujours en Allemagne, impossible de rester insensible à la performance du Bayer Leverkusen qui est devenu le premier club à finir la Bundesliga invaincu, remportant en outre la DFB-Pokal pour un doublé à la barbe de l’ogre bavarois sans oublier de produire un jeu de grande qualité. Le syndrome « Neverkusen » de l’éternel second est chassé. Plus que 32 titres de retard sur le Bayern au palmarès, mais Lao-Tseu n’a-t-il pas écrit qu’« un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » ?

Du côté des sélections nationales, la Géorgie a été une bouffée d’air frais dans un Euro 2024 qui en avait bien besoin. Le sacre improbable de la Côte d’Ivoire à la CAN 2023, jouée en janvier-février de cette année malgré son nom, a également retenu notre attention. Au-delà des A, nous tirons aussi notre chapeau à l’équipe de France olympique de Thierry Henry qui s’est élevée à la hauteur de ces magnifiques Jeux de Paris. Avec une fraîcheur et un enthousiasme vraiment sympathiques, elle est passée tout près de renouveler l’exploit de ses aînés de 1984 lors d’une superbe finale perdue (3-5 a.p.) face à l’Espagne.

Notre plus grand coup de chapeau va toutefois à tous ces « lilliputiens » qui font souffler un vent de fraîcheur sur les terrains d’Europe. Heidenheim en C4, Gérone, Bologne, Brest, Stuttgart, voire Aston Villa en C1 sont autant de noms que l’on ne retrouve en général pas souvent, voire pas du tout, à ce niveau. L’Olympiakos n’est pas à proprement parler un « petit », mais sa victoire en C4 – premier trophée de club pour la Grèce – mérite mention. Son propriétaire, le sulfureux Evangelos Marinakis, est aussi l’actionnaire majoritaire de Nottingham Forest dont le début de saison phénoménal porte la brise du changement jusqu’en Premier League.

La roche Tarpéienne est proche du Capitole, et les flops ne sont jamais loin des tops. L’avis a été unanime pour désigner l’Euro 2024 comme l’un des pires de l’histoire – seule l’intervention des plus anciens, qui se souviennent de 1980, lui ayant évité la « médaille de plomb ». « Jeu » stéréotypé (si l’on ose utiliser le terme à ce niveau d’indigence), absence de grands moments, joueurs au bout du rouleau après une saison-marathon, manque d’ambiance compréhensible au vu du spectacle proposé, il ne manquait rien au livre noir. Comme en 1980, la seule équipe à proposer du jeu a tout de même (et justement) été récompensée.

Sur les fronts intérieurs, notre spécialiste des pays de l’Est épingle aussi le Dynamo Moscou qui a laissé échapper son premier titre depuis 1976 en perdant à Krasnodar le match décisif. Nos germanisants décernent quant à eux leurs Gérard au Dynamo Dresde, coupable d’avoir failli à son public de légende en laissant échapper une montée en 2. Bundesliga qui lui tendait les bras, et au Lokomotive Leipzig, un autre grand nom de l’ex-RDA donné pour retrouver la D3 et qui a complètement manqué sa saison.

Les éternelles embrouilles financières des clubs belges, entre investisseurs douteux et instances incompétentes ou pire, font monter à la fois la moutarde au nez et la larme à l’œil de nos rédacteurs du plat pays. Le KV Ostende, le KMSK Deinze, et le SC Eendracht Aalst, piliers historiques de D1 et de D2, ont ainsi purement et simplement disparu cette année. Il n’est pas jusqu’au glorieux Standard de Liège qui ne navigue en eaux de plus en plus troubles, gravement endetté et à la recherche d’un hypothétique repreneur… Grandeur et décadence qui ne peuvent laisser de marbre quand on sait ce que la Belgique a donné à notre sport.

L’Hexagone n’a pas été épargné, avec la faillite des Girondins de Bordeaux qui a serré les cœurs parmi nous. Voir le héros des épopées européennes des années 1980, le tombeur du Milan en 1996 sur la route d’une finale de C3 perdue face au Bayern, le club d’Alain Giresse, de Bixente Lizarazu, ou de Zinédine Zidane s’échiner sur les terrains de National 2 ne peut réjouir personne. Souhaitons-lui un retour rapide dans le monde professionnel.

Celui-ci nous a offert un spectacle désolant avec la pantalonnade des droits TV. La folie des grandeurs – le milliard, le milliard ! – s’est fracassée sur le roc de la réalité d’un produit qui n’intéresse personne à l’étranger faute de résultats (la France, combien de Coupes d’Europe ?), d’un jeu attrayant (un Calcio des années 1970 au petit pied), ou d’une compétition serrée (le PSG, 10 ou 20 points de marge cette saison ?). C’est tout le football français, après avoir trop longtemps vécu au-dessus de ses moyens, qui va devoir se serrer douloureusement la ceinture et subir à court terme un déclassement inévitable. Toute ressemblance avec un contexte plus général, ou avec les causes de celui-ci, est bien évidemment fortuite.

Si l’octroi de la Coupe du monde 2034 à l’Arabie saoudite était aussi inévitable que regrettable pour la plupart d’entre nous, l’impact de la guerre à Gaza sur et autour des terrains n’en finit pas de faire discussion. Bunkérisation des matchs de l’équipe d’Israël ou annulation pour incapacité pure et simple à en assurer la sécurité, événements d’Amsterdam et leur instrumentalisation manifeste, véhémentes critiques envers l’UEFA accusée d’asymétrie de traitement en comparaison avec la Russie… les exemples ne manquent pas. Notre rédaction, comme d’autres, est divisée sur la question. Ce n’est pas le moindre mérite de ceux qui la composent que d’avoir su laisser une très large part de leurs opinions au vestiaire au moment de travailler ensemble à la plus grande gloire de notre site.

Voici 2025 qui pointe son nez. Sans Mundial ni Euro au programme, les regards seront fixés sur cette nouvelle Coupe du monde des clubs qui a tout pour réussir… ou pour échouer. Si la majorité parmi nous n’y voit qu’un tournoi en carton qui capotera vite, il y a ceux pour qui c’est au contraire la première étape d’une mondialisation du football de club qui pourrait à moyen terme détrôner la Ligue des Champions et peut-être même la « vraie » Coupe du monde.

Il y a un an à cette époque, nous souhaitions voir en 2024 des progrès dans les comportements, du beau jeu sur les terrains, et de nouvelles épopées de Petits Poucets comme notre sport préféré sait si bien les fabriquer. Notre vœu n’a été exaucé qu’en partie. Renouvelons-le donc et espérons que vous aussi, cher lecteur, trouverez l’inspiration pour réaliser votre rêve de foot le plus fou, que ce soit en five avec les copains ou lors de votre prochain match pro !

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9 réflexions sur « Rétrospective 2024 : nos moments de football de l’année »

  1. Parmi les disparus 2024, Humberto Maschio mérite une citation. Légende du Racing Club, un des carasucias 1957 vainqueurs le la Copa América avec Sívori, Angelillo, Corbatta et Cruz. Parti en Italie dans la foulée, tout comme Angelillo et Sívori, où il aura surtout profité de la vie avant de revenir au Racing pour y conquérir la Libertadores et l’Intercontinental 1967 en étant le meneur de jeu de la Academia.

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  2. « on sait ce que la Belgique a donné à notre sport. » ==> Je suis étranger à cette phrase! Je crois même n’avoir pas touché le moindre mot de ce football-là au stade du brainstorming. Alors je vais en toucher un mot maintenant : c’est un miroir aux alouettes, la Belgique actuelle des clubs..

    Leur ranking UEFA semble pouvoir se stabiliser à 14.000 points/saison, une moyenne de 5ème roue du carrosse européen, la place de la France en somme.. ==> Rapporté à la taille du pays, à ses droits-tv « rachitiques », à la concurrence des grands marchés autour.. : c’est très fort!

    Surtout : les clubs belges sont en train de liquider leurs saisons médiocres de 2021 et 2022, menaçant désormais directement les places pour l’heure occupées par les footballs portugais et néerlandais…………..mais!

    Ces bons résultats tiennent surtout à des résultats favorables dans des coupes en bois, C3 et C4..et sinon cela aux parcours du FC Bruges (particulièrement chanceux cette année).

    Et pour le reste? Surendettés, Dans le collimateur du fisc belge comme au bon vieux temps du Waterscheigate……. ==> Objectivement, pour ce qui est des coulisses, de la santé financière : ça pue la mort..pour 90% du spectre footballistique belge!

    Autre sujet, la WC saoudi.. Je crois avoir été la seule note discordante?? Zéro sympathie pour ce genre de régime, ni pour ce coin du monde, leur football même : m’en fous!..mais corruption, soft-power.. ==> Que leur reprocher que d’autres Gentils Organisateurs de WCs n’ont déjà fait avant eux? Tant de compétitions naguère organisées par nos belles démocraties furent de la sorte vérolées.. En la matière, l’Occident n’a de leçons à donner à quiconque.

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    1. Pour nous autres Occidentaux, nos logiciels datés, nos valeurs que l’on voudrait universelles, difficile d’admettre que les enjeux économiques et géopolitiques se déplacent vers le Moyen-orient. Va pourtant falloir s’y faire.

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      1. On n’oublie pas l’Argentine en 1978 : dictature militaire et matches truqués (voire même le mondial italien de 1934, mais là, c’est trop vieux !).

        À la tête de la patrie du tango, le général Jorge Videla a semé la terreur. Tout comme Pinochet au Chili, il a pris le pouvoir par un coup d’État en 1976 et a mis en place le concept de « Guerre sale » – inspirée des militaires français des guerres d’Indochine et d’Algérie – qui consiste à torturer et tuer toute personne soupçonnée d’opposition au régime. L’une des salles d’interrogatoire – l’École supérieure de mécanique de la marine – était d’ailleurs quasi mitoyenne du stade Monumental, où devait se dérouler la finale.

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  3. On pourrait joliment (et légitimement) ajouter aujourd’hui le « jubilé » de Jesus Navas avec Séville, événement marquant évidemment qui nous renvoie facilement à celui merveilleusement semblable de son frère, presque ici carrément son faux jumeaux et vrai rival Joaquin il y a deux ans, sur l’autre berge du Guadalquivir et sous les vivifiantes couleurs vertes et blanches du Betis…

    Trait d’union idéal et clin d’œil tout fait à l’Andalousie, Déesse doyenne du football espagnol qui durant cette année 2024 (fait à souligner également) a hélas vu trois de ses filles saluer la Liga en un seul coup: Cadix, Grenade et Almeria.

    Navas aujourd’hui disais-je, Joaquin hier et donc trois clubs sur trois relégués possibles la saison passée… la fin du temps des gitans.

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