Profession : masseur (2e partie)

Il suffit de se pencher sur les albums photos des équipes brésiliennes du passé pour mesurer l’importance des massagistas. En légende, le nom du soigneur, inconnu la plupart du temps, apparaît avec ceux des joueurs, comme s’ils étaient indissociables dans les cérémoniaux d’avant-match. Ceux ayant le bonheur d’exercer auprès de la Seleção accèdent à la postérité, immortalisés avec les campeoes et identifiables grâce à leur maillot orné de la lettre M. D’autres, essentiels à l’équilibre physique et mental de cracks d’autrefois, tombent dans l’oubli. Pinte de Foot a décidé de leur donner un coup de projecteur en commençant par la superbe illustration de cet article, l’œuvre de Pai Goozigooze, le massagista officiel du site !

De Macedo, on dit qu’il détient un privilège en forme de record : soigneur de Santos durant un demi-siècle, personne n’a vu jouer Pelé plus souvent que lui, au Vila Belmiro et dans les stades du monde entier où s’est produit le Peixe. Sur les instantanés d’époque, il est souvent accompagné de son adjoint Beraldo, un autre fidèle de Santos. Au fil des ans, Pelé et Macedo lient une amitié telle qu’O Rei lui confie l’exploitation d’une ferme lui appartenant.

Avec Pelé en 1959
Entre le coach Lula fumant et son adjoint Beraldo.
Avec Coutinho lors d’une tournée européenne. Il porte un maillot avec un E et non le M traditionnel des massagistas.
Le M pour Massagista et non Macedo.

Qui n’a jamais entendu parler de Pai Santana à Rio ? Boxeur comme Johnson, Nocaute Jack ou Mário Américo, il succède à ce dernier en tant que massagista de Vasco à partir de 1953 et l’assiste plus tard au sein de la Seleção. Santana développe son propre style où la massothérapie se mêle au mysticisme. Ses rites empruntent à l’umbanda – la religion afro-brésilienne qu’il pratique avant une conversion expresse à l’islam lorsqu’il soigne les Koweïtis dans les années 1980 – et à la sorcellerie. Très proche de Roberto Dinamite et Edmundo, vénéré par les torcidas de Vasco, il théâtralise la fonction de massagista comme personne avant lui.

Avec Bebeto
Une constante dans ses choix religieux : Vasco !

Denir, dit Pai Deni (Père Deni), ne peut-être dissocié de l’histoire de Flamengo et de la Canarinha dont il est le soigneur durant une dizaine d’années dans les années 2000. Désiré par le très exigeant technicien Claúdio Coutinho, Denir rejoint Fla au milieu des années 1970, quand le Mengão ouvre un des plus glorieux chapitres de son histoire avec Zico en maître du jeu. Il meurt en janvier dernier, à 75 ans alors qu’il travaille toujours pour Flamengo.

Avec une partie du staff de la Seleção en 2008.
Même les stars comme Gabigol Barbosa lui faisaient le baise-main, infiniment respectueux pour ce qu’il fut pour Flamengo.

Peut-être le moins connu de la liste, Abdias travaille dans la fin des années 1940 pour Bonsucesso, modeste entité vivant dans l’ombre des géants cariocas, tout en étant licencié au sein de la section cycliste du club. S’il assiste brièvement Mário Américo en 1957, c’est avec la Celeste qu’il connaît son plus grand succès : assistant massagista de Matucho Fígoli, il fait partie du staff uruguayen lors du Maracanaço.

A Oviedo en 1975, lors d’une tournée de Bonsucesso

Surnommé le Marajista (contraction de maharajah et massagista), Hélio Santos appartient à la grande histoire du São Paulo FC de Telê Santana dans les années 1990. Ancien défenseur latéral, il se reconvertit en tant que soigneur dans les années 1970 avec Ponte Preta puis avec le Tricolor Paulista. Il assiste brièvement Nocaute Jack avec la Seleção dans les années 1980.

A côté de Telê Santana

Une réflexion sur « Profession : masseur (2e partie) »

Laisser un commentaire