L’Empire des « Mister »
Suite et fin de notre micro-série consacrée aux coachs italiens un petit peu plus méconnus que la moyenne, comme bien cachés dans l’ombre des entraîneurs « Star » ou encore… semblant effectuer leur carrière dans l’incompréhension générale, parfois même dans l’insignifiance et alors, le plus souvent, dans l’anonymat le plus total. Encore que, ce dernier pouvant bien sûr, s’apparenter à un synonyme de bonheur… Série initiée avec le portrait, rapide et esquissé, de Stefano Pioli dans mon « Milan : Padre Pioli » du mois de mai dernier, édité quelques heures seulement avant le « Match Scudetto » opposant les « rossoneri » à Sassuolo… Série poursuivie ensuite avec mon texte « Nicola, Davide contre Goliath », présentant celui-ci les différents exploits, principalement les maintiens, miraculeux et inespérés, du coach piémontais… Évidemment, nombreux pourraient être les sujets, particulièrement transalpins, pouvant prétendre à un focus spécial, une rétrospective… un récit ciblé mettant en lumière une carrière loin des projecteurs. Ici Mondonico, Simoni, Mazzone… Là Bagnoli, Bigon… Guidolin ou Galeone… Si dans mon « Calcio, c’était le temps des fleurs », beaucoup ont eu leur minuscule quart d’heure de gloire, quelque part leur respectueux clin d’œil… difficile reste cependant la tâche de résumer les diverses et tumultueuses transhumances de tout ce petit monde ! Ainsi, c’est à travers trois figures seulement que j’ai décidé de satisfaire ici mon besoin de remerciements, pour la simplicité bien sûr, la pureté aussi… le caractère pastorale, presque pieux parfois… partagé pleinement par ces coachs paraissant pratiquement nos oncles des campagnes, nos cousins de vacances ! Un casting de trois figurants pour incarner la discrétion et l’humilité, valeurs devenues autant légendaires qu’une licorne et égarées, malheureusement, dans la poussière aveuglante dégagée par cette sorte d’horde sauvage que constitue la société moderne ! Pioli, Nicola donc… et alors dernier épisode maintenant, troisième topic qualifiable, à mes yeux en tout cas, de carrément incontournable ! Une fin de série avec comme vedette un « volet lombard », idéal pour venir refermer cette petite trilogie. Un « volet lombard » oui… Tout à fait ! Intime, charmant… intensément coloré et, par conséquent, complètement adaptable et compatible avec les façades chaudes de sa Toscane adoptive ! Enfin un volet, parfait pour la petite fenêtre s’ouvrant sur le monde et perchée tout là-haut, près d’un clocher d’église… De cathédrale peut-être ? Quoi qu’il en soit une fenêtre située ici sur le toit d’une Italie lui ayant ouvert ses portes, nous permettant ainsi d’assister à l’un des prêches les plus séduisant de l’histoire de son football ! Prêche ? Parfaitement ! En effet, derrière ce volet, aux abords de cette fenêtre… balcon de basilique ou voûte volumineuse d’un Dôme dominant la ville… apparaîtra inévitablement un prêtre ! Un Pape peut-être ? Et même pourquoi pas… le « Prophète du foot » de tout un pays ! Entraîneur à ses heures, philosophe avant tout… Savant fou ou poète… Enfin premier Empereur d’un nouvel « Empire Romain du football » ! Et surtout: du renouveau idéologique de celui-ci ! Epicurisme, esthétisme… Fièvre, fureur et effervescence : Prandelli, Ave Cesare !
Une entrée au Sénat sens dessus dessous !
Souverain pontife donc, gardien protecteur d’une certaine « Constantinople Calcistica » complètement perdue… Et carrément le « Ciel Père » ou « Dieu Tout Puissant » s’il le fallait ! Comparatifs à peine exagérés si ce n’est même : paraboles parfaites pour parler de celui qui aura réussi à convertir tout un football à l’usage d’une nouvelle pratique. Et quel football ! Le football italien ! Ses clubs, sa « Squadra »… et sa foule de « tifosi » sans cesse frileuse et à la réticence hélas facile lorsqu’il s’agit, ici de considérer comme vétuste son fauteuil confortable… et là de changer, de place ou d’étagère, une photo de famille ayant depuis longtemps obtenue le statut d’ « intouchable » ! Déco indémodable, meubles indéboulonnables et « bonnes vieilles habitudes » difficiles à déplacer… Immersion dans l’intérieur, les entrailles et alors aussi, très certainement : les traumatismes d’un football italien antique. Un football bien ancrés dans ses prestigieux vestiges, comme encastré pratiquement dans un socle de ciment ou encore, solidement enraciné dans ses convictions séculaires, ses traditions ancestrales… Transmission orale, héritage transgénérationnel et autres rituels sacrés associant atrocement, et absolument indiscutablement : le succès à la souffrance ! Psychologie sensible, perturbations sur la ligne… C’est dans les méandres de cette piste inhospitalière, entre déni typiquement méditerranéen et autre politique de l’autruche, que Cesare Prandelli est venu courageusement confronter l’italien amateur de « Calcio » (fin connaisseur assez souvent), à cette triste réalité que personne n’osait encore affronter : la « Squadra Azzurra » est assise sur une branche que le football moderne scie chaque jour un peu plus. Courageux disais-je à l’instant ? Si seulement cela suffisait mais ça, heureusement… Cesare le sait ! Ainsi, pourrions-nous aisément insister… plus que de courage, c’est aussi assisté d’une foi infaillible que Prandelli portera crânement sa croix, sur ce chemin sinueux et au travers de dédales jusqu’à présent dédiés au culte de la passivité ! Patiemment, avec persuasion et s’exprimant dans la seule langue commune à toutes les provinces : le football ! Sorte de latin compréhensible par tous et première religion du pays. Véritable messe du dimanche, la plus suivie forcément, la plus vénérée aussi et rassemblant ainsi, par définition, le plus grand nombre de fidèles ! Le football en Italie : un dialecte indélébile et au débit indubitablement imbattable ! Un patois aussi populaire qu’universel et parlé par toutes les tribunes : présidentielles, salles de presse… Des centres-villes jusqu’aux villages ! « Curva » et virages orientés à chaque point cardinal… Balcon de Juliette et balcon papal ! Forum, Colisée et Centurions… Cœur de Rome, Cinecittà et même fosse aux lions ! Pour conclure : cour de César, temple de Jupiter ou trône de Berlusconi… Grand public, spécialistes et « Tutti Quanti » ! Comme vous le constatez et l’aurez sans aucun doute compris : Prandelli prendra soin de faire l’unanimité ! Langage unique donc et expression efficace, un coach exempté de superficialité bien sûr pour nous offrir, dans toute sa sensibilité, la formulation fluide et fascinante de sa philosophie et de sa vision du football ! Phases offensives à foison, pressing qui fuse et polyvalence à volonté pour une fête enfin, formidable et infinie ! Du pain et des jeux pour faire face à la dictature du résultat : Prandelli, Ave Cesare !
Latin réinstauré et football comme langue vivante : les nouveaux us et coutumes
Courses de chars et jeux du cirque donc, pour célébrer le cycle de celui qui aura été selon moi : l’un des César le plus important de l’histoire de la « Squadra » ! L’incarnation charismatique d’un Marc Aurel dans le costume, pas toujours si commode, de l’innovation… Une intronisation, un coup d’état, marquant par la même occasion le début d’une nouvelle ère et l’instauration officielle d’un « Carpe Diem » dans l’inconscient collectif : complètement révolutionnaire, romantique évidemment… romanesque presque et quasi irrévocable ! « Carpe Diem » oui ! Comme mot d’ordre et devise de l’équipe d’Italie, autant dire une bénédiction… un miracle même ! « Alléluia », « Amen »… et alors un magnifique « Mammà Mia » ! Merveilleusement exprimé celui-là, accompagné comme il se doit par une gestuelle génétiquement ingérable mais aussi et surtout, synonyme ici de soulagement : oasis dans le désert, exigence démesurée ou rêve interdit… la « Nazionale » va vraiment jouer au football ! Et on peut bien remercier le « Mister » pour ça… « Grazie Cesare » ! Une conversion disions-nous plus haut ? Un putsch ? C’est tout à fait ça ! Et toute la rééducation de la population qui va avec ! Petite parenthèse ici pour citer un exemple plus que parlant et aux antipodes absolus des us et coutumes italiennes : lors de l’Euro 2012, apogée de la « légèreté prandelienne »… l’Italie ouvre son tournoi face à l’Espagne (1-1 score final) dans un 3-5-2 ne présentant que deux défenseurs de métier sur le terrain : Bonucci et Chiellini (Maggio, latéral de base, jouera lui piston droit et Giaccherini, beaucoup plus offensif dans l’âme : piston gauche (pour la précision))… Avec Bonucci et Chiellini donc, et contre toute attente, c’est Thiago Motta qui sera aligné en défense (alors que Barzagli est disponible sur le banc)… Thiago Motta ! La petite touche personnelle du peintre Prandelli, somptueusement placée en arrière-plan d’un tableau italien en pleine restauration ! Principe inspiré peut-être par Pep Guardiola, qui aimait descendre d’un cran Busquets lorsqu’il entraînait le Barça et tentait quelques exceptionnels 3-4-3 (Luis Enrique s’était également essayé à l’exercice avec De Rossi, sans grand succès, à l’époque où l’espagnol lançait sa carrière du côté de l’AS Roma)… Influences catalanes ou pas, il aura fallu quoi qu’il en soit de sacrées « Cojones » à notre « Emery local » pour appliquer ça avec la « Squadra »! Thiago Motta donc, reculé ici tel un « Regista » (« réalisateur » dans la langue de Dante) derrière les acteurs… Un « Quaterback » comme reconfiguré afin de « jouer court »… Motta ? Facilement un « café qui monte » ! Enfin pour conclure, pourquoi pas un « Libero » à l’ancienne… Thiago Motta : le « Franco Baresi italo-brésilien » ! Rebelote au deuxième match contre la Croatie : même « 11 » de départ, même résultat (1-1)… et donc toujours : seulement deux défenseurs de formation sur le terrain ! Enfin idem face à l’Irlande de Trapattoni (2-0 pour les « Azzurri »), où malgré le contexte et le classement, le coach continu de jouer plutôt que d’« assurer ». Avec cette défense à trois toujours identique (Bonucci-Motta-Chiellini), mais cette fois-ci Abate et Balzaretti en « esterni », comme on dit en Italie (comprenez « extérieurs » en français, les pistons ici)… de quoi faciliter le passage à 4 derrière (switch général de 3-5-2 en 4-3-1-2). Motta montant alors d’un cran, retrouvant ses fonctions premières aux côtés de ses compères Pirlo et De Rossi, et libérant ainsi Marchisio plus haut… « Tour de Pise toute droite » ? « Trequartista revisité » ? Artiste attristé ou à l’inverse casting réussi et rôle taillé sur mesure ? Trop risqué ou au contraire expérience à refaire ? Peu importe… Prandelli, architecte audacieux et désinvolte, dessine ses plans et trace les traits de son football avec ici, l’esprit rebelle d’un caricaturiste de quartier… là le caractère détaché d’une ébauche gracieusement exemptée du devoir d’exactitude ! Enfin et surtout, les esquisses du coach se dispensent parfaitement de l’usage de règles strictes et autres équerres toutes carrées ! Arènes, amphithéâtres… Colonnes et couronne de laurier… Arabesques spectaculaires, rosaces… Mosaïques et fresques détaillées… C’est le règne du disque ! Le « Temple du soleil » ! Apollon, Jupiter ou Amon Re : Prandelli, Ave Cesare !
Champ de Mars bien cramé tout de même…
Audacieux, désinvolte disions-nous ensemble à l’instant ? Ne sont-ce pas là les essences nécessaires au bon fonctionnement de tout « système D » ? La débrouille oui, inévitablement… Parce que lorsque Prandelli débarque à Coverciano, la « Squadra » est plus proche d’un échassier boiteux que d’un phoenix renaissant de ses cendres ! Flashback encore : la génération « fin 90/début 2000 », « Cesare Maldini » ou « Milan-Juve », appelez-la comme vous voudrez… s’en est allée ! Nesta, Cannavaro bien sûr… Zambrotta ou Gattuso aussi… Totti, Del Piero ou Pippo Inzaghi… Peut-être pouvons-nous ajouter Paolo Maldini et Vieri, bien que ses derniers n’aient pas connu la consécration avec le sacre de 2006… Tous ne sont que souvenirs et nostalgie, installés pour l’éternité dans le « Domaine des Dieux » italien ! Seuls restent de cette fournée dorée : en numéro un forcément Buffon, faisant plus que jamais office de « fontaine de jouvence »… ainsi que Pirlo et De Rossi, déjà cités tout à l’heure… Décimées, les troupes italiennes connaissent un championnat d’Europe 2008 qui relèverait presque de la grâce divine. Sortis certes sans scandale (en quart de finale et aux tirs-au-but face à l’Espagne future championne), les hommes de Donadoni se sont vus avant ça: franchement frôlés par la faucille fatidique du fossoyeur du football ! Fauchés 3-0 en ouverture contre les Pays-Bas et sauvés in extremis contre la Roumanie (1-1), grâce évidemment à un penalty sorti par « SuperBuffon » face à Mutu dans les dix dernières minutes de la rencontre (un but ici aurait d’ailleurs éliminé la France par la même occasion)… Les deux finalistes du dernier mondial s’affrontant ainsi, lors du troisième match, en croisant les doigts pour que Van Basten ne prépare pas une « biscotte » avec les roumains (le nul qualifiait alors d’office la Hollande et la Roumanie, excluant par conséquent deux « gros poissons » du lac : un bon coup de filet tout de même pour Marco !)… Donadoni bat Domenech pendant que, dans le même temps, les oranges gagnent également… L’Italie passe, par la même porte (soit dit en passant), que celle qu’elle empruntera pour sortir : la petite ! Après ça, ce sera le retour de Lippi, pour la confirmation ultime, si cela n’avait pas été encore assez clair… que le cigare est bien complètement consumé ! Est-il vraiment nécessaire de souligner la supercherie, située entre péché d’orgueil et aberration, de la « Nazionale » lors du mondial sud-africain ? Faisons le tout de même ! L’Italie est sortie au premier tour, sans aucune victoire et bonne dernière d’un groupe qui, avec tout le respect… était plus qu’abordable. Et quand bien même le tirage aurait été plus relevé, le champion du monde en titre n’est-il pas sensé ne craindre personne ? Ou au moins montrer un minimum de domination technique ? Pensez-vous ! Pas le moins du monde pour notre Déesse bleue, alors indéniablement au bord de la déchéance. Le football italien trébuche, et c’est bien le ciel tout entier qui tombe sur la tête des romains ! Des romains complètement à plat, genoux à terre et recherchant en vain, à travers les quatre étoiles cousues sur leur armure… un berger, une comète afin de faire un vœu… et enfin un signe d’espoir dans ce désert dépourvu d’astre, ce cosmos aux constellations comme confisquées ! Armageddon… Apocalypse… Chaos, cataclysme ou que sais-je encore… Jusqu’à ce que n’apparaisse, au milieu de ce néant : la miséricorde des Dieux. Cléments, débonnaires… et ces derniers surtout : aussi surprenants qu’imprévisibles ! Effectivement, là où tout le monde attendait Mars, stratège militaire et guerrier rouge sous couvert des traits de Trapattoni, d’Ancelotti ou de Capello… l’Univers lui, farceur insatiable et infatigable façonneur de destinées… fait apparaître Venus ! L’Amour élu en personne et envoyé sur Terre pour éviter la rupture entre l’Italie et ses « tifosi » ! Venus oui ! L’Aphrodite italienne! L’élixir pour un coup de foudre instantané et bien sûr, la notice livrée avec la fiole : gouttes à volonté dans la soupe du peuple ! Sidérant ? Sidéral ! Foule gagnée et pouces levés : Prandelli, Ave Cesare !
La vie, la vie… et premier dans son village : Curriculum Vitæ
Astronomie, astrologie par-dessus, ou plutôt en parallèle… Panthéon ancestral, retour du polythéisme ou paganisme à la mode… C’en est trop pour l’italien moyenâgeux, resté quant à lui bloqué quelques part, comme dans les couloirs du temps… ou peut-être dans la salle du trône d’une forteresse, certes jadis imprenable mais aujourd’hui hélas : définitivement désuète ! L’italien et son football… prisonniers de leur propre donjon, bouclé celui-ci à double tour par un « Catenaccio » incassable et bien gardé par un géant geôlier ! Il va falloir une sacrée découverte, une évasion qualifiable d’« avancée historique », pour rattraper le retard et rejoindre le présent ! Une découverte oui, une innovation… Une révolution ! Et celle-ci portera le nom de Cesare Prandelli ! Pasteur populaire, Pope peu orthodoxe et par-dessus tout : Prédicateur ! Aux thèses farfelues mais aux faits d’armes en revanche, prouvés et vérifiables : promotion en « Serie A » avec le Hellas Vérone (qualification à l’Intertoto la saison suivante)… Une arrivée à Venise l’année successive, en « Serie B » plus précisément et une promotion de nouveau dès la première saison… Par la suite, deux places de cinquième du « Calcio », obtenues consécutivement sur le banc de Parme malgré, la deuxième saison exactement, l’affaire dite du « Crac Parmalat » et la faillite entamée lentement par les « Emiliani »… Cette saison là, le Parme de Prandelli jouera jusqu’à la dernière journée (au coude à coude avec l’Inter), la quatrième place du championnat, qualificative pour la phase préliminaire de Champions League… Le natif de Orzinuovi laissera ici comme héritage : les dernières images d’un Parme européen… Après un passage de quelques semaines seulement à Rome (Cesare s’engage avec les « Giallorossi » mais démissionne avant le début de saison, pour épauler son épouse atteinte malheureusement de maladie grave)… Après donc une aventure avortée avec la louve au bord du Tibre, Prandelli accoste sur les rives de l’Arno. Une renaissance personnelle mais aussi, une consécration sur le plan professionnel. Quatrième dès sa première saison : une « Panchina d’Oro » reçue et la Fiorentina en Ligue des Champions ! Le club sera finalement rétrogradé en fin de saison suite au scandale « Calciopoli »… Pas de C1 donc et départ avec -15 points au compteur l’année suivante… Sacrée pénalité n’est-ce pas ! Pas pour « Padre Prandé », qui portera ce fardeau sans froncer un seul sourcil et placera Florence en 6ème position (sans cette sanction, l’équipe aurait terminé 3ème). Seconde « Panchina d’Oro » d’affilée pour le « Midas Toscan », « Cesare Da Vinci » ou plus simplement : « Le Magnifique » ! Fleur de lys, lilas… lavande ou violette… Florence se transforme en distillerie, redevient cette parfumerie d’autrefois… La ville retrouve ses effluves d’antan et se prend de nouveau à rêver de printemps fleuris ! 3ème saison dans l’antre de l’Artemio Franchi pour notre « allenatore » qui, il faut le dire, continu d’épater: une demi-finale de Coupe de l’UEFA (perdue aux tirs-au-but face aux Glasgow Rangers)… et une nouvelle 4ème place décrochée dans ce si concurrentiel « Campionato » avec, cette fois-ci, la Fiorentina bien candidate à la prochaine édition de la C1 ! Candidate oui… Élue ? Hélas pas encore… Les florentins seront en effet sortis lors du tour préliminaire contre l’Ajax puis repêchés en C3, où ils finiront en 16ème de finale… Tout est à refaire pour la « Fio » ? Pas de problème pour Prandelli : le voilà 4ème du Calcio une fois de plus ! La « Viola » jouera cette fois la Ligue des Champions, terminera première de sa poule (en battant notamment Liverpool par deux fois), avant de sortir par la grande porte, véritablement volée par un arbitrage invraisemblable en 8ème de finale contre le Bayern de Munich… Une demi-finale de Coupe d’Italie à inscrire également au carnet de voyage du coach et surtout: le record de victoires pour un entraîneur aux commandes de la flotte florentine ! Une dernière saison en dents de scie dans la capitale toscane et puis s’en va, pas très loin d’ici : direction Coverciano… Afin d’endosser le célèbre costume de « CT », « Commissario Tecnico » en entier, de la « Squadra Azzura »! Cérémonie, consecration, apothéose… Prandelli, Ave Cesare !
La Lune montrée du doigt !
Faire venir un savant fou de Florence à la cour du pouvoir central : un événement qui au pays, a des airs de déjà-vu ! « Galilée du ballon rond », aux théories étranges, accueilli d’abord dans le scepticisme global avant de gagner et de justifier par la suite son statut de génie… Cesare Prandelli aura indiscutablement bafoué les codes de la géométrie et bousculé les bases sur lesquelles cette dernière reposait : bêtement bétonnée dans un déni débile et une auto-persuasion, presque de l’ignorance, tout aussi sénile que stérile… « Et pourtant elle tourne cette Squadra » ! Bel et bien un blasphème ! Un blasphème oui… C’est le minimum qu’il fallait pour redéfinir toute la dimension du football italien, l’extirper à sa plate condition d’ « antiquité tactique »… et le faire entrer dans un nouveau cycle, l’amener vers une autre sphère : celle de la Renaissance ! Chaînes brisées, gladiateurs libérés ou épées jetées aux oubliettes… Un carrosse et son cochet apparaissent comme par magie pour venir délivrer cette princesse azur sans cesse assujettie à ses atroces incertitudes ! Et là… c’est le conte de fée ! Le cheminement primant sur l’arrivée, le plaisir plutôt que le résultat… Ici l’esprit éperdu de mes récits, l’espoir indissociable de ceux-ci ou encore l’optimisme obsessionnel lié à leurs lignes… trouveront ensemble leur véritable héros ! Point de gros sabots pour Prandelli, plutôt des pantoufles de verres ! Patins satinés peut-être ? Sandales ailées, souliers légers ou que sais-je… Pour tout de même venir mettre un bon coup de botte dans ce foutoir que constitue la fourmilière du football italien ! « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » déclarait Sénèque, presque comme une indication, un présage des défis que rencontreraient ses descendants… Pour conclure un conseil, qui a enfin trouvé une oreille attentive ! Cesare Prandelli, en bon disciple, écoute, se lance et décide d’en découdre avec les principes préhistoriques d’une « pelota » italienne poussiéreuse et pleine de nœuds ! Ici un chat qui découche de chez grand-mère pour retourner à l’état sauvage… Là un coach, à l’échelle du Calcio encore adolescent, en pleine fugue pour s’en aller retrouver son amour de vacances, son coup de foudre éphémère… Prandelli pour finir, perché tout là-haut… au plus profond des cieux ou sur son astre idéaliste… et comme venu ici en voyage, ou plutôt initiant un long périple et chargé d’une mission difficile : apprivoiser l’instinct méfiant de cette « Squadra Azzurra » aux allures de renard ! Rassurer cette « Volpe » réduite au rang de « voleuse de match », l’enlever à sa curieuse position de vulnérabilité… la prendre véritablement sous son aile et enfin l’élever vers les voies, aussi diverses que vertigineuses, de la voltige et de la verticalité ! « Dessine moi une équipe pleine de volupté »… Prandelli l’a fait ! Alors le renard, se sentant désormais à l’abri dans ce nouvel univers, s’apaise… s’endort sous la lueur bienveillante dégagée par l’étoile de son berger ! Libéré de son besoin absurde de roublardise et affranchi de cette maudite et malheureuse maîtrise dans l’art de la ruse. Il s’approche maintenant sans crainte, confiant, à l’aise… nous dévoilant ainsi les plus beaux reflets de sa robe bleue, devenant enfin un ami et par conséquent… une « Squadra Azzurra », à mes yeux en tout cas… unique au monde ! Prandelli alors petit prince, pilote d’un avion en papier ou roi des airs comme Peter Pan… Un planeur qui fait lever le nez de chaque pavé éparpillé sur les routes. Prandelli, Ave Cesare !
Avant, c’était les Étrusques…
Apprivoiser ? Absolument ! Une douce caresse, une approche délicate… pour sauver cette lionne italienne blessée et tristement esseulée en pleine savane. Certitudes, délicatesse et sérénité pour notre Eros aux flèches de roses ! En effet, Cesare Prandelli, ici facilement « la fleur au fusil »… ni ne dompte ni ne domine, ni ne domestique ni ne dresse : il adopte ! Avec tact, empathie… oserai-je ajouter ici une dose d’Amour, pure bien sûr, non diluée et apportant ainsi, toute l’intensité de ses arômes ! Une tendresse en totale opposition avec les techniques utilisées par le passé. Notre Empereur du jour représente tout l’inverse et le parfait contraire, de ce qui avait été fait jusqu’à présent par ses prédécesseurs à la tête de l’« Empire Azur ». Des souverains désireux eux-aussi d’imposer leur style : traces de sang, marques laissées par les combats et autres cicatrices comme signatures sur le long parchemin rapportant l’histoire de la « Squadra »… Par-dessus tout vous l’aurez compris : des rois désireux de vaincre ! Des rêves de victoires à souhait pour ces drôles d’oiseaux et des vœux souvent réalisés… Mais à quel prix ? Celui du sacrifice de l’esthétisme ! Une offense au ciel, et à Apollon en particulier, ce dernier ayant tout spécialement modelé le model italien sur le reflet de son propre miroir ! Incroyable effectivement… Incompréhensible… Inconcevable même lorsqu’on connaît la nature attractive de l’ADN rital ! Cette « Squadra », qu’on appellera ici « Pré-Cesare », aura hélas trop souvent représenté cette triste scission, avec des codes de séductions dignes d’une Gina Lollobrigida illustre, toujours jeune et jolie… des codes incrustés, pratiquement légendaires et enregistrés depuis des lustres, dans la génétique de chaque « Gigi l’amoroso » du pays ! Trop souvent ? Presque depuis tout temps, pourrions-nous incontestablement constater… De l’alternance Rivera-Mazzola, sous la régence d’un Ferruccio Valcareggi vraisemblablement versatile… aux diaboliques doutes quant à la possible doublette « Baggio-Del Piero » (déjà à la Juve, lors de la floraison du bel Alessandro, puis plus tard sous les couleurs de la « Squadra », durant la Coupe du Monde en France principalement)… En passant par d’autres dilemmes concernant les diverses associations, visiblement impossibles, de nos superbes cygnes aux plumes resplendissantes : Mancini-Signori sous Sacchi… Zola aussi, beaucoup exclu des équations de coachs aux yeux trop scotchés sur leurs bouquins de mathématiques… Baggio-Totti cette fois-ci, chez un Trapattoni qui se passera carrément des services du « Divin Codino », en Corée, malgré une demande insistante du public chaque week-end dans les stades de « Serie A »… Del Piero-Totti pour finir, avec le « Trap » encore (toujours en 2002), puis avec Lippi ensuite lors du mondial allemand (à quelques discrètes exceptions près)… La « sélection » n’a jamais aussi bien porté son nom ! Scission disions-nous ci-dessus ? Carrément un schisme ! L’Italie se tranche sèchement ses propres ailes, elle qui rêve pourtant d’atteindre le soleil… Le culte du paradoxe, l’incompréhension par excellence, l’Italie dans toute sa perplexité : une équipe qui, par peur de se brûler, joue continuellement avec le feu ! Préférant alors la lenteur et les retards , le « Trenitalia du football » ne gagnera le terminus des compétitions et le septième ciel de ce sport, que par les sentiers souterrains creusés par l’abnégation, l’obstination ou la résistance. Transport rampant sur un rail rouillé, la « Frecciarossa » (le « TGV » transalpin) renie encore, une fois de plus, le caractère céleste de ses usagers… leur goût de l’aventure et la « Dolce Vita » viscéralement liée à leurs origines ! Cierge de cire qui se consume tristement, statue de sel absolument pétrifiée ou encore célèbre buste sans bras… la « Squadra Azzurra » : c’était souvent cette Venus sacrifiée ! Avec douleur, avec regret aussi… Fatalement, lorsqu’on refuse le jeu de la vie… Heureusement : tout ça est fini. Terminé ! Un type frappe à la porte, un petit peu toqué… cheveux plaqués sur la tête et péninsule en pleine poire ! Ce sera désormais le portrait qui tamponnera le football italien, le nouveau profil imprimé sur chaque sesterce : Prandelli, Ave Cesare !
Le Colisée ne s’est pas fait en un jour…
… La Joconde et la Scala non plus ! Vous l’aurez compris, en pleine âge d’or de l’Empire Romain, et même lors des nombreuses secousses annonçant la possible, ou prochaine, chute de celui-ci… l’heure n’était pas à l’esprit artiste, critique ou encore provocateur, que connaîtra plus tard notre ère révolutionnaire de la Renaissance ! En même temps, si le célèbre « Veni Vidi Vici » avait dû être : « Veni Vidi… et faire le Show », ça se saurait ! Alors tous en formation de tortue ! Clairement un contraste comme vous le constaterez, avec l’alliance colorée et la joie de vivre de « Tortues Ninjas » géniales et terriblement déjantés, venant parfaitement dépeindre le paysage de la plus belle période italienne ! Souples, souriantes aussi… sans soucis bien sûr et surtout : simplement elles-mêmes ! Aux carapaces par conséquent presque optionnelles, tant leur fonction défensive deviendrait ici indiscutablement secondaire… Une animation populaire et des grands classiques connus de tous, que même le « Sacchisme » n’aura pas réussi à reprogrammer sur la « Rai » ! Le « Sacchisme »… À l’époque l’unique exemplaire de la notion d’extase en Italie. Modèle mondialement adoubé devenu d’ailleurs, plus qu’une mode : le moule d’une idéologie nouvelle pour une reproduction effrénée à l’échelle internationale ! Un « Tsunami tactique » tout droit sorti du trident de son créateur : Arrigo Sacchi. Une mode disais-je ? C’est bien ça ! Une vague, celle du style et du succès, soufflée par cet entraîneur « tendance » : survêtement autant fluo qu’ « oversize » et lunettes « Pilote » outrageusement disproportionnées ! Notre Neptune des « Nineties », « Titan des terrains » ou « Poseidon du football »… aux tentacules toutes aussi divertissantes que spectaculaires… n’aura eu qu’un seul tort (certes pouvant facilement faire office de sacrilège), celui d’avoir étouffé, au nom de l’équilibre du vaisseau et de l’équipage… sa plus belle voile ! Sa nymphe ! Sa sirène ! Queue de cheval en guise de queue de poisson : Roberto Baggio. Arrigo Sacchi donc, celui qu’alors tout le monde s’arrache et rêve d’avoir comme stratège assis sur son siège, sera radicalement écarté de Coverciano, sans n’avoir vraiment eu le temps de s’installer durant un mandat, évidemment trop court, expéditif et comme chronométré. C’est exactement ça ! Une sorte de sprint, une course contre la montre où tout le monde a les yeux fixés sur l’arrivée avant même que le départ n’ait été donné. L’odyssée azuréenne du « Sacchisme » ? Une mission sans doute comparable aux douze travaux d’Hercule, ou encore à un chantier… d’une durée de trois mois seulement, sans aucun délai de retard bien sûr… et à la lourde tâche de devoir redresser la Tour de Pise ! Sacré challenge pour le « Mage de Fusignano » qui, comme vous l’imaginez, ne bénéficie ici pas des bienfaits d’une bonne potion magique ! « Alors ce sera les crocodiles » ! Aux crocs aussi aiguisés que l’accent italien tranché venant accompagner, ponctuer et découper… le texte d’une Monica Bellucci aussi belle que Cléopâtre ! La réussite ou la mort donc… Triste sort n’est-ce pas ? C’est là toute la réalité de la matérielle religion du résultat ! Le palmarès de Sacchi parle pourtant pour lui, en plus de l’animation évidemment et vient par conséquent, joindre l’utile à l’agréable… De quoi rassurer le peuple… Mais le royaume n’avait pas encore l’avant-gardisme ou le goût du risque que pouvait avoir Berlusconi au Milan AC… Et dans l’Italie compétitive : patience et longueur de temps font bien moins que force et que rage ! Alors Arrigo… sans doute trop en avance sur son temps, futuriste décalé ou génie fantasque, n’aura rien changé aux attentes de Rome. Lui le grand défenseur de la politique de l’attaque, coutumier de l’artillerie lourde, du galop et de la cavalerie… Fervent opposant de la prudente poussée du pion dans des parties de « schacchi » qui, depuis des décennies, sont stimulatrices de stress intense pour les cœurs sensibles, d’artichauts souvent et surtout superbement bien accrochés des supporters de la « Squadra » ! Parties d’échecs à chaque Coupe du Monde ? Le diagnostic du docteur est sans équivoque : terreurs nocturnes et affreux cauchemars assurés ! Même Sacchi pour conclure, n’a donc pas réussi à sortir la « Nazionale » de ses travers les plus profonds et traumatisants… Une équipe d’Italie condamnée à la pétrification, comme déjà imagé plus haut… la tétanie et, oserai-je ici jouer avec les mots : l’immobilisme ! Une sélection attendant sans cesse, sans audace, sans périple aucun… presque avec peur et au risque d’une mauvaise surprise : les interminables prolongations et la séance de tirs-au-but la suivant comme son ombre ! Épreuve dont elle a d’ailleurs longtemps détenu, à défaut du secret de celle-ci… le record absolu de la poisse et de la malédiction ! L’Italie n’était pas prête et Sacchi l’esthète, comme Venus tout à l’heure, a été sacrifié ! On lui a coupé la tête, trop pensante certainement… et foutu le feu aux grimoires renfermant ses secrets et ses sortilèges. Au bûcher ! Une chasse aux sorcières alors qu’il fallait un exorcisme… suivie de 15 ans d’attente avant d’avoir enfin un autre hérétique sur le trône : Prandelli, Ave Cesare !
Tous les viaducs menaient au Mur d’Hadrien !
Une équipe d’Italie restée à quai donc, manquant incontestablement le train, sorte de torride « tramway nommé Désir »… à destination d’un football sensé être sexy et décomplexé. Dispersées pourtant en masse sur les innombrables voies longeant le littoral de la botte, ou même à l’intérieur des terres de celles-ci… les multiples balises et autres diverses signalisations n’auront hélas, pas suffit à alerter le football italien du risque encouru à rester planté là : en plein passage générationnel ! La sélection italienne a comme raté le coche, prit un mauvais raccourci ou que sais-je encore… se raccrochant uniquement aux quelques exploits, accouchés de montagnes qu’elle a dû, par adaptation… apprendre à escalader. Des parcours du combattant et des chemins de croix empruntés, dont l’« Italie des miracles » connaît du coup, les moindres recoins… Balises et signalisations en masse soulignait-on à l’instant ? C’est bien exact… Pourtant la « Squadra » est restée tristement sourde aux splendides sirènes ayant superbement influencé les sons, les chants et les danses de son championnat ! « Football Samba », importé en « Serie A » par le trio Falcao-Zico-Socrates ? Pas question ! « Football Total », entassé dans les valises des trois hollandais volants du Milan AC ? Une légère influence… de quelques saisons tout au plus… Trouillard ? Pessimiste peut-être ? Ou plus simplement trop traditionnel et bien sûr, très superstitieux… L’italien, à travers le prisme de ses intemporelles lunettes de soleil… ne voyait toujours que la partie ombragée de la scène. Ici par exemple, pour la mentalité brésilienne, il s’arrêtera surtout sur les deux désillusions « Oriverde » des années 80 (« Mundial » 82 et 86) et la déchéance de l’ « Esprit Telê Santana », vécues par les supporters de la « Seleção » comme la fin d’une série culte : leur « Telenovela de l’été » brusquement déprogrammée… le coup de sifflet final d’une saga au goût d’inachevé… Concernant maintenant la mécanique des oranges, l’italien retiendra l’amertume plutôt que le jus : les deux finales perdues par les Pays-Bas dans les « seventies » (les éditions de Coupe du Monde 74 et 78)… Décevantes, déconcertantes… Qu’importe le debrief final, comment on décortique la crevette, l’analyse du cocktail ou encore la compréhension apportée par la pratique de la dissection… c’est d’abord et indubitablement la défaite qui prime, l’échec qui prédominera dans la mémoire du rital terre-à-terre, pratiquement cartésien pour l’occasion ! Les couleurs « carioca » du carnaval ou la lumière des peintres bataves, entre autres… ni ne déteignent ni n’ont d’influences sur les différents bleus défilant dans la collection de la « Nazionale » ! La « Nazionale »… ce festival de grands couturiers, curieusement trop conservateurs et aux mannequins interdits de tout plaisirs : « Caramels, bonbons et chocolats » ? Non merci pas pour la « Squadra » ! Pour son Calcio à la limite : Liedholm, Boskov, Zeman… Et encore… L’Italie leur préférera toujours : le culte de la contre-attaque d’Helenio Herrera ou encore la culture du « Catenaccio » de Nereo Rocco… La partie ombragée disais-je ? Effectivement c’est un fait ! À la lumière dégagée par Maradona, ange comme tombé directement du ciel pour éclairer le « Campionato » de toute sa splendeur, phare dans la nuit ou lueur d’espoir au milieu des abysses défensives de « Serie A »… on opposera toujours l’ombre du ténébreux Claudio Gentile, auteur d’un marquage « à la culotte » exceptionnel et quasi historique sur le numéro « 10 » argentin ! Une leçon d’école connue de toute l’Italie, rembobinée, rabâchée en boucle et que chaque professeur de football prendra bien soin de souligner à ses élèves, s’assurant ainsi un sentiment de travail bien fait. L’ombre avant la lumière donc… et quelque part, l’oubli du charme, de l’allure allègre d’un carrousel, du caractère cavalier et incontrôlable de la rencontre ! Ce n’est pourtant pas la pratique de la parade, ni l’art de la séduction, qui manquent au cliché du Casanova ou encore à la check-list du Cupidon parfait ! Mais que voulez-vous… Lorsqu’il s’agit de conclure, l’Italie… rocambolesque comme Rocky et, oserai-je dire, le diable au corps comme Rocco (à moins que ce ne soit le contraire)… mise plus que tout sur l’efficacité ! Il aura réellement fallu attendre le règne de Prandelli pour retrouver les violons d’une sérénade à l’italienne et les saveurs enivrantes de « Vacanze Romane »… Prandelli, Ave Cesare.
Une maison de plain-pied sur l’Olympe et du vin en héritage !
Pour terminer ce texte rendant hommage à cet entraîneur, dont l’influence sur la métamorphose de la « Squadra » est absolument sous-estimée et passée sous silence… soulignons ensemble, non plus le corps qu’il a récupéré, mais plutôt l’âme qu’il a laissé ! Sacrifice, scission ou schisme, utilisions nous plus haut pour décrire les tristes séparations, très significatives du passé… de cygnes, de rossignols et de danseurs étoiles : Rivera-Mazzola, Baggio-Del Piero, Del Piero-Totti etc. Cesare quant à lui, a coupé court et a littéralement retiré du patrimoine la paire de ciseaux et le rasoir aiguisé du « barbiere » italien ! En effet, au paroxysme du « Prandelisme », contre l’Angleterre (en ¼ de finale de l’Euro 2012) et face à l’Allemagne ensuite (en demi-finale par définition)… le coach ne sectionne rien et ne rafraîchira aucune nuque ! Convoquant par conséquent l’orchestre au complet et continuant ainsi, bien convaincu de la légitimité de son combat, d’aligner le plus de « joueurs de ballon » possible. Orchestre au complet ? Plus que jamais ! Bouquet garni, bouquet final… Beau boxon, bon boucan… Coups de klaxons en canons et tout le tintouin qui va avec ! Pour un feu d’artifice enfin, qui explose en chœur ! Presque un refrain connu de tous ! Des virtuoses concentrés sur la même scène : choristes, quatuor ou que sais-je encore… pour un récital de spontanéité ! Bien loin du papier à musique réglé au millimètre et autres costars tirés à quatre épingles… La spontanéité oui ! Poumon de toute respiration italienne. Une bouffée d’air pure, un retour au source pour nos chromosomes, réveillés de leur long sommeil par les tambours ressuscités de leur nouveau chef ! « Organetto » et « Tamburello » résonnent ensemble dans les couloirs d’un subconscient tout à coup stimulé, pour venir nous jouer la plus belle Tarentelle d’Italie ! Spontanéité donc… Tarentelle à l’instant… C’est possédé de cet esprit méridional que Prandelli dirigeait sa troupe, une approche détendue et une chorégraphie tellement inattendue qu’elle semblait improvisée ! En phase finale de cet Euro, c’est dans une sorte de 4-2-2-2, rappelant aux doux souvenirs du Milan « Ancelottesque » de 2003 (et à son « carré magique » de l’époque : Pirlo-Gattuso, Seedorf-Rui Costa)… que la « Squadra » jouera sa partition. Nouveau schéma mais mentalité identique, et donc tous les solistes ensembles : Pirlo et De Rossi devant la défense (plutôt propres comme ratisseurs) et Marchisio-Montolivo en soutien de celle-ci. Enfin Cassano comme électron libre aux côtés de Balotelli… deux fanfarons aux allures de « Casse-Noisette », transformant facilement une douce symphonie en belle cacophonie ! « Fantasia » ? Plutôt « Fantasista » ! Seul Thiago Motta, dont l’utilisation a été soulignée tout à l’heure, n’est plus titulaire… Résultat ? Même si, vous l’aurez compris, je m’en moque comme de ma première tunique… 0-0 face aux anglais et victoire 2-1 contre la « Mannschaft ». Deux qualifications classiques me diriez-vous… Au tableau d’affichage certes, mais dans le numéro joué : de loin les deux meilleures prestations de la « Squadra » que j’ai vu de ma vie ! Peut-être même deux performances à placer dans le « Top 10 » des batailles italiennes ? Je parle principalement de jeu, de lâcher-prise, de plaisir… Le « Carpe Diem » du début… La « Dolce Vita » de nos origines, ai-je aussi cité… Vertus auxquels on pourrait ajouter ici, tout le détachement d’un « Advienne que pourra », ou bien l’abandon à son destin d’un « Alea jacta est » ! Petite louche ou lob malin (« pallonetto » en italien)… Balle piquée ou « Panenka » sans paniquer… l’Italie régale ! Au point qu’elle semble pouvoir pique-niquer au milieu du terrain sans s’inquiéter de son sort ! Attention, je ne dis pas que le risque n’existait pas, bien au contraire, les actions étaient des deux côtés… J’insiste simplement sur le caractère intrépide de l’équipe, une identité nouvelle, une révélation ! Roulettes, bicyclettes et acrobaties à gogo… Balotelli qui réussi son baptême, Montolivo à la « Vista » aussi claire que ses yeux et Pirlo marchant sur l’eau… L’italien, grand gastronome au goût prononcé pour le gras, constate que tout est bon dans cette Italie et se gave, oserai-je conclure ainsi : à la simple vue de la panse d’un Toto Cassano, délicieux et au sommet de son art ! L’eau à la bouche, la bave aux lèvres et salivant à souhait, c’est avec l’estomac affamé que le bas peuple s’installe à la table de Bacchus. Une invitation inattendue autant qu’inespérée, proposant la découverte de plaisirs insoupçonnés. Saveurs exquises, palais extasiés et petites douceurs : La Squadra de 2012, c’est la luxure, c’est la tentation… c’est l’orgie ! Orgueil et opulence après tant d’années de disettes et de famines : Prandelli, Ave Cesare !
Éternel !
On se quitte ici comme Prandelli a aimé la Squadra : tout simplement et sans penser à demain ! Une Coupe du Monde au Brésil ratée, malgré pourtant un très bon premier match… et une régence qu’on oubliera certainement… Quelques retours en clubs ici et là, jusqu’à cette démission et cette lettre d’adieu, ce message d’Amour adressée à la Fiorentina, au football, à tous… Hypersensible perdu dans cette stratosphère de chiffres, de trophées et de statistiques… ce Cosmos de comptabilité… Cesare abdique ! César s’en va mais son esprit reste, comme pour veiller sur Rome et hanter ses potentiels envahisseurs ! Ainsi, Antonio Conte continuera, implants au vent, de surfer sur la vague « prandelienne », ajoutant tout de même à la recette, l’ingrédient qui lui manquait légèrement : une pincée, que dis-je une pincée… une généreuse poignée de « Grinta » ! Giampiero Ventura se vautrera certes, mais qu’importe… L’important n’est-il pas ici l’ouverture d’esprit de la Federcalcio (la fédération italienne de football) ? Soucieuse celle-ci, avec la nomination du « Maestro », d’instaurer une mentalité joueuse et de privilégier ainsi, la construction collective aux contre-attaques foudroyantes et autres éclairs de génies, jusqu’ici utilisés par la « Squadra » et s’apparentant hélas, à des silex, aussi salvateurs que préhistoriques, lancés lâchement depuis l’intérieur de sa grotte ou de derrière une cachette ! La « Nazionale » se contentait de compter les points, dressant l’arbre du K.O pour masquer une forêt manquant clairement de papillons ! Abeille, scorpion ou cobra, la « Squadra » tournait autour du pot, envoutait et hypnotisait avant de piquer, de frapper et de cracher son venin… ne sachant faire autre chose que d’avaler les couleuvres pour mieux mordre sa proie ! Vampire, vipère… et il est vrai : difficile à vaincre ! Une équipe qui ne perdait pas effectivement (éliminée par exemple au tirs-aux-but dans les 3 éditions de Coupe du Monde de la décennie des « Nineties »: 90, 94, 98 (dont deux fois en étant invaincue))… mais qui malheureusement ne gagnait pas non plus : 24 ans d’attente entre le triomphe de la « bande à Bearzot » de 82 et la quatrième étoile glanée par Lippi en 2006… Entre ces deux sommets ? Une vallée désertique ! Traversée par le lit creux d’une rivière presque sèche et abreuvée uniquement par deux exploits quasi individuels… les interventions divines de deux anges à bouclettes: Baggio « Made in USA » en 94 et Toldo dans le remake de « Terminator » en 2000 ! Pour le reste, on résiste, on croise les doigts… On n’encaisse pas de but et on espère que ça passe… Remise en question ? Morale à méditer ? Message bien reçu ou leçon à retenir ? Pas le moins du monde ! L’italien ne philosophe pas, il reste fidèle à son entêtement éternel, file le parfait amour avec son Italie totalement idolatrée et vit volontiers sur les souvenirs d’une époque révolue… ressassant sans cesse les virées de rêves et autres « Notti Magiche », vécues au volant de sa « Cinquecento » ou au guidon de son « Vespa » ! « Match du siècle » face à la RFA, en demi-finale du premier mondial mexicain en 1970… « Urlo di Tardelli », toujours contre les allemands mais cette fois-ci, lors de la finale de l’édition espagnole en 82… Baggio qui s’envole, Materazzi au sol et autres points d’orgues venant ponctuer l’Iliade, l’idylle… l’idéal italien ! Jusqu’ici disais-je… Jusqu’à ce qu’en effet, ou enfin… Prandelli ne change tout ça ! Tout ça oui… le cour des choses… Pour finir je me prendrais pratiquement à penser, que Prandelli a même prémâché le travail de Mancini ! Bien sûr que c’est aujourd’hui une autre génération et évidemment, le beau Roberto, avec la classe et l’élégance qui jadis définissait déjà très bien le joueur qu’il était… a tous les mérites du monde à avoir façonné cette équipe championne d’Europe, puisant d’ailleurs également sa source spirituelle dans sa Sampdoria et dans la philosophie de son mentor Vujadin Boskov… Le sacre et le spectacle de la « Squadra version 2021 » portent sans aucun doute possible la patte du « Mancio » ! Mais dans cette fresque, cette longue frise retraçant l’histoire des « Azzurri », un homme est venu glisser discrètement son fil afin de, comme cité ci-dessus, changer le cour des choses. Moire, moine ou pythie peu importe… selon moi bien sûr, sans le pèlerinage du « Père Prandé », Mancini aurait eu bien plus de pain sur la planche ! Le petit Cesare a changé le cour des choses oui ! Impensable au vue de cette bâtisse italienne, absolument insensible au lois du temps… Plus qu’une boîte de Pandore, c’est plutôt comme si Prandelli avait littéralement ouvert le ventre de Chronos, afin d’y récupérer la clef du cadena italien que le Dieu avait jalousement avalé ! Libérant ainsi quelques grands esprits enfermés dans l’invisibilité: si Giampiero Gasperini, Marco Giampaolo ou Maurizio Sarri par exemple, n’ont pas attendu Prandelli pour présenter un football séduisant, les deux derniers ont peut-être profité de l’enthousiasme général pour se voir proposer un poste parmi les écuries concourant dans le peloton de tête… Aussi, des jeunes pousses ont pu s’épanouir dans ce potager précultivé, et trouver un peu plus de lumière et d’espace d’expression dans ce jardin étant jadis une jungle: De Zerbi et Italiano sans doute… Juric ou Pioli peut-être… et tant d’autres… Chronos est mort mais pas rancunier, en effet, 2012 pour la « Squadra », c’était clairement l’année de Saturne : changements, sciences et édifices ! Échecs aussi, hélas… Mais surtout, le symbole du champ cramé, volontairement et sauvagement, pour assainir la terre, faire table rase du passé et repartir de zéro vers de nouveaux lendemains. 12 ans après la prise de fonctions de Prandelli, l’Italie remporte un titre international avec, très certainement, la plus belle manière jamais employée ! Avec aussi et pourtant, on peut le dire : le cru le moins relevé de l’histoire de ses vignes… Une finale perdue également (la sienne), ajoutée à deux non-qualifications, hélas historiques, pour la Coupe du monde… Enfin un symbolique rééquilibrage en phases finales face à sa « sœur de l’Ouest »: l’Espagne (éliminée en 2008 et donc, battue sur la dernière marche en 2012 par la « Roja »… la « Squadra » rectifiera le tir lors des deux Euro suivants: 2016 et 2021)… Une addition contrastée, ouvrant facilement la porte aux débats dans un pays qui ne se fera pas prier pour étaler ses différentes opinions sur la place publique ! En Italie, lorsqu’il s’agit de défendre ses idées : tout le monde attaque ! Et c’est très bien ainsi ! Après tout, n’est-ce pas ce que Prandelli a fait ? Et grâce à lui désormais, au procès du football italien : la parole n’est plus à la défense ! Alors on peut bien remercier l’Empereur pour ça… Réformateur, nouvelle république et santé mentale du peuple comme priorité absolue : Ave Cesare, ceux qui ont connus ta « Squadra » te saluent !
Quelle épopée !
Avant de coacher, Prandelli a été un bon milieu de terrain, à la Cremonese puis à la Juve, suivant un parcours à la Cabrini sans réussir aussi bien. Il n’était pas régulier, ni assez méchant comme pouvait l’être Tardelli pour vraiment convaincre Trapattoni.
Je suis toujours passionné par les histoires de coachs ayant eu en tant que joueur un coach contre qui il a joué plus tard.
Ici Trapattoni-Prandelli comme tu nous le rappele très bien amigo… mais les autres exemples ne manquent pas (j’ai en tête le « match Scudetto » Milan-Roma de mai 2004 (Ancelotti vs Capello).
Sans aller jusqu’à parler de rapport ou de relation « maître à élève » vite dit et facile à résumer, je trouve simplement fascinant les croisées de destinées…
Et chez les jeunes coachs, qui se démarque ?
Pour les suiveurs de la Serie A, elle est très équilibrée cette saison, non ? Mais avec un niveau un peu décevant ? Du moins à la Juve et au Milan…
Bah n’étant plus diffusée par Bein, la Serie A est invisible me concernant. Je suis, mais de loin.:. Conte a relancé le Napoli, l’Inter est moins dominante que l’an passé (j’ai l’impression qu’Inzaghi privilégie la C1) et l’Atalanta du Gasp’ est toujours là, sans Coupe d’Europe pour perturber sa fin de championnat. Ça va se jouer entre ces 3 là.
Le Milan est aux fraises avec un effectif que je trouve de bric et de broc, sans taulier. Motta n’y arrive pas avec la Juve, son système qui marchait si bien à Bologne est illisible (j’ai vu son élimination face au PSV, c’est faiblard). Et la Roma a raté la moitié de la saison malgré un effectif plutôt luxueux. La belle surprise, c’est la Lazio de Baroni dont l’équipe sur le papier ne fait pourtant pas rêver.
Rien à ajouter tout est très bien résumé.
Un clin d’œil fait à la magie des chiffres tout de même, avant la dernière journée le week-end passé, la Juve (qui a pourtant réalisé l’une de ses pires phases aller de ces 30 dernières saisons) n’était encore qu’à 6 petits points du leader interiste (certes petit leader mais c’est symbolique)… Magie des chiffres et donc, comme aussi précisé au-dessus : très faible.
Atalanta championne… On serait au niveau d’un Hellas primé, non ?
Non ! L’Atalanta fait partie tous les ans des outsiders et ils ont gagné la C3 l’an passé, ce n’est pas le même calibre. En début d’année 1984, personne ne misait un kopeck sur le Hellas qui avait retrouvé la Serie A en 1982 seulement. On en reparle en mai pour les 40 ans de ce scudetto.
Pourtant l’exploit du Hellas est bien plus retentissant dans une Série A qui avait tout un autre niveau que celle de 2025.
Tout autre niveau, c’est incontestable. Mais pas une édition fofolle non plus, il y avait une fenêtre, une opportunité..et le Hellas l’a saisie (fallait le faire), bravo à eux.
D’accord avec la réponse de Verano en dessous mais ça resterait tout de même, au sens premier du terme,:complètement exceptionnel (quelque soit le contexte).
Peut être plutôt à comparer à Cagliari 70 ou Sampdoria 91. Le scudetto est une vraie hypothèse maintenant qu’ils sont sortis de l’Europe et que l’Inter au contraire va encore lâcher des points.
Si cette periode moins forte de la Serie A permet à Naples d’être à nouveau sacré, comme quelques saisons auparavant, ou à l’Atalanta de l’être pour la première fois, ce serait pas plus mal.
N’avoir connu que 5 champions différents en Liga depuis que je mate le foot, dont à peine 6 titres échappant au Real et au Barça, c’est triste à mourir…
La Viola de Mutu, Frey, Gilardino, Jovetic et du superbe gaucher péruvien Vargas etait vraiment agréable à voir.
Et Mati Fernandez
La Fio des frères Della Valle et Corvino, de sa Résurrection en 2004-05 jusqu’à la revente à Comisso… c’était quelque chose.
Mati avait une sacrée côte avant d’arriver en Europe. Peut-être plus fort que celle de Vidal ou Alexis. Avait été élu meilleur joueur d’Amérique du Sud mais le bilan est un peu décevant. Malgré ses qualités.
Après ce titre de meilleur joueur du continent a sacrément perdu de son prestige depuis plus de 10 ans. Ça tenait avec les sacres de Neymar ou Ronaldinho mais depuis… Mise à part peut-être un Julian Alvarez, les récipiendaires sont de bons joueurs mais nullement des cracks. Ça suit la courbe du niveau du foot des clubs là-bas désormais…
Me souviens parfaitement de cette finale de l’Euro 2012. Nous étions en Carelie, souvent dans des chambres d’hôtel où il n’y avait pas de télé donc je m’étais préparé à ne pas voir la finale… Sauf que miracle ce jour-là ! Il fait quasiment tout le temps jour à cette époque en Carelie et je me vois envoyer des petits textos de chambrages à mes potes italiens pendant la rencontre. Jusqu’au moment où ils ont arrêté de me répondre. Haha 4-0, quel bon souvenir…
En 2016, y a pas vraiment eu débat, l’Italie était bien plus consistante que l’Espagne. En 2021, je pense que la Roja avait dominé. Mais sur l’ensemble de la competition, la Nazionale méritait le sacre.
En 2016 il y avait une grinta estampillée Conte certes, avec une équipe costaude certes (Buffon et la BBC derrière, Pirlo De Rossi au milieu, Marchisio encore là…) mais sur le début de son déclin malgré tout (beaucoup de joueurs très moyens (à l’image de la doublette titulaire devant Eder et Pelle (même si j’ai toujours apprécié le pugliese)))… L’Espagne (en fin de cycle elle aussi après déjà sa désillusion deux ans plus tôt au Brésil) avait tout de même le ballon, campait quasi dans la surface adverses et asphyxiait la Squadra… sur le 1-0, ça pouvait vite basculer, c’était pas non plus un 2-0 (score final) net et sans bavure pour la Nazionale.
Prandelli, j’ai toujours trouvé qu’il avait comme une bonne tête de Commedia dell’Arte………ce qui dans ma bouche n’a rien de péjoratif – la vie est une farce, et donc pourquoi pas.
Mode laisser parler le coeur, les sentiments : c’est pas Prandelli, qui tenta de relancer Balotelli?? Si oui, c’est du moins le souvenir que j’en garde pour l’Euro 2012 : j’avais beaucoup aimé…………..même si tout cela eut tôt fait de finir en eau de boudin, et assez prévisiblement encore bien (il y avait d’ailleurs comme un climat voyeuriste, genre : « quand ce taré va-til péter une case? »).
M’avait marqué une phase où Balotelli (que j’aime bien, un faible pour lui) a un beau coup à jouer……………..mais s’arrête sans raison aucune, et joue en retrait………..avec dans la foulée gros plan sur un Prandelli qui, conséquemment, semblait rattrapé lui aussi par les démons de ce joueur..que pour ma part je trouve attachant.
Mode plus rationnel, du moins autant que ce pauvre jeu permet de l’être encore : Sacchi ne vaut vraiment pas tant d’éloges…………… Inédit pour le football italien, à la rigueur. Mais dès qu’on daigne en sortir des frontières étriquées (mot hélas pas trop malheureux), en fait c’est l’Italie, Sacchi compris, qui avait du retard, et pas un peu……………
De surcroît, Sacchi sans la narrative et les ficelles berlusconistes : c’est un roi nu.
Vrai pour Sacchi, avec les années, le peaufinage de ma culture foot et, surtout, la correction version adulte des verres de mes lunettes de soleil ne filtrant alors, quasi uniquement, les couleurs répondant aux prisme de l’enfance et de l’orgueil typiquement méditerranéen… je vois un peu plus clair et abdique: il était surtout borgne au royaume des aveugles, prophète en son pays…
C’est déjà ça et le charisme reste lui bien intacte mais force est de constater que Sacchi quitte doucement le panthéon de l’adulation, l’adoration… l’idolâtrie et enfin: l’adolescence.
Orgueil méditerranéen?? Peut-être, sais pas.. Suis pas méditerranéen! Mais si orgueil singulier il y a, il ne vient alors probablement pas de n’importe où : mes latitudes aimaient à moquer l’un ou l’autre « sous-développements » (alors qu’au fond l’on est toujours le sous-développé d’autrui à un moment ou à un autre), bref des condottiere genre Agnelli, Berlusconi & autres auront alors eu beau jeu de surfer là-dessus, flatter des sociétés conservatrices et des orgueils blessés.
Ceci dit, les Méditerranéens…. Plus footixisés (autant dire : culturellement sous-développés) que les NL à temps T+0 : y a pas! Eux s’autoproclament désormais de plus en plus comme plus grande et plus influente des petites nations (statut pour eux insupportable, puisque animés par une logique d’Empire), à les en croire ils ont tout inventé (hum..) et Uruguayens ou Hongrois ça n’existe pas, bref.. 😉
Sacchi, je le vois comme un type encensé pour avoir fait entrer le Calcio dans certaine post-modernité du Nord-Ouest européen, et qui y sera brièvement parvenu de manière pas toujours bien glorieuse.
Et pour le reste : je le vois comme un type au fond plutôt frileux, vraiment pas l’ami des artistes.. L’apôtre du beau jeu offensif qui préfère un Massaro à des Baggio ou Zola, snobbe Giannini, et que Berlu fit des pieds et des mains pour imposer à la tête de la Squadra parce que ses Hollandais n’en voulaient plus, bof.. Du calcul d’épicerie et des watts, ça oui, mais le reste..??