24 avril 1921. Stade Pershing, dans le bois de Vincennes. Il fait doux et 18 000 spectateurs sont venus assister à la finale de la Coupe de France entre le Red Star de Saint-Ouen et l’Olympique de Paris. « Certes, ce n’était pas la cohue qui assaille les terrains de jeu lors des grands matchs de rugby », note Le Petit Parisien du lendemain, « mais c’était une affluence non constatée encore dans une épreuve de football. »
Alors que la marque est de 2 buts à 1 en faveur du Red Star et qu’il ne reste que dix minutes à jouer, l’Olympique de Paris conduit une attaque qui prend totalement à défaut la défense audonienne. Louis Darques profite de la sortie manquée du gardien du Red Star pour expédier un tir dans le but vide. C’est alors que l’arrière Lucien Gamblin, « dans un geste instinctif de suprême défense » (Maurice Pefferkorn), arrête des deux mains, avant de dégager du pied, ce ballon qui ne pouvait pas manquer sa cible !
Penalty. Jules Dewaquez, qui a remporté la Coupe de France 1918 et participé aux Jeux Olympiques d’Anvers, s’avance. On ne sait pas ce qui se passe dans sa tête, mais peut-être se demande-t-il s’il va réussir à tromper la vigilance du gardien du Red Star. Ce gardien, un peu boudiné et qui joue là son premier match depuis sa grave blessure en finale des Jeux Interalliés de 1919, fait peur. En effet, d’après le compte-rendu du Petit Parisien, « ses dégagements furent splendides, ses arrêts impeccables et, aux moments les plus critiques, il montra son sang-froid et surtout cette exacte appréciation des distances qui lui permet de se placer juste au bon endroit. » À en croire le journal parisien, ce fut « le grand as de ce match ».
Alors, peut-être Dewaquez, au moment décisif, doute-t-il. Et Gamblin, que l’arbitre n’a pas expulsé et qui a plus d’une malice dans son sac, le pense également. Il joue l’intox sur Dewaquez, son coéquipier en équipe nationale : « Ecoute Julot, tu vas le louper ce penalty. Pierrot est imbattable. » Et, en effet, le joueur de l’Olympique cède sous la pression, tape dans la terre et envoie un tir mou dans les bras de Pierre Chayriguès.
Le Red Star remporte ainsi sa première Coupe de France et, le lendemain, la presse est unanime à célébrer ce gardien de bientôt 29 ans. L’Auto lui consacre sa une : « Chayriguès gagne la Coupe de France ». Et Le Petit Parisien en fait un titulaire évident pour l’équipe de France : « Nos sélectionneurs cherchaient un gardien de but pour défendre les filets de la France contre l’Angleterre. Chayriguès a reconquis sa place, il s’est imposé hier pour ce poste. »
Ainsi, la première vedette du football français, bien avant Kopa, Platini ou Zidane, fut un gardien de but. C’est sa carrière de joueur que nous nous proposons de retracer ici brièvement.
Les jeunes années et le Red Star
Pierre Chayriguès naît le 2 mai 1892 dans le XVIème arrondissement de Paris. Après un passage au Football Étoile Club de Levallois, il rejoint en 1907 les rangs de l’Union Sportive et Amicale de Clichy. Excellent gardien malgré sa petite taille (à peine 1,70 mètre), Chayriguès ne peut cependant prétendre à l’équipe nationale.
En effet, le football français, à cette époque, est divisé en fédérations concurrentes. D’un côté, l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA) a choisi de quitter la FIFA en 1908. De l’autre, le Comité Français Interfédéral (CFI) l’a remplacée au sein de la fédération internationale et détient donc le monopole de la représentation officielle. Affiliée au CFI, la Ligue de Football Association, dont le président est Jules Rimet, est composée de quelques clubs essentiellement parisiens. Parmi ceux-ci se trouve le Red Star Amical Club, fondé par les frères Rimet et leurs amis en 1897.
Or, le club clichois pour lequel Chayriguès garde le but est affilié à l’USFSA. Le jeune Parisien ne peut donc espérer que des convocations au sein de sélections de l’USFSA, sélections non reconnues par la FIFA et cantonnées à des matchs d’un niveau très relatif.
En 1911, convoité par Roland Richard, directeur sportif et entraîneur du Red Star, Chayriguès n’hésite donc pas. Profitant de leur situation avantageuse ouvrant les portes de l’équipe de France et donc de la notoriété, les clubs affiliés au CFI font alors le plein de bons joueurs : outre Chayriguès, Eugène Maës, Alfred Gindrat et Julien du Rhéart, tous internationaux, débarquent au Red Star en 1910 et 1911.
Le talent se monnaie
Mais, à la perspective de jouer en équipe nationale, il faut ajouter l’attrait d’un salaire et de primes conséquentes pour l’époque. Bien qu’officiellement amateur – le statut professionnel n’apparaît qu’en 1932 en France – Chayriguès signe un accord avec le club basé à Saint-Ouen qui prévoit une première prime de 500 francs, un salaire mensuel de 400 francs et une prime de 50 francs pour chaque victoire en compétition. Chayriguès n’a alors que 19 ans. En 1929, dans ses « mémoires » publiées par L’Auto, il déclare estimer ses revenus annuels de la période avant-guerre au moins à 10 000 francs, en y incluant bien sûr les primes qu’il perçoit aussi en équipe de France. Selon Didier Braun, Chayriguès gagne autant que quatre instituteurs.
En 1913, après un amical face à Tottenham Hotspur Football Club disputé à Saint-Ouen, le club londonien offre un pont d’or à Chayriguès en plus du statut professionnel. S’il accepte de rejoindre l’Angleterre, son salaire sera quadruplé. Il refuse.
Pour la période qui démarre en 1922, il déclare : « Je n’ai jamais joué, pas plus pour la Ligue Parisienne que pour la Fédération, à titre gratuit. Les indemnités variaient, évidemment, mais il m’arriva souvent de toucher, d’un coup, 2 000 francs. Lorsque ma présence s’annonçait douteuse pour une rencontre, tenez pour certain que c’était parce que nous n’étions pas d’accord avec le pouvoir organisateur sur le prix de ma participation. J’étais alors tout à fait décidé à ne jamais jouer gratuitement pour des organisations qui ne visaient que la recette. » Ces indemnités, selon Jules Rimet, président de la FFFA, ne concernent que des frais médicaux et pharmaceutiques. De son côté, la Ligue de Paris reconnaît avoir versé « des frais de déplacements, ainsi qu’une indemnité journalière de 40 francs durant trois mois pour cause de blessure ; c’était le double d’un salaire ouvrier au début des années vingt » (Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi).
Un style nouveau
Si Chayriguès est tant convoité et perçoit des revenus très confortables, il le doit à son talent. Le gardien audonien s’impose en effet très rapidement non seulement comme doué mais aussi comme un novateur. Dans ses « mémoires », il décrit son style en ces termes : « J’ai compris tout de suite que le gardien devait être autre chose qu’un homme enfermé dans sa cage. J’ai donc décidé de quitter ma ligne de but et de me promener dans les dix-huit mètres, à la fois pour mieux anticiper le jeu, stopper l’attaque adverse et relancer les contre-offensives. On m’a alors considéré comme un demi-fou et, au début, les spectateurs m’ont sifflé. Mes camarades, eux, m’ont regardé avec des yeux ronds. J’ai aussi imposé les plongeons qui ressemblaient à des gestes de folie. J’ai appris à avancer de deux ou trois pas, hors de mon but, pour mieux fermer les angles de tir. J’ai également démontré que les renvois au poing et de la main pouvaient être efficaces. Tout cela constitua une nouveauté qui surprit tout le monde et prépara sans doute l’avenir… »
Les dernières années
Présent par intermittence avec son club comme avec l’équipe nationale, Chayriguès continue de bien gagner sa vie et participe aux principaux événements sportifs de son époque. Il gagne ainsi les éditions 1922 et 1923 de la Coupe de France et participe aux Jeux olympiques de Paris. Les Jeux olympiques, soi-disant temple de l’amateurisme, où le professionnalisme ne gêne que quelques hypocrites. Blessé lors de la rencontre avec l’Uruguay, il ne peut empêcher la déroute des Français devant les artistes sud-américains (1-5).
Littérature
– D. Braun, « Pierre Chayriguès » et « La première star du foot français jouait au Red Star », dans http://uneautrehistoiredufoot.blogs.lequipe.fr/, janvier 2012.
– Collectif, Red Star. Histoires d’un siècle, Paris, Club du Red Star, 1999.
– P. Delaunay, J. de Ryswick et J. Cornu, 100 ans de football en France, Paris, Editions Atlas, 1982.
– M. Pefferkorn, Football joie du monde, Paris, Editions J. Susse, 1944.
– H. Slimani, La professionnalisation du football français : un modèle de dénégation, thèse de doctorat, Nantes, 2000.
– A. Wahl et P. Lanfranchi, Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Paris, Hachette, 1995.
C’est beau, probablement le meilleur article que j’ai lu sur ce site…
Ça va les chevilles ? 😉
Beau morceau, en effet. Merci pour la bibliographie à la fin !
Si je ne me flatte pas moi-même, qui d’autre le fera ?
Moi !
Chayriguès, ce nom me renvoie en enfance, quand je lisais « La fabuleuse histoire du football » de Réthacker et Thibert et que je souffrais en découvrant la litanie des branlées reçues par les Français face aux amateurs anglais, aux Belges et pour tout dire, à peu près tous leurs adversaires des années 1910. Au moment de tourner une page, l’espoir de jours meilleurs ne reposait pratiquement que sur la sélection de Chayriguès, dont la présence en équipe de France n’est qu’une suite d’allers et retours.
Et puis, prononcez Chayriguès. « Chay », vous entendez « Chaye ». « Ri », roulez le r. « Guès », laissez glisser le s sans le retenir, « Guess ». Chayriguès. Vous sentez la Provence ? Pour moi, c’était un héros extrait d’un roman de Giono ou de Pagnol, un personnage du « Château de ma mère » croisé lors du périple menant d’Aubagne à la maison dans la garrigue.
Merci Bobby pour ce portrait et ces souvenirs.
Et voilà… Son seul commentaire est plus intéressant que tout mon article.
Il est incomparable, ce Verano !
Une resucée du texte de Didier Braun ? escroc !
Peu importe, excellent article et superbes photos. Ça nous change un peu des omniprésents Italo-argentins, haha !
Je me suis replongé dans mes jeunes années. J’ai très bien connu le père de Chayriguès !
Pas seulement de Braun. Aussi de Wahl ou de Delaunay.
C’est vrai que, pour celui-ci, j’ai surtout travaillé avec des sources secondaires.
Le prochain portrait (1er novembre) sera du 100% exclusif, pioché dans des sources primaires.
Certainement le meilleur article lu sur ce site…
Existe-t-il d’autres exemples, à cette époque, de français courtisés par le foot anglais?
Il y a eu des joueurs français en Angleterre avant Chayriguès. Notamment un à Fulham, j’ai oublié son nom, mais je crois qu’ils étaient étudiants ou travaillaient sur place et ne furent pas recrutés expressément comme joueurs de football. Mais, de toute façon, c’est un véritable pont d’or que Tottenham offre à Chayriguès… lequel refuse. A l’époque, assurément, c’est la plus grande vedette du football français et très probablement le meilleur joueur français des années 10-20.
Voilà.
C’est Georges Crozier, qui arrive à Fulham en 1904. Gardien de but, il semble bien avoir été recruté en tant que joueur de football. C’est, semble-t-il, le premier footballeur français en Angleterre. International, il lui est arrivé une célèbre mésaventure : http://www.chroniquesbleues.fr/Quand-un-gardien-en-remplace
Et je me rappelais confusément d’un autre à Walsall : c’est Eugène Langenove, de l’Olympique justement, qui rallie les Midlands en 1922.
Bref, des clubs de seconde zone comparés à Tottenham.
Et on a une bibliographie en prime !
On va gagner en crédibilité rapidement 😀
Merci pour l’article !
Un brave homme pas assez mis en avant dans notre histoire footballistique. Pourtant, Pierre Chayrigues peut se vanter d’avoir « juste » posé les bases de ce que doit être un gardien. Excusez du peu !
A croire que le football en France a commencé dans les années 50…
C’est beau, probablement le meilleur article que j’ai lu sur ce site et illustré par les plus belles photos 🙂
Si monsieur commence à citer du Delaunay, Pefferkorn et Wahl…
Concernant le régime, c’était peut-être un disciple de Fatty Foulkes?
Faut dire qu’à l’époque les gardiens étaient de tels kamikazes et prenaient de tels gnons… Valait mieux ne pas être malingre ! Les nombreuses blessures de Chayriguès se chargent de rappeler la dangerosité du poste.
Un article, le 1er novembre, l’exposera de manière encore plus flagrante…
Franchement il se surpasse Verano aujourd’hui !
Bravo bravo !
Bobby, toi qui l’a vu jouer, que penses-tu de Maurice Cottenet, le concurrent de Chayriguès dans les années 1920 ?
Toi qui l’as vu jouer, pardon
Cottenet, c’est surtout un horrible record : 69 buts encaissés en… 18 sélections !
Mais on ne devient pas le gardien de l’Olympique sans quelques qualités (c’est d’ailleurs Cottenet qui garde les buts de l’Olympique lors de la finale de CdF 1921). Néanmoins, dans l’esprit des pontes de la 3FA, le calcul semble clair : si Chayriguès est disponible, il joue. S’il est absent, c’est Cottenet qui prend sa place. Après la retraite de Chayriguès, en 1925, Cottenet est le numéro 1 pour deux ans (jusqu’en 1927). Il était un peu plus jeune que Chayriguès.
On remarque, même si ils sont tous coquets, un manque de créativité au niveau des coupes de cheveux!
Pento pour tout le monde!
Il est joli le ballon de la photo de garde. Alors je viens de voir que c’est le fabricant Ducim qui avait le contrat avec la fédération pour la fabrication des ballons pour la coupe de France à cette époque. Avant de se faire remplacer par la maison Allen qui aura l’exclusivité, pour le coupe du Monde 38 en particulier.
Je ne sais pas si ces 2 marques ont perduré après la guerre.
http://vergue.com/post/62/Eugene-Maes-footballeur-1913
Deux erreurs dans la notice : Maës continue à jouer au foot après la guerre, au SM Caen. Mais il n’est plus au niveau qu’il avait avant la guerre. Ensuite, rien ne prouve qu’il fut dénoncé par Marie-Clotilde de Combiens. En tout cas, je n’ai rien trouvé sinon des « on-dit ». Marie-Clotilde de Combiens a très mauvaise réputation dans le pays caennais et elle a sans doute commis quelques saloperies. Mais, à l’image d’une Violette Morris, son dossier a peut-être été un peu « chargé ». Toujours est-il qu’il n’y a aucun document, à ma connaissance, prouvant qu’elle dénonça Maës. Mais il y a bien des documents de la police allemande établissant qu’il fut arrêté et déporté pour « propos anti-allemands et gaullistes ». Bon, si vous m’orientez sur Maës, va pas falloir que je tarde trop à ressortir mon texte le concernant.
Très bel article sur Maës (possiblement meilleur que le mien) : https://lecorner.org/eugene-maes-grand-footballeur-et-magnifique-cabochard/
Je les soupçonne d’ailleurs de m’avoir piqué une ou deux tournures de phrase (notamment celles sur la charge sur le gardien). J’ai vérifié : j’avais publié mon texte sur Sofoot avant que le site « Le corner » ne publie le sien ! Ils m’ont pompé, ces crevards, c’est sûr !
Charygues avait-il des modèles à son poste?
Je ne sais pas.
Probablement pas, étant donné qu’il apprit le football au tout début du XXe siècle.
Mais il faudrait que je me replonge dans ses souvenirs parus dans Match en 27-28 ou dans ceux parus dans L’Auto en 29.
Présentement, j’ai la flemme.
Mais la publication de ses séries de souvenirs (dans une mise en page plus attrayante et plus accessible que Gallica) pourrait être intéressante.
Sur football stadiums, je recommande la lecture d’un dossier consacré aux (de mémoire, hein) « foreign players in UK », très instructif.
Ce n’est pas le plus intéressant mais, pour rebondir sur un commentaire de Bobby, l’on y apprend (c’est mon cas) par exemple que ce Français de Fulham du début du XXeme siècle y avait de peu été précédé, toujours de tête, par un..Africain!
Il est peut-être pertinent de souligner qu’ il fut contemporain de ce qui, 3 grosses générations durant, furent les dernières véritables évolutions réglementaires du jeu, lesquelles d’ailleurs semblaient tout particulièrement cibler le jeu du gardien : restriction spatiale de son jeu à la main, hors-jeu plus contraignant pour la défense..
hors-jeu plus contraignant pour la défense..
Qui déboucha en fait sur un durcissement de la défense, avec la mise en place du WM. Quoique le WM était-il sans doute déjà dans la boîte, avant 1925, et la prétendue « révolution tactique » n’est-elle peut-être rien d’autre qu’une lente évolution.
En 1897, l’IFAB autorise aussi la charge sur le gardien. Qui s’en prend alors plein la tronche !
De quand date la photo en port-folio?
J’ai déjà vu quelque part le joueur en bas a droite, mais??
Bizarre de se dire que certains avaient possiblement connu les tranchées peu avant.
Finale de CdF 1923 (contre Cette).
Sur les photos de cette époque, les cinq accroupis au premier rang sont toujours la ligne d’avants, dans la configuration prévue pour le match : on retrouve donc ici, sauf erreur de ma part, l’ailier Lucien Cordon, l’intérieur Juste Brouzes, l’avant-centre Paul Nicolas, l’intérieur Marcel Naudin et enfin l’ailier Raymond Sentubéry (de gauche à droite).
Debout (de gauche à droite) : Chayriguès, Maurice Meyer (arrière), Robert Joyaut (demi), François Hugues (demi), Lucien Gamblin (arrière), Philippe Bonnardel (demi).
Contre Cette ?
C’est la contrefaçon PES du FC Sète ? :3
Merci pour le line-up.
J’ai dû chercher mais ça me revient d’où je connais sa bobine : un France-Belgique (ou l’inverse) de 1924, maintes photos en-publiées sur sa page par un digne descendant des Mariën (grand président historique de l’Union Saint-Gilloise, dont ledit descendant est assurément l’un des plus phénoménaux historiens du foot en Belgique).
D’ailleurs, quand sur SF (vieux débat 😉 ) je te parlais du caractère très artisanal mais aussi maniaco-factuel, en rien analytique ni interprétatif (mais d’autant fidèle!), de la bien peu glamour historiographie à la belge.. : ben voilà le genre d’ouvrages qu’il publie :
https://www.sportsmemories.be/photos/25565.Big.jpg
De la stat pure, il a reconstitué tout le XXème siècle de la sorte, dans le moindre détail : moindre date, moindre but, moindre lieu de naissance, moindre club, moindre année………….., boulot hallucinant…
Absolument pas ma came!, mais, grâce à lui et quelques autres : des fondations en béton.
Non, en 1923 la commune s’appelle Cette.
C’est par la grâce d’un arrêté municipal de 1927 qu’elle devient Sète.
Citons le grand Georges:
La petite presqu’île
Où jadis bien tranquille
Moi je suis né natif
Soit dit sans couillonnade
Avait le nom d’un adjectif
Démonstratif.
Moi, personnellement
Que je meur’ si je mens
Ça m’était bien égal
J’étais pas chatouillé
J’étais pas humilié
Dans mon honneur local.
Mais voyant d’ l’infamie
Dans cette homonymie
Des bougres s’en sont plaints
Tellement que bientôt
On a changé l’orthograph’
Du nom du pat’lin.
Et j’eus ma première tristesse d’Olympio
Déférence gardée envers le père Hugo.
Si faire se peut
Attendez un peu
Messieurs les édiles
Que l’on soit passé
Pour débaptiser
Nos petites villes.
La chère vieille rue
Où mon père avait cru
On ne peut plus propice
D’aller construire sa
Petite maison s’appelait
Rue de l’Hospice.
Se mettre en quête d’un
Nom d’ rue plus opportun
Ne se concevait pas
On n’ pouvait trouver mieux
Vu qu’un asile de vieux
Florissait dans le bas.
Les anciens combattants
Tous comme un seul sortant
De leurs vieux trous d’obus
Firent tant qu’à la fin
La rue d’ l’Hospic’ devint
La rue Henri-Barbusse.
Et j’eus ma deuxième tristesse d’Olympio
Déférence gardée envers le père Hugo.
Si faire se peut
Attendez un peu
Héros incongrus
Que l’on soit passé
Pour débaptiser
Nos petites rues.
Moi la première à qui
Mon coeur fut tout acquis
S’app’lait Jeanne Martin
Patronyme qui fait
Pas tellement d’effet
Dans le Bottin mondain.
Mais moi j’aimais comme un
Fou ce nom si commun
N’en déplaise aux minus
D’ailleurs de parti pris
Celle que je chéris
S’appell’ toujours Vénus.
Hélas un béotien
A la place du sien
Lui proposa son blase
Fameux dans l’épicerie
Et cette renchérie
Refusa pas, hélas !
Et j’eus ma troisième tristesse d’Olympio
Déférence gardée envers le père Hugo.
Si faire se peut
Attendez un peu
Cinq minutes non
Gentes fiancées
Que l’on soit passé
Pour changer de nom.
@bobbyschanno
Oh ! Eh ben j’aurais appris un truc aujourd’hui !
Merci beaucoup !
Merci pour Sete anecdote 😉
Un peu de culture fait toujours du bien .
Pour la deuxième photo (celle des Jeux de Paris), on a donc Devaquez, Boyer, Nicolas, Crut, Dubly qui forment la ligne d’avants (de gauche à droite).
Et debout (de gauche à droite) : Baumann et Gravier qui forment la paire d’arrières, puis les demis Domergue, Parachini et Bonnardel, enfin le gardien Chayriguès.
En revanche, je ne sais pas avant quel match était-ce, le XI étant le même contre la Lettonie (7-0) et contre l’Uruguay (1-5).
Bobby, Jean Boyer est un personnage haut en couleur si j’en crois d’anciennes lectures. Tu as déjà écrit le concernant ? Lucien Gamblin, encore joueur et déjà journaliste, confirmes tu qu’il n’hésitait pas à critiquer ses concurrents dans ses papiers ?
Non. Et je connais donc mal Boyer.
Oui. Je me rappelle d’un match où quelques nouveaux sélectionnés s’étaient mal débrouillés. Gamblin, dans L’Auto, les a dézingués (!) et a dit que les anciens pourraient sans doute faire mieux. Résultat : il est rappelé en équipe de France, pour sa dernière sélection. Je ne me souviens plus exactement du match.
Test
Bon.. J’aime bien ce papier.
Le foot français pré-70’s m’est quasi-inconnu (5-6 matchs de 58 et de Reims, ce n’est pas connaître le foot français de l’époque), j’aime particulièrement qu’on rappelle au souvenir de ces grands joueurs de jadis..et puis surtout j’ai de la fascination pour les innovateurs, les types qui font culturellement évoluer leur discipline..
As-tu /-t-on la moindre idée de pourquoi ce fut lui qui tira l’art du keeping vers le haut? Lui-même s’en expliqua-t-il? Sa petite taille, peut-être?
Un pont d’or de Tottenham.. Il semble assez évident que ce Tottenham-là était un club dominant, pleine bourre.. Ce n’est vraiment pas rien.
Parfois je m’amuse à indexer les montants (salaires, transferts..) d’alors, selon l’inflation monétaire entre-temps produite.. Curieux de voir ça pour Chayriguès.
Pour l’indexation, je l’avais fait (et tenu à jour depuis 2012 ou 2013), mais je ne la trouvais guère représentative. Depuis 2012 ou 2013 car, si tu te souviens bien, c’est un texte sorti initialement sur Solavanco.
Je crois que Chayriguès expliquait notamment ses innovations par ses débuts dans le football de rue. Bon, c’est un topos. Quel crédit y accorder ? Faudrait décidemment que je me remette dans ses souvenirs publiés dans Match puis dans L’Auto.
Tottenham est alors, effectivement, un très gros club : vainqueur de la Cup, régulièrement dans le groupe de tête en Football League… C’est la crème de la crème ! C’est comme, aujourd’hui, être courtisé par le Real, le Bayern ou Manchester City.
(Demain, je sors une sottise… Puis un nouveau portrait de gardien de cette époque pour le 1er novembre… Et je vais me pencher sur les souvenirs de Chayriguès.)
Oui oui, je me rappelais de sa publication sur le site d’Yves.
Redécouvrir celui sur Gerbault n’est pas non plus pour me déplaire, son destin me fascinait enfant, plus vieille lecture hors-cadre scolaire dont je me rappelle.
Celui sur Gerbault ressort le 17 novembre (anniversaire de Gerbault).