Les portraitistes n’ont pas toujours été tendres avec Carlos Bilardo, voyant en lui un calculateur superstitieux et disgracieux, cruellement surnommé Narigón, grossière référence à son appendice nasal, comme si le football était le reflet de la physionomie des hommes, précepte conforté par les idéaux de son prédécesseur et exact opposé, le flamboyant Flaco Menotti. Pourtant le triomphe de Maradona en 1986 est également celui de Bilardo tant les liens les unissant composent une alchimie sophistiquée entre un jouisseur et un ascète.
Plongé dans une vie parallèle, Carlos Bilardo ignore que certains de ses « frères » et « enfants » préférés l’ont précédé dans le royaume de l’au-delà. De santé fragile depuis plusieurs années, ses proches et ses aides-soignants lui ont caché le décès de Diego Maradona bien sûr, mais aussi ceux d’Oscar Malbernat, Alejandro Sabella, El Tata Brown ou encore Raúl Madero. Quelques semaines après la disparition d’El Pibe, il était prévu qu’Oscar Ruggeri et les soldats qu’il affectionnait tant lui rendent visite pour l’informer avec d’infinies précautions. En ont-ils eu le courage ?
Bilardo ne se souvient probablement plus de ses méthodes énigmatiques, obscures superstitions ou médecines occultes, peu importe, le mystère demeure. Sa vie entière est une lutte contre l’adversité à commencer par le mauvais œil qu’il voit partout et les histoires liées à l’épopée victorieuse de 1986 ne seraient pas aussi savoureuses sans ses rituels ésotériques. Diplômé de gynécologie, il concilie esprit scientifique et profonde religiosité qu’il accompagne de routines absconses, de véritables niaiseries. Il serait cependant trop simple de réduire Bilardo à de foisonnantes anecdotes plus ou moins loufoques. El Doctor est bien plus qu’un clinicien étriqué ou un obstétricien défroqué, c’est un entraîneur hors normes et un personnage de roman aux vies multiples.
D’Estudiantes à la sélection colombienne
Carlos Bilardo débute à la fin des années 1950 avec San Lorenzo, le club de son enfance. Mais c’est à La Plata, avec Estudiantes, qu’il fait les rencontres qui vont décider de sa vie. Parmi ceux qui vont le façonner, El Zorro Osvaldo Zubeldía, un mentor qui fait de ce gringalet son éminence grise au milieu de desperados que les scrupules n’étouffent pas. Avec son capitaine Oscar Malbernat et Raúl Madero, étudiant en médecine lui aussi, Bilardo mène El Pincha vers les sommets. Il est de tous les triomphes, fussent-ils dans le soufre et l’opprobre, le sommet étant atteint lors du traquenard dans lequel tombe le Milan en 1969 en finale de Coupe Intercontinentale. Quand le club est orphelin de Zubeldía, il en devient l’entraîneur – vice-champion en 1975 – avant de s’exiler en Colombie, terre d’accueil d’anciens héros d’Estudiantes, El Zorro et la Bruja Verón notamment.
En prenant les rênes du Deportivo Cali, Bilardo participe à professionnaliser le football colombien et quand il évoque cette expérience, il n’est pas dans la nuance : « avant mon arrivée, le football colombien n’existait pas. » Derrière la provocation se cache un fond de vérité. S’il ne parvient pas à mener El Glorioso au titre national, Carlos Bilardo écrit sa légende en Copa Libertadores. En 1977, il est éliminé par le futur champion Boca Juniors sans perdre lors de la poule triangulaire faisant office de demi-finales[1]. Puis en 1978, il guide les Verdiblancos jusqu’à la première finale d’un club colombien, à nouveau face à Boca. Ces oppositions contre Boca sont des duels avec Juan Carlos Toto Lorenzo, le technicien xeneize, le véritable ennemi de Narigón, bien plus que Menotti. Tacticiens rigoristes, prêts à tout pour gagner, rongés par les cérémoniaux irrationnels, Bilardo et Lorenzo[2] se ressemblent et se haïssent.
C’est à cette période qu’il vit des épisodes invraisemblables impliquant les frères Orejuela, à la tête du cartel de Cali, et Pablo Escobar, chef de celui de Medellín. Selon ses propres dires, Bilardo aurait servi de médiateur dans la guerre entre narcotrafiquants sans parvenir à les réconcilier, un de ses grands regrets.
En 1980, la fédération colombienne lui confie les Cafeteros et Bilardo découvre le métier de sélectionneur avec pour seul objectif la qualification pour la Coupe du monde en Espagne. Malgré une approche méthodique et la multiplication des rencontres amicales, il échoue dans sa mission, une désillusion à la hauteur de son absolutisme le poussant à vouloir se défenestrer dans les heures suivant la défaite fatale contre le Pérou, seul un membre de son staff parvenant à l’en dissuader.
D’Estudiantes au toit du monde
Carlos Bilardo s’extrait de la dépression en revenant à La Plata, chez lui, avec Estudiantes où il y expérimente pour la première fois un système de jeu en 3-5-2. A la tête d’une équipe étonnamment séduisante, il conquiert le championnat Metropolitano 1982. Cela suffit pour que Julio Grondona, président de l’AFA, lui confie l’Albiceleste à la suite de Menotti dont la déliquescente fin de mandat s’est confondue avec la débâcle militaire aux Malouines.
Les années qui précèdent la Coupe du monde 1986 ressemblent à un long pèlerinage sur des chemins de traverse chaotiques à souhait, le guide ne semblant pas savoir où il mène des ouailles déboussolées par sa lubie de jouer avec trois défenseurs. Obnubilé par le visionnage de vidéos, Narigón s’attache à faire déjouer l’adversaire avant de s’intéresser au système de jeu de l’Albiceleste dont on se demande s’il peut dépasser le stade du concept. En mai 1985, après une nouvelle purge contre le Paraguay, le Monumental entier l’insulte à tel point que son père prend peur et le supplie, en vain, de renoncer. Mais Bilardo ne croit pas qu’en Dieu, il a foi en lui et si ses conférences de presse s’apparentent à un écheveau d’aphorismes, il sait l’expliquer : « je pense beaucoup plus vite que je ne parle. » La qualification arrachée contre le Pérou ne suffit pas à convaincre les journalistes, le grand public et les politiciens, quelques proches du président de Raúl Alfonsín complotant pour le faire destituer à l’approche de la Coupe du monde[3].
Déboulonné par de providentiels problèmes gastriques, l’embarrassante statue du Kaiser Passarella tombe dans les jours précédant le premier match du Mundial mexicain. Le groupe se soude alors autour de Maradona, seul maître à bord, et contre tout ce qui vient de l’extérieur dans un climat de paranoïa qu’exacerbent les délires de Bilardo. Et cela fonctionne. Le premier tour de l’Argentine révèle de vrais progrès, le 3-5-2 semble enfin assimilé, Brown se substituant à Passarella en libero[4] et Maradona soutenant le duo d’attaque, Valdano-Borghi ou Valdano-Pasculli. A partir du quart de finale contre l’Angleterre, le système évolue encore au profit d’un 3-5-1-1[5] plus rigoureux sur le plan défensif mais offrant au Pibe la liberté d’« un cerf-volant cosmique »[6].
Avec ce schéma, l’astre Maradona capte toute la lumière et l’histoire retient que la Coupe du monde mexicaine est la sienne. Pourtant c’est bien Bilardo qui conçoit ce dispositif tactique définitivement moderne et ceux qui ne voient en lui qu’un technicien déloyal, un croque-mort à la tête de l’ascétique et truqueuse Argentine de 1990, se trompent. Le pragmatique et fétichiste Narigón est un immense stratège, l’égal de Menotti l’athée magnifique, champion du monde envers et contre tous, un homme qui n’a vécu que pour la victoire au point de déclarer un jour, après un match à la vie à la mort face à Independiente : « je n’ai plus que les yeux, la pomme d’Adam et le nez, tout le reste, je l’ai laissé sur le terrain. »
[1] Matchs nuls 1-1 à l’aller et au retour.
[2] Pour décrire le système de jeu de Toto, une réponse à une question d’un journaliste résume tout : « Vous voulez du jeu ? Allez au magasin de jouets, ici c’est Boca. »
[3] Histoire rocambolesque : trois députés, dont deux futurs ministres de l’Intérieur, discutent dans un restaurant des modalités pour destituer le sélectionneur. Un serveur connaissant Bilardo épie la conversation, la lui rapporte. Bilardo informe ensuite Julio Grondona, président de la fédération, qui parvient à éteindre le complot.
[4] José Luis Brown a déjà évolué dans une défense à trois à Estudiantes avec Bilardo.
[5] Le 3-5-2 devenait déjà un 3-5-1-1 au premier tour quand il s’agissait de préserver le score, Tapia ou Enrique remplaçant Borghi pour densifier le milieu de terrain.
[6] Expression du commentateur Victor Hugo Morales après le chef d’œuvre de Maradona contre l’Angleterre en quart de finale.
Pour être précis, l’Argentine utilise 3 dispositifs tactiques en 1986: le 4-3-1-2, le 3-5-2 et le 3-5-1-1.
Ils jouent 3 matchs en 4-3-1-2: en phase de groupe contre la Corée du sud et la Bulgarie et en 16ème de finale contre l’Uruguay. Ils jouent en 3-5-2 en phase de groupe contre l’Italie et enfin en 3-5-1-1 en quart contre l’Angleterre, en demi contre la Belgique et en finale contre l’Allemagne de l’ouest.
Ci-dessous les 11 de départ:
1/ Argentine – Corée du sud
http://www.footballuser.com/formations/2021/04/1846258_Argentina.jpg
2/Argentine – Italie
http://www.footballuser.com/formations/2021/04/1846271_Argentina.jpg
3/Argentine – Bulgarie
https://i.imgur.com/M6JSL61.png
4/Argentine – Uruguay
http://www.footballuser.com/formations/2021/04/1846276_Argentina.jpg
5/Argentine -Angleterre
http://www.footballuser.com/formations/2021/04/1846278_Argentina.jpg
6/Argentine – Belgique
http://www.footballuser.com/formations/2021/04/1846455_Argentina.jpg
7/Argentine – Allemagne de l’ouest
https://i.imgur.com/A1UjM3X.png
A noter qu’en matchs de qualification de la Coupe du Monde, ils n’avaient joué qu’en 4-4-2.
Bon, j’ai mis un commentaire mais c’est parti en indésirable.
Il est de retour!
De Bilardo, je retiens le court intermède sevillan. Avec les jeunes Simeone ou Suker, Bilardo avait de belles promesses. Mais Maradona et l’Espagne…
C’est le Peru qui passe devant la Colombie et l’Uruguay en 1982? Elle était ambitieuse cette génération péruvienne. Et avait réalisé un grand match au Parc, face aux Bleus, en 81. Malheureusement la Pologne de Boniek est passé par là
Oui, c’est le Pérou de Tim, à qui il va falloir consacrer un article un de ces jours.
Batista avait plus de ballon que dans mes souvenirs de 1990. Je l’imaginais juste comme une gigue qui met des tampons
Lorenzo ça jouait mieux sur le terrain que Zubeldia quand même !
J’ai vu la finale retour Estudiantes – Nacional de 1969, eh bien j’ai été agréablement surpris. Je m’attendais à une boucherie !
Ça donnait quoi le duo José Luis Brown-Julio Cesar à Brest? A priori, c’est une idée du tonnerre… de Brest…
De mémoire, El Tata fait un flop alors que Julio César confirme que c’est un gros potentiel malgré des boulettes défensives. De toute manière (selon moi), Brown est un joueur qui doit tout à Bilardo et qui ne brille nulle part ailleurs que dans ses équipes. Ce qui est étonnant, c’est leur compatibilité car dans mon souvenir, Brown est plutôt un défenseur correct, avec du ballon mais pas très agressif. Bref, c’est pas Ruggieri !
Il finit quand même à la Juve, Julio César. Me souviens avoir été étonné par ce passage de Montpellier à Turin.
J’ai des souvenirs plutôt favorables du joueur : peut-être pas toujours vraiment à son affaire au sein d’une Juve il est vrai bof-bof, et cependant c’était une espèce d’arme fatale le Julio Cesar : robuste, rapide, loin d’être idiot.. Le profil était vraiment super, mais??
A Dortmund son passage me paraît moins ambigu : il est extra, grande classe.
Julio Cesar à Montpellier? La France était alors le deuxième championnat le plus riche (et dépensier) au monde, ça doit déjà expliquer pas mal de choses.
Julio César, c’est la même époque que Valderrama, Canto ou Paille. Même des Guerin ou Xuereb qui sont des bons joueurs de d1. Si tu ajoutes les gamins du club, Blanc ou Ferahoui, c’est effectif en or pour la saison 90. Avec Jacquet en coach.
Je me rappelais de ces noms-là mais, en checkant par curiosité, je réalise que c’était en fait plus encore une petite dinguerie leur noyau, beaucoup de « noms » en tout cas!
Je ne me rappelais pas que le NL Suvrijn y jouât?? Vu en Belgique en division inférieure, binaire mais hyper-énergique.. Il a donné quoi chez vous?
Suvrijn était titulaire lors de la campagne de c2 de Montpellier qui avait réalisé quelques exploits. Eliminer le PSV de Romario, le Steaua, sans ses stars de 89, c’est vrai, avant d’échouer en quart face à United. C’est évidemment la plus belle campagne européenne montpelliéraine.
D’où diable ai-je déjà lu que le 3-5-2 pré-existât à Bilardo?? Ce n’était pas en Argentine, en Europe je crois, je ne sais plus..et surtout je ne sais pas ce que ça vaut!
Olarticoechea et Giusti : que valurent-ils hors-WC86?
J’évacue la scène anglaise car, ça me revient : là-bas c’est à QPR que reviendrait le 3-5-2, mais à compter de..87?? (je serais quand même curieux de fureter du temps où Venables avait été en charge dudit QPR)
Sûr et certain d’avoir déjà entendu parler de 3-5-2 pour les 70’s, sous des latitudes qui n’étaient pas argentines.. C’est énervant 🙂
Ce serait pas à Blazevic qu’on prête aussi la paternité du 3-5-2?????
Hola amigo,
Giusti était un vrai bon milieu défensif qui faisait le taf dans l’ombre. Ne pas croire qu’il était là parce que Gallego avait été shooté par Bilardo ou parce qu’il avait joué à Argentinos Juniors avec Maradona. A Independiente, il était un pion clé du milieu avec Burruchaga et Bochini, vainqueur de la Libertadores 1984 notamment.
Olarticoechea, je connais moins bien et son passage à Nantes est gâché par les blessures. Faut demander au gars qui supporte Boca 😉 mais son parcours parle pour lui.
Je donne ma vision ici à ta question sur l’opposition Bilardo – Menotti : il est évident que les médias ont fait monter la sauce mais compte tenu du goût pour le bavardage de Menotti et celui de Bilardo pour les controverses, ça ne pouvait que prendre. J’avais lu qu’ils étaient suffisamment en froid pour refuser de prendre un café ensemble.
Je n’ai pas les armes pour croire quoi que ce soit concernant Giusti, hein 😉 Vraiment des questions du candide. Et c’est surtout que, dans un 3-5-2, les pistons ont intérêt à être vraiment bons – et donc : Giusti était plutôt voire carrément un demi-def en fait??
Menotti j’ai du mal, cette espèce de concentré de snobisme argentin, ces postures de philosophe/apôtre??, bbrrrr… Je garde à l’esprit ce que tu en exposas jadis, et je conçois donc sans difficulté qu’il ait pu être d’un apport positif à temps T…….mais il donne surtout de s’être enfermé depuis, quoi?, 40 ans dans une de ces postures, crénom..et c’est qu’il en dit des conneries, avec ses espèces de théories du beau!
NB : Je n’oublie pas que je ne pige pas un mot d’espagnol..et que je suis donc peut-être victime de ce que nos medias daignent relayer (et trahir?) de Menotti.
Ceci dit, il a tellement l’air de poser sur le moindre cliché le dépeignant……… ==> Du mal à croire qu’il n’y ait beaucoup de vrai dans le côté fort autosatisfait et brin fat du personnage.
C’était pas un cinco, à Independiente c’était Marangoni et en sélection, Batista. Giusti évoluait plutôt en position basse sur un côté ce qui lui permettait d’être en position de latéral en phase défensive dans le 3-5-2.
D’ailleurs dans les compos de DIP, dans les 4-4-2, on voit qu’il est milieu droit, plus haut que Batista. A gauche, avec un profil clairement plus offensif, Burruchaga.
Giusti c’était ce qu’ils appelleraient aujourd’hui un « milieu relayeur », ce n’était pas vraiment un pur milieu défensif (il le sera plus vers la fin de sa carrière), pas vraiment un box to box mais un joueur entre les 2. Et il était polyvalent, il jouait normalement en milieu « central » décalé sur la droite, il pouvait aussi jouer en milieu droit besogneux, en milieu défensif devant la défense pour dépanner et en arrière latéral.
Il avait un gros abattage au milieu, sur tout le flanc droit, il était assez équilibré en terme de penchant offensif et défensif, techniquement correct et tactiquement très bon pour apporter un équilibre à l’équipe. Bref un soldat qui ne pouvait qu’avoir les faveurs d’un Bilardo qui adorait ce genre de joueur.
A Independiente il jouait dans un milieu en « diamant » avec Marangoni devant la défense, lui à droite pour combiner avec Clausen et couvrir les montées de ce dernier vu qu’il était très offensif, à gauche on y trouvait Burruchaga dans un rôle de milieu plus offensif et en n°10 il y avait Bochini juste derrière les 2 attaquants. C’est le milieu type de l’équipe qui remporte le Metropolitano en 1983 et la Libertadores en 1984.
En sélection, pendant les qualifs, Giusti joue dans un 4-4-2 avec 2 milieux defs et 2 milieux offensifs sur les côtés, il y forme un duo de milieus défensifs avec Miguel Ángel Russo d’Estudiantes qui était le titulaire de Bilardo mais qui se blessera avant le Mundial, et sera remplacé par Batista récent vainqueur de la Libertadores en 1985. Sans cette blessure, je ne pense pas que Batista joue le Mundial 1986, il ne faisait même pas partie de l’équipe des qualifications. Le duo d’offensifs dans ce milieu est en général Burruchaga et Maradona.
Pour les matchs de la Coupe du Monde, Bilardo change légèrement de dispositif pour un 4-2-3-1 avec 2 latéraux très offensifs (Clausen à droite et Garré à gauche), ce milieu avec Batista, Giusti qui retrouve sa position habituelle d’Independiente en milieu central droit, Burru en milieu offensif gauche et Maradona en n°10. Ensuite arrive la bascule en 3-5-2/3-5-1-1 pour les matchs couperet où Giusti joue un rôle hybride d’arrière latéral droit/milieu droit/milieu central droit plutôt défensif mais avec beaucoup d’activité au milieu de terrain, à gauche dans ce dispositif on aura soit Oscar Garré, soit de plus en plus Olarticoechea, les deux étaient des véritables arrières de métier avec une très bonne projection offensive, Olarticoechea avait l’avantage d’apporter plus de garanties défensives que Garré, d’où la préférence de Bilardo pour ce dernier en fin de tournoi.
Ok, ça penche à gauche, en somme? Je vais revisionner tout cela avec des yeux plus avertis, merci! (et quel luxe de vous avoir, thx!)
La mise entre
(bête chat)
J’écrivais donc : la mise entre parenthèses du 3-5-2 (combien efficace en matchs de préparation, si je vous ai bien lus?) jusqu’au second tour, sait-on si ce fut délibéré pour se ménager quelque effet de surprise?
De mon souvenir en 1986, dans le 3-5-1-1, ça penchait un peu plus à gauche en effet mais ce n’était pas complètement déséquilibré au point où le côté droit n’existait pas: il y avait tout de même Cuciuffo, Giusti et Enrique qui y était très actif, sans oublier Maradona qui se baladait partout (et donc à droite également).
Pour le 3-5-2/3-5-1-1, je ne saurais te dire réellement. J’ai regardé tout ce que j’ai pu trouver de l’Argentine entre 1983 et 1986 (puisqu’on parle spécifiquement de l’arrivée de Bilardo et de la Coupe du Monde), j’y ai vu beaucoup de 4-4-2 /4-3-1-2 (Copa América 1983, Matchs de qualifs de la CM 1986, Matchs amicaux de la prépa CM 1986…), je n’y ai vu un 3-5-1-1/3-6-1 qu’une seule fois lors d’un amical contre l’Allemagne de l’ouest en septembre 1984 lors d’une tournée en Europe.
Voilà le 11: http://www.footballuser.com/formations/2017/10/1634236_Argentina.jpg
C’est 3-5-1-1 assez curieux et expérimental sans doute: sans « wing backs », Burruchaga et Trobbiani étants des milieux offensifs.
De mon sentiment, le 3-5-2/3-5-1-1 n’était pas un dispositif gardé pour un quelconque effet de surprise mais bien une tactique utilisée par nécessité, celle où Bilardo estimait avoir le plus de garantie en terme d’équilibre défensif/offensif pour son 11 sur le terrain.
Il a d’ailleurs pas mal tâtonné: Au départ on a un 4-3-1-2 avec un libéro (Brown), un stoppeur (Ruggeri), 2 latéraux offensifs (Clausen, Garré), le milieu dont on a parlé: Batista, Giusti, Burruchaga, Maradona, et une attaque avec Borghi ou Pasculli et Valdano. Ce système ne lui a pas donné satisfaction: Clausen montait trop et n’assurait pas assez défensivement à son goût, il sort de la compétition dès le 1er match et sera remplacé par Cuciuffo. Garré, un peu moins offensif que Clausen, survit quelques matchs mais se fera éjecter à partir des matchs couperets où ce 3-5-2/3-5-1-1 est définitivement adopté. En attaque exit Borghi qui déçoit énormément et Pasculli qui sera à peine un poil meilleur (même s’il marque le but de la qualif face à l’Uruguay me semble t-il), c’est là qu’Enrique de River Plate intègrera l’équipe comme milieu supplémentaire et n’en sortira plus.
En fait, dès que le match avait un enjeu pour Bilardo, face à un adversaire de taille donc, il adoptera ce système à 3-5-2/3-5-1-1, comme en peut témoigner le match en phase de groupe face à l’Italie. La suite lui donnera raison, vu qu’il remportera la Coupe du Monde en finissant avec ce système.
Y a également des matchs préparatoires aux qualifications à la CM 86 où l’Argentine joue avec 3 centraux. Pour l’article sur Cayetano Ré, j’ai vu des extraits d’un Paraguay- Argentine où Ruggeri, Passarella et Brown sont alignés en même temps.
Tu parles de celui-là?
https://footballia.eu/matches/argentina-paraguay-friendly
Je vois qu’il y a eu des rajouts sur footballia depuis mon dernier binge-watching de matchs argentins de cette période, je vais devoir rattraper mon retard 😛
Bilardo & Menotti, en vrai c’est si marqué que ça comme opposition? Les Argentins en font-ils autant des tonnes?
La médiasphère est souvent tentée de prétendre donner des clés, de lecture et de compréhension à une scène exotique, en en exagérant voire extrapolant des oppositions aussi antagoniques et binaires que possible, genre Ajax-Feyenoord, bref..?
Et les principaux intéressés, on sait ce qu’ils pensent l’un de l’autre au moins?
Bel article ! L’Argentine de 1986, c’est également le choix des numéros des joueurs par ordre alphabétique, sauf pour les grands noms comme Maradona (évidemment), Valdano et Passarella. À chaque fois que je vois Cuciuffo et son numéro 9 dans l’axe de la défense, ça me fait marrer 🙂
N°1 des NL 74 : le..goleador Ruud Geels!
L’air de rien ça lui allait bien..
Et en 1978, Ardiles avec son numéro 1 !
Objection : Ardiles portait le 2, le 1 était pour Norberto Alonso qui a peu joué.
Ardiles portait le 1 en 1982.
Très bien écrit, cher Verano, à mi-chemin entre mon style plutôt factuel et les envolées lyriques de Calcio. De la belle ouvrage, comme on disait autrefois.