Panini nostalgie

1974, finale de la Coupe du monde, la RFA de Beckenbauer et les Pays-Bas de Cruyff, un duel de titans tellement les joueurs qui composent ces équipes nationales ont dominé dans leurs clubs respectifs (Ajax et Bayern) le football européen.

J’avais 12 ans, c’était ma première finale de Coupe du monde et j’avais mon cahier Panini presque complet (me manquait un australien), patiemment composé au fil des achats-surprise chez le marchand de journaux. C’était le temps du papier et des retransmissions sans Var et sans beaucoup de ralentis, commentés par Cangionni ou Drucker.

A la 2e minute, j’ai pleuré au fauchage de Vogts et au pénalty transformé de Netzer car je souhaitais la victoire des allemands, étant, non pas fan (à 12 ans ?) de l’Allemagne, mais séduit par l’élégance du Kaiser (quel libéro et quels extérieurs !) et par la redoutable efficacité de Gerd Muller (le seul capable de mettre un but avec ses fesses). Je découvrais le foot et ses héros, ses drames et ses renversements de situation.

La suite, le pénalty réussi de Breitner et le sublime déboulé sur l’aile de Bonhof centrant pour Der Bomber, m’a procuré ma première joie footballistique.

50 ans après, j’ai un réel sentiment de regret de ne pas avoir vibré au football total et si magique des néerlandais incarné par Cruyff, ce joueur génial (que les inconditionnels du beau jeu me pardonnent) mais je garde un très bon souvenir de mon exultation parce que « mon » équipe avait gagné (il y aura quelques autres exultations : les retours contre Split et Kiev de Sainté, l’épopée du Bastia de Johnny Rep, le coup de tête de Boli, le Monaco de Morientes, sans parler du 3ème but jouissif de Petit et le missile de Pavard…).

J’ai conservé mon album Panini, que je feuillette de temps en temps, pour me rappeler le plaisir que j’ai eu à vivre cette compétition, qui me faisait découvrir le foot, l’atmosphère si particulière de la reine des compétitions, le suspense de ces matches aujourd’hui mythiques (je prétends que Drucker restera l’un des meilleurs commentateurs) et la joie en tant que gamin de constituer une collection d’images qui me faisait entrer dans la communauté des fans de foot.

C’était aussi le temps des moustaches et des cheveux longs, le temps où je passais des heures à tourner les pages en regardant l’unique image de stars qui m’étaient visuellement inconnues. Le temps où j’attendais impatiemment la « semaine » que me donnait mes parents, petite somme me permettant le samedi d’acheter une pochette de Panini et qui débouchait invariablement le lundi à l’école sur d’apres négociations afin de dénicher les joueurs manquants.

Tout a changé, en bien (fini les attentats scandaleux) et en pire (le fric et les égos). Tout est accessible aujourd’hui immédiatement (photos, bios, vidéos, matches, etc.).

À mon âge, désormais ancien à défaut d’être réellement vénérable, plus de collage d’images autocollantes ni de découpage de photos dans Onze, plus de pleurs puérils. Demeure toujours la magie de voir s’agiter 22 gonzes autour d’une balle sur une pelouse verte.

Der Bombek pour Pinte de Foot

13 réflexions sur « Panini nostalgie »

  1. Merci Der Bombek. Je ne peux que te comprendre : j’ai récemment retrouvé lors d’un déménagement l’album Panini de la CM 1982. Ce que tu as ressenti lors de la CM en Allemagne de l’Ouest, je l’ai vécu 8 ans plus tard.

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      1. Je le garde ! Le feuilleter, c’est une madeleine de Proust pour moi qui suis resté profondément marqué par cette coupe du monde en Espagne.

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  2. Alfredo Puskas, Michel Drucker meilleur commentateur, on en pense quoi?

    Eheh

    Sinon merci Der Bombek, pour le texte et aussi, pour provoquer indirectement GGG, qui va vouloir corriger ton pseudo dans l article, en croyant que c est une coquille.

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    1. Y a une coquille, car c’est Neeskens et non pas Netzer, qui transforma ce péno (que je trouve borderline) à la 2ème minute.

      Les goûts et les couleurs! Pour moi, Drucker : c’est pas possible. Et Cruyff bof. Mais l’essentiel est ici ailleurs, Panini.. Je me rappelle avoir entrepris (mais sûrement abandonné) l’album de la WC82, puis l’avoir fait avec application pour les 2-3 saisons suivantes du championnat de Belgique, je suis certain que mon cerveau ferait tilt à l’évocation de noms improbables de l’époque, des visages qui m’avaient marqué plus que d’autres, y avait de fameuses trognes et patronymes il faut dire.

      Mais en 86, ça c’est certain : j’étais déjà passé à autre chose, les livres.. 15 ans de plus, et j’entreprenais de vérifier ce que disaient ces livres, au crible des archives d’époque, de première main.. ==> Chronophage mais édifiant.. Un quart de siècle encore, et j’en suis probablement au stade où l’on tourne désormais en rond, éhéh………. Mais le football est vaste heureusement, et prodigue encore et toujours de quoi être surpris, voire secoué.

      Je rejoins l’auteur (bienvenue) sur ceci : le foot a changé en bien (j’ajouterais le statut des joueurs) et en mal (j’ajouterais que les biais corruptifs sont désormais moins grossiers, et les places dans les grandes lignes désormais figées).

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      1. Elle n’a rien de kolossal, tracasse! Simplement, je me suis demandé tout un temps où tu voulais en venir. Tiens, question : trouvait-on en France des casquettes et autres gadgets estampillés Coupe du Monde 74??

        Et en fait d’erreur, si tu savais celle que j’ai failli commettre pour l’article de demain, lol..

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  3. Moi, c’est le Panini de 1978 que je garde amoureusement dans un tiroir. Les barbus péruviens, les argentins Ardiles et Kempes, les brésiliens Amaral, Nelinho et Dirceu, la musique et la mascotte « Gauchito », les maillots super beaux…J’arrête parce que je vais pleurer…

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    1. Celui de 1978 est, de tous, le mieux conçu : pas de petite équipe (à 2 joueurs par vignette. Je me souviens d’un ancien joueur pro italien qui avait dit qu’à ses yeux le truc le plus marquant lorsqu’il était passé en Serie A était d’avoir eu sa photo sur un autocollant entier 🙂 ); une esthétique épurée, grâce à l’introduction des symboles (le carré pour le gardien, le triangle pour le défenseur, etc) qui évite la lourdeur des 2 albums précédents où on traduit le rôle du joueur dans 8 langues; et évidemment la plus belle équipe de Tunisie de tous les temps :)))

      Sinon je suis assez d’accord quant à Drucker (le meilleur parmi les quelques langues que je maîtrise demeurant Arsène Vaillant).

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      1. Bon j’ai craqué j’ai commandé l’album panini 1982 coupe du monde sur un site d’occasion
        Tu as raison la Madeleine de Proust ….

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      1. On va pouvoir faire le jeu des 7 erreurs (il y en a plus que ça d’ailleurs), comme les vignettes de Zimako, Schuster, Pruzzo, Chumpitaz…

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