Niños de Rusia I – Agustín Gómez Pagóla

Petite série suivant les pas des Niños de Rusia et de leurs descendants, ces enfants espagnols envoyés en URSS pour échapper à la guerre civile.

Il sera resté fidèle à la ligne de Moscou jusqu’à son lit de mort. Dénué d’esprit critique, lobotomisé ou refusant de trahir l’ogre qui l’avait sorti des griffes nationalistes? Sincère dans son aveuglement politique ou froidement pragmatique ? Quitte à vivre sous la terreur, autant avoir le plus possible la main, non ? La revanche sociale, le pouvoir et ses intrigues, son intérêt propre. A un certain degré de responsabilité, le doute n’est guère permis. Agustín Gómez Pagóla a fait ses choix, assumés jusqu’au bout. Ceux d’un réfugié, devenu bras armé d’autres bourreaux.

L’exil

Agustín Gómez Pagóla, de la petite ville d’Errenteria au Pays Basque, du côté de San Sebastián, a 15 ans quand il embarque sur un bateau le conduisant jusqu’à la mer Noire et le port d’Odessa. Un des 2800 gamins espagnols envoyés en URSS à partir de 1937 pour échapper à la guerre civile et à l’avancée des troupes nationalistes. Des enfants de Cantabrie, d’Asturies ou d’Euskadi en majorité. Agustín fait partie des plus vieux.
Un voyage long et périlleux, en navire marchand, parqué en fond de cale. Un voyage dont les jeunes fuyards ne saisissent ni la destination ni les enjeux. Encore moins les conséquences…
A son arrivée en URSS, Gómez participe à un match de football organisé en grande pompe, en soutien aux Républicains en lutte. Une rencontre entre réfugiés espagnols et les jeunes pionniers du régime, sous les yeux de Staline, et passe ses premières années à l’orphelinat Kirov n°3 à Odessa.
C’est un esprit éveillé, une personnalité qui en impose dans la petite communauté hispanique. En 1940, à 18 ans, il travaille en usine et rejoint le club sportif de Krasnaya Roza, les Roses Rouges, sans pour autant délaisser ses études en ingénierie et économie. Le début de la « guerre patriotique » (appellation russe de la Seconde Guerre mondiale) marque un bouleversement radical dans les conditions de vie des Espagnols. Les Casas de Niños, accueillant les réfugiés, sont démantelées et les décès se multiplient dans leurs rangs lors de ce « second exil ». Les plus âgés sont engagés, de gré ou de force, dans l’Armée rouge et certaines sources affirment que Gómez a été recruté à cette période précise au sein du NKVD.

En 1944, le gouvernement soviétique décide de réunir les Espagnols, dispersés sur cet immense territoire, au sein des entreprises industrielles de la capitale. Gómez, l’ingénieur, s’engage pour le club moscovite Krylia Sovetov, où il rejoint un autre niño de Rusia, Ruperto Sagasti et le futur buteur prolifique du Spartak, Nikita Simonian, avec qui il noue une solide amitié.
Homme décrit comme charmant, intelligent et érudit, il attire les regards et l’attention, recevant régulièrement chez lui Dolores Ibárruri, la Pasionaria, cheffe de fil des communistes espagnols en exil. Celle qui exhorta les Républicains au combat au son du fameux No Pasarán. Gómez, sportif privilégié, partage généreusement ses rations alimentaires avec plus démunis selon Sagasti. Un Moscovite dans l’âme, avenant et humble selon les témoignages, aimant flâner le soir autour de la Place Rouge en compagnie de Simonian.

Un sportif accompli

Ne possédant pas des capacités physiques hors normes, Gómez compense ses lacunes par son intelligence et sa vision du jeu, défenseur impitoyable dans les airs. Sa persévérance et sa capacité de travail lui ont permis d’acquérir une technique correcte et l’arrière gauche de formation rejoint le Torpedo Moscou en 1947. Ce club populaire, soutenu par les ouvriers des usines automobiles ZIl depuis 1924.
Il y restera sept ans et, fort de son autorité naturelle, en devient le capitaine écouté et salué par ses coéquipiers et fans, comme lorsqu’il évite par son unique présence le lynchage de l’arbitre après un match houleux face au Dinamo Tbilissi ! Gómez assiste aux premiers pas enthousiasmants d’un futur sacrifié, Eduard Streltsov et figure régulièrement dans les équipes idéales du championnat.
1952 est sa grande année. Il soulève sa deuxième coupe, étant auteur d’un sauvetage miraculeux du torse sur sa ligne face au Spartak de son ancien compère Simonian et devient le premier étranger à intégrer le groupe soviétique lors des Jeux olympiques d’Helsinki en 1952. C’est du banc qu’il voit les idéologies titiste et stalinienne régler leurs comptes et, consécration ultime, Gómez reçoit la médaille de l’Ordre du mérite du sport soviétique. Il est le premier sportif né à l’étranger à l’obtenir.

En coulisses, dès 1953, Gomez, membre du PCE, le parti communiste espagnol, est envoyé à plusieurs reprises en Espagne franquiste, sous des fausses identités. Ses missions concernent l’organisation des cellules clandestines et le renseignements. En 1956, par l’intermédiaire de la Croix Rouge, le retour en Espagne des Niños de Rusia est accepté par le régime franquiste.
Si certains refusent ce retour et choisissent de rester en URSS ou un départ vers le Mexique ou Cuba, Gómez débarque, quant à lui, à Valence en octobre, avec sa femme et son frère dans un groupe constitué de 137 personnes. Comme l’ensemble des arrivants, il est interrogé par la police, sous la supervision d’agents de la CIA.
Bien que retiré des terrains depuis un an, il parvient à obtenir un essai en amical avec l’Atletico Madrid des Enrique Collar et Joaquín Peiró face au Fortuna Düsseldorf de Jupp Derwall. Mais en surpoids et dépassé par le rythme, il est catastrophique et offre une prestation indigeste. Des « sales rouges » descendent des travées du Metropolitano, il arrête définitivement sa carrière sur cette rencontre, à 34 ans.

Un politique

Il s’installe vers San Sébastián où il entraîne des équipes amateurs de la région, comme le Tolosa CF du jeune Periko Alonso, le père de Xabi. Une couverture lui permettant de travailler à l’organisation clandestine du PC-EPK, le Parti Communiste Basque, dont il devient le secrétaire général. Mais l’étau franquiste se resserre et le 23 décembre 1960, il est convoqué par l’autorité judiciaire militaire à Madrid pour témoigner contre un autre activiste politique.
En 1961, il est arrêté à Donostia, incarcéré à Madrid, à la prison de Carabanchel, et torturé pour son appartenance au PCE. Il ne semble pas avoir parlé et devient dès lors un héros dans sa province d’origine. La pression diplomatique soviétique ne se fait pas attendre. Campagnes internationales de soutien, manifestations des exilés politiques en France, Gómez est libéré et émigre au Venezuela, opérant toujours sous la coupe du KGB sur ce continent.

Revenu à Paris, Gómez demeure une figure incontournable du PCE jusqu’au schisme de 1968, consécutif au Printemps de Prague. Gómez envoie une lettre à Dolores Ibárruri à Moscou, dans laquelle il indique soutenir l’intervention du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie.
Le 18 septembre, il est l’un des cinq membres du Comité central qui votent contre le rapport de Santiago Carrillo, le secrétaire général et successeur d’Ibárruri, qui condamne l’ingérence soviétique. Il déclare ne pas souhaiter nuire à l’unité du parti. Néanmoins, ne pouvant accepter le rejet de l’orthodoxie moscovite et l’orientation eurocommuniste de Carrillo, qui se rapproche dangereusement de Berlinguer l’Italien et de Georges Marchais, il fomente un projet de scission pro-soviétique, prétextant un risque de l’isolement du PCE du reste des partis communistes mondiaux. De nombreux militants rejoignent ce nouveau parti, dit PCE VII et IX Congresos, se considérant le seul héritier du combat de Lénine. Leur première décision est symbolique, ils expulsent Santiago Carrillo pour « haute trahison de la cause communiste ». Gómez est expulsé en retour du PCE par Carrillo en 1969. Il ne l’acceptera jamais.

Carrillo lors d’un meeting tenu à Toulouse en 1945

Il retourne dans sa « patrie d’adoption » et réside à Moscou jusqu’à sa mort en 1975, quatre jours seulement avant celle de Franco. Deux ans plus tard, Nikita Simonian, son ami de jeunesse, assiste au Pays basque à un match de football dédié au quarantième anniversaire de l’arrivée des Niños de Rusia en URSS. Le PCE est légalisé depuis peu.
Nikita croise un compagnon de route et de lutte de Gómez qui lui raconte l’émotion ressentie par ce dernier à l’unique présentation d’une photo de la place Rouge. Il lui décrit un Gómez, homme habituellement de sang froid et de retenu, serrant cette photo contre sa poitrine, la voix brisée par le souvenir. « Ils m’ont torturé, battu, injurié mais tu as toujours été dans mon cœur, ma capitale. Mon Moscou d’or. »

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47 réflexions sur « Niños de Rusia I – Agustín Gómez Pagóla »

  1. Jolie histoire qui résonne plus aux oreilles françaises qu’aux autres. Il n’y a guère que chez nous, et peut-être en Espagne, que la guerre civile par Real et Barça interposés n’est pas tout à fait terminée…

    Il serait intéressant d’en savoir plus sur l’ouverture au monde du football soviétique après la guerre. De mémoire, on a commencé à voir le Dynamo Moscou en match amical à l’Ouest à la fin des années 1940. Quand les Bleus ont rencontré l’URSS pour la première fois, au stade Lénine en octobre 1955, ils ont eu beaucoup à faire malgré leur qualité (l’ossature de 1958 était déjà là) et ont ramené un résultat nul (2-2) qui a longtemps servi de match-référence. Streltsov et Simonian étaient sur le terrain ce jour-là et Simonian a marqué le but du 2-1. Si un expert de p2f a des détails sur la manière dont les Soviétiques sont vite arrivés à un si bon niveau, il y aura une belle audience pour son article !

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    1. Expert du foot soviet, je ne suis pas!

      Mais ça faisait déjà un petit temps qu’ils avaient atteint un niveau d’excellence en football. Puisque tu l’évoques, la tournée du Dynamo en 45 est une démonstration!, qui d’ailleurs eut un effet décisif sur le football anglais postwar mais aussi sur l’ouverture progressive du foot soviet aux compétitions internationales.

      On présente toujours ce football comme isolé, suivant sa voie propre.. Il est à bien des égards original, particulièrement jouet des idéologies et stratégies quinquennales..mais si durablement isolé que cela?

      Freiné d’abord du fait de sa rédhibitoire dimension d’opium du peuple (tenue pour susceptible de détourner de la lutte des classes), le football devient en fait bien vite dans l’URSS post-WW2 un enjeu premier à mesure que le régime observe l’instrumentalisation fructueuse qui en est faite à l’Ouest, et ce qu’il peut gagner donc, lui aussi, à le développer.

      Et de toute façon il ne fut si longuement ni totalement isolé : l’URSS boycotte certes rapidement les compétitions identifiées comme bourgeoises..mais lors des spartakiades de l’entre-deux-guerres, pensées comme des JO du monde ouvrier, ses sportifs et techniciens rencontrent des homologues de tous horizons..dont en football.. et ça brassait large.

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    2. « Il n’y a guère que chez nous, et peut-être en Espagne, que la guerre civile par Real et Barça interposés n’est pas tout à fait terminée… »

      Oh, cette fadaise a contaminé beaucoup de monde un peu partout, sais-tu. Dès l’instant où les référents habituels (historiographies française et anglaise) se firent le rela

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      1. * (…) relais de cette opposition d’Epinal, l’Occident y a très vite embrayé le pas..et bonne chance pour tordre le cou à ces couillonnades désormais!

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      2. Dans la presse sportive allemande, pourtant orientée à gauche comme en témoigne sa ligne éditoriale sur la CM 2022, on n’en parle jamais, c.à.d. pas depuis que je la lis, une fois par semaine dans les années 80 et tous les jours depuis Internet. C’est le sportif et rien d’autre, sans non plus cette idolâtrie du tiki-taka qui rend L’Équipe assez pénible à la longue.

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      3. Dans Kicker, à ma connaissance jamais. Mais le sofoot allemand « 11 Freunde » a déjà relayé ce genre de fadaises.

        L’un ou l’autre bouquins fort paresseux aussi..et alors dans la forumsphère allemande : ça grouille!..mais comme partout à dire vrai.

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    3. L’URSS sportive s’ouvre à l’Ouest dès 1934, dans le cadre de la politique de Front populaire orchestrée par le Komintern et voulue par le grand Staline. Au printemps 1934, dans le cadre du rassemblement sportif antifasciste en région parisienne, une Coupe du monde de football ouvrier est mise sur pied. Une sélection soviétique, qui est en fait formée essentiellement de joueurs du Torpedo Moscou (il me semble), y participe et s’y impose. A cette occasion, même la presse « bourgeoise » (L’Auto, Le Miroir) salue les mérites des footballeurs soviétiques. J’avais promis de faire un texte sur cet événement, faudra que je me décide enfin à m’y coller sérieusement.

      Le 1er janvier 1936, encore, le Racing rencontre à Paris une sélection de Moscou. Nouvelle impression favorable sur la presse parisienne qui salue le jeu « scientifique » des Moscovites. Après la guerre, néanmoins, l’URSS sportive est à nouveau isolée. Avant de se réinsérer pleinement dans le concert sportif mondial.

      De manière générale, sur la politique sportive soviétique et sur la fabrique des champions soviétiques, on lira avec beaucoup de profit ce livre de Sylvain Dufraisse : https://www.amazon.fr/gp/product/B07KZKCDSV/ref=dbs_a_def_rwt_hsch_vapi_taft_p1_i0 (il y parle fort peu de football, mais globalement de sport)

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      1. La Coupe du monde de football ouvrier, bien vu! Ca émanait, d’ailleurs, des spartakiades, non? Très lointain souvenir, faudrait que je relise de vieux trucs.

        Scientifique, mais aussi rationnaliste, collectif(/-viste) aussi bien sûr..et avant-gardiste (mais ça, chaque bloc s’en gaussait)! Ce type de qualificatifs ne manque/manqua jamais mais dit largement vrai, même si beaucoup s’illusionnèrent (c’est patent parmi les pages du pourtant formidable Miroir, dont les aveuglements/œillères idéologiques furent parfois inouïs) à ces grilles de lecture aux forts accents de nomenclature/césure Ouest-Est.

        Chaque bloc entendait se différencier dans l’approche, le langage même..et cela dépassait bien sûr le cadre du football, les arts plastiques en gardent même quelque chose..à l’Ouest! : l’art contemporain (art inavouablement officiel du bloc occidental jadis), financièrement et structurellement pulsé des décennies durant par diverses fondations anti-communistes et même par la CIA, a par exemple gagné de rester la forme dominante malgré la chute du Mur.

        Ces deux bords idéologiques, fortement « systématisants », structurants, ont en commun d’avoir eu la peau du foot de rue, d’instinct.. »artisanal » dirait l’ami Arrighi (même s’il y eut évidemment d’autres facteurs pour en expliquer l’agonie).

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  2. Top! Histoire très intéressante Khia merci.
    Je souligne ici que, comme pour celui d’hier (et tant d’autres avant), le récit d’aujourd’hui nous propose à nouveau de superbes photos… Sincèrement, bravo à vous tous pour les diverses sélections ! J’insiste car je sais moi aussi que ce n’est jamais facile de trancher entre plusieurs belles trouvailles et là, franchement: l’aspect esthétique des articles est magnifique !

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  3. Khidia, ce n’est pas toi dont le père jouait en Espagne aux côtés d’un gardien communiste surnommé Rudakov ? Et dans cette région-là, non ? Se pourrait-il qu’il ait connu le camarade Gómez ?

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    1. Oui, parcours incroyable, aussi bien sportivement que politiquement.
      Un autre Niño de Rusia que je cite dans le texte a eu un rôle fondamental dans l’arrivée massive de joueurs soviétiques et surtout russes en Liga dans les années 90, Ruperto Sagasti. Sagasti jouera un peu avec Simonian au Spartak mais c’est surtout le conseiller de l’agent Iñaki Urquijo.
      Dassaev à Seville, Rats et Korneev à l’Espanyol, Radchnenko et Bestchasnykh à Santander, Lediakhov et Nikiforov à Gijon, Onokpo à Oviedo, c’est eux.
      Ils jouent également un rôle dans le passage au Celta de Mostovoi et Karpin, qui avaient débuté en Europe de l’Ouest sans leur soutien.
      Sagasti est mort à Moscou en 2008.

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      1. Pas souvenir de Radchnenko, Lediakhov à peine..mais les autres étaient tous de sacrés bons joueurs, c’est dingue le trou qualitatif dans lequel végète le football russe depuis………

        Un Onopko ne payait pas de mine, mais vraiment très très fort.

        Rats, grosse sensation au sein de l’équipe d’URSS de la seconde moitié des 80’s, mais pour ma part zéro souvenir de son passage à l’Espanyol.

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      2. Alex
        Radchenko était du Spartak en demi de c1 91. Plutôt un bon passage à Santander.

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      3. Alors j’ai dû le voir jouer, demi de C2 93 oblige face à l’Antwerp..et cependant vraiment aucun souvenir..sinon que le Spartak avait été franchement lésé par l’arbitrage, et était supérieur dans le jeu.. C’est eux, qui auraient dû jouer la finale à Wembley.

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      4. Et il n’en était pas à son coup d’essai, quel joueur!

        Je découvre toutefois qu’il joua en Espagne..que je suivais pourtant régulièrement à l’époque, lol..

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  4. Merci Khia. Dolores Ibárruri, la Pasionaria… Attentive à ce qu’il se passait en Espagne depuis l’URSS. Elle était d’ailleurs intervenue sur Radio Moscou en tant que secrétaire du PCE pour soutenir le Betis et le prolétariat qu’il incarne dans le cadre du « scandaleux » transfert d’Antuñez au Sevilla FC.

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    1. Oui le départ polémique d’Antuñez pour le Sevilla Fc est un des éléments majeurs de la rivalité entre les deux clubs. J’ignorais que la Pasioniaria s’en était mêlée. Merci
      T’avais pas fait un texte dessus?

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      1. Donc le Betis est le club de gauche et le FC le club de droite ? Question de bonne foi, je ne connais pas la tradition. Cela expliquerait en tout cas l’accueil un peu froid réservé aux six C3 du FC par le quotidien sportif de référence. Séville est aussi la ville de la cinquième colonne, non ?

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      2. A savoir : si club « franquiste » il y eut, Atletico et..Betis..

        Et cependant : club habité d’un rare esprit de solidarité et de communauté (ce qui pourrait même être conciliable de « club franquiste »), paraît-il.

        Je relaie, hein 😉 : aucune idée ni jugement..ni à vrai dire appétit pour ce genre de considérations brutes, que je préfère laisser aux Espagnols de dénouer.

        D’autant que, club « nazi », « franquiste », « raélien », que sais-je encore.. : les 3/4 du temps ça ne veut rien dire, les clubs sont rarement monolithiques, évoluent dans ce qu’ils font ou qu’on en fait..

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      3. G.g.g
        C’est comme toujours plus compliqué que ça. Le Betis est généralement le club des classes populaires et le Sevilla FC des classes aisées. Dans la multitude des gens que je connais, ça se vérifie très souvent.
        Le Sevilla FC a une base de fans intramuros. Le Betis ratisse plus large. On trouve beaucoup de beticos dans le reste de l’Andalousie et en Espagne. Des peñas beticas, on en trouve vers chez moi, du côté de Cadix. C’est loin d’etre le cas pour le Sevilla FC.
        Apres los Biris, le groupe de fans le plus important du Sevilla FC est une groupe qui se dit d’extrême gauche. Le contraire de Supporters Gol Sur pour le Betis.
        La culture historique du Betis est de gauche mais etre un club des classes populaires n’assure pas d’etre de gauche. C’est pas le Rayo Vallecano.

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      4. Khiadia, Real/FC Madrid historiquement (Bernabeu) club de quelque droite populaire (s’il fallait vraiment l’identifier sur le curseur/spectre politique) : ça tient la route comme acception?

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      5. L’image traditionnelle oppose les nantis du Sevilla FC aux classes populaires du Betis, le club de droite, naguère proche de la dictature et protégé par les amis du Caudillo contre le club des opprimés, républicains et de gauche. Vision simpliste. Oui le Sevilla FC avait les faveurs des sbires du Généralissime grâce à des personnages comme Guillermo Eizaguirre, ancien gardien star des rojiblancos s’étant rallié dès les premiers jours au général Queipo de Llano en juillet 1936 (alors que la ville avait massivement soutenu le Front populaire lors des dernières élections). Mais le Betis n’a pas spécialement été persécuté dès lors que ses dirigeants ont fait la démonstration de leur adhésion au franquisme. Comme partout ailleurs en Espagne…

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  5. Alors lui je l’ai « découvert » quand je me suis penché sur l’équipe de l’URSS aux JO de 1952 il y a quelques mois. Il faisait partie de l’effectif, un espagnol au milieu de tous ces russes/soviétiques ça m’a interpellé (et j’avais fait le lien entre les réfugiés communistes et sa présence) mais j’étais loin de me douter de ce destin là…
    Merci pour l’article 🙂

    J’en avais trouvé un autre aussi en tentant d’identifier les joueurs sur la photo ci-dessous qui date d’un amical de 1966: Juan USATORRE (Sûrement un autre Niños de Rusia ?)

    https://i.imgur.com/8LWPiIo.png

    Debouts: Morozov (Sélectionneur), Malofeyev, Usatorre, Kavazashvili, Afonin, Yashin, Shesternyov, Sichinava, Zolotov (Entraîneur), Meshki, Voronin et Banishevskiy.
    Accroupis: Khusainov, Serebryanikov, Danilov, Getmanov, Ponomaryov, Kopayev, Metreveli, Sabo, Ponedelnik et Chislenko.

    Une sacrée équipe qui finira 4e à la Coupe du Monde quelques mois plus tard.

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      1. Dip
        Oui vu qu’il joue dans les années 60, y avait peu de chance qu’il ait vécu l’exil de 1937. Ou alors en etant très jeune.
        La norme était de prendre des enfants de 3 ans jusqu’à 14 ans. Gomez en avait 15 lors du départ. C’est limite mais y a eu des falsifications pour des mecs un peu plus âgés. Sagasti a 12 ans quand il quitte Bilbao.

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  6. À une époque je lisais pas mal sur la guerre civile espagnole. Il y a un bouquin que j’avais vraiment aimé sur l’assassin et l’assassinat de Trotsky, d’un écrivain cubain qui s’appelle Leonardo Padura. Il me semble que le titre du livre est quelque chose comme « L’homme qui aime les chiens », je vous le recommande vivement.

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    1. Ah Padura et son héros fétiche, Mario Conde. J’aime beaucoup cette manière désabusée de décrire son île et ses habitants à travers le regard de Conde, flic sans illusions sur les hommes et les femmes, sur la société et sur lui-même, incapable de surmonter ses propres faiblesses.

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    2. Merci Cebo
      Si la période t’intéresse, je te conseille Voix endormies de Dulce Chacon. Centré sur le le recit de vie d’espagnoles, militantes ou non, juste après la défaite des Républicains. Un texte fort.

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  7. Khiadia, c’était quoi l’alternative, pour ces enfants nés du mauvais côté idéologique? J’ai vague souvenir d' »enlèvements » (??), d’enfants que l’on confiait à des familles dûment républicaines, mais..?

    Se retrouver bombardé depuis l’Espagne en Russie, à 15 ans et sans référent aucun, waouw.. Il m’est impossible de juger le zèle idéologique dont Gomez fit preuve ensuite, tout ce qu’il lui resta..

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    1. Alex
      Tous les niños de Rusia ne sont pas devenus des agents du KGB. Si Gomez a reussi à atteindre ce niveau de responsabilité au Pays Basque et à l’intérieur du PCE, c’est qu’il y trouvait son intérêt. Et sa prise de position vis à vis du Printemps de Prague prouve qu’il n’a pas su ou voulu se défaire de l’influence de Moscou.

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      1. Ah, oui bien sûr. Mais c’est tellement singulier tout de même, ils se retrouvaient à bien des égards pupilles d’une nation..qui n’était pas la leur (laquelle, elle, les avait diabolisés eux et leurs parents).

        Ca me fait penser à certains égards aux janissaires ou à d’autres corps de cet acabit, souvent d’élite, radicalisés. Il est d’ailleurs peut-être plus commode de radicaliser des déracinés.

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    2. La France a recueilli beaucoup de réfugiés, officiels ou non. Par exemple, Marcel Bigeard (l’homme de la bataille d’Alger) raconte dans ses Mémoires avoir travaillé pendant la Résistance avec un maquis antifranquiste basé en Ariège. On peut supposer que les familles entières avaient franchi les Pyrénées pour l’occasion.

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