Naissance d’une trinité

Il y a 60 ans, jour pour jour, Manchester United affrontait West Bromwich Albion dans son antre du Hawthorns. Une anecdotique rencontre de First Division, remportée 4-1 par United, dans une saison où les locaux finiraient dixièmes et les visiteurs deuxièmes derrière Liverpool, ce qui les qualifierait pour Coupe des villes de foires.

Mais pourquoi diable Pinte 2 Foot s’intéresse-il à une obscure rencontre de First Division d’il y a 60 ans ? Y a t-il eu un mort, un événement politique majeur ou un changement de paradigme en Angleterre pendant ce match ?

Non, mais il s’est effectivement passé quelque chose au coup d’envoi. Personne ne le savait encore mais ce jour-là, la United Trinity, le plus grand trio de l’histoire du club mancunien venait de naître. George Best, Denis Law, et Bobby Charlton étaient alignés ensemble pour la première fois.

Bobby Charlton – Sir Bobby après son adoubement par Sa Majesté Elizabeth II en 1994 – fut le premier des trois à jouer pour Manchester United. Pur produit de l’académie mancunienne, il commença sa carrière professionnelle le 6 octobre 1956, cinq jours avant son dix-neuvième anniversaire, par un doublé marqué face à Charlton Athletic. Il allait par la suite réussir une immense carrière, couronnée par une Coupe du monde et une Coupe d’Europe, et laisser hors des terrains le souvenir d’un homme exceptionnel pour sa classe et son courage après la catastrophe de Munich.

Le second héros du trio démarra son bail avec les Red Devils six ans plus tard, le 18 août 1962. Après des passages à Huddersfield, au Torino et chez le rival citizen, Denis Law marquait son premier but dès ses débuts face à West Bromwich et devenait immédiatement le buteur qu’il manquait aux hommes de Matt Busby. Il y en aurait 209 autres en 363 matchs – seuls Sir Bobby et Wayne Rooney ont fait trembler les filets plus souvent pour United. Un jeu aérien terrifiant malgré son 1,75 m et aucune appréhension à aller au duel avec les sculpteurs de menhirs qui peuplaient les défenses de l’époque : si Charlton était le Bon, Law était la Brute.

Après le bon et la brute, il ne restait que le truand. Et qui de mieux qu’un feu follet nord-irlandais pour remplir ce rôle ? George Best, après deux années à s’entraîner avec les jeunes, fit ses débuts le 14 septembre 1963 contre West Bromwich. Néanmoins, jugé pas prêt pour le haut niveau, il fut renvoyé avec la réserve avant de définitivement s’installer en professionnel à partir de son second match face à Burnley le 28 décembre suivant.

Lors des débuts du jeune George, Denis Law était absent. Même chose pour le match face à Burnley, alors que le troisième match du gamin de 17 ans le vit être partenaire de Law mais pas de Charlton, ce dernier souffrant d’une blessure à la poitrine.

C’est donc les 25 624 spectateurs du Hawthorns qui eurent la chance de faire connaissance pour la première fois avec ce que l’Histoire retiendra comme la United Trinity, aujourd’hui honorée devant Old Trafford.

Après une ouverture du score signée Charlton à la dix-neuvième minute de jeu, Terry Simpson offrirait l’espoir d’une victoire aux supporters venus voir leur équipe. Mais la seconde mi-temps serait une première leçon pour le trio légendaire avec un but de Best suivi d’un doublé de Law.

L’Histoire venait de s’écrire sous les yeux de 25 000 personnes. Le trio jouerait encore 292 matchs ensemble, marquant 365 buts au total et remportant deux titres de champion et surtout une Coupe des clubs champions à Londres en 1968.

L’énorme nombre de buts marqués par l’Écossais en 1964 lui permettrait d’être élu Ballon d’Or cette année là, suivi deux ans plus tard de Charlton, vainqueur de la Coupe du Monde, puis de Best l’année de la victoire de Wembley.

29 réflexions sur « Naissance d’une trinité »

  1. 365 buts à eux trois, c’est remarquable. Surtout en « si peu de » (près de 300, tout de même) matchs conjointement joués. Tu aurais pu en faire une série, hop : 1 but de la Trinité par jour!

    Question dans la foulée qui n’amène à pas grand chose, mais je me demande quel aura été le trio le plus prolifique?

    Il dut y avoir de sacrés clients dans le championnat tchécoslovaque des années 30, dans les 50’s aussi..?? A moins que parmi les mastodontes espagnols?

    (autres latitudes : je passe mon tour)

    L’AC aussi sera parvenu à constituer un trio « ballondorisé », mais le rendement ni le football ne furent tout à fait les mêmes.

    0
    0
    1. A vu de nez, je dirais le trio Bale-Ronaldo-Benzema avec le Real (bien aidé par le sens du but du portugais) mais sûrement que si on remonte dans l’histoire on trouve des trios plus prolifiques (mais ont-ils un nombre de buts confirmés ?)

      0
      0
      1. J’y ai pensé mais je n’en suis pas sûr, Bale n’a vraiment joué que les 2 ou 3 premières saisons au Real, je pense que de nombreux buts de Ronaldo ou Benz ont été inscrits sans qu’il ne soit sur la pelouse. Ton décompte correspond bien aux buts inscrits lors de matchs où les 3 jouent en même temps ?

        0
        0
      1. Ah oui, là tu exploses les compteurs eh eh.
        On peut prendre quelques delanteras historiques d’Amsud, ça doit donner des chiffres effarants. L’escuadrilla de la muerte de Peñarol par exemple.

        0
        0
      2. D’ailleurs, en parlant de Coutinho, quels aspects faisaient qu’il passait derrière Vava en selection? En particulier le Mondial 62. Non, que Vava soit un choix par défaut, mais au regard de son entente avec Pelé…

        0
        0
      3. Pas le temps de vérifier mais suis presque sûr que Coutinho est diminué durant la CM 62.

        1
        0
      1. Kopa et Fontaine ont peu joué ensemble : le second arrive quand le premier part au Real. Et quand Kopa revient, Fontaine va subir sa blessure fatale. Donc ce trio ne peut prétendre être parmi les plus prolifiques dans la durée.

        0
        0
      2. Kopa Pianto Justo n’ont en commun que 2 saisons pleines pendant lesquelles ils ont cartonné.
        Gento, Pancho et Frédo ont 6 saisons en commun, ça doit faire un « paquet d’heures » et un paquet de buts !

        0
        0
  2. Pour la Belgique postwar, le meilleur (pas forcément le plus prolifique) combo offensif fut probablement Van Himst (en homme libre)-Mulder-Devrindt. Et ce dut grosso modo tourner dans le même ratio de buts par nombre de matchs joués ensemble (de 65 à 70, ça doit faire 200 rencontres conjointes).

    De 65-70, on peu même dire qu’Anderlecht tint sa « Maquina », car quel quintette offensif (un 4-2-4 certes, mais Van Himst décrochait énormément) : les trois cités + Puis à gauche + l’international NL Bergholtz à droite. Ces deux-là, comptablement ça doit faire pas loin de 100 buts de plus dans l’équation.

    Même dans l’ère classique, c’est pas si évident de trouver des associations +/- de ce standing et qui durèrent plus de 5 ans.

    0
    0
    1. Perdu pour Devrindt, j’aurais dû vérifier avant : il ne dispute qu’une grosse centaine de matchs à l’époque..mais les 100 matchs qu’il disputa assurément avec Mulder et Van Himst : ce dut être certainement très haut dans notre Histoire.

      0
      0
      1. En tout cas ça plante sévère devant, avec les services des ailiers infatigables.
        La récup par le camarade travailleur Alpha, et le commissaire en défense centrale!
        Le gardien du temple sur la ligne de but, infranchissable!

        pff parfait!

        1
        0
      2. Je suis aussi doué en attaque que Jesé. Mon poste est en défense centrale, mon ami, ou sur le banc! T’es où toi?

        0
        0
      3. Ah enfin un qui ne râle pas, parcequ’il ne joue pas à « sa » place!
        Verano ce renard des surfaces!

        J sais pas si je suis plus grand, mais j’ai des des goûts vestimentaires bien plus sûrs.

        1
        0
  3. Bon! Je viens de m’enfiler une palanquée de buts inscrits par cette Trinité, et je concède un faible pour le jeu de Law, vraiment très, très fort.

    Charlton aussi, il y a un paquet de buts qui n’ont l’air de rien mais techniquement très costauds. Joueur beaucoup plus riche et abouti qu’aux frappes de mule que j’en retenais. Son style me laisse froid par contre.

    Celui qui m’épate le moins : Best. Fortiche en mouvement, mais..??

    0
    0
    1. Charlton c’est un style « moderne » avant l’heure. Tout dans l’efficacité, très fort mais sobre en toute circonstance.
      J’y trouve une similarité avec Di Stéfano, un autre qui me laisse froid (et pas aussi « ultime » que ne le prétend la légende).

      D’accord avec toi, Law attaquant complet et serial buteur.

      Best c’était la vitesse, l’accélération, l’agilité… Faut quand même lui concéder une certaine fantaisie (qu’on apprécie ou pas).

      0
      0

Laisser un commentaire