Le football nippon est lié aux grandes corporations du pays, il suffit de voir le nom des clubs ayant remporté la Japan Super League, ancêtre de la J-League, pour comprendre ce lien : Mazda SC, Mitsubishi Motors, Yanmar Diesel ou Furukawa Electric SC.
Lorsque la J-League fut créée, l’une des conditions pour y participer fut que les équipes ne portent pas le nom de leur propriétaire afin de ne pas servir d’outil publicitaire pour la marque fondatrice du club.
Les différentes entreprises durent donc se creuser la tête pour nommer leurs créations et ce furent ces conditions qui donnèrent des clubs japonais aux identités très reconnaissables. Cela fut encouragé par le tout premier président de la J-League, Saburo Kawabuchi, dont l’objectif était d’ouvrir le football nippon à l’international pour mieux le différencier du baseball, sport national, à l’identité très marquée « local ».
Pinte 2 Foot vous présente donc les cheminements d’idées ayant abouti à former le nom de cinq des institutions du football japonais :
Sanfrecce Hiroshima, anciennement Mazda SC, est une contraction de deux idées : « san » signifie « trois » en japonais alors que « frecce » veut dire « flèches » en italien. Le club de Mazda est donc devenu celui aux trois flèches. Toutefois, les trois flèches ne font nullement référence à la marque de Fuchū mais à une légende attribuée à un seigneur de guerre local nommé Mōri Motonari. Ce dernier aurait demandé à ses trois fils de casser une flèche et après avoir respecté la parole de leur père, ce dernier leur demanda de faire de même en cassant trois flèches. Quand ils furent incapables de réussir pareille tâche, leur père leur expliqua qu’une flèche seule peut être facilement rompue mais que trois flèches maintenues ensemble ne le peuvent pas. Cette parabole sur la solidarité fut donc la base inspirant le nouveau nom du club d’Hiroshima.
A l’origine propriété d’All Nippon Airways, la deuxième compagnie aérienne du pays, les Yokohama Flügels ont trouvé un nom faisant directement référence à son propriétaire. En effet, « Flügel » est un mot allemand signifiant « aile » qui fut anglicisé au pluriel pour donner Flügels. Malgré cette origine aérienne, le club fut foudroyé en vol le 29 octobre 1998 lorsque la société Sato Kogyo, investisseur majeur du club avec All Nippon Airways, annonça qu’elle se retirait du club. ANA n’ayant pas les épaules pour le soutenir seul, celui-ci “fusionna” donc (pas aux yeux des fans en tout cas, pour qui c’était une dissolution pure et simple) avec les Yokohama Marinos, propriété de Nissan. Ces derniers devinrent alors le Yokohama F.Marinos.
L’histoire d’Urawa Red Diamonds est liée à celle de la société l’ayant fondée, Mitsubishi. Cette dernière naît en 1870 et son président Iwasaki Yatarō la renomme sous l’appellation qu’on connaît trois ans plus tard. Le nom est un mélange entre « mitsu », voulant dire « trois » (comme « san » plus haut) et « hishi », littéralement « châtaigne d’eau » mais désigne en réalité un diamant ou un losange. Mitsubishi est donc stricto sensu l’entreprise aux trois diamants et son logo composé de trois losanges représente très bien cela. A partir de ces informations, il est aisé de comprendre le nom du club, Urawa étant un arrondissement de Saitama, le rouge la couleur principale de l’équipe et les diamants un rappel de l’origine du club.
Le Nagoya Grampus Eight est l’un des plus anciens clubs de football de l’archipel, son ancêtre direct, le Toyota Motor Corporation Soccer Club, étant né en 1939. Néanmoins, tel le Sanfrecce Hiroshima, le nom du club ne fait aucunement référence à son fondateur. Le Grampus du nom est en hommage au Shachihoko, un monstre marin du folklore japonais dont le corps est celui d’une carpe mais la tête celle d’un tigre. Deux shachi dorés ornent justement le sommet du donjon du château de Nagoya. Les shachi désignent également des dauphins, au vu de leur forme. C’est ce second sens qui donne son nom de Grampus, nom scientifique donné au Dauphin de Risso. La mention du nombre « eight », vient elle de l’emblème de la ville de Nagoya, un huit dans un cercle. Néanmoins, la présence du huit serait également due à Shoichiro Toyoda, président de Toyota entre 1992 et 1999, le nom Toyota en katakana s’écrivant en huit traits. Cette mention du huit fut enlevée du nom du club (devenu Nagoya Grampus) en 2008, la présence de ce chiffre pouvant être gênante dans un sport se jouant à onze.
Le nom du Kashima Antlers est extrêmement lié à la ville et sa lutte pour rentrer en J-League. Créé par la Sumitomo Metal Industries en 1947, le club était loin d’être le projet le plus prometteur pour servir de dixième club à la J-League. Il était en effet le seul à ne pas être en première division (Japan Super League) et les rivaux de Yamaha, Yanmar, Hitachi et Fujita (qui rejoindront toutes la J-League dans les années qui suivent) semblaient avoir les reins plus solides pour un tel investissement. Pour convaincre la J-League de leur motivation, la préfecture d’Ibaraki, soutenue par l’entreprise, s’engagea à construire un stade de 15 000 places. Afin de renforcer le lien entre la ville de Kashima et l’équipe de football, il fut décidé de rendre hommage aux cerfs du sanctuaire de la ville, où ces messagers des dieux sont élevés depuis plus de 1300 ans comme un symbole spirituel.
Article bien sympa ! Parfait pour terminer de manière agréable une garde de nuit avant d’aller dormir 😴
Original, merci Alpha !
Iwasaki Yatarō, le fondateur de Mitsubishi, est un ancien samouraï, qui au moment de la revolution Meiji et de l’abolition de la caste samouraï est devenu un grand capitaine d’industrie. Au départ dans le transport maritime, des troupes Japonaises en particulier.
Si Xixon passe par là… Les fans d’d’Urawa Red Diamonds sont-ils les plus inventifs? Ou bruyants?
Les plus bruyants, sans doute
Les plus nombreux, assurément
Les plus inventifs, non. Je pense que tout le monde sera d’accord pour dire que ce sont les fans de Sendai. (Du moins, au niveau des chants)
Il m’a piqué mon travail ! 🥲
Mais c’est bien fait, très bien vulgarisé !
Excellent !
おつかれさま!👍
L’article est très clair, très bien vulgarisé..et cependant : dieu que ces Japonais ont l’air tortueux et compliqués, argh..!, quel jeu de pistes, de symboles triturés..
Ils sont comme ça dans la vraie vie, aussi??
Bravo alpha!
Ca me rappelle mes parties de winning eleven avec les kashima antlers!