Les grands duels : France-Bulgarie, la guerre de trente ans (2e partie)

Ils ont fait la légende des compétitions internationales. Ils ont déchaîné les passions et déchiré les familles. Ils ont rythmé les règnes et ponctué les changements d’époque. Chaque mois de la saison, voire plus si affinités, P2F évoque pour vous l’un des grands duels à répétition de l’histoire du football. Aujourd’hui, deuxième partie de la guerre de trente ans entre l’équipe de France et la Bulgarie, un nom qui donne encore des sueurs froides aux plus de 40 ans.

(Première partie disponible ici)

1971 : Sofia, morne plaine

Depuis ses débuts en 1960, l’Euro s’est imposé comme une compétition de premier ordre, ne le cédant qu’à la Coupe du monde dans le paysage footballistique du continent. La « Coupe d’Europe des Nations » à élimination directe intégrale des débuts a fait place à un « Championnat d’Europe des Nations » avec tour préliminaire par groupes et élimination directe à partir des quarts de finale. C’est dans le cadre de l’édition 1972 que l’équipe de France retrouve sur son chemin la Bulgarie pour la première fois en compétition depuis 1963.

Le football français est dans la période la plus noire de ce que les historiens appelleront rétrospectivement sa « traversée du désert ». Les clubs se couvrent régulièrement de ridicule en Coupe d’Europe. L’équipe nationale, écrasée en quart de finale de l’Euro 68 par la Yougoslavie (1-1, 1-5), enchaîne les humiliations avec une défaite à domicile en novembre 1968 (0-1) contre une Norvège semi-pro en éliminatoires du Mundial 1970 et une fessée reçue des Anglais en mars 1969 en amical à Londres (0-5).

Le sélectionneur Georges Boulogne, entré en fonction dix jours avant Wembley suite à la démission fracassante de Louis Dugauguez, semble cependant avoir trouvé un bon filon en faisant « monter » en A les meilleurs de ses Espoirs. 1970-71 a vu une équipe en très nets progrès se donner une chance réelle de qualification pour les quarts de finale de l’Euro 72. Placés dans le groupe 2 avec la Bulgarie, la Norvège (deux ans après…), et la Hongrie de Benë et Zámbó qui fait figure de favori, les Bleus sont allés chercher un excellent nul à Budapest (1-1) en avril 1971 et ont battu proprement la Norvège deux fois (3-1 à Lyon, 3-1 à Oslo). Mais ils ont lâché deux points à Colombes en octobre 1971 (0-2) contre des Hongrois assez nettement supérieurs.

Les aléas du calendrier font que la France a encore ses deux matchs contre la Bulgarie à jouer tandis que la Hongrie et la Norvège en ont déjà fini. Avant le premier d’entre eux, à Nantes (le Parc des Princes est en reconstruction), la Hongrie compte 9 points (différence de buts +7, victoire à deux points), la Bulgarie 5 (+4), la France 5 (+2), et la Norvège 1. Deux nettes victoires de la même équipe permettraient à celle-ci de coiffer la Hongrie au poteau pour l’unique place qualificative.

C’est la Bulgarie, forte de trois présences consécutives en phase finale de Coupe du monde (1962, 1966, 1970), qui a les faveurs du pronostic. À l’exception de Jetchev, le bourreau de Pelé en 1966, la génération des durs combats de 1961-63 a passé la main à une nouvelle vague tout aussi coriace que ses prédécesseurs, au sein de laquelle le milieu Hristo Bonev est une pointure de classe européenne. Côté français, Georges Lech, toujours sémillant en attaque mais passé entretemps de Lens à Sochaux, est le seul rescapé. Les joueurs ont déjà fait connaissance en avril 1970, quand les Bulgares sont venus préparer leur Coupe du monde en amical à Rouen (1-1).

Le 10 novembre 1971, seuls 9 500 spectateurs y croient suffisamment pour braver le froid qui enserre Marcel-Saupin. Georges Boulogne, toujours fidèle au 4-2-4, n’est privé que de Bernard Bosquier et aligne Carnus – J. Djorkaeff, Quittet, Novi, Camerini – Michel, Mézy – Blanchet, Lech, H. Revelli, Loubet. La Bulgarie est au complet, dans un 4-3-3 plus moderne : Filipov – Zafirov, Penev, Jetchev, S. Velitchkov – Bonev, Denev, B. Kolev – Vassilev, Petkov, Dermendjiev. Les deux équipes – l’une par choix à l’extérieur, l’autre consciente de ses limites – choisissent de laisser venir pour placer des contres et le match s’avère plutôt ennuyeux, sans rien à signaler en première période.

Après la reprise, patatras : Camerini, pris de vitesse par Vassilev, sort la tronçonneuse dans la surface et Jack Taylor, que l’on reverra dans l’exercice en finale de la Coupe du monde 1974, siffle le penalty qui s’imposait. Bonev transforme sans problème et voilà les Bleus mal embarqués (0-1, 54e). Mais ceux-ci ont acquis un fonds de confiance en dix-huit mois de renouveau et savent ne pas s’affoler. Dix minutes plus tard, sur un corner de Loubet, Filipov manque son dégagement au poing et le ballon retombe sur Lech qui égalise en force (1-1, 64e).

Il faut encore un but pour espérer, mais l’attaque tricolore semble à court de solutions. Georges Boulogne remplace alors Hervé Revelli par Louis Floch, un ailier de débordement à l’ancienne, rapide et vif comme l’argent. Pari gagné : les raids du Monégasque déstabilisent la défense bulgare et ouvrent des brèches. Deux minutes après son entrée en jeu, Floch est à la conclusion d’une action bien construite par Henri Michel et lâche un bon tir des seize mètres. Filipov ne peut que repousser et Charly Loubet, qui a suivi, donne l’avantage aux Bleus (2-1, 84e). La tentation est forte de continuer à attaquer pour améliorer la différence de buts, mais Boulogne cède à sa prudence naturelle et ferme la boutique pour préserver la victoire.

Voilà donc les Bulgares éliminés, mais les Bleus n’ont pas encore véritablement triomphé de leur nouvel ennemi attitré en se qualifiant. Il faudra gagner à Sofia par quatre buts d’écart pour égaler les Hongrois à la différence de buts et les devancer au nombre de buts marqués. Pour une équipe qui ne s’est pas imposée en Bulgarie depuis 1932, c’est quasiment mission impossible.

Le 4 décembre, Vassil-Levski sonne creux avec 18 000 spectateurs seulement. Sans le poids de l’ambiance, l’occasion est belle pour l’équipe de France de jouer son va-tout offensif. Il n’y a que deux changements par rapport à Nantes : Bernard Bosquier reprend sa place à Claude Quittet en défense centrale et Francis Camerini, à l’arrière gauche, est remplacé par un nouveau venu en provenance de l’AC Ajaccio, un certain Marius Trésor. La Bulgarie, repassée en 4-2-4, a davantage remanié avec Goranov – Gaïdarski, Penev, Jetchev, S. Velitchkov – Bonev, B. Kolev – Vassilev, Jekov, A. Mikhaïlov, Dermendjiev.

Hélas, hélas, les Tricolores ne tentent même pas l’infime chance qui leur reste. Ils laissent venir là où il faudrait presser, temporisent là où il faudrait accélérer, refusent le risque là où il faudrait le prendre. Peu après la reprise, sur un coup franc à 25 mètres concédé un peu bêtement par Henri Michel, Jekov troue le mur bleu sur la gauche d’un Carnus scotché (1-0, 47e). Les rentrées poste pour poste de Loulou Floch et Georges Bereta ne changent rien à l’affaire et Atanas Mikhaïlov punit sans pitié une défense centrale trop statique (2-0, 82e). Bernard Blanchet réduit la marque pour l’honneur juste après (2-1, 84e), mais la messe est dite depuis longtemps.

Éliminée une fois de plus d’un grand tournoi, l’équipe de France replonge dans ses doutes. Au moins Marius Trésor aura-t-il été impérial pour ses débuts ; on connaît la suite d’une carrière magnifique. Encore une fois, c’est la Bulgarie qui a joué les empêcheurs de danser en rond. Le syndrome de la bête noire est désormais bien ancré, et l’avenir prouvera qu’il est difficile à chasser.

Les buts : https://www.youtube.com/watch?v=0kB7eo3Iw-4

1976-77 : Thierry Roland et Michel Hidalgo, les jours de gloire

« C’est peut-être à Sofia, le 9 octobre 1976, qu’est vraiment née une grande équipe de France. » Le rédacteur du magazine Onze qui retraçait le parcours des Bleus vers la Coupe du monde 1978 ne s’imaginait pas combien il avait vu juste. La route de tous les titres à venir, à commencer par l’Euro 84 qui reste le plus beau pour avoir été le premier, a réellement commencé ce jour-là.

Personne n’envisage pourtant un nouveau déplacement à Vassil-Levski de gaieté de cœur après le tirage au sort des éliminatoires du Mundial argentin. Outre la Bulgarie, les Bleus retrouvent dans le groupe 5 la République d’Irlande, qui ne leur a pas réussi quatre ans plus tôt, et une Albanie aux allures de piège à points. Le régime d’Enver Hoxha, en pleine crise d’autarcie paranoïaque, déclare immédiatement forfait. Le groupe devient ainsi une double triangulaire où tout faux pas à domicile sera fatal.

Après les échecs en qualifications à l’Euro 72 et au WM 1974, Georges Boulogne a passé le relais à Stefan Kovacs à la tête de l’équipe de France. Celui-ci a rajeuni l’effectif et les principes de jeu mais n’a pas pu éviter une nouvelle élimination en phase de groupes de l’Euro 76 face à la Belgique et à la RDA. Tout au plus peut-on relever l’influence bénéfique du nouveau Parc des Princes, inauguré en 1972 dans sa forme actuelle, dans lequel les Tricolores n’ont pas encore perdu un match officiel.

L’arrivée de Michel Hidalgo sur le banc en mars 1976, l’épopée des Verts en Coupe d’Europe, et l’émergence d’un phénomène nommé Michel Platini ont tout à coup fait naître un espoir énorme. En quelques matchs amicaux, le nouveau sélectionneur a insufflé un style de jeu séduisant et dégagé une ossature faite de jeunes prometteurs (Janvion, Bossis, Lopez, Bathenay, Rocheteau, Six, Platini bien sûr) et de quelques cadres confirmés (Baratelli, Trésor, Michel, Lacombe). Il faut maintenant confirmer en compétition, directement dans le grand bain de Sofia.

Les Bulgares, quant à eux, visent une cinquième phase finale de Coupe du monde consécutive, mais des éliminatoires de l’Euro 76 ratées ont fait naître des questions. L’effectif a évolué par retouches successives, comme d’habitude. Avec Krastev – Grancharov, Stankov, Tichanski, Vassilev – Bonev, B. Dimitrov, Panov – Voïnov, Milanov, Denev, il n’y a que trois rescapés des duels de 1971 sur le terrain le 9 octobre. Chez les Bleus, où Rocheteau est forfait (Baratelli – Janvion, Lopez, Trésor, Bossis – Bathenay, Platini, Synaeghel – Gallice, Lacombe, Six), seul Trésor en était.

Dès le coup d’envoi, ça pilonne sur le but français. Baratelli fait le job malgré quelques hésitations, la charnière centrale Trésor-Lopez n’est pas des plus complémentaires, et quelques relances hasardeuses près de la surface donnent le frisson aux téléspectateurs. Un résumé quasi-complet des problèmes qui plomberont ces Bleus jusqu’à Séville… Devant, en revanche, ça va beaucoup mieux ; la vivacité de Platini, Lacombe, et Six met la défense bulgare mal à l’aise dès que le ballon ressort.

Les Bleus relèvent la tête petit à petit et bénéficient d’un bon coup franc indirect à 25 mètres plein axe. Bathenay décale pour Platini qui envoie un amour de missile brossé dans la lucarne droite de Krastev (0-1, 37e). Jamais une équipe de France n’a mené à Vassil-Levski, et ce n’est pas fini : Platini lance dans l’axe Bathenay qui canonne à ras de terre d’une quinzaine de mètres, Krastev relâche la balle, et Lacombe qui a suivi marque sans opposition (0-2, 40e). En couleurs pour la première fois à la TV, le soleil de ce bel après-midi à Sofia serait-il celui d’Austerlitz ?

Les forces obscures qui ont maudit les Bleus en terre bulgare jettent alors un concentré de leurs mauvais sorts. Les locaux obtiennent un coup franc presque au même endroit qu’en 1971, Bonev frappe en force au ras du mur, Lacombe qui a voulu bien faire tend la jambe et prend Baratelli à contre-pied, comme Lerond le fit à Pierre Bernard en 1961 (1-2, 44e).

C’est maintenant un mortel qui va venir épauler les puissances du mal. Déjà, en première mi-temps, le sifflet de l’arbitre écossais Ian Foote avait paru choisir son camp. On ne l’entend plus du tout en faveur des Bleus maintenant, sous l’énorme pression que mettent les Bulgares depuis la reprise. Baratelli est décisif face à Vassiliev (59e), Lopez sauve son gardien sur la ligne (65e), puis Bonev place une tête sur la barre, carrée comme à Glasgow mais cette fois pour la bonne cause (66e).

Juste après, un contre mené par Bathenay aboutit dans la surface sur Platini qui crochète Krastev, lequel le fauche proprement (67e). Play on, dit M. Foote… Les Bulgares enchaînent en retour, Voïnov sur la gauche renverse pour Bonev qui remet de la tête dans l’axe, et Panov libre devant le but transperce Baratelli à bout portant (2-2, 68e). La France entière hurle au hors-jeu et au déni de justice. Personne n’admet aujourd’hui encore la vérité des images, lesquelles montrent Panov et son coéquipier Tsvetkov très légèrement en retrait de Bonev et de Max Bossis qui les couvre. Mais le penalty sur Platini était indiscutable au départ de l’action… Et l’on n’a encore rien vu.

Au départ de l’action, la faute de Krastev sur Platini est évidente. Sur la contre-attaque bulgare, en revanche, quand Bonev (en haut de l’image) remet de la tête dans l’axe, Panov et Tsvetkov devant le but sont bien en jeu, en retrait à la fois du ballon (être sur la même ligne est encore hors-jeu en 1976) et de Max Bossis qui les couvre de toute façon.

Les Bleus ont retrouvé de l’air après l’égalisation et tiennent les Bulgares à distance. Il reste trois minutes de temps réglementaire quand Hristo Bonev perce sur la droite, déborde Bossis dans la surface, et s’offre un beau plongeon. M. Foote, sans sourciller, désigne le point fatidique. Il vient d’entrer dans l’immortalité en compagnie de Thierry Roland :

M. Foote n’a tout de même pas osé faire retirer le penalty manqué par Bonev, et l’on en reste là (2-2) au tableau d’affichage. La frustration est immense dans l’opinion qui a vu ses Bleus privés d’une victoire capitale par un arbitrage infect. Mais les énormes qualités qu’a montrées cette équipe sur le terrain de son ennemi attitré, assorties d’un point ô combien précieux, ont fait plus qu’attiser les espoirs. Elles ont fait comprendre à la France entière, à commencer par les joueurs eux-mêmes, que la sélection avait désormais les armes pour sortir enfin de sa série noire. Rarement le terme de « match référence » aura été aussi approprié.

Un mois plus tard, sur leur lancée, les Tricolores battent proprement au Parc (2-0) cette même République d’Irlande qui les y avait tenu en échec en éliminatoires du WM 1974. La défaite à Dublin (0-1) en mars 1977 ravive les inquiétudes, d’autant plus que les Bulgares battent l’Irlande à Sofia en juillet (2-1) puis l’éliminent en allant faire match nul à Lansdowne Road en octobre (0-0). Le France-Bulgarie du 16 novembre 1977 sera décisif.

C’est vaincre ou mourir pour les Bleus qui comptent un point de retard. Le Parc des Princes est quatre fois trop petit face à la demande de billets. Avec sa coque de béton et son toit qui réverbèrent à satiété la belle ambiance qu’y met un public chaud bouillant, il offre le cadre idéal pour ce match-couperet, le premier d’une série (Pays-Bas 1981, Espagne 1984, Yougoslavie 1985, et un autre dont nous reparlerons…) qui va rythmer vingt ans de football en bleu-blanc-rouge jusqu’à la construction du Stade de France.

Rey – Janvion, Rio, Trésor, Bossis – Bathenay, Platini, Guillou – Rocheteau, Lacombe, Six d’un côté, Goranov – Vassiliev, Arabov, Anguelov, Ivkov, G. Bonev – Kostov, A. Kolev, H. Bonev, Stankov – A. Alexandrov de l’autre : les gladiateurs sont dans l’arène, 4-3-3 pour gagner contre 5-4-1 pour tenir. Les Bleus poussent d’entrée, mais rien ne passe pendant une demi-heure. Ce sont même les Bulgares qui manquent d’ouvrir la marque en contre par Hristo Bonev (29e). Et puis, enfin, la brèche se présente. Didier Six tire de la droite un long corner que Trésor recentre de la tête pour Rocheteau qui plante un pointu des six mètres (1-0, 37e). Juste après, Platini dépose un extérieur pure soie de 20 mètres sur la barre de Goranov. On en reste là à la pause.

L’empire du yaourt passe en 4-4-2 à la mi-temps, l’attaquant Tsvetkov remplaçant le défenseur Ivkov. Les Tricolores en perdent la main, d’autant plus que Voïnov remplace Kolev (54e) pour tenter de renverser la vapeur en 4-3-3. C’est une fulgurance typique de ces jeunes Bleus qui va débloquer une situation devenue indécise. Une montée de Bossis, énorme de bout en bout dans ce match, aboutit sur Six qui trouve Platini dans l’axe. Pas attaqué, le maestro s’avance et envoie une praline de 25 mètres dans la lucarne de Goranov (2-0, 63e). Là, on commence à y croire.

Les Bleus pourraient plier le match, mais Didier Six manque deux bonnes occasions. Christian Dalger remplace un Rocheteau à plat (70e), la partie devient une course entre le chrono et des Bulgares qui prennent de plus en plus d’assurance. Il reste cinq minutes quand Kostov, après un bon travail sur l’aile gauche, centre pour Tsvetkov qui bat de la tête un André Rey figé sur sa ligne (2-1, 85e). On y croyait tout à l’heure, on se ronge les ongles maintenant.

Le malheur ne frappera pas (encore…) cette fois. On est dans la dernière minute et Guillou, dans le rond central, balance une chandelle pour gagner du temps. Lacombe récupère au poteau de corner après un beau sprint ; au lieu d’y jouer la montre comme tout bon Italien, il pique vers le but et centre en retrait pour Dalger. Pas de « crime contre l’équipe » cette fois-là car le natif de Nîmes contrôle du bout du pied, échappe de justesse à la charge d’Arabov, et ajuste Goranov de près pour projeter tout son pays dans l’extase (3-1, 89e).

Charles Corver, excellent ce soir-là sans savoir qu’un jour beaucoup moins heureux l’attend à Séville, siffle la fin du match. La bête noire est vaincue, les Bleus sont de retour en Coupe du monde après douze ans d’absence. Michel Hidalgo, encapuchonné dans son coupe-vent bleu, peut bien en verser des larmes d’émotion au moment où on le porte en triomphe. C’est lui et la si prometteuse génération Platini qui viennent de mettre fin aux dix années les plus sombres de l’histoire de l’équipe de France. Si l’on admet qu’un quart de finale d’Euro d’avant 1980 vaut une qualification aux phases finales d’après, la « traversée du désert » des Tricolores a été toute relative jusqu’en 1968. Après, en revanche, c’était le vrai trou noir, et il est désormais derrière eux.

La suite, on le sait, ne sera pas à la hauteur des espérances. Les Bleus sont en tout cas loin d’en avoir fini avec ces Bulgares qui se dressent sur leur route comme un éternel cauchemar. Peu après la fin du match, dans un appartement quelque part à Sofia, un garçon de dix ans est retourné dans sa chambre en pleurant et a juré vengeance sur les posters de l’équipe nationale et du CSKA punaisés à son mur. Il s’appelle Emil Kostadinov.

(Troisième partie disponible ici à partir du 16 novembre)

(Quatrième partie disponible ici à partir du 17 novembre)

Crédit photo de garde : L’Équipe.

29 réflexions sur « Les grands duels : France-Bulgarie, la guerre de trente ans (2e partie) »

    1. Alfredo y était avant moi, il peut mieux en parler. Les Bleus des années 1968-76 n’ont pas eu de match-référence, et il est injuste de faire porter le chapeau à Michel seul. (Auraient-ils battu la Hongrie à Colombes en 1971… mais ceci est une autre histoire). Le Nantais a été l’un des rares à ne pas décevoir en CM 1978. On peut aussi signaler sa brillante deuxième mi-temps en amical contre l’Italie à Naples en février 1978 (2-2).

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      1. A vrai dire, faute de stars et de matchs références, on se souvient de pas grand chose entre 66 et 76.

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      2. La victoire au Parc (1-0) sur l’URSS, vice-champion d’Europe en titre, en QCM 1974 aurait pu en être un, mais il n’y a pas eu de suite. Y fus-tu ?

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  1. Trop jeune pour avoir des souvenirs de 1977 mais combien de fois a t on vu les images du but de Platini et celles de Michel Hidalgo dans son Kway bleu ciel ? C’était l’image des triomphes français, une qualification à une CM, une fin en soi.

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    1. J’avais cours de français le lendemain à 8h 30, il pleuvait (surprise…) sur Paris. Mon prof, un vieux de la vieille qui gardait toujours un visage d’apparatchik et ne daignait pas commenter les affaires du siècle, a vu arriver un élève en K-way bleu et s’est fendu d’un sourire avant de dire « Tiens, comme Hidalgo… »

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      1. Je comprends pourquoi Jean Luc se souvenait d’Atanas, il lui marque 5 buts en deux rencontres.

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      1. Tu as raison Safet ( quel chouette pseudo, un de mes premiers héros dans ce sport ), Varane mérite d’être cité. D’ailleurs, j’avais fait un texte sur Susic et ses années au FK Sarajevo. Si ça t’intéresse…

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      1. Merci pour l’article je l’avais lu a l époque

        Mes 23 sélectionnés

        3 goals : bats barthez lloris

        8 défenseurs : Thuram, blanc dessailly liza tresor amoros varane bossis

        7 milieux Platini giresse zidane Deschamps Tigana kopa vieira

        5 attaquants Griezmann m bappe fontaine henry Giroud

        C est d ailleurs fou que l ´équipe de nos rêves 1982/1984 n’était pas capable d ´avoir un attaquant à mettre dans cette sélection ( rocheteau , six , Lacombe sympa mais pas dans le top )
        Mais platoche faisait tout

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      2. Malgré la place de Bats dans l’histoire, il ne serait que numéro 4 sur ma liste, avec Lloris titulaire, Barthez années 1996-2000 numéro 2, et Lama numéro 3.

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    1. Desailly a prouvé au quotidien qu’il était un cador dans deux des trois meilleures ligues du monde. Trésor avait sans doute le potentiel mais n’en a pas eu l’occasion et n’a donc pas acquis le vécu permanent du très haut niveau. Avantage Desailly.

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      1. Oui mais en 1978 , personne dans l’équipe ne jouait à l’étranger
        Le précurseur Six ?
        Trésor en premier league aurait fait un malheur au même titre que Bathenay

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  2. Pinte2foot a de la chance d’avoir un vrai connaisseur comme triple G. Ces matchs (surtout ceux de 76 et 77) rappellent de bons souvenirs. C’était un temps où l’on était fier de cette équipe de France et où beaucoup de gens ne voulaient surtout pas rater ses matchs.
    Quelques commentaires :
    – Loulou Floch jouait bien à Monaco lors d’un de ces matchs mais c’est un enfant de la Bretagne. L’un des plus grands joueurs bretons. Cela avait été terrible pour lui de quitter Rennes. Il a toujours dit qu’il n’y a qu’un seul club dans son cœur et que c’est Rennes. Il a pourtant rejoint ensuite la capitale. Paris FC d’abord dont c’est le meilleur buteur en première division jusqu’à présent. Puis le PSG où il était grand copain avec Dahleb.
    – Jean Gallice a connu plusieurs sélections en équipe de France mais une seule sous Hidalgo. C’est celle avec monsieur Foote. Frère de footballeur et fils de footballeur avec un père qui était un résistant.
    – Christian Dalger est malheureusement un peu oublié de nos jours alors que beaucoup de gens qui ont joué avec lui le considèrent comme l’un des plus forts avec qui ils ont joué. Quelques mois encore avant ce France-Bulgarie de 1977, il jouait en deuxième division avec Monaco.

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      1. Mais bien sûr. Brest-OM en mai 1980: 7-2, dont un but de Loulou, un de Pennec, deux de Le Roux et trois d’un joueur qui n’est pas breton mais est dans le coeur des bretons, Vabec.

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