Les grands duels : France-Bulgarie, la guerre de trente ans (1ère partie)

Ils ont fait la légende des compétitions internationales. Ils ont déchaîné les passions et déchiré les familles. Ils ont rythmé les règnes et ponctué les changements d’époque. Chaque mois de la saison, voire plus si affinités, P2F évoque pour vous l’un des grands duels à répétition de l’histoire du football. Aujourd’hui, pour la première fois de notre série, l’équipe de France est à l’honneur en compagnie d’un nom qui donne aujourd’hui encore des sueurs froides aux plus de 40 ans : la Bulgarie, tortionnaire à répétition de nos braves Bleus dans ce qui a été une véritable guerre de trente ans.

Les origines

Quand l’équipe de France entre sur le terrain de Colombes, le dimanche 11 décembre 1960, elle ne sait pas qu’elle va tirer les premières salves d’une longue guerre. La Bulgarie qui s’aligne à ses côtés pour les hymnes, avant ce match des qualifications à la Coupe du monde 1962, n’a pourtant rien d’un gros calibre. Mais les dieux ont décidé de la doter d’un nouveau pouvoir qu’elle ignore encore et dont elle saura rapidement jouer. Elle va devenir la bête noire attitrée des Bleus pendant plus de trois décennies.

Jusque-là, et depuis la Libération, c’était la Yougoslavie qui jouait ce rôle avec brio. En décembre 1949, elle avait éliminé les Tricolores de la Coupe du monde 1950 au bout de la prolongation d’un barrage en un seul match sur terrain neutre, à Florence (3-2). En juin 1954, au premier tour du Mondial en Suisse, elle avait planté le premier clou (1-0) du cercueil des Bleus, éliminés au premier tour. Quatre ans plus tard, en Suède, elle avait gâché (3-2) la fête des coéquipiers de Raymond Kopa sur le chemin d’une belle troisième place. En demi-finale de l’Euro 1960, enfin, elle avait battu de manière invraisemblable les Français sur leur propre terrain, l’emportant 5-4 après avoir été menée 2-4 à un quart d’heure de la fin.

La Bulgarie, elle, faisait de la figuration depuis la naissance de l’équipe nationale en 1922. Jamais qualifiée pour un grand tournoi, elle avait accumulé une série de défaites, parfois spectaculaires (ainsi un 0-13 à Madrid face à l’Espagne en 1933), dont deux face aux Bleus : 3-5 à Sofia en 1932 et 1-6 au Parc des Princes en 1938. Mais les choses ont changé avec l’arrivée des communistes au pouvoir en 1944. Le nouveau régime a vigoureusement développé les activités sportives, sur le modèle soviétique, et le football bulgare a quitté les bas-fonds. En clubs, le CDNA Sofia, ancêtre du CSKA, s’est taillé la réputation d’un adversaire jouable mais difficile à manier. L’équipe nationale a cessé d’être ridicule, comme l’a prouvé une victoire en octobre 1959 (1-0, amical) sur les Bleus de Kopa et Batteux.

1960-61 : l’offense originelle

Ces Bleus, justement, sont en plein doute fin 1960 après la fin de cycle des grognards de Suède, une incroyable défaite 6-2 en Suisse en amical, et le camouflet de l’Euro. Avec Bernard – Wendling, Bieganski, Rodzik – Sénac, Marcel – Wisniewski, Fontaine, Douis, Piantoni, Cossou, ils n’alignent que cinq des 22 de 1958. C’est le grand retour de Just Fontaine en sélection après une grave fracture de la jambe ; on ne sait pas encore que ce sera son dernier match en Bleu. En face, la Bulgarie a quasiment reconduit l’équipe du match de 1959 avec Naïdenov – Metodiev, Manolov, Dimitrov – Largov, Kovatchev – Abadjiev, Iliev, Yordanov, Yakimov, I. Kolev. On va apprendre à connaître – et maudire – ces noms issus en grande majorité du CDNA et du Levski Spartak, les protagonistes d’un « derby éternel » de Sofia qui vaut presque celui de Belgrade.

La nouvelle génération tricolore est inspirée cet après-midi-là. Elle domine techniquement et territorialement, mais rien ne passe en première période face à une rude défense bulgare. Dès la reprise, Bruno Rodzik, le successeur du légendaire Roger Marche, monte lâcher une mine de 25 mètres sur la barre de Naïdenov. Celui-ci perd de vue le ballon qui retombe en cloche aux six mètres, Wisniewski a bien suivi et devance le gardien bulgare de la tête (1-0, 48e). Les Bleus sont lancés : dix minutes plus tard, un corner de Wisniewski mal dégagé revient après une partie de billard sur Jean-Jacques Marcel qui transperce Naïdenov à dix mètres (2-0, 58e). Pour finir, le débutant Lucien Cossou apporte sa pierre à l’édifice en reprenant un ballon expédié sur la transversale par Justo Fontaine après un excellent travail sur l’aile droite de Wisniewski, l’homme du match (3-0, 80e).

Les Bleus, qui ont dominé de bout en bout et séduit le public, semblent avoir chassé les démons d’un mauvais début d’année. Tout comme l’empereur Ferdinand II, qui croyait avoir réglé la situation en matant la Révolte de Bohême en 1620, ils vont devoir déchanter. Dans la guerre de trente ans qui vient de commencer, aussi longue et douloureuse que « la vraie » des livres d’histoire, les revers vont arriver plus vite que prévu.

Onze mois plus tard, à la dernière journée des qualifications, c’est le match retour à Sofia. Les deux équipes ayant fait carton plein contre le troisième larron du groupe, la Finlande, un nul suffit aux Bleus pour se qualifier. Avec Bernard – Wendling, Lerond, Rodzik – Synakowski, Ferrier – Guillas, Muller, Mahi, Fulgenzy, Peyroche, la page de « ceux de 58 » est quasiment tournée. Ce renouveau reflète non seulement quelques blessures d’importance (Douis, Kopa, Piantoni), mais surtout les incertitudes du sélectionneur Georges Verriest[1] après une mauvaise année 1961. Côté bulgare, en revanche, c’est le changement dans la continuité : Naïdenov – Rakarov, Dimitrov, Metodiev – Dimov, Kovatchev – Diev, Iliev, Yakimov, I. Kolev, Debarski.

Le 12 novembre, dans le vent glacial et l’ambiance brûlante du stade Vassil-Levski, les Bleus tiennent bon. Rien n’a été marqué et la porte de l’avion pour le Chili est déjà entrouverte quand survient un coup franc à l’angle de la surface tricolore à la dernière minute. Un pied bulgare devance l’intervention d’un Pierre Bernard hésitant, le ballon redescend en chandelle au premier poteau, un autre pied reprend fort vers le but et Iliev, sur la ligne, pousse le cuir au fond. Ce dernier et un de ses coéquipiers étaient hors-jeu sur l’action – les images ne laissent aucun doute – mais l’arbitre, le Tchécoslovaque Milan Fencl, valide le but (1-0, 89e). C’est une catastrophe : à égalité de points (6), le règlement des qualifications ne prend en compte ni la différence de buts (+7 aux Français contre +2 aux Bulgares), ni les confrontations directes (3-1 pour les Bleus), et il faut jouer un barrage sur terrain neutre, à Milan, le 16 décembre.

Cette fois-là, c’est vrai.

Par la grâce des retours en forme, l’équipe de San Siro a meilleure allure qu’à Sofia : Bernard – Wendling, Lerond, Rodzik – Synakowski, Ferrier – Wisniewski, Muller, Skiba, Heutte, Van Sam. Mais il manque toujours un stratège en l’absence de Kopa pas encore remis. La Bulgarie, elle, n’a fait qu’un très léger remaniement avec Naïdenov – Rakarov, Dimitrov, Metodiev – Dimov, Kovatchev – Diev, P. Velitchkov, Iliev, I. Kolev, Yakimov.

Les nerfs étaient à vif dans l’Hexagone avant ce match-couperet et les joueurs vont succomber à la pression. Si la défense tient comme d’habitude, les attaquants, empruntés et maladroits malgré leur valeur réelle, ne créent aucun danger pour les Bulgares de toute la première mi-temps. La facture tombe deux minutes après la reprise. Une mauvaise remise en touche de Wisniewski est récupérée par les Bulgares qui construisent une attaque propre dans l’axe, le ballon mal dégagé revient sur Yakimov qui frappe de 20 mètres, André Lerond veut contrer et prend involontairement son gardien à contre-pied (0-1, 47e). Écrasés par le poids d’un destin qui leur semble inexorable, les Bleus restent enlisés dans leur stérilité, sans la moindre révolte qui pourrait renverser la situation. Le coup de sifflet final de Concetto Lo Bello, le « tyran de Syracuse », a des allures de coup de grâce.

Troisième au monde en 1958, quatrième en Europe en 1960, l’équipe de France n’est même pas présente au rendez-vous mondial de 1962. La crise est profonde, à un point tel que l’État menace à demi-mot (déjà…) de mettre son nez dans les affaires de la FFF, sans conséquence. Il ne reste plus qu’à tenter de reconstruire en vue de la prochaine échéance, celle du deuxième Euro en 1964. Le vainqueur de Milan, quant à lui, entame une série de quatre qualifications consécutives en Coupe du monde qui seront son premier âge d’or. Il y a désormais dans le carnet des Bleus un affront qu’il faudra tôt ou tard laver.

On n’en est pas encore à « Inqualifiable », mais ça va venir…

1963 : le sursaut

Le hasard du tirage au sort remet la Bulgarie sur la route des Tricolores en huitième de finale de ce qui s’appelle encore la Coupe d’Europe des Nations, à l’automne 1963. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts : Georges Verriest est toujours là mais Albert Batteux a passé le relais à Henri Guérin, le WM de papa a fait place au 4-2-4 qui a prouvé sa supériorité en Coupe du monde. Les Bleus ont éliminé l’Angleterre de belle manière (1-1 à Sheffield, 5-2 au Parc des Princes) en seizième de finale de l’Euro, puis ont fait figure honorable en amical à Colombes face au grand Brésil de Pelé et Garrincha (2-3). On sent comme l’amorce d’un renouveau.

De fortes tensions entre Raymond Kopa et les instances fédérales sont venues assombrir l’atmosphère. Après qu’il a déclaré dans la presse que « les joueurs français sont des esclaves[2] », le stratège du Stade de Reims est suspendu pour six mois avec sursis. S’ajoute à cela une polémique avec Georges Verriest sur le manque d’implication du joueur en sélection, à une période où celui-ci doit composer avec le lymphosarcome qui va bientôt emporter son petit garçon. En conséquence, on n’a pas encore vu Kopa en Bleu en 1963.

Le 29 septembre, à Sofia, Verriest se passe encore du Rémois et aligne Bernard – Adamczyk, Michelin, Artelesa, Chorda – Bonnel, Szkudlapski – Robuschi, Douis, Cossou, Buron. Côté bulgare, après une Coupe du monde 1962 honnête mais sans gloire, on retrouve des têtes connues : Naïdenov – Shalamanov, Dimitrov, Jetchev, Voutsov – Kitov, P. Velitchkov – Diev, Asparoukhov, Yakimov, I. Kolev. Le stade Vassil-Levski n’est qu’à moitié rempli : l’Euro n’a pas encore acquis sa notoriété actuelle et l’équipe de France ne déplace plus les foules. Il ne reste que peu de traces dans les archives d’un match sans éclat, remporté par les Bulgares sur un but de Diev (1-0, 24e), dans lequel les Tricolores auront fait preuve de solidité sans savoir se révolter, comme à Milan deux ans plus tôt…

Ils ont sorti la tronçonneuse à Vassil-Levski.

À l’approche du match retour, le 26 octobre, la deuxième affaire Kopa éclate. Lui et Verriest ont pourtant accepté d’enterrer la hache de guerre, et le sélectionneur a rappelé le plus illustre des joueurs français de l’époque pour ce match capital. Mais un tête-à-tête pendant le stage de préparation dégénère en une rupture irrémédiable entre deux hommes au caractère bien trempé. Kopa claque la porte de l’équipe de France ; on ne l’y reverra plus jamais.

Verriest, peu satisfait du match aller, a changé cinq joueurs dont les deux milieux : Bernard – Rodzik, Michelin, Artelesa, Chorda – Herbin, Ferrier – Lech, Goujon, Douis, Buron. Les Bulgares font confiance pour l’essentiel aux vainqueurs de Sofia avec Naïdenov – Metodiev, Dimitrov, Jetchev, Voutsov – P. Velitchkov, Kitov – Abadjiev, Asparoukhov, Yakimov, I. Kolev.

Les absents vont avoir tort. À 18 ans seulement, le Lensois Georges Lech appelé en remplacement de Kopa fait un début en Bleu fracassant à l’aile droite. Robert Herbin, associé à René Ferrier dans l’entrejeu comme à Saint-Étienne, réalise un match exceptionnel. Les Bleus jouent bien, très bien même, et ouvrent logiquement la marque d’une grosse frappe d’Yvon Goujon aux seize mètres après un raid tranchant dans l’axe (1-0, 44e).

Les Bulgares, dont la solidité et la cohésion sont les vertus premières, font le gros dos et attendent la baisse de régime des Tricolores. En seconde période, effectivement, ils viennent de plus en plus souvent inquiéter Pierre Bernard. À un quart d’heure de la fin, Kolev sur l’aile gauche se joue de Rodzik et centre fort à ras de terre pour Yakimov, le bourreau de Milan, qui marque des six mètres (1-1, 75e). Voilà les Bleus virtuellement éliminés. La règle des buts à l’extérieur n’existe pas encore, les prolongations non plus : il faut un but pour accrocher un nouveau barrage sur terrain neutre, deux pour se qualifier.

C’est Herbin, le grand homme du match, qui sauve la situation. Pas même cinq minutes après l’égalisation, il hérite de la balle au coin de la surface, efface deux Bulgares, et loge un obus sous la barre de Naïdenov (2-1, 78e). Trois minutes plus tard, c’est encore lui qui lobe la défense bulgare d’un joli piqué aux seize mètres pour la tête de Goujon qui bat le gardien de près (3-1, 81e). Au coup de sifflet final, c’est lui que l’on porte en triomphe pour le tour d’honneur des vainqueurs. Les Bleus ont fait preuve d’un mental que l’on n’espérait pas et ont vengé Milan, à défaut d’avoir effacé le souvenir de M. Fencl à Sofia.

Deux buts : ce Goujon-là a mangé du requin.

L’aventure de l’Euro s’arrêtera en quart de finale (1-3, 1-2) face à une très belle équipe hongroise qui remportera le tournoi olympique de 1964 et se distinguera en Coupe du monde 1966. Pendant le reste de la décennie, la Bulgarie ne recroisera pas la route des Bleus. C’est la Yougoslavie qui reprendra son rôle d’épouvantail, en particulier en quart de l’Euro 1968 où elle infligera aux Tricolores leur plus grande humiliation de l’après-guerre en compétition (1-1 à Marseille, 5-1 à Belgrade). Mais la France n’a pas fini de regarder dans la direction de Sofia avec inquiétude, comme nous le verrons dans la deuxième partie de ce grand duel.

(Deuxième partie disponible ici à partir du 16 octobre)

(Troisième partie disponible ici à partir du 16 novembre)

(Quatrième partie disponible ici à partir du 17 novembre)

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpf86638212/football-eliminatoire-de-la-coupe-du-monde-1962-france-bulgarie


[1] À cette époque, les fonctions sont séparées entre sélectionneur (Georges Verriest) et entraîneur (Albert Batteux).

[2] À l’époque, les professionnels sont liés jusqu’à l’âge de 35 ans par des contrats que seuls les clubs ont le pouvoir de résilier. Ils ne peuvent donc décider eux-mêmes d’un éventuel transfert. Ce n’est qu’en 1969 que le système actuel du contrat à temps sera instauré.

39 réflexions sur « Les grands duels : France-Bulgarie, la guerre de trente ans (1ère partie) »

  1. Merci 3G.
    On voit émerger dans les compositions Asparoukhov, le crack du Levski au destin malheureux. De tes commentaires, il semble qu’il ne pèse pas sur le cours des matchs contre la France. Encore trop jeune ?

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    1. Quand j’avais bossé sur les joueurs nominés au Ballon d’Or, lui et Kolev sont les deux Bulgares de cette génération (même si Kolev a 13 ans de plus) plusieurs fois présents. Les deux terminant même une fois dans le top 10. Asparoukhov étant même mis premier et deuxième par deux votants. D’ailleurs en 1999 il a été élu meilleur joueur bulgare de 20ème siècle (et depuis aucun joueur de ce niveau est ressorti) devant Stoichkov et Bonev!
      Il livre deux grands matchs contre Benfica en 1965 marquant 3 des 4 buts de son club, soit autant que le meilleur joueur de l’époque dans l’autre camp! Mais il en manquait un pour qualifier son club.
      Il joue au Levski, club qui n’atteindra jamais les « sommets européens » du CSKA, 4 fois quarts de finalistes et deux fois en demi de C1 (dont une en 66 quand il est à son top).

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      1. La demi du CSKA c’est 67, où ils sont éliminés en match d’appui contre l’Inter (match à Bologne…vachement neutre l’UEFA)

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      2. Leur deuxième demi parlera à ggg car ils se font écraser à Munich 4-0 après remporté 4-3 l’aller chez eux.

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      3. Les clubs convenaient en bonne intelligence du théâtre « neutre » de la belle, ceci dit : ils s’entendaient souvent aussi…….sur une somme d’argent!, et à ce petit jeu-là je n’ai par exemple jamais vu un grand club italien du Nord, ni le Real, devoir disputer la belle sur le sol de son adversaire (l’inverse, par contre..).

        Le pire toutefois, ben je crois bien que c’est………éh ben je ne le dis pas et j’en ferai un article car, en voulant vérifier un truc, je remarque que, apparemment, AUCUN site ne référencie correctement le lieu où fut disputée la rencontre à laquelle je pense – rencontre qui n’était pas une belle, qui fut ostensiblement achetée..et qui fit jaser jusqu’à l’UEFA, quand même..

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  2. Merci Triple G ! Le pic de cette génération bulgare se situe en 68 où ils furent bien proches d’éliminer les futurs champions d’Europe italiens en quart. D’ailleurs pas une sinécure le parcours de la Nazionale. Un quart aux forceps face à la Bulgarie, le tirage au sort face aux Soviétiques, un match d’appui face à la Yougoslavie. Ils ont leur part de chance.

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  3. Pour le premier choc, l’attaque Wisniewski, Fontaine, Douis, Piantoni, Cossou avait de la gueule. Par la suite, c’est déjà moins qualitatif malgré la présence de Lucien Muller (sa carrière avec les Bleus s’achève en 1964) dont on peut dire que la carrière en EDF est un gâchis, entre déceptions et manque de considération pour un joueur titulaire durant 6 ans au Real et au Barça.

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      1. Au début, ça n’a manifestement pas posé de problème puisqu’il est sélectionné jusqu’en 1964. Mais Muller laisse entendre que ça a joué par la suite. Bon il a déjà 30 ans mais ça ne l’empêche pas d’être performant en club.

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      2. Je crois qu’il y avait un vrai problème sur ce point à l’époque. Gilbert Gress, dont tu parles, avait de plus commis le crime de partir chez l’occupant pas si ancien que ça, au VfB Stuttgart. Paul Sinibaldi, brillant sur le banc avec Anderlecht, n’a été pressenti pour prendre la succession de qui que ce soit (Guérin, Fontaine, Dugauguez) dans les années 60. Quand la FFF est allée chercher Stefan Kovacs en 1973, le corps des entraîneurs français s’est ligué contre l’intrus et tout le monde a refusé un poste d’adjoint (il a fallu qu’Henri Biancheri se dévoue). En 1981 encore, qand Didier Six est parti à Stuttgart (un an avant Platini à la Juve), nombereuses étaient les voix dans la presse qui se demandaient s’il n’avait pas sabordé sa carrière en Bleu…

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      3. Sinibaldi..Pierre 😉

        C’est une grande figure, et largement oubliée chez vous malgré le soutien constant de Miroir. Entraîneur bien plus expérimental, radical même, que tant d’étrangers que certains de vos plumitifs prirent le parti d’encenser.

        Mais autant il avait le profil pour poursuivre l’oeuvre d’un Batteux (c’est la même école mâtinée des travaux théoriques de Pierre Pibarot)..et autant son Anderlecht ne rentra jamais vraiment dans la modernité – ou alors avec une telle candeur que, bon..

        Sinon pour la pratique-kamikaze du hors-jeu, en mode tout ou rien, il n’y avait aucune rupture à attendre avec lui. Bref, à une époque où le football se « brutalise », professionnalise : je ne sais pas s’il eût été la figure ad hoc pour vous – fin des fins, il ne le fut même pas pour Anderlecht, qui pourtant dégoulinait de talents mais resta à son contact d’une naïveté parfois consternante.

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  4. Excellent, ton article triple G.
    C’est vrai qu’à 1-1 à 15 minutes de la fin, on n’en menait pas large.
    La minasse d’Herbin déchaîna l’assistance, sauf mes camarades de classe qui n’arrivaient pas à se lâcher et qui se contentèrent d’applaudir, sans plus. Autant que je me souvienne, étaient venus: Gérard Codevelle, Christian Montreuil, Alain Pintous et Jean-Pierre Moreau. Que sont-ils devenus ? Seul Codevelle, le meilleur footballeur de la classe, et le seul licencié en club, a une fiche Copains d’avant, comme moi.
    Quelle triste affaire que l’affaire Kopa-Verriest, même si à l’époque on n’en connaissait pas les tenants et les aboutissants.
    Petite rectification: en 63 à Colombes Garrincha n’est pas dans l’équipe du Brésil.

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  5. Pour la génération Herbin, il y a toujours ce discours dominant de periode très compliquée au niveau des résultats. Comme si il n y avait eu que des roustes entre Kopa et Platini. Mais quart en 64, présence au Mondial anglais, ça correspond à une présence dans le top 8 européen. Voire un peu mieux en 66 puisque la France paraît au-dessus de la Bulgarie et de la Suisse. Pas génial mais loin d’être catastrophique. C’est par la suite que cela devient misérable.

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  6. Attend avec impatience le récit de:

    « C’est pas possible ! C’est pas croyable qu’il accorde un penalty là-dessus… C’est invraisemblable ! À deux minutes de la fin de la partie. Je n’ai vraiment pas peur de le dire, M. …, vous êtes un … ! »

    « À côté ! Eh bien il y a vraiment un bon dieu croyez-moi. Quel scandale cet arbitrage, c’est invraisemblable, jamais vu un individu pareil, il devrait être en prison, pas sur un terrain de football.»

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  7. Enormément de points communs entre ce scénario-ci, et celui subi par les Belges 4 ans plus tard, si ce n’est que nous concernant la première manche avait été remportée par les Bulgares, la seconde par les Diables…….puis ce match d’appui, disputé aussi en Italie sous les auspices d’un arbitre italien, et qui laissa énormément de regrets au regard de la brutalité des Bulgares, de la tenue de la rencontre par l’arbitre, et peut-être plus encore des mines inquiétantes des joueurs des Balkans, que plus d’un observateurs rapportèrent au dopage.

    Relever toutefois que le fameux Asparuhov avait été intenable, qu’il y avait dans leur groupe de fameux clients..et surtout qu’il n’était pas donné à tout le monde de réussir la passe de quatre phases finales consécutives de WC, c’était un exploit énorme!

    J’ai évoqué le dopage et ça n’explique évidemment pas tout, mais l’un dans l’autre le malheur premier de ces Français et de ces Belges fut assurément et pour bonne part d’être restés longtemps parmi les plus candides, les plus idéalistes..alors que les Bulgares, inversément.. Eux étaient rentrés dans cette modernité, d’autres non. Je trouve que c’est un marqueur pertinent des 60’s, une décennie de transition tous azimuts (le merchandising apparaît..) où tous, loin s’en faut, ne franchirent certaines limites au même rythme.

    NB, G-G-G, « Vassil-Levski ».. ==> Ce jeu de mot manifeste l’a-t-il été en mémoire du « Boucher de Varsovie », le back-droit d’Anderlecht Wasilewski? » Si oui : je m’incline! Et sinon je ne comprends pas 🙂

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    1. Le boulevard Vasil Levski est l’artère principale de la ville de Sofia. Que je n’ai connue quand ville presque morte l’été. Pas un chat pour une capitale. Avec un clébard de rue qui m’a suivi pendant toute une matinée. Impossible de m’en débarrasser. Haha

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      1. Je ne connais que Sofia. Qui est une ville plutôt agréable. Comme je disais, la ville était déserte. Un mec du coin m’a expliqué que les habitants se barraient en masse l’été. Pas mal de lieux culturels dans des immenses appartements dans le centre. Concerts, bars, c’était étonnant. Bon, j y suis resté 3 jours, je vais pas faire une description fine de l’ambiance de la ville… Hehe
        Et ces chiens errants en nombre. J’ai vu des villes en Asie livrée aux hordes de clébards mais en Europe, jamais autant qu’à Sofia.

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      2. Ma boss est originaire de Plovdiv. Elle et moi avons des souvenirs aussi vivaces qu’opposés du 17 novembre 1993, nous évitons d’en parler 🙂 Plovdiv est la ville natale de Stefka Kostadinova (pas de lien de parenté), très longtemps recordwoman du monde du saut en hauteur.

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      1. Abusé par le mix trait d’union + contexte, dans la légende de la photo « Massacre », je cite : « Ils ont sorti la tronçonneuse à Vassil-Levski. » Mais maintenant je comprends mieux, ok. Pour le joueur auquel je pensais, la tronçonneuse était de circonstance.

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  8. Dans la seconde vidéo j’entends bien ceci, de la bouche de Thierry Rolland et à propos de Verriest : « Il joue une grosse partie après le lynchage (???) inadmissible de Raymond Kopa »..?

    Il me semble qu’il dit « lynchage »..et je le souhaite car ce serait intéressant : au terme de la rencontre, c’est sur un tout autre ton qu’il conclut en effet son résumé, « L’équipe de France prouve en tout cas qu’elle n’a sans doute pas besoin de Raymond Kopa, et qu’il a eu tort de dire non au sélectionneur ».

    Il serait tentant d’y voir un retournement de veste maladroit, mais non : ça a été monté, réécouté, et validé certainement par l’intéressé.. ==> Tout de ce reportage sent le travail. Et je le trouve brillant : en 1 minute 30 le cadre (extra-)sportif est posé, on voit les buts..et le cadre extra-sportif est refermé avec l’aplomb de quelque impitoyable sagesse populaire qui sied bien au personnage ; il y a dans tout ça une concision qui réclame un talent certain.

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  9. Merci pour ce récit.

    La Bulgarie, dans l’entre-deux-guerres, c’est en effet hyper faible. Je crois que c’est un des footballs les plus pauvres du continent. La Roumanie et la Pologne me semblent un ton au-dessus. La Grèce me semble à peu près aussi faiblarde. Je ne vois guère que la Finlande ou le Luxembourg en-dessous…

    A la CdM 1962, dans un groupe certes difficile, les Bulgares prennent tout de même une dégelée contre la Hongrie. Mais quel fut le contenu de ce match et des autres contre l’Argentine et l’Angleterre ?

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    1. J’avais dit un mot des matchs de la Bulgarie dans l’article sur les duels Argentine- Angleterre. Des purges et notamment contre les Britishs (0-0), match considéré aujourd’hui encore comme le plus ennuyeux de l’histoire des 3 Lions.

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  10. Pierre Cazal consacre 7 pages à ces matchs contre la Bulgarie, dans son « Histoire tactique des Bleus ».
    J’ai relu rapidement et il me semble que ses analyses corroborent celles de GGG.
    A noter qu’il semble que, non content d’avoir accordé un but aux Bulgares sur un hors-jeu évident, l’arbitre Fencl refusa aussi aux Français un but pour un hors-jeu imaginaire (non signalé par son assistant…).
    Une partialité redoutable !

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