Les grands duels : Brésil – Tchécoslovaquie (1re partie)

Ils ont fait la légende des compétitions internationales. Ils ont déchaîné les passions et déchiré les familles. Ils ont rythmé les règnes et ponctué les changements d’époque. Chaque mois, et plus si affinités, P2F évoque pour vous l’un des grands duels à répétition de l’histoire du football. Aujourd’hui, revenons sur les Tchécoslovaquie – Brésil du passé, des duels au parfum de naphtaline impliquant une nation disparue au riche passé. En trois Coupes du monde, il y en a eu cinq, les deux équipes s’étant affrontées à deux reprises lors des éditions 1938 et 1962.

A la veille de l’ouverture du Championnat du monde 1938, derrière l’Italie tenante du titre et grande favorite, L’Auto cite la Tchécoslovaquie parmi les principaux outsiders aux côtés de la Hongrie, l’Allemagne – renforcée par une dizaine d’éléments autrichiens à la suite de l’Anschluss – et la France. Qualifiée en ayant balayé la Bulgarie, la Tchécoslovaquie nourrit de grandes ambitions étayées par une campagne de matchs préparatoires prometteurs dont un déplacement héroïque à White Hart Lane contre l’Angleterre[1]. Finaliste en 1934, elle espère se délester du poids de l’échec à Rome quatre ans plus tôt, l’attaquant Oldřich Nejedlý rappelant que « cela ne pouvait pas être oublié. Nous étions tous déprimés et bouleversés parce que nous n’avions pas conquis le titre qui était si proche même si, quand nous sommes rentrés chez nous, nous avions l’impression d’avoir gagné la Coupe du monde. »

Nejedlý

En l’absence de l’Uruguay et de l’Argentine, le Brésil porte seul la responsabilité d’entretenir la réputation d’artistes des joueurs sud-américains. Ce que confirme d’emblée Lucien Gamblin en écrivant dans L’Auto « nous ne savons pas autre chose des footballeurs brésiliens que ce qu’ils nous ont parcimonieusement fait voir il y a quinze jours à Saint-Ouen lors d’une partie d’entraînement où le comique l’emporta de loin sur le sérieux. Mais nous fûmes impressionnés ce jour-là par la parfaite technique accusée par les joueurs brésiliens, pour qui le ballon est un objet familier, dont ils disposent avec une parfaite aisance. » A l’occasion de portraits consacrés à ceux qui pourraient être les stars de la compétition, Gamblin mise sur Leônidas, « aux jambes souples de danseur, aux épaules larges et à la poitrine athlétique. »

Au premier tour, au Havre, la Tchécoslovaquie peine à se débarrasser de Pays-Bas accrocheurs. En première période, František Plánička démontre qu’il demeure au top à 34 ans en réalisant plusieurs arrêts avant que ses équipiers n’accélèrent sans toutefois trouver la faille. Les prolongations sont nécessaires pour que le jeu collectif tchécoslovaque fasse la différence. Au même moment, à Strasbourg, les spectateurs de la Meinau assistent à une rencontre parmi les plus extraordinaires de la Coupe du monde. Dans un premier temps, la virtuosité et la vitesse des Brésiliens malmènent les Polonais, 3-1 à la mi-temps. La pluie, soudaine et diluvienne, inverse le rapport de force et les Aigles arrachent la prolongation, 4-4. Au terme du temps additionnel, le Brésil s’impose finalement 6-5. Auteur d’un quadruplé, la prestation d’Ernest Wilimowski est éclipsée par celle de Leônidas, trois buts en dépit de la contrariété de ne pas avoir été autorisé à jouer pieds nus sur l’herbe détrempée. Dans son compte-rendu, Gamblin écrit : « ce petit homme noir, comédien du genre comique, adroit comme un singe, sortait à tout instant de la mêlée comme un diable de sa boîte. »

Vue de la rencontre opposant les Pays-Bas à la Tchécoslovaquie au Havre.
Scène de Brésil – Pologne à la Meinau.

L’écrin du Parc Lescure

Opposés en quart de finale, Tchécoslovaques et Brésiliens ont rendez-vous à Bordeaux et plus précisément au Parc Lescure[2], un complexe sportif ultramoderne combinant références à l’art-déco et à l’Antiquité. Le matin du match, une cérémonie consacre l’achèvement d’un projet long de cinq ans, budgétairement délirant pour les finances publiques, mais dont le résultat monumental participe au prestige de la ville. D’ailleurs, le lendemain, La Liberté du Sud-Ouest titre : « L’inauguration du stade municipal a constitué un évènement sans précédent dans les annales de la cité bordelaise », reléguant au second plan le choc sportif.

La stade municipal, un prodige architectural.

Soignant particulièrement l’accueil de leurs hôtes, les sommités locales organisent une réception à l’Hôtel de ville, suivie d’un dépôt de gerbes devant les monuments aux morts, et contribuent à entretenir l’atmosphère lénifiante qui précède la rencontre. Tout juste Gamblin nous apprend-il qu’un richissime carioca promet l’équivalent de 30 000 francs à Walter, le gardien suppléant du Brésil, si celui-ci n’encaisse pas de but face à la Tchécoslovaquie. Cette économie de mots dans la presse nationale s’explique par le duel latin à venir entre la France et l’Italie à Paris, objet de toutes les supputations. Parmi celles-ci, Jacques de Ryswick prophétise dans L’Auto que « plus que jamais, le caractère viril du football apparaîtra aujourd’hui… » Il n’imagine pas que c’est à Bordeaux que la virilité va s’exprimer de la manière la plus évidente.

« La Bataille de Bordeaux »

Devant 25 000 Bordelais accourus au stade municipal, l’excès de testostérone se manifeste très rapidement entre deux équipes disposées en pyramide inversée. Au marquage impitoyable de la défense dirigée par Jaroslav Burgr répond l’irascibilité des Brésiliens et cela crée des étincelles. Dès la 12e minute, l’arbitre hongrois Pál von Hertzka exclut le milieu Zezé Procopio, auteur d’un mauvais geste sur Nejedlý. Malgré cette infériorité numérique, le Brésil ouvre le score grâce à Leônidas et il faut que le « Chat de Prague » Plánička réalise plusieurs sauvetages pour préserver les chances des siens. A l’approche de la mi-temps, un échange de coups de poings entre Jan Říha et Machado conduit von Hertzka à les renvoyer aux vestiaires prématurément.

Plánička devance Leônidas.

A 9 contre 10, les coachs effectuent des ajustements durant la mi-temps : pour sécuriser ses arrières, Adhemar Pimenta réduit la densité offensive brésilienne alors que Josef Meissner redéfinit les rôles de ses attaquants en positionnant au poste d’avant-centre Nejedlý, le meilleur buteur de la Coupe du monde 1934. En dépit des fautes et des actes d’antijeu, les Tchécoslovaques pratiquent alors un football typique de l’Europe centrale, ordonnancé, collectif et empreint de classicisme. Ils se créent de nombreuses occasions sans les concrétiser par excès d’altruisme, comme s’il s’agissait d’un ballet que personne n’ose interrompre d’une frappe au but sacrilège.

Ils mesurent alors le poids de l’absence de Jiří Sobotka – l’avant-centre de 1934 – et plus encore celle du buteur compulsif qu’est Josef Bican. International autrichien jusqu’en 1936, Bican quitte l’Admira Vienne pour le Slavia Prague l’année suivante et exprime le souhait de porter les couleurs tchécoslovaques, le pays de ses parents. La Première République conditionne alors l’octroi de la citoyenneté tchécoslovaque à l’obtention d’une citoyenneté municipale, bien plus contraignante qu’une simple domiciliation. Les formalités administratives traînent en longueur et lorsque Pepi Bican dispose enfin de la nationalité tchécoslovaque, la Coupe du monde vient de s’achever.

En l’absence de sauveur, il faut la fatigue des Brésiliens et une main de Domingos da Guia pour que Nejedlý égalise sur pénalty. En prolongations, Leônidas tente vainement une bicyclette, un geste méconnu en Europe. Impressionné, le journaliste français Raymond Thourmagen qualifie Leônidas d’« Homme caoutchouc ». Le score reste figé et puisque les séances de tirs au but n’existent pas encore, les deux équipes sont invitées à se retrouver au même endroit deux jours plus tard. Dans les coulisses de Lescure, le sentiment de frustration s’exprime dans chaque camp. Le très francophile président de la fédération tchécoslovaque Rudolf Pelikan regrette les opportunités manquées des siens pourtant en supériorité numérique alors que selon l’envoyé spécial brésilien d’O Jornal dos Sports, « avec un autre arbitre, nous aurions gagné le match. »

Les remplaçants brésiliens assurent

Quand il est temps de produire un état des pertes de « la Bataille de Bordeaux », le bilan est sévère. Les Tchécoslovaques déplorent trois victimes, leurs meilleurs atouts : Říha, suspendu, Nejedlý, jambe cassée, et Plánička, double fracture du bras. Exténués mais sans blessures majeures, les Brésiliens s’en sortent mieux malgré les suspensions de Zezé Procopio et Machado.

Prise de balle de Walter, le gardien Brésilien.

Par obligation et par choix, Meissner renouvelle à 80% le quintet offensif et ne conserve que le tendre Josef Ludl en pointe. De son côté, Pimenta n’aligne sur la feuille de match que deux des héros du premier match, le gardien Walter et le Diamant Noir Leônidas. Ce faisant, il accorde une grâce partielle à deux titulaires en puissance jusqu’alors écartés pour leurs écarts aux règles de vie de la délégation sud-américaine, Patesko et Tim.

Dans un climat apaisé par l’autorité de l’arbitre bordelais Georges Capdeville, les Tchécoslovaques déploient leur football académique et ouvrent le score logiquement via Vlastimil Kopecký. Dès lors, les Brésiliens changent de vitesse et asphyxient leurs adversaires. A l’heure de jeu, Leônidas égalise d’une frappe que Plánička aurait probablement stoppé puis il lance Roberto, auteur du but offrant la victoire à la Seleção. Dans cette rencontre, Tim révèle la délicatesse et l’immensité de son talent en tant qu’inter gauche.

But de Leônidas, Karel Burkert est battu.

Incontestable vainqueur, le Brésil se prépare déjà à affronter l’Italie en demi-finale. Dans un papier paru dans L’Auto le lendemain matin, Pepe Villengui révèle qu’exténué, les muscles endoloris, Leônidas devrait être mis au repos par Pimenta contre les champions du monde en titre[3]. Avec ce choix, le technicien brésilien vient d’ouvrir un débat sans fin sur ce qu’aurait été le résultat de Brésil – Italie en présence du Diamant Noir. Quant aux Tchécoslovaques, ils expriment la déception d’avoir combattu sans leurs meilleurs atouts. Ils se consolent avec le succès du Slavia de Pepi Bican en Coupe Mitropa à la fin de l’été mais tout cela n’est rien au regard de ce que vit l’état tchécoslovaque, amputé des Sudètes après les Accords de Munich en septembre 1938 et grignoté peu à peu par les pays voisins jusqu’à la disparition totale de son territoire en mars 1939.


Feuilles de match

12 juin 1938, stade municipal de Bordeaux

Brésil – Tchécoslovaquie : 1-1, Leônidas (30e), Nejedlý (65e sur pénalty)

Arbitre : Pál von Hertzka

Brésil : Walter – Domingos da Guia, Machado (expulsé 44e) – Zezé Procópio (expulsé 12e), Martim Silveira, Afonsinho – – Lopes, Romeu Pellicciari, Leônidas, Perácio, Hércules.

Tchécoslovaquie : Plánička – Burgr, Daučík – Košťálek, Bouček, Kopecký – Říha (expulsé 44e), Šimůnek, Ludl, Nejedlý, Puč.

14 juin 1938, stade municipal de Bordeaux

Brésil – Tchécoslovaquie : 2-1, Leônidas (57e), Roberto (62e), Kopecký (25e)

Arbitre : Georges Capdeville

Brésil : Walter – Jaú, Nariz – Britto, Brandão, Argemiro – Roberto, Luisinho, Leônidas, Tim, Patesko.

Tchécoslovaquie : Burkert- Burgr, Daučík – Košťálek, Bouček, Kopecký – Kreuz, Horák, Ludl, Senecký, Rulc.


[1] Défaite 5-4 contre l’Angleterre en décembre 1937, Stanley Matthews inscrivant le but victorieux de l’Angleterre alors que le stade est plongé dans le brouillard.

[2] Actuel stade Chaban-Delmas.

[3] Venue en France sans masseur, la Seleção s’en remet à un joueur argentin évoluant en France, sans véritable formation aux soins, Carlos Volante. Plus tard, il évolue à Flamengo et donne son nom au poste de milieu de terrain en position basse dans le football brésilien. Leônidas aurait-il pu jouer si Johnson, le massagista de 1930 et 1950, avait été présent en France ?

47 réflexions sur « Les grands duels : Brésil – Tchécoslovaquie (1re partie) »

  1. J’aime bien quand, incidemment, des personnages se rencontrent – Cf. cette troisième note de bas de page, par exemple.

    Ton univers vit bien, Verano!

    Tu évoques la naturalisation, mais trop tardive, de Bican.. Peu avant la WC 1934, et à cette fin, le Belge Raymond Braine se vit aussi proposer d’épouser la nationalité tchécoslovaque – dont il n’avait toutefois que faire. Puis rebelote en 1936, en contrepartie d’une fortune qu’il négligea. Quand on sait le sort que lui réserva son pays dizaine d’années plus tard, et une fois de plus..

    Concernant les CZ, c’est peu dire qu’ils étaient pétris d’ambitions! S’imaginer un trident offensif Nejedly-Bican-Braine ; on faisait alors très difficilement mieux..

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    1. Il est vrai que j’aime bien faire appel à des personnages déjà aperçus dans un précédent texte, tisser des liens pour que peu à peu les pièces du puzzle s’assemblent. Ça n’est possible que parce que mon univers est finalement assez restreint.

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      1. « Restreint », tout de suite.. Allons allons!

        Ton univers propre réclame tout bonnement ses frontières, ainsi que ferait tout créateur composant et recomposant les fils de sa galerie de portraits.

        D’ailleurs c’était marrant de remarquer cela chez toi, cette nuit..tout en suivant un documentaire explicitant cette pratique chez Tarantino.

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    1. C’est la question de la définition d’une grande nation du foot. La Tchéquie/Tchécoslovaquie a sorti des super joueurs mais n’a jamais su en profiter. Paradoxalement l’Euro 76 n’est pas gagné avec une génération de joueurs particulièrement forte. Ce n’étaient pas des peintres, mais comparé à 1934-1938 ou 1996-2004, c’est un ton en-dessous.

      Alors c’est quoi une grande nation de foot ? Un pays qui a des super joueurs ? Un pays qui gagne ? Un pays qui cumule les deux ?
      Je n’ai évidemment pas la réponse car elle serait sûrement réductrice.

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      1. Ah, t’es dur avec la Tchécoslovaque 76, je trouve. Viktor est avec Planicka et Cech est des 3 meilleurs gardiens tchèques de l’histoire. Des cracks mondiaux. En 76, il est encore très bon. Ondrus était un défenseur élégant. Pivarnik, Dobias, c’était quand même pas mal.
        Masny a fait une belle carrière au milieu. Technique et intelligent. Nehoda vaut largement un Baros. Et il manque Panenka.

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      2. @khia je ne veux pas dire que l’équipe de 1976 était faible, mais quand tu vois les deux autres générations à côté il y a un décalage.
        Après il n’y a peut-être qu’en 1938 que la Tchécoslovaquie était considérée comme un sérieux outsider. En 1976 personne ne les attend là et tout le monde les voit se faire écraser pat l’Allemagne en finale et en 1996-2004 c’est similaire, ils surprennent les deux fois.

        (concernant Baroš, beaucoup de joueurs le valent et de loin. Koller c’était déjà autre chose, mais on est d’accord sur le niveau des attaquants des générations précédentes)

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      3. En 96, oui, c’est la surprise. En 2004, beaucoup moins. J’ai le souvenir qu’ils avaient fait une superbe campagne de qualif. Je viens de mater. Je viens de mater, ils ont 22 pts sur 24. Et devancent largement les Pays Bas.

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      4. Modro, 2004 les tchèques étaient favoris. Invaincu durant une grosse année, surtoiut l’année 2003 il sont injouables. Viennent faire la leçon à la France au SDF, une camapgne d’éliminatoires où je crois il alignent que des victoires. Nedved tout frais BO… c’était LE favori.

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      5. Les CZ? De grands joueurs, un championnat qui fut un temps le meilleur d’Europe (voire..?), des finales de WC, un Euro, des accessits, une équipe çà et là favorite de grands tournois.. Il y eut même des Ballons d’Or, ce qui est assez singulier vu d’une part le barnum que ça a toujours été et, d’autre part, le crédit cependant assez relatif prêté à cette nation.

        Qui dénierait que l’Angleterre en soit une? ==> Dans la foulée : regarder froidement ce qu’a accompli le football CZ..

        Mais surtout dirais-je, contrairement par exemple à la France, et nonobstant d’inévitables passages à vide : ils n’ont jamais été en-dessous de tout, un football qui n’a jamais été ridicule. Quand je vois tout le ramdam entretenu pour le foot NL : en voilà un qui mériterait assurément beaucoup plus d’égards.

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      6. Quand je lis des ahuris (et ils sont aussi nombreux que sûrs d’eux) citer à la-queue-leu-leu un Suurbier parmi les plus grands, par mimétisme et paresse intellectuelle..en ignorant souvent jusqu’à l’existence de celui qui en fut le modèle, et qui avait froidement un Suurbier dans chaque orteil, je parle donc de Dobias….. ==> Les CZ n’ont vraiment pas à rougir!, l’appareil médiatique, par contre.. Il est vrai que ce ne sont pas les footballeurs les plus exubérants, un Chovanec ça ne fait rêver personne, pourtant rien à envier (que du contraire) à plus d’une stars de son époque.

        Ou que dire des gardiens effectivement..

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      7. Alex. Tu as raison, c’est peut-être le côté exubérant, excessif qui fait défaut au foot tchécoslovaque. Prenons l’exemple yougoslave. La Yougoslavie, c’est deux demi-finales de Mondial, 2 finales d’un Euro et une demi-finale en 76 mais dans les discours, tu as l’impression que ses footeux ont plus marqué les esprits que les Tchecoslavques. Alors qu’un Euro, deux finales d’un Mondial et une 3ème place en 60 et 80, y a absolument pas rougir. Mais les footeux yougos étaient souvent aussi foutraques que géniaux quand ils sortaient de leurs frontières.

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      8. Et je parle même pas de la force des clubs tchécoslovaques dans les années 20 et 30. J’adore le foot de club Yougoslave, c’est l’un de mes préférés, mais il n’a jamais réussi à dominer une période longue.

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      9. Les comparer au cas yougo me paraît plus encore parlant, bien vu.

        Le système médiatique a ses têtes, obéit à des logiques..qui ne sont pas que footballistiques.. C’est comme ça!

        Il me semble l’avoir déjà dit : des sondages officieux, mais de masse, conviennent régulièrement, et à une écrasante majorité, que les NL furent le grand absent de la WC86…………. ==> Il est certain qu’aucun de ces votants n’a jamais vu jouer cette équipe!!! : en-dessous de tout, équipe nullissime (dont j’ai déjà dit par quelles magouilles elle s’était qualifiée pour les barrages au détriment de l’Autriche)! En l’espèce, le miracle ne fut pas que les Belges se qualifient en toute fin de match au retour..mais que ces NL-là fussent à un moment en position de se qualifier : leur niveau était affligeant, c’était un hold-up total!……….et cependant, je garde à l’esprit que bon 90% des sondés, de sondage en sondage, citent cette équipe comme la plus grande absence des 80’s, lol..

        Par contre, et voilà pourtant une absence qui n’a jamais semblé chagriner grand-monde : la Belgique est parvenue à sortir les CZ pour les WC 94 et 2002…….. J’insiste : « parvenue »! Car il y avait un gouffre qualitatif entre ces Pays-Bas fantasmés de 85, d’une part..et ces CZ inversément solides (quoique guère chatoyants) en 93..dont cependant tout le monde se fout comme de l’an 40..

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      10. Tout au long des années 20 et 30 : et les clubs, et la sélection CZ émargent à ce qu’il y a de mieux en Europe.

        Des JO 1920 jusqu’à la WW2 : constamment tenu pour un cador, voire pour le favori……. ==> Il n’y a pas grand-monde, en Europe, qui ait pu en dire autant.

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      11. Par rapport à sa population, la Tchécoslovaquie (et plus tard la RTC) dépasse largement les espérances. Tous les grands pays de football réguliers au plus haut niveau ont compté au moins 40 millions d’habitants depuis que notre sport favori existe. Pays-Bas, Belgique, CZ, Uruguay, et désormais Croatie ne font même pas la moitié mais sont au plus haut niveau plus de la moitié du temps. Voilà donc un critère possible pour définir ce qu’est un grand pays de football quand il n’a pas la taille critique.

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    2. Les années 20 et 30 c’est tellement la préhistoire du football que c’est difficile à comparer avec la deuxième moitié du XXe siècle.
      Quand est-ce que le championnat tchécoslovaque a été si fort en dehors de cette période ? Pas pendant la période communiste et encore moins après.
      L’histoire du football tchécoslovaque c’est un Euro, quelques coupes Mitropa, 1934-1938, 1996, 2004, Masopust, l’exploit du Slovan Bratislava… et le reste c’est dans la moyenne, sans plus. On peut compter Bican comme on peut le compter plutôt avec l’Autriche.
      Tout ça, ça fait de la Tchécoslovaquie/Tchéquie/Slovaquie une nation solide, mais grande nation ? Difficile à dire, d’autant plus que le sport national là-bas, c’est le hockey avant tout (et là, aucun doute, énorme nation de hockey).

      Pour 2004 je me suis trompé (j’avais plus 1996 dans la tête) mais ça ne fait que confirmer ce que je dis avec l’équipe de 1976 qui est un ton en-dessous (rien d’infamant).

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      1. C’est à partir de quand, la préhistoire du foot? Et ça finit quand? Autant dénigrer les premières étoiles uruguayennes – pourtant difficile, impossible même, de contester qu’ils étaient au-dessus de la mêlée.

        Prends un peu de hauteur, perspective : si un jour les grandes démographies asiatiques s’ouvrent vraiment au football, parviennent enfin à s’y illustrer : trouverais-tu légitime dans leur chef d’évoquer les succès européens du XXème et du début du XXIème comme la « préhistoire » du foot?

        Les CZ n’ont pas à payer, mémoriellement, d’avoir été parmi les meilleurs quand d’autres restaient à la ramasse (NB : la pratique de ce football codifié que nous connaissons avait déjà..60 ans (!!!) quand les CZ s’imposent parmi les meilleurs dans les années 20.. 1960 ans à l’aune d’un siècle et demi de pratique : ce n’est plus de la préhistoire). Mais c’est ce qui a cours dans certaines historiographies officielles, pour le moins mesquines : dénigrer les succès des petits pays de l’avant-garde……. ==> Ce fut et reste (la FIFA est en pleine réécriture de l’Histoire concernant l’Uruguay) médiocre mais c’est comme ça.

        Les Mitropa, c’était la Champions’ League de l’époque. Le championnat de France n’a jamais été le meilleur d’Europe..mais le tchécoslovaque oui..

        Objectivement, froidement : ils ont leur place au panthéon de l’Histoire de ce jeu.

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      2. @alex je ne veux pas retirer aux vainqueurs d’il y a longtemps leur légitimité.
        En revanche la Mitropa n’intégrait pas les clubs allemands, anglais ou espagnols… Difficile de comparer son palmarès à celui de la Coupe des clubs champions, qui prenait toute l’Europe en compte.

        Le championnat de France a toujours été en-dessous, oui. Mais est-ce que c’est une bonne comparaison ? La France a quasiment découvert le foot en 1984 (1958 étant finalement plutôt une anomalie) et s’est mise à performer très récemment finalement. Quant à ses clubs…

        En tout cas, le sujet est vaste.

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      3. Les absents ont toujours tort. Et les Anglais sont les derniers dont regretter la présence : ils s’exposent peu, maquillent leurs défaites, torpillent et/ou snobent les grands tournois émergents..par prudence? Le fait est qu’ils ne sont déjà plus du tout souverains parmi les Britanniques. Et dès qu’ils se risqueront à nouveau à s’exposer à l’international : la débandade. Enfin leur déclassement, à l’oeuvre à l’époque, est concomitant de l’essor des footballs danubiens – la Mitropa, c’était notoirement l’endroit où ça se passait désormais.

        Par ailleurs, les matchs non-reconnus comme officiels (pour xy raisons étrangères aux choses du football) n’étaient pour autant amicaux, pas grand-chose d’amical à l’époque. Et parmi eux il y a des trucs que la doxa gagnerait à daigner considérer, quelques matchs insoupçonnés, tiens, puisque tu veux voir des Espagnols, des Allemands et des Britanniques :

        1921 : le Sparta Prague bat le FC Barcelone (champion d’Espagne).. 1922 : idem contre le Celtic Glasgow (champion d’Ecosse) puis Nuremberg (meilleure équipe allemande des 1920’s).. 1925 : victoire sur le Nacional Montevideo (en fait, il me semble qu’ils jouèrent contre..l’équipe victorieuse du tournoi olympique de 1924).. 1927 : victoire 7-2 (!!) contre le susmentionné Barca..

        J’avais lu, il y a bien longtemps, que le..Sparta (un doute) effectua à l’époque une tournée en UK, bilan? De mémoire : à peine deux défaites..

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  2. Nejedlý… Autant que je connais le visage de Planicka autant celui de Nejedlý m’est inconnu. D’ailleurs, j’aurais bien aimé que le site s’appelle Planicka. Même si en Espagne, existe déjà le site Panenka.

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      1. Heinrich Stuhlfauth aura son mot à dire dans la conversation, lui qui quittait fréquemment sa ligne à la manière d’un gardien moderne et venait parfois construire l’action au pied.

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  3. Merci Verano. Première sélection brésilienne à avoir attiré mon œil de lecteur. Léonidas, c’était la modernité et l’inventivité qui s’invitaient dans les 30′. Il a reçu des offres d’Italie ?

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    1. Pas tant de photos que ça de cette CM en France. En revanche, il y a beaucoup de choix à propos de Lescure. On ne mesure sans doute pas à quel point ce fut un événement à l’époque. Le public bordelais était probablement venu avant tout découvrir « son » stade, le match Brésil- Tchécoslovaquie passant au second plan. Et il faut bien reconnaître que cette enceinte est magnifique.

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      1. Lescure est superbe. Mais, au-delà de sa dimension esthétique : même structurellement c’est remarquable pour l’époque!!

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    2. Un faible aussi pour ce genre de vues, ces stades dans une cuvette ou surplombés par une paroi naturelle.. Les vues anciennes du « Nest » à Norwich par exemple, Duden chez nous..et alors, question : aux « Corts »?? J’en profite car perplexe depuis des années : c’est vraiment une photo de cet ancien stade du Barca, ça?? :

      https://www.reddit.com/r/europe/comments/67u7e5/fc_barcelona_playing_at_camp_de_les_corts/

      Vais faire mon Astaire, et vous partager en arrière-boutique l’une ou l’autre photos de stades de cette WC38 que j’avais consignées.

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    3. Je connais un peu Le Havre où je passais le week-end de temps en temps à la fin des années 80, c’est une ville qui vaut beaucoup mieux que sa réputation. La vue de Sainte-Adresse au couchant, ou un jour de tempête en hiver, se laisse vraiment voir.

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  4. Jaroslav Burgr, figure importante des années 30, a appris les ficelles du métier au Sparta auprès d’Antonin Hojer. Et Hojer était connu pour son caractère irascible. Il n’hésitait pas à jouer des poings.

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  5. Leonidas était pas vraiment une star au Brésil à ce moment-là, il est en pleine ascension, c’est surtout après qu’il a été vachement populaire, on peut dire qu’il est plus un joueur des années 1940. Carvalho Leite que Verano a mentionné sur son top Botafogo, était lui une figure de ces années là mais il a pas pris part à ce Mondial , sait-on pourquoi ?

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    1. Je ne sais pas pourquoi Carvalho Leite est absent mais Botafogo est plutôt sur le déclin. Leônidas et Niginho, de retour d’Italie à Palestra, c’est pas scandaleux pour occuper le poste d’avant-centre. Le hic, c’est que Leônidas sur la touche, Pimenta choisit Lopes et non Niginho en demi finale contre l’Italie.

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  6. A noter également du côté tchécoslovaque, la présence de Fernando Daučík, un des plus grands stratèges slovaques. Beau-frère de Kubala qui dirigea dans l’équipe des réfugiés en Italie. Avant de la retrouver au Barça des 5 copas. Les Kubala, Ramallets, Basora, Cesar… Doublé avec l’Athletic du vieux Gainza en 56. Demi-finaliste de la c1 avec l’Atletico de Vava et Collar. Un crack de la Liga des années 50.

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  7. Verano, si je te lis bien, la bataille de Bordeaux se traduit par trois expulsions (la première pour « mauvais geste », les dernières pour échanges de coups)..et par fracture de la jambe pour Nejedly, + double-fracture du bras pour Planicka..

    Mais le plus fou, c’est que la dynamique de ton récit n’exclut que les expulsions fussent découplées de ces fractures, ce qui laisse plus encore songeur de ce que fut ce match 🙂

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    1. Oui, dans le compte rendu de Gamblin, il n’est pas fait mention de la blessure de Plánička au cours du match. De mémoire, il me semble qu’il est précisé que Nejedlý doit sortir durant un moment avant de revenir sur la pelouse. Je pense qu’on a en effet du mal à imaginer le type de boucherie que cela a dû être !

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