Le terminus de la Via Appia

Dans un précédent article, nous avions retracé les riches heures napolitaines du Brésilien Luís Vinício, à la fin des années 1950, quand sa puissance et ses buts enchantaient le public azzurro. Avant de prétendre au banc du Napoli dans les seventies, ‘O Lione doit faire ses armes dans les divisions inférieures, notamment en Serie C, à Brindisi.

Au moment de raccrocher, en 1968, Luís Vinício ne peut imaginer plus belle offrande que celle venue de l’Internapoli : un poste d’entraîneur à Naples, en Serie C, certes, mais à Naples, sa ville d’adoption. L’histoire ne dure qu’un an, écourtée par des dirigeants sans patience, conscients du potentiel de leurs jeunes pousses italo-britanniques, Giorgio Chinaglia et Pino Wilson. Bien que relatif – l’Internapoli se classe troisième de sa poule – l’échec paraît déjà marginaliser Vinício. En mal de propositions, il hésite entre la rétractation et l’exil. « Pendant un moment, j’ai pensé à tout abandonner, à me retirer et même à retourner dans mon pays d’origine. Puis je me suis dit : renoncer serait une lâcheté, comme lorsqu’on a peur d’entrer dans la surface adverse parce qu’on a pris un coup. J’ai persévéré et quand Franco Fanuzzi, commissaire extraordinaire de Brindisi, m’a offert un poste, j’ai accepté sans hésiter. »[1]

Brindisi ! La destination ressemble à un terminus, à l’extrémité de l’antique Via Appia reliant Rome à l’Adriatique dont l’UNESCO vient d’inscrire plusieurs tronçons au patrimoine mondial de l’humanité, consacrant l’infinie richesse des vestiges bordant cette route pavée de plaques de basalte et exhumée de l’indifférence par l’écrivain marcheur Paolo Rumiz[2].

En dehors du stade communal où évolue la Polisportiva Brindisi Sport (l’ancien Campo Sportivo del Littorio que la municipalité n’a pas jugé utile de rebaptiser après-guerre), que connaît Vinício de Brindisi, ce théâtre d’ombres et d’intrigues où rôdent les fantômes de Virgile et des pèlerins chrétiens ayant embarqué vers l’Orient pour une croisade sans retour ? Sait-il que dans ces contrées la figure de Padre Pio apparaît à chaque coin de rue et confine à l’idolâtrie, reléguant les apôtres et les saints martyrs à des fonctions accessoires, le prêtre poussant le mimétisme avec le Christ jusqu’à porter les mêmes stigmates ?

Décédé en 1968, Padre Pio n’a jamais fait de miracles pour la Polisportiva, le parent pauvre du calcio apulien, loin derrière Bari, Foggia, Tarente et même Lecce, au grand désespoir de la classe politique locale[3]. La Démocratie Chrétienne, aux manettes de la ville à partir de 1956, confie la gestion du club à un ambitieux groupe d’entrepreneurs du bâtiment, des industriels susceptibles d’extraire les Biancazzurri d’une humiliante cohabitation avec les équipes de village des championnats amateurs régionaux.

C’est la période où la pieuvre Montecatini se répand en lisière de ville et de mer, érigeant un tentaculaire complexe pétrochimique grisâtre n’ayant rien à envier à celui de Tarente, comme si les ports naturels des Pouilles devaient sacrifier leur pureté pour goûter au miracle économique, une sorte de dîme à payer pour s’inscrire dans l’Italie renaissante. Brindisi offre enfin une alternative aux usines de Mirafiori ou Portello et ralentit les vagues migratoires des terroni à qui il faut proposer des logements bon marché. Alors la ville se transforme en immense chantier. Certains diront qu’il s’agit d’une mise à sac : les normes urbanistiques, les espaces verts, les fouilles archéologiques ne relèvent que de tracasseries bureaucratiques qu’il est aisé de contourner. Brindisi accepte d’être défigurée, les entrepreneurs prospèrent et réinvestissent une partie de leurs gains dans le club de football, promu en Serie D en 1959.

Pose de la 1ère pierre sur le complexe pétrochimique
L’archevêque de Brindisi avec le premier ministre Antonio Segni.

Franco Fanuzzi, prend les commandes de la Polisportiva en 1966 et accélère le processus d’aménagement urbain entamé par ses prédécesseurs. Proche de la mairie, champion des appels d’offres publics, certains de ses immeubles s’apparentent à des profanations, d’infâmes boursouflures se substituant à des bâtiments historiques sacrifiés sur l’autel du dieu football. Car en matière de calcio, Fanuzzi tient ses promesses : les Biancazzurri se hissent en Serie C en 1968[4].

Piazza Cairoli. Avant.
Après.

Fin novembre 1969, déçu par un début de championnat insipide, Fanuzzi congédie son technicien et fait appel à Vinício. Avec l’Italo-Brésilien, Brindisi ne concède que trois défaites en 27 journées et frôle l’accession. Sa performance attire l’attention et ‘O Lione quitte Brindisi après seulement huit mois de présence, direction Terni en Serie B. Là-bas, en Ombrie, la magie n’opère pas. Il rompt avec la Ternana, laissant Corrado Viciani y écrire sa légende[5]. Il reprend les routes du sud durant l’été 1971, jusqu’à Brindisi où l’attendent les 20 millions de lires annuelles promises par Fanuzzi, sa trogne bien nourrie et ses énormes pognes d’entrepreneur en bâtiment s’étant fait tout seul.

Ce dernier investit sans compter, conformément à ses engagements vis-à-vis de la municipalité. Il attire plusieurs joueurs majeurs, notamment le milieu Salvatore Lombardo, surnommé Mister 100 milioni en raison de son prix d’achat délirant pour la Serie C. Vinício peut également compter sur quelques piliers tels le portier Giuseppe Maschi, Aldo Sensibile en défense et le puissant avant-centre Bernardino Cremaschi que les tifosi appellent Blek l’invincibile ou Grande Blek, un héros de bande dessinée des années 1960. Le train de vie la Polisportiva surprend et plusieurs journalistes s’interrogent sur la pérennité d’un modèle économique reposant sur la générosité – fût-elle intéressée – d’un seul homme.

Avec un effectif construit brique par brique par Fanuzzi et cimenté par Vinício, Brindisi assume son rang de favori. Dans le long mano a mano l’opposant au rival apulien de Lecce, Brindisi s’impose par KO au printemps 1972 et retrouve enfin la Serie B. Fanuzzi et Vinício sont portés en triomphe, des milliers de personnes défilent dans les rues, les funérailles de Lecce sont mises en scène et les politiciens locaux exultent.

Fanuzzi et ‘O Lione
Blek l’Invincible

Mais ce qui singularise plus encore cette accession, c’est la manière : O Lione adopte une défense en zone et propose un style offensif fluide, généreux en buts, à une époque où le strict marquage individuel et le catenaccio demeurent la norme. A 40 ans, entraîneur prometteur et novateur, il se trouve dans le viseur de plusieurs clubs de l’élite et seules les guerres intestines au sein du conseil d’administration du Napoli le privent d’un retour dans sa ville de cœur, Vinicío affirmant pourtant « être prêt à venir gratuitement. »[6] Ce n’est que partie remise. Dans un stade municipal restauré à la hâte, ‘O Lione pérennise la présence de Brindisi dans l’antichambre de l’élite et s’installe en 1973 sur le banc du Napoli qu’il porte à deux reprises sur le podium de Serie A en pratiquant un football spectaculaire.

À Brindisi, les rêves de grandeur prennent brutalement fin en juin 1974 : le président Franco Fanuzzi décède à la suite d’un malaise cardiaque, laissant la municipalité aux prises avec d’inextinguibles procédures judiciaires nées de ses programmes immobiliers. Son fils Mimmo lui succède, empoisonné par un tel héritage, et le club retombe en Serie C dès 1976. Depuis, sous diverses appellations, le Brindisi Calcio n’apparaît dans l’actualité qu’au gré de ses faillites, d’affaires de matchs truqués, de paris illicites… Faute de mieux, les années du duo Fanuzzi-Vinício demeurent les références d’une ville dont le déclin paraît sans fin, une ville nostalgique d’une période durant laquelle elle n’était pas qu’un port pour migrants, à l’extrémité sud de la Via Appia.

La colonne romaine, érigée face à la mer, symbolisant la fin de la Via Appia.

[1] La Stampa, 19 décembre 1969.

[2] Inscription faite en juillet 2024. Paolo Rumiz fait en 2015 avec quelques marcheurs le trajet Rome-Brindisi sur ce qu’il reste de la Via Appia, oubliée, pas ou peu entretenue. Il publie un livre qui restaure la mémoire de celle qui est présentée comme la plus ancienne route de l’humanité.

[3] Jusqu’alors, Brindisi n’a disputé que trois saisons en Serie B au sortir de la guerre.

[4] Promu en Serie C en 1967, le club est déclassé à la suite d’une pénalité de 15 points pour une affaire de corruption manifestement contestable.

[5] La Ternana obtient une étonnante promotion en Serie A en pratiquant un jeu en rupture avec les principes du catenaccio.

[6] La Stampa, 4 mai 1972.

22 réflexions sur « Le terminus de la Via Appia »

  1. Une carte qui a tout pour plaire à G-G-G, ne manquent que Babaorum et Petibonum.

    Défense en zone dans l’Italie du début des 70’s : ça ne devait, effectivement, vraiment pas être commun. Et, tiens : je vois que Vinicio est toujours vivant!

    Pourquoi cette photo avec l’archevêque et le Premier Ministre? C’est dans le cadre de l’inauguration du complexe? Si oui, ça fait tellement longtemps que je n’ai plus vu d’autorité ecclésiastique être associée à ce genre d’événement.

    Et alors il y a ceci, « Franco Fanuzzi, commissaire extraordinaire de Brindisi ».. ==> C’était son titre? « Extraordinaire » par les compétences lui-confiées? Par les modalités de sa désignation? C’est pas si commun, comme titre.

    Je ne connais pas cet ouvrage de Paolo Rumiz, ni n’ai jamais rien vu de la Via Apia. Par contre je suis sensible à ces vieilles voies, j’avais par exemple trouvé génial de me retrouver sur d’antiques chaussées romaines (parfois manifestes encore), dans l’Ouest de la province frontalière du Hainaut.

    Un angle d’attaque étonnant!, merci pour cet article aussi.

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    1. Le terme commissaire extraordinaire n’est que l’expression de l’interventionnisme des pouvoirs publics, héritage des années 1950 quand le club est sous tutelle. D’ailleurs, quand Brindisi accède à la Serie B, Fanuzzi prend le titre de président. On trouve des commissaires extraordinaires dans l’histoire de nombreux clubs Italiens dès lors que ceux ci ont vécu des moments difficiles.

      J’ai adoré le bouquin de Rumiz, une sorte de Tesson frioulan. À travers les champs et les villes, il rappelle – si c’était encore nécessaire – que le meilleur de l’humanité côtoie le pire. C’est malgré tout une formidable balade au cœur d’une Italie méconnue, dommage que je n’ai pas l’érudition qui me permette d’apprécier les commentaires associés aux vestiges qui jalonnent la via Appia.

      Et oui l’archevêque est venu bénir la pose de la première pierre de Montecatini.

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      1. Ok, je vois le concept, merci.

        Y a un truc aussi, c’est ce complexe industriel, tu l’évoques : les Italiens n’y sont pas allés de main morte pour se développer industriellement!

        Je crois que tu (on?) avais déjà évoqué Tarente, où de tête la taille du complexe approche la moitié de la ville, Brindisi ça n’a pas l’air triste non plus.. Pour ma part j’ai pu juger in situ des installations construites en face de Venise, du côté de Mestre.. ==> C’est vrai qu’ils eurent l’art de faire ça dans des sites exceptionnels ; des choix peu délicats.

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      2. Rumiz zappe Brindisi mais aborde longuement celui de Tarente que longe la voie appienne. Construire ça, sur un tel site… Il y a Mantoue qui me vient également à l’esprit. Ou Gioia Tauro près de Reggio.

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      3. Oui, on avait parlé de Mantoue aussi.. C’est désolant, difficile de ne pas songer à quelque tabula rasa, vicier l’ancien pour avaliser voire stimuler son renoncement.

        Il faut s’imaginer la même chose dans la baie du Mont-Saint-Michel, la violence du truc..

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      4. Tesson, ses nouvelles et romans ne me touchent pas mais j’aime bien ses carnets de voyage. Tant pis c’est politiquement incorrect !

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      5. Sylvain Tesson, La panthère des neiges, 2019 : « L’humanisme est un syndicalisme comme un autre. »

        Conservateur affirmé, pourfendeur de la modernité, Sylvain Tesson n’a pas de mots assez durs pour décrire l’enfer des villes et de l’humanité grouillante. Fantasmant une nature préservée des ravages industriels et technologiques, il oppose de manière systématique l’homme à l’animal, la science à la poésie et à l’art, la culture à la nature. Les premiers étant évidemment négatifs, quand les seconds sont parés de toutes les vertus. Ainsi, « la complicité d’un homme avec le milieu animal rend supportable le séjour dans les cimetières urbains. » Ou encore les yacks, s’adressant aux humains, affirment-ils la supériorité de l’animalité et de la nature sur l’humanité et sur la culture : « Nous sommes de la nature, nous ne varions pas, nous sommes d’ici et de toujours. Vous êtes de la culture, plastiques et instables, vous innovez sans cesse, où vous dirigez-vous ? » Enracinés et déterminés, les bovins impavides provoquent donc l’admiration de l’auteur : « Incapable de me fixer une direction unique, hésitant entre l’arrêt et le mouvement, soumis à l’oscillation, j’enviais les yacks, monstres cadenassés dans leur déterminisme et par là même dotés du contentement d’être ce qu’ils étaient, postés là où ils pouvaient survivre. »

        Malheureusement, cette critique de l’humanité et de la modernité se fait au prix d’une ribambelle de lieux communs sur la nostalgie, la mélancolie, la poésie, la mythologie du passé. C’est plat, c’est banal, et pour tout dire d’une pédanterie et d’une affèterie frisant parfois le ridicule. Se posant en homme de haute culture, Sylvain Tesson empile ainsi les citations littéraires et les références artistiques – toutes issues d’auteurs éminemment classiques et vénérables : Delacroix, Velazquez, Nietzsche, Hugo, Aristote… Il n’hésite pas à dresser un portrait du chasseur moderne qui rivalise trait pour trait avec la caricature des Inconnus : « le monsieur à double menton distribuant sa volée de plombs à un faisan obèse, entre le cognac et le chaource. » Le tout asséné avec le sérieux d’un pape, la hauteur d’une espèce de philosophe du dimanche. Bref, trop souvent, tout cela est d’une niaiserie bien fade qui s’illustre notamment dans des phrases telles que celle-ci : « Au chaud dans mon appartement, soumis à mes ambitions électroménagères et occupé à recharger mes écrans j’avais renoncé à la fureur de vivre. » Bref, on l’a compris, « les animaux incarnent la volupté, la liberté, l’autonomie : ce à quoi nous avons renoncé. » L’homme, qui n’est que de passage et pullule dangereusement, crée du déséquilibre dans la beauté immémoriale de la nature. Et cela est répété ad nauseam, à longueur de pages, comme si Tesson n’avait rien d’autre à dire. Mais faut-il attendre autre chose d’un auteur qui semble incapable de voir la poésie de la science, qui semble incapable de déceler l’art dans un manuel d’anatomie ?

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      6. Ah ah, j’avoue que la poésie de la science m’échappe également, un début d’explication. Un concept trop matériel pour moi. De mémoire, j’ai même écrit ici dans un article, avec beaucoup de peine, que les lois physiques l’emportaient toujours sur la poésie.

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      7. Qu est ce que t écris bien Bobby.
        J admire vraiment ta capacité d analyse et de recul sur les trucs que tu lis, quand moi je me contente de maugréer sur l’auteur sans savoir vraiment comment organiser ce qui me déplaît.

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  2. À propos de la zone de Vinício, c’est quelque chose de révolutionnaire pour l’Italie d’alors. Il fait jouer son Napoli très haut et exige un pressing à la perte du ballon (il est évident que cela semble dérisoire au regard des pressings contemporains). Et ce qui est extraordinaire, c’est que le joueur clé de la défense en zone du Napoli est celui qui symbolise sans doute le mieux le catenaccio et le marquage individuel dans les années 1960 : Tarcisio Burgnich.

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    1. Ah oui, que cela tombât sur Burgnich est génial, éhéh.. Ca a dû lui faire bizarre, quoique : on serait peut-être étonné. Dans mon papier sur les développements apportés à la pratique du hors-jeu, sous Goethals, je crois avoir rapporté comment des joueurs old-school, dressés pour l’individuelle, finirent par prendre goût à ce changement à 180°.

      C’est le genre de détail que je prise tout particulièrement dans l’Histoire du foot, comment les joueurs digérèrent des changements de paradigme..et comment aussi ils accompagnèrent ce processus, l’enrichirent, y apportèrent leur touche.. Ces moments-charnières sont particulièrement fascinants.

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  3. Le foot comme excuse pour se balader en Italie eheh.
    Des paysages italiens, des industriels, un club de foot et l histoire d un mec. Un verano siroté avec mon café.

    Le genre de papier que j adore. Mon père castor à moi. Tu fais partie de ma vie Verano.

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  4. Merci Verano. De Brindisi, je me souviens un peu du port où nous avions embarqué pour Igoumenitsa en Grèce. Quelle chouette invention Interrail. On avait pris la zone Italie-Grece-Turquie, avec le ferry compris pour traverser l’Adriatique.

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  5. Bel article. Je vois que le club de Brindisi est bon dernier de son groupe de série D avec -10 points (2 nuls et 4 défaites et une pénalisation de 12 points, donc). Ça ne va pas fort pour eux.

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  6. Remarquable, comme d’habitude, et exempt de toute faute d’orthographe ou de syntaxe, comme d’habitude aussi. Chapeau.

    On sent comme un soupçon de parti pris dans l’évocation de Montecatini et de la destruction d’immeubles historiques. Il est vrai que l’Italie a coupé au plus court pour se reconstruire, comme on l’a hélas vu à Seveso en 1976. Il est non moins vrai qu’en 1960, il fallait faire un choix entre la qualité de vie de la génération du moment et celle des générations futures – comme quoi les agonies morales sur le changement climatique n’ont rien de nouveau… La logique qui a conduit les Romains à y construire un grand port est celle-là même qui a conduit à implanter une usine là où on pouvait facilement en acheminer les produits par mer dans le monde entier.

    En ce qui concerne les immeubles historiques, ils étaient beaux à voir, certes, mais sait-on dans quel état ils étaient au moment de la décision de démolir ? S’agissant de l’Europe du Sud, on est en droit de se poser des questions quant à la qualité des travaux d’origine et à leur tenue (mortier et bois en particulier) après plusieurs décennies de cycles thermiques assez sévères. L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille en 2018 est là pour nous rappeler que ces questions vont au-delà du théorique. En 1955 ou 1950, l’argent manquait encore pour faire face à toutes les priorités de développement à la fois. Entre réhabiliter quelques immeubles trop petits pour absorber l’exode rural, le reste des arrivants se contentant d’un bidonville, et construire à l’économie pour le plus grand nombre, il y avait là aussi un choix qui se défend.

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