Le Pieux et le Tour – Première partie

A l’occasion du départ du Tour de France 2024 à Florence, hommage au plus illustre de ses cyclistes : Gino Bartali et son histoire avec le Tour.

Milan, 30 mai 1937 : la 25e édition du Giro d’Italia sacre pour la seconde fois un Florentin de 23 ans : Gino Bartali. Le leader de la Legnano (fabrique de cycles présente dans le peloton depuis 1906) éclabousse un nouvelle fois la course de sa classe avec cinq victoires d’étapes (en comptant le contre-la-montre par équipe), le maillot de meilleur grimpeur et plus de 8 minutes d’avance sur le second. Passé professionnel deux ans plus tôt, Bartali, également vainqueur du Tour de Lombardie 1936, n’a alors aucun rival à sa hauteur dans son pays. Le mythique Alfredo Binda, précédent leader de la Legnano, a pris sa retraite l’année précédente. Fausto Coppi n’a alors que 17 ans et ne passera professionnel que deux ans plus tard, tout comme le troisième larron Fiorenzo Magni (qui bien qu’éclipsé par ce qui allait devenir la rivalité Coppi-Bartali compte un palmarès remarquable… mais oublié).

Le cyclisme d’avant-guerre est marqué par l’isolationnisme. Le Giro n’a été remporté que par des coureurs italiens et rares sont les étrangers à y participer. L’autre grand événement, le Tour de France, a une vocation plus internationale. Bien qu’ouvert aux équipes étrangères, seuls les Belges (et plus rarement les Luxembourgeois) sont en mesure d’inquiéter les maîtres des lieux. Une ouverture de façade en réalité car les Français n’apprécient que très modérément de voir leur modeste voisin venir jouer les trouble-fête et n’hésitent pas à recourir à des méthodes bien peu recommandables pour l’emporter. Traditionnellement l’Italie, bien que nation dominante du cyclisme au même titre que la France ou la Belgique, n’y envoie que des seconds couteaux qui n’y jouent jamais les premiers rôles. France et Italie sont deux mondes qui ne se rencontrent jamais ou presque, à l’image de deux fédérations de boxe, sacrant chacune son champion du monde de son côté.

Si l’on met de côté Maurice Garin, natif du Val d’Aoste, vainqueur de la première édition en 1903 mais naturalisé Français deux ans plus tôt, le seul vainqueur italien jusque-là est Ottavio Bottecchia (en 1924 et 1925). Coureur atypique, il est repéré sur le tard par Henri Pélissier qui voit en lui son héritier et le fera signer dans son équipe Automoto. C’est donc avant tout un leader d’équipe française qui s’impose sur le Tour. Ouvertement antifasciste, Bottecchia est retrouvé mort près de chez lui, sur une route du Frioul en 1927. Bien que l’enquête conclut à une chute de vélo, Albert Londres et bien plus tard d’autres journalistes italiens, s’appuyant sur des éléments de l’autopsie et des témoignages, défendront la thèse de l’assassinat politique.

Ottavio Bottecchia

Du fascisme, il en est à nouveau question 10 ans plus tard lorsque le pouvoir mussolinien étend sa propagande au cyclisme, après l’avoir fait dans le football avec la Coupe du monde 1934. Vexé d’avoir été exclu du Tour de France 1936 par les organisateurs suite à l’invasion de l’Ethiopie, le régime met un point d’honneur à remporter l’édition 1937 où l’Italie est réintégrée.

Bartali est prié d’y participer. Refus immédiat de l’intéressé. Le pouvoir ne lui laisse alors plus le choix en brandissant la menace de la suspension, non sans avoir au préalable orchestré une campagne de calomnie par presse interposée. Le défi est colossal, aucun coureur n’a jamais réussi le doublé Giro – Tour depuis leur création. Un mois seulement sépare les deux courses. Cette prouesse est tout simplement inimaginable avec le matériel et les conditions de course de l’époque, où l’expression forçats de la route prend tout son sens.

Bien qu’archi dominateur sur le Giro, Ginettaccio (surnom hérité de son mauvais caractère) n’est pas totalement rétabli d’une bronchopneumonie contractée quelques mois plus tôt et n’est pas convaincu de ses chances de succès sur la Grande Boucle.
Mais son refus initial est également d’ordre politique. La mort de son frère Giulio, un an plus tôt, l’a poussé à trouver refuge dans la foi catholique, une crise mystique dit-on alors. Ses valeurs ne sont pas compatibles avec celles d’un régime qui institutionnalise le racisme puis l’antisémitisme après le rapprochement avec l’Allemagne nazie en 1936. Enfin, le Tour de France, contrairement au Giro, est disputé par équipes nationales depuis 1930. Bartali ne sera plus un sportif libre de choisir son équipe et son employeur, mais un soldat du régime.

Sur la ligne de départ à Paris, le 30 juin 1937, la présence du campione italien n’est pas le seul objet de curiosité. L’Allemagne a progressé dans ce sport et nourrit ses propres ambitions. Leur champion Erich Baultz va remporter deux étapes (deux autres le seront par ses compatriotes) et porter le maillot jaune. Dans ce Tour décidément marqué par la géopolitique, Julian Berrendero signe la dernière victoire d’étape d’un Espagnol sous les couleurs de la République. Comme il le craignait, Bartali n’est pas dans sa meilleure forme. La première semaine est compliquée mais il gagne enfin une étape à Grenoble et prend le maillot jaune avec une avance confortable. Le lendemain, il chute dans une descente mais conserve son maillot de justesse. Touché, il ne pourra le défendre plus longtemps et abandonnera à Marseille à l’issue de la 11e étape. Son compatriote Mario Vicini (natif de Cesena tout comme son homonyme Azeglio, bien que sans lien de parenté) terminera deuxième du classement général.

Bartali dans le Galibier

Le Français Roger Lapébie remporte finalement le Tour de France. Le Belge Sylvère Maes, tenant du titre et maillot jaune jusqu’à la 16e étape, se retire de la course avec toute son équipe pour protester contre des irrégularités de course commises par les français et des agressions de la part du public. Bien plus que par le dopage, le cyclisme d’avant-guerre est pourri par le nationalisme.

En dehors du vélo, Bartali refuse de donner l’image que le régime attend de lui. Point de salut romain, alors systématique chez les sportifs italiens, mais un signe de croix. Une médaille de sainte Thérèse orne son vélo. Son Tour de France devient très vite un tour des édifices religieux. Au rituel d’après-course, il préfère celui de la sainte messe. La France s’attendait à un ambassadeur du fascisme, elle découvre un bigot mystique. Bartali y gagne un surnom qui ne le quittera jamais plus : « Gino le Pieux ». Malgré son abandon, il quitte la France grandi.

Si la presse aux ordres du Duce se garde bien de relater son attitude bien peu patriotique à leur goût, c’est parce qu’elle attend toujours plus de lui. Rendez-vous est donné pour 1938. Cette fois, l’injonction est encore plus forte. Rien ne saurait faire obstacle à une victoire italienne sur le Tour. Afin de se donner toutes les chances, pas question de réitérer l’erreur de 1937 en visant le doublé : Bartali doit renoncer à défendre sa couronne sur le Giro qui s’élance de Milan et voit des seconds couteaux se disputer la victoire. Le Piémontais Giovanni Valetti remporte le premier de ses deux Giro.

La France s’apprête alors à accueillir les deux événements sportifs majeurs de 1938 à un mois d’intervalle : la Coupe du monde de football en juin et le Tour en juillet. Le pays oscille entre l’insouciance des premiers congés payés et peur d’un conflit avenir. Car le contexte international est irrespirable. Les Brigades internationales viennent de quitter l’Espagne, laissant les républicains à leur sort. Les derniers procès de Moscou aboutissent à 18 exécutions. Les lois de Nuremberg interdisant aux Juifs d’exercer la plupart des professions, laissent les démocraties occidentales sans réaction.

L’Anschluss est plébiscitée à 99,7%. Conséquence sur le plan sportif : le Wunderteam autrichien qualifié pour le mondial après sa victoire contre la Lettonie, cesse d’exister. Matthias Sindelar refusera d’intégrer la nouvelle Mannschaft « austro-allemande ». Refusant de repêcher la Lettonie, la FIFA propose la place vacante de l’Autriche aux Anglais… qui déclinent poliment.
L’affiche de cette Coupe du monde 1938, œuvre de l’artiste français Henri Desmé, traduit ce climat : sombre et martial sous une apparence guillerette. Il y a bien un arc-en-ciel en fond d’image, mais il est occulté par la couleur bronze des éléments du premier plan : Un footballeur dont on ne voit pas la tête mais qu’on devine le buste droit, le pied posé sur un ballon, lui-même posé sur le globe terrestre, à l’emplacement précis de la France.

Point d’affiche pour le Tour de France, c’est le tracé de la course en lui-même qui annonce la couleur. Le « chemin de ronde » épousant au plus proche les frontières du pays existait déjà depuis l’origine de l’épreuve mais elle prend une toute autre dimension en cette année 1938 avec de nombreuses étapes disputées le long des frontières espagnoles, italiennes et allemandes. Véritable ligne Maginot cycliste brandie à la face de ses inquiétants voisins. De géopolitique, il en sera question dès les huitièmes de finale de la Coupe du monde.

L’image des 11 Allemands faisant le salut hitlérien lors des hymnes fait le tour du monde. La Suisse de son côté n’est pas venue faire de la politique mais jouer au football. Elle sort la Mannschaft 4-2 à l’issue d’un match d’appui (1-1 lors du premier match). La presse française jubile sur le naufrage de cette présumée armada « austro-allemande ». Lucien Gamblin ironise dans L’Auto : « L’Allemagne ne pouvait avoir une chance dans cette Coupe du monde qu’en faisant appel aux footballeurs de l’ex-Autriche, nous prétendons qu’une formation comprenant une plus grande proportion de Viennois n’eût pas été battue hier par la Suisse, car, tout de même, un Serta vaut mieux qu’un Streitle, un Sindelar, aussi vieux soit-il, est préférable à un Szepan et Mock n’a aucune peine à faire mieux que Goldbrunner. »

De son côté l’Italie, championne du monde en titre, affronte la Norvège à Marseille, devant un public largement composé de réfugiés italiens ayant fui le fascisme, venu huer leurs anciens compatriotes lorsque ces derniers exécutent le salut romain au moment des hymnes (en l’occurrence le chant fasciste Giovinezza ; le Fratelli d’Italia n’étant repris qu’après la guerre, bien que Mameli l’eût composé en 1847 et qu’il devint de fait l’hymne du Risorgimento). L’Italie s’en sort difficilement (2-1 après prolongations) mais évite la même humiliation que ses alliés. Montant en puissance, la Nazionale sort la France en quart dans une ambiance là encore délétère après avoir eu le bon goût de jouer en noir, officiellement pour laisser leurs hôtes en bleu – en réalité en hommage aux camicie nere du régime, puis le Brésil de Leonidas en demie et enfin remporte la finale face à la Hongrie. L’Italie a prouvé qu’elle pouvait gagner même hors de son sol et dans un environnement hostile.

Meazza et Sarosi se saluent.

Le régime mussolinien a brillamment réussi la première partie de son plan de conquête estivale de la France. La suite repose sur les épaules de Bartali. Un « honneur » dont il se serait évidemment bien passé. Hors de question pour lui de verser dans le folklore belliciste de ses compatriotes, il refusera encore et encore d’effectuer le salut romain quand il montera le podium, mais une course reste une course, a fortiori la plus belle du monde. Alors Gino le Pieux va reprendre son chemin de croix et gagner.
Sur la ligne de départ à Paris, toutes les sélections nationales traditionnelles sont présentes : France, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Suisse et donc Italie. Le tenant du titre Roger Lapébie est absent. Afin d’apaiser les tensions avec la sélection belge nées sur le Tour précédent, Henri Desgrange refuse sa venue, lui imputant la responsabilité des incidents survenus. La France n’a pas vraiment de leader. Antonin Magne, double vainqueur de l’épreuve et qui la dispute pour la dernière fois, s’apprête à raccrocher. Les Belges seront les plus sérieux adversaires de Bartali : Sylvère Maes déjà victorieux en 1936 puis « vainqueur moral » en 1937 et Félicien Vervaecke sont les plus sérieux prétendants. Côté italien, de bons coureurs mais tous dévoués à leur leader, parmi lesquels le rouleur franco-italien Giulio (Jules) Rossi, vainqueur de Paris-Roubaix l’année précédente, Servadei, Cottur ou encore Vicini deuxième du Tour 1937.

La première semaine n’offre que des étapes de plaine. Il faut attendre la première étape des Pyrénées pour voir le Belge Vervaecke passer à l’attaque et faire coup double, étape et maillot jaune. Son compatriote Maes perd une demi-heure le même jour et tout espoir de victoire. Alors qu’il avait fait la différence dans le Tourmalet et l’Aspin, des problèmes mécaniques obligent Bartali à concéder une minute au vainqueur du jour. Ce sera désormais un duel entre les deux hommes.

Très en forme, le Belge accroit son avance sur le contre-la-montre de Béziers quelques jours plus tard. Bartali, qui termine a près de deux minutes ce jour-là, compte alors un retard de plus de quatre minutes au général. Une première victoire d’étape à Marseille permet à l’Italien de se rapprocher mais tout se jouera comme prévu dans les Alpes quelques jours plus tard. L’étape Digne-Briançon s’annonce comme le juge de paix de ce 36e Tour de France avec les terribles cols d’Allos, Vars et Izoard. Bartali écrit alors sa légende et celle du Tour par la même occasion. A l’attaque dans chacune des ascensions, il glane la totalité des bonifications distribuées alors aux sommets. Dans Vars, il distance méthodiquement ses adversaires, seuls son compatriote Vicini et le Luxembourgeois Clemens parviennent à le suivre, avant de s’envoler définitivement dans l’Izoard. Il gagne l’étape, relègue ses poursuivants à plus de 5 minutes et surtout Vervaecke à plus de… 17 minutes (qui feront 21 avec toutes les bonifications). Il endosse alors de la plus brillante des manières le maillot jaune pour ne plus le quitter.

Sonnés mais pas vaincus, les Belges contre attaquent dès le lendemain lors d’une étape fleuve de… 311 km à travers les Alpes empruntant notamment l’Iseran et ses 2770 m d’altitude. Maes s’est mué en équipier de luxe pour Vervaecke. Les deux hommes tentent tout pour faire plier le maillot jaune. Privé d’équipiers, Gino résiste et franchit la ligne aux cotés de ses rivaux. La remontée vers Paris ne sera qu’une formalité.

Fort de ses deux étapes gagnées, Bartali relègue le belge Vervaecke deuxième à plus de 18 minutes et devient même le premier coureur à reporter le classement général et le meilleur grimpeur sur une même édition.

Au lendemain de sa victoire, fidèle à sa réputation, il va déposer une gerbe de fleurs dans la basilique Notre-Dame-des-Victoires à Paris. A son retour en Italie, Mussolini lui remet une décoration qui selon la légende finira aussitôt dans l’Arno. Bartali déclarera bien plus tard en rappelant cet épisode : « Le bien se fait, mais ne se dit pas. Certaines médailles s’accrochent à l’âme et non à la veste. » Une phrase qui prendra toute sa portée lorsque le monde apprendra, seulement après sa mort, ses actes héroïques durant la guerre.

Même si le Tour de France a lieu en 1939, les pays à présent considérés ennemis de la France n’y sont pas conviés. Pour les cyclistes italiens, débute une nouvelle période d’isolement où les courses continuent jusqu’en 1940, avant d’être interrompues par cinq ans de guerre.

Ubri pour Pinte de Foot !

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35 réflexions sur « Le Pieux et le Tour – Première partie »

  1. Très bel article et je ne peux que conseiller à nouveau (si ce n’est déjà fait, je l’avais évoqué l’an passé dans un article sur les Fazio, le footballeur et le cycliste) de lire le bouquin « Al giro d’Italia« , recueil d’articles de Dino Buzzati sur le Giro 1949 et le duel Coppi-Bartali.

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  2. Raphaël Geminiani est décédé à 99 ans il y a une dizaine de jours, quelques semaines après une ultime rencontre avec Philippe Brunel dans sa maison de retraite. L’article est paru dans Le Monde fin juin et Gem évoque Bartali. Je copie-colle l’extrait en question.

    Ainsi, ce reporter de la télévision italienne venu l’interroger sur le départ du Tour de France 2024 à Florence, dans le pays de ses origines, celui de Gino Bartali, dit « Gino le Pieux », grimpeur mutique, vainqueur du Tour deux fois à dix ans d’intervalle (1938-1948). « Gem » l’a côtoyé, combattu dans les pelotons, quand Bartali et Coppi s’appliquaient à réinstaller l’Italie, humiliée par la guerre, dans le camp des vainqueurs. Le Tour avait déjà ce pouvoir d’apaiser les rancœurs. « Comment en parler ? Bartali était un dieu vivant que j’ai vu bras dessus bras dessous avec le pape [Pie XII], a-t-il raconté au reporter de la RAI. Fallait voir, sur le Giro, c’était de la folie, les tifosi [les supporteurs italiens] embrassaient la route sur son passage, aux arrivées, il devait parfois les tartiner à coups de poing pour se frayer un passage et ceux qui les recevaient se prosternaient devant leurs amis, “T’as vu ? t’as vu ? Il m’a frappé, regarde, là, tu vois, cette rougeur… ça, c’est Gino…” »

    Geminiani avait fait sa connaissance sur le Tour 1948, un choc émotionnel. « Il faut comprendre, en 1938, j’ai 13 ans, j’écrivais son nom au savon blanc sur la vitrine du magasin de mon père, à Clermont[-Ferrand], et, dix ans plus tard, j’étais dans le même peloton. Au cours d’une étape, il était monté à ma hauteur et m’avait demandé mon nom, “Geminiani” j’ai dit, et lui a fait “Ah, c’est toi…” »

    Il s’interroge encore sur le sens de ce « Ah, c’est toi… » Bartali avait-il repéré, deviné en lui ce feu follet, inlassable attaquant, qui, en 1952, lui soufflerait au sommet du Simplon (dans les Alpes suisses) le titre tant convoité de meilleur grimpeur du Tour d’Italie ? « Une grande fierté, dit-il, Bartali, dans les cols, n’y allait pas avec un moulin à poivre, il montait par à-coups, nous asphyxiait sur de grands braquets. »

    Ce qui précède et suit est formidable pour les amateurs de cyclisme ancien, antique pourrait on dire. Quelle perte avec la disparition de Gem.

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  3. Bartali, sur le Tour, ce sont deux victoires à 10 ans d’intervalle mais c’est aussi un abandon à Saint Gaudens en 1950, un soir de victoire d’étape. L’agressivité de spectateurs pyrénéens, l’un d’entre eux allant jusqu’à frapper Bartali, sert la version officielle. Mais ce soir de juillet 1950, Fiorenzo Magni a endossé le maillot jaune. Bartali et Magni ne s’entendent pas, Magni ayant épousé la cause mussolinienne et combattu pour la grotesque République de Saló. Lors du procès de Magni après guerre, des cyclistes viennent témoigner en sa faveur (dont Coppi, je crois). Bartali, lui, ne répond pas à la convocation du tribunal.
    Pour certains observateurs, il est évident que le retrait de Bartali, malgré les promesses de sécurité et les suppliques de Goddet, vise avant tout à priver Magni d’une éventuelle victoire à Paris. Tous les coureurs italiens voulaient poursuivre le Tour mais la décision de Gino, seul maître à bord, entraine le forfait de l’équipe entière. Magni ne gagnera jamais le Tour.

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    1. Tu anticipes la deuxième partie^^
      Mais oui l’épisode de St Gaudens est une façon de priver le milicien honni du Tour de France, finalement remporté par Ferdi Kubler. Bien que meilleur rouleur, Magni était moins bon grimpeur que le suisse. On ne saura jamais qui l’aurait emporté. Bartali a connu un guet apens tendu par des partisans yougoslaves sur le Giro 1946 près de Trieste où ça tirait à balles réelles. Il a aussi connu les patrouilles nazies pendant la guerre. Peu probable qu’il se soit dégonfler devant quelques abrutis éméchés.
      Malgré son témoignage, Coppi s’est aussi fâché avec Magni sur le Giro 1948 auquel Bartali participe mais pour préparer le Tour. Le duel est alors entre Coppi et Magni. Le campionissimo se retire de la course pour protester contre des irrégularités en faveur de son rival.

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    1. Alors, non. Bartali c’est la dernière génération d’italiens à ne pas participer aux courses hors Italie (le Tour de France étant justement l’exception). C’était aussi un coureur de classiques mais uniquement en Italie (victoires sur Milan San Remo, Tour de Lombardie, Tour d’Emilie, etc…). Jules (Giulio) Rossi est le premier italien à gagner Paris- Roubaix en 1937 mais en réalité c’est un binational naturalisé qui courait dans une équipe française. En fait, c’est la génération Coppi, Magni (5 ans plus jeune que Bartali et qui n’a pas vraiment connu le cyclisme d’avant-guerre) qui se lance sur les premières classiques flandriennes. Pour la petite histoire, le premier vainqueur italien (non binational) de Paris-Roubaix est Coppi, mais pas Fausto… son frère Serse (qui décédera en course quelques temps plus tard)! Cette édition 1949 compte d’ailleurs deux vainqueurs officiels puisque les échappées sur le point de gagner ont été envoyé dans une mauvaise direction par les organisateurs puis dépassés par le peloton. Fausto remportera la course (seul cette fois) l’année suivante.

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    1. Il vient du Val d’Aoste qui faisait partie du Royaume d’Italie mais comme c’était relativement fréquent à cette époque, sa famille passe côté Savoie pendant son enfance. Ces deux régions frontalières sont proches culturellement et linguistiquement. Ces régions étaient des possessions piémontaises (la famille de Savoie). Elles ne sont séparées que depuis 1860 avec la cession de la Savoie à la France en échange de son aide dans le Risorgimento.

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    2. Oui, et il a vécu une grande partie de sa vie dans le Nord-Pas de Calais où il a migré pour travailler et où il commencé sa carriere cycliste. Avant de gagner le Tour, il avait deja mis son nom au palamrès de Paris-Roubaix où il etait chez lui sur les terres nordistes.

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      1. Et Garin etait roubaisien au moment de ses victoires. Il habitait la commune. Mais cela a jamais ete trop dit ça, on l’a jamais presenté comme le 1er roubaisien a avoir remporté la course… à cause de sa nationalité italienne.

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      2. Oui, officiellement c’est Charles Crupelandt le roubaisien vainqueur de l’enfer du Nord mis à l’honneur. La rue du vélodrome (pavée!) porte son nom.

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    1. La question qui tue! Je serai tenté de dire Remco Evenepoel qui a déjà brisé le signe indien en gagnant la Vuelta (premier GT pour un belge depuis 1978) et aurait sans doute déjà remporté le Giro sans le covid, mais il est à peine plus jeune que les deux mutants donc pour le Tour ce sera très compliqué. Dans la jeune génération, peut être Lennart Van Eetvelt qui gagne l’UAE tour à 21 ans mais c’est très hypothétique.
      Disons que contrairement aux français, les belges ne vivent pas dans cette attente de l’élu qui va enfin gagner le Tour. Ils ont cette culture des courses d’un jour qui est leur principal objectif. Patrick Lefevere avait ironisé sur le sujet pendant le Tour 2019 quand tous les français lui demandaient si Alaphilippe pouvait remporter le général. Pour lui c’était tout simplement une question absurde.

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      1. Tu en penses quoi de la decouverte du Tour de Remco ? C’est pas si mal. Il est en difficulté en montagne par rapport aux deux autres mais dans un tour avec des clm plus décisifs, il pourrait s’approcher d’un sacre, non ?

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      2. C’est même très bien. Il avait de grosses lacunes à la base. Ses descentes étaient catastrophiques, il a failli se tuer dans un ravin sur le tour de Lombardie. Sans être un pilote génial, maintenant ça passe (et déjà il fait pas de blocage psychologique après une chute comme ça existe chez certains comme Pierre Latour ou Zakharin).
        Il était systématiquement lâché sur les routes blanches, il a parfaitement tenu le coup cette fois.
        Tactiquement il fait plus n’importe quoi. Il part plus avec des sangsues sur le porte-bagage qui finissent par le gratter au sprint (coucou Colbrelli).
        Niveau pointe de vitesse, de gros progrès aussi, qui lui permettent de régler le peloton de poursuivants à Valloire et prendre des bonifs par exemple.
        Le premier enchainement d’étapes de montagne dans les Pyrénées, ça passe aussi, c’est clairement le 3ème homme. En clm, il reste le plus fort (il est moins puissant que Pogacar mais son petit gabarit est « naturellement » aérodynamique, ce qui le rend quasi imbattable; y a que sur le dernier clm avec de grosses montées où y aura match).
        C’est « logique » qu’il progresse dans tous ces domaines. C’est pas un cycliste « fini » quand il passe pro (à 18 ans). C’est une bête de foire qui court de façon ultra stéréotypée et qui n’a même pas 3 ans de pratique cycliste derrière lui. C’est logique qu’il ait ces lacunes techniques, tactiques, etc… Les bases qu’on apprend entre 10 et 15 ans, lui il les a apprises par la force des choses une fois pro. Y a d’autres cas un peu similaires. Roglic venu du saut à ski (ces chutes récurrentes c’est des lacunes techniques qu’il a jamais su résoudre), Jay Vine révélé par Zwift, plus mauvais descendeur du peloton qui découvre que le vélo sur route c’est plus compliqué que dans son salon, Michael Woods venu de la course à pieds, à présent complet mais catastrophique à ses débuts…
        Faut espérer qu’il y ait pas de grosse défaillance sur l’enchainement d’étapes alpestres mais sinon c’est très positif tout ça.

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      3. Merci. Je l’ai vue en direct sa chute au Lombardie. Ça faisait froid dans le dos.

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      4. La question d’Alaphilippe fut sérieusement posée?? Superbe coureur, des qualités certaines en montagne..mais sur trois semaines, euh.. Je trouve que Jalabert était plus crédible.

        En Belgique et jusqu’à Evenepoel, je ne vois guère que VandenBroucke à qui fut vraiment prêté (et dont fut escompté) de pouvoir succéder à Van Impe.

        Un Criquielion par exemple, homme et coureur formidable, n’a jamais totalement suscité ces attentes-là, de par son manque de punch, le plafond de verre était palpable..mais aussi, sans doute, parce que Van Impe n’était pas un souvenir à ce point lointain, attente moins forte au mitan des 80’s.. Puis, avec le temps.. ==> Il y eut tout de même une frustration, des espoirs voire de l’impatience……que doucha durablement la carrière-borderline de VandenBroucke..et que me semble timidement raviver le cas Evenpoel, à voir..!

        Perso, je trouve qu’il garde beaucoup à apprendre..

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      5. Pour le public français, gagner le Tour est une obsession monomaniaque. Tu peux être champion du monde, n°1 mondial au classement UCI comme Alaphilippe à l’époque, le grand public s’en fout et ne jure que par une hypothétique victoire à Paris (en l’occurrence impossible pour un puncher comme JA). Cette pression négative, cette recherche désespérée de l’élu, grille tous les espoirs français depuis 30 ans. Alaphilippe court en Belgique et priorise les classiques mais les autres, ceux qui grimpent et qui sont dans les équipes françaises: les Pinot, Bardet, Gaudu, Moreau, Péraud… Que d’entreprises vaines, que de carrières gachées!
        Pour moi, la France a perdu sa culture cycliste. Elle se rattache à l’événement phare qu’elle a la chance d’accueillir et s’y intéresse trois semaines par an. Les belges eux s’intéressent vraiment au vélo tout au long de l’année.

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      6. Je me garderais bien de dire du mal de la France, popote interne..mais je lis cela avec intérêt, merci!

        Nous avons pour plupart le vélo dans le sang, oui.. Sur ces bonnes paroles : je file d’ailleurs m’en (r)acheter un, éhéh.

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      7. assez d’accord avec toi sacha, mais quelques remarques. oui le public français … mais aussi les médias et les sponsors sont à fond obnubilés par le tour. ce qui conditionne le cyclisme français c’est certain. après je nuancerais les « carrières gâchées », bardet a été à son niveau, il a souvent fini 2e , pas loin, 2e au tour, 2e à liège récemment ou 2e aux mondiaux, mais pouvait-il espérer mieux ? il a souvent été présent sur le tour, aurait-il été meilleur en se consacrant qu’au giro ? (c-à-d e gagner un ?). pinot a eu sa chance sur le giro, mais trop fragile, je ne pense qu’un coureur français aurait pu remporter un giro sur ces années là. zapper le tour ? ou plutôt revoir ses objectifs à la baisse en fonction de son niveau plutôt, gaudu devrait y penser, c’est peut être même déjà acté pour lui, façon y’a pas d’autre issue à sa carrière vu les cadors devants. idem sur les classiques, à part alaphilippe, qui avait le niveau pour en aller chercher une ? démare a souvent été cité sur les pavés, désolé j’aime bien arnaud mais il a jamais été au niveau à roubaix, c’est pas pour lui… madouas ? (il stagne chez fdj et tant qu’il restera à l’arrière pour pas frotter… c’est mort pour lui).. pb des équipes (françaises ou autres) -> les managers, les sponsors, les moyens : alaphilippe a été chez quick step pour devenir un coureur de classique, martinez dernier nom à la mode en france pour succéder à hinault ira chez bahrain (c’est bien bahrain ? je sais plus trop) .. à contrario exemples belges, lefevere a changé la quick step pour passer en mode tour avec remco et ça se ressent sur les classiques; on en a déjà parlé ailleurs, van aert n’a remporté aucun ronde et roubaix pourtant l’armada jumbo visma, mais équipe focalisée  » grand tour  » et en belgique (alex tu me confirmeras) mais dans la presse et chez le suiveurs, j’entend à la frontière que ça jase et que ça râme pas mal sur wva .. bref on rêve d’ un successeur mais on travaille désespérément qu’ à un coup d’éclat sur un malentendu comme guesdon à roubaix hehe

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      8. Ce qui manque à Bardet? Pour moi clairement un Giro et accessoirement une Vuelta. Les vainqueurs entre 2015 et 2018 n’étaient pas plus forts que lui mais AG2R l’obligeait à faire le Tour. En 2020, il a enfin le bon de sortie pour y participer mais le covid change la donne, la pression du sponsor l’oblige finalement à faire le Tour et renoncer au Giro (et qui sait s’il n’aurait pas gagner sur cette édition au rabais remportée par le médiocre Tao Geoghegan Hart?). Son départ vers DSM découle en partie de cette frustration mais c’est déjà un Bardet au rabais à 30 ans.
        Pinot a pu négocier avec Madiot bien plus tôt. Au final, le Giro lui aura bien oxygéné la tête et revenir plus fort. Rien à regretter chez Pinot, il a gagné ce que son corps lui a permis de gagner. Trois semaines y avait toujours un jour de trop. Enfin un regret quand même, les classiques de printemps. Quand tu gagnes le Lombardie et fait des podiums, y avait la place pour Liège et la Flèche. La Vuelta aussi, il a jamais trop cherché le général. Dommage car y avait moyen.
        Gaudu a clairement besoin d’air mais osera t’il partir? Martinez oui a priori c’est Bahrain mais officiellement aucun transfert n’est annoncé avant août. Madiot aurait formulé une contre-proposition mais je pense que le camp du gamin a pas dû apprécier être envoyé à l’arrache sur le Tour comme de la chair à canon donc je parie sur un départ. Grégoire a prolongé avec FDJ de son côté. Alors lui c’est un pur puncher et comme il fallait s’y attendre y a déjà plein de blaireaux (mais pas Hinault hein) qui se posent la question d’une possible victoire sur le Tour. Même Vauquelin, on veut absolument qu’il joue le général alors que son objectif c’était étape + préparation JO. C’est désespérant.
        Alors moi je suis très optimiste pour les classiques. Chez les jeunes: Grégoire, Lapeira, Laurance, Vauqelin (qui pour moi n’est PAS un coureur de GT!) et même Martinez qui est bien punchy pour un grimpeur, chez les plus expérimentés Cosnefroy, Godon et Madouas. Gros bémol, ils ont tous le même profil de puncher. Aucun gagnera Roubaix c’est sûr. On manque d’un sprinter niveau Démare / Bouhanni aussi (j’ai des espoirs sur Paul Penhoet, actuellement blessé et Hugo Page, actuellement barré par Girmay).

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      9. pas convaincu que bardet aurait pu passer devant froome, quintana, nibali, dumoulin sur le giro. à part 2020, ok. la vuelta et le tour c’est compatible, le doublé est largement faisable, c’est juste qu’aucune équipe française et leaders français ne prend au sérieux cette course (mis à part quelques uns, du style moncoutié fut une époque haha). les ardennaises pinot aurait pu les viser clairement, surtout liège, et en plus ça collait avec ses objectifs italiens. oui il y a de très bons coureurs, mais il y a un clairement un manque de coureurs capables de jouer la gagne sur des courses à étapes, même d’une semaine. martinez quelle idée de l’avoir mis sur le tour et pas le préserver pour la vuelta qui était son programme initial, on dirait une vengeance de madiot du style « ah tu veux faire ta diva, tu veux pas resigner ? bah on va te mettre sur le tour mon petit si tu te prends déjà pour un cador, vas-y fai snous voir ! », madiot commence à vieillir lui aussi, il est temps de passer la main. entendu guimard dernièrement à propos du tour, lui aussi il est temps qu’il prenne sa retraite.

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  4. Ces âges héroïques, et cependant ce tournant déjà.. Et puis tant de lectures (les mêmes que Verano) où ils étaient mis à l’honneur aussi.. ==> En soi j’adore ce cyclisme-là, mais si en plus l’article est de ce tonneau-ci : que demander de plus à P2F?

    D’abord le foot, allez : tournoi abordé par Bobbyschanno si je me rappelle bien..mais j’ignorais ce détail : pourquoi avoir refusé de repêcher la Lettonie? C’est troublant comme choix.

    Et qu’advint-il de ces réfugiés italiens ayant fui le fascisme, à compter de la débacle française de juin 40? L’Italie exerça-t-elle des pressions à leur encontre?

    Le vélo, maintenant.

    Dans un pays dont, des décennies durant, les sportifs furent outrancièrement instrumentalisés, récupérés, parfois « binarisés ».. : qui, de Bartali ou de Coppi, avait le plus les faveurs de l’Unita? Je me rappelle avoir déjà lu que tous deux disaient voter DC après-guerre.. ==> l’Unita fit-elle sien l’un de ces deux champions?

    311kms avec l’Iseran au menu, mazette……. J’ai cherché le profil de cette étape, mais??.. Tu sais si ça existe, des reconstitutions de profils de courses pré-war?

    Sans belgitude aucune (rien à kicker), je vois mal comment contester la suprématie historique du « Cannibale », appétit et qualités sans comparaisons possibles.. ==> Merckx appartient à une autre strate.

    Par contre et jusqu’à lui, Coppi me paraît un choix raisonnable, hautement compréhensible………mais j’y trouve un « bémol » : son temps d’avance sur la concurrence était tel, dit-on, pour tout ayant trait aux adjuvants (chimiques, techniques..) du cyclisme, et surtout c’était une obsession chez lui………. Le phénomène-Coppi est incontestable, et cependant son approche était si scientiste.. ==> ???

    (ceci dit, évidemment, sans illusion aucune quant à la pureté de Merckx..lequel toutefois n’était pas à l’avant-garde comme un Coppi, fut par exemple un ringard par rapport à un Moser)

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    1. De ce que j’ai lu, la FIFA voulait absolument raccrocher les anglais mais après leur refus, la réintégration de la Lettonie était même pas à l’ordre du jour.
      Le sort de la diaspora italienne? Bonne question. Les troupes mussoliniennes ont jamais vraiment été en état d’occuper le pays si ce n’est le sud est, ponctuellement. Militairement, leur lâche déclaration de guerre alors que les français se prenaient le bltizkrieg sur l’autre front, a fait l’objet d’humiliantes défaites dans les Alpes même après l’armistice ou les officiers français mirent un point d’honneur à défaire jusqu’au bout les troupes mussoliniennes en dépit des ordres.
      Coppi était apolitique mais le PCI a tenté de le récupérer (en vain) pour faire écho au récit adverse car Bartali était très clairement la figure de proue de la Démocratie chrétienne. Il connaissait personnellement De Gasperi via des réseaux catholiques communs, même s’il a refusé de s’engager en politique quand ce dernier lui demanda. Après, Coppi qui avait une liaison extraconjugale alimentait un discours « progressiste » parlant pour la gauche et évidemment reprouvé par les chrétiens démocrates.
      Les profils d’étapes anciennes, si elles existent sont sur procyclingstats, un site créé des hollandais fêlés de la data.
      Il est admis que Coppi est le second plus grand champion de l’histoire derrière Merckx. Mais la différence d’époque rend la comparaison très compliqué. On peut comparer Merckx et Hinault par exemple car c’est le même cyclisme mais c’est plus délicat avec Coppi. Approche novatrice de son sport. Oui, plus que n’importe quel coureur (voire sportif tout court) avant lui. Référence absolue pour les générations suivantes (Louison Bobet, Jacques Anquetil). Et oui, il tournait aux amphétamines qu’il appelait poétiquement la Bomba.

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  5. Un mot sur le statut de Juste de Bartali, objet d’une longue polémique en Italie ces dernières années : est ce une histoire romancée après sa mort ou a-t-il directement contribué à sauver des Juifs ?
    Le doute est né de la faiblesse des preuves concrètes et de témoignages essentiellement oraux. Comment pourrait il en être autrement puisqu’il n’a jamais voulu en parler de son vivant et que le temps a emporté de nombreux témoins ? Ce qui accrédite l’héroïsme de
    Bartali, ce sont des sources prouvant qu’il était sous surveillance d’état dès 1937 et sa proximité avec le cardinal Dalla Costa, véritable héros de la résistance.

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    1. Rien de plus à ajouter. Nous avons les même infos. Il y a un podcast france inter sur le sujet avec un interview de Fabien Archambault. Pas de « preuve » factuelle. Chacun se fera son opinion.
      La querelle est politique car Bartali est le premier champion du camp chrétien. Il faut remonter au Risorgimento et la prise de Rome par les piémontais pour comprendre. L’Eglise est hostile à ce nouvel état qui spolie ses terres et ne le reconnait même pas. Le pape excommunie ceux qui prennent part à la vie publique italienne et menace ceux qui iraient voter. Il faut attendre 60 ans les accords de Latran avec Mussolini, pour que les deux camps se parlent et que les frontières du Vatican soient enfin définies officiellement. les chrétiens s’organisent politiquement sous le fascisme dès lors que celui-ci devient officiellement antisémite. Pie Xi sort l’Encyclique sur le genre humain pour contredire les thèses nazies / fascistes. Une partie de l’église entre en résistance, sauve des juifs, prend le maquis. En 1945, les chrétiens sont une alternative incontournable avec les communistes. Mais ils leur fallait un récit et surtout un champion. Ce champion était tout trouvé. De là à dire que tout a été inventé?

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      1. Combien de champions de l’entre-deux-guerres auront été magnifiés, leur mémoire triturée et instrumentalisée, à fins de roman national, de réconciliation vaille que vaille avec soi, avec son passé collectif..?

        Puisque tu l’évoques, Sindelar fut de ceux-là. Il n’est évidemment pas à blâmer : ce sont les spin-doctors qui le sont. Et à moindre mesure la crédulité des gens.

        De Bartali, à un moment et faute de mieux (un jour, qui sait?) : il faut pouvoir se contenter de traces non-écrites, de conjonctions d’éléments, accointances, attitudes.. ==> Tenté de rejoindre Verano.

        Pour le même prix : il pût passer pour un traître, Magni pour un patriote.. Comédies humaines.

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  6. « Le Belge Sylvère Maes, tenant du titre et maillot jaune jusqu’à la 16e étape, se retire de la course avec toute son équipe pour protester contre des irrégularités de course commises par les français et des agressions de la part du public. »

    Ah ouais quand même!
    T as des exemples?
    C est dingue non?

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    1. Copié collé d’un article qui décrit bien tout ça:

      Les chances de Lapébie de battre Sylvère Maës, vainqueur l’année précédente, son réelles. A Marseille il n’est qu’à 2’53 » de son rival belge au classement général. Au pied des Pyrénées il n’est plus qu’à 2’18 ». Mais l’équipe belge est très forte et écrase ses adversaires dans les étapes contre-la-montre par équipe où son hégémonie est presque totale. Et justement, cette année-là, Desgrange a prévu cinq demi-étapes contre la montre par équipe, 2 tiers d’étape contre la montre par équipe et un tiers d’étape contre-la-montre individuel. Dans l’intention de redonner du suspens à la course, le despote décide, en pleine épreuve, de supprimer le plus arbitrairement du monde à partir de Marseille les étapes contre-la-montre par équipes. Une seule sera conservée ainsi que l’épreuve contre-la-montre individuelle ! Vigoureuses protestations des Flamands ! Mais Desgrange reste imperturbable puisqu’il modifie le règlement comme il l’entend !

      LA FANTASTIQUE ETAPE LUCHON-PAU.

      Le Tour va se jouer dans la deuxième étape pyrénéenne entre Luchon et Pau, avec quatre cols au programme : Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque.
      Pendant une séance d’échauffement de l’équipe de France avant le départ sous la direction du très dynamique Jean Leulliot, Lapébie s’affale sur la route son guidon brisé entre les mains. Le champion est KO mais n’est pas blessé. Après examen du guidon on s’aperçoit qu’il a été scié. Les soupçons se portent sur un mécanicien belge de la firme ALCYON. C’est donc un coup des belges, bien que cela n’ait jamais été prouvé.
      La tension est à son comble. A la hâte, on remonte un guidon neuf sur la machine de Lapébie, mais sans porte-bidon. Comme le Français répugne à placer des bidons dans les poches de son maillot, il prend le départ sans rien à boire et il sait que le règlement lui interdit de s’approvisionner en boisson hors ravitaillement.
      Dès le départ Lapébie est attaqué en force par les Belges, démoralisé il perd du terrain. Au sommet d’Aspin il est à la dérive et a perdu plus de quatre minutes. il songe à abandonner malgré la sollicitude de Paul Choque son équipier. Après la descente d’Aspin, Lapébie attaque le Tourmalet à l’énergie. Il va mal et pense à nouveau à abandonner. Au sommet il a 6’47 » de retard. Mais il descend le Tourmalet à une vitesse vertigineuse. Au contrôle d’Argelès il n’a plus que 3’00 » de retard et au pied du petit col de Soulor, qui précède l’Aubisque, Sylvère Maës découragé est rejoint. Lapébie avec une volonté retrouvée passe en bonne position au sommet de l’Aubisque et arrive second épuisé et heureux à Pau derrière l’Espagnol Berrendero.
      C’est un retournement de situation sensationnel. Le Français n’est plus qu’à 1’33 » de Sylvère Maës. Mais pendant la journée de repos les commissaires décident de pénaliser Lapébie de 90 secondes pour ravitaillement illicite. On l’accuse également d’avoir été poussé dans le Tourmalet. La décision des juges provoque un tollé. Des partisans de Lapébie s’en prennent aux commissaires. Lapébie et toute l’équipe de France menacent d’abandonner. Ils n’en feront rien grâce aux exhortations de Desgrange. L’écart entre Sylvère Maës et Lapébie est de 3’03 » L’atmosphère est nauséabonde.

      L’ABANDON DES BELGES.

      Le lendemain, Sylvère Maës écope d’une pénaité de 15″ pour aide illicite. Pour comble de malheur un passage à niveau se ferme au mauvais moment.
      Lapébie profite de l’aubaine. A Bordeaux le Français arrive second derrière son coéquipier, Paul Choque, et empoche une bonification. Il n’est plus qu’à 25″ de Sylvère Maës. Le soir, les coureurs belges sont agressés par des supporters de Lapébie. C’est la goutte de bière qui fait déborder la chope ! Les belges menacent d’abandonner si la pénalité infligée à Maës n’est pas retirée. Elle ne le sera pas et les Belges prennent le train pour Paris, puis pour Bruxelles où ils seront accueillis par une foule en délire.

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