« Zombie no go go, unless you tell am to go. » Dans Zombie, ce puissant brûlot antimilitariste, Fela Kuti, le chantre de l’Afrobeat, dénonçait les agissements d’une armée nigeriane sans une once d’humanité qu’il comparaît à un gang de morts-vivants. Nous sommes en 1976 et le Nigeria vit déjà son troisième coup d’état depuis l’indépendance obtenue en 1961. Des généraux putschistes viennent de destituer Yakubu Gowon, le fossoyeur de l’expérience républicaine en 1966 et la guerre civile qui mît à feu et à sang la région sécessionniste du Biafra est encore dans toutes les mémoires. Le Nigeria a beau intégrer les pays de l’OPEP, l’accaparement des richesses par les chefs de guerre, la démographie incontrôlable et les inégalités ethniques et sociales ne font qu’accentuer les tensions entre les différentes communautés.
Née pendant la colonisation, sa sélection ne pèse pas lourd sur l’échiquier continental ni ne s’exporte. Subissant les remous politiques, elle brille surtout par son absence à la Coupe d’Afrique des Nations, soit par forfait, soit par éliminations précoces lors des qualifications et lorsque qu’elle se qualifie, elle prend rouste sur rouste. 6-2 face à l’Égypte, 4-0 face au Soudan, une unique expérience aux allures de déroute en 1963. Néanmoins, un vent nouveau semble souffler sur Lagos en cette année 1976. Le Nigeria prend sa revanche sur le Congo Brazzaville de M’Bono qui l’avait éliminé précédemment et retrouve 13 ans plus tard la CAN qui aura lieu en Ethiopie, tout en gagnant le droit de représenter l’Afrique aux futurs Jeux olympiques de Montréal. Une génération prometteuse pointe son nez, peuplée de joueurs talentueux aux surnoms les plus extravagants.
Je reviendrai à Montréal…
Caterpillar Emeteole, Blockbuster Atuegbu et le plus doué de tous, Haruna Ilerika, dit Master Dribbler. Ilerika, c’est peut-être la première idole footballistique de ce jeune pays. Remarqué lors de la Coupe des directeurs, un tournoi scolaire qui brasse une foule phénoménale à Lagos, Haruna combine vivacité, rapidité des pieds et contrôle élastique de la balle qui électrise les fans. Ce gaucher, au petit gabarit et au short souvent trop large, rejoint les Flaming Flamingoes du Stationery Stores, reconnus pour avoir le stade le plus incandescent. Les badauds affluent de partout pour voir ses prouesses et lui offrent régulièrement nourriture et électroménager tandis qu’Ebenezer Obey, un des maîtres du style Jùjú, musique de percussions yoruba, lui consacre une chanson où il implore Haruna d’avoir pitié de ses adversaires!
En 1972, l’année du décès de Thunder Balogun, qui fût un des pionniers africains en Angleterre et membre de la tournée anglaise de 1949, Ilerika incorpore la sélection face au Libéria, nettoie le linge des aînés comme le veut la coutume et remporte l’or aux Jeux Panafricains de 1973. A son retour, il est reçu par le dictateur Gowon. « Bravo les garçons. Vous avez fait honneur au pays. » Gowon disparaît aussitôt… Ce sera le seul remerciement que recevra jamais Ilerika de l’état nigérian.
L’arrivée en 1974 de Tihomir Jelisavčić, dit Dad Tiko, coach serbe, change les habitudes de la sélection. Diététique, planification des séquences d’entraînements, les résultats sont immédiats. Mais il est dit que la géopolitique ne serait jamais très loin des Green Eagles. Furieux de la continuation des affrontements entre All Blacks et Springboks malgré la politique d’apartheid, les pays africains exigent l’exclusion de la Nouvelle-Zélande des Jeux olympiques de Montréal. Le CIO faisant la sourde oreille, le Nigeria suit le mouvement africain de boycott de l’événement, à l’exception notable de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Haruna rejoint les rangs des déçus, John Akii-Bua l’Ougandais n’aura pas de seconde médaille d’or au 400 mètres haies.
En revanche, Ilerika ne ratera pas l’édition éthiopienne de la CAN. Accueilli avec faste, le groupe nigérian est discipliné et solidaire. Christian Chukwu impose sa hargne en défense tandis qu’Haruna, libre de ses mouvements et accompagné au milieu par le précieux Muda Lawal, offre caviar sur caviar à la paire Thompson Usiyan- Mohamed Baba Otu. Et ça marche ! A la surprise générale, le Zaïre, tenant du titre, est vaincu 4 à 2 et le Nigeria accède à la phase finale à Addis-Abeba.
Confrontés à la plus belle génération guinéenne de Papa Camara, les Green Eagles obtiennent un nul inespéré grâce à Muda Lawal mais sont défaits pour la seconde fois de l’édition par le futur vainqueur, le Maroc. Le dernier match face à l’Égypte n’a que peu d’importance mais Ilerika réalise un festival. Deux buts et un premier podium pour le pays, l’acclamation du public qui le porte jusqu’à la sortie du stade, sans oublier un collier en or et une demande en mariage de la fille d’un ministre éthiopien ! L’étoile de celui qui était le seul Kobo de la sélection, pâlit par la suite, entre blessures et armée d’adorateurs qui lui firent un peu perdre le sens des réalités. Il joue son dernier match en sélection quelques mois plus tard face à la Sierra Leone, à 27 ans seulement.
Le dernier roi d’Écosse
La nature ayant horreur du vide, le match face à la Sierra Leone d’Haruna coincide avec la première cape de celui qui le remplacera dans le coeur de tout un peuple, Segun Odegbami. Surnommé Mathematical par un commentateur radio pour la précision de ses dribbles et son diplôme d’ingénierie, Odegbami se fait remarquer en gagnant, avec le futur Shooting Stars, la Coupe des vainqueurs de coupe, premier trophée continental de club du pays. Mathematical, c’est un calme en toute circonstance, une aisance entre les lignes et un look à faire rugir de plaisir les aficionados de la Blaxploitation. Affublé de son célèbre numéro 7, il ne peut rien contre le but contre son camp de Godwin Odiye qui ouvre les portes du Mondial argentin à la bande de Tarak Dhiab. Le pays est brisé par le chagrin. The Chairman Chukwu n’a plus qu’une obsession, l’effacer…
L’édition 1978 de la CAN a lieu au Ghana. Le Nigeria s’impose face à la Haute-Volta sur un doublé de Mathematical, avant que Segun, toujours lui, ne climatise l’Accra Sports Stadium en ouvrant le score face à l’hôte de la compétition. Toutefois, la révélation du tournoi est l’équipe des Grues ougandaises. Menée par Phillip Omondi et principalement composée de policiers et militaires, elle évacue manu militari le tenant du titre marocain et profite des sautes de concentration nigériane pour accéder à la finale. Chukwu est furieux mais il reste une revanche à prendre sur la Tunisie pour la troisième place. Tout commence pourtant bien mal. Les Aigles de Carthage confisquent le ballon et ouvre le score dès la 19e minute par Muhammed Akid le moustachu. Baba Otu égalise avant la pause mais les Tunisiens se ruent sur l’arbitre togolais Théophile Lawson-Hétchéli pour contester la validité du but. Palabres vaines, les Tunisiens quittent la partie et seront exclus pour la CAN suivante !
Nouvelle médaille de bronze pour le Nigeria, une place identique qui récompensera Odegbami au Ballon d’Or africain. Quant à l’Ouganda, ravagée par la maladie, elle ne verra pas le jour en finale face au Ghana de Karim Abdul Razak, le futur joueur du Cosmos. L’accueil des valeureux vaincus sera glacial à Kampala. La sanguinaire et paranoïaque Amin Dada, sentant son pouvoir menacé intérieurement, envahit la Tanzanie voisine. Mauvais choix… La réplique sera sanglante, l’homme au plus de 500 000 disparus s’exile chez son ami Kadhafi.
La leçon d’Otto
Il a manqué si peu de chose à Otto Glória pour atteindre le sommet. Un peu de temps avec le Benfica de Coluna et José Águas, un peu impartialité avec le Portugal en 1966… Bien qu’en fin de carrière, le retrouver à 63 ans à la tête du Nigeria est malgré tout surprenant. Prenant la suite de Dad Tiko, Glória est un saut qualitatif indéniable dans la préparation des Green Eagles. Travail acharné, répétition, orientation tactique privilégiant la virtuosité, la patience et ses passes courtes à l’antique conception du football héritée de la colonisation, basée sur un bon kick and rush des familles. Un style samba qui correspond mieux aux qualités nigerianes, comme le soulignera Odegbami.
1980 doit permettre au Nigeria d’enfin jouer les Jeux olympiques à Moscou mais une seule chose compte, la CAN organisée à domicile. Le groupe joue ensemble depuis un bail, Emmanuel Okala perd progressivement sa place dans les cages au profit de Best Ogedegbe tandis que Félix Owolabi libère Muda Lawal des tâches ingrates au milieu.
Le Nigeria bat la Tanzanie et de l’Égypte au premier tour et a besoin d’un raid solitaire de Félix Owolabi pour se défaire du Maroc de Zaki, Bouderbala et Timoumi en demi-finale. L’Algerie de Belloumi et Fergani qui vient d’éliminer aux tirs au but l’Egypte l’attend en finale. Deux novices à ce stade de la compétition mais un seul titre…
La veille du match, un cortège d’officiels viennnent polluer la concentration des joueurs avant que Glória ne leurs demande diplomatiquement de partir. Chukwu et Odegbami errent sans pouvoir trouver le sommeil quand ils passent devant la fenêtre éclairée de Glória. Intrigués par ces flèches décrivant le mouvement des adversaires, Otto invite ses cadres dans la chambre et leurs administre selon Mathematical la plus belle leçon de football qu’il ait jamais reçu. Le vieux sage brésilien a tout prévu. « Allez boire un coup, les gars. Ça vous fera du bien… » Rassurés par la génie de leur coach, les deux s’exécutent, Segun se sentant désormais « en feu, mais aussi serein qu’un concombre. »
L’entrée respective des capitaines dans le stade pour la finale est assez significative. A la mine grave d’Ali Fergani répond le sourire satisfait de Chukwu. C’est leur moment, aucun doute. Incapables de répondre au positionnement insolite de Lawal en tant qu’avant-centre, les Algériens se noient sous la pression d’une foule en délire. Odegbami, roi des rebonds, a déjà planté un doublé en première période, avant Muda Lawal, le meilleur joueur de la compétition, profite d’une défense algérienne apathique pour définitivement sceller la partie. Un 3 à 0 net et sans bavure. The Chairman Chukwu soulève avec fierté le trophée dans le ciel de Lagos, les joueurs reçoivent les voitures et maisons promises par le président Shagari.
Le Nigeria n’a quasiment plus quitté l’élite du foot africain depuis ce sacre, se permettant de jouer les trouble-fêtes lors des grands rendez-vous mondiaux des années 1990. Bien que vivant sous république depuis 1999, sa situation politique demeure chaotique. Entre bandits contrôlant des régions entières, extrémistes religieux et état corrompu jusqu’à la moelle. Triste constat pour ce pays de 220 millions d’habitants… Quant à Fela Kuti, il découvrira que l’on ne peut décemment pas critiquer le pouvoir militaire sans en subir les conséquences. Peu après la sortie de son album phare, il recevra la visite de bidasses qui raseront sa maison, le tabasseront à mort et défenestreront sa mère. Elle avait 78 ans. Zombie o, zombie…
Aussi serein qu’un concombre, lol..
Merci pour cet article, Khiadia : je ne m’étais jamais demandé par quels biais s’était développé le football nigérian.
Fela Kuti, c’est tout bon ça, bien nerveux comme il faut. Davantage ma came que la rumba congolaise, dont il est vrai je n’ai guère connu que les avatars récents.
Elle vous a plu cette expression. J’ai bien fait de la mettre. Hehe
J’ai beaucoup écouté Fela Kuti, qui est un sacré personnage. Je connais moins l’œuvre de son fils Femi. Femi disait que son père adorait le jeu du Ghana.
aah Femi Kuti c’est vraiment bien! J te conseille Shoki Shoki album de 98 que j’adore. Un peu plus standardisé que son papa (durée des titres, construction etc…) mais ça bouge et c’est super ambiance. Grande famille de zikos.
Dans la famille c’est Seun Kuti que je n’ai jamais écouté.
Tiens j y vais de ce pas…
Tu parlais récemment d’Albert Johanneson
récemment, en disant qu’il y avait des prédécesseurs africains dans le foot anglais. Teslim Balogun, que l’on voit deux fois en photo dans l’article, en fait parti. Aux QPR dans les années 50.
J’ai Steve Mokone en tête depuis le début du site. J’ai les infos mais faut que je me lance…
Il est quand même étonnant que les britanniques n’aient pas puisé plus que ça dans leurs colonies. Au contraire de la France par exemple.
C’est un mot que j’entends et lis à toutes les sauces, qui les 3/4 du temps me fait bondir..mais pour ce qui fut du très (post-)victorien football anglais, il n’y a guère à hésiter : racisme institutionnel.
Ce n’était pas la France universaliste, les hautes-sphères du foot anglais étaient hyper-conservatrices et suprémacistes, d’ailleurs même les joueurs irlandais et cathos en firent longtemps les frais. Et puis, il n’y a qu’à voir le positionnement de l’exécutant de haut-vol Stanley Rous sur l’apartheid……
Au final, c’est assez amusant que des clubs aussi méprisés que QPR et, surtout, Leeds (eux, c’est tout bonnement le mouton noir) aient précisément été des pionniers en la matière. 20, 30 ans plus tard : leur progressisme (Leeds, c’est incontestable et à tous égards) eut davantage eu la cote, quoique pas forcément depuis de nobles motivations.
Le premier club qui parvint peut-être, et vaille que vaille, à faire accepter ses joueurs noirs dut être le WBA des 70’s.
Magnifique Khia bravo
Bon ça, un article bel un dimanche matin. Je ne regarderai plus jamais un concombre du même oeil.
Des jeunes joueurs d’origine nigeriane, on en a quelques uns en Autriche. Et vu les blases de certains, je comprends pourquoi les commentateurs aiment les surnoms.
Dans le sport américain, on commence à voir de plus en plus de sportifs aux patronymes africains. Et la plupart sont d’origine nigériane. Oladipo, Adebayo, Okafor, Okorie au basket. Énormément de mecs en foot us.
Ça me fait penser que j’ai vu passer chez les u15 autrichiens le fils de Benedict Akwuegbu et neveu d’Emmanuel, tous deux passés par Lens.
Ça file un coup de vieux de ces sélections de jeunes.
Il y a des communautés nigérianes aux USA (je connais l’existence de celles des régions de Dallas et d’Atlanta, peut-être y en a-t-il d’autres) depuis 50 ans et la première vague de réfugiés du Biafra. Assez logique, somme toute, de les voir suivre le chemin de l’intégration jusque dans les sports US traditionnels.
Sur le Nigeria je vous recommande de lire les romans de Chimamanda Ngozi Adichie. Bon, ça ne parle pas de foot mais ça complète un peu cet article.
Renforcement de convictions déjà acquises ou connaissance de l’ennemi idéologique, suivant la personnalité du lecteur face à un contenu nettement marqué à gauche, l’œuvre mérite le détour de toute façon.
La version anglaise est fort bien écrite aussi.
Ca me rappelle une nouvelle (un reportage? – son genre est un peu hybride) du grand reporter polonais Ryszard Kapuscinski, extrait de son chef-d’oeuvre Ebene, mais pas moyen de vous en proposer un lien en français.. A défaut le voici donc en anglais, My alleyway : https://www.newyorker.com/magazine/2001/03/26/city-of-nomads
Ce fut ma porte d’entrée en Afrique noire, et ce qu’il y relata était toujours raccord avec ce que qu’y ressentais, expérimentais.. Je me permets donc de recommander (la traduction en français est superbe).
Pour rester dans la musique, une chanson de Ebenezer Obey, que je ne connaissais pas avant de faire le texte. Une star de l’époque si j’ai bien compris.
https://youtu.be/iG7SnFmt84c
Une anecdote sur Otto Gloria au Nigeria que je n’ai pas mise dans le texte et qui concerne John Fashanu, un des meneurs du Crazy Gang de Wimbledon.
John Fashanu, né en Angleterre mais d’origine nigériane, est repéré par la fédération nigériane et convoqué par les Green Eagles à Lagos. C’est la première fois qu’il vient au Nigeria. Les entraînements se passent bien mais Gloria lui explique que s’il veut jouer, il doit filer un bakchich. Alors, c’était pas très clair. Je ne sais pas si c’est pour les poches de Gloria ou d’officiels mais John Fashanu a refusé et n’a donc jamais joué avec le Nigeria. C’était vraiment au début de sa carrière, debut 80, avant qu’il explose les adversaires avec Wimbledon.
John Fashanu, c’est quand même un sacré loustic. Peut-être le mec le plus dur du Crazy Gang donc je ne sais si on peut se fier à ce qu’il raconte. Meme si ça ne serait pas si étonnant.
Joueur décrié pour toutes sortes de (probablement bonnes) raisons, mais aussi voire surtout le genre de joueur qu’il valait mieux avoir dans son équipe : joueur plus abouti qu’on ne voulut faire croire, et aussi impactant qu’intimidant.
Je pense qu’il était le plus dur du groupe Wimbledon, bien plus frontal qu’un Vinnie Jones par exemple.
Faut-il préciser que j’adore ? Mister Khia est au top.
Et puisque tu me tends la perche en évoquant Omondi…
1978. C’est bientôt la fin de l’ère Idi Amin Dada, terrifiant fossoyeur de son pays. Le documentaire de Barbet Schroeder que tu évoques permet de mesurer la grotesque et inquiétante extravagance de ce colosse, ancien boxeur, autoproclamé Général. Comme dans toute dictature, le sport est au service de la stabilité intérieure et des ambitions personnelles d’Amin Dada dans cette Afrique post-coloniale de laquelle émergent des dirigeants caricaturaux, Mobutu donc, mais aussi Kadhafi, Bokassa…
Les joueurs de l’époque sont employés par des clubs émanation des administrations ou des sociétés nationalisées par Milton Obote, le père de l’indépendance, déposé en 1971 par Amin Dada. Ils ont un statut privilégié et témoignent du soutien du dictateur, de ses conseils sur la manière de tacler ou se préparer physiquement. De sa générosité également. Après avoir gagné la coupe CECAFA 1976 (coupe des pays d’Afrique de l’Est et Centrale), il offre à chaque joueur plusieurs milliers de dollars et un séjour en Libye chez son ami Kadhafi. La coupe CECAFA, c’est une affaire de suprématie régionale pour Amin Dada, l’occasion de démontrer la puissance de l’Ouganda face à la Tanzanie et son président, Julius Nyerere, qu’il passe son temps à provoquer, ennemi intime qui le fait tomber en 1979 après huit longues années de bouffonnerie et de terreur.
Mais revenons à 1978, année où se joue la CAN. Pour rejoindre le Ghana, l’Ouganda bénéficie justement du forfait de la Tanzanie en raison des tensions frontalières puis écarte l’Ethiopie. En phase finale, l’Ouganda doit affronter la Tunisie, qualifiée pour la coupe du monde en Argentine, le Maroc, tenant du titre, le Congo de François M’Pelé, alors au PSG. Seul pays anglophone du groupe, petit poucet, the Cranes (les Grues) bénéficient du soutien des spectateurs ghanéens et terminent premiers de leur groupe. En demi-finale, le Nigéria tombe à son tour, Omondi inscrivant un but de légende selon les observateurs présents. Le Ghana du futur ballon d’or africain Abdul Razak s’impose en finale mais pour Idi Amin Dada, ses footballeurs sont des héros. Il les reçoit dans son palais présidentiel de Kampala, les récompense grassement en dollars et en promotions dans les administrations qu’ils représentent à travers leurs clubs.
Deux hommes en particulier sortent du lot : le charismatique coach Peter Okee et l’attaquant Phillip Omondi, meilleur buteur de la CAN. Omondi est un miraculé, il a été donné pour mort deux ans plus tôt à la suite d’un choc avec un gardien. Opéré du pancréas à Kampala puis en Angleterre, il s’en sort et est aujourd’hui considéré comme le plus grand joueur ougandais de l’histoire. Abedi Pelé a douze ans quand il assiste à la finale 1978 depuis les tribunes du Sports Stadium d’Accra et il est apparemment subjugué par Omondi.
La suite est plus sombre pour les héros de la CAN. La chute d’Amin Dada et son exil en 1979 obligent certains membres de l’équipe nationale à fuir le pays pour éviter les représailles. C’est le cas d’Omondi qui rejoint les Émirats Arabes Unis. D’autres n’ont pas cette chance : deux joueurs ayant participé à la CAN et appartenant au club de l’armée sont tués.
Le football ougandais retombe dans l’anonymat pour de longues années malgré le retour au pays d’Omondi en 1983. Le grand sélectionneur Peter Okee décède dans le plus grand dénuement en 1998, Phillip Omondi le rejoint en 1999, rongé par l’alcool et la tuberculose à 42 ans.
Merci Verano! J’ajoute qu’Amin Dada était un colosse et champion du pays des poids lourds en boxe.
Ça m’a fait sourire quand tu as parlé de Gloria sur l’article sur Bahia récemment. C’était sa semaine!
Gloria et don physique de chanteur d’opérette !
Et pour rester dans la boxe, l’Ouganda de l’époque a sorti de superbes champions. Cornelius Boza Edwards qui fût champion du monde en super-plume et surtout un des mes préférés, le terrible John Mugabi. Mugabi, surnommé The Beast, c’est un des combats les plus difficiles de Marvin Hagler. Et c’est lui qui prend le titre mondial à Rene Jacquot.
Mugabi dans ses oeuvres
https://youtu.be/lQqu4NeCGZQ
Et le fameux combat face à Hagler. Il a eu chaud Marvelous!
https://youtu.be/yxuDdkFG-LM
Images de la Finale de la CAN 1980 quand même!
https://youtu.be/I7tHh-pqwBg
Merci.
C’est tout ?
Tu nous as habitué à plus d’exubérances.
En tout cas, je te veux au premier rang le 30. Tu vas bouffer de la poussière et du sépia, à ne plus savoir qu’en faire !
Quand on a bien mangé on a plus trop envie de jacter normalement donc on dit merci et puis c’est tout
Il se passe quoi le 30?
Putainnnnnn
On m’dit jamais rien à moi
Le 30, tu vas suer sang et eau.
Et le 1er, tu vas découvrir une nouvelle facette de Verano. Tu seras encore plus surpris que la dernière fois…
Allez l’autre il me fait des mystères
Suer sang et eau?
Bah allez bien vous sucer les genoux
Je suis pas venu ici pour souffrir okeyyy?
Et arrêtez de jouer avec Verano vous allez le casser
Ça va finir qu’il va nous pondre des articles cote et match avec des commentaires de Mario pour nous expliquer que les cotes devraient être différentes selon la provenance de la viande
Teasing…
Lors du raid sur « Kalakuta Republic » en février 1977, un vaste domaine auto-proclamé indépendant, acheté par Fela et y vivant avec ses 50 concubines, l’armée brûlera tous les studios d’enregistrement, les fringues, et même quelques albums inédits de Fela. Sa mère, une brave institutrice est jetée de la fenêtre du 2e étage. Les journalistes sont empêchés de filmer et les secours d’emmener les blessés à l’hôpital.
Fela ne sera que blessé à la jambe et au dos. Il mourra beaucoup plus tard en 1997 du SIDA.
Merci Lindo. Sacré personnage ce Fela. Il s’exile au Ghana par la suite, il me semble.
Oui après cette descente policière musclée, et pour se faire oublier, il s’exile 6 mois au Ghana où il était déjà une légende, sauf que lors d’une manifestation étudiante à Accra, la foule a commencé à scander les paroles de « Zombie » tournant en dérision, la flicaille locale : le Zombie c’est le petit policier, gendarme de base qui ne fait qu’appliquer les consignes de ses supérieurs sans réfléchir : tourne à droite, tourne à gauche…
Zombie no go go unless you tell am to go (Zombie)
Zombie no go stop unless you tell am to stop (Zombie)
Zombie no go turn unless you tell am to turn (Zombie)
Zombie no go think unless you tell am to think (Zombie)
Les autorités ghanéennes (junte militaire dirigée par Ignatius Kutu Acheampong) n’ont pas du tout apprécié cette pantalonnade et l’ont expulsé chez lui à Lagos.
Un groupe chilien qui chante de l’Afrobeat :
https://www.youtube.com/watch?v=mFSRCG4DrmI