Aujourd’hui, 20 juin, c’est la journée internationale des réfugiés. En ce premier quart du XXIe siècle, le mot évoque surtout d’épouvantables guerres civiles quelque part dans le désert ou des rafiots surchargés sur les rivages de la Méditerranée. Pour les historiens du football, c’est plutôt du siècle précédent qu’il s’agit : celui de la guerre froide avec ses taupes, ses agents doubles, ses lettres du Kremlin, ses parapluies bulgares, ses échanges d’espions à l’aube sur un pont berlinois, et tout le toutim. De 1948, date à laquelle Winston Churchill déclare qu’”un rideau de fer est descendu sur le continent” (août 1961 pour les Allemands de l’Est qui pouvaient passer librement en RFA avant la construction du Mur de Berlin), jusqu’à 1990, des footballeurs aussi ont tenté le grand saut, parfois avec succès mais pas toujours. En leur hommage, P2F vous propose l’équipe des transfuges, le XI qui venait du froid.
Gardien de but : Jürgen Pahl (RDA, 1976)
Né en 1956, le talentueux espoir du Chemie Halle (aujourd’hui Hallescher FC) s’impose dès 1975 en équipe de RDA U21 et paraît destiné à prendre à terme la succession du légendaire Jürgen Croy en équipe A. Il n’a pas de désaccord profond avec le socialisme, mais l’attrait de l’argent des professionnels de l’Ouest est irrésistible. L’occasion se présente en novembre 1976 à la veille d’un Turquie-RDA U21 à Bursa : la rencontre fortuite à l’hôtel d’un Américain qui alerte immédiatement son ambassade, une éclipse discrète lors d’une sortie de l’équipe au bazar, quelques heures de route jusqu’à Istanbul, et la première défection d’un footballeur est-allemand est chose faite. Après la suspension de 14 mois d’usage à l’époque, Pahl signe à l’Eintracht Francfort. Il s’impose comme titulaire en 1979, remporte la Coupe de l’UEFA en 1980 et la Coupe de RFA en 1981, quitte le club en 1987 après 152 matchs de Bundesliga et termine sa carrière à Rizespor, en Turquie, en 1989. Après un retour dans sa région natale à la réunification et quelques années à diriger une société de fabrication de fenêtres, il est installé depuis 1995 au Paraguay où personne n’est depuis venu lui chercher noise.
Latéral droit : Rolf Starost (RDA, 1961)
Avec un nom pareil, ce défenseur à l’ancienne qui pouvait jouer indifféremment à droite ou dans l’axe semblait promis à devenir une star de l’Est en Allemagne. Né en 1942, il est formé au SC Dynamo Berlin, ancêtre du BFC Dynamo mais déjà émanation de la Stasi. Il intègre l’équipe nationale U18 en 1959 puis l’équipe première du Dynamo au printemps 1961. Ce n’est pas l’attrait des salaires d’un professionnalisme ouest-allemand qui n’existe pas encore qui va dicter la suite, mais bien un choix personnel. Le 13 août 1961, le Dynamo joue un match amical de présaison à Copenhague. Cette nuit-là, la RDA a fermé ses frontières et construit le Mur en quelques heures. Au mot “Berlin” qui revient sans arrêt dans la foule, Starost a compris : il s’éclipse discrètement, file au commissariat le plus proche, et demande l’asile politique. Il n’ira pas plus loin sur les sentiers de la gloire : après une saison sans convaincre au Viktoria Cologne en 1962-1963, il disparaîtra définitivement du football de haut niveau et passera le reste de sa carrière à jouer et entraîner dans les divisions inférieures. Alors, qui de lui ou Pahl est le premier vrai défecteur est-allemand ? Pour la presse et les archives, c’est Pahl. Pour P2F, match nul : Starost à la lettre, Pahl dans l’esprit.
Défenseur central : Alexandru Sătmăreanu / Alexander Szatmari (Roumanie, 1979)
Le melting pot façon Pacte de Varsovie. Né en 1952 d’un père hongrois et d’une mère allemande à Oradea, du côté roumain de la frontière, le jeune Alexander Szatmari voit son nom converti d’office en Alexandru Sătmăreanu. À 17 ans, il est déjà titulaire à droite de la défense du Crișul Oradea et tape dans l’œil du Dinamo Bucarest où il passe en défense centrale. La voie royale : pas de service militaire, des études à l’université, trois titres de champion et 30 sélections en équipe nationale. Il espère un desserrement “à la yougoslave” des transferts à l’étranger, mais celui-ci n’aura pas lieu après l’échec en éliminatoires de la Coupe du monde 1978 ; il faudra faire soi-même. Lors d’un déplacement à Francfort en Coupe de l’UEFA en novembre 1979, Szatmari fausse compagnie à l’équipe pendant une promenade en ville et file au commissariat faire valoir sa nationalité ouest-allemande. Après la suspension usuelle d’un an qui le prive d’un contrat au Bayern, il signe en 1981 au VfB Stuttgart où il ne s’impose pas vraiment (32 matchs en deux saisons), puis aux Fort Lauderdale Strikers aux USA et au FSV Salmrohr (D3 ouest-allemande) où il termine sa carrière en 1985. La suite est mouvementée elle aussi : entraîneur puis président de l’Eintracht Trier (D3), fondateur d’une entreprise de travail du bois en Hongrie, enfin président du Bihor Oradea, héritier de son club formateur, où il est accusé de malversations financières dont il sera acquitté. Il n’a aujourd’hui plus de lien avec le monde du football et coule une retraite tranquille après une vie bien remplie.
Défenseur central : Miodrag Belodedici (Roumanie, 1988)
C’est l’histoire d’un jeune Roumain dont les origines serbes ont fait un fan absolu de l’Etoile rouge de Belgrade, le premier joueur à avoir remporté la Coupe des Clubs Champions avec deux clubs différents. Né en 1964 à Socol, près de la frontière yougoslave, Belodedici se distingue très vite en défense centrale. À 18 ans, il est recruté par le Steaua Bucarest où il remporte quatre titres de champion, trois Coupes de Roumanie, et surtout la Coupe des Clubs Champions en 1986 (la première d’un pays de l’Est). Désabusé par le traitement réservé aux joueurs après le titre européen, il décide tout simplement de partir jouer pour son club de cœur. En décembre 1988, il franchit la frontière avec un passeport obtenu de Valentin Ceaușescu (fils de) sous un prétexte, puis exfiltre sa femme et sa sœur le même jour. La révolution l’année suivante empêchera la Securitate de venir lui faire des ennuis. Après un an de suspension, Belodedici peut enfin revêtir le maillot de l’Étoile rouge avec laquelle il remporte trois championnats, une Coupe, et une seconde Coupe des Champions à Bari face à l’OM. La guerre civile le pousse à quitter la Yougoslavie pour l’Espagne, puis le Mexique, avant de boucler la boucle au Steaua où il achève sa carrière de joueur en 2001. Depuis, Belodedici travaille à la Fédération roumaine où il coordonne les équipes nationales de jeunes. Avec les Tricolorii, il aura connu 55 sélections, d’abord avant sa défection puis surtout en 1994 avec la Coupe du monde et le tir au but décisif manqué contre la Suède en quart de finale.
Latéral gauche : Dirk Schlegel (RDA, 1983)
Ce Berlinois pur jus né en 1961, deux mois avant la construction du Mur, est assez naturellement repéré par le BFC Dynamo dont il intègre l’équipe première à 17 ans. Mais il a une tante en Angleterre qui pourrait favoriser sa défection : on lui fait vite comprendre qu’il sera toujours suspect aux yeux de la Stasi. Et puis, avec la TV ouest-allemande qui arrose généreusement le territoire de l’Est, les salaires en Bundesliga sont impossibles à ignorer. Le vase déborde en novembre 1983 avant un match de Coupe d’Europe à Belgrade. Une visite en groupe dans un magasin de disques, une sortie de secours à l’abri des regards, un taxi pour l’ambassade de RFA, une exfiltration compliquée via Zagreb et Ljubljana, et voilà Schlegel au Bayer Leverkusen après les 12 mois usuels de suspension. La Stasi le gardera ostensiblement à l’œil, ainsi que ses parents en RDA, sans l’inquiéter davantage. Il restera un an au Bayer sans s’imposer, ne réussira pas mieux à Stuttgart, et atterrira au Blau-Weiß Berlin (D1 puis D2) où il passera quatre saisons et finira sa carrière pro en 1990, à 29 ans seulement. Il jouera en amateurs jusqu’en 1998 puis entraînera les U19 et la réserve du Hertha Berlin, quittera le banc en 2008 pour devenir agent de joueurs, et dirige depuis 2018 la cellule de détection des jeunes au Holstein Kiel, en 2. Bundesliga.
Milieu récupérateur : Norbert Nachtweih (RDA, 1977)
Comme son coéquipier Jürgen Pahl, ce milieu défensif bourré de talent, né en 1957, s’impose en équipe première du Chemie Halle dès 1974 et en équipe de RDA U21 dès 1975. Comme lui, il croit aux deutsche Mark des pros de l’Ouest plus qu’au marxisme-léninisme. Avec lui, il prend la poudre d’escampette lors d’un Turquie-RFA U21 en 1976 et atterrit à l’Eintracht Francfort après 14 mois de suspension. Des deux, c’est Nachtweih qui fera la meilleure carrière : une C3 en 1980 et une Coupe de RFA en 1981 avec l’Eintracht, un transfert au Bayern en 1982, quatre titres de champion et deux nouvelles Coupes de RFA avant de signer en 1989 à l’AS Cannes où il côtoiera un tout jeune Zinédine Zidane, puis le Waldhof Mannheim en 1991 jusqu’à la retraite sportive en 1996. Seules ses sélections en match U21 officiel avec la RDA le priveront d’une carrière internationale avec la Mannschaft. On le verra par la suite sur le banc du FK Pirmasens en D3, puis à l’encadrement d’équipes de jeunes de l’Eintracht Francfort jusqu’à une retraite tranquille dans la région.
Meneur de jeu : Ferenc Puskas (Hongrie, 1956)
Que peut-on encore écrire sur Puskas ? Quelque chose qui soit drôle, subtil, intelligent, original ? Quelque chose de différent ? Faut-il s’y livrer ? Ou bien faut-il se contenter de ressasser ce que même Wikipédia est capable d’enseigner ? Maître à jouer de deux des équipes les plus mythologiques de l’histoire du football, le Onze d’or et le Honved, Puskas rejoint l’Ouest en 1956. Quand les chars soviétiques déferlent sur Budapest, il est déjà de l’autre côté du rideau de fer avec les Guttmann, Czibor, ou autres Kocsis, en train de préparer un match de Coupe d’Europe contre l’Athletic Bilbao. Il décide de ne pas rentrer, part en tournée avec ses compères en Italie et au Brésil avant d’être suspendu 18 mois par la FIFA pour “désertion” puisqu’il est commandant dans l’armée hongroise. Il retrouve alors sa famille à Vienne, s’ennuie dans un camp de réfugiés où il picole et engraisse. Disparu des radars, la presse occidentale le donne même – un temps – pour mort. Mais c’est pour qu’il ressuscite mieux, en 1958, du côté de Madrid, où il est d’abord accueilli avec circonspection, à 31 ans et avec 12 kilos en trop. Les détracteurs se taisent vite : le major bedonnant redevient le Major Galopant et écrit les plus belles pages de la Casa Blanca jusqu’en 1966. Après le terrain, il entraîne un peu partout dans le monde jusqu’en 1993, sans grand succès si ce n’est une finale de C1 avec Panathinaïkos en 1971. Entretemps, il est revenu s’installer à Budapest où il décède d’une pneumonie en 2006. De tous les joueurs de ce XI des transfuges, il est le seul à avoir eu droit à des funérailles nationales.
Milieu offensif : Istvan Sztani (Hongrie, 1956)
« En 24 heures j’ai revu mon père, inscrit deux buts, retrouvé la femme de ma vie… et j’ai même remporté le championnat d’Allemagne. C’est le destin ! » Ainsi parle ce milieu offensif de grande classe, pressenti comme l’héritier de Puskas à 19 ans seulement au moment du soulèvement de 1956. Il est alors en Angleterre avec l’équipe de Hongrie et se réfugie à Francfort via la Suisse. Après l’année usuelle de suspension, il devient aussitôt la star incontestée de l’Eintracht qu’il conduit à son premier (et seul à ce jour) titre de champion en 1959. La veille du match décisif, durant lequel il inscrira deux buts, surprise : son père est présent à l’entraînement – accompagné d’un “diplomate” qui tente en vain de le convaincre de rentrer au pays. 24 heures plus tard, trophée en main, il retrouve Brigitte, rencontrée deux mois plus tôt à Berlin et aussitôt perdue de vue, avec qui il vit aujourd’hui encore dans les faubourgs cossus de Francfort. Pour raisons financières, Sztani signe au Standard de Liège où il observe une nouvelle suspension d’un an en tant que joueur étranger professionnel. Il est la star incontestée du championnat de Belgique jusqu’en 1965, deux fois champion, deux fois deuxième, et deux fois meilleur joueur (officieux) de la saison. Il retourne ensuite à Francfort sans succès (21 matchs en trois saisons) et repart en Belgique en 1969 comme entraîneur-joueur, à La Gantoise puis à Tournai où il termine sa carrière de joueur en 1974. On verra ce passionné du ballon sur les bancs de D3 et D4 allemande jusqu’en 1980, puis auprès d’équipes de jeunes jusqu’en 2015, à plus de 75 ans. La Hongrie n’a jamais été le plus féroce des régimes communistes et aucune vengeance officielle ne sera venue le poursuivre.
Ailier droit : Laszlo Kubala (Hongrie, 1949)
Quand l’URSS occupe la Hongrie en 1949, László Kubala, à 22 ans, a déjà vécu mille vies. Né à Budapest dans une famille aux origines diverses, le brillant attaquant a joué pour la Tchécoslovaquie et la Hongrie, passant d’un pays à un autre pour éviter le service militaire. Pas enchanté par les nouveaux maîtres, Kubala s’enfuit, caché à l’arrière d’un camion, traverse l’Autriche occupée par les Alliés, et débarque en Italie où joue brièvement pour Pro Patria. Accusé de désertion par la fédération hongroise, il est suspendu un an par la FIFA et forme sa propre équipe, Hungaria, composée de réfugiés comme lui. L’entraîneur n’est autre que Ferdinand Daučík, son beau-frère. Quand Hungaria effectue une tournée en Espagne, Kubala est repéré en même temps par le Real et par Josep Samitier, le légendaire recruteur du Barça. C’est ce dernier qui remporte la mise en ayant l’idée habile d’engager aussi Daučík. Kubala joue son premier match pour les Blaugranas en 1951 : ainsi débute l’histoire du plus grand joueur culé jusqu’à l’éclosion d’un certain Messi… Il quitte le Camp Nou en 1963 pour un rôle d’entraîneur-joueur “en face”, à l’Español comme on l’écrit encore, puis au FC Zürich où il raccroche les crampons en 1967. On le verra encore sur les bancs du monde entier pendant près de 30 ans, dont 11 comme sélectionneur de la Roja (entre autres au Mundial 1978 et à l’Euro 80), avant la retraite et une fin tranquille à Barcelone en 2002.
Avant-centre : Sandor Kocsis (Hongrie, 1956)
« Tête d’or » : tout est dit sur les qualités de Kocsis. Il n’était pas spécialement grand mais son sens du placement, sa détente, sa faculté à donner force et précision à ses coups de boule en firent un maître des cieux. Meilleur buteur de la Coupe du monde 1954 (11 buts), Kocsis est un élément essentiel du quintette offensif hongrois. Défait par les Allemands de l’Ouest au Wankdorf de Berne, il connaîtra une nouvelle désillusion dans ce même stade sept ans plus tard, avec le FC Barcelone cette fois. Car Kocsis est passé à l’Ouest, en Espagne où Franco se montre accueillant avec les talentueux réfugiés hongrois. Déjà à l’Ouest au moment où l’insurrection de 1956 est écrasée dans le sang, « Tête d’or » choisit de ne pas rentrer avec son club du Honved. Et c’est en Catalogne, ayant purgé sa suspension réglementaire, qu’il trouve à exprimer ses formidables aptitudes. Brisant deux fois la domination nationale du Real Madrid, le Barça de Kocsis est celui qui met fin à l’hégémonie européenne des Merengues en huitièmes de C1 1961-1962. Mais en finale, le Benfica est le plus fort : 3-2, comme sept ans plus tôt. Qui a dit maudit ? À sa retraite de joueur en 1966, Kocsis ouvre un restaurant à Barcelone appelé Tête d’or, en français dans le texte, et se lance en parallèle dans une carrière d’entraîneur. Une leucémie doublée d’un cancer de l’estomac y met une fin prématurée. En juillet 1979, peu avant son cinquantième anniversaire, il tombe de la fenêtre du quatrième étage de l’hôpital où il était soigné. Suicide ou accident ? On ne le saura jamais.
Ailier gauche : Zoltan Czibor (Hongrie, 1956)
Hidegkuti en avant-centre reculé, Kocsis et Puskas dans les intérieurs, Budai à l’aile droite et Czibor à l’aile gauche. Ainsi s’avançait la ligne offensive du Onze d’or. Ailier volontiers buteur, « la Flèche » Czibor était aussi membre du Honved, le tout-puissant club de l’armée hongroise. L’histoire de sa défection est connue, puisque c’est la même que celle de Puskas, de Kocsis, et de l’entraîneur Béla Guttmann : match aller de C1 à Bilbao en novembre 1956, tournée en Italie, match retour à Bruxelles en décembre, tournée au Brésil, refus de rentrer en Hongrie. Les transfuges font chacun leur chemin et Czibor se fixe brièvement à Rome où le grand Sarosi entraîne la Roma. Le début d’une idylle ? Non. Il y a la suspension de 18 mois et, surtout, les sirènes de l’Espagne. Du FC Barcelone, plus précisément, où Kubala – naturalisé espagnol et figure de proue du franquisme – bat le rappel de ses ex-compatriotes. Kocsis, Evaristo, Kubala, Suarez, cela ne suffit pas : il faut un ailier gauche. Ce sera Czibor qui pose ses valises en Catalogne, glane deux Ligas et une Coupe des villes de foire (ancêtre de la C3), puis s’en va au Wankdorf de Berne jouer une finale pour la deuxième fois et perd celle-là aussi, comme Kocsis. De tous les membres de ce XI des transfuges, il est le seul à retourner s’installer derrière le rideau de fer, à la fin de sa carrière de joueur en 1965. Il mènera une vie tranquille dans sa Hongrie natale, sans être inquiété par les autorités, jusqu’à sa mort en 1997, à 68 ans.
Supersub : Marcel Raducanu (Roumanie, 1981)
Ce magicien du dribble, insaisissable mélange de 8 et de 7, est au sommet de sa gloire dans sa Roumanie natale quand il passe à l’Ouest en 1981, à 27 ans déjà, à l’occasion d’une tournée en Allemagne. Il fera une belle carrière en Bundesliga sans être inquiété par la Securitate et dirige encore de nos jours une académie de football à Dortmund.
Entraîneur : Jörg Berger (RDA, 1979)
Au moment de sa défection, cet ex-joueur anonyme du Lok Leipzig, né en 1944, est l’entraîneur qui monte en RDA. Nommé en 1978 aux commandes de l’équipe nationale U21, il est le successeur désigné de Georg Buschner chez les A. Il vient de divorcer et la Stasi lui impose un choix : se remarier pour lui offrir un “otage”, ou bien dire adieu à toute sortie du pays. Ce ne sera ni l’un, ni l’autre. En mars 1979, une semaine seulement après Lutz Eigendorf (voir plus bas), il profite d’un Yougoslavie-RDA Espoirs à Subotica pour sauter dans un train pour Belgrade et débarquer à l’ambassade de RFA qui l’exfiltre sous un faux passeport. Comme elle l’a fait avec Eigendorf, la Stasi le poursuit sans pitié : on crève plusieurs fois ses pneus, on essaie de l’attirer dans deux tentatives d’enlèvement, une roue de sa voiture se détache à 160 sur l’autobahn, on tente pour finir de l’empoisonner au plomb… Rien de tout cela n’empêchera Berger, bon tacticien et motivateur hors pair, de se tailler une belle réputation de “pompier de service” en Bundesliga où il viendra en cours de saison sauver quatre équipes de la relégation. Il finira aussi deux fois troisième avec Schalke 04 et l’Eintracht Francfort et mènera l’Alemannia Aachen, alors en D2, jusqu’en finale de la Coupe d’Allemagne en 2004. Après plusieurs batailles contre le cancer à partir de 2002, Jörg Berger succombe en 2010, à 66 ans seulement, et repose à Duisbourg où il s’était établi.
In memoriam, parce que parfois c’est la police qui gagne à la fin :
Gerd Weber, Matthias Müller, et Peter Kotte (RDA, 1981)
Berlin-Est, hôtel de l’aéroport de Schönefeld, 24 janvier 1981, 6 heures du matin. Des pas dans le couloir, des coups à une porte : “Staatssicherheit! Aufmachen!” Pour Gerd Weber, Matthias Müller, et Peter Kotte, trois étoiles montantes du Dynamo Dresde, le déplacement avec l’équipe nationale de RDA s’arrête là. La Stasi a eu vent de la défection imminente de Weber, attiré par une offre de transfert au FC Cologne reçue avant un match de Coupe d’Europe du Dynamo aux Pays-Bas. Müller et Kotte ne comptaient pas suivre mais sont au courant du projet. Après un interrogatoire façon “La vie des autres” et un procès à huis-clos, Weber est condamné à 27 mois de prison (il en purgera 11). Il est suspendu à vie de toute activité sportive et même d’entrée au Dynamo-Stadion. Müller et Kotte, jugés coupables de “désertion” pour leur non-dénonciation, sont suspendus à vie en D1 et D2 est-allemandes. Weber réussira à passer à l’Ouest en 1989, quelques mois avant l’ouverture du Mur, et s’établira en Forêt Noire où il coule maintenant une retraite paisible. Müller et Kotte continueront en D3, occuperont diverses fonctions dans des clubs de divisions inférieures, puis reviendront à Dresde où ils profitent eux aussi de leur retraite aujourd’hui. À la réunification, le Dynamo réhabilitera officiellement ses trois ex-joueurs.
Dan Coe (Roumanie, 1978)
C’est peut-être parce que son père était membre de la Garde de Fer fasciste que Dan Coe est devenu un défenseur de fer, reconnu pour son impitoyable qualité de marquage. Eusebio dira de lui que s’il l’avait affronté à la World Cup 1966, le Portugal ne serait jamais allé aussi loin… Né en 1941, Coe s’impose sans discussion au Rapid Bucarest dès 1962 au point de gagner le surnom de Ministrul Apărării, Ministre de la Défense. Il remporte le titre de champion en 1967 puis participe à la Coupe du monde 1970 au Mexique sans toutefois jouer aucun match. En 1971, il obtient le droit rarissime de partir à l’étranger, au Royal Antwerp. Il y joue deux ans puis revient au pays, au FC Galați où il termine sa carrière en 1974. Mais face au durcissement du pouvoir communiste en réponse à la crise économique, le parfum de la liberté est le plus fort. À la faveur d’un voyage autorisé en Belgique en 1978, il s’enfuit en RFA où il demande l’asile politique. La parole se libère et il critique ouvertement le régime de Ceaușescu sur Radio Free Europe en octobre 1981. Peu après l’interview, on le retrouve pendu à la poignée d’une porte de son appartement de Cologne… La police allemande déclare n’avoir jamais vu un suicide comme celui-là. Nombreux sont ceux qui y voient la main de la Securitate, mais rien ne sera jamais prouvé.
Lutz Eigendorf (RDA, 1979)
Comme Pahl et Nachtweih, ce talentueux milieu mi-6, mi-8 né en 1956 passe à l’Ouest en 1979 pour des raisons financières plutôt que politiques. Désigné comme traître à abattre par la Stasi, il trouvera la mort en 1983 dans un mystérieux accident de voiture dont les causes ne seront jamais éclaircies.
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Quelques belle découvertes, merci les gars.
Outre les 4 Hongrois célèbres cités, il y a eu un véritable exode vers l’Espagne dans les années 1950 avec des joueurs moins connus comme Csabai, une réussite à Saragosse, Kuszmann au Betis ou des coaches tels
Kalmar ou Berkessy.
Un petit texte sur le passage important de Kalmar à Malaga.
https://www.diariosur.es/malagacf/kalmar-llega-queda-20190916111011-nt.html
Jean Snella, entre deux passages à Sainte, a eu un tres beau parcours au Servette. Plusieurs fois champions de Suisse. Avec l’icone Fatton mais également un trio de réfugiés hongrois
Pazmandy, Nemeth et Makay. Qui étaient arrivés au club vers 56, il me semble.
Pazmandy est également le coach d’un des plus beaux Servette en 79, avec Barberis. Il y dirige également Martin Chivers.
Un super article sur le passage des 3 hongrois au Servette
https://enfantsduservette.ch/2013/03/14/linestimable-apport-magyar/
Le Servette a connu de ces joueurs……… C’est un regret personnel : si peu de Suisses sur la toile, ou alors guère enclins à parler de leur football, c’est dommage.. Merci donc pour ce lien plus bas.
Au Servette, Pazmandy entraîna vraisemblablement le NL Piet Hamberg, lui ce fut vraiment pas de bol……….. : début 80’s Ajax cassa la tirelire pour l’attirer de Suisse, où il cassait la barraque, très bon joueur (..et il y avait des places à prendre en équipe nationale NL, à l’époque!) mais, patatras : ménisque cassé lors d’un maiden-match disputé face au Real, en l’honneur de Ruud Kroll……. Il ne s’en remit jamais et ces belles espérances s’arrêtèrent si sec..
Alex
J’ai fait un texte sur un suisse que j’aime beaucoup. Pour juillet!
Le coach Kalmar, c’est celui passé par la Suède? Je suis en plein dedans, sujet passionnant……..et a minima une photo qui devrait t’émoustiller.
Exode massif, aussi, aux Pays-Bas. Jugez plutôt (d’aucuns reconnaîtront le recyclage) :
Banky, Bedly, Beke, Bekeffy, Beres, Bodnar, Ertinger, Hanek (joueur solide passé par la RFA), Kenderest, Keresztes, plusieurs Kovacs..dont celui qui deviendrait DT des Bleus..
Liebhaber, Lörincz, l’excellent Antal Nagy (WC66, meilleur buteur en Belgique), Nemes, Paulicsek, Popovics, Vardai, le fameux Zoltan Varga, Wölbling, Zalai, Zele.. Plupart de ces noms aboutissent aux Pays-Bas dans la foulée +/- immédiate de 56……….mais aussi une dizaine de fuyards plus tardifs dans le lot.
Dès 56 une équipe 100% hongroise existe aux Pays-Bas : le DSS Haarlem.
En Belgique, le nombre de transfuges hongrois fut au bas mot………..double (de tête, la seule ville de Liège accueillit, il est vrai, quelque 35.000 réfugiés en 56..et il y avait des footeux dans le lot)!!! Bref : beaucoup de joueurs devenus/restés anonymes parmi eux, mais aussi de sacrés gros poissons, le meilleur ayant incontestablement été Sztani (certes indirectement abouti en Belgique après Suisse et RFA, donc).
Sztani, c’est la première véritable star étrangère du foot belge, il apporta aussi une touche décisive de professionnalisme : alimentation, star-system, grosses voitures.. Tout interlocuteur de l’Eintracht que j’aie pratiqué le mettait sans hésitation dans leur 11 du siècle ; au Standard c’est moins vrai (et c’est injuste), la génération suivante et celle vue sous Goethals ont éclipsé tout le reste (ou presque), et cependant peu de joueurs ont dominé de leur empreinte ce championnat comme fit Sztani (de tête : 6 ans lors de son premier passage en Belgique..et il y est deux fois joueurs officieux de l’année, + 2 fois deuxième, une fois troisième..). Je précise « officieux » car, pour ce qui était de l' »officiel » : réservé à des joueurs exclusivement belges.
Le volet lui-consacré évoque ce diplomate hongrois venu l’approcher à Berlin, la veille de la finale..accompagné donc du père de Sztani (pas banal pour un transfuge)!!!.. L’objet de cette visite (ou plutôt l’argument, pour le faire revenir) était que la Hongrie avait besoin de lui pour succéder à Puskas.
Le Standard et le foot belge lui doivent énormément, ce joueur leur firent passer un cap, il prépara le terrain.
Transfuges hongrois en Belgique, ce serait vraiment beaucoup trop long.. Je vais donc me focaliser sur des profils, disons, « curieux » :
Lajos Küh, qui ne joua qu’une et une seule rencontre avec le FC Bruges (..mais quelle rencontre : la finale de la C1 78!!..où d’ailleurs il fut à deux doigts d’égaliser contre le cours du jeu, en toute fin de match)..
Susceptible d’intéresser Khiadia : Szepessy, alors celui-là il m’intrigue…….. Il entreprend sa carrière dans le foot hongrois dans les 60’s durant.. En 71-72 il est en Belgique, chez le futur champion du Daring (RWDM)…… puis il rejoue une quinzaine (???) d’années en Hongrie (dont à Ferencvaros)..???? Soit ce n’était pas un transfuge (auquel cas Balint ne fut pas le premier Hongrois autorisé par le régime à quitter le pays)………soit ce fut un drôle de transfuge, qui in fine décida de rentrer au pays, bizarre.
Le plus illustre des transfuges passés en Belgique n’est toutefois ni Sztani, ni l’infortuné Dan Coe (Cf. volet lui-consacré), ni le fameux (..et brin fumeux?) Zoltan Varga, ni le gardien Fazekas passé du Bayern à Anderlecht (où il fut catastrophique), ni ni……….mais bien plutôt le dénommé Gyula Visnyei.. Un surdoué..balle aux pieds, des gestes techniques d’extraterrestre!!! (..mais pour le reste, il ne cochait sans doute pas toutes les cases requises par le foot pro..) dont l’identité réelle ne dit aujourd’hui plus rien à quiconque mais qui, sous son nom américanisé et aux Etats-Unis, reste je crois la star éternelle de ladite Major Indoor Soccer League, ce minifoot US où l’on pouvait user des panneaux latéraux, en terrain clos :
https://www.youtube.com/watch?v=pkQXj6A0ib8
Ah tu parles de Juli Veee! Pour le titre de meilleur joueur indoor, on peut aussi penser à Zungul. Qui était un buteur du grand Hajduk des années 70, international, et qui fit un malheur aux États-unis.
https://www.theguardian.com/sport/2016/mar/04/steve-zungul-indoor-soccer-record-books
Oui oui, c’est lui.
Je ne connais rien à ce sport, juste 2-3 trucs US sur lesquels j’étais tombé et qui en faisaient le Jordan de la discipline, quoique, Zungul?? Je connais le nom, c’est tout…… il était certainement évoqué parmi ces pages-là aussi!
Par contre ce sport, les quelques fois où l’on en voyait des images aux infos genre « les USA c’est tellement cool », waouw……. Ados on rêvait de pouvoir y jouer!, improvisait vaille que vaille des parties comme ça dans un entrepôt après avoir dressé à la verticale des palettes…….mais c’était vraiment du grand n’importe quoi.
Oui, d’ailleurs cette expérience en indoor va donner un avantage aux américains dans les premières coupe du monde de fustal. En 92, ils sont finalistes face aux brésiliens avec des mecs ayant joué des word cup traditionnelles comme Jeff Agoos ou Mike Windischmann. Et une star de l’indoor, Chico Borja un équatorien.
Mike Windischmann…C’était un de nos favoris sur l’album Panini 1990. Son nom nous faisait énormément rire. Bon, on avait 10 ans…
Kalmar est passé par Halmstads, en effet. Suis curieux de lire ce que tu as dégoté le concernant !
Sztani aurait pu jouer la fameuse finale à Glasgow en 1960. Erwin Stein, Alfref Pfaff qui reçut une offre de l’Atletico en 54. C’est Ferguson qui racontait être tombé amoureux de cette equipe de l’Eintracht lors d’une magnifique demi-finale face aux Rangers. Avant de les voir souffrir quelques semaines face au Real…
Oui, et c’est d’autant plus regrettable qu’il en était la star. Mais Sztani prétexta (vraisemblablement) du temps mis par le Président de l’Eintracht (lequel jouait la montre/pression??) à lui communiquer une offre ferme et chiffrée, qu’il finit par signer très rapidement au Standard – transfert facilité par les contacts professionnels personnels, en RFA, du manager du Standard.
La photo de garde est à Berlin?
@khiadia je crois bien que oui c’est le fameux pont des espions me semble t il (un des seuls films acceptable, selon mes yeux, de Tom Hanks avec son rôle du colonel Parker)
sympa ce petit rappel geopoliticohistoricofootbalistique ^^la Stasi était bien plus rancunière que la securitate n’est ce pas , d’ailleurs si vous passez par Berlin (et là je fais digression) passez absolument à Raw Temple en plein centre un endroit hors du temps absolument incroyable dans une capitale! pour y avoir été un 13/12 je suis pas prés d’oublier cette nuit hip hop et autre complétement dingue!!! (dernier match de coupe d’europe de sainté en plus avant un moment )
un peu plus haut je vous parlais de la stasi ils en ont fait un musée à faire froid dans le dos dans un quartier en plus froid comme une prison et leur musée de la RDA est juste génial pour 10€ vous en avez pour minimum 3h de visite! c’est franchement pas très joli Berlin par rapport a d’autre villes d’Allemagne mais on y fait de sacrées bringues!!
j’avais complétement zappé que la FIFA suspendait automatiquement les transfuges d’un an (ou 18 mois pour les Hongrois) tout ça pour ne pas trop se mettre à dos Moscou je suppose
question: pourquoi plus l’Espagne que d’autres pays comme lieu d’exil ? Franco?
Franco et l’anticommunisme. Kubala avait été très clair sur sa préférence pour l’Espagne par rapport à l’Italie où le PCI était très fort après-guerre.
C’est vrai, pourquoi ne sont-ils pas venus en France ? c’était pourtant pas un régime communisse au pouvoir !
Parcequ’ils savaient qu’ils gagneraient rien avec un club français. Ils sont pas cons, les Hongrois…
Moi non plus je ne trouve pas Berlin bien joli, les lacs sont sympas certes………. La scène culturelle et festive, dont underground, y est toutefois fort vivante.
Le musée de la RDA est un must! Mais mon chouchou y restera toujours le Pergamon!!!, la porte d’Ishtar par exemple, c’est vraiment quelque chose……….. 3 fois à Berlin..et 3 fois le Pergamon, je ne m’en lasserai probablement jamais. Un beau musée aussi à Charlottenburg, souvenir du fameux buste de Nefertiti pour en citer le probable trésor.
Affirmatif. C’est bien le pont des espions, le Glienicker Brücke.
Y avait aussi le copain de Schlegel, Falko Götz qui a fait ses débuts en équipe nationale de DDR en 1979.
Après la fuite homérique depuis la Yougoslavie avec son pote, Götz est resté à Leverkusen jusqu’en 1988. Il a remporté la Coupe de l’UEFA (finale gagnée aux t.a.b contre l’Español), et il a rejoint par la suite le 1.FC Köln.
Je me demande ce qui est le plus impressionnant avec Götz, avoir réussi à fuir la RDA et la Stasi ou avoir gagné un trophée avec Leverkusen !
Quand tu as l’Espanyol face à toi, en comparaison, tu passes pour un winner !
Monstre.
Il jouait en 8 ou en attaque, et il y a un peu de concurrence à ces postes dans l’équipe…
J’ai beau vous côtoyer depuis un an bientôt, vous ne cessez de m’épater…
Quel travail. Merci les gars.
Hello
Je passe pour chipoter un peu: On évoque souvent Kocsis comme étant un avant centre mais à mon sens c’était un inter. Quand on regarde les matchs de la Hongrie de l’époque, il évoluait vraiment comme un inter à droite. D’ailleurs cette équipe n’avait pas d’avant centre mais 3 inters: Kocsis à droite, Puskas à gauche et Hidegkuti au milieu des 2, encore plus reculé. Je suppose, qu’avec le temps, c’est le ratio de buts de Kocsis et Puskas qui les fait passer pour des buteurs purs et durs.
Merci pour le texte 🙂
Je me permets de retranscrire l’interview accordée, au chroniqueur liégeois Lucien Longrée, par le Hongrois Szijjarto. Récit donc d’une vie de footballeur-transfuge, dans la Belgique du début des 80’s :
SANDOR SZIJJARTO : J’ai traversé le « rideau de fer » sans encombre pour réaliser mon rêve…
Ainsi donc après une semaine de repos forcé, santé oblige, je me remets au clavier, non pas pour vous jouer une sérénade de Chopin, mais pour enfin aller à la rencontre de ce sympathique joueur que les Liégeois, principalement du RFC Liégeois et bien d’autres aussi, eurent le plaisir de découvrir, et même de côtoyer, au début de la saison 1981-1982. Alors, vous me direz que c’est bien loin tout ça et vous avez raison, mais ce qui m’a surtout marqué c’est que, malgré tout ce temps passé et l’âge aidant, Sandor est resté le même, sympathique, souriant et disponible, je garderai le terme calme en magasin car lorsqu’on lui parle de football on sent bouillir son sang de gagneur, de vainqueur, et cette volonté de toujours aller de l’avant, qu’elles que soient les circonstances et quoique il arrive…
Direction Budapest, grande ville (1,800 million d’habitants) et capitale de la Hongrie, à cheval sur les rives du « Beau Danube Bleu » cher à Johann Strauss, là où le petit Sandor vit le jour, là où il taquina son premier ballon, d’autres sports aussi avec un certain talent, mais aussi quatre années à l’Ecole d’Hôtellerie de Budapest. Ce qui lui permit d’exercer ses talents culinaires au Cœur de la Cité ardente. Sandor vous fera d’ailleurs un petit cadeau surprise ci-dessous, miam-miam…
FILS UNIQUE, J’AI EU UNE ENFANCE TRÈS HEUREUSE AUPRÈS DE MES PARENTS
« Je suis né le 10 juin 1956 (Gémeaux) à Budapest, dans le quartier Est de Pest, à une époque où la Hongrie avait encore la meilleure équipe de football du Monde. Quatre mois plus tard, c’était la révolution, l’intervention des Russes et l’éclatement de notre équipe nationale. Certains joueurs restèrent au pays, d’autres partirent définitivement à l’étranger.
Mais revenons à la famille. J’ai reçu le prénom Sandor, comme mon papa et comme mon grand-père, Sandor signifie en fait Alexandre. Ma maman s’appelait Ilona. J’ai connu une enfance très heureuse, choyé par mes parents dans une coquette maison au sein d’un joli quartier, nourri par un père qui gagnait normalement sa vie, il donnait des cours sur la prévention des accidents dans les écoles et les entreprises. Au fait, vous savez ce que signifie le nom Szijjarto ? En hongrois, Szijgyarto signifie fabricant de lanières/ceintures en cuir. Szij = lanière/ceinture, Gyarto = fabricant. Un nom dont l’origine ne remonte pas très loin puisque mon grand-père exerçait ce métier… ».
UN SPORTIF COMPLET QUI A DU CHOISIR ENTRE JUDO, NATATION, BOXE ET LE FOOTBALL…
Paradoxalement, le jeune Sandor était un sportif très doué, pratiquant avec bonheur d’autres sports, au point qu’à un certain moment, il se retrouva devant un choix cornélien, dû surtout aux nombreux entraînements quotidiens que requéraient tous ces sports.
« Vous savez, poursuit Sandor, à la maison, mon papa ne jurait que par le football, il était un fervent supporter du MTK Budapest (rival de l’autre grand club Ferencvaros) et de l’équipe nationale, naturellement. Mais je me suis d’abord dirigé vers la Natation, j’ai d’ailleurs eu l’honneur d’être entraîné par une grande championne, Eva Szekely (elle vit toujours, elle a 91 ans). Ensuite, il y avait aussi le Judo et la Boxe au régime de 2 entraînements/semaine chacun, ça commençait à faire beaucoup. Puis tout d’un coup, je suis tombé amoureux du Football. Forcément, avec mon père qui n’arrêtait pas d’en parler et le stade du MTK Budapest à deux pas de chez nous. J’ai commencé à jouer dans la rue, ou sur un terrain vague, comme tous les gosses de l’époque et lorsque que j’ai eu mes 11 ans, mon père m’a inscrit au MTK. J’ai suivi la filière des équipes d’âge jusqu’en Juniors mais, dès Scolaires (13 ans), je fus sélectionné dans les sélections du grand Budapest. En Juniors, nous avions 4 entraînements/semaines plus match le dimanche. J’ai été sélectionné en Equipe nationale Juniors, nous sommes allés jouer un Tournoi à Cannes et à notre retour, Géza Kalocsay m’a appelé en équipe première comme arrière gauche, j’avais 17 ½ ans. Je suis resté dans l’équipe mais j’ai dû attendre novembre 1973 pour signer mon premier contrat. De plus, pour signer un contrat, il fallait un diplôme de l’école, raison pour laquelle pendant quatre années, j’ai suivi les cours à l’Ecole d’Hôtellerie à Budapest… ».
CINQ BELLES ANNÉES A BUDAPEST ET PUIS LE SERVICE MILITAIRE…
Depuis pas mal de temps, l’idée de s’évader vers l’Europe de l’Ouest lui trottait dans la tête, et ce alors qu’il avait à peine 17 ans… Mais tout le monde sait que du rêve à la réalité, il y a parfois de bonnes et de mauvaises surprises. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Sandor freina ses ardeurs et tout compte fait bien lui en prit…
« Tu as tout à fait raison de le préciser cher Lucien, car c’est vrai que ce ne fut pas une décision facile à prendre. Je vais d’ailleurs vous faire une confidence. Je souhaitais passer à l’Ouest depuis bien longtemps, j’y avais pensé lors de notre Tournoi International Juniors à Cannes au Printemps 1973, mais sentimentalement je ne pouvais pas encore me résoudre à quitter mes parents. Je n’avais que 17 ans à peine… Finalement, j’ai signé mon contrat au MTK Budapest et goûté aux joies de l’équipe première, sans avoir décroché quelques sélections en équipes nationales : 16 en Juniors, 18 en Equipe « B » et 1 seule en Equipe « A ». J’ai aussi eu la chance de débuter avec Geza Kaloczay, un homme rude, franc mais aussi fin tacticien. Je jouais habituellement Ailier droit, la back droit c’est blessé, Kaloczay m’a fait descendre, j’y ai pris gout et je n’ai plus quitté ce poste… Je suis finalement resté cinq années, de 1973 à 1978. En 1978, je me suis engagé avec BUDAFOK BP, un club de Division II et principalement pour des raisons de Service Militaire. J’avais deux possibilités : Ou bien 2 ans de service militaire et l’opportunité de continuer à m’entrainer, ou alors 8 mois de service militaire sans pouvoir s’entrainer… J’ai choisi cette seconde solution, mon envie de partir vers l’Ouest étant venue à maturité. J’ai effectué mon service militaire comme Garde-Frontière, à Nagykanizsa, à la frontière avec l’Ex-Yougoslavie. J’avais comme copain de chambrée, Jozsef Gaspar, mon co-équipier au MTK et plus tard, gardien du RWDM (1991-1992). A la fin dudit service militaire, j’ai encore joué une saison à Salgotarjan TC en première Division. Puis, j’ai lentement préparé mon Escape to Victory… ».
TRAVERSER LE RIDEAU DE FER OUI, MAIS AVEC RISQUES ET SACRIFICES…
Nous sommes en pleine guerre froide entre l’Est et l’Ouest, un célèbre mur « appelé Mur de Berlin ou encore Mur de la Honte » se dresse sur une longueur de 155 km autour de Berlin en complément des 1 393 kilomètres de la longue frontière RFA-RDA, il coupe non seulement la ville de Berlin en deux parties, mais pas seulement puisque l’aussi célèbre « Rideau de Fer » séparera l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est durant 28 années. Plus qu’un simple mur, il s’agit d’un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut, avec un chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d’alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. Un nombre indéterminé de personnes seront victimes des tentatives de franchissement du mur. En effet, des gardes-frontière est-allemands et des soldats soviétiques n’hésitèrent pas à tirer sur des fugitifs. D’après des recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs « Collectif du 13 Août », 1 135 personnes y ont laissé la vie. Tout cela pour se dire à quel point les risques qu’encourait Sandor Szijjarto à vouloir rejoindre l’Ouest pour réaliser son rêve, jouer au football chez nous. A cela s’ajoutaient aussi certains sacrifices sentimentaux, car traverser le « Mur » signifiait un point de non-retour et la séparation pour de longues années avec ses parents, sa famille et ses amis…
Nous sommes début 1980, les préparatifs vont bon train…
« Ah ça, en matière de préparatifs, sourit Sandor, il n’y avait pas tellement de bagages à préparer, par contre je ne voulais en aucun cas prendre le risque de jouer dans la cour de l’illégalité. D’autant que je comptais emmener avec moi Margit, ma fiancée. Elle était très jolie, elle était actrice et cantatrice. Et elle avait un Visa en poche pour aller retrouver son père, installé en Suède. Nous avions 50% des documents en ordre, mais… Je savais qu’en quittant le pays, j’allais prendre un an (1) de suspension de la FIFA. Ce qui fut d’ailleurs fait (1980-1981), car les joueurs ne pouvaient pas quitter le pays avant d’avoir atteint l’âge de trente (30) ans. Ferenc Puskas a rejoint le Real de Madrid, il avait trente et un (31) ans. Finalement, pour trouver la parade, j’ai inventé une blessure conséquente à la hanche, toute droite sortie de son imagination, un mal mystérieux qu’aucun médecin en Hongrie ne trouvait et par la même occasion ne pouvait soigner. Pour obtenir des documents officiels, j’ai juré dur comme fer aux autorités hongroises qu’à Vienne il y avait un éminent spécialiste capable de me guérir. Je reçus donc un Visa en bonne et due forme et fin Mai 1980 nous embarquions dans le train direction Vienne, la Capitale de l’Autriche au pays de la Valse… Nous sommes restés quelques mois à Vienne. J’ai d’ailleurs failli bien y rester à Vienne car je m’entraînais avec le Wiener SK, que j’allais rencontrer la saison suivante avec le RFC Liégeois, en Coupe d’Eté. Mais le football autrichien ressemblait trop au nôtre, j’avais envie de découvrir autre chose de plus physique, de plus compétitif. Plutôt de de faire demi-tour vers la Hongrie, j’ai décidé d’aller de l’avant et nous avons pris un train à Vienne pour Cologne… C’était en Septembre 1980, j’ai dû attendre un mois à Cologne pour trouver un Visa. Une fois ce précieux sésame en poche, nous avons pris le train pour Bruxelles, c’était en Octobre 1980. Au moment de poser le pied sur le sol belge, j’ai eu une sensation de bonheur et de liberté ! J’ai alors rencontré un manager, mon compatriote Georg Bognar, un ami installé en Belgique depuis longtemps (il a joué au Lierse et au FC Malinois). De toute façon rien ne pressait, je devais attendre la fin de cette année de pénitence. Je me suis installé à La Hulpe, j’ai fait des petits boulots pour vivre, je m’entraînais au RWDM avec une vieille connaissance, Safet Susic, venu du RFC Liégeois, et je jouais des matchs en Amateurs, avec des amis hongrois, le FC Hungaria… ».
UN MARIAGE, UN CONTRAT ET MÊME UN RESTAURANT…
L’année 1981 s’avéra être la bonne pour Sandor qui, en l’espace de quelques mois, allait enfin réaliser son rêve, encore qu’au vu des circonstances, on pourrait parler d’un enchaînement de rêves.
« C’est un peu comme vous dites. Georg Bognar m’a présenté au RFC Liégeois, j’ai été invité à passer un test sous les yeux de Sylvester Takac, l’entraîneur, et en face de moi, Jovan Curcic, Guy Hubart et Pierre Drouget, les trois gardiens. A l’issue de cet entraînement, Takac m’a dit que le test était positif, que le Secrétaire, Joseph Paul, allait préparer mon contrat.
Comme un bonheur ne vient jamais seul, Margit et mois, nous nous sommes mariés au mois de Juin soit quelques jours avant de signer mon contrat. J’étais en possession d’un contrat de travail valable trois (3) ans et d’un Visa. Nous en reparlerons plus loin. Sur les trois saisons, j’ai côtoyé trois (3) entraîneurs différents. Sylvester Takac la première année, Victor Wégria la seconde et Robert Waseige la troisième. Mais pour débuter la seconde année, l’Union Belge avait limité le nombre d’étrangers à trois (3) … Or, nous nous sommes retrouvés à cinq (5) pour trois (3) places : Lipka, Kalazan, Jurgen, Kojovic et moi-même… Si j’ai quitté le RFC Liégeois après trois (3) années, c’est surtout à cause que Joseph Paul, qui m’avait promis des papiers officiels, n’avait strictement rien fait. Je suis parti comme joueur-entraîneur à Mormont (1984-1985 – Promotion), en 1985 – 1986 j’ai joué à Viktoria Goch (3ème Division en Allemagne pas loin de la frontière hollandaise et la ville de Nijmegen. En 1986, mes documents officiels arrivant à expiration et n’ayant pas obtenu de permis de séjour, je suis parti jouer au GD Chaves (1986 – 1987 – Portugal), mon entraîneur n’étant autre que Rui Aguas, une Star au Portugal. De retour en Belgique en 1987, j’ai dépanné le club de Herve pour les 7-8 derniers matchs. Ensuite dans l’ordre, 1988 – 1990 encore deux (2) saisons à Mormont, deux saisons à Bomal (1990 – 1992) et enfin une saison à Tilff (1992 – 1993) où je n’ai d’ailleurs pas fini la saison suite à une double hernie discale. Enfin, J’ai reçu mes papiers officiels en 1987 et j’ai aussi décroché un contrat de travail dans une entreprise de toitures et c’est ainsi que je me suis baladé (!) sur les toits jusqu’à ma pension… ».
Allô Mary Poppins, auriez-vous par hasard croisé un certain Sandor… ?
QUELQUES ANECDOTES EN VRAC…
– Le poster du RFC Liégeois
Au mois d’août 1981, le Journal La Meuse publiait un magnifique poster du noyau du RFC Liégeois pour la saison 1981-1982, la première de Sandor : « J’avais envoyé ce magnifique Poster à mes parents, à Budapest, fier de leur montrer que j’étais dessus et que j’avais atteint mon but ».
– La vente des tickets pour le match contre Bilbao
Le 23 octobre 1985, le RFC Liégeois recevait, au Stade de Rocourt, l’Athletic Bilbao, le match aller (0-1) dans le cadre des 16èmes de finale de la Coupe de l’UEFA : « A ma Taverne, la Carte Rouge (**), nous avions vendu pour une très grosse somme des cartes d’entrée pour le match. Lorsque j’ai demandé 2 tickets Tribune debout, on me les a fait payer… (**) J’ai appelé ma Taverne La Carte Rouge parce que j’avais pris 2 cartes jaune = 1 rouge contre le Beerschot… Rires. Pour ceux qui s’en souviennent, la Taverne était située à l’entrée du Boulevard de la Sauvenière juste en face de l’Opera… ».
– Un trou de 20-25 ans en Hongrie
« A cause de cette Révolution, il y a eu un trou de 20-25 ans dans le football hongrois. Un grand nombre de nos vedettes de l’Equipe Nationale « A » sont partis en Espagne tandis que nos meilleurs Espoirs, somme toute la relève, ont immigré en Autriche… ».
– Le match retour à Budapest contre Tbilisi
Au match Aller, les Stars hongroises l’ayant emporté 1-4 à Tbilisi crurent bon de se permettre un petit écart de conduite… : « Effectivement, nous étions sortis la veille du match et étions rentrés aux petites heures de la nuit. Naturellement, une fois sur le terrain on l’a senti passer, bizarre, ils y en avaient qui transpiraient plus que d’habitude…».
ET AUSSI QUELQUES SOUVENIRS BONS ET MOINS BONS…
D’abord les bons…
– « Incontestablement le match Aller au Dinamo Tbilisi, non seulement on gagne 1-4 mais on joue devant 100.000 spectateurs. Le stade était rempli de militaires qui criaient, qui hurlaient, à mon avis, la Vodka était passée par là… »
– « Les doubles derbys à Budapest, le Stade national était comble, une ambiance du tonnerre et une saine rivalité. Normal, les terrains du MTK Budapest et de Ferencvaros ne sont éloignés que de quelques kilomètres… ».
– « Après quelques années d’exil, avoir pu retourner en Hongrie voir mes parents ».
Et les moins bons ?
– « La double hernie discale où là j’ai vu défiler ma vie, c’était très grave pour le moral ».
– « L’année de suspension infligée par la FIFA (1980-1981), un calvaire pour un battant comme moi, aussi j’ai pu apprécier les bonnes choses lorsque j’ai recommencé à jouer des matchs à… Rocourt ».
– « Ne pas avoir pu faire toute ma carrière au RFC Liégeois ! Je suis devenu Rouge & Bleu et j’aurais voulu finir Rouge & Bleu. A chaque match, je mouillais mon maillot et je mettais tout mon cœur sur le terrain. Le RFCL c’est mon club, mes amis, ma famille… ».
ENFIN, LA RECETTE PROMISE, LE VRAI GOULASH…
« En étant plus jeune, j’avais deux dadas, la pêche et la gastronomie. Quand on parle de cuisine en Hongrie, on pense au goulash, notre plat le plus connu.
Alors, mesdames, au fourneau !
Il faut comme ingrédients (pour 8 personnes) :
– 2 kg de bouilli, moitié bœuf, moitié porc
– 1 kg de pommes de terre
– 250 gr d’oignons
– 500 gr de carottes
– Quelques branches de céleri
– Une botte de poireaux
– 100 gr de tomates
– 2 poivrons verts
– Des baies de genévrier, du cumin, du poivre, du sel, du paprika, et…
– Des « Chipetka », des petites boules de pâte à la farine et aux œufs
Hacher les oignons ; les faire blondir dans de l’huile,
Ajouter les poivrons, puis la viande coupée en petits cubes,
Après 5 minutes, mouiller avec 2 litres d’eau,
Mettre le sel, du poivre et du paprika,
Après 1 heure de cuisson, ajouter les différents légumes,
Après 1 heure et demie, ajouter les pommes de terre et les chipetka,
Bon appétit… ».
HEUREUX DÉNOUEMENT…
Le « Mur de la Honte » tremble, le « Mur de Berlin » s’effrite, le « Rideau de Fer » tombe en rouille… Nous sommes au Printemps 1989, les Russes se retirent déçus et sans victoire d’Afghanistan, la Hongrie ouvre son « Mur de la Honte », la Pologne installe un Premier Ministre issu du fameux syndicat « Solidarnosc », du coup les Allemands de l’Est se sentent pousser des ailes, une sorte d’exode commence vers la Hongrie. En trois (3) semaines, 25.000 citoyens de la RFA rejoignent la RFA via la Hongrie et l’Autriche. A Prague et à Varsovie, les Allemands de l’Est mettent assiègent leurs Ambassades et 200.000 personnes défilent dans les rues de Leipzig. Le processus est en route et impossible d’encore l’arrêter ! Le 9 novembre 1989 en fin d’après-midi, les autorités allemandes, résiliées, autorises la distribution des documents de voyage (Visas), l’ouverture du « MUR », le point de passage de la Bornholmer Straße, sous la responsabilité du lieutenant-colonel Harald Jäger, est ouvert peu après 23h00, suivi d’autres points de passage tant à Berlin qu’à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent en direct à la télévision à cette nuit du 9 novembre et se mettent en chemin. C’est ainsi que le mur « tombe » dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, après plus de 28 années d’existence.
LA BELLE HISTOIRE POUVAIT ENFIN COMMENCER……
Le petit garçon très heureux, qui avait grandi auprès de ses parents, était devenu soudain très/trop amoureux du football qu’il voulait absolument pratiquer à l’Ouest. Pour ce faire, il s’enfuit, emportant dans ses seules bagages sa fiancée, Margit, mais aussi bien caché au fond de son cœur tout l’Amour reçu de ses Parents. Secrètement, lorsqu’il quitta les siens, il savait que ce n’était qu’un au revoir car il était certain de revenir à temps.
Sandor s’empressa de prendre le premier et le plus rapide moyen de transport vers Sa Hongrie natale et Budapest, sa ville qui l’avait vu naître…
Nous aurons bien le soin de nous retirer sur la pointe des pieds, histoire de ne pas perturber l’intimité des retrouvailles.
Le fils prodige est de retour à la maison, la boucle est bouclée, voilà une bien belle histoire qui finit bien…
Un grand merci à Sandor Szijjarto pour toute cette belle histoire à la fois rocambolesque au début mais au dénouement magnifique. Un grand merci pour ta bonne humeur, ta gentillesse et ta disponibilité. On se reverra un jour très vite…
Sportivement Vôtre
LUCIEN
Merci pour ce témoignage. Sead Susic, un spécimen également…