L’autre club de Sendai vit ses dernières heures. Ce dimanche 24 novembre, à 13h heure de Tôkyô, le Sony Sendai FC disputera face au Tochigi Uva (déjà sacré champion de 4e division) le dernier match de son histoire avant sa disparition pure et simple du paysage footballistique nippon.
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La nouvelle est tombée comme un coup de massue. Nous sommes le vendredi 27 septembre 2024. Et alors que se profilait une journée des plus banales dans le football japonais, un communiqué fait irruption sur le site officiel du Sony Sendai FC : un communiqué annonçant rien de moins que la cessation définitive des activités du club à compter de la fin de la saison 2024.
Si aucune explication officielle n’a été donnée, il est facile de deviner qu’il s’agit d’une décision prise au sein de la maison mère. Sony Sendai est en effet, comme son nom l’indique, un club d’entreprise, un des derniers existant au niveau national. Le multinationale possède depuis longtemps des usines d’électronique, dans la banlieue de Sendai. Mais il a été annoncé en juin que de nombreux emplois y seraient supprimés incessamment sous peu. Sans employés, le club n’a alors plus de raison d’être.
C’est donc un histoire longue de 56 ans d’un club fondé en 1968 qui prend fin. Si au yeux d’un européen, cela peut paraitre relativement peu, à échelle du Japon, combien de clubs peuvent dire qu’ils existent avec la même identité depuis une aussi longue période ? Très peu assurément. Dans ce cercle restreint, on trouve le Honda FC, qui tout comme Sony Sendai, est un club entreprise rattaché au constructeur automobile du même nom. Derniers représentants de leur espèce au plus haut niveau du football amateur nippon, un rivalité naturelle entre les deux équipes s’est crée avec le temps.
Ce fut au point où en 2016, à l’occasion des célébrations du 70e anniversaire de l’entreprise Sony, le match entre les deux clubs fut exceptionnellement délocalisé à Tôkyô, dans le petit stade Ajinomoto du quartier de Nishigaoka. Plus de 5 000 spectateurs, essentiellement composés d’employés de Sony et de Honda, assistèrent à cet évènement entre deux représentants d’un football japonais d’un autre temps. Bien que sainement rivaux, le Honda FC n’a pas manqué l’occasion de rendre hommage à son « cousin » du Tôhoku par un Tweet sobre, mais très élégant. Plusieurs clubs japonais, y compris professionnels, ont fait de même.
A l’opposé de son grand voisin Vegalta, le Sony Sendai FC n’a jamais cherché à entrer dans le monde professionnel et accompagner le football japonais dans la modernité. Sans forcément aller jusqu’à devenir ce que sont devenus les équipes de Nissan (Yokohama F. Marinos), Mitsubishi (Urawa Reds), Panasonic (Gamba Ôsaka) ou Toyota (Nagoya Grampus), on peut peut-être regretter que le club de Sony ait relativement manqué d’ambition. Cela ne fut néanmoins pas toujours préjudiciable : comment ne pas penser à ce titre de JFL (4e division japonaise) ? Obtenu avec brio en 2015, achevant magnifiquement la période noire de l’après catastrophe de Mars 2011 (dont le club a particulièrement souffert), il ne donna pas accès la 3e division comme cela aurait pu être le cas. Jamais le Sony Sendai n’a pu, ou voulu, aller aussi haut.
Non pas qu’il en avait pas les moyens, mais cela ne faisait pas partie de son identité. Cette équipe, c’était celle de l’usine de Sony. C’était l’équipe de Tagajô, la localité au nord de l’agglomération où était située la dite usine. Malgré son statut d’équipe d’entreprise, il y avait un petit lien entre ce club et Tagajô. Son école de football était l’une des plus réputées de la ville. Il y avait une équipe de jeunes Cheeleaders qui animaient les avant-matches. Il y avait un petit groupe de supporters, peu nombreux, mais fidèles. Il y avait des bénévoles pour tenir les stands de produits dérivés et la buvette.
Sony Sendai, c’était ça. Un petit club simple, à la fois lambda et unique en son genre.
Il mérite notre respect à tous.