Aujourd’hui, un nouveau zoom sur un club historique du football argentin : le Gimnasia y Esgrima La Plata. Direction donc La Plata, la ville à l’urbanisme quadrangulaire, surnommée « la ville des diagonales » et capitale de la province de Buenos Aires. Le Gimnasia évolue depuis des décennies à l’ombre de son éternel rival, l’Estudiantes La Plata. Le « GELP », club très populaire malgré son faible palmarès, a laissé son empreinte dans le football argentin au gré de quelques périodes dorées qu’il a connues. Mais le plus souvent, il est considéré comme le club le plus maudit du pays, par le fait qu’il a perdu plusieurs titres dans la dernière ligne droite.
L’un des plus vieux clubs argentins, champion amateur en 1929
Le Club de Gimnasia y Esgrima La Plata est fondé en 1887 comme club sportif et social. Ce qui en fait le club le plus ancien du pays si l’on prend en compte sa stricte date de fondation. Mais ce n’est qu’en 1901 que la section football naît et qu’en 1905 qu’elle joue son premier match officiel. Les joueurs du Gimnasia sont surnommés Los Triperos en référence aux nombreux ouvriers des abattoirs municipaux qui garnissaient le club à ses origines. En désaccord sur la place à accorder à la section football au sein de l’association sportive – l’équipe de football sera d’ailleurs inactive entre 1905 et 1912 -, certains membres, pour la plupart des étudiants universitaires, fondent le Club Estudiantes de La Plata en 1905, qui deviendra le grand rival. Le club accède à la Première division amateure en 1916, avec plusieurs places d’honneur à son actif avant de conquérir le titre lors de la saison 1929.
Les années 1920 sont une décennie de chaos dans le football argentin sur fond de lutte entre professionnalisme et amateurisme. Cela aboutit à la coexistence de deux ligues concurrentes, de 1919 à 1926, entre la dissidente Asociación Amateurs de Football (AAmF) et l’officielle Asociación del Fútbol Argentino (AFA). Après réunification, les grands clubs déplorent des championnats à plus de 30 équipes. En 1929, 35 équipes sont engagées. Deux groupes sont créés, l’un de 17, l’autre de 18. Gimnasia termine premier de son groupe avec 14 victoires en 17 matchs, et 3 défaites. Un point d’avance sur River Plate qu’ils ont battu 1-0 sur un but de Francisco Varallo, la grande promesse du football argentin. La finale est face à Boca Juniors, le vainqueur de l’autre groupe. Boca avait dû jouer 3 matchs pour se départager avec San Lorenzo, puisque les deux équipes avaient fini à égalité. La finale se joue le 9 février 1930 au stade de River Plate1, acquis à Boca Juniors, et débute bien mal avec un but contre son camp du défenseur des Mens Sana Di Giano, qui donne l’avantage à Boca. Avant que Maleanni, l’attaquant tripero, ne renverse la situation. Un doublé pour lui en seconde mi-temps, qui donne l’avantage à son équipe. Il est bien assisté sur les deux buts par Ismael Morgada, intenable ailier qui prend le dessus face au grand défenseur xeneize Ludovico Bidoglio. Le Gimnasia gagne et est sacré champion au terme de cette rencontre2.
De cette campagne victorieuse, Varallo et Morgada sont les joueurs les plus en vue et méritent une mention spéciale. Varallo était un joueur hyper prometteur de 19 ans en 1929, année où il se révèle. Il fera l’année suivante sa meilleure saison à La Plata (17 buts en 25 matchs) et fut titulaire en finale du mondial 1930 à 20 ans. Puis, il rejoint Boca Juniors en 1931 où il deviendra l’un des plus grands buteurs du club. Ismael Morgada, ailier gauche de talent, est le second meilleur buteur de l’histoire du club avec 97 buts en 334 parties (de 1922 à 1935). Artiste sur et en dehors du terrain, il se rêvait une carrière d’acteur, menait une vie de saltimbanque, et avait ce style propre aux wings argentins de son époque, entre classe et élégance, popularité et fidélité aux cabarets, théâtres et tangos.
À l’assaut de l’Europe
À la fin d’année 1930, le club entame une tournée en Europe. Elle commence par deux matchs à Rio de Janeiro en décembre, un nul contre Vasco da Gama (1-1) et une défaite sèche contre un XI carioca (4-0). Ensuite, l’équipe traverse l’Atlantique. Pour cette tournée, elle était privée de Pancho Varallo, qui avait quitté le club, prêté à Vélez pour une tournée panaméricaine avant de rejoindre Boca Juniors. Comme il était de coutume, les équipes étaient renforcées par d’autres éléments : les attaquants Juan Arrillaga et Leonardo Sandoval (Quilmes), ainsi qu’Atilio Demaría de l’Estudiantil Porteño, qui avait été sélectionné par l’Argentine pour la Coupe du Monde 1930 et qui remporterait celle de 1934 avec l’Italie. L’on y retrouverait aussi le gardien Juan Botasso (Argentino de Quilmes), une pointure dans les buts qui avait également débuté la finale de la Coupe du Monde 1930, l’excellent défenseur de San Lorenzo Oscar Tarrio, l’un des meilleurs de sa génération, et enfin Pedro Chalú (Ferro Carril Oeste) et Silvestre Conti (Nacional de Rosario). Ces ajouts qualitatifs venaient renforcer la base déjà solide qui avait remporté le titre de 1929.
Arrivé en Espagne, le Gimnasia vit une excellente première semaine de l’année 1931, qui souhaite la bonne année au public espagnol en gagnant 3-2 sur la pelouse de Chamartín contre le Real Madrid, le 1er janvier3. Puis c’est la galette des rois qui est fêtée, le 6 janvier contre le FC Barcelone, avec une victoire 2-1 aux Corts4. Les deux victoires coup sur coup dans les stades respectifs des « deux géants » du foot espagnol étaient une grande première pour un club sud-américain. Contre le Real Madrid, le Gimnasia entame la rencontre tambour battant et inscrit deux buts durant les 20 premières minutes, par l’avant-centre Díaz et l’ailier droit Sandoval. Les attaquants Demaria, Arrillaga et Morgada se mettent en évidence. La presse sportive souligne la bonne coordination et entente qui règnent entre eux. De même, elle distingue leurs mouvements et leurs déplacements sur le terrain, réalisés avec aisance d’après elle. Le Real Madrid réduira la marque avant la mi-temps. Au retour des vestiaires, quelques minutes après, Sandoval inscrit un doublé. Le Real mettra certes la pression dans les vingt dernières minutes, mais trop tard d’après le compte rendu du journal ABC : il reviendra bien à 2-3 mais sans parvenir à égaliser, et manquera même un penalty.
La presse de l’époque relate le bon match des Argentins qui ont été solides durant 90 minutes, au contraire du Real Madrid qui n’a joué que par temps forts et manquant d’efficacité. Encore une fois, les observateurs européens soulignent le jeu argentin « brillant », de « meilleure qualité » et fait de « passes intelligentes » et sûres. Les Platenses étaient dangereux sur chaque action alors que le Real était plus brouillon.
Le GELP est une excellente équipe, qui fait honneur à ce football rioplatense bien connu des Européens depuis les démonstrations vues aux Jeux Olympiques, à la première Coupe du Monde et lors des tournées des clubs sud-américains, dont les souvenirs sont encore vivaces et récents. Contre le FC Barcelone, ce sont les Blaugranas qui ouvrent le score en seconde mi-temps. Mais en 10 minutes, Morgada et Díaz redonnent l’avantage, avant que Scarponi ne se distingue pour préserver l’avantage du Gimnasia. Même si la première mi-temps a été complètement dominée par Barcelone, note la presse, après le but barcelonais les Argentins ont attaqué avec force et ont pris le dessus pour garder ensuite l’avantage au score. Si bien que, en définitive, le Gimnasia avait donc réussi à battre les deux grands clubs espagnols en l’espace d’une semaine.
La tournée européenne s’est poursuivie en Espagne avec cinq nouvelles victoires, un nul et une défaite. Ensuite, l’équipe platense a bourlingué dans les capitales et grandes villes : à Paris, une défaite 2-0 contre le Red Star à Saint-Ouen, puis une série de huit matchs en Allemagne5 (pour un total de 4 victoires, 2 nuls et 2 défaites), avec une victoire 4-0 sous la neige à Munich, grâce à un quadruplé de Minella, contre le Munich 1860. Suivront un passage dans la Mitteleuropa, initié par une victoire de prestige 3-1 à Prague contre le Sparta, un habitué de la Mitropa Cup, avant une défaite 2-1 à Vienne sur la pelouse gelée du Rapid.
Direction « la Botte » alors, avec un nul 3-3 à Milan contre l’Ambrosiana, l’ancien nom de l’Inter, et un nouveau match nul contre le Napoli (2-2). Ce dont profitera Minella, star de ce Gimnasia, pour visiter le village familial et rencontrer ses aïeuls. Un crochet par Lisbonne plus tard, ponctué par une victoire contre le Benfica (1-0), le Gimnasia regagnait l’Espagne pour un nouveau match à Barcelone, qui prenait sa revanche cette fois (0-3).
L’équipe argentine regagne alors le Brésil pour ses trois derniers matchs avant de rentrer à la maison. Au total, le Gimnasia a joué 23 matches en Europe et s’est imposé onze fois, pour six nuls et six défaites. La tournée à travers sept pays fut une épopée, contribuant comme celles qui l’ont précédée à la légende sud-américaine. Ces tournées étaient toujours une série de matchs éreintants, menés sans répit, dans les conditions hivernales européennes qui mettaient les organismes des joueurs à rude épreuve. L’aspect financier était important et il fallait enchaîner les matchs. Le sportif passait après, la préparation et la récupération étaient secondaires. José María Minella s’impose comme le grand bonhomme de cette tournée et finit meilleur buteur en inscrivant 11 buts, devant les 10 de ses coéquipiers Morgada et Demaria. Ce dernier en profita pour sceller un accord avec Ambrosiana et entreprendre ainsi sa seconde vie italienne.
L’Expreso de 1933 : le champion moral sur les terrains
Lors de la saison 1933, le Gimnasia La Plata va marquer durablement l’histoire du football argentin, pourtant sans être sacré champion. Mais il y a des équipes qui restent dans les mémoires pour toujours, et cette équipe-là en fait partie, « El Expreso »! Un départ canon lui vaut très vite ce surnom. 32 buts sur les 10 premiers matchs, sanctionnés par 8 victoires, 1 nul et 1 défaite intervenue à la dixième journée contre Independiente (1-2). Los Triperos marquent les esprits et se mêlent à la lutte pour le titre avec les grands clubs de Buenos Aires. Ils virent même en tête à mi-parcours, deux points devant San Lorenzo et trois sur Boca et River. L’équipe est la sensation du championnat, elle inflige plusieurs cartons aux grandes équipes de Buenos Aires. Le miracle pour ce modeste club semble trouver son explication en la personne de son entraîneur : le Hongrois Imre Hirschl est l’homme du changement radical au Gimnasia, lui dont les méthodes n’ont tardé à porter leurs fruits.
Le Hongrois était arrivé en septembre 1932, quasi anonyme et sans réelle référence après un parcours énigmatique de l’Europe Centrale aux Amériques. On le dit boucher de profession. Ancien joueur dans son pays natal, il a suivi une autre future légende, son compatriote Béla Guttman dans son voyage aux États-Unis pour fuir l’antisémitisme en Europe. Devenu tour à tour adjoint, masseur, entraîneur échoué au Brésil à Palmeiras, il finit par offrir ses services en Argentine. Sur le « Nouveau Continent », il devient Emérico et le Gimnasia La Plata lui fait confiance. Les résultats se concrétisent très rapidement dès les dernières journées de la saison 1932. Hirshl importe des méthodes plus novatrices, plus professionnalisantes (entraînements quotidiens, séquences sans ballon, séances d’athlétisme, répétition des efforts). Il fait la promotion de jeunes joueurs, impose des règles strictes (hygiène de vie, alimentation, limitation des sorties). Celui qui mesure près de deux mètres a un charisme naturel pour se faire respecter et imposer rigueur et discipline.
Tactiquement, sa vision diffère du football criollo, puisqu’il avait baigné dans le football danubien. Une équipe plus verticale et athlétique, laissant la part belle au collectif, formant un bloc bien organisé et « obéissant » sur le terrain : attaquer ensemble, défendre ensemble. Hirschl importe des schémas tactiques inspirés du WM et bâtit une attaque mécanique faite de combinaisons courtes et rapides. Son équipe, sans réel crack – mis à part Minella peut-être -, se veut un mélange de style européen et sud-américain. En tous cas, elle impressionne. Dans les buts, Atilio Herrera avec devant lui une solide assisse défensive constituée par la doublette Evaristo Delovo-Humberto Recanatini. Delovo s’était déjà fait remarquer les années précédentes au sein du Gimnasia, tandis que l’expérimenté Recanatini avait été une référence de la période amateure durant les années 1920 avec le Club Almagro, avant de passer au Gimnasia en 1932 : international argentin, vainqueur du Sudamericano 1927 et reconnu comme un des meilleurs backs argentins de son temps. Au milieu, une ligne médiane qu’on surnomme « les 3M » : Oscar Montañez, José Maria Minella et Ángel Miguens. Montañez, est une légende du Gimnasia dans lequel il a évolué de 1932 à 1945. Et même international à 15 reprises pour l’Argentine, dont il fut d’ailleurs capitaine.
Minella était un milieu gauche, organisateur et très doué techniquement, qui a écrit de belles pages au Gimnasia. Il a joué un grand rôle dans les années qui suivirent le titre de 1929, pour lequel il n’avait été que remplaçant. Grand artisan des succès de la tournée européenne, il est le cerveau de cet Expreso sur le terrain. Le natif de Mar del Plata, dont le stade de la ville, qui a accueilli la Coupe du monde 1978, a été rebaptisé de son vivant en son nom, brillera plus tard à River Plate : d’abord comme joueur essentiel de la seconde moitié de cette décennie, ensuite comme entraîneur à succès dans les années 1950. En attaque, l’équipe aligne sur les ailes Tomás González Peralta et Ismael Morgada, qui avait été un joueur important des succès précédents. Alberto Palomino et Armando Zoroza complétaient le front de l’attaque en compagnie d’Arturo Naón, cet avant-centre qui avait participé à la tournée en jouant un rôle secondaire, mais qui deviendrait l’implacable goleador de cette équipe. Sur la saison 1933, il plante 33 fois en 28 rencontres. Le canonnier est le plus grand buteur de l’histoire du Gimnasia, lui qui inscrivit 106 buts en 120 matchs. Il passera par la suite par San Lorenzo, le Racing et Flamengo, avant un retour au GELP au début des années 1940.
Le Gimnasia LP restera 27 journées en tête du classement sur les 34 que compte ce championnat. Cependant, ce titre échappe à l’Expreso qui s’effondre dans la dernière ligne droite, plombé par les décisions d’arbitrage. Le « scandale » a lieu dans deux matchs décisifs contre ses poursuivants directs, Boca Juniors et San Lorenzo. Deux défaites qui vont mettre fin aux espoirs de titre et assommer l’Expreso. Lors de la 26e journée, contre Boca Juniors, le GELP menait rapidement 2-0 en début de match sur la pelouse des locaux. Puis les xeneizes réduisent la marque 2-1. Un penalty inexistant et un but hors-jeu plus tard, d’après les comptes rendus des journaux, et Boca Juniors l’emportait finalement 3-2.
Le Gimnasia toujours en tête, voit son avance fondre, Boca revenir à égalité de points, et Los Cuervos rester un point derrière. Survient alors le choc de la saison, contre San Lorenzo au Gasómetro lors de la 28ᵉ journée. Dans un match jusque-là équilibré, los Triperos s’inclineront 2-1 contre leur adversaire direct pour le titre, au terme d’une rencontre qui basculerait pour de bon en l’espace de quelques secondes. Selon les rapports d’époque, un penalty évident ne fut pas sifflé pour le Gimnasia. Dans la foulée, un but litigieux (le ballon n’avait pas franchi la ligne, semble-t-il) serait validé pour San Lorenzo. S’ensuivirent de vives protestations de la part des joueurs du Gimnasia, soldées par l’expulsion d’un des leurs. Trop c’est trop ! En signe de protestation, les Platenses s’assirent sur la pelouse, refusant de reprendre le match. Cette grève soudaine aurait été lancée depuis les tribunes par les dirigeants du GELP, qui ne voulaient pas continuer la mascarade et ordonnèrent à Minella de sonner le clairon syndical sur le terrain. San Lorenzo n’eut aucune pitié et vint inscrire quatre buts « immoraux » de plus, pour finir par gagner 7-1 dans cette lutte inégale.
Pour le Gimnasia, c’est la désillusion. Le journal La Nación titre « Lo robaron a Gimnasia 6» et poursuit son réquisitoire en dénonçant les pressions sur l’arbitrage, le favoritisme dont bénéficient les grands clubs face aux modestes (déjà à cette époque ! …). Pour le journal, il n’y a pas de doute : le GELP est le vainqueur moral, le véritable champion de la saison. C’était l’équipe la plus majestueuse et impressionnante qui devait remporter logiquement ce titre. Mais elle a été flouée, volée, par l’arbitrage et les magouilles. Au final, l’Expreso n’a plus d’énergie et le final se transforme en chemin de croix pour finalement terminer cinquième à quatre points de San Lorenzo, le champion, et trois de Boca son dauphin, et dépassé par le Racing et River Plate. Le Gimnasia finit tout de même avec la meilleure attaque du championnat (90 buts marqués), maigre lot de consolation. Mais le football argentin, qui sait parfaitement bâtir et entretenir ses mythes, célébrera pour toujours une équipe presque championne pour la beauté de son jeu, pour sa puissance offensive, pour les injustices qu’elle a subies : El Expreso de 1933. Cette équipe ne survivra pas à 1933. Hirschl et Minella s’en vont à River Plate, poser les bases et prémisses de La Máquina, dans le jeu, avec Carlos Peucelle et Renato Cesarini. C’est Hirschl qui y fera débuter José Manuel Moreno et Adolfo Pedernera, lors de la saison 1936. Pour le technicien magyar, ce sera aussi la gloire de l’autre côté en Uruguay, quand son Peñarol serait rebaptisé « La Escuadrilla de la muerte »7 en 1949 pour sa puissance de feu offensive. Selon les rumeurs, il aurait même dû être l’entraîneur de la Celeste pour la Coupe du Monde 1950…
D’El Lobo à Griguol : la malchance continue
Le Gimnasia connaît quelques descentes en seconde division dans les années 1940 et 1950. Le club se cantonne à jouer le milieu de tableau au mieux, avec pour objectif le maintien chaque saison. En 1962, porté par son buteur Alfredo El Tanque Rojas, Eliseo Prado ainsi que les frères Bayo, le club finit troisième. El Lobo8 s’écroule dans le sprint final face aux deux mastodontes, Boca et River. Avec neuf victoires consécutives en cours de championnat, l’équipe avait pu se mêler à la course au titre. Elle était même en tête à cinq journées de la fin avec deux points d’avance sur ses concurrents, soit une marge d’une victoire. Mais elle ne tient pas la cadence ne gagnant qu’un seul de ces cinq derniers matchs. En 1970, alors qu’Estudiantes brille en Libertadores, le Lobo, qui prend le surnom cette année-là La Barredora (la balayeuse), emmené par le buteur Delio Onnis, accède à la demi-finale du tournoi Nacional. Dans le dernier carré, il est balayé par Rosario Central 3-0. Sauf qu’une nouvelle fois le Gimnasia s’était tiré une balle dans le pied. En effet, suite à un conflit financier entre les joueurs et les dirigeants, ce fut l’équipe réserve amateur qui joua ce match…
Les années passent, le GELP redescend en seconde division dans les années 1980. En 1993, il remporte un nouveau titre officiel, la Copa Centenario, qui est une fierté pour le club. C’était un tournoi organisé en l’honneur des 100 ans de l’AFA. Une coupe qui réunissait toutes les équipes de Première division. LE GELP a éliminé son rival Estudiantes au premier tour, avant de disputer la finale contre River Plate, qu’il bat 2-1. Les frères jumeaux Barros Schelotto, Gustavo et Guillermo, sont les nouveaux visages d’un Gimnasia qui va connaître une nouvelle embellie, entre 1995 et 2005, avec plusieurs places sur le podium dont cinq fois deuxième. Sous Griguol qui reprend le club en main en 1994, le Gimnasia échoue de peu à être champion à plusieurs reprises. En 1995, lors du Clausura, il leur suffisait de battre à domicile un Independiente moribond, mais le GELP perd 0-1 le match qui leur offrait le titre, à l’ultime journée contre San Lorenzo. L’équipe de Griguol terminera à nouveau à un point derrière le Vélez de Bianchi un an plus tard, lors du Clausura 1996 : alors même que Vélez tremblait dans son match final, concédant un nul qui offrait au Gimnasia une opportunité inespérée de leur passer devant, c’est Estudiantes qui priverait le Gimnasia du titre, en le contraignant au nul à la dernière journée.
En 1998, le Gimnasia se mêlerait encore une fois à la course au titre : lors du tournoi de Clôture 1998 (saison 1997-1998), le club est à la lutte avec Vélez Sarsfield de Bielsa aux trois-quarts du tournoi, mais ne tient pas le rythme dans le final et finit loin. Au tournoi suivant, celui d’Ouverture de la saison 1998-1999, le Gimnasia termine second mais ne peut rien opposer à un Boca Juniors plus fort que lui, tout comme lors de l’Apertura 2000 terminé à la troisième place. Idem lors du Clausura 2002, clôturé à la seconde place derrière un River Plate intouchable. Et en 2005, l’histoire se répète : malgré un point d’avance sur Boca Juniors à deux journées de la fin, le Gimnasia subit une nouvelle désillusion, au gré de matchs nuls contre Newell’s Old Boys et Banfield, qui permettent à Boca Juniors de remporter le tournoi d’Ouverture.
Le GELP vient de vivre dix ans à concourir plusieurs fois avec les meilleures équipes, grapillant plusieurs places sur le podium sans parvenir toutefois à briser la malédiction. En 2009, lors du barrage de maintien en Primera, la pièce tombe du bon côté pour le Lobo. Dans un scénario fou, le club arrache son maintien inespéré : le Gimnasia remonte un retard de trois buts au match retour (défaite 3-0 à l’aller) contre l’Atlético Rafaela. Réduit à neuf, le GELP inscrit même deux buts dans le temps additionnel dans son stade champêtre. Enfin, lors du tournoi Final en 2014, le Gimnasia La Plata est en tête à trois matchs de la fin avec deux points d’avance sur River, après une folle remontée. Mais il s’effondre à nouveau, incapable de remporter le moindre de ses trois derniers matchs (un nul et deux défaites), et laissant à River d’empocher le titre. Depuis lors, le Gimnasia connaît de nombreuses difficultés, a vu Maradona entraîner l’équipe première, n’a toujours pas décroché le moindre championnat national, et demeure le club qui a le plus souvent fini second sans avoir pu être champion dans l’ère professionnelle.
1Stade qui était situé dans le quartier de la Recoleta avant la construction du Monumental, et qui a été détruit après l’ouverture de ce dernier dans les années 1930.
2 Boca Juniors: Alejandro Mena; Ludovico Bidoglio, Luis Strada; Américo Amoia, Manuel Fleitas Solich, Adolfo Pedemonte; Donato Penella, Esteban Kuko, Mario Evaristo, Roberto Cherro, Antonio Alberino.
Gimnasia y Esgrima La Plata: Felipe Scarpone; Julio Di Giano, Evaristo Delovo; Vicente Ruscitti, Juan Santillán, Antonio Belli; Miguel Curell, Francisco Varallo, Martin Maleanni, Jesús Díaz, Ismael Morgada.
3 Real Madrid: Vidal; Torregrosa, Ochandiano; Bonet, Antonio, J.M.Peña; Lazcano (Leoncito), Eugenio, Gurruchaga, Galé, L.Olaso.
Gimnasia y Esgrima La Plata : Botasso; Tarrio, Delovo; Conti, Chalú, Belli ; Sandoval, Arrillaga, Díaz, Demaría, Morgada.
4 FC Barcelona: Uriach; Zabalo, Mas; Font, Ramón, Arnau; Piera, Bestit, Arocha, García, Parera.
Gimnasia y Esgrima La Plata: Scarponi; Tarrio, Delovo; Chalú, Minella, Belli; Curell, Arrillaga, Díaz, Demaría, Morgada.
5Pour un total de 4 victoires, 2 nuls et 2 défaites en jouant à Brême, Francfort, Munich, Berlin, Leipzig
6 « Ils ont volé le Gimnasia »
7L’escouade de la mort
8Surnommé ainsi après qu’un dessinateur eut représenté le Gimnasia LP sous forme d’un loup : le stade du club, dit aussi « Estadio del bosque », est en effet situé dans un parc. Ce qui, dans l’imaginaire de l’artiste, deviendrait le loup qui sort du bois…
Je suis sûr d’une et d’une seule chose à ce stade : c’est que je suis le seul à l’avoir déjà lu trois fois, cet article-fleuve!
Merci pour les relectures !
Très bel hommage à un club méconnu.
Quel beau maillot !
Excellent article, effectivement, et +1 pour le maillot. Le style à un seul cercle horizontal est quelque peu passé de mode, et c’est fort dommage. Il n’y a guère que Boca, le VfB Stuttgart, et le Gimnasia, donc, qui viennent à l’esprit dans les grandes ligues mondiales. Encore faut-il ne pas faire petit joueur en proposant un dos uni qui transforme le cercle en vulgaire bande. On le fait sans doute à fins de lisibilité des numéros, mais il n’y a là rien que des décalques à liseré contrasté ne puissent résoudre.
Je me rappelle avoir lu des avis très mitigés, concernant le bref passage de Perfumo à la tête du Gimnasia.
Avec toutefois un trophée dans la besace, celui dit « du centenaire », c’est ça??
J’en vois l’idée, mais : un peu beaucoup un trophée en bois en Argentine, je présume, non?
Gracias amigo.
Le football de La Plata connaît une période faste au tournant des années 30 avec le GELP et ses cracks Varallo et Minella mais aussi Estudiantes avec Zozaya, Guaita (champion du monde 1934), Scopelli ou Lauri, futur Sochalien, appelés los Profesores.
Y a t il des liens particuliers avec Boca ? Varallo, Barros Schelotto, El Tanque, tous ont eu de beaux jours à Boca après le GELP.
je sais pas, y’a aussi de ferro carril oeste, pas mal de grands de boca en sont issus.