On le surnommait à l’époque le « Petit Prince de Gerland ». Fleury Di Nallo fête aujourd’hui ses 80 ans et son record de buts avec l’Olympique Lyonnais ne semble pas près d’être battu.
Quand il a commencé à jouer avec l’OL en 1960, Fleury Di Nallo n’imaginait probablement pas qu’il marquerait l’histoire du club. Pourtant, l’histoire avait débuté tôt. Recruté pour jouer en Cadets, le jeune attaquant est rapidement surclassé. Il s’entraîne avec la CFA pendant l’été 1960, puis profite d’une opposition avec les professionnels pour éblouir Gaby Robert, l’entraîneur du club. Et voilà le jeune Di Nallo, 17 ans, titulaire pour affronter Reims.
Sept matches, un petit but, sa découverte du monde professionnel est relativement timide. Mais ce fils d’immigrés italiens explose dès la saison suivante. 34 matches joués et 18 buts plus tard, il est le principal artisan du maintien du club en Division 1 lors de la saison 1961-1962, juste devant l’AS Saint-Etienne.
Ses bonnes performances lui ouvrent les portes des Bleus dès la saison suivante. Il inscrit même un doublé lors de sa première sélection mais ne peut empêcher la France de s’incliner à domicile contre la Hongrie en amical (2-3) en novembre 1962. De nouveau buteur lors de sa deuxième sélection, il est à nouveau malchanceux car la France perd de nouveau à domicile, contre le Brésil cette fois (2-3). Sur le plan collectif, Di Nallo est de l’aventure lyonnaise en Coupe de France. Les Gones sont battus en finale par l’AS Monaco (2-0) en match d’appui, après un score nul et vierge lors du premier match.
Dans la cour des grands
Cette performance ouvre à l’OL les portes de la Coupe des Vainqueurs de coupe car Monaco a également remporté le championnat. Après avoir éliminé Odense, l’Olympiakos et Hambourg, les Gones affrontent le Sporting Lisbonne en demi-finale. Di Nallo et les siens sont muets lors de l’aller (match nul 0-0) et c’est Nestor Combin qui marque au retour (match nul 1-1). A l’époque, il n’y a pas de règle sur les buts à l’extérieur ni de tirs au but et le Sporting remporte finalement le match d’appui à Madrid (1-0) avant de remporter la compétition.
Malgré cette élimination, la saison est belle pour l’OL. Quatrièmes en championnat, les Gones remportent la première Coupe de France de leur histoire. Avec trois buts en quatre matches disputés, Di Nallo contribue au succès des Lyonnais, qui dominent Bordeaux en finale grâce à un doublé de Nestor Combin (2-0).
C’est une période bénie pour celui qui a été baptisé « Petit Prince de Gerland ». Il enfile les buts comme des perles et profite de la bonne qualité du collectif autour de lui pour ajouter un nouveau titre à son palmarès. En 1967, l’Olympique Lyonnais remporte sa deuxième Coupe de France contre Sochaux (3-1). Buteur en finale, Di Nallo inscrira au total cinq buts en huit matches dans la compétition.
L’attaquant est au sommet de son art. Dans un OL à la peine financièrement, il veut profiter de son statut d’international pour gagner plus d’argent, à Lyon ou ailleurs. Le club refuse de l’augmenter et Roger Rocher veut le recruter chez les Verts pour compenser un possible départ de Rachid Mekhloufi. Les rumeurs de départ font grogner à Lyon. Di Nallo reçoit des menaces et décide finalement de rester dans son club formateur. Il en profite pour y écrire un peu plus sa légende.
Plus dure sera la chute
Double buteur en Pologne en septembre 1967 dans le cadre des éliminatoires de l’Euro (victoire 4-1), il disputera quatre autres matches avec la sélection lors de cette saison. En club, Di Nallo dispute 37 matches de championnat et inscrit 18 buts, égalant son record. Et il brille comme jamais en coupe d’Europe, l’OL disputant de nouveau la C2.
Face à Tottenham au second tour, il offre la victoire aux siens à l’aller (1-0) et marque le premier but des Gones au retour alors que les Anglais mènent 3 à 0. L’OL revient dans le match et s’incline finalement 4 à 3, se qualifiant grâce aux buts inscrits à l’extérieur. En quart de finale, l’OL s’incline 2 à 0 à Hambourg. Mais Di Nallo inscrit un doublé au retour (victoire 2-0) et les Lyonnais gagnent le droit de disputer un match d’appui. Malheureusement, Uwe Seeler y va lui aussi de son doublé et les Gones quittent la compétition.
La saison d’après est la pire de la carrière de Di Nallo. En septembre 1968, l’attaquant est victime d’une double fracture tibia-péroné sur la pelouse du Red Star. La blessure est si terrible que personne au club n’imagine qu’il rejouera un jour. Il n’a que 25 ans et sa carrière semble derrière lui. L’OL recrute Serge Chiesa pour le remplacer.
Une place unique dans l’histoire
Il reviendra sur les terrains lors de la saison 1969-1970. S’il affirme ne jamais avoir retrouvé son plus haut niveau, ses statistiques affirment le contraire. Lors de la saison 1970-1971, Di Nallo marque 21 buts en championnat. Il inscrit aussi sept buts en Coupe de France, dont un fabuleux triplé contre l’ASSE en huitième de finale retour, effaçant la défaite 2-0 de l’aller. L’OL atteint la finale de la compétition mais perd contre Rennes (1-0).
Toujours buteur au sein d’un Olympique Lyonnais quelconque et enfoncé dans le ventre mou du championnat, l’attaquant est encore là lors de la victoire des Gones en Coupe de France en 1973 (victoire 2-1 contre Nantes). Il atteint ensuite la troisième place de Division 1 en 1974 et en 1975 avec son club formateur, qu’il quitte finalement après avoir inscrit 222 buts et disputé 495 matches.
Il est alors, outre le meilleur buteur de l’OL, le joueur qui a disputé le plus grand nombre de matches sous le maillot frappé du lion. Il sera finalement dépassé par Serge Chiesa (542 apparitions) puis par Grégory Coupet (519 matches), mais laissera une trace indélébile dans l’histoire du club. Et son record de buts, lui, n’est pas près d’être battu. Alexandre Lacazette, qui a dépassé Bernard Lacombe dans la hiérarchie en mars dernier, devrait encore marquer 70 buts pour détrôner Fleury Di Nallo. Car à Lyon, c’est le Petit Prince qui est le roi.
Lyon-Hambourg, joli souvenir télévisuel.
Comme beaucoup de joueurs de cette époque, une carrière internationale décevante: seulement 10 sélections entre 62 et 71.
Je me souviens qu’à ses débuts c’était le nouveau chouchou des jeunes amateurs de foot.
Pour la petite (ou grande) histoire notons que la première sélection de Di Nallo, contre la Hongrie le 11 novembre 1962 au Parc des Princes, coïncida avec la dernière de Raymond Kopa, relégué ce jour-là à l’aile droite. Un passage de témoin en quelque sorte. Ce jour-là étaient alignés: Bernard – Wendling, Lerond, Rodzik – Maryan, Ferrier – Kopa, Bonnel, Goujon, Di Nallo, Sauvage. Match pas télévisé. Oui c’était comme ça à l’époque. Extraordinaire au poste d’avant-centre contre l’Angleterre le 20 octobre, il fut très décevant contre la Hongrie, gêné par ce poste d’ailier qu’il n’aimait plus et miné par l’état de santé de son fils Denis.
Triste fin de carrière internationale à seulement 31 ans.
On reparlera sans doute de ce Bulgarie-France dans un article futur sur les « grands duels ». De 1961 à 1993, les France-Bulgarie n’ont jamais été pauvres en émotions ni en coups tordus. Je me souviens bien de celui de 1976, et aussi bien sûr du retour de 1977 où Charles Corver, l’homme de Séville, avait d’ailleurs été impeccable au sifflet. On a beaucoup râlé dans la presse sur l’égalisation bulgare à 2-2 prétendument hors jeu. Avec 40 ans de recul, les images donnent (pour une fois dans ce match calamiteux pour lui) raison à l’arbitre.
La presse de 1976, il faut le préciser, pas celle de 1977.
« Monsieur Foote, vous êtes un salaud ! »
Tiens, j’ai maté un bout de la finale UEFA 83 hier, entre le Benfica et Anderlecht à Lisbonne, et c’était Corver l’arbitre. J’ai pas fini le match mais ambiance de dingue à Lisbonne. Commentaire de la tele belge. Quelques jolis jeux de Lozano et de Carlos Manuel. Et les belles chevauchées du blondinet Stromberg au Benfica. Faut que je le finisse ce soir.
Il faut voir le déplacement d’Anderlecht à l’Etoile Rouge : de l’avis de tous les supps-vintage de l’ER que j’aie rencontrés (et qui me prenaient pour un Français, zéro flagornerie dans leur chef!..d’autant qu’Anderlecht et moi, bof..), jamais, jamais jamais leur club n’avait à ce point été dominé à domicile, une démonstration.
Merci Alex. Je garde en tête le ERB Anderlecht !
Par « démonstration », il fallait entendre « léthal »!
Ce qu’avait à Anderlecht abouti Ivic, aux antipodes de la très forte culture-club locale : une machine de guerre!, c’est cela que voulaient dire mes interlocuteurs, ils n’avaient jamais vu semblable Léviathan fouler la pelouse du Marakana.
Pour le style, une esthétique remarquable, l’art pour l’art : c’est avant Ivic qu’il faut regarder Anderlecht!
J’ai commencé le match Alex. Mais pour le moment, c’était surtout un gros combat physique et un pressing intense de Brylle par exemple
Ah zut, j’aurais dû le préciser plus tôt, tu risques d’être déçu.
Haha
Non, t’inquiète. J’ai commencé le match tard et je n’ai pas vu encore un seul but. Lozano est à l’aise et je découvre Wim Hofkens. Et puis voir à l’oeuvre Savic, Jankovic, Sestic ou Petrovic, c’est intéressant. Je donnerai mon impression à la fin du match!
Alex
J’ai fait mes devoirs. Héhé… Bon, c’était pas ce à quoi je m’attendais. Le plus impressionnant est l’impossibilité Yougoslave à trouver une faille dans le block défensif d’Anderlecht. Parce qu’il y a quand même du ballon, Sestic m’a bien plu, mais toute les attaques sont inoffensives, mise à part une action ratée face à Munaron en fin de match.
Hofkens, beaucoup d’énergie. Coeck, plutôt discret. Lozano qui balade même s’il foire son péno. Vercauteren qui place un joli lob. C’était quand même un beau joueur.
J’imagine qu’Ivic et Peruzovic ont apprécié cette victoire en tant qu’ancien de l’Hajduk!
J’aime bien la photo à la une avec Fernand Sastre, jeune président de la FFF (faut-il rappeler qu’il a ensuite bossé avec Platini sur l’orga de la CM 1998 durant laquelle il est mort ?) et Pierre Messmer, un magicien de la politique, 1er ministre de Pompidou. A droite de Di Nallo, il me semble reconnaître Pierre Mazeaud, ministre ou secrétaire d’état des sports issu d’une grande famille de juristes et lui-même alpiniste renommé. Tout à droite, avec la cravate rayée, ce doit être Edouard Rochet, président de l’OL. Voilà voilà…
« il a ensuite bossé avec Platini sur l’orga de la CM 1998 durant laquelle il est mort ? »
Faut-il y voir un lien de cause à effet ?
Quiconque bosse avec Platoche chope le cancer, tu crois ? Purée, content de ne pas le connaître.
Sur cette photo je trouve surtout que Di Nallo a un air de Daniel Prévost.
Le culturel se retrouve certes parfois dans la morphologie, s’y traduit.. mais, constat : les hommes de pouvoir ont à peu près partout le même genre de bobine, ce je ne sais quoi d’institué et de faux-cul, et qui relève du calcul de tous les instants aussi.. Univers épuisant!
Merci Modro. J’aime beaucoup ce Lyon des années 60 avec Combin et Jean Djorkaeff. C’était quoi le style de Combin? Je n’ai vu que de rares images.
Ljubomir Mihajlović, un peu plus tard, sans oublier la fin de carrière du magnifique Coluna. D’ailleurs, s’il y a des infos sur l’arrivée du Portugais à Lyon…
Renard des surfaces, ce me semble.
Apparemment Combin c’était un gros finisseur avec une grosse frappe de balle, mais je n’ai pas plus de détails.
Un mot sur Coluna :
« A l’été 1970, les dirigeants lyonnais ont frappé un énorme coup en engageant un des plus grands joueurs européens, Mario Coluna. Monument du football portugais, il a participé à cinq finales de Coupe d’Europe des Clubs Champions avec Benfica (deux victoires et deux buts inscrits en finale). Mais Mario a déjà 35 ans et, si sa technique est intacte, son corps ne supporte plus les efforts. Pendant son passage lyonnais, il a même le droit de célébrer son jubilé, à Lisbonne, avec les plus grands joueurs de la planète. Le 26 juin 1971, il dispute son dernier match avec l’OL. C’est aussi le dernier match officiel avec les professionnels de toute sa carrière. »
Je tire ça du site de l’OL : https://www.ol.fr/fr/actualites/ol70ans-un-jour-une-saison-1970-71-1
Merci Modro, la conclusion de ton article est à l’image de son sujet: simple mais terriblement efficace ! Parfait…
Merci pour cet article,
Était-il de la saison maudite où nous nous étions pris 7-1 et 6-0 par nos ennemis ?
Je ne peux pas tout à fait répondre à cette question.
Oui, Di Nallo a joué à l’OL pendant la saison 1969-1970.
Quant aux derbys que tu cites, je suis certain qu’ils n’ont jamais existé, au même titre que la bataille d’Alésia.
Comme j’aime me faire du mal, j’ai creusé un peu.
Match aller à Gerland le 5 octobre 1969 (premier match au stade pour le père d’un pote, qui en est resté traumatisé à vie) :
Spectateurs : 24.256 – Arbitre : M. Frauciel
Buteurs : Revelli H. (21e, 85e), Ravanello (CSC 35e), Larqué (48e), Polny (49e) Keita (53e, 54e) pour l’ASSE. Perrin (88e) pour l’OL
Lyon : Chauveau – Flohic, Ravanello, Lhomme, Baeza – Prost, Perrin – N. Rambert, Guy, Chiesa, A. Rambert. Entraîneur : Aimé Mignot
ASSE : Carnus – Durkovic, Bosquier, Broissart, Polny – Jacquet (Larqué 34e), Herbin – Samardzic, H. Revelli, Keita, Bereta. Entraîneur : Albert Batteux
Retour à Geoffoy-Guichard le 15 mars 1970 :
14 572 spectateurs.
Buteurs : H. Revelli (11e, 68e), Bereta (25e, 50e), Keita (56e), Jacquet (79e).
ASSE : Carnus – Durkovic, Bosquier, Mitoraj, Polny – Jacquet, Broissart – Parizon, H. Revelli, Keita, Bereta.
OL : Chauveau, Lhomme, Valette (Rambert 20e), Yacoubian, Chiesa, Izquierdo, Ravanello, Chevat, Di Nallo, Ravier, Guy.
Notons tout de même que l’affluence penchait à l’époque en faveur de l’OL. C’est assez étonnant pour le coup.
Je vous prie de m’excuser pour ce douloureux moment (j’ai moi même souffert de m’être souvenu que ces matches avaient existé)
22 commentaires pour Fleury di niglo
C’est minable
Vous pouvez avoir honte
Ca me fait bizarre d’en découvrir (!) un port-folio en couleurs, de loin et pour le trop peu que je lui connaisse (surtout cet affrontement-culte face à mon cher Tottenham), j’ai toujours associé ce joueur au noir et blanc.
J’écris « trop peu » à dessein : ce que j’en ai vu m’est très estimable, quelque « petit Hagi » droitier.. Le footballeur est superbe, style et déchet typiques d’un football alors point encore industrialisé, à dimension largement humaine encore..et sur lequel ce joueur avait d’évidence tout pour planer, a minima à l’échelle française du moins.
Une suggestion : des vidéos, svp!!! L’on peut certes en chercher chacun de son côté, mais s’il y a l’une ou l’autre raretés à proposer.. Ce joueur le vaudrait largement.