Afin de célébrer la prochaine CAN organisée en Côte d’Ivoire, nous vous proposons une petite série retraçant quelques faits d’armes de cette compétition, hommage à une histoire passionnante. Néanmoins, nous aborderons aujourd’hui les grands absents des joutes continentales africaines, ces joueurs excellant dans la discipline trop tôt, avant même la création de la CAN, évoluant parfois dans une sélection trop faible pour y participer. Ou, bien souvent, étant issus de peuples pas encore indépendants au moment des faits. Ce qui laisse évidemment la place à différentes interprétations et hypothèses… J’ai fait ma sélection de 23 joueurs, non sans mal… Teasing ! George Weah n’en fait pas partie, lui que l’on place souvent à tort parmi ces légendes sans tournoi de renom. Bonne lecture !
Gardiens
Abderrahmane Ibrir – Algérie
Ibrir, que l’on voit ici se saisir du ballon face à la Hongrie en 1949, était un gardien sobre et rassurant qui fit son trou dans l’Hexagone dans la fin des années 1940. Venant du Mouloudia d’Alger, il signe aux Girondins, avant de remplacer le fantasque René Vignal dans les cages de Toulouse. C’est un succès, il connaît six sélections avec les Bleus, dont celles face à la Yougoslavie en qualifications pour le Mondial 1950. Après un arrêt de carrière en 1954, suite à son passage marseillais, Ibrir remet les gants pour soutenir l’aventure de l’équipe du FLN, en patriarche du groupe et fidèle conseiller de l’ancien gardien de Monaco, Abderrahmane Boubekeur.
Bruce Grobbelaar – Zimbabwe
Nous parlions de la fantaisie de Vignal, que dire de celle de Bruce Grobbelaar… Celui qui avait réussi à déstabiliser les tireurs romains lors d’une finale de Coupe d’Europe, est né en Afrique du Sud et débute en sélection avec la Rhodésie en 1975. Bruce Grobbelaar, célébré pendant 13 ans à Liverpool, ne connaîtra jamais le bonheur d’une CAN mais participera à trois campagnes pour un Mondial. Celle de 1994 demeure un douloureux souvenir, le Zimbabwe de Peter Ndlovu échouant à deux points du Cameroun et d’un songe américain…
Mustafa Mansour – Egypte
Pour trouver une légende égyptienne n’ayant pas participé à la CAN, il faut remonter le temps, tant est forte l’empreinte laissée par ce pays dans la compétition. Mustafa Mansour est un pionnier. Présent en 1934, pour la première participation africaine à un Mondial, Mansour tape dans l’œil de scouts écossais lors des Jeux Olympiques 1936. Encouragé par son sélectionneur, lui-même écossais, James McCrae, Mansour signe aux Queen’s Park F.C et devient bien plus qu’une attraction. Aux côtés de Mohamed Latif, qui joua furtivement aux Rangers, il est l’un des premiers Africains à avoir sévi de l’autre côté de la Manche.
Défenseurs
Mustapha Zitouni – Algérie
Mustapha Zitouni est peut-être le plus grand défenseur algérien de l’histoire. En tout cas, une de ces figures incontournables. Souhaitant fuir la pression familiale, il s’engage dans l’armée et participe aux Jeux Olympiques de 1952. Cannes est sa première destination française, avant l’épanouissement total du côté de la Principauté. Ce défenseur puissant et rigoureux est dans les petits papiers des Bleus en route vers la Suède, on parle du successeur au poste de Jonquet, lorsqu’il prend une décision qui changera le cours de son destin. Rejoignant l’équipe du FLN en 1958, Zitouni fait une croix sur le Mondial et les avances d’un Bernabéu séduit par une prestation dantesque face à Di Stefano, et devient un symbole pour un peuple en quête de son indépendance…
Mokhtar Ben Nacef – Tunisie
Ben Nacef est le premier Tunisien professionnel en France. Gloire de Bizerte, ce latéral gauche va sillonner la Côte d’Azur sous les tuniques de Cannes et du géant niçois des années 1950. Huit années avec les Aiglons qui verront Ben Nacef marquer les esprits, comme lorsqu’il sauve un but d’un retournée acrobatique durant la finale de Coupe 1954, face à Marseille. Capitaine lors du match inaugural de la Tunisie en 1956, Ben Nacef conduira les Aigles de Carthage vers une finale de CAN, en tant que coach, en 1965.
Miloud Hadefi – Algérie
Nous parlions de Zitouni, voici son pendant. Miloud Hadefi, dit le Kaiser africain. Légende du Mouloudia oranais, Hadefi obtient sa première cape internationale face au Legia, à 18 ans seulement mais n’est malheureusement pas convié à la première participation de son pays à la CAN, en 1968. Il faudra attendre 12 ans pour que l’Algérie retrouve la scène continentale… D’une élégance rare sur le terrain, le coach Mekhloufi en fait son phare en défense, lors de la participation d’un combiné africain à la Coupe de l’indépendance au Brésil en 1972. Personnalité forte, il comptera nombre d’ennemis au sein de la fédération, arrêtant sa carrière en sélection lors du triomphe aux Jeux Méditerranéens en 1979. Un an avant l’éclosion de la plus belle génération algérienne…
Hilário – Mozambique
Hilario, un choix qui prêtera peut-être à polémique… Il arrête sa carrière en 1973, deux ans avant l’indépendance du Mozambique. Il est l’un des héros du Mondial portugais de 1966 et certainement le plus grand défenseur de l’histoire du Sporting. Aucun doute… Maintenant, qu’aurait fait Hilario si son pays avait été indépendant pendant son adolescence ? Aurait-il été signé par un cador de Lisbonne ? Aurait-il été aligné en sélection mozambicaine dès sa minorité ? Plausible, vu son talent. Mais ayant quitté le Mozambique à 19 ans, il me paraît difficile de ne pas le concevoir en tant que légende africaine. Comme il l’est pour le foot portugais. Et ce postulat sera identique pour d’autres noms que nous rencontrerons par la suite…
Mustapha Bettache – Maroc
Mustapha Bettache, l’idole de Fred Astaire… Bettache était un défenseur rugueux, prolongement de la rage de vaincre de Kader Firoud au sein du Nîmes Olympique. Abonné aux places de dauphin en France, le gamin du quartier Habbous à Casablanca, rejoignit le Wydad dans sa jeunesse. Il se révéla lors d’une confrontation face aux Verts et devint la source intarissable des plus beaux slogans scandés par les fans des Crocos. Présent lors de la mythique confrontation face à la Roja de Puskas, en qualifications pour le mondial chilien, Bettache, suspendu pour brutalité en France, reviendra au Maroc et jouera au Raja! Un homme de défi…
Raoul Diagne – Sénégal
Une grande star des années 1930. Le premier international français noir est né en Guyane, son père Blaise, est député du Sénégal à l’Assemblée nationale. Capable de jouer à tous les postes, même celui de gardien, Diagne remplit son armoire de trophées avec le Racing, participe au Mondial 1938 et s’amuse avec la jet parisienne de l’entre deux-guerres. Il finit sa carrière à l’US Gorée et prendra en charge par la suite les premières sélections du Sénégal indépendant. « L’araignée », ami du beau Paris, issu d’une famille aisée, provoqua le rejet de sa famille après avoir choisi le sport professionnel. Plus qu’un symbole, un homme à contre-courant…
Milieux
Paul Bonga Bonga – RDC
Paul Bonga Bonga, la perle des Congolais, ces Belgicains venus ambiancer les stades belges dans les années 1950 et 1960. Mordu de football, le gamin de Léopoldville signe au Daring Club en 1954, avant de faire une tournée triomphale en Belgique, trois ans plus tard. Le président du Standard, Roger Petit flaire la bonne affaire. Il ne la regrettera jamais… Bonga Bonga, cœur infatigable, coïncide avec les premières grandes générations liégeoises. Les Houf, Nicolay, Sztani ou Claessen. Les titres s’amoncellent, l’Europe lui ouvre ses bras et, reconnaissance ultime, il est choisi dans le onze de l’année par World Soccer. Premier Africain à recevoir une telle récompense…
Mário Coluna – Mozambique
La taulier du grand Benfica et Portugal des années 1960. Une force et une frappe herculéennes. Coluna a un palmarès long comme le bras, a inscrit un but à chacune des finales européennes victorieuses de son club de toujours. Mentor pour Eusebio, O Monstro Sagrado était la charpente tenant l’édifice. D’une attitude noble, il excellait également au basket-ball et en athlétisme. Les plus grandes stars vinrent à son jubilé, les Cruyff, Moore ou Luis Suárez, et il devint président de la fédération mozambicaine aux premiers jours de l’indépendance.
Abderrahman Mahjoub – Maroc
Mahjoub, ici avec Strappe face à la Belgique, symbolise la décennie 1950 du Racing comme personne. Arrivé à Paris en 1951, il en partira 13 ans plus tard. Une idylle entrecoupée de passages à Nice et Montpellier. « Le prince du Parc » connaîtra quelques sélections avec les Bleus, fera partie du groupe pour le Mondial 1954 mais contentera surtout de places de second avec le Racing offensif de Cisowski. Excellent technicien, Mahjoub accompagnera les premiers pas internationaux des Lions de l’Atlas et permet à Montpellier de connaître l’élite en 1961. Mesdames, messieurs, veuillez vous lever pour accueillir le pingouin le plus incandescent de l’histoire du foot marocain !
Jomo Sono – Afrique du Sud
Sono ne connaîtra jamais le foot international. Mis au ban dans son propre pays, la gloire d’Orlando Pirates ira, à l’instar des Kaizer Motaung ou Ace Ntsoelengoe, chercher un plus bel horizon du côté de la NASL. Partenaire de Pelé au Cosmos, Sono le gaucher dribblait comme il respirait. On parle d’intérêt du Sporting ou de la Juve, mais ce sont les terrains de Toronto qui verront ses plus belles arabesques. Il créera à son retour des États-Unis, suivant l’exemple de Motaung et du Kaizer Chiefs, le Jomo Cosmos. Un brin mégalo, ces Sud-Africains, non ?
Rachid Mekhloufi – Algérie
Que dire de plus sur Mekhloufi ? Se souvenir peut-être de l’acclamation du Chaudron après des années de séparation forcée. De Njo Lea et le Néerlandais Kees Rijvers, ses compagnons du premier titre stéphanois. Du poids sur ses épaules quand il représentait dans le monde son pays en lutte. De la passerelle avec la génération Salif Keita-Revelli. De sa capacité à inventer, à se réinventer au long de sa carrière. Mekhloufi, un homme aux mots choisis et aux actes si forts…
Larbi Ben Barek – Maroc
Ben Barek, c’est une histoire universelle. Comme l’héritage des peintres ou écrivains les plus fameux. Pas besoin d’avoir lu une ligne ou vu une toile, le monde sait qui est Dostoïevski ou Picasso. La sphère footballistique sait qui est la Perle noire… Et c’est ainsi que l’on doit comprendre le message de Pelé, véridique ou non, quand il disait que Ben Barek était le plus grand. Peu importe que le Brésilien se comportait en fin diplomate ou de savoir s’il avait vu ne serait-ce qu’une seconde du Marocain en action. Certainement que non. Cette rumeur, qui existait avant Pelé et lui survivra, n’appartient à personne donc elle est à tous. Ben Barek est le plus grand y punto !
Albert Johanneson – Afrique du Sud
Albert Johanneson est à la source du grand Leeds de Don Revie. De la deuxième division aux premiers trophées, le Sud-africain sût imposer son talent et caractère doux au sein d’un groupe aux personnalités fortes, dont celle de Billy Bremner qui le prit sous son aile, et d’un football anglais qui négligeait totalement les atouts venus d’Afrique. Progressivement remplacé par Eddie Gray, le petit gaucher dribblait aussi bien les défenses que les quolibets, suscitant l’admiration de George Best. Un modèle discret qui refusait pourtant de l’être…
Attaque
Eugène N’Jo Léa – Cameroun
Eugène N’Jo Léa, Rijvers et Mekhloufi, le titre 1957 des Verts bien sûr ! Le premier d’une longue série… Ayant reçu une bourse d’étude pour venir en France, Eugène signe à Saint-Etienne à son inscription dans un lycée du coin. Cinq ans à s’imposer en tant qu’avant-centre et une centaine de buts, avant de rejoindre Lyon et son université. Homme d’organisation, il est, avec Just Fontaine, l’un des fondateurs de l’UNFP en 1961. Eugène N’Jo Léa ou le sens des mots : « Pour nous autres Africains, le football n’est pas un objet de contemplation, mais un instrument de combat contre le sous-développement et pour l’affirmation de notre personnalité».
Matateu – Mozambique
Si Coluna était le père spirituel d’Eusebio, Matateu en est le modèle à suivre. Matateu, c’est un joyau égaré en dehors de la couronne, une carrière immense éloignée des trois ténors portugais. Arrivé à Belém en 1951, le puissant attaquant gratifiera le Belenenses de ses plus beaux exploits. Huit saisons consécutives à 14 buts au minimum, dont une pointe à 32 en 1955. Une coupe par ici, des reprises de volée par là. Un ratio honorable de buts en sélection, dans une période difficile, il est vrai. Matateu croisera son jeune homologue Eusebio lors des concentrations en vue du Mondial chilien. Malheureusement, ils ne hanteront jamais une surface adverse ensemble… Le grand symbole de Belenenses, qui partageait l’affiche avec son frère, Vicente Lucas, finira sa vie au Canada. En missionnaire d’un foot de qualité et de panache…
Hassan Akesbi – Maroc
Verano en a splendidement parlé lors du Top sur Nîmes. Akesbi était un buteur patenté aux services de Firoud. Il remplacera avec brio Just Fontaine, à Reims, s’offrant enfin le titre de champion de France. Il jouera avec parcimonie avec le Maroc lors de la décennie 1960, participe aux qualifications pour le Mondial 1970, il marque d’ailleurs face au Sénégal mais ne sera pas retenu pour le tournoi final. Akesbi est le 12e meilleur buteur du championnat français avec 173 buts. Le meilleur buteur africain de cette ligue tout simplement…
Gordon Hodgson – Afrique du Sud
Joueur de baseball et de cricket, Gordon Hodgson est le quatrième buteur historique de l’élite anglaise avec 288 buts. Né dans le Transvaal, chaudronnier de formation, Gordon Hodgson connaît deux sélections avec l’Afrique du Sud, avant de s’envoler pour Liverpool et y écrire sa légende. De 1925 à 1936, Anfield sera son royaume, cet attaquant, qui ne reculait devant aucun contact, mettra au minimum 20 buts en championnat pendant neuf années ! Malheureusement nullement récompensées de succès tant il surnageait dans une équipe modeste. Son seul trophée majeur, Gordon Hodgson l’obtiendra avec l’Angleterre lors des championnats britanniques…
Léon Mokuna – RDC
Les Congolais ont souvent des surnoms géniaux. Celui de Mokuna était « Trouet », pour avoir laissé infirme un pauvre filet dans les faubourgs de Kinshasa. Initié au football par Raphaël de la Kethulle de Ryhove, un missionnaire belge, Mokuna force la main de la fédération belge, en signant au puissant Sporting en 1954 ! Trois ans de succès intermittents dans la capitale portugaise, avant un départ pour La Gantoise. Et les frappes puissantes qui en découleront… Pionnier, Mokuna devient le premier joueur noir chez les Diables rouges, une sélection A’ qui, selon certains observateurs de l’époque, aurait mérité une meilleure exposition…
Mustapha Dahleb – Algérie
Et oui, Dalheb n’a jamais joué la CAN. Pas même celles de 1980 et 1982. Une relation contrariée avec la sélection malgré des débuts en 1971 face à Libye, alors qu’il joue sous la tunique de l’ancêtre du Chabab Belouizdad. Mustapha est bien des qualifications pour le Mondial 1982 et une brillante victoire face au Burkina 7 à 0 mais disparaît du casting lors de la CAN organisée chez Kadhafi. Sa revanche, il la prendra quelques mois plus tard, en Espagne, bien qu’étant légèrement en retrait des Belloumi, Madjer ou Salah Assad. 20 sélections uniquement, Dahleb et l’Algérie, les complaintes de la lune au soleil…
Eusebio – Mozambique
Subjectivement, Eusebio est un de mes cinq joueurs préférés. Objectivement, il est le plus grand joueur africain. Les archives, que nous avons la chance de pouvoir consulter, nous offrent une sensation de puissance et d’agilité. D’adversaires qui semblent au ralenti, de frappes lourdes des deux pieds qui laissaient interdits les pauvres gardiens. Eusebio était la modernité, l’exemplarité. Un palmarès et une présence lumineuse sur plus d’une décennie qui unissaient un pays délaissé, hommes et femmes de conditions différentes, autour d’une rengaine indémodable. Eusebio, c’est la joie du peuple…
Voici donc ma liste. Elle fût un déchirement, n’ayons pas peur des mots. J’en demande pardon à Gilbert Moevi, Ben Tifour ou Jean Topka. Et tant d’autres…
Fiou ! Sacrée sélection.
Et que donnerait le XI titulaire ?
Ibrir – Zitouni, Hilario, Diagne – Bonga Bonga, Coluna, Mekhloufi, Ben Barek – Dahleb, Matateu, Eusebio.
Quoi ? C’est un chouïa déséquilibré, et alors ?
Je suis très proche de ta compo. Pour être plus structuré, je mets une défense à quatre, Diagne ayant joué régulièrement à droite et Hilario étant arrière gauche. Hadefi et Zitouni en centraux. Et attaque mozambicaine avec Eusebio et Matateu.
Et pour completer, on pouvait parler du Malien Keita Omar Barrou, qui fut champion avec Nice dans les années 50.
Joseph Yegba Maya, le buteur camerounais de l’OM dans les années 70. Ou Franck Fiawoo, son homologue togolais.
Steve Mokone dont j’ai parlé récemment.
Gabriel Abossolo, milieu des Griondins dans toute la décennie 1960. Un des éléments phares de la génération Artigas.
Noureddine Diwa qui est un des grands talents tunisiens, absents des convocations des années 60, certainement à cause de son départ pour la France…
Top grand chef. Je n’avais pas en tête Dahleb parmi les grands absents… parmi les Algériens, il me semble qu’Omar Betrouni ne dispute pas de CAN non plus, les années 1970 étant pauvres pour les Fennecs (on reparlera de Betrouni prochainement).
Betrouni, exact. Un peu le même cas de figure qu’Hadefi. Trop jeune pour la CAN 68, qui sera abordée prochainement. Et trop tard pour celle de 1980. Dont j’avais parlée dans mon texte sur la Naissance d’un géant.
Hello et merci, Khiadia.
J’ai été troublé par ledit « teasing » concernant Weah……..mais finalement je crois piger : tu écris cela parce qu’il a disputé les CAN 2002..et 96?, c’est bien ça?
Dahleb : jamais réalisé qu’il n’avait jamais disputé la moindre CAN, c’est effectivement étonnant. Tellement étonnant que j’ai cherché à comprendre..mais tout ce que je trouve, ce sont des ressources qui l’épinglent comme ayant pris part au tournoi libyen, celui de 82 que tu évoques…….. ==> Et cependant c’est bien toi qui as raison!, il n’est sur aucune feuille de match, manifestement pas dans le groupe.. ==> Faudra leur dire (notamment à Wikipedia).
Je connais mal l’envergure individuelle des membres de l’équipe du FLN, souvenir d’un documentaire où Mekhloufi en parlait comme de « 11 Zidane(s) »….. ==> Etaient-ils tous à ce point (ou pas bien loin) des cadors??
Trouet et le père de la Kethulle, lol……… Je vais y revenir, une anecdote personnelle. Déjà en dire que ce sont plusieurs membres de la famille de la Kethulle qui consacrèrent littéralement leur vie à ce coin du monde, investissement admirable pour un pays qui n’était mais devint assurément le leur…..et ce à tel point que le Congo sollicita par exemple la dépouille du ci-évoqué « Père Tata », pour pouvoir honorer sa mémoire et son oeuvre. Dans une ville désormais absolument chaotique, son buste reste chaque année fleuri.. ==> C’est l’une des rares manifestations d’ordre substantiel dans ce capharnaum..et c’est dire la trace laissée par ce personnage.
Pour ma part c’est ce Kethulle-ci que j’ai connu, personne en tous points remarquable, digne héritier de la tradition humaniste initiée par le Père Tata : https://www.lalibre.be/planete/sciences-espace/2011/02/04/le-martyre-des-anemiques-ss-7DIGH32RDJGQTBT4JYIVIQX4HY/
Oui, Weah est très souvent placé dans la liste de légendes sans compétitions mondiales ou même continentales. Une fausse rumeur.
En défense, j’ai pensé au départ inclure Julien Kialunda d’Anderlecht. Dont je savais qu’il avait raté les sacres congolais de 68 et 74 mais j’au vu qu’il avait joué un match à la CAN 72. Mauvais tempo pour Julien Kialunda!
Kialunda, aussi, avait pour réputation de trouer les filets, frappe d’une violence rare. J’ai déjà lu des témoignages, datés de ses années belges, selon lesquels il était compliqué de trouver un brave pour affronter ses tirs à l’entraînement.. Etonnant qu’il n’ait pas inscrit plus de buts?? Anderlecht avait certes un frappeur extraordinaire en la personne de Wilfried Puis (l’un des tout, tout meilleurs gauchers d’Europe à l’époque..et à dire vrai probable atout numéro 1 du grand club bruxellois durant toutes les 60’s, davantage que Van Himst) ==> Ca doit expliquer beaucoup de choses.
Aussi loin que je regarde, l’impression que Kialunda est la première célébrité « belge » à être officiellement décédée du sida (87 dans son cas)??? Probablement surtout parce qu’on n’en parlait pas avant.
Puis, tant qu’à faire : https://youtu.be/fSSlSQylg7g?t=118
C’était le père spirituel du Ludo Coeck!
Je relance d’un Günter Delzepich, sous-copie de Hans-Peter Briegel en D2 ouest-allemande des années 80, doué d’une frappe de balle prodigieuse dont subsistent des faits documentés qui feront bientôt l’objet d’un article.
En 82, l’équipe algérienne à la CAN n’est composée quasiment que de locaux. Mise à part Djamel Zidane qui joue à Coutrai. Une superbe joueur d’ailleurs.
Ce Zidane-là aussi était un très beau joueur, oui, racé!
Ce club franchement fauché (beaucoup trop de concurrence dans la région!!! : Zulte-Waregem, le Harelbeke où oeuvra Happel jadis.. ==> Ca a toujours fait beaucoup de capitaux dispersés) a réussi à s’offrir quelques internationaux NL dans les 80’s.. Début 80’s ils ne valaient plus grand chose,ok..mais un champion d’Europe en titre dans le tas tout de même, Hendrie Krüzen.. Certes pas un fuoriclasse, mais transfert tout de même étonnant.
Quand à l’équipe du FLN, elle de superbes résultats face aux sélections du bloc de l’est. Même si ces matchs n’étaient pas considérés comme officiels par la FIFA. Zitouni et Mekhloufi avaient leur place au Mondial 58. Et on parle d’une grande génération des Bleus.
Ben Tifour est un des éléments les plus importants du grand Nice des années 50.
Brahimi et Bouchouk sont d’une des plus belles générations toulousaines. Celle de la deuxième place en 55 et de la coupe en 57.
Ibrir a ete le titulaire au poste chez les Bleus. Boubekeur était le gardien titulaire de Monaco.
Oudjani est simplement le meilleur buteur lensois en d1 de l’histoire.
Kermali, qui était le meneur du groupe, avait un beau passage à Lyon.
Et il manquait le jeune Mahi qui a été élu meilleur joueur du championnat quand il jouait à Rennes. Qui n’a pas pu répondre le groupe FLN pour un rendez-vous manqué. Et qui demeure le dernier Algerien à avoir joué pour les Bleus pendant la colonisation.
Donc un effectif tres dense, rompu au professionnalisme comme aucun en Afrique à l’époque.
C’est pour le moins édifiant, merci!
Sinon, les dirigeants français de l’époque rechignaient souvent à laisser partir leurs joueurs en pleine saison. L’OM refusa le depart du Camerounais Joseph Yegba Maya et Salif Keita joua bien la finale de la CAN 1972 mais en ayant rejoint sa sélection en cours de compétition. A partir de la demi-finale, il me semble.
Jolie équipe, certes, mais ses adversaires du bloc de l’Est étaient de valeur inégale. URSS, Hongrie, Tchécoslovaquie : top. Bulgarie, bon poids moyen. Pologne, RDA, Roumanie, mauvais. Yougoslavie, top mais à la marge pour cause de dissidence titiste. Lesquels le XI du FLN a-t-il affrontés ?
Tiens Triple G, une liste des matchs de l’équipe FLN.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Liste_des_matchs_de_l%27%C3%A9quipe_du_FLN_de_football_par_adversaire
Ne pas oublier qu’elle ne joue que des matchs à l’extérieur
Les agapes passés, retour à cette belle autant qu’originale introduction à la CAN : l’avis laissé sur RSSSF quant à la valeur de cette équipe du FLN.
« The only possible conclusion is that the FLN side was roughly on a par with an average
Eastern European top flight club team; their big wins were all against lower level sides
(in fairly small towns like Kežmarok, Targovishte or Tuzla) or against age-restricted
representative sides (Romanian Trade Union Youth, Vietnam Youth and Yugoslavia Olympic). »
Je ne sais ce que vaut cet avis..mais sacré boulot! : https://www.rsssf.org/tablesa/alg-fln-intres.html
Intéressant ton lien Alex. Il amènerait à pondérer le niveau de l’adversité.
Je trouve qu’il n’enlève rien à ce que tu écrivais, des avis moins antagoniques que complémentaires.
Ça me fait penser qu’un texte sur Londres XI qui joua la finale de la première Coupe des villes de foire serait intéressant.
Bon..mon anecdote concernant Trouet!
Parmi les couloirs où je bossai à Kinshasa, régna quelques années durant une peau de vache flamande. Le genre à se croire au-dessus de la mêlée et à en jouer mais qui, si je n’avais par exemple été là pour corriger ses conneries, aurait par négligence contraint notre ministre des Affaires étrangères de l’époque à traverser à la nage une zone infestée de pirates et rebelles, bref : une sale bête pour le moins imbue de sa personne, professionnellement surfaite..et dont les petites mains congolaises étaient évidemment les premières à faire les frais.
L’objet privilégié de son despotisme de petit chef des Tropiques était l’Hercule congolais attaché à ses services, et pour cause : confondu des années plus tôt d’un énormissime mais indicible (peur du scandale..) trafic de renseignements voire d’influence, bref, plutôt que de le virer, il avait été placé sous l’autorité de cette horreur ambulante….C’était sa punition!
Je ne sais où cette vieille salope avait déniché cette rareté mais il traînait en permanence, sur le « bureau » (une table au milieu du couloir) de ce colosse congolais, un petit livre aux dessins naïfs, daté je crois de 1958, peu avant l’indépendance..et d’ailleurs perclus de paternalisme condescendant, une espèce de concentré de leçons de choses et de civilisation à l’attention du lectorat indigène, à côté de quoi j’assure (puisque je l’eus en mains ensuite) que « Tintin au Congo » était une oeuvre subversive, lol…. Bref! : ce livre était la punition que cette vieille salope lui infligeait quotidiennement, elle avait même fait disposer son bureau de telle sorte qu’elle pût s’assurer qu’il passait bien ses journées à lire et à relire, en boucle, ce vieil imprimé d’une soixantaine de pages..
Je n’aimais pas ce type mais j’aimais moins encore les méthodes de la vieille, bref : un jour où il était en congé (ce qui le disculpait) et elle en train de déjeuner, je pris ce livre sur la table et le ramenai chez moi………..et devinez donc quel était l’objet de ce récit puant de paternalisme colonial? La vie de Léon Mokuna « Trouet »! Comment, du temps où il avait été un enfant, un élève puis un footballeur apparemment turbulent (..ou tout bonnement subversif?), il avait été remis sur le droit chemin, à grands renforts de coups de pied au cul, par le père Tata de la Kethulle, à la dure!
J’adorais ce petit livre, à peu près introuvable..j’aurais adoré lui consacrer un article!!!, en numériser et vous partager la moindre de ses cases (..de l’Oncle Tom, ah ah)…………………mais je l’ai laissé là-bas, j’espère qu’il se trouvera un destin favorable??
Quand j’y repense : quelle salope!
« Méchant comme un flamand », disent les Congolais (ils n’ont rien de tel pour les francophones de Belgique)…… Mes rapports ont généralement été top avec des Flamands, mais c’est vrai qu’il y a de ces cas parmi eux, peuchère…
Et alors ce livre.. Daté de la toute fin des 50’s, peut-être même 59.. A l’époque Trouet est déjà une star confirmée, a martyrisé les défenses au Portugal, en Belgique..a peut-être déjà été appelé en équipe nationale..belge??? (s’imaginer la « consécration », pour un colonisé..)……
Et, cependant : cet imprimé osait en dresser le portrait d’un petit noir peu voire du tout structuré, qui dut à l’oeuvre civilisationnelle d’être parvenu à un plein aboutissement de lui-même??? C’était tellement WTF, j’adorais cette bande dessinée..
Dudit « Trouet » (l’origine de ce surnom reste confuse), je garde aussi à l’esprit que, devenu belge, il fut victime de la politique de zaïrianisation de l’économie congolaise : sa petite affaire à Kinshasa fut aussitôt spoliée, confiée à « un bon Zaïrois »……….autant dire que tout de son capital fut détourné, dans la semaine, par un opportuniste issu de la tribu d’un cacique..
Alex, tu as une capacité rare à tenir ton lecteur en haleine eh eh. Je m’imaginais presque dans ce bureau, la sueur au front, un vieux ventilateur brassant l’air chaud et la paperasse d’une administration définitivement inefficace 😉
Oui, quel suspense insoutenable! Ou comment prendre 40 lignes pour dire un truc qu’un dépressif finlandais aurait résumé en 3 mots 🙂
Mais cette vieille charogne m’a marqué!, comment peut-on être aussi cruel et mesquin??? Je pige pas!
Pas de ventilateur toutefois, brasser de l’air chaud est sans effet, non : on avait des aircos, hein!
Le top dans ces bureaux sans âge (j’avais l’un des plus beaux : 5ème étage, 40m2, terrasse et vue panoramiques sur le fleuve..et l’Ambassade de Chine truffée d’antennes pour nous espionner, lol), c’était le système antédiluvien pour faire voyager les messages, avec des tubes pneumatiques comme dans « Brazil », tu vois le genre??? Il était toujours fonctionnel, je m’en servais même parfois.. ==> A mourir de rire, ça faisait un drôle de bruit genre « gloup ».
https://www.youtube.com/watch?v=DuSDdJIcmHU
Grobbelaar, ça fait bizarre de réaliser que, du point de vue des nationalités s’entend, le premier Africain à avoir remporté la C1 fut donc un..blanc!
Mais je trouve plus bizarre encore de se représenter que, s’il fut mêlé à la « Guerre du Bush », ce fut contre les forces même qui bientôt dirigeraient le pays qu’il représenterait en football. J’avais lu naguère une interview où il affirmait avoir été mentalement sauvé par le foot, c’est qu’il y avait sans doute eu de quoi être tiraillé.
Peter Ndlovu, bon petit joueur! Il excellait à Coventry, du temps où les clubs anglais bricolaient plus qu’ils ne sortaient le chéquier pour surpayer des joueurs déjà reconnus – d’où des profils souvent étonnants, qui se rappelle de Kozma à Liverpool, Warzycha et Radosavljević à Everton (pas faute que ce club sortît alors de ses plus belles années), le Bulgare Guentchev à Ipswich..!!
Ca me manque..!
..ou Kanchelskis à United, fallait le trouver à l’époque.. Me concernant, c’est maintenant que j’apprends qu’il jouait jusqu’alors à Donetsk……… ==> Même chez les Crésus de United l’on savait être inventif, avoir l’oeil..
Superbe travail @khiadialouline
La CAN est déjà réussie
Gracias amigo
@khiadiaTouline
Joyeux Noël à tous
Merci Van. Y aura un texte par décennie.
Sinon, Khia, tu parles de Mansour, l’un des premiers Africains à l’oeuvre aux Îles.. En repotassant, pour un article, mes bases concernant le tournoi des JO 1920, je retombe sur deux de ses compatriotes à l’y avoir précédé : Tewfik Abdullah, vu aux JO d’Anvers donc, et actif notamment à Derby County dès 1920..mais aussi et avant lui Hussein Hegazi, Fulham et lui aussi des JO anversois.
Exact. Ces deux égyptiens ont précédé Mansour. L’Égypte se débrouillait pas si mal puisque les Pharaons finissent 4ème des J.O 1928. Après avoir sorti la Turquie et le Portugal. Peut-être pas des cadors de l’époque et un peu de chance au tirage au sort mais c’est à souligner.
Je crois que comme plusieurs ici, je suis surpris d’apprendre pour Dahleb.
Pour Weah, il est même passé très très près de disputer une coupe du monde : en 2002, le Liberia termine un point derrière le Nigeria, vainqueur du groupe. Quelle histoire cela aurait été…
Je maintiens que la FIFA aurait un joli coup à jouer en offrant une place en Coupe du monde à une sélection du « reste du monde. » Critères de sélection : 1) ne jamais avoir joué de phase finale de Coupe du monde sous un autre maillot, 2) être ressortissant d’un pays qui n’a participé à aucune des trois (ou deux ?) dernières phases finales. Cela donnerait une belle chance de briller aux grands joueurs de petits pays (Weah, Grobbelaar, Cha Bum-Kun, Stapleton en leur temps, Kvaratskhelia aujourd’hui) et offrirait une dernière chance aux joueurs de grands pays en traversée du désert. Je ne sais pas à quoi ressemblerait une liste des 23 ces temps-ci, mais elle aurait sans doute de la gueule.
Zut je n’ai pas pu commenter le jour J mais super article!
Le Portugal pourra quasiment être le 11 type à lui seul tant la majorité des meilleurs joueurs portugais pré-74 vient d’Afrique. Coluna, Eusebio, Hilario, Matateu mais aussi Peyroteo,Vicente Lucas, Sheu, José Aguas, Jordan, Joaquim Santana, Espirito Santo (premiere perle noire), Costa Pereira, Néné….
Une brochette impressionnante avec pas mal de vainqueurs de C1.
Jordao bien sûr!
J’ai pensé à Jordao. Mais ses premières sélections portugaises datent de 1972. On est pas très loin des indépendances. J’ai préféré privilégier des mecs comme Coluna ou Hilario qui ont commencé bien avant la concrétisation de ces independances. Mais Jordao a evidemment sa place dans la liste.
Tous ceux de la liste sont des purs africains, ayant commencé le foot en Afrique. Sheu ou Jordao sont encore des purs produits de la formation africaine. Après Peyroteo est encore plus africain qu’un Eusebio, il y a joué jusqu’à 19 ans, sa famille n’a jamais quitté l’Angola. Alors que Travassos, pourtant métis est né à Lisbonne. Lui et Vicente (il me semblait que tu l’aimais bien lui) ont largement leur place dans un 11 historique.
De toute façon si l’on devait faire un onze historique des footballeurs africains il y aurait pas mal de portugais (Hilarion, Eusebio et Coluna au moins).
C’est mon gros projet pour de futurs articles, cette importance des colonies dans le foot portugais. Avant Figo (voire Futre) toutes les grands leaders générationnels venaient d’une colonie.
Je trouve que cette réussite démontre qu’une formation européenne sur un tel vivier que le continent africain donnerait des résultats incroyables.
Et je n’ai pas mis tous les portugais blancs nés en Afrique. Idem pour les pieds noirs qui ne se considéraient pas comme africains.
Ah je n’avais pas vu ce commentaire , c’est vrai que Fontaine est né en Afrique! Mais pour le coup les portugais blancs étaient bien plus africains qu’un Grobelaar. Certaines familles vivaient depuis des siècles en Angola par exemple. L’indépendance a été vécu comme un déracinement pour beaucoup d’entre eux.