Se souvenir d’Ubado Fillol en équipe d’Argentine, c’est esquisser une chronologie politique de ce pays, ses soubresauts et ses heures noires dans les années 1970 et 1980.
Vous admirez les portiers un peu fous, comme Hugo Gatti, les provocateurs, comme le récent champion du monde, Emiliano Martínez ? Alors passez votre chemin, vous ne pouvez pas apprécier Ubaldo Fillol, le plus grand portier argentin après Amadeo Carrizo, ne serait-ce que chronologiquement. Immensément aimé, il est le superhéros des temps obscurs[1], celui qui rassure par sa présence, et que les Argentins appellent affectueusement El Pato (le Canard) ou, plus rarement, El Buzo Verde ce qui signifie le Plongeur Vert, en référence à la couleur de son maillot.
De Perón à Videla
El Pato vient de San Miguel del Monte, à quelques encablures de Buenos Aires, la capitale qu’il rejoint à 14 ans pour se former dans les rangs de Quilmes. Il se révèle véritablement avec le Racing Club en stoppant six pénaltys[2] dès sa première saison avec la Academia. Puis il signe contre son gré à River en octobre 1973 pour les débuts du Nacional, au moment où Juan Perón est investi président après son retour d’exil et son triomphe électoral.
Sa première sélection, il l’obtient à 24 ans en Coupe du monde, le 3 juillet 1974 contre la RDA. L’Albiceleste a profondément déçu et l’éphémère sélectionneur Vladislao Cap lui donne sa chance dans un match sans enjeu. À cette occasion, Fillol et ses partenaires portent un brassard noir qui n’a rien à voir avec l’élimination : Juan Perón est subitement décédé deux jours plus tôt. La préparation des funérailles mobilise l’attention des journalistes, du peuple argentin et éclipse l’avènement de ce gardien prometteur.
Lorsque les militaires chassent brutalement Isabelita Perón du pouvoir en mars 1976, River Plate est de retour au premier plan après deux décennies de disette. Ubaldo Fillol mesure alors amèrement le lien entre la politique et le sportif. En 1977, son père est tabassé par des inconnus alors qu’il renégocie le contrat d’El Pato. Et pour ajouter au caractère pesant des pourparlers, les discussions avec le président Cabrera ont lieu en présence du vice-amiral Lacoste[3], hincha des Millonarios, ostensiblement armé. Alors, El Pato prolonge avec River aux conditions de Cabrera…
En ayant la responsabilité de l’organisation de la Coupe du monde, Lacoste est l’officieux dirigeant du football argentin. Il installe Alfredo Cantillo à la présidence de l’AFA[4] et contre toute-attente, maintient César Menotti à la tête de l’Albiceleste en dépit de sa sympathie pour les idéaux communistes. Cela devrait priver Fillol de Mundial puisqu’il est brouillé avec le sélectionneur, la placidité du gardien s’arrêtant au terrain de jeu. Mais en 1977, El Pato évolue à un niveau tel que la presse mène une campagne en sa faveur et contre Hugo Gatti, le titulaire du poste. A six mois de l’ouverture du Mundial, l’influent périodique El Gráfico organise la réconciliation entre Menotti et Fillol : ce dernier réintègre l’Albiceste et s’impose comme une évidence, quatre ans ou presque après son unique sélection.
Un cinco dans les buts
Dans son jardin du Monumental ou au Gigante de Rosario, numéro 5 au dos de son maillot vert, El Pato protège ses buts avec un calme absolu, sans arrogance. Réflexes, puissance des jambes, lecture du jeu, il démontre des qualités n’ayant rien à envier à celles de Zoff, Hellström ou Maier, les cracks du moment. Face à la Pologne, il stoppe un pénalty de Deyna, déstabilisé par son impassibilité, alors que l’Argentine ne mène que d’un but[5]. Dans l’âpre superclásico de las América[6]s, il s’interpose à plusieurs reprises face aux Brésiliens Roberto Dinamite et Bufalo Gil. Et en finale, il réalise deux arrêts extraordinaires avant que la chance ne couronne son œuvre en dégoûtant définitivement Rensenbrink[7].
L’Argentine est championne du monde, Videla jubile devant les photographes au moment de remettre le trophée à Passarella. Mais l’image la plus forte est évidemment El Abrazo del alma, cliché réalisé par Ricardo Osvaldo Alfieri sur lequel Tarantini et Fillol communient à genoux alors qu’un spectateur sans bras se précipite vers eux, les manches pendantes.
Le 13 juin 1982, El Pato est toujours le gardien de l’Albiceleste pour l’ouverture du Mundial espagnol dans l’immensité du Camp Nou. Parmi les spectateurs, des hinchas brandissent des pancartes « Las Malvinas son argentinas ». Plus pour longtemps. Le lendemain, le commandant de la garnison argentine occupant l’île principale se rend aux Britanniques, plus de 10 000 soldats sont faits prisonniers. La préparation de l’équipe a été rythmée par cette guerre et la désinformation des médias officiels. Les défaites sportives et militaires surprennent tout le monde, entraînant la désunion d’un groupe au sein duquel Fillol est irréprochable. C’est la conclusion amère de l’ère Menotti, s’ouvre celle de Carlos Bilardo.
En 1983, El Pato joue la Copa América alors que la junte militaire aux abois prépare sa sortie en organisant des élections et le retour de la démocratie. Il est encore titulaire lors des qualifications au Mundial 1986 avant qu’El Narigón ne l’écarte sans un mot d’explication, lui préférant Nery Pumpido, comme si aucune idole de 1978 ne devait gêner la sanctification à venir de Diego Maradona[8].
Entretemps, Fillol a quitté River Plate, las d’être sous-payé, direction Argentinos Juniors puis Flamengo, l’Atlético de Madrid[9], le Racing Club à nouveau et enfin Vélez Sarsfield. Plus de vingt ans après ses débuts à Quilmes, son immense parcours arrive à son terme en décembre 1990 alors que le péronisme est de retour avec le président Carlos Menem. « Comme dans un rêve » selon ses propres dires, il termine au Monumental. Un dernier match et un ultime pénalty stoppé. El Pato fait perdre le Torneo de Apertura à River mais les hinchas ont de la mémoire en lui offrant une sortie triomphale dans ce stade où il a tant gagné au rythme des événements politiques de son pays.
En 2018, Ubaldo Fillol, se rend au-devant des familles de victimes de la dictature, les Mères de la place de Mai devenues grand-mères au fil des ans. A cette occasion, il leur présente ses excuses pour avoir exprimé sa joie sans pudeur lors du sacre mondial, lui dont les poteaux étaient ornés de bandes noires sans qu’on ne sache à ce moment-là qu’il s’agissait d’un hommage clandestin aux disparus.
[1] La dictature militaire s’autoproclame « Processus de réorganisation nationale » dure de 1976 à 1983.
[2] Notamment face à Héctor Scotta (San Lorenzo), Juan Ramón Verón (Estudiantes), Rubén Suñé (Boca) ou Miguel Angel Brindisi (Huracán).
[3] Carlos Alberto Lacoste est un militaire chargé d’organiser la Coupe du monde 1978. Il préside fugacement le pays avant que le Général Leopoldo Galtieri ne prenne la direction du pays.
[4] Asociación del Fútbol Argentino, la Fédération argentine.
[5] Score final 2-0 pour l’Argentine.
[6] Argentine – Brésil : 0-0.
[7] En fin de match, Rensenbrink trouve le poteau alors que le score est de 1-1 entre l’Argentine et les Pays-Bas.
[8] Daniel Passarella est le seul champion du monde 1978 sélectionné en 1986. Alors qu’il est décisif lors du match qualificatif contre le Pérou, il ne joue aucune rencontre en raison d’inexpliqués problèmes gastriques.
[9] Son passage à l’Atlético est sans relief et ce dont on se souvient, c’est de sa présence en finale de Coupe des coupes 1986 perdue 3-0 contre le Dynamo Kiev de Lobanovskyi.
Très bel article qui met à sa juste place l’un des meilleurs gardiens sud-américains de l’histoire. Belle photo de garde aussi qui capture à la fois le style félin de l’homme et son visage toujours impassible, contrairement au « regard qui tue » de Ronnie Hellström. Sachant que tu étais dans les tribunes, je n’ai pas osé me lancer dans ce sujet, mais l’idée m’a tenté… Clin d’œil de carrière à notre Suédois de légende dont je me suis en revanche hasardé à décrire la vie dans ces colonnes : lui aussi a arrêté un penalty pendant son dernier match.
Merci pour le portrait de ce superbe gardien. Et comme dirait un supporteur lensois fameux, on attend toujours un successeur aussi talentueux que lui en Argentine!
Et par rapport à son passage au Vasco, quel pays a eu le plus d’influence sur l’autre, entre le Bresil et l’Argentine? Que ce soit au niveau des joueurs ou des coachs.
Ça mériterait un article : l’influence croisée des footballs argentins et brésiliens. Sans être nulle, elle me parait peu importante. A titre d’exemple, la tentative de « bresilianisation » de Boca et River au début des années 60 ne dure pas.
PS : c’est à Flamengo qu’a joué Fillol.
Au Flamengo evidemment !
« Ça mériterait un article : l’influence croisée des footballs argentins et brésiliens. Sans être nulle, elle me parait peu importante. A titre d’exemple, la tentative de « bresilianisation » de Boca et River au début des années 60 ne dure pas. »
Surtout entre les années 1920 et 1940, il eut des échanges, des influences. Mais à la fin des années 40, chaque football de l’un et l’autre côté est affirmé, et comme le dis Verano, par la suite c’est du registre du « peu important », même si la vague brésilienne des années 60 qui intervient après une décennie très compliqué et autarcique pour le football argentin est à noté comme le fait Verano.
La Copa America 83 est également la seule compétition internationale du jeune Beto Marcico. Passe pas en demi-finale mais il est d’une victoire face au Bresil grâce à un but de Gareca.
17-Ubaldo Matildo Fillol (Captain) (Argentinos Juniors)
Nery Alberto Pumpido (Club Atlético Vélez Sársfield Buenos Aires)
Juan Carlos Delménico (Instituto Atletico Central Córdoba-Córdoba)
6-Jose Luis Brown (Corporación Deportiva Club Atlético Nacional-Medellin (Itagüí) / Colombia)
Juan Carlos Bujedo (Club Atlético Vélez Sársfield Buenos Aires)
2-Julian Camino (Club Estudiantes de la Plata-La Plata)
Nestor Rolando Clausen (Club Atlético Independiente Avellaneda)
5-Oscar Alfredo Garre (Club Ferrocarril Oeste-Buenos Aires)
Omar Roberto Jorge (Club Atlético Vélez Sársfield Buenos Aires)
4-Roberto Mouzo (Club Atlético Boca Juniors -Buenos Aires)
24- Julio Jorge Olarticoechea (Club Atlético River Plate- Buenos Aires)
14-Miguel Angel Russo (Club Estudiantes de la Plata-La Plata)
3-Enzo Hector Trossero (Club Atlético Independiente Avellaneda)
Hector Raul Cuper (Club Ferrocarril Oeste-Buenos Aires)
21-Jorge Luis Burruchaga (Club Atlético Independiente Avellaneda)
9-Ricardo Alberto Gareca (Club Atlético Boca Juniors -Buenos Aires)
Ricardo Omar Giusti (Club Atlético Independiente Avellaneda)
Ruben Dario Insúa (Club Atlético San Lorenzo de Almagro- Buenos Aires)
Luis Antonio Amuchastegui (Club Atlético Racing de Cordoba)
8-Claudio Oscar Marangoni (Club Atlético Independiente Avellaneda)
20-Alberto Jose Márcico (Club Ferrocarril Oeste-Buenos Aires)
22-Jose Daniel Ponce (Club Estudiantes de la Plata-La Plata)
7-Victor Rogelio Ramos (Club Atlético Newell´s Old Boys –Rosario)
10-Alejandro Esteban Sabella (Club Estudiantes de la Plata-La Plata)
11-Jorge Alberto Rinaldi (Club Atlético San Lorenzo de Almagro- Buenos Aires)
Olarticoechea,Burruchaga,Marcico,Tossero et Ramos abciens Nantais ,Marcico ex Toulouse et Ponce ex Nimes mais je pense que vous le savez mieux que moi…..
En tout cas encore un très bel article sur mon pays préféré.
Marcico juste ex Toulouse , je clique trop vite…
Merci Hincha
Rinaldi, ça me rappelle un vhs des plus beaux buts de divers championnats du monde que j’avais chopé. La plupart de la saison 90. Et le commentateur argentin hurlait sur un but de Rinaldiiiiiii!
Mais dans la partie argentine, le plus beau etait una chilena de Diego Latorre avec Boca. Après avoir vu ce but, je pensais que Latorre allait tout défoncer en Europe. Passage plutôt moyen finalement mais le but est magnifique. Images !
https://youtu.be/VlM3zsqllwk
merci Verano pour ce bel article, toujours tes mélanges culture histoire et sport toujours avec cette même finesse! un texte sur un pays que j’adore dans son ensemble pour son histoire et sa (geo)politique merci encore!
merci de rendre hommage a un super joueur découvert un peu tardivement (après 86 forcément vu mon âge^^) j’ai l’image en t^te depuis toujours quand on parle de lui de son but encaissé contre les belges au 1er match de 82 allez savoir pourquoi!
j’ai les images de cette argentine recevant le « soutient » de Galtieri avant la cdm en Espagne de cette équipe paumé entre la fin de la dictature la guerre des Malouines
je me trompe ou en Argentine depuis Fillol y’a pas une si grande tradition de bons gardiens? il semble que le Bresil ait mieux travailler depuis 35 ans sur ce poste
Gracias amigo. Pumpido est sans doute le dernier grand gardien argentin. Goycochea n’était pas très bon mais il se transcendait avec l’équipe nationale. Ajde prépare un article sur le sujet, il sera sans doute question de Tarasconi, Cozzi, Dominguez, Roma, Carrizo, Andrada…
Pumpido était un bon gardien? J’avais plutôt l’impression contraire. Après, j’ai vu de rares matchs de lui, je te fais confiance. Entre sa sortie aérienne face au Cameroun et son passage au Betis au meme moment, le gamin que j’etais l’avait vite catalogué comme mauvais!
j’ai pas la prétention de faire une fresque chronologique des « arqueros » et de parler de chacun d’entre eux ^^
deux, trois remarques tiens.
Pumpido je le considère un ou deux crans en dessous.
Goyco est un gardien de l’albiceleste, parcours club hyper moyen, carrière chaotique, un moyen-bon transcendé par un exploit en coupe du monde et le maillot albi qui est devenu un héros national à ce titre. Dibu Martinez est exactement son successeur, mais en bien plus « sacralisé ».
La « dibumania » qui s’est emparée du pays est fascinante à cet égard … et ça a remis la question du gardien au centre des attentions en Argentine… ce qui m’a donné envie de m’y repencher.
(puisque Americo Tesoriere a été l’un des premiers footballeur à être porter aux nues au niveau national et de l’albiceleste -> un siècle plus tard Dibu Martinez, pas le même registre, pas le même niveau certes. donc avec Americo, se développe une vrai référence nationale et un attrait pour le poste, avec une lignée de gardiens argentins reconnues aux quatre coins du monde sur un demi-siècle; puis le désert après Fillol.
Encore et comme toujours: gracias Verano
Aaaah… la naphtaline!!!
j’aurai tendance à être d’accord avec Khiadia sur Pumpido j’ai un souvenir de la finale de 86 où sa sortie sur le but égalisateur de Voeller il me semble est pas très très catholique voir fort douteuse… me rappel l’avoir insulté (j’avais 11 piges vous dis pas la réaction des darons^^) heureusement la magnifique passe de Diego pour Jorge a chassé mes doutes^^
haaaa merci Verano un article sur les Aregntins ça me manquait (il y a eu bcp de Bresil^^)
Vous êtes sévères les gars ! Pumpido fait une CM 86 solide et de mémoire n’est pas en cause sur les buts allemands (faudrait que je revoie). Cette année-là, en Libertadores, il est un des acteurs décisifs du titre de River. Évidemment, il n’a pas le niveau de Fillol mais Pumpido, c’est mieux que Goycochea par ex.
En 90, oui, il se rate sur la tête d’Omam Biyick et se blesse ensuite contre l’URSS.
Solide, oui, mais c’est de l’Argentine qu’on parle ici. Au niveau multi-étoilé qui est le sien, solide ne suffit pas.
Pumpido il avait le même niveau que Goyco ^^
Shaky comme diraient les ricains
Hola
Pour rebondir sur le commentaire de Khidia concernant l’échec de Latorre , moi aussi je le voyais énorme .
A l’époque la Fiorentina avait acheté 3 Argentins : Latorre , Antonio Mohamed(de Huracan) et mon idole absolue toutes époques confondues l’immense « Batigol » .Ils preteront Mohamed a Boca et laisseront Latorre toujours a Boca une saison de plus .
Au final seul Batigol réussira l’immense carrière que l’on connait , Latorre fera un bref passage a la Fio sans convaincre puis il ira à Ténérife sans être flamboyant avant de rentrer au pays a Boca puis au Racing ou je me souviens l’avoir vu se boucher le nez après un but contre Boca un geste effectué notamment par les 3hinchas » adverses pour se moquer de la prétendue mauvaise odeur du quartier de la Boca ou il y ava
it beaucoup d’abattoirs .
Antonio Mohamed ne confirmera jamais enchainant les clubs notamment au Méxique ou il a une très belle cote .
Hello Hincha, Latorre ne s’est jamais adapté à la vie italienne. Un fiasco !
Quant à l’histoire des odeurs, je crois que l’un des premiers à s’être bouché le nez en entrant dans la Bombonera est Angel Labruna quand il était coach de River. On en reparle d’ici quelques jours quand il sera question de Morete.
Oui, Antonio Mohamed a bien marché au Mexique. Tres aimé pour son style, il avait réussi à conduire los Toros de Neza jusqu’en finale. J’ai un bon ami qui est de Nezahualcóyotl et même s’il est plus hincha des Pumas, il a adoré cette periode des Toros. Nezahualcóyotl, c’est un quartier de Mexico DF mais aussi peuplé que Toulouse par exemple.
C’était un type un peu fantasque . A ce titre il y a un super site Argentin que vous devez connaitre qui parle entre autre de ce type de joueurs : « En una baldosa » ….
J’ai dû suivre pas loin de toute la dernière saison conjointement disputée par Latorre et Batistuta pour Boca, début 90’s donc, et dans mes souvenirs il était impossible d’affirmer que l’un ferait une plus grande carrière que l’autre – surtout plus grande à ce point. On parlait certes un chouia plus de Batistuta, mais c’était vraiment ténu et la Fiorentina semblait avoir fait un coup génial en les réunissant, et puis..
Sutton-Shearer aussi, à Blackburn : le plus décisif des deux dans leur sacre historique ne fut pas forcément Shearer, Sutton marchait sur l’eau.. mais a tout de même eu une carrière plus aboutie que Latorre.
Pour ma part, j’étais persuadé que Latorre allait réussir et j’avais de sacrés doutes sur Bati à son arrivée à la Viola. Bati avait un côté bourrin, une frappe puissante mais mais son manque de souplesse me déplaisait. Ses débuts en Italie sont bons mais pas vraiment exceptionnels. Puis il a progressé et j’ai dû reconnaître mon erreur alors que Latorre n’a pratiquement jamais joué avec la Fiorentina.
Verano évoque le cas Passarella en 1986 , Passarella était un joueur et plus tard un sélectionneur à très fort caractère (on se rappelle l’histoire des cheveux longs ) , en 1986 il avait été dépossédé du brassard par Maradona avec lequel les relations étaient houleuses et les 2 s’étaient opposés sur divers sujets , notamment la discipline de groupe . Maradona avait été rejoint dans cette opposition par Valdano (autre forte personnalité ) et a un degré moindre Oscar « Cabezon » Ruggeri qui était plus ou moins en concurrence sur le poste avec Passarella . Il y avait 2 clans antagonistes dont la rivalité perdure encore , il fallait presque prendre parti pour les uns ou les autres . Lorsque plus tard le fils de Passarella décèdera celui-ci n’acceptera pas les condoléances de Diego . Ramon Diaz accusera toujours Maradona d’être à l’origine de sa non sélection en 1986 et 1990 (il avait quand même été champion d’Italie avec l’Inter en 89 et performant avec Monaco en 90) , Diégo a toujours nié le fait tout en déclarant que Diaz s’était auto-exclu en étant un proche de Passarella . Pour finir avec le tragique Ramon Diaz a malheureusement perdu son fils cadet victime d’un terrible accident de voiture il y a 2 ou 3 jours….
Passarella est persuadé d’avoir été intoxiqué pendant la préparation pour la CM. S’il avait pu, je pense que Bilardo ne l’aurait même pas sélectionné. Mais comment expliquer l’absence du Gran Capitan, décisif contre le Pérou alors que la qualification pour la CM semblait très compromise ? L’hypothèse d’un empoisonnement ne peut être exclue, surtout quand on sait qu’étrangement, le corps médical a mis de longs jours à le soigner. Le Kaiser était isolé dans cette sélection, il était le dernier champion de 1978 puisque Fillol a été évincé au dernier moment.
Sinon, c’est plus Brown que Ruggeri qui a pris la place de Passarella.
On ne saura jamais la vérité et Passarella s’il aurait mérité plus de respect était quand meme très difficile à gérer .
Tu as raison pour Brown mais je pense que Ruggeri préférait jouer avec lui qu’avec Passarella …
Leao : avec lui le Brésil aurait pu/du être champion du monde en 1982
Cruyiff en 1978
schuster : en 1982 et 1986
Platini à 100 % en 1986
Maignan en 2022 aurait fait gagner la série des tirs aux buts
Qui voyez vous d’autres absents qui auraient pu changer le destin ds coupes du monde ?
* comme autres absents : pardon : toujours se relire avant d ´appuyer sur laisser un commentaire
c’est vrai que c’était bien bouillant les guerres de clan avec l’albiceleste pendant cette quinzaine d’années!c’est quand même plus sympa ces histoires que les pauvres histoires de fesses entre Platini et Larios en EDF (ou du moins les fesses d ela femme à platoche^^)
Ça c’est un texte pour Verano! Larios à l’Atletico !
Larios le plus fort à Bastia ou à St Étienne en 1980 ?
En tout cas carrière gâchée à cause de l’extra sportif , une sorte de Briegel , mais pas sûr qu il aurait eu sa place dans le carré magique du milieu de terrain français
Pas de souvenir particulier (ni souverain, ni médiocre) de Pumpido. Mais je n’ai quasiment jamais rien vu de sa carrière de club, ça ne tient quasi qu’à la Coupe mexicaine.
Finale, le gros trouage dans cette rencontre : pour moi ça restera toujours le premier but concédé par Schumacher (laquelle erreur niqua bien plus sa carrière que l’affaire Battiston 4 ans plus tôt).
Ce n’est pas tant cette erreur qui a niqué sa carrière que le déballage en masse qu’il a sorti en 1987 dans sa biographie « Coup de sifflet ». Dopage (confirmé peu après par Jupp Kappellmann, ce qui aura au moins eu le mérite de libérer un peu la parole), règlements de comptes avec son ex-président à Cologne et un paquet d’entraîneurs, dessous peu reluisants de la vie de l’équipe nationale à la CM 1982, tirs à boulets rouges sur les méthodes d’entraînement en Bundesliga et la puissance de travail de ses coéquipiers, tout y était passé. Il n’y avait guère que sur le dernier point que Schumacher était irréprochable. Plus personne n’a voulu de lui en BL pour plusieurs années après ça et il a dû s’exiler à Galatasaray alors qu’il avait encore deux ou trois ans devant lui au plus haut niveau. Par la suite, sa carrière d’entraîneur et de dirigeant a été loin de justifier le contenu de son livre.
Je crois précisément qu’il l’évoque dans ce livre : coup terrible, la presse allemande ne l’épargna pas. Attention que je ne dis pas « coup fatal dans sa carrière », nope : simplement que cette sortie foireuse lui fut plus dommageable que ne l’avait été l’affaire Battiston en 82, c’est tout mon propos.
La sortie de « Anpfiff » un an plus tard, c’est quand même un drôle de timing. L’édition (ré-édition?) dont je dispose comporte un avant-propos de Schumacher, 3-4 jours de convalescence devant moi, vais regarder s’il y dit pourquoi il écrivit ce (nécessaire et bienvenu) brûlot. Pour ma part le mec semblait surtout archi-lessivé, rincé par l’exigence du foot pro ouest-allemand, sa personnalité aussi…… C’est une espèce de fil conducteur, cette usure mentale et physique de tous les instants.. Ce fut peut-être un gros coup de ras-le-bol..à moins qu’il ne se soit dit « foutu pour foutu »?? Je regarderai demain.