Cruyff pour Cruyff, dent pour dent – 2ème partie

L’exil, c’est la nudité du droit. (Victor Hugo)

(Rappel des faits : Coupable d’avoir critiqué le détournement, par le clan Cruyff, des primes allouées à l’équipe nationale, aussitôt privé de Coupe du Monde 1974 sous prétexte d’une blessure pourtant en rien rédhibitoire, puis même victime d’une manifeste conspiration lors d’un rassemblement à Zeist à l’automne 1975, le gardien-vedette Jan van Beveren se résigne à 27 ans, et de conserve avec le joueur du siècle du PSV Willy van der Kuijlen, à prendre sa retraite internationale. Si le chantage exercé par Cruyff et son beau-père Cor Coster, agent de la plupart des joueurs du Elftal, a semble-t-il parfaitement fonctionné, l’on ne pourra toutefois en dire autant des successeurs de van Beveren entre les perches néerlandaises, dont le destin en équipe nationale n’était peut-être aussi définitivement réglé qu’on ne le croyait…)

Fragilisés depuis 20 ans par l’influence délétère des Coster père et fille, les liens familiaux au sein de la famille Cruyff exploseraient pour de bon en janvier 1989, quand le frère aîné de Johan Cruyff, par ailleurs beau-père de Ruud Gullit, confierait à un journaliste que « non pas un, mais huit » visiteurs âgés de son commerce d’articles de sport à Amsterdam lui avaient raconté « des histoires horribles » sur le père de Danny. Ledit Henny Cruyff poursuivait : « Cor Coster semble avoir porté l’uniforme SS, en 1940-1945. L’uniforme noir donc, le summum de la crasse. Il a été assistant commis à la garde d’un camp en Lettonie. Recueillir l’or des morts pour le revendre. Des sandwichs vendus à cinquante florins l’unité. Voilà le genre de personne qu’il fut pendant la guerre. Libre à chacun de vérifier cela à l’Institut national de documentation de la guerre, sur le Herengracht, moi je tenais à le faire savoir publiquement, aux yeux des Coster. Que de fois n’ai-je demandé à mon frère comment il pouvait vivre avec ça, alors que notre père était hostile aux Allemands. Mais Johan était si faible qu’il préféra renier sa propre famille. » Aussitôt relayées par l’hebdomadaire Hervormd Nederland, ces accusations contraindraient Coster à déclarer qu’il n’avait « pas été un héros à l’époque », qu’il n’excluait pas « d’avoir commis des erreurs », et même à ajouter qu’il les « regrettait désormais profondément. »

Novembre 1975 – Le coup d’Etat

En rien intéressé par les arcanes du football néerlandais, van Beveren ne comprit probablement jamais le fin mot du putride règlement de comptes déroulé à Zeist et dont, en dépit des apparences, il n’avait en rien été l’exclusif voire principal objet. Moins de quatre semaines plus tard en effet, nonobstant d’évidents conflits d’intérêt, et bien que de premières rumeurs circulassent déjà sur son passé au service de la Waffen-SS, ou qu’il fût déjà inquiété par la justice pour malversations financières dès 1974, la fédération néerlandaise de football engagerait-elle ainsi, et le plus officiellement du monde, le beau-père de Cruyff comme conseiller principal au sein de l’organisme fédéral en charge de la… « médiation » (sic) des transferts!

Durablement snobée par la presse sportive nationale comme internationale, cette nomination ferait toutefois aussitôt les choux gras du fort roide Leidse Courant qui, dès le 11 novembre, l’analyserait comme suit : « Tout est possible dans la jungle du football professionnel néerlandais. Cor Coster, l’un des dirigeants de la société de management sportif Inter Football, que la KNVB (NDLA : Fédération néerlandaise de football) tenait jusqu’il y a peu encore pour l’une des figures les plus controversées du sport, entre donc en fonction au sein de la… KNVB, en tant que conseiller au sein de la Fondation pour la Médiation du Travail du Football Professionnel. »

« Les parties-prenantes de ladite fondation sont la KNVB, l’association des employeurs, l’association des travailleurs, des spécialistes du football et le Ministère des Affaires Sociales. Inter Football, que va d’ailleurs quitter Cor Coster, continuera d’exister mais ses deux directeurs restants, Piet Keizer et Maarten de Vos, ne pourront plus se mêler de médiation et seront donc affectés à d’autres tâches commerciales dans le milieu du football professionnel. La nouvelle position de Cor Coster sera unique dans le football néerlandais. La KNVB sollicitera pour lui une licence officielle auprès de l’UEFA, de sorte qu’il devienne le premier et exclusif agent de joueurs officiel du football néerlandais. Ses rapports avec la fédération seront ceux d’un travailleur free-lance. Cette décision surprenante met un terme définitif à la question, déjà maintes fois soulevée, de la nature exacte des activités de la société Inter Football. »

8 mars 1973, première du film Johan Cruyff, Numéro 14 : accolade entre Cor Coster et Dingeman Dé Stoop, dirigeant fondateur de la ligue professionnelle du football néerlandais. Des années durant, Stoop fut exclu du football professionnel après avoir contraint un joueur à une fausse déclaration, de sorte de dissimuler ses agissements mafieux lors de ladite « affaire Sal ». Pleinement réhabilité dans les années 1970, et réinvesti de la gestion du football professionnel au sein de la Fédération néerlandaise, il y milita constamment pour le développement du foot-business et pour la hausse drastique des droits de diffusion du championnat néerlandais.

« Travesties par ce tour de passe-passe, bien qu’au fond elles restent inchangées, les activités menées par Inter Football n’entrent de la sorte plus en conflit avec l’arrêt prononcé en mai dernier, par lequel devenait interdite toute activité dite de médiation des transferts de joueurs. Certains clubs, tels Ajax et Feyenoord, avaient aussitôt marqué leur opposition à cette interdiction, et même poursuivi plus avant leur juteuse collaboration avec Inter Football. D’autres par contre (parmi lesquels le PSV), respectueux de cette décision, furent progressivement écartés faute de bénéficier des mêmes relations. Désormais qu’est salué le travail passé de Coster à la tête d’Inter Football, et qu’il travaillera directement pour la KNVB, les clubs n’auront plus d’autre choix que de coopérer davantage, et tous ensemble sous son expertise, à la conclusion de transferts dans le football professionnel. »

Le Leidse Courant, publication trois fois séculaire et à ce point sérieuse qu’elle avait jugé futile de couvrir le naufrage du Titanic en 1912, serait toutefois bien seul à rapporter l’extraordinaire réhabilitation d’une structure passée, en six mois à peine et au terme du coup-monté de Zeist (qui avait nécessairement décrédibilisé le PSV), de paria à agent monopolistique du moindre transfert opéré au sein du football néerlandais.

Le solde de la médiasphère batave, pour sa part, s’échinerait au mieux à saluer la sortie de crise du Elftal, enfin !… ou au pire à accabler le « lâche » et le « traître » van Beveren, ainsi que l’on pourrait le lire parmi les quelque 500.000 tirages quotidiens du très populiste et droitard Telegraaf (où débutait alors Jaap de Groot, nègre de Cruyff durant les quatre décennies à venir), parmi les pages de l’influent Voetbal International (où Cruyff avait pour nègre le très influent Bert Nederlof, doublé dès 1977 du Rastignac Johan Derksen), ou encore les 80.000 exemplaires journaliers du Tijd, journal au sein duquel officiait le susmentionné Maarten de Vos : premier journaliste sportif autorisé à interviewer joueurs et entraîneurs sur pelouse, longtemps même le seul qui pût pénétrer dans les vestiaires…et accessoirement, donc, fondateur et co-dirigeant d’Inter Football.

Un film de Maarten de Vos et Cor Coster : Johan Cruyff, Numéro 14 – Comment Cruyff a remporté toutes les Coupes en 1972.

A l’instar de ses associés Cruyff et Coster, mais a contrario du plus aristocratique Keizer, Maarten de Vos défraierait régulièrement la chronique judiciaire : argent sale, diffamation, faux en écriture… Et pourtant aura-ce été dans le domaine de la fraude hagiographique qu’il se sera, en définitive, le plus efficacement illustré : auteur en 1971 de l’édifiant mais angéliste De Ajacieden, puis deux ans plus tard et en collaboration avec Coster du christique nanar cinématographique Johan Cruyff, Numéro 14, de Vos aura en effet de la sorte tracé les grandes lignes de l’iconographie cruyfienne, relayées ensuite à l’international par la grâce du précieux réseau de la fondation Conamus, et qui aujourd’hui encore font toujours autorité.

Vainqueurs par KO mais nullement rassasiés, non contents de la lucrative position monopolistique fraîchement gagnée sur le marché des transferts, ni de la mise au ban préalable de van Beveren et de l’encombrant board du PSV, les dirigeants d’Inter Football gagneraient même deux ans plus tard, dès que la qualification fut entérinée et en partenariat avec le géant national de la distribution Wastora, les droits exclusifs d’exploitation de l’image du Elftal pour l’imminente Coupe du Monde 1978. Sans surprise, et bien que l’absence de longue date programmée de Cruyff à ce tournoi leur laissa les mains libres pour relayer les critiques portées contre le régime de Videla : les organes médiatiques d’Inter Football (Telegraaf, Tijd, Voetbal International…et leurs indénombrables affidés respectifs tels Leeuwaarder Courant, Leids Dagblad, Ijmuider Courant ou encore Nieuws van de dag… soit bon 80% de la presse néerlandaise) useraient bientôt de leurs pires ficelles pour décrédibiliser l’action, pourtant inoffensive, entreprise par les cabarettistes Freek de Jonge et Bram Vermeulen – lequel duo-vedette de la scène artistique néerlandaise n’y survivrait d’ailleurs pas.

Le saxophoniste et activiste Freek de Jonge, lors d’un happening condamnant la participation des Pays-Bas à la Coupe du monde 1978.

1977-1978 – La mise à mort

Puis les hommes de passer (six entraîneurs fédéraux en l’espace ramassé de six saisons), autant que ne restaient patents les démons du football hollandais, ou que ne perdurait un phare, en cet océan de bataves infamies…

Nieuwsblad van het Noorden, 12 août 1976 : Zwartkruis oeuvre au retour de van Beveren et de van der Kuijlen. Jan Zwartkruis, coach par intérim de la Fédération néerlandaise de football, ouvre la voie à un retour des joueurs du PSV van Beveren et van der Kuijlen en équipe nationale. Au terme de plusieurs entretiens personnels avec chacun des intéressés, il semblerait en effet que les problèmes soient désormais réglés entre le capitaine Johan Cruyff et les deux joueurs du PSV. Il n’est toutefois pas encore pleinement acquis que van Beveren et van der Kuijlen se rendront à nouveau disponibles pour le Elftal. Selon Zwartkruis, « le groupe tient dans un premier temps à pouvoir s’entretenir avec les deux leaders du PSV, avant de pouvoir prendre sa décision. En ce qui me concerne, il est fondamental que les meilleurs joueurs évoluent au sein de leur équipe nationale, et qu’ils oeuvrent tous ensemble, en parfaits professionnels, à gagner leur croûte. » Dès qu’il fut nommé entraîneur par intérim, l’une des premières missions que s’assigna Zwartkruis tint à régler le grave conflit qui avait opposé Cruyff aux deux joueurs du PSV. Ce pourquoi, à l’occasion d’un camp d’entraînement du FC Barcelone à Papendal, il avait déjà essayé de réunir les trois hommes autour de la table. « J’y échouai toutefois, car nous manquions de temps pour aboutir quoi que ce soit. Mais j’ai bel et bien pu parler avec chacun d’entre eux, ou plutôt avec Krol en ce qui concerne Cruyff, lequel m’a donc fait savoir via son ex-équipier et représentant qu’il allait réfléchir à une éventuelle décision. Maintenant que le cycle des discussions est clos, il ne reste plus qu’à attendre la réponse de van Beveren et de van der Kuijlen. »

Et considérant l’indigence chronique du portier Jongbloed, du tout circonscrite à sa faiblarde prestation munichoise de 1974, Jan Zwartkruis, le nouvel et pragmatique entraîneur de la sélection, de s’employer dès lors et en toute priorité à convaincre van Beveren de renouer avec les Oranje, dans la perspective d’un match de qualifications pour la Coupe du monde 1978 à disputer face à la modeste équipe d’Islande, le 8 septembre 1976… – et y parviendrait, le bougre, au terme de négociations qui des mois durant tiendraient le peuple et le football néerlandais en haleine… mais contre la promesse, cette fois, que la Fédération néerlandaise règlerait enfin à Jan la totalité de ses primes, toujours dues pour la période 1973-1976 !

Contre toute attente, Zwartkruis lui préférerait pourtant au dernier moment le gardien d’Anderlecht Jan Ruiter, qui y gagna d’ailleurs l’unique sélection de sa carrière, et qui des années plus tard s’expliquerait comme suit du curieux revirement de leur entraîneur fédéral : « Nous étions tous convaincus que van Beveren jouerait, mais c’est alors que Zwartkruis partit s’entretenir avec le capitaine Ruud Krol, et que la sélection prit soudain un tour totalement inattendu… Van Beveren a été victime d’un jeu de dupes. C’est quelque chose qu’on n’a pas le droit de dire mais factuellement, il faut le dire : il a été victime de corruption. »

Son retour entre les perches nationales attendrait en définitive près d’un an encore, à l’occasion du match-retour face à l’Islande, disputé le 31 août 1977 en l’absence d’un Cruyff soudain indisposé. Mais naturellement pressenti pour le match décisif, qui cette fois encore opposerait l’Elftal aux belges voisins du Sud, van Beveren apprendrait bien vite, de la bouche même d’un Zwartkruis déjà débordé, que l’ajacide et médiocre Jongbloed lui serait encore préféré : « Mon excuse sera lamentable, Jan… : j’ai les mains liées !… Si tu joues : Cruyff ne jouera plus ! »

Le fier et têtu patriote van Beveren, premier transfert de l’Histoire du football néerlandais à atteindre le million de florins, s’accrochait toutefois encore à ses principes… si bien que Zwartkruis, puisqu’il le confirma, crut nécessaire d’ajouter, toujours debout devant la chambre où il venait de nuit de frapper : « J’agis sous influence, Jan. Ce n’est même pas moi qui décide de l’équipe. » Ni Zwartkruis ni van Beveren, dont les récits respectifs concordèrent toujours au mot près, ne s’épanchèrent jamais sur ce que fut alors la réaction du portier, auquel il fallut plus de quatre mois encore d’humiliations sur le banc ou en tribunes pour annoncer enfin, et toujours conjointement avec son fidèle ami van der Kuijlen, sa retraite définitive de la sélection nationale.

Cet article, immédiatement postérieur à l’annonce concomitante de la retraite internationale de van Beveren et de van der Kuijlen (et avant eux de l’exceptionnel buteur que fut Ruud Geels – évoqué en première ligne, et victime lui aussi du cruyffisme), est parmi d’autres un bon témoignage de la vilenie et des manipulations à l’œuvre dans la presse inféodée aux intérêts des Cruyff et Coster. Si le titre, brin méprisant et d’évidence orienté (« Jan van Beveren et Willy van der Kuylen laissent tomber la lutte pour le titre mondial au motif de raisons privées »), relaie fidèlement quoique sur un ton assassin les raisons pudiquement avancées par van der Kuijlen, il trahit bien au contraire et grossièrement les explications pourtant données dans l’article par van Beveren : son retrait n’avait rien d’ordre « privé », mais tenait au fait qu’« avec l’équipe nationale tu ne sais jamais à quoi t’en tenir. C’est à l’entraîneur de faire ses choix, mais à mon âge je me vois mal rester assis quelques semaines sur le banc en Argentine. Qu’ils prennent un autre joueur à ma place, moi je reste à la maison. Toute autre précision dans mon chef serait de toute façon mal interprétée. » Comme si la manœuvre dialectique ne suffisait pas, le troisième paragraphe était particulièrement abject qui, nonobstant la couverture exhaustive faite deux ans plus tôt de l’affaire de Zeist, ou ces dizaines de fois où Cruyff témoigna d’un désintérêt total pour l’équipe nationale, osait affirmer que « Cruyff ne sera pas de la partie, si bien que ce refus de rejoindre l’équipe nationale ne peut être rapporté aux supposés ressentiments à l’encontre de Cruyff. Si van der Kuijlen et van Beveren souhaitent rester à la maison, c’est précisément pour les mêmes raisons qu’à l’époque : un manque de clarté dans leur investissement pour l’équipe nationale. »

Et ce match contre l’Islande, à l’été 1977, d’avoir donc été le dernier de l’éprouvante carrière internationale du formidable portier du PSV – amputée selon Henk Spaan, journaliste peu susceptible de cruyffophobie, de quelque 40 sélections nationales au bas mot (en cette funeste année 1978, le probable meilleur gardien de l’Histoire du football hollandais, il est vrai, n’était encore âgé que de 29 ans…).

Cruyff le rejoindrait presque aussitôt, en intégrant le club des pré-retraités hollandais au soir même de ce match livré face aux Belges, et qu’il avait sciemment barré au portier… mais au moins Cruyff l’eut-il choisi, lui qui depuis le début des années 1970 n’avait de cesse de répéter qu’il ne disputerait jamais plus d’un championnat du monde sous le maillot néerlandais, trop peu lucratif à son goût ! Et comme de coutume, une légende opportune s’empresserait de prêter à l’idole de tout un peuple (et grand démocrate s’il en fut…!) d’avoir préféré brider sa carrière, plutôt que de se commettre à l’infamante Coupe du monde en Argentine…

Légende et médias, en aval de Cruyff, auront beau redoubler d’efforts, d’inventivité – de risible haut-sens démocratique, donc, en confuses et tardives menaces exercées contre sa famille –, la raison au fond était combien plus prosaïque (c’est-à-dire indicible) : en l’absence du si œdipien « père » Michels (ou de ses faibles avatars), et en sus de vieilles considérations financières voire conjugales, c’est l’incorruptibilité de Happel, bien plutôt, que ce demi-dieu redoutait !

Mais que de mal, entre-temps, le système Cruyff n’avait-il commis ! Depuis ce van Beveren, qui donc jamais n’abolirait le hasardeux Jongbloed (combien coupable en Allemagne, mais imposé par la clique Michels sous prétexte de son jeu au pied alors même que van Beveren, parfait ambidextre et joueur moderne, était unanimement célébré pour la qualité de ses relances et de son jeu long), à l’épique van der Kuijlen, meneur et buteur d’exception, et qu’une ajaxocratie hostile réduirait, inexorablement, à une vingtaine de sélections…

Extrait de la presse néerlandaise, daté du 17 avril 1978 : Des cambrioleurs attaquent au véhicule-bélier le garage de Jan van Beveren. Le gardien du PSV a dû céder sa place à van Hengelen, à la mi-temps du match disputé contre Haarlem. Ainsi que s’en expliquera van Beveren, il y avait une raison très particulière à cela : « J’ai à peine dormi ces dernières nuits, à dire vrai j’ai même fait un malaise pendant la pause. Jeudi soir, deux cambrioleurs ont délibérément embouti la façade de mon domicile avec une voiture-bélier, apparemment dans l’intention de voler des tapis dans mon magasin. Ils ont d’abord poussé la voiture de ma femme hors de l’allée, après en avoir brisé une vitre. Puis ils ont percuté trois fois la porte du garage, mais sans parvenir à pénétrer dans notre domicile. Quand je me suis réveillé et que j’eus allumé toutes les lumières, ils se sont enfuis. Mais depuis lors c’est à peine si j’ai dormi, impossible de fermer l’oeil les nuits suivantes. Le moindre bruit me réveillait. Sans compter que je n’étais pas vraiment remis de la fête qui a suivi notre qualification à Barcelone, bref c’est pour toutes ces raisons que je suis sorti à la mi-temps. »

Quant à Rensenbrink… Oh l’encombrant que voilà !… et étranger à l’armée d’Ajax, également !… mais dont Johan mesurait si pleinement combien incontournable était « l’homme-serpent », que Cruyff et Michels s’accorderaient bien vite à sacrifier, pour lui et pour une fois, l’ajacide équipier Keizer : ailier longtemps complice, mais soudain disqualifié pour une sombre histoire de capitanat (lequel se devait, comme toute chose : de revenir à Cruyff, quand bien même son départ pour Barcelone était convenu depuis plusieurs années)…

Ô tant incontournable Robbie, que lors de cette fantomatique finale oranje de Munich : Rensenbrink seul serait excusable, qui s’alignait blessé et affaibli, et serait d’ailleurs bien tôt remplacé… Et Rensenbrink de tousser… et tous les Oranje de prendre froid, qu’importassent Johan ou pas Johan, comme en 1978. Aux critiques premières qui, dans la médiasphère néerlandaise, éreinteraient la prestation anxiogène et sinon transparente de Cruyff, De Telegraaf puis Voetbal International, organes de presse du cruyffisme naissant, opposeraient toutefois bien vite que le responsable premier de la défaite avait été Rensenbrink, fallacieusement tenu pour coupable d’avoir trompé Michels quant à son état de santé.

Quant au pauvre Jan, Jan… De près ou de loin, les Coupes du monde toujours se refuseraient à lui, qui sitôt approché par la télévision nationale, pour y couvrir comme consultant la Coupe du monde argentine, avait dû affronter l’ire tenace des ovidiens fan-clubs du « Hollandais volant » : attaques en règle de la presse inféodée à Cruyff (qui le qualifierait encore de « lâche » et de « traître »), menaces de mort répétées à l’encontre de ses enfants, et même home-jacking dans l’immédiate foulée de l’héroïque qualification de son PSV sur la pelouse du FC Barcelone, d’un Cruyff plus comédien que jamais… – et une fois de plus, une fois encore : se retirerait… !

A moins qu’elle ne lui fût totalement inféodée, et ainsi que l’illustre ce titre du vénérable Leidse Courant (« Le théâtre de Cruyff ne sauve pas Barcelone »), paru au lendemain de la qualification du PSV de van Beveren sur la pelouse du FC Barcelone le 12 avril 1978, la presse néerlandaise était rarement amène des prestations de Cruyff. A droite, précisions de Jan Poortvliet, lequel l’avait totalement éteint lors de la rencontre-aller : « Les deux pénaltys furent des cadeaux de l’arbitre. Johan Cruyff a énormément joué la comédie, mais chacun sait qu’il peut décider de la sorte du destin d’une rencontre ; que de fois ne l’a-t-il d’ailleurs fait pour l’équipe nationale. Son petit jeu fut presque fatal au PSV. Cruyff a certes mieux joué qu’à Eindhoven, et cependant j’ai rarement été mis en difficulté. A dire vrai, je n’ai pas douté un instant que nous atteindrions la finale. » Au soir même de cette publication, le domicile de van Beveren était soudain attaqué à la voiture-bélier.

Epilogue

Dégoûté des Pays-Bas et inquiet pour les siens, van Beveren refuserait en 1980 la généreuse prolongation de contrat assortie d’un plan de réinsertion que lui proposait le PSV, pour y privilégier une fin de carrière enfin paisible et même fructueuse aux Etats-Unis. C’est là-bas, le 26 juin 2011 et à l’âge de 63 ans, en sa terre d’adoption du Texas et désormais divorcé, qu’il décédera seul d’un arrêt cardiaque, parmi ces timbres de collection qui, de passion de jeunesse et de palliatif durant la Coupe du Monde 1974, étaient devenus en Amérique son modeste mais principal gagne-pain.

Trop longuement gagné à un régime alimentaire fait de café et de cigarettes, et non moins apprécié dans son Beaumont d’adoption qu’il n’était devenu acide envers ses compatriotes (« des gens calculateurs et secs »), van Beveren en avait pour de bon fini, de ces luttes fétides qui avaient compromis son destin et son désormais lointain football néerlandais. Selon le journaliste Matty Verkammen, ultime compatriote qui parvint à lui rendre visite sur sa terre d’exil (lequel dura 30 ans), van Beveren vivait alors dans un appartement « où vous ne feriez pas même dormir votre chien », et où chaque soir le meilleur gardien de l’Histoire des Pays-Bas devait déplier un petit lit d’appoint, au milieu de son unique pièce… Possiblement voué à la solitude, tant il était arrimé à ses principes comme l’est un chien à son maître, van Beveren avait été coupable, selon le nègre de Cruyff Johan Derksen, de n’avoir « pas eu l’intelligence de confier ses intérêts à Coster, sans quoi rien de tout cela ne serait sans doute jamais arrivé. »

Beaumont, Texas, 28 juin 2011 : hommage rendu à van Beveren par les joueurs du Spindletop Select Soccer Club.

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45 réflexions sur « Cruyff pour Cruyff, dent pour dent – 2ème partie »

      1. Ahaha, c’est ce que j’ai pensé également. Et y a du nazi, ça va faire plaisir à Bobby.

        PS: j’espère que tu as jeté un œil à la draft NHL. Encore un Polstiboy dans la place.

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      2. Oui, j’ai vu. David Reinbacher, c’est ça? Bien placé en plus. C’est un tout bon? Après, j’ai l’impression qu’ils mettent plus de temps à etre dominants les jeunes.
        Jack Hughes l’est désormais mais Lafreniere est encore mitigé. Kakko…
        Tim Stützle a l’air bien parti. Ils sortent des mecs intéressants les Allemands…
        Matthew Beniers a fait une saison encourageante pour un début dans la ligue.

        Tu sais s’ils vont organiser une world cup? Vu qu’ils ne veulent plus de joueurs NHL aux J.O, ce serait chouette d’avoir enfin tous les meilleurs sur une compétition.

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      3. On ne peut présager de l’avenir, mais le Reinbacher a beaucoup de qualités. Un défenseur très complet, classieux, il a pas eu pas mal de temps de jeu lors du dernier championnat du monde. Manque encore de puissance, mais très prometteur.

        Avoir 3 gamins originaires du même coin draftés ses 3 dernières années, ça doit pas arriver souvent. Et ils se connaissent bien en plus. Rossi et Rohrer étaient quasi voisins et amis depuis l’enfance. Reinbacher et Rohrer se connaissent depuis l’âge de 7 ans et se retrouvent en ce moment au camp d’entraînement des Canadiens (Rohrer va probablement revenir jouer en pro en Suisse).

        Je n’ai pas trop suivi cette histoire de WC. Ça serait sous quelle forme ?

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      4. Tu sais c’est l’équivalent de la Coupe Canada mais organisée par la NHL qui met donc à disposition ses joueurs. Avec des patinoires en mode NHL également.
        La dernière édition était en 2016. Avec les 6 nations historiques, un combiné européen qui avait réussi l’exploit d’etre finaliste et une sélection Nord-américaine des moins de 23 ans où tu trouvais McKinnon ou McDavid.
        Je vois qu’ils prévoient d’en faire une en 2025. Et malheureusement, j’ai l’impression que c’est le seul moyen d’avoir les meilleurs désormais.
        On en est pas là mais je me demande s’ils vont inviter une équipe russe…

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      5. Guybrush, j’ai pensé à toi en me décidant finalement à ajouter cette coupure de presse-là, et pour cause : n’est-ce pas l’autre cruyffolâtre, sur SF, qui aimait à ressortir des points Godwin sur le football autrichien? Je crois qu’il y a là de quoi le rhabiller, car « Zwarte Cor » (« Cor le noir » donc, en référence à la teinte des uniformes SS), lol..

        Je voulais d’abord le préciser, et puis..mais allons-y : ledit Henny Cruyff fut dans la foulée la cible d’attaques médiatiques (issues d’organes évidemment prévisibles), dépeint comme un type dérangé…….. Une façon comme une autre d’essayer de décrédibiliser sa personne et donc ce qu’il disait, ceci dit : Coster n’a jamais nié, profil bas bien au contraire..et en matière de frapadinguerie, il est alors curieux que ces mêmes médias n’aient jamais relayé le verdict médical posé par la cellule psy d’Ajax sur son illustre frère..

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      6. Ahaha, possible. Plus ajacidolâtre que cruyffolatre, je pense. Quel était déjà le nom de ces frères « artisans maçons » qui ont recyclé leur pognon à l’Ajax ?

        On a du se prendre la tête sur le récit historique des Pays Bas sous l’occupation. Récit remis en cause par des historiens bataves du reste.

        Me souviens aussi d’une dispute après une défaite hollandaise contre le Lask de Glasner. Tous dopés évidemment. Mais pas grand monde ne connaissait Glasner, bébé rangnickois, et son 343 dégueu casseur de bonbons n’était pas encore très répandu.

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      7. Oui, les frères Freek et Wim Van der Meijden. Il me semble que le premier était membre du NSB (NSDAP néerlandais), quoi qu’il en fût ce furent à tout le moins deux collabos exaltés, qui avaient activement cherché à bosser pour l’occupant, gagnèrent de la sorte une fortune en construisant pour eux des bunkers, pistes d’atterrissage, casernes..avant de dépenser, donc, part conséquente de cet argent sale à fins d’émergence du « grand » Ajax des 60’s-70’s – dont ils furent avec le juif Caransa, rescapé de la guerre, les principaux bailleurs de fonds.

        Ajax était un club extrêmement riche à l’époque, l’un des plus riches au monde l’air de rien..

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  1. Van Beveren joue donc aux Fort Lauderdale Strikers avec Cubillas, Elías Figueroa, Bernd Hölzenbein et Gerd Muller! Avec comme comme coach Cor van der Hart.
    Quel rassemblement de légendes… Il en disait quoi de son passage en NASL?

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    1. Je n’en ai jamais lu que du positif..mais comment pouvait-il en être autrement, après ce qu’il venait de traverser? Sportivement et humainement : il y fit l’unanimité, extrêmement appprécié. Et je pense qu’il y fut élu une fois voire deux « gardien de l’année »??

      Ses dernières années le furent dans la misère..et cependant semblait-il plus heureux qu’il ne l’avait été durant ses 6-7 dernières années aux Pays-Bas.

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      1. Voilà, j’ai retrouvé quelques infos honorifiques concernant le parcours de van Beveren en NASL. A priori d’autant plus remarquables que ses Fort Lauderdale ne furent jamais vraiment une force dominante de la NASL.

        Gardien de l’année et titulaire de la « NASL All star team » en 1981 (ses Strikers se hissent jusqu’en demi-finale)

        Idem en 1983 (bien que les Strikers ne terminent cette fois que deuxièmes sur les 4 équipes de la Southern League, puis soient aussitôt éliminés en 1/4 de la phase finale)

        En 1981, il est par ailleurs nommé, je cite, « (Professional Soccer Reporters Association’s) Three Star Player of the Year' »..mais peut-être était-ce lié à sa nomination dans la « All-star team »?? Aucune idée..

        A noter que ses autres saisons furent marquées par pas mal de blessures, il y joua peu.

        Aux Pays-Bas, ce n’est pas évident à retrouver car ce type de palmarès a subi pas mal de vicissitudes et d’écrémages, beaucoup ont étrangement disparu des radars avec le temps, mais il avait été non seulement « gardien », mais aussi « joueur de l’année » – titres lui-décernés je crois à l’époque par l’association des journalistes, et avant le début de ses ennuis.

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      2. Ce qui est intéressant concernant ses sacres individuels en 81 et 83, c’est que les sources US ne manquent pas de paramètres statistiques : minutes jouées, nombre d’arrêts effectués, clean-sheets, buts concédés.. C’est riche!

        En 81, il est second au nombre (croissant) de buts encaissés, 1er en clean-sheets, et avec une belle marge 1er en termes d’arrêts effectués (195 en 3000 minutes de jeu effectif).

        En 83, c’est clairement son nombre de « saves » qui lui vaut ce titre : 10ème seulement au nombre de buts concédés/match disputé, 2 buts concédés/match……mais à nouveau premier au nombre d’arrêts effectués (184 en 2760 minutes sur pelouse).

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  2. Dans son autobiographie, Cruyff insiste énormément sur le rôle positif de son beau-père dans l’obtention de meilleurs contrats pour les joueurs néerlandais. Il parle également de mauvais placement aux États-unis qu’ils l’auraient ruiné, il me semble…Mais l’ayant lu en vitesse chez un libraire, je ne me souviens plus de la nature de ses placements…
    Par contre, son passage aux États-unis tient une place presque aussi importante que celui en Catalogne dans son bouquin.

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    1. Oui, et ce n’est pas faux! Mais à quel prix…………. Cette version de l’histoire est celle du roman cruyffiste, lequel dut pour le moins redoubler d’efforts pour redorer l’image de sa figure-pivot, maquiller les pratiques et responsabilités de ce système mafieux..

      Dans le cas d’espèce, et ce fut le coeur de l’affaire de Zeist (1ère partie), il y avait donc deux « écoles » en matière de transferts : le clan Cruyff-Coster donc, c ‘est-à-dire la société Inter football, d’une part (à quoi s’arrimèrent surtout Ajax et Feyenoord)..et de l’autre, et bénéficiant du soutien de l’écrasante majorité des clubs néerlandais (d’où l’Arrêt prononcé en mai 75 contre Inter Football), une inclination farouche à l’ancien modèle, qui voyait un joueur négocier seul, et directement, avec les clubs impliqués.

      Le paradigme ancien entretenait certain rapport de sujétion, les joueurs ne bénéficiant pas toujours (euphémisme) d’une expertise toujours bienvenue (juridique, commerciale..) en matière de transferts.. En ce sens, donc : le recours à Inter Football pouvait passer pour un progrès, participer d’une émancipation et, effectivement, d’un accroissement des gains pour les joueurs………….à ceci près qu’absolument tout, dans son mode opératoire, était significatif d’une association violente et mafieuse : avec nous ou contre nous!

      Car les méthodes développées via Cruyff? Un chantage permanent (ce sont de la sorte des dizaines de rencontres que Cruyff loupa délibérément, sous prétexte de blessures ou maladies toujours diplomatiques, quand il estimait mériter une augmentation, un bon de sortie..ou, et cela est absolument impardonnable, exigeait la tête d’un joueur qui ne lui revenait pas ou était susceptible de menacer sa position dominante), les intimidations par voie de presse, une corruption systémique pour ce-faire, la mobilisation d’un public rendu débile et haineux, du clientélisme à gogo..

      Si progrès/bénéfice il y eut, c’était exclusivement pour ceux qui appartenaient à son camp………..et ceux qui n’y appartenaient pas, s’y refusaient ou le critiquaient, étaient condamnés à être lésés, volés (les archives recensent non pas une, mais deux histoires de primes détournées en équipe nationale, à l’heure où van Beveren s’en plaignit publiquement), diabolisés..ou tout bonnement détruits – cas d’espèce du têtu van Beveren.

      Le pauvre cochait toutes les cases : star immense et respectée, il était conséquemment en mesure de faire de l’ombre à Cruyff.. il avait du caractère, charismatique et n’avait peur de rien.. il jouait pour le PSV, dont le board menait la fronde anti-Inter Football.. il refusa toujours d’intégrer le cheptel-Coster et de faire allégeance à Cruyff (lequel l’exigea tout bonnement!!!, les archives le rapportent noir sur blanc, lors du psychodrame de Zeist).. C’est pour toutes ces raisons, s’il vécut cet interminable calvaire, ce déchainement absolu de haine.. : il fallait l’annihiler.

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    2. J’oubliais de réagir sur ceci, les mauvais placements de Cruyff..

      Je vais massacrer son nom : Bazilieviczs?? Un patronyme de cet acabit, et donc le type vers qui Cruyff se tourna, après s’être brouillé avec Coster pour des histoires d’argent (whatelse?).. Pas de bol : ledit Bazilievitch (orthographe??) lui fit investir sa fortune dans une histoire foireuse de cochons, Cruyff perdit tout……….et s’en revint la queue entre les jambes vers beau-papa Coster..lequel le remit aussitôt en selle!

      Dans la foulée, triomphant, Coster eut publiquement (!) cette phrase terrible à l’adresse de son gendre : « La seule chose qu’il puisse faire sans mon autorisation, c’est pisser ».

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      1. Oui, c’était une histoire d’élevage porcin. Si un jour, on fait un top 10 des après carrières insolites, cet épisode pourra candidater.

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      2. Je militerai alors pour certain acteur porno! Voire pour l’entraîneur du premier sacré européen du Sporting Anderlecht.

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    1. Merci!

      A la base, mon « article » est 6-7 fois plus long, j’ai dû charcuter et tenter vaille que vaille de garder le fil conducteur. Je redoutais que cet article en pâtisse en termes de fluidité, mais tant mieux si ça passe.

      Beaucoup de choses à rajouter (je n’ai par exemple pas touché un mot de l’influence, elle aussi décisive, de la tribu médiatique van Praag dans l’émergence aux forceps du phénomène de mass-consommation Cruyff), qui auraient plus encore enfoncé le clou..mais est-ce vraiment nécessaire?? Tiens, un truc pour la route tout de même, une nuance à apporter..

      L’exil de van Beveren aura au final duré quelque 30 ans………mais entrecoupé tout de même d’un (et un seul) retour au pays, en décembre 99.. Plus tôt, le 6 avril 99, un maiden-match pompeux avait déjà été organisé en l’honneur de Cruyff, évidemment boosté en amont par la mobilisation du moindre engrenage de l’ingénérie médiatique à ses ordres..mais, comme si ça ne suffisait pas, ses spin-doctors (au premier rang desquels, once again, son nègre du Telegraaf Jaap de Groot) militèrent pour la tenue en hiver dudit « Oranje van de eeuw » (je traduis : « l’équipe nationale du siècle »)……….

      En prélude à cette farce grotesque, pour rappel initiée par son cercle, « on » demanda à Cruyff de coucher sur papier les noms de 5 joueurs du XXème siècle pour chaque poste à occuper dans un 3-2-5 (lequel choix tactique n’avait rien de puriste : il s’agissait de pouvoir placer un maximum de joueurs bankable, des profils offensifs donc – Gullit était par exemple identifié comme..back droit!). Puis, parmi ces 5 heureux présélectionnés/poste par Cruyff (parmi lesquels une écrasante majorité de joueurs affidés au cruyffisme économique), l’un devait être désigné par vote, poste par poste, de sorte d’aboutir à un 11 du siècle…………avec une exception toutefois : Cruyff ne serait pas soumis aux suffrages, mais d’office désigné comme centre-avant en décrochage, et même d’office comme « joueur du siècle » (dont acte)!

      Plusieurs observateurs l’avaient prophétisé au terme de son mandat à Barcelone : pas grand-monde ne se bousculerait pour signer Cruyff, lui confier une équipe……….dont acte : Cruyff était en 1999 désoeuvré, ses méthodes dictatoriales ne séduisaient plus grand-monde..et donc ces pantalonnades avaient pour but de le relancer médiatiquement et commercialement, il fallait à tout prix redorer son image.. Or les Pays-Bas avaient gardé le souvenir de van Beveren, régulièrement interviewé aux Etats-Unis en prélude à la WC94, cela avait ravivé ces histoires peu ragoutantes..et donc Cruyff entreprit d’enterrer une fois pour toutes cette vieille infâmie, et convia par voie de presse van Beveren à se joindre à sa sauterie du « Oranje van de eeuw »..

      Van Beveren ne répondit initialement pas puis, à mesure que la presse cruyffiste se faisait insistante (et redoutant peut-être de passer à nouveau pour un « lâche »? allez savoir).. Il craqua donc et fit le déplacement pour Amsterdam, où Cruyff déclara publiquement qu’il avait été « le meilleur gardien des années 1970 »..et la presse cruyffiste d’affirmer prestement qu’ils avaient enterré la hache de guerre!, après que van Beveren se fut empressé de retourner aux Etats-Unis.. l’affaire semblait classée..

      En 2007 toutefois, un journaliste NL publia ledit « Klem! », lequel fit l’effet d’une bombe en ressuscitant cette histoire…….. Ce livre je ne l’avais jamais lu quand, depuis mes archives d’époque (ma base de travail privilégiée) et dans la foulée d’un article de la presse NL, je proposai une première mouture de cette histoire il y a près de 20 ans. Puis en ouvrant une nouvelle édition de ce « Klem! » il y a 3-4 ans, je vis que son auteur était passé à côté de plusieurs choses, s’en était surtout tenu à détailler ce par quoi van Beveren était passé sans toutefois vraiment y donner sens, ça ne dépassait pas vraiment le stade de la vendetta, de quelque règlement de comptes inter-personnel dont fut binairement victime van Beveren.. Par contre, j’ai vu qu’un ouvrage plus récent (mais pas encore lu) semblait aller plus en profondeur, bref et en dépit de toutes ces narratives rances, de tous les acteurs médiatiques mobilisés : il semblerait bien que, sur ce plan mémoriel-là au moins, le cruyffisme soit voué à échouer.

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      1. Pour les amateurs du genre, le 11 du siècle NL pré-mâché par Cruyff :

        Edwin van der Sar – Ruud Krol, Frank Rijkaard, Ruud Gullit – Wim van Hanegem, Johan Neeskens – Piet Keizer, Abe Lenstra, Johan Cruyff, Faas Wilkes, Marco van Basten

        Entraîneur : Rinus Michels

        A l’exception de l’indétrônable Lenstra : TOUS affidés au cruyffisme!

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      2. Wilkes était également dans le cirque ? Intuitivement, je l’imaginais dans une posture distanciée.

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      3. On peut dire cela avec ironie 🙂 Quoique Gullit défenseur : ça s’est vu.

        Je me demande comment Suurbier a pris cela à l’époque, lui qui avait été le plus féroce des lieutenants de Cruyff, pire encore que Neeskens pour distribuer de ci de là de requises crapuleries..

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      4. Wilkes est un cruyffiste particulier car à son corps « défendant » (il ne l’a jamais clamé..mais ne l’a jamais renié non plus), il a été associé à ce camp par, disons, « appropriation culturelle » dans le chef de Cruyff, après que celui-ci eut maintes fois déclaré en être l’héritier..ce qui était loin d’être idiot : il y a une forme de parenté dans leurs rapports respectifs à l’ordre établi, dans le désir commun (et en soi légitime, pourvu que..) de vouloir gagner autant d’argent que possible, dans le style de jeu aussi.. Aujourd’hui encore, les Pays-Bas distinguent volontiers deux grands courants dans leur Histoire footballistique : celui incarné par Wilkes donc, dépourvu de mafioserie mais dans lequel tint explicitement à s’inscrire Cruyff (ce qui fait sens)..et celui donc de Lenstra, radicalement opposé tant en termes de psyché que de style ou que de rapport à l’argent.

        Les 9 autres retenus dans ce 11 du siècle taillé sur mesure, là c’est sans ambigüité possible : tous estampillés Cruyff et/ou Coster! Gullit fut même un pont entre les deux, au plus fort de leurs bisbilles des 80’s : poulain de Coster..et concomitamment marié à la nièce de Cruyff..laquelle eut d’ailleurs une aventure ensuite avec l’héritier de l’Empire Endemol (remember la 1ère partie), un baiseur compulsif peu regardant sur ses méthodes d’approche..

        C’était un milieu « consanguin » et en rien scrupuleux, tiens : un « repenti » (il n’a jamais craché dans la soupe, resta fidèle au système qui l’avait fort bien nourri..mais aura fini par balancer grave tout de même) du cruyffisme, Johan Derksen.. : Lui, c’est pour de vieilles histoires d’abus sexuels qu’il a été rattrapé, sur des gamines rendues inconscientes, droguées.. Des pratiques semble-t-il banales dans ce microcosme à l’époque.

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      5. De ce 11 et en me bornant à l’après-guerre, l’absence conjointe des monuments Haan et Rensenbrink est juste incompréhensible……….. Haan fut peut-être bien le plus gros palmarès européen pré-dérégulations, où qu’il fut il gagnait, impact toujours hors-normes, énormissime à la WC78..

        Quant à Rensenbrink, lequel ne roulait pas pour Coster, ben……….. Plus trop sûr de l’auteur de cette sentence parfaite, je crois que c’est Hugo Borst, mais.. Peu importe, je cite : Rensenbrink était « the best, not the boss »……… Je vois mal comment mieux résumer.

        Un peu à l’instar de ce qu’elle voulut prêter de rabibochage entre van Beveren et Cruyff en 99, la presse cruyffiste martela régulièrement que Rensenbrink avait de l’admiration pour Cruyff, qu’ils étaient bons amis……………. Puisqu’elle est toujours des nôtres, j’invite qui de droit à demander à l’épouse de feu Rensenbrink ce qu’il en était vraiment de leurs rapports, lol..

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    2. Et je retombe sur une photo témoignant d’un possible autre retour de van Beveren au pays, mais c’est bizarre : on l’y voit remettre le prix à Ed de Goey (sacré en..93! – en 94, c’est van der Sar qui remporte ce titre honorifique)..mais la photo est datée de..94???

      Peut-être la photo fut-elle prise sur le sol US??, dans le cadre ou en prélude à la WC 94, à l’occasion de laquelle les Pays-Bas semblèrent se rappeler de van Beveren, alors régulièrement interviewé aux Etats-Unis.. ==> Aucune idée.

      Mais à part ça, 99 voire également 94??? Je ne vois décidément rien d’autre, sa vie n’était plus aux Pays-Bas.

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    1. Tout de Happel n’est pas blanc (le dopage eut cours dans ses équipes, dès ADO..et puis toujours l’un ou l’autre joueurs, dans sa période « Plats pays », qui fussent commis à de l’intimidation physique / jeu dur – à sa décharge : c’était le ton dominant et il y avait bien pire ailleurs!) mais, oui : sur ce point-là et d’autres, il n’y a absolument rien à redire.

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      1. Happel serait bien le seul Viennois incorruptible !
        Oui, il a aussi sa part d’ombre. C’est aussi une génération qui a connu la guerre, l’armée et les saletés parfois qui circulaient (on fête aujourd’hui, je crois, les 70 ans de l’ascension hallucinée sous pervitine du Nanga Parbat par l’extraordinaire Hermann Buhl).

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    1. Merci, Goozi!

      Le reste? Les questions du dopage et dudit « football total », à la rigueur 2-3 appropriations/expropriations culturelles…..et puis vous ne m’entendrez jamais plus parler de Cruyff, le foot NL eut mieux à offrir.

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    1. Eh, c’est compliqué comme histoires! Toujours bien l’une ou l’autre nuances à apporter, un exemple : les rapports PSV Vs duopole Feyenoord-Ajax…….. C’est peu dire que ces deux cercles d’influence étaient opposés, des choix stratégiques distinctement très marqués, inconciliables..et cependant ils pouvaient s’entendre, tiens : tu te rappelles sans doute que le PDG du groupe Philips allait se fournir en cocktails d’amphétamines, à fins de consommation personnelle, auprès du..docteur Rolink, Ajax donc.. Ben dans l’autre sens et même époque, c’est à la société Philips qu’Ajax confiait les travaux d’éclairage de son stade, bref : une concurrence certes féroce, cruelle et dantesque..et cependant leur arrivait-il de collaborer.

      Ou au sein de même du duopole Ajax-Feyenoord : aussi opposés que possible sur le plan idéologique et cependant, dans la pratique : ils parvenaient à être raccords sur l’essentiel, et souvent même à oeuvrer de conserve.

      C’est d’autant plus condamné à être touffu que l’image d’Epinal entend qu’Ajax et Feyenoord se détestaient, que la machine à fantasmes du cruyffisme est passée par là, que ce niveau de violence est difficilement concevable..bref : un beau merdier.

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      1. « Tu te rappelles sans doute que le PDG du groupe Philips allait se fournir en cocktails d’amphétamines, à fins de consommation personnelle, auprès du..docteur Rolink »
        A chaque fois que t’en parles, ça paraît toujours aussi surréaliste ahah

        Je vais y aller de mon raccourci pour exprimer (maladroitement) ma pensée sur le sujet (le fait qu’ils arrivent à collaborer alors que ce sont des ennemis féroces). ça me rappelle une autre anecdote dans l’autobiographie de Gandhi: Alors que la guerre des Boers fait rage en Afrique du Sud et que Gandhi est aux prises contre les britanniques depuis un moment, il décide de se comporter loyalement à l’égard de la couronne et organise un service d’ambulances avec un personnel indien pour secourir leurs soldats blessés sur le front.

        Je pense que les bataves sont pareils, les 2 clubs ont mis de côté leur inimité pour une cause « business » plus prosaïque et commune dès lors que chacun y trouvait sont intérêt. Une vision pragmatique avec une logique que je qualifierai d’anglo-saxonne sur la vie.
        A contrario, dans notre logique « latine », il nous paraîtrait inconcevable de fricoter avec l’ennemi, même en cas de bénéfices mutuels dans certaines situations. L’antagonisme (et l’égo quelque part) prend le dessus sur absolument tout le reste.

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      1. Punaise t’as des trucs à dire pourtant, bien dommage que tu n’essaies pas..mais qui sait, un jour..!

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    1. Ah, c’est une incontestable grande figure aux Pays-Bas! Mais son expérience du professionnalisme, à Arsenal, ne fut pas une grande réussite, et joue contre lui, genre : émargeait-il vraiment à l’élite internationale? C’est assez douteux..

      Van Beveren, là le doute n’est pas permis : un des tout grands de son temps! Et puis ce style, surtout….

      Gerrit Keizer, c’est intéressant : les NL n’ont cessé de reculer via lui les jalons de leurs joueurs passés pros.. Le roi de la tête plongeante Bakhuys? Keizer?? Finalement (mais de tête – mieux vaut vérifier), les NL semblent avoir défini que c’était Gerrit Visser, mais professionnel aux..Etats-Unis!!!

      Et à l’instar de Keizer, il y eut aussi, même époque, un joueur dont le nom évidemment m’échappe : actif en Angleterre, professionnel probablement..et qui, comme Keizer, faisait régulièrement la navette EN ==> NL ==> EN pour pouvoir disputer aussi des rencontres du championnat des Pays-Bas, ce qui fut source de sacrées controverses..et témoigne que Lerby ou Mark Hughes n’ont rien inventé..

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