Sur la plage abandonnée
Calabre, plein été et milieu des années 90. L’inquiétude concernant la question climatique ne fait à cette époque pas encore l’actualité, dans ce décor comme déconnecté, calme et loin de tout… Pourtant croyez-moi, ce ne sont pas les excès, ni même les records de températures qui manquent alors, déjà… au palmarès météorologique de la région ! Effectivement, ici les plages flirtent dangereusement avec la fantastique voie ferrée longeant le littoral, frôlant ainsi l’électrocution à chaque instant ! Que dis-je l’électrocution… L’électrochoc ! Le coup de foudre ! Si propice celui-ci, à la fréquentation désinvolte de deux amants aux fréquences émotionnelles plus que sensibles… Côtes romantiques donc, cachées sans aucun doute, secrètes très certainement et qui surtout… semblent superbement se satisfaire de leur condition imposée de trait d’union, de témoin… Sorte de gardien de parking improvisé, très courant par ici, installé sur une chaise de jardin, devant sa terrasse et dans un marcel transpirant dont le décolleté laisserait entrevoir : les poils sauvages d’un torse gras et la chaîne de baptême qui l’accompagne, celle-ci reluisante bien sûr, semblant lustrée moins par l’usure que par une sueur salée ! Trait d’union donc, témoin disais-je juste au-dessus… Enfin un relais entre terre et mer ! Un relais oui… Tout à fait ! En effet, ces rivages définissent formidablement bien la frontière entre ici, cette terre de feu située tout au bout de la péninsule italienne, quasi exilée à la pointe de la botte, presque isolée comme sa voisine sicilienne… et là les multiples teintes de bleu des eaux, tout autant tumultueuses que tourbillonnantes d’un détroit de Messine aspirant dans ses abysses, et ce depuis toujours, pourquoi pas ici depuis Ulysses… les rêves et les espoirs de chaque explorateur en quête d’odyssée ! Un bord de mer qui pour finir, non content d’offrir une vue époustouflante sur l’Etna, chauffe tellement qu’il voit son sable déserter, ce dernier craignant j’imagine, de cramer sous le cagnard ou d’être desséché par le soleil… Un sable alors, substitué par des galets faisant facilement office de charbon, des braises brûlantes sur lesquelles viendrait bronzer : une population locale aux propriétés corporelles curieusement comparables à celles d’un fakir ! Scorpion ? Crabe ? Cobra ou scarabée… Non : calabrais ! Accordéons à la chaîne, saucisson épicé et « cousins comme cochons » ! C’était les vacances d’été, une chimère dans tous les sens du terme… il faisait chaud et le parfum de fraise chimique des chewing-gum « Big Babol » épousait à merveille, les saveurs industrielles d’une glace « Miko » et l’esthétique multicolore des parasols ! « Cheetos », « Frosties de Kellogg’s »… « Coca-Cola » et « Milky Way »… pour un régime à l’époque : complètement édulcoré et décomplexé ! C’était les « Nineties », ça pique encore sur toute la langue et ça sent d’ici le pixel des salles d’arcade à plein nez ! Trait d’union ? Témoin et relais avions-nous à l’instant ? Et bien voici la transition parfaite : la salle d’arcade ! Le jeton est inséré, la musique kitsch s’enclenche, les néons s’agitent et le petit hélicoptère de cette sorte de foire de plage se transforme instantanément, comme par magie, en magnifique « machine à remonter le temps »… décollant alors, non pas sans quelques secousses je vous l’accorde, vers d’autres sphères, vers d’autres cieux et bien sûr ici, en direction de l’astre suprême… avec une fougue, une folie et une audace… à en faire fondre ses hélices de cire !
Retour vers le futur
« Tu me fais tourner la tête, mon manège à moi c’est toi » ! Toi ? Comprenez le football. Le vrai, le pur… Nous sommes donc bercés ici, par la douce ambiance de cette décennie bénie des Dieux ! Les numéros « 10 » existent encore et la célébration de Bebeto fait bel et bien balancer mon cœur entre fidélité, envers ma belle italienne… et craquage complet pour une danseuse de Samba ! Enfin le sport roi, même s’il commence déjà à glisser dangereusement vers la perversité des chiffres… reste encore une référence de romantisme, de théâtre et de poésie… de spectacle, de suspense et de surprise ! Le souci de justice, l’intervention sidérante et imprévisible de l’outsider ! C’est exactement ça ! Une notion de l’inattendu, pratiquement portée disparue aujourd’hui mais très présente par le passé, ce passé paraissant presque inaccessible et pourtant pas si lointain… Une ère révolue qui redéfinissait sans cesse les lois de la physique, des forces et de l’équilibre… déjouait tout pronostic et tirait toujours les limites du possible à leur paroxysme. Une période pour finir, qui voyait se multiplier comme des petits pains les prétendants au titre tant convoité de « Champion du monde » ! Les « Nineties »… De la tragédie grecque jouée à Naples entre les deux « Mères-patries » de Maradona… jusqu’au phénomène Ronaldo et son sourire aussi solaire que le resplendissant maillot de la « Seleção » ! En passant bien sûr par tous les souvenirs, personnels comme populaires, aidant à la difficile description de cette formidable décennie. Le playboy David Ginola en tête d’affiche chez « FIFA »… Les inimitables gardiens de buts sud-américains : Higuita en « Loco » authentique, Chilavert qui se la joue comme Beckham à l’autre bout de son camp ou encore le grand Jorge Campos et ses costumes, si colorés qu’ils rendraient ternes ou ridicules arcs-en-ciel et Arlequin ! Ici les boucles d’or de Valderrama et là, la crinière d’un Balakov décoiffant, caché cependant, comme camouflé celui-ci… par les performances colossales de son incomparable coéquipier : Hristo Stoichkov ! Plaquage despotique sur les cheveux de Redondo, de la part du sélectionneur argentin… Teinture « poussin » chez les roumains… Pendant que les chouettes couettes vertes de Taribo West et la longue tresse de Sunday Oliseh dressent ensemble le portrait d’un Nigeria génial, une génération magique générant à elle seule les plus grands espoirs du sport africain ! Des « Super Eagles » pour conclure, qui verront leur bourreau de l’édition américaine Roberto Baggio, jouer son dernier mondial avec un irrespectueux numéro « 18 » dans le dos et sa mythique queue de cheval carrément coupée… Rien ne va plus ! Tout fout le camp ! C’est un véritable carnage, que dis-je un carnage… c’est l’apocalypse ! Le football feinte de sourire, tente en vain de sauver la face mais l’esprit festif n’y est plus… L’innocence entame ainsi sa déchéance et crie ses complaintes, comme elle offre son chant du cygne : dans le boucan et la cacophonie d’un magnifique chaos ! Une dernière représentation longue de dix ans donc : un jubilé oui, mais quelle jubilation ! Retour sur les bords de mer… Me voilà réfugié dans ce bar de plage, fuyant la canicule calabraise à l’ombre irrégulière d’une paillote de pacotille donnant sur l’unique borne d’arcade proposée à des kilomètres… Deux jeunes gens y sont tranquillement installés et débutent alors ensemble : un curieux Colombie-Roumanie ! Bienvenue dans l’univers vintage d’un « Virtual Striker » indémodable, ayant fait vibrer les pouces de toute une joyeuse génération de joystick ! Vitrine du magasin « Sega », couverture d’un magazine en vogue… cassette collector ou encore jaquette incontestablement colorée… avec comme collection cette année-là, sorte de couleurs de l’été : le bleu, le jaune et le rouge ! Colombie-Roumanie, l’étiquetage obligatoire, l’appellation d’origine protégée ou l’héritage identitaire peu importe… garantissant la qualité de ce qu’on appelait à l’époque : un vrai match de foot !
Époque précolombienne…
Flashback : au début de la décennie et, aussi un petit peu, forcément, à la fin de la précédente… le football de ces deux pays vit ses plus belles heures. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique comme dans les montagnes des Carpates, colombiens et roumains voient émerger ce qui constituera chez chacun, sans doute aucun : la meilleure génération qu’ait connu leur football ! Sur l’herbe de la « Terre promise », les « terrains du nouveau monde » en quelque sorte… l’Atletico Nacional de Medellín vient de hisser (pour la toute première fois dans l’histoire de cette compétition), le drapeau colombien sur la plus haute marche du podium de la splendide « Copa Libertadores » ! Le fantastique maître du football local Francisco Maturana (dont le style et l’influence sur le football seront bientôt mondialement reconnus), est à la tête de l’équipe… La politique dite des « Puros Criollos », comprenez des « Pures créoles » ou « Cigares créoles » (le jeu de mot en espagnol laissant place à une certaine souplesse dans la traduction) qui voulait que seuls des joueurs colombiens soient alignés chez les « Verdes y Blancos », semble être une réussite… Le club alors phare du pays ne s’inclinera par la suite, que sur le plus petit des scores (1-0) et seulement dans les derniers instants des prolongations, en « Coupe Intercontinentale » face à la machine machiavélique, diabolique ici, qu’était le « Grand Milan » de Sacchi… Suivront deux demi-finales d’affilées, directement lors des deux saisons successives (90 et 91), toujours en « Libertadores »… En parallèle, Carlos Valderrama, alors vedette de l’équipe nationale… marche littéralement sur l’eau. Élu déjà quelques années plus tôt « meilleur joueur sud-américain » (en 87 et avec les couleurs du Deportivo Cali très exactement)… l’iconique meneur de jeu décroche de nouveau cette récompense honorifique à l’issue de la saison 93, sous la tunique cette fois-ci des « Tiburones » (« requins ») de l’Atletico Junior… 93 pour conclure, le 5 septembre plus précisément, la Colombie assure sa qualification pour le mondial américain avec un mémorable et sensationnel 5-0 refilé à l’Argentine, qui plus est sur les terres de cette dernière… là, à Buenos Aires… au centre de l’arène du « Colisée argentin » : l’« Estadio Monumental » ! L’antre de River, triste témoin ici de la toute première partie de football voyant l’« Albiceleste » encaisser cinq buts à domicile. Un « Estadio Monumental » glacial comme vous pouvez l’imaginer et qui n’aura pour finir, jamais aussi bien porté son surnom de « Frigider », pseudonyme autant sympathique que provocateur, attribué par les supporters rivaux de Boca Juniors en raison de la présence d’une piste d’athlétisme autour de la pelouse, écartant par conséquent les tribunes et refroidissant ainsi l’ambiance dans le stade… Les « Cafeteros » à l’inverse, sont eux bien chauds et la « Fiebre Amarilla », la « Fièvre Jaune », comme on appelle également la sélection colombienne… est intensément en train de monter ! Les frisettes de Valderrama font alors bien plus d’effet que celles de Maradona et la mode, en ce début de décennie, est incontestablement au tango colombien : Tiki-Taka, petits pas et chaînes brisées ! Les petits protégés de « Don Pablo » sont parfaitement tendances et entrent donc dans l’immense danse du football avec la casquette, comme cité tout à l’heure, de prétendant au titre de « Champion du monde » !
… et prémices roumaines
Pendant ce temps là, sur le vieux continent, dans le domaine du comte Dracula ou au royaume de Nicolae Ceaușescu, c’est au choix… un club réalise des exploits et accumule les performances par paquets : le Steaua Bucarest. Comme vous le constaterez très vite, pas question pour notre article du jour d’entrer dans l’actualité, comprenez discuter ici de la dissolution, la dissociation ou la division (difficile à définir)… de ce club capital en deux parties distinctes. CSA Steaua Bucarest recomposé faisant front à un FCSB recyclé ? Au Diable la culture du schisme, du clivage et de la scission ! Le culte de l’opposition, l’obsession du pouvoir ! La récupération politique ou que sais-je encore… Enfin le débat public, et aussi juridique d’ailleurs, concernant la question de l’appartenance identitaire, l’héritage de l’histoire et l’attribution des titres remportés… Le Steaua Bucarest donc, alors unique et unifié, constitue à l’époque le principal acteur roumain sur la scène internationale. Et comment ! Plus qu’une simple carte de visite, les « Roș-Albaștrii » (« rouge et bleu ») et la belle étoile jaune bien visible sur leur logo… représentent on peut le dire : une nouvelle vitrine du football de l’Est ! Véritable étendard porté bien haut et drapeau roumain planté alors un peu partout sur la surface, jadis encore lunaire, de la « Planète Football » ! En effet, en 1986 à Séville, le Steaua soulève la célèbre « Coupe aux grandes oreilles », s’imposant après une expéditive séance de tirs-au-but face au FC Barcelone et signant ainsi, le premier sacre d’un club roumain hors de ses frontières (le seul encore aujourd’hui, inscrit sur la longue liste, le vieux papyrus du palmarès européen)… Après ça suivra directement : la « Supercoupe d’Europe » ! Glanée celle-ci au nez et à la barbe du Dynamo Kiev, et quel Dynamo… celui du valeureux et indéboulonnable Valeri Lobanovski, alignant alors, non moins de deux « Ballon d’Or » sur la pelouse : Belanov et Blokhine (ce dernier étant lauréat justement cette saison-là)… Une victoire roumaine 1-0 grâce à un but du tout jeune Gheorghe Hagi… Le Steaua séduit en cette fin d’ « Eighties » et décroche pour conclure, une autre finale de « Coupe d’Europe », la dernière de son bel âge d’or, toujours dans la compétition reine (nommée alors « Coupe d’Europe des Clubs Champions ») et perdue cette fois-ci face à un Milan AC (encore une fois ici celui de Sacchi), quasi invincible à l’époque et clairement supérieur pour l’occasion. Effectivement, les « Rossoneri » ayant ce soir-là surclassé les bucarestois : 4-0 sans équivoque dans un « Camp Nou » archi comble et décoré de « tifosi » comblés… Feux d’artifices foirés et bouquet final manqué pour le Steaua mais quoi qu’il en soit, des prestations à souligner et qui serviront de source, d’ossature à l’équipe nationale roumaine. Les répercutions sur la sélection seront donc plus que positives, ce qui permettra entre autres aux « Tricolori » : ici de se présenter un an plus tard, à l’édition italienne du mondial, avec le statut d’équipe respectée, d’effectif à ne surtout pas sous-estimer… et là plus généralement, d’entamer la décennie 90 avec une denrée toute nouvelle et récemment découverte sur les rives du Danube : l’optimisme !
Italia 90 : le baptême du feu
Ces deux générations réalisent alors leur « baptême de Coupe du Monde » durant l’été italien de 1990. Un mondial aux « Notti Magiche », « Nuits Magiques »… et dont les rêves et les regrets raisonnent encore aujourd’hui, comme une sorte d’écho intemporel qui sortirait tout droit des yeux exorbités de « Totò » Schillaci ! Salvatore Schillaci, le sauveur, le sicilien… Enfin bon, passons… Un premier parcours donc, pour ces deux « jeunesses dorées », à tracer hélas en pointillés. Un passage en effet, effectué un petit peu sur la pointe des pieds et qui laissera comme un arrière-goût amer, quelque chose d’inachevé ou encore d’avalé de travers… dans la gorge épicurienne de nos deux équipes sucrées ! Premier huitième de finale de leur histoire tout de même, obtenu par des roumains emmenés ici par Emeric Jenei (coach ayant remporté la C1 de 86 avec le Steaua et devenu par conséquent, un héros local et un père à part entière pour le football du pays)… Petit record suivi malheureusement d’une élimination aux tirs-au-but contre une Irlande insolite (celle-ci passant ainsi en quart, invaincue certes mais sans avoir non plus gagné le moindre match (quatre nuls consécutifs depuis le début de la compétition pour les hommes de « la girafe » Jacky Charlton)… Pour la Colombie de l’inamovible meuble Maturana (vainqueur de la Libertadores un an plus tôt donc, avec l’Atletico Nacional de Medellín comme cité plus haut, équipe qu’il entraîne alors en parallèle de la sélection)… c’est un tout autre récit à raconter ! Un feuilleton qui se termine également au stade des huitièmes (ici aussi une première pour l’équipe colombienne) mais qui en revanche, proposera un scénario sensiblement différent, complètement fou… impensable même et enfin : absolument insoupçonné ! Effectivement, dans la fournaise insupportable de Naples, au cœur d’un « San Paolo » faisant ici facilement office de Vésuve en pleine canicule parthénopéenne… le célèbre gardien de but René Higuita, coup de tête ou coup de chaud difficile à élucider… décide délibérément de sortir de son but pour participer, à presque 40 mètres de celui-ci, au mythique jeu de passes colombien ! Nous disputons alors les prolongations et le Cameroun vient d’ouvrir le score seulement trois minutes plus tôt quand « El Loco », qui justifiera ici son surnom aux yeux du monde entier… trébuche balle au pied ! La légende raconte qu’il s’était mis en tête d’effectuer un « petit pont » sur Roger Milla qui arrivait à toute vitesse pour le presser… Il n’en sera rien… Tel Icare, candide et infernal, insolent à souhait… touchant certes, attachant mais peut-être trop prétentieux… Higuita sera punit ! Ici la sentence sera donnée par cet adversaire solaire, cet attaquant divin s’abattant sur le gardien comme un jugement dernier. René grimace et Roger sourit ! Le vieux sage, qui avait bien senti le coup, récupérera le ballon et ira le glisser dans le but laissé libre… signant ici un doublé mémorable et envoyant ainsi, pour la première fois de l’histoire du football, une équipe africaine en quart de finale d’un mondial.
USA 94 : le rêve américain !
Quatre ans plus tard aux États-Unis, c’est la confrontation directe ! Le choc, le clash… Clairement un combat entre deux challengers confirmés ! Deux coqs bien décidés à en découdre avec leur destinée, désireux de sonner l’heure de gloire pour leur nation et donc ici, pour le coup… tombés dans la même poule ! « Groupe A » : ça commence fort ! Les cartes sont distribuées et voilà les dés jetés au pays des jetons, du Blackjack et du jackpot… des Cowboys bien conservés et des « Cadillac » customisées aux couleurs de la bannière américaine ! Colombiens et roumains débarquent alors, comme dans un gigantesque décor de film, au beau milieu de tout ce cinéma… tentant tant bien que mal de faire abstraction de toutes ces tentations afin de rester concentrés sur leur unique objectif, la seule idée qui trotte dans leur tête : devenir « Champions du monde » ! Dans la chaleur étouffante du Rose Bowl de Los Angeles, stade qui accueillera quelques semaines plus tard la finale de ce format « Made in US » et qui verra dans son ciel, les anges de sa cité réceptionner tristement un ballon envoyé par Robby Baggio… Rose Bowl de Los Angeles disais-je… de Pasadena plus précisément ! Ses tribunes ouvertes, son ciel superbe donc et surtout, son soleil de plomb… parfait pour faire rayonner nos deux équipes du jour et leurs couleurs toujours aussi vivifiantes. D’un côté le jaune miel, presque dorée, des joueurs d’Anghel Iordănescu, ex-adjoint et fidèle disciple de Jenei (dans l’historique Steaua sacré en 86) et successeur de ce dernier, aussi bien en club (Steaua 89) que désormais ici sur le banc de la sélection… De l’autre côté, le dégradé de bleus du second maillot colombien embrasse formidablement le rouge fraise, frôlant même le fluo, du short qui l’accompagne… Une équipe sud-américaine qui honore ici à la perfection un autre de ses surnoms, de ceux dont les hispaniques ont le secret : « El Toucan » ! Colombie-Roumanie 94 : un défilé, un spectacle ! Occasions qu’on ne compte plus, dans les deux camps évidemment… Culte de la contre-attaque par conséquent carrément encouragée et avec ça : une vénération de la verticalité ! Véritable partie de tennis à onze contre onze, aux échanges aussi précis qu’incessants et où toute la spécificité de ce sport aurait été ici inversée… ainsi le but recherché, la finition parfaite en quelque sorte… serait de mettre la balle dans le filet ! Un match enfin, qui aura surtout accouché d’un moment de grâce, presque d’excellence… L’alliance surprenante entre deux qualités du grand Gheorghe Hagi : d’une part le caractère cavalier qu’on lui connaît… et d’autre part sa technique hors du commun qu’on ne présente plus ! Deux outils, deux atouts combinés pour l’occasion afin d’offrir au public un but incontestablement exceptionnel, inclassable… quasiment qualifiable de pierre précieuse, de perle rare ! Comme lui quelque part… un but à son image oui… Gheorghe Hagi… N’était-il pas appelé après tout : le « Maradona des Carpates » !Amazing! Stelea impérial, sensationnel… Pourquoi pas ici interstellaire ? Effectivement, en début de rencontre particulièrement, le dernier rempart roumain s’oppose parfaitement à une Colombie alors légèrement dominatrice mais n’arrivant clairement pas à conclure. Une attaque colombienne où, malgré la fonctionnalité du triangle d’or « Valderrama-Rincón-Asprilla »… l’absence d’Arnoldo Iguarán se fait manifestement ressentir. Arnoldo Iguarán, dit « El Guajiro », en référence à sa banlieue natale… avait disons « raccroché les crampons » avec l’équipe nationale et sera donc, côté colombien, le grand absent de la compétition… Petit clin d’œil et discrète dédicace ici à celui qui était encore le meilleur buteur de la sélection (il ne sera dépassé que beaucoup plus tard par « El Tigre » Radamel Falcao) et qui entre autres, détient toujours le record de but inscrit avec les « Millonarios » de Bogotá… Retour à la rencontre… Nous sommes cette fois-ci situés au pôle le plus opposé à celui de Stelea, dans le but adverse vous l’avez deviné… Une cage qui n’est désormais plus gardée par Higuita et devant laquelle se tient maintenant debout (depuis environ un an et la « Copa America » de 93 ayant vu la Colombie finir demi-finaliste)… Óscar Córdoba. Une transition tactiquement logique pour le sélectionneur Maturana et qui ne dépaysera pas trop les supporters non plus… Effectivement, Córdoba était connu pour souvent se trouver hors de sa surface, beaucoup participer au jeu et se considérait d’ailleurs lui-même comme un relanceur ou une sorte de « Libero » moderne… Le célèbre portier de Boca ou encore de Besiktas ira hélas ce jour-là, repêcher trois fois le ballon au fond de ses filets… En effet, au but d’anthologie de Gheorghe Hagi viendra s’ajouter un doublé de Florin Răducioiu, jeune attaquant de 24 ans, réelle promesse du sport roumain venant tout juste de terminer sa première saison au Milan AC (ce sera en fait la seule) et qui enfin effectuera une carrière plus que respectable avec (à défaut d’avoir véritablement confirmé les espoirs placés en lui), un palmarès assez parlant et au moins symbolique… Ce premier Colombie-Roumanie se terminera donc sur un score final de 3 buts à 1 en faveur des coéquipiers de Dan Petrescu, Gheorghe Popescu ou encore Dorinel Munteanu (« El Tren » Adolfo Valencia ayant momentanément accroché la locomotive du « Transylvania Express » sur le 2-0)…Hagi légendaire…Nous resterons focalisés ensemble sur le folklore de cette opposition et n’entrerons ainsi pas dans l’analyse profonde concernant la suite des choses. Les différents chemins que le destin avait choisi pour ces deux équipes, les obstacles placés sur leurs routes respectives… Enfin la tournure, la trajectoire que leurs histoires ont connu à court terme : transcendante pour les dignes descendants Daces, terrifiante hélas pour les tristes héritiers des affreux raids conquistadores… Nous résumerons simplement ici deux événements, premièrement le parcours impressionnant de la Roumanie, qui éliminera héroïquement l’Argentine lors des huitièmes, dans une rencontre rocambolesque ayant démarré sur les chapeaux de roues… En effet, après seulement un quart d’heure de jeu, le score est déjà de 2-1 pour les hommes de Iordănescu… Par-dessus le marché, un autre superbe but a été inscrit : un coup franc magistral de Dumitrescu ! Un match pour finir, qui sera de nouveau signé par la patte de Gheorghe Hagi, la droite tout d’abord, pour le troisième but des « Tricolori »… mais surtout la gauche, celle qui aura servi sur un plateau Dumitrescu pour son doublé du jour… Une passe décisive, un « assist » comme diraient si bien les américains ! Un cadeau, un caviar ou un tapis rouge déballé peu importe… Et peut-être même un peu plus que ça ? Une offrande encore une fois, divine évidemment et mettant en évidence toute la « vista », la classe et la délicatesse nécessaires à tout chef d’orchestre animant un chef-d’œuvre ! Monument national, moule originel ou modèle original… Star incontestée bien sûr, exemple à suivre ou guide presque spirituel… Enfin égérie érigée au rang de génie et indéniablement l’idole des jeunes… À cet Hagi là, il ne manquait qu’un cadre en bois et quelques couches de dorure pour être classé comme icône ! Une qualification forcément fabuleuse pour la petite équipe roumaine et une épopée qui prendra malheureusement fin au tour suivant, face à une Suède tout aussi sidérante et au terme d’une partie qui, comme beaucoup d’autres, sera surtout marquée par les performances du thermomètre ! La Roumanie quittera donc la compétition par la grande porte, après une terrible séance de tirs-au-but… Petite parenthèse ici pour applaudir l’équipe scandinave, portée celle-ci par une armada offensive étourdissante : Dahlin, Brolin bien sûr, mais également Kennet Andersson ou encore le juvénile mais déjà là, avec alors un look « Rasta » presque « Rock’n’roll » : Henrik Larsson…… Escobar inoubliable ! Deux événements disais-je ? Et bien le second le voici, bien plus tragique celui-ci mais hélas tout autant historique que le parcours roumain rapporté à l’instant… Du côté de la Colombie, cette « Coupe du Monde » s’est arrêtée au premier tour dans l’incompréhension générale et la « catastrophe sportive » s’est malheureusement transformée en réel cauchemar. Désillusion, déchéance… Voilà le résultat d’une campagne de séduction menée d’une main de maître par « Dame ambition » la délirante et sa jumelle : la démente Déesse de la démesure ! Constat incontestable : l’équipe colombienne a plus que tout été, durant ce tournoi, entourée et accompagnée par des attentes titanesques et des espoirs immenses de la part du grand public, que dis-je du grand public… de la population toute entière, du peuple ! Une espérance propre à celle prêtée d’ordinaire aux équipes les plus expertes et qui fatalement ici, balancée entre des exigences exagérées et une intransigeance outre mesure, se terminera dans la tragédie la plus totale. Coup de tête ? Coup de chaud ? Avions-nous tout à l’heure pour tenter d’expliquer le comportement d’Higuita ? Coup de soleil, coup de folie ou encore « coup du scorpion »… auraient également très bien fait l’affaire, afin de ponctuer notre texte ou pour faire ici fonction de « clou du spectacle »… Ce seront malheureusement : les coups de pression et les coups de feu qui feront office de clap de fin. Une dédicace ici, et même un hommage vous l’aurez compris, à un autre Escobar… beaucoup moins populaire bien sûr que le « Parrain de la poudre » mais tout aussi tristement célèbre : Andrés. Andrés Escobar… Ange aujourd’hui, le défenseur aux cinquante sélections était également appelé « Le gentleman du football », pour son élégance en général, sur le rectangle vert comme dans la vie… ou encore « El caballero de la Cancha », (« Le chevalier du terrain »), en référence à « El caballero de la Mancha » (Don Quichotte)… « Père Noël » à ses heures, lorsque il achète et distribue des cadeaux aux enfants de Medellín, sa ville natale… et hélas lâchement assassiné dans cette même ville à son retour du mondial américain, coupable d’avoir marqué un but contre son camp ayant contribué à éliminer la Colombie de la compétition (selon la conclusion subjective et stupide dressée par ces « spécialistes » pensant pouvoir se substituer à Dieu)… Un traumatisme toujours présent autour des terrains de foot colombiens, comme une sorte de fantôme qui ne cesserait de hanter les esprits et qui représenterait ici : le principal héritage transmis aux générations futures. France 98: « Last Dance » et dernière chance. Le futur justement le voici, notre petit hélicoptère continue de nous transporter entre les époques ! Nous voilà donc débarqués quatre ans plus tard : 1998, la Coupe du Monde en France et un autre Colombie-Roumanie. Décidément une tendance intemporelle, à minima une mode homologuée de cette décennie inimitable ! Lorsqu’elle se présente dans l’hexagone, la sélection colombienne est encore plus ou moins en convalescence, une belle prestation à la « Copa America » de 95 (troisième du tournoi et sortie en demi-finale par le futur vainqueur : l’Uruguay d’un Enzo Francescoli alors au crépuscule de sa carrière mais ici merveilleusement élu meilleur joueur de l’édition)… et une version 97 de cette même « Copa » un peu plus mitigée (éliminée en quart)… La Roumanie quant à elle, arrive en France avec la volonté de se racheter d’un Euro 96 raté (dernière de son groupe)… Si Anghel Iordănescu est toujours l’ange gardien de l’équipe roumaine, sur le banc d’en face par contre, son homologue n’est plus le même, Maturana ayant en effet été remplacé par Hernán Darío Gómez… Une autre différence est à souligner, après René Higuita en Italie et Óscar Córdoba en 94, c’est maintenant à Faryd Mondragón (auteur d’ailleurs d’un double-arrêt monstrueux durant cette rencontre) que sera octroyé le droit de garder la cage colombienne en Coupe du Monde… Mondragón (qui passera plus tard par le FC Metz) énième grand gardien de but sud-américain, s’installant ici aussi, presque logiquement, sur la lignée des excellents gardiens colombiens (l’ancien niçois Ospina lui succèdera, confirmant le maintien et la réussite de cette tradition et allant même jusqu’à devenir le joueur le plus capé de la sélection)… Mondragón pour refermer notre parenthèse, détiendra provisoirement (pour l’anecdote), le record du joueur le plus âgé à jouer un match de mondial… Quelques nouveaux visages donc, ici à Gerland, pour un Roumanie-Colombie qui empruntera pourtant les traits d’un déjà-vu ! Effectivement, les cartes sont redistribuées mais le résultat restera le même : victoire des roumains (1-0 cette fois-ci). Rebelote donc, jusque dans le spectacle proposé, rien d’exceptionnel j’en conviens mais tout de même une multitude de détails et de petits plaisirs emplis de pureté et de simplicité… Parfois même d’une pointe de poésie ! De la construction colombienne, fluide, bien huilée et n’ayant apparemment pas souffert du changement d’entraîneur… Jusqu’aux courses et à l’implication proposées par les 22 acteurs… Enfin en passant ici aussi, ici encore… par le but roumain marqué ! Une marque de fabrique ? Une spécialité maison ? Comme si ceux-ci étaient proposés tous les quatre ans à la carte ! Celle des desserts bien sûr, présentant les créations d’un maître pâtissier dont le péché de gourmandise serait sans cesse croissant, deviendrait trop puissant et par conséquent : finirait par être incontrôlable ! Le but roumain donc… ici un délice de « ballon piqué » signé Adrian Ilie, le « Cobra » (comme le qualifiait, avec toute l’affection qu’on lui connaît, celui qui aura été un temps son coach à Valence, Claudio Ranieri)… Ilie, un attaquant au palmarès plus que louable qui aura contribué entre autres, aux belles années des « Chés » durant les mandats d’Héctor Cúper et de Rafa Benítez… Une finition ici pleine de finesse, faisant suite à un crochet tout aussi instinctif qu’efficace et le tout pour finir, issu d’une action collective d’école : un décrochage, un dédoublement côté gauche… un « une-deux » qui deviendra un « faux appel » et enfin, cerise sur le gâteau : une passe décisive d’Hagi via une talonnade démontrant, si cela était encore utile, toute l’étendue de son talent. Hagi j’insiste, tendre poupée de chiffon fait main ou poulpe souple et totalement tentaculaire… Artiste tout autant pantin désarticulé que marionnettiste minutieux pour un numéro complètement spectaculaire !C’était les couleurs de l’été…L’été se termine, l’automne arrive et le soleil se couche sur des vacances calabraises vécues comme une bénédiction ! Cette douce décennie s’estompe et s’exprimera désormais, continuera d’exister en quelque sorte, à travers les frappes de tambour, ou plutôt ici celles tout aussi lourdes, catapultées par Gheorghe Hagi, Hristo Stoichkov et consorts… Gabriele Batistuta, Davor Suker ou qui sais-je encore ! Des percussions incessantes, des pulsations bien palpables ou encore un écho assourdissant, directement calqués sur les battements du cœur ! Le cœur, le coffre ici… renfermant des fréquences en effervescence, offrant un rythme effréné et faisant facilement office de caisse de résonance pour toute l’expression de ma passion ! Impossible à étouffer celle-ci, à passer sous silence ou enfin à effacer… Les deux sélections ayant servi de fil rouge pour notre récit du jour, disparaîtront au même titre que cette époque formidable. La Roumanie terminera ici première de son groupe (devant une Angleterre qu’elle aura d’ailleurs battu), avant de perdre en huitième contre une quasi irréductible Croatie et d’entrer ainsi, désespérément, dans une sorte de trou noir… un autre espace temps, une espèce de sphère tout aussi atroce qu’aspirante : l’oubli. La Colombie de son côté, sera quant à elle directement éliminée à l’issue de ce premier tour mais connaîtra cependant, à court terme certes, une phase un peu plus positive… En effet, les « Cafeteros » seront couronnés lors de la « Copa America » de 2001 et offriront ainsi à leurs supporters… les saveurs et les effluves d’un café tant attendu ! Un petit peu tard hélas, la cafetière sifflait depuis trop longtemps, l’élixir est déjà tiède et le fond de tasse pour finir, ne laissera pas présager plus de succès que ceux espérés par cette génération sacrifiée… Cette « Copa América » de 2001, c’était l’illusion d’un printemps fleuri… un espoir ponctué par le retour de Maturana et par l’arrivée à maturation de belles promesses. Une nouvelle ère oui, à l’image de la charnière centrale composée de Mario Yepes et Iván Córdoba : un jeune cru avec déjà beaucoup de caractère ! Plus haut sur le terrain, un peu plus d’espace sera aussi laissé à l’avant-centre Víctor Aristizábal et, surtout… à la véritable figure de cette nouvelle vague colombienne, le vrai visage de cette page vierge : Juan Pablo Ángel (absent cependant en 2001 et on peut le dire, tout de même plus heureux avec River Plate que sous le maillot colombien)… Excepté ce sacre, superbe concrétisation cela va sans dire et récompense toute particulière pour le travail de Maturana… l’équipe nationale colombienne va elle aussi, comme sa concurrente roumaine… tristement se recouvrir, sorte de mauvais sort réservé ici à nos deux sœurs : d’une cape d’invisibilité ! Il faudra attendre presque 15 ans et la Coupe du Monde au Brésil, un « but de barje » de James Rodríguez contre l’Uruguay et un quart de finale face au pays hôte… pour retrouver la Colombie sur le devant de la scène pendant que la Roumanie, passée entre autres à côté du trésor « Mutu »… continuera de fuir tel un vampire… la lueur du jour ! Plus de jetons en poche, la borne d’arcade commence à couiner et notre machine à remonter le temps s’arrête, redevenant atrocement un simple hélicoptère de fête foraine ! Atterrissage risqué, retour sur Terre et une réalité qui nous rattrape… Le joystick gesticule dans le vide, les commandes ne répondent plus et l’écran devient vite noir, dévorant ainsi et reléguant au rang de souvenirs nos trois teintes de l’été : le bleu, le jaune et le rouge… Une seule palette pour deux équipes qui peignaient le football avec des pieds en guise de pinceau ! Deux sélections qui portaient fièrement ses trois couleurs primaires et les exposaient sur un fanion empoigné avec ferveur, passion et émotion… à chaque hymne joué ! Deux pays pour finir, qui paradaient dans les stades comme un paon en pleine période de reproduction : éperdu, hypnotisant… et plus que jamais à la pointe de l’esthétisme !
En lisant ton intro, j’étais en Calabre, à Palmi en été !
Et à propos de la Copa 2001 des Cafeteros, pfff, ce sens de la formule et de la métaphore !
«… la cafetière sifflait depuis trop longtemps, l’élixir est déjà tiède et le fond de tasse pour finir, ne laissera pas présager plus de succès que ceux espérés par cette génération sacrifiée… »
Cette plume déchaînée !
Imagine quand Calcio tombe amoureux!
Merci PB !
Gracias Amigo
Je suis persuadé que la Calabre te correspondrait à la perfection
Me souviens bien de la tête d’Ivan Cordoba en finale face au Mexique. Le Honduras avait profité du bordel de l’organisation pour choper la troisième place à l’Uruguay! Après avoir sorti le Bresil en quarts. Bon, un Bresil light mais qui avait quand même Belleti, Cris, Emerson, Alex, les Juninho ou Jardel. Un bel exploit pour cette nation. Amado Guevara, une de leurs légendes, avait été elu joueur du tournoi.
Khia sacré culture foot quand même, quelque soit le continent ou l’époque… Franchement rien à dire
D’ailleurs, record qui tient toujours : la Colombie n’avait encaissé aucun but de toute la compétition lors de sa victoire en 2001.
Le récital du 5-0 colombien au Monumental rohlala ! Maradona qui tente de se rassurer comme il le peut lors de l’avant-match en disant « l’Argentine est en haut, la Colombie en bas, on ne change pas l’histoire ». Quel récital… Valderrama, Asprillia, Rincon, Alvarez ; la deuxième mi-temps qui tourne à l’humiliation totale !
Puis la une d’El Grafico avec le gros titre « Vergüenza ! » sur fond noir. C’était vraiment épique.
Historique oui… ce jour-là, et même dans un sens un peu plus large « à cette époque là », l’esprit de Maradona possédait plutôt les jambes de Valderrama
Il avait retransmis le match en France, on l’avait maté avec mon frangin. Une de nos grosses claques footballistiques. J’étais persuadé que la Colombie ferait un truc aux États-Unis…
Ça avait dû être impressionnant à regarder en direct, surtout depuis la France, à une époque où voir des matchs sud-américains n’était pas aussi répandu qu’aujourd’hui. Après ce match, la pression sur la Colombie était démesurée.
Je pense que c’était sur France 2, à l’époque où Roustan faisait Terre de foot. Une émission concurrente de Téléfoot mais plus ouverte sur le monde. Roustan quoi! Vais pas parier dessus mais je le vois bien pousser sa direction pour retransmettre le match.
Pour ceux qui ont vécu le mondial italien, ça a donné quoi ? On m’en parle souvent comme un des pires en terme de qualité de jeu/spectacle.
J’avais 6 mois, pas connu…
C’était mon premier Mondial, j’avais 10 ans, et c’était pas une explosion offensive. Heureusement que l’on avait Totò Schillaci et Milla pour s’enflammer dans les cours de récréation!
L’Argentine, et pourtant je suis fan de ce foot, est certainement le finaliste le plus crado de l’histoire. La RFA a superbement commencé, avant de baisser de niveau à partir du match face à la Hollande…
Bon, il me reste quand même de bons souvenirs. Scifo, qui était mon joueur préféré, avait été superbe. Le Costa Rica du gardien Conejo avait réussi à amener un peu de fraîcheur. Dragan m’avait causé ma première déception vis à vis de La Roja mais était tellement classe…
Au coeur de sa plus belle période sportive, la séquence Auxerre-Torino : c’est le chef-d’oeuvre de Scifo, ce tournoi. Il y a d’ailleurs un truc bizarre, peut-être encore un de ces biais par lesquels certains marchands du temple s’échinent à réécrire l’Histoire??
Le fait est que, dans la foulée de ce tournoi : il est aussitôt repris dans le 11 du tournoi, j’ai souvenir aussi que tout le monde trouva alors cela parfaitement normal. Et je crois même qu’il fut nommé deuxième meilleur joueur de la WC90 derrière Matthaüs – ce qui, sur base de ses prestations, était totalement mérité.
Le temps fait alors son oeuvre, l’agenda change de bord apparemment??..en tout cas, deux décennies environ plus tard : Scifo a..disparu! de la All-Star Team 90 (au profit, je crois, de Gascoigne). A noter qu’un Milla, initialement absent, fit à l’instar d’un Gascoigne son entrée dans le 11 désormais le plus communément admis en cette occasion.
Milla, c’est certes une belle histoire, et Gascoigne fut pas mal..mais franchement, à juger de ce que Scifo montra sur ce tournoi..
J’avais à peine 4 ans donc bon… Mais je me suis un petit plaisir en regardant plusieurs matchs du mondial 1990 l’année dernière et j’ai vu pas mal de purges défensives avec un anti-jeu à bases de passes en retrait au gardien clairement abusé et surexploité.
Les anciens, manifestez-vous ! 😉
Pas mieux. Avec mention spéciale, en ce qui me concerne, au groupe de l’Angleterre, de l’Egypte, de l’Eire et des Pays-Bas.
L’époque en soi était déjà d’un abord au jeu souvent négatif, peut-être cette dimension de « groupe de la mort » n’arrangea-t-elle rien au bazar..??
Egypte-Eire : peut-être le pire match du tournoi………. L’Angleterre se cherchait, tâtonnait (ce qu’elle fit jusqu’en demi).. Pays-Bas en proie à des bisbilles et surtout pas si fortiches que ne voulait le faire croire tout le tralalas berlusconiste.. Jacky Charlton fit du Jacky Charlton, dommage car le talent ne manquait pas dans son groupe.. Et l’Egypte je découvrais, rien de bien malin à en dire sinon qu’ils méritaient sans doute mieux face aux NL.
Bref : on aura (beaucoup) plus vite fait le tour des équipes joueuses.
Les Anglais avaient quand même une formidable génération, sur le papier… La demi-finale, ils auraient du passer, comme en 96 face aux Allemands d’ailleurs. J’ai souvenir que la FIFA décidera d’augmenter les dimensions des cages après cette Coupe du Monde. Avec en particulier, un montage sur Onze Mondial qui montrait que la frappe de Waddle sur le poteau d’Illgner serait entrée avec les nouvelles normes.
Et avec un Robson le poissard au Mondial en moins!
Une belle génération mais beaucoup d’incertitudes en débarquant en Italie, les derniers matchs de préparation avaient été naze, puis le 4-4-2 à plat prend l’eau lors du premier match.
De tête Robson sort alors le médian Hodge (joueur déjà pas bien terrible en 86 ni dans l’absolu, choix curieux mais question d’équilibre sans doute), et rajoute un libéro en la personne du revenant Wright – coup de maître de Robson : en sus de rassurer derrière, c’est Wright qui inscrit le but décisif face à l’Egypte.
Ca reste quand même très peu folichon jusqu’en demi.. Face à la Belgique c’est pas immérité (but valable de Barnes..) mais vraiment contre le cours du jeu, résignés à faire le gros dos et à jouer le contre, même dans l’esprit, hum.. Et face au Cameroun je trouve que c’est encore pire, un miracle.. Bizarre le niveau qu’ils atteignent soudain, avec les mêmes 11 joueurs, face à l’Allemagne – fallait peut-être que la sauce prenne.
Après les CM 1982 et 1986, le niveau de jeu avait été très faible. J’en garde malgré tout de bons souvenirs, des flashs comme les buts de Schillaci, l’action Milla-Higuita, le but de Stojkovic contre l’Espagne, l’égalisation de Freddy Rincón contre l’Allemagne, l’altercation Voller – Rijkaard, Gazza au bord de l’apoplexie sous la chaleur, la puissance de Skuhravý, la connexion Maradona – Caniggia, le gardien du Costa Rica…
Aucun match ne peut prétendre égaler ceux du Brésil 1982 contre l’Italie et l’Argentine, France-RFA 82, France-Brésil 86, Argentine-Angleterre 86 ou les finales 82 et 86. Maradona n’est plus le même joueur et aussi brillant fût-il, Matthaus ne peut lui être comparé.
Bref, une coupe du monde décevante sur le plan du jeu mais rendue belle par quelques actions mémorables, le soleil, les stades italiens historiques, désuets avec leur piste d’athlétisme (pour ma part, j’aime bien) ou magnifiquement rénovés comme le Luigi Ferraris ou San Siro…
Une question… La culture sicilienne et calabraise différent-elles énormément? Patois, bouffe, tradition…
Je ne connais que la Sicile.
Assez oui, j’aurais même tendance à dire complètement en réalité, sans me risquer à trop d’incohérence dans l’analyse… Les Pouilles, la Campanie, la Basilicata6et la Sardaigne sont aussi isolées dans la partie « Sud » de la mentalité, habitudes, façon d’être, traditions, dialecte etc
C’est le magnifique « Mezzogiorno »…
Je crois que le championnat colombien avait été arrêté juste avant le Mondial 90, à cause de l’assassinat d’un arbitre. De toute façon, entre le Dorado pirate des années 50 et la gloire de l’époque narco des années 80, le championnat colombien ne semble pouvoir briller qu’en utilisant des chemins détournés.
On parle, avec raison de l’influence de Maturana, mais la présence d’étrangers de valeurs dans les clubs phares des années 80 a également permis aux locaux de hausser leurs niveaux et de croire en leurs capacités.
Incroyable Khia…
waaawh le pavé !
Oui sorry en effet, déjà que j’écris de longs articles… là par dessus le marché j’ai mal collé mon texte (les 5 derniers paragraphes n’ont pas été espacés (Amazing, Hagi légendaire, Escobar inoubliable, France 98 last dance et dernière chance, c’était les couleurs de l’été)
Vraiment désolé pour la mise en page
PS merci à l’administrateur qui a choisi cette photo de couverture. Elle est top, parfaite et se marie formidablement bien avec le titre comme avec le fond.