Colombes 1924 : conférence de Monsieur Pierre Arrighi (1/2)

Monsieur Pierre Arrighi a bien voulu nous transmettre le contenu de sa conférence (textes et diapos) tenue au siège de la FFF, à Paris, le 4 juin 2024. En ce jour de centenaire du titre mondial uruguayen, nous en publions la première partie. La suite, demain !

Merci Monsieur l’Ambassadeur d’Uruguay d’avoir pris l’initiative de cette commémoration. Merci aux représentants de la FFF, Madame Laura Georges, secrétaire générale, Monsieur Romuald Nguyen, Responsable des affaires institutionnelles, de nous recevoir, de recevoir l’Uruguay.

Je ressens le grand honneur que signifie d’être ici à vos côtés, dans votre maison. C’est ici même, en 2010, dans la petite bibliothèque, accueilli par Sylvie Blangy-Mari et Xavier Thébault, que j’ai commencé mes recherches sur le football des années 20, et que j’ai découvert quelques-uns des documents que je présente aujourd’hui.

J’ai voulu parler de la Valeur du Tournoi de 1924, celui que les Uruguayens appellent « Colombes ». Cette valeur doit être dite.

Qu’est-ce que la valeur d’un titre international ? Ou plus exactement, comment les dirigeants du football eux-mêmes, au fil de l’histoire, ont-ils résolu cette question de la valeur ?

Pour le football, la valeur d’un titre international a deux dimensions : la dimension géographique et la dimension participative.

Par sa dimension géographique, il peut être :

  • continental comme la Coupe d’Europe, ou mondial comme la Coupe du Monde.

Par sa dimension participative, il peut être :

  • restreint à certaines catégories de joueurs comme le prochain tournoi olympique réservé aux moins de 23 ans, ou bien ouvert à tous les footballeurs comme le prochain Euro.

Ainsi, le prochain Euro sera continental et ouvert tandis que le tournoi olympique sera mondial et restreint.

Dès la création de la FIFA, la position des grands dirigeants français – Pierre de Coubertin, Robert Guérin, puis Jules Rimet et Henri Delaunay – est très claire : la valeur maximale est atteinte quand le championnat est à la fois mondial et ouvert à tous les footballeurs, amateurs, non amateurs et professionnels.

On parle à l’époque de « championnat universel » ou de « véritable championnat du monde ». La FIFA dit aujourd’hui « championnat du monde absolu ».

Ces concepts ne sortent pas du néant. Ils ont deux sources, bien identifiées, issues de l’action sportive elle-même.

C’est Coubertin en créant les Jeux olympiques, en 1894, qui définit, pour son époque, ce que veut dire mondial. Pour lui, les tournois des Jeux sont ouverts aux pays du monde entier, sans restriction.

Par ailleurs, 10 ans plus tôt, en 1884, les Internationaux britanniques de football ont posé l’autre pilier. Tous les ans, l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande et le Pays de Galles s’affrontent. Et c’est un championnat ouvert. Les sélections alignent indistinctement amateurs, non amateurs et professionnels.

Pour Robert Guérin, qui crée la FIFA en 1904, c’est le modèle à suivre. Le modèle des maîtres, des inventeurs. Il veut l’étendre à toute l’Europe dès 1906.

Cependant, on le comprend facilement : dire d’un titre qu’il est olympique ne donne aucune indication sur sa valeur. Ça ne fait que signaler que le tournoi a eu lieu dans le cadre des jeux olympiques, rien de plus.

Car un tournoi olympique, durant la période pionnière, n’est qu’un potentiel dont la valeur réelle reste à construire. Si le monde est présent, il y aura championnat mondial. Si le règlement est ouvert à tous, il y aura championnat ouvert.

Voyons maintenant la géographie du tournoi de 1924.

Le monde compte alors 70 pays. Pour les Jeux de Paris, le Comité Olympique Français en invite 52, soit la totalité du monde sportif moderne. 42 pays y prennent part.

De son côté, la FIFA, qui contrôle les inscriptions du football, réunit 36 associations membres. 22 participent au Tournoi olympique.

5 continents sportifs sont représentés : l’Europe avec 18 pays, l’Asie avec la Turquie, l’Afrique avec l’Égypte, l’Amérique du Nord avec les États-Unis, l’Amérique du Sud avec l’Uruguay.

Pour la première fois la rencontre mondiale entre Europe et Amérique est effective. Avec deux poids lourds. Les Etats-Unis, superpuissance du sport depuis 1900 ; l’Uruguay, leader sud-américain de football avec 4 titres continentaux sur 7 disputés.

La dimension géographique du tournoi de 1924 prend toute sa signification lorsqu’on la compare à celle des championnats du monde qui ont suivi.

En effet, avec 22 pays en phase finale, le record atteint en 1924 n’est égalé qu’en 1982 en Espagne, soit 13 compétitions plus tard.

Quant au nombre de zones représentées, avec 5 continents, le record de 1924, maintenu à Amsterdam en 1928, est égalé en 1970 au Mexique, et dépassé en 1982.

Ainsi, les records du tournoi de 1924 tiennent un demi-siècle.

Coubertin est mondialiste. La preuve : en 1893, pour préparer la création du mouvement olympique, il voyage à New York, puis à Londres. Et recrute les commissaires fondateurs : un Américain pour représenter les trois Amériques, un Anglais pour représenter avec lui l’Europe et ses colonies.

Dans le même esprit, le premier Comité Olympique International nommé en 1894 compte un délégué des Etats-Unis et un délégué argentin.

L’appareil sportif olympique réalise donc, très effectivement, la rencontre mondiale des dirigeants. Entre Ancien et Nouveau Monde, entre Europe et Amérique.

Et sur ce plan une donnée cruciale s’impose. Faire monde, c’est traverser l’Atlantique. Aussi, pour qu’un championnat de football devienne championnat mondial il faudra que des équipes traversent l’océan et fassent monde.

En 1900, les JO se tiennent à Paris. Les organisateurs français appliquent les concepts mondialistes fondateurs.

Les athlètes des Etats-Unis arrivent en masse. Par leur présence et par leur domination, ils mondialisent les concours de vitesse, de saut et de lancer, qui sont aussitôt reconnus comme des championnats du monde. « Voici les vainqueurs des championnats du monde », dit le rapport officiel.

Ainsi, un tournoi olympique peut devenir championnat du monde. Et l’athlétisme, qui franchit ce cap, apparaît d’emblée comme l’avant-garde des olympiades, le grand sport capable de faire venir les Américains.

Mais Coubertin est aussi, faut-il le souligner cent fois, un grand libéral. Lorsque, début 1894, il invite les sociétés sportives du monde entier, il impose la règle qui structurera l’olympisme pendant 35 ans.

« Les Unions et les Sociétés qui participeront au Congrès ne seront pas tenues par les résolutions adoptées », écrit-il. « Le Congrès a pour but d’émettre des avis sur les différentes questions qui lui seront soumises et de préparer, mais non d’établir, une législation internationale. »

Il installe donc un cadre olympique très souple qui respecte pleinement la souveraineté des sports.

Le Mouvement olympique organise les Jeux dans leur ensemble et émet des avis non contraignants. Les directions sportives organisent leurs tournois, et, souveraines, fixent la loi dans leurs règlements sportifs.

Notons que dans les documents d’époque, les avis olympiques non contraignants sont désignés de différentes manières : points de vue, vœux, et de 1908 à 1928, alors qu’ils restent non contraignants, ils se glissent dans les « règles générales » que publient les rapports officiels.

Quant aux règlements que rédigent les organisations proprement sportives, ils fixent les deux aspects fondamentaux de la loi internationale : les règles techniques et les règles d’admission.

Il en résulte que, de 1896 à 1928 inclus, les sports sont souverains, non liés aux avis olympiques. Et que durant cette période il n’y a donc aucune obligation d’amateurisme.

Les Jeux fonctionnent alors comme un ensemble disparate, où cohabitent championnats ouverts et championnats restreints.

Il faut bien dire que le football olympique a du retard à l’allumage. Ce n’est qu’en 1908, lors des JO de Londres, qu’il présente pour la première fois des sélections nationales et qu’il entre vraiment dans le programme des Jeux.

La FIFA est déjà née, en 1904, créée par la même union sportive française qui, dix ans plus tôt, a fondé les Jeux modernes.

Puis elle est passée, en 1906, sous présidence anglaise.

Deux ans plus tard, donc, en 1908, ces mêmes dirigeants anglais sont appelés à réglementer le tournoi olympique de football qui se tiendra à Londres.

Une règle d’action s’impose à cette occasion : le congrès de la FIFA laisse son président réglementer le tournoi des Jeux.

Aux Jeux de Londres, alors que l’athlétisme reçoit des athlètes d’Afrique du Sud, d’Australie, du Canada et des USA, et que l’escrime, la voile et l’équitation inscrivent leurs meilleurs professionnels, le football accuse un double retard. Il ne réunit que 5 équipes, toutes européennes.

Et surtout, le règlement anglais réserve le tournoi aux amateurs purs , aux joueurs qui n’ont jamais reçu ni prime ni rémunération d’aucune sorte.

Sont donc mis au ban les professionnels britanniques, mais aussi les stars des grands clubs d’Europe centrale et méridionale, et les joueurs du championnat professionnel français qui se tient tous les ans depuis 1897.

26 réflexions sur « Colombes 1924 : conférence de Monsieur Pierre Arrighi (1/2) »

  1. « championnat professionnel français qui se tient tous les ans depuis 1897 »

    ==> Je suis perdu là-dessus, car championnat français professionnel dès 1897? Une nuance m’échappe et/ou m’a toujours échappé car, pour moi : c’était 1932.

    Maintenant, va savoir ce qu’il fallait entendre par 1932 pour la France..?? Certaine technicité doit m’échapper.

    Le reste est très structurant, agence utilement des choses « connues », certes..mais pas forcément comprises, en tout cas jamais articulées entre elles en ce qui me concerne.

    Bref et comme d’hab’ avec le Professeur Arrighi : ça tire vers le haut, très bien et curieux de lire la suite.

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    1. Et comme personne dans la salle n’a osé lui poser la question, je ne sais pas d’avantage ce qu’il a voulu dire par son « championnat professionnel depuis 1897 ».

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      1. Ah ça, quand on a trois brochettes de boeuf uruguayen en bouche, c’est compliqué de poser des questions!

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  2. Petit hors sujet pour Pierre : qu’est ce qui explique que le foot criollo se soit imposé en Uruguay 10 ans plus tôt qu’en Argentine(Ajde en parlait dans le top consacré au Racing Club) ? Et est ce que cela explique en partie que la Celeste domine l’Amsud dès la 1ere Copa en 1916 puis le monde à partir de 1924 ?

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    1. Cher Verano,
      il y a plusieurs explications.
      L’Argentine domine d’abord et l’Uruguay se construit « contre l’Argentine », avec l’objectif de battre l’Argentine.

      Une première facilité objective est qu’à Montévideo il y a beaucoup de place, et que tout le monde arrive à jouer dans les terrains vagues qui se trouvent entre la vieille ville et Pocitos. Alors qu’à Buenos Aires tout est pris.

      Une deuxième facilité est que l’Uruguay rompt avec l’école britannique très tôt, alors que l’Argentine, à mon sens, n’a toujours pas rompu. Il y a donc là une libération tactique. En Argentine l’entraîneur monopolise la pensée de l’équipe, en Uruguay les penseurs sont dans l’équipe elle-même. Les Argentins se passent la balle indéfiniment chaque joueur restant cloué à sa place comme dans un babyfoot, les Uruguayens se déplacent élastiquement, comme dans la rue, libérés des schémas anglais. Ils découvrent alors que le handicap technique peut être compensé par une démultiplication tactique.

      On dit: « L’Argentine attaque, but d’Uruguay ».

      Sans véritable entraîneur, ils ont au sein du groupe de terrain 4 ou 5 cadres qui sélectionnent et définissent une stratégie ajustable au fil du jeu. Cette autogestion intellectuelle rend le football uruguayen mental, un peu comme le football hongrois. Et c’est ce qui explique comment la Celeste dépasse alors l’Argentine. Et cele dure en 1950.

      A cela il faut ajouter une conception ouverte socialement. Alors qu’en 1930 la sélection argentine reste cantonnée à Buenos Aires et écarte méprisante les excellents joueurs de la Province, l’Uruguay prend tout: noirs, blancs, Italiens, Espagnols, Français, de la capitale ou d’ailleurs, sans exception.

      Pour finir, on est à l’époque dans un « football de capitale ». Et en Uruguay il n’y a qu’une seule grande ville entonnoir. Il n’y a donc pas ces divisions qui gangrènent le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Royaume-Uni, etcétéra.

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      1. Alors, pourquoi le football devient criollo plus vite en Uruguay?

        Parce que TOUT l’Uruguay se nationalise avant. C’est Batlle, José Batlle y Ordóñez qui nationalise très vite et qui met en place une véritable révolution démocratique bourgeoise. Ce bonhomme voyage en Europe pour y prendre ce qu’il voit de plus avancé et l’implanter en Uruguay. La matrice uruguayenne est catalane, de la Catalogne des Lumières, celle de Gaudi et de Picasso. Et démocratique.

        On le voit au sein de la Confédération Sudaméricaine. Gómez, qui la fonde et la préside, prêche en permanence la conciliation, l’arrangement. Mais déjà l’Argentine prend une autre route, autoritaire et violente, cherchant toujours le conflit, la division, imitant en cela les Anglais. Sur la base britannique oui, mais aussi sur sa matrice italienne… napolitaine…

        Et en Argentine, la révolution démocratique n’a finalement pas lieu. On réprime, on enchaîne les coups d’État, on forme des militaires de classe, on défend dans le sang la propriété bourgeoise. Le film « La Patagonie rebelle » montre bien ce virage et comment les dirigeants argentins prennent des notes, pas en Suisse, pas en France, mais en Italie et en Allemagne: on est en 1920.

        De la putréfaction socio-politique que donne l’absence de révolution démocratique va naître le péronisme, qui gangrène le pays jusqu’à nos jours.

        De fait, la sélection uruguayenne n’a vraiment gagné que lorsque le pays allait bien (à l’exception du Mundialito qui est une compétition bien étrange), tandis que l’Albiceleste brille surtout lorsque le pays est au fond de l’abîme. Le fait que l’Argentine aille toujours aussi mal garantit un bel avenir pour le football « réparateur » des Argentins. Poches vides, pieds légers. L’Albiceleste c’est: donnons à nos pauvres compatriotes qui souffrent tant au moins la joie du football…. soit le fameux opium du peuple. En Uruguay, lorsque le football devient opium, il ne gagne plus grand chose… Comme en France d’ailleurs.

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      2. Merci Pierre. Cette sensation de géant aux pieds d’argile que procure l’Argentine me fait penser à Malraux parlant de Buenos Aires comme « la capitale d’un empire n’ayant jamais existé ».

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      3. Jamais mis un pied en Argentine, je ne parle pas un traître mot d’espagnol..mais de loin, l’Argentine m’inspire toujours quelque idée de complexe.

        Déjà rien que ce qui, de par la lilttérature souvent, m’en apparaît de snobisme endémique, déjà.. Bah, je n’ai rien de tangible ni de sérieux à en dire, des impressions lointaines et assurément trop essentialistes.

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      4. Excellente citation! Oui, d’un empire dont la première colonie imaginaire est bien évidemment l’Uruguay!
        C’est d’ailleurs par peur de perdre que l’Argentine ne joue pas en 1950. Et c’est cette même impossibilité à concevoir de nouvelles défaites -eux, les plus grands, les plus forts, les maîtres- qui pousse les dirigeants argentins de 1930 à un défaitisme suicidaire. Tu remarqueras que c’est très britannique!

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      5. Merci Pierre pour le partage de votre intervention (très complète et précise) et de participer aux discussions. De mon point de vue, quelques nuances à apporter sur l’Argentine. Bien que je partage la globalité et le fond sans aucun problème. Je pense plutôt que le football argentin dans le style de jeu a rompu avec l’école britannique rapidement, même s’il resta des résidus (comme ce que vous mentionnez sur les joueurs qui ont une position bien plus figée sur le terrain, à l’instar des ailiers argentins collés à leur ligne pendant longtemps), dès 1910 il y eu une créolisation argentine, sur ce point je partage a lecture et l’avis de plusieurs historiens argentins, certes. Même si la domination est nettement uruguayenne dans les années 1920. Deuxième point c’est sur les entraîneurs, ce que vous décrivez à propos de l’entraîneur argentin, je pense que c’est généralisé plus tardivement, surtout à partir de l’échec retentissant de 1958. Toute une génération d’entraîneurs a été formé sur des bases nouvelles, méthode physiques, de management (?), à devenir «  chef de meute », « leader suprême » et ont axé leur méthode et discours sur le « sacrifice collectif », l’équipe au-dessus des individualités et cela s’est retrouvé dans un style de jeu plus combatif et violent. Avant, cela me semble très marginal. Les entraîneurs étaient plus des «  sélectionneurs «  qui s’appuyaient sur leur passif de joueurs, souvent du club, et puiser, pour les meilleurs d’entre eux, dans les points de contacts entre les deux continents et aller-retours des deux côtés de l’Atlantique concernant les apports tactiques (quelques entraîneurs européens, Europe centrale, vinrent même directement et ils étaient beaucoup plus tactique et directeur que les locaux). Donc moins d’une ligne directrice argentine et imposée par ses entraîneurs, car il y avait aussi de vrais stratèges et leaders tactiques sur le terrain, des joueurs qui je pense ont été décisifs dans l’histoire du jeu et football argentin. Après sur l’omnipotence de Buenos Aires, les divisions intérieures, le football « réparateur » (très bien trouvé, je pense que ça recoupe et complète les mythes nationaux et la représentation d’une perpétuelle tragédie d’un pays au « destin inachevé »), là oui, rien à ajouter.

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    1. Difficile à dire… Gabriel Hanot note quelque chose de très intéressant dans son fameux article. Lors de la finale, dit-il, il n’y a que deux Suisses qui sont bons. En Uruguay sept joueurs ont brillé, parmi lesquels il n’y a ni Andrade (très replié à l’occasion de ce match et au service de Nasazzi) ni Mazali, pourtant parfait. Après, comme aujourd’hui en France, la presse d’une grande équipe est toujours dure et critique. Il faut savoir qu’après le Maracanazo, la note de Varela était faible et ainsi expliquée: « première mi-temps horrible. Un peu mieux lors de la deuxième ».

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      1. Merci Pierre. Tu penses que la présence de Varela en demi-finale face à la Hongrie en 54 aurait changé quelque chose ?

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  3. Bonjour à tous
    et tout d’abord un GRAND GRAND merci et félicitations à Nicolas qui restitue cette « conférence » au pied de la lettre !

    en ce qui concerne le championnat professionnel, je vous invite en effet à consulter Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Championnat_de_France_de_football_(FSAF)#:~:text=Le%20Championnat%20de%20France%20de,athlétiques%20de%20France%20(FSAF).

    mais vous pouvez aussi aller sur Gallica et voir par exemple, parmi d’autres pages
    Le Matin du 10 mars 1902 ou La Presse du 10 mars 1907….
    Dans Le Matin du 5 septembre 1905 vous verrez qu’il y a même une sélection de professionnels qui fait des tournées en Angleterre et affronte des deuxièmes divisions de clubs anglais, dont le Derby County.

    Et surtout, la clé, le PV du 3e congrès de la FIFA qui scelle le putsch anglais. Les délégués anglais, qui veulent exclure l’USFSA fondatrice, attaquent la France sur le sujet des professionnels.
    On lit ceci:
    « Ils demandent quelle est la situation de l’U .S .F .S .A . vis-à-vis des fédérations professionnelles . M . Espir fait l ‘ exposé de la situation de l’U .S .F .S .A . Le congrès, sur la demande des représentants de la F .A ., prie l’U .S .F .S .A . de vouloir bien déposer au Comité les pièces prouvant qu’elle est seule à régir le football en France. Le délégué de la France déclare que la situation est nettement établie d ‘après le traité passé par l’USFSA avec la Fédération des Sociétés Athlétiques Professionnelles de France. »
    On voit donc, non seulement que le football professionnel (à base de primes) existe et se définit lui-même ainsi, mais que les Anglais, qui savent si bien mettre le couteau sous la gorge pour soumettre les Continentaux et viennent de piloter la grande trahison fondatrice de la FIFA2, contre Guérin, sont parfaitement au courant!!!!!!

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    1. J’en profite, le retard de publication que j’ai rencontré ce vendredi a du bon : grâce à toi je pige un truc sur l’USFSA, un détail qui me taraudait, pour moi insoluble, la question du professionnalisme justement.. ==> Top.

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      1. Alexandre
        c’est sur ce prétexte que l’USFSA est exclue (« démissionne ») de la FIFA en 1909.

        Mais regarde: l’USFSA fonde la FIFA. Et que veut-elle créer en 1906? Un championnat d’Europe dont le groupe 1 est le British Home ouvert aux professionnels anglais et écossais! C’est le modèle!

        Car il faut bien distinguer. La séparation amateurs-professionnels a un sens dans un cadre national.
        Mais dans un cadre international, qui se doit d’aligner les meilleurs sportifs, cette séparation est un contre-sens et doit être ignorée. Les Anglais l’ignorent bien pour eux leur Royaume, mais pas pour les Continentaux qu’ils veulent inférioriser, « amateuriser », maintenir en bas… Tout l’esprit dominateur.

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      2. Ce qu’il faut voir aussi c’est qu’un règlement « amateur » n’exclut pas que les professionnels. Il exclut aussi tous les intermédiaires non amateurs.

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  4. Un superbe travail, merci à Pierre pour son travail et à Bobby/Nicolas pour nous le transmettre.

    En préparant mon article sur le Portugal aux JO de 1928, qui me semble l’édition « suprême » des JO car le plus universelle avec toutes les grandes nations du moment, je m’aperçois que le niveau était très homogène à cette époque.
    L’Uruguay gagne difficilement contre les Pays-Bas (contre qui ils avaient déjà peiné en 1924), L’Italie ou l’Argentine. Le Portugal pourtant, une très petite nation, bat par ailleurs largement les Italiens en préparation et fait un nul contre les Argentins. Comme il n’y a pas d’image, je trouve qu’il est très difficile d’interpréter les résultats. Quand on voit l’Espagne et l’Italie livrer un duel âpre finissant à 1-1 avant de voir les transalpins coller un 7-1 dans le match rejoué.

    Bref l’histoire ne retient que les vainqueurs mais je n’ai pas l’impression que l’Uruguay écrasait le foot mondial, ils ont certes gagné à chaque fois, mais difficile de dire qu’ils étaient la meilleure équipe intrinsèquement. Le poids de l’organisation et des fédérations étaient presque plus grand que celui des joueurs sur le terrain. Je reviens au Portugal qui sur la période était largement au niveau des meilleurs (sur les résultats du moins) mais qui ne jouait qu’un ou deux matchs par an, avec une fédération avec zéro influence et un niveau d’organisation catastrophique.

    Ma question est donc, sur quels éléments peut-on se baser pour être totalement objectif sur la qualité de jeu des équipes, sur le niveau réel sur la durée? La seule source doit être des articles , qui sont forcément subjectif et dépendant de la vision de celui qui l’écrit. Je le vois clairement en lisant un résumé issu d’un journal français et de celui issu d’un journal portugais.

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    1. Je crois qu’il n’y a pas de « valeur intrinsèque » justement et que la seule valeur, à condition qu’ils aient été obtenus à la régulier, sans l’aide des arbitres, des Etats ou des virus, provient des résultats, et des résultats dans la durée. C’est un peu comme au tennis ou en athlétisme. Il faut comprendre que le football ressemble beaucoup à la vie. On peut être très beau et très sympa mais rater la belle fille qui nous a pris le coeur. On peut être un brave type mais il faudra accepter de se jeter à l’eau pour sauver le gamin qui est en train de se noyer. Toutes les actions ne se valent pas. Or le football est un art d’action. Et dans tout art ce qui compte c’est les moments clés.

      Ce que je veux dire par là c’est que le football n’est pas fait d’états généraux ou intrinsèques mais d’instants clés. Et l’instant clé c’est le but et le contre-but, l’arrêt du gardien ou du dernier défenseur. Cette règle se vérifie bien en 1950, en 1954, en 1928, avec une certaine pureté. Après, il y a des Coupes du Monde tout aussi pures, d’autres qui le sont moins.

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  5. On voit sur la photo qui sert d’en-tête à cet article l’équipe uruguayenne qui pose devant le « Château d’Argenteuil », la maison de Madame Marie Célestine Pain, qui avait été bâtie pour le musicien Ambroise Thomas. Cette maison a perdu son parc, qui faisait alors 400 m x 200, et où les joueurs uruguayens faisaient des exercices avec un ballon Michelin en caoutchouc offert par « Maman Pain » « pour jouer plus vite ». La maison elle, est toujours là. Il n’y a plus les bustes, la ferronnerie a un peu changé, mais la bâtisse principale est intacte, au 27 rue Duguay à Argenteuil. Elle est privée et non visitable. Mais on la voit bien depuis la rue.

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    1. Chouette que tu en parles, pas eu l’occasion de rebondir sur le remarquable compte-rendu de Verano, qui l’avait abordé.

      Voil), je trouve, le genre même de marqueur historique, pérennisé, qui mériterait sa petite plaque commémorative..mais peut-être est-ce le cas? A défaut : voilà une idée pour l’Ambassade d’Uruguay par exemple, ou autrui.

      L’on ne manque jamais de le faire avec le moindre logis ayant abrité un peintre, un auteur.. ==> Je ne vois vraiment pas ce que le cas d’espèce a de moins à faire valoir : c’est de l’Histoire, et cela participa même d’un jalon majeur de cette Histoire-là.

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      1. Madame Pain avait mis une plaque: « Ici ont habité les joueurs uruguayens champions du monde, etc ». On a demandé à ce que des plaques soient mises devant cette maison, devant la maison de Guérin, de Rimet, de Coubertin, à Colombes. On verra… Le problème après est ce que DIT la plaque.

        On veut nous faire croire que 1924 était uniquement « olympique ». C’est un peu une coquille sans œuf, car olympique ça ne veut rien dire.

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  6. Puisque l’on parle de la maison de madame Pain qui avait été bâtie pour Ambroise Thomas (compositeur des opéras Mignon et Hamlet), petite anecdote dominicale:
    Voilà ce que Camille Saint-Saëns, réputé pour sa causticité, disait à propos de lui:
     » Il y a deux espèces de musique, la bonne et la mauvaise. Et puis il y a la musique d’Ambroise Thomas  »

    Depuis on peut en faire de multiples variations sur la littérature, les films, la musique, etc…
    Exemple:
    Il y a deux sortes de films, les bons et les mauvais. Et ceux d’Elvis !

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