Krol, un des plus grands défenseurs néerlandais de l’histoire, deux champions d’Europe 1976, la première légende du jeune PSG, Dahleb…. Cette saison 1984-1985 de la deuxième division ne se refuse rien. Mais point de jalousie, ce n’est pas encore le moment de ranger le tapis rouge…
Un grand buteur, un grand coach ?
En 1984, Carlos Bianchi revient sur les lieux de son premier amour français. Ici aux côtés de François Calderaro (méconnaissable, peut-être une erreur de Panini…), Carlos avait laissé un souvenir impérissable à Reims, 130 buts en quatre saisons, un vautour planant au-dessus des trésors de la Champagne. En 1980, il était retourné en héros consacré chez son club de toujours, le Velez Sarsfield, y avait gagné un nouveau titre de pichichi évidemment et avait longuement partagé asados et souvenirs hexagonaux avec l’ami Oswaldo Piazza. Auguste-Delaune veut croire qu’un retour de son grand goleador argentin, même vieillissant, coïncidera avec un rebond dans l’élite, Pierre Phelipon est chargé de placer Bianchi dans les meilleures conditions… La mayonnaise ne prendra pas, Carlos le remplace au coaching au printemps ! Bianchi marque ses neufs derniers buts professionnels et entame son grand cycle sur le banc. Deux places de quatrième, à un pas des barrages, deux échecs aux portes de la finale de la Coupe, l’enfant du coin, Calderaro, qui prouve chaque week-end qu’il est trop fort pour la D2, les quatres années de Bianchi ne sont pas un échec. Et à y regarder de plus près, elles sont même les seules réussies dans ces décennies de déclassement pour ce grand club français…
L’écho de Quimper
J’adore poser cette question… Qui fût, selon vous, le plus grand joueur polonais du siècle dernier ? Le classieux Deyna, l’énergique Boniek ou celui qui symbolise son renouveau, le héros malheureux de 1974, Wlodzimierz Lubánski? Lubánski attirait les regards, ceux du Real en particulier. Détonateur et buteur du grand Górnik Zabrze victorieux, qui ne faisait rire personne alors, Lubánski offre l’or olympique à Munich, une immense victoire face aux Anglais sur la route du Mondial 1974, avant de subir un attentat quelques secondes plus tard. Genou broyé, il ne portera plus le maillot de la sélection pendant trois ans… Bien qu’amoindri physiquement, il ambiance les stades belges avec son compère Lato sous la tunique de Lokeren, avant de signer en D2 pour Valenciennes en 1982, qui lui permet de rester vivre à Lokeren où il a un commerce. Lubánski retrouve un compatriote sur le banc, Erwin Wilczek, qu’il a connu au Górnik. Résultats immédiats, à 36 ans, il finit meilleur buteur avec 27 buts, Valenciennes échoue lors des barrages. En proie à des soucis financiers, Valenciennes le laisse quitter le Nord pour Quimper, où Lubanski, à l’instar des Bianchi ou Ondruš, finira entraîneur-joueur ! Peu intéressé par la fonction, il raccroche définitivement en 1985, non sans avoir laissé sa trace en Bretagne : « c’est un gentleman du football et il nous laissera un souvenir impérissable. Mais si on voulait le garder, il fallait lui trouver un prête-nom et nous n’en n’avons pas les moyens. Vous savez, en Pologne, c’est un demi-dieu. Je crois que c’est Boniek qui a dit cela …. ». Je crois que j’ai un début de réponse à ma question préliminaire…
Le gamin de Jeumont
Quand j’étais gosse, je n’aimais pas l’OM de Tapie. Trop facile… Par contre, j’aimais Papin. Son énergie, ses reprises de volée anthologiques, le Ballon d’or était un renard des surfaces comme la France n’en a rarement connu. Et 1984 marque le début de sa boulimie. Couvé au sein de l’INF Vichy pendant trois ans, JPP intègre le groupe pro de Léon Desmenez, aux côtés des Dominique Corroyer ou Thierry Laurey. Et ça fait mouche, 16 buts dès sa première saison. Pisté par de nombreux clubs, dont le FC Seville, Papin prend tout ce monde à revers en traversant la frontière, direction Bruges. Avec succès, JPP s’éclate aux côtés des Ceulemans, Broos ou Degryse, inscrit un triplé européen face à Boavista, la machine est lancée… Viendront ses tirs foirés face au Canada, la lumière du Vélodrome, la tristesse de Bari ou Munich… Papin, homme de cœur et de frissons, n’oubliera jamais Valenciennes la veinarde qui, en l’espace de quelques mois, s’embrasait sur les buts de Lubański avant de chavirer sur ceux de JPP…
Le grand derby français
En 1984, les Verts jouaient leur survie en barrages face au Matra et s’inclinaient 2 à 0 à Geoffroy-Guichard. Comment le plus grand club français, champion trois ans auparavant, avait pu en arriver là ? Castaneda le fidèle est resté, le lobo Diarte n’a plus la grinta de ses années aragonaises, l’affaire de la caisse noire de Rocher continue de polluer le club… Seul rayon de soleil dans ce gris panorama, un homme sans âge, Roger Milla. Couronné de sa première CAN, le vieux lion quitte la Corse et va réveiller le chaudron. Milla marque 20 fois et les Verts se laissent progressivement bercer par le songe d’une remontée immédiate. Nice et Dahleb ne sont pas du même avis et scellent la première place. C’est face à Rennes, en barrages, qu’il faudra aller chercher la qualification. Fares Bousdira plante le dernier clou des illusions stéphanoises…
Le hasard farceur a mis dans la même poule les deux grands rivaux régionaux. Et cela ne va guère mieux pour l’OL… A mi-parcours, l’OL n’a qu’un point de plus que le premier relégable. La direction s’était pourtant donnée les moyens de ses ambitions. Le recrutement d’anciens internationaux, comme Rouyer ou Larios, l’acquisition d’Herbin le faux frère. Mais à la suite d’un derby perdu 5 à 1 à Gerland, Lacuesta est licencié pour incompatibilité d’humeur et Herbin est remplacé par son adjoint André Ferri. Un choix judicieux, l’OL ne perd plus un seul de ses huit derniers matchs et se sauve… Simo Nikolic qui, fût une des rares satisfaction de la décennie, s’enfuit du côté de Béziers et des tripots d’Alain Esteve…
Aux délices d’Alger
Le 11 mai 1985, le HAC reçoit Mulhouse pour le match décisif pour la montée. C’est aussi les retrouvailles entre deux perles algériennes, Tedj Bensaoula le Normand et Salah Assad l’Alsacien. Ils ont tout partagé. La déception d’une finale de CAN perdue en 1980 face au Nigeria, le scalp d’Allemands rougis et la honte autrichienne en Espagne. Face au Chili, pendant que la rumeur d’un arrangement entre cousins germaniques emplissait les travées du stade d’Oviedo, Salah mettait un doublé, à la suite de l’ouverture du score de Tedj. Une vision identique du jeu, faite d’improvisations et de vitesse… Mais pas question d’amitié cette fois-ci. Égalité de points, Jules-Deschaseaux plein comme un œuf, Domenech, le coach alsacien, compte sur ses flèches Assad, Bouafia et Nestor Subiat pour alimenter son buteur, John Eriksen. Alain Casanova réalise quelques miracles dans les cages havraises après la pause, Abdelaziz Mansouri, autre idole algérienne, dirige la défense alsacienne d’une main de fer lorsque Bensaoula lance en profondeur Pascal Pain, havrais de naissance. Tempet, le gardien de Mulhouse, n’y peut rien, le HAC est champion…
Elle avait une sacrée gueule cette saison 1985 de deuxième division. Imaginer Krol fouler la pelouse du Puy ou Lubánski celle d’Abbeville a un effet rafraîchissant. Je me demande si les spectateurs présents, lors de ces rencontres, se rendaient compte de l’incongruité de la situation. Comme si Lewandowski finissait à Dunkerque ou Virgil van Dijk du côté de Martigues…
Je ne me souvenais plus du Stade Français en D2 dans les 80es. Où jouait-il, dans quel stade ?
J’ai posé la question à Fred (sans réponse) sur l’assise populaire de ce club dans les années 40-50-60. J’ai l’impression qu’il n’a jamais eu de nombreux supporters de foot, peut-être parce que l’image du club est élitiste et bourgeoise.
Apparemment, dans les 80es, c’était dans l’ancien Jean Bouin.
La saison 85 du Stade Français est sa dernière en d2. Le club se maintient mais est rétrogradé. J’ignore pourquoi…
Les finances, Maître, les finances avaient lâché.
Après, c’est normal de ne pas se rappeler de chaque équipe de d2 à l’époque. Elles sont quand même 36! Divisées en deux groupes.
C’est ton imagination Nikolic chez Estève à Béziers ou est-ce un fait avéré ?
J’imagine le géant, tenancier de bar border-line et le rabatteur yougo au passé de footballeur ah ah
C’est évidemment un fait avéré! Hehe
Bon, ça permettait de parler d’Esteve surtout…
Et vous êtes d’accord avec moi, ce n’est pas Calderaro, à côté de Bianchi sur la vignette…
François, notre seul rayon de soleil dans les tristes années de d2 de Toulouse dans le milieu des années 90…
En effet, ou alors le chirurgien a manqué sa rhinoplastie !
Ce visage associé à Calderaro m’a aussitôt choqué, mais de là à affirmer que ce n’est pas lui, si même vous n’êtes pas catégoriques..
J’ai beaucoup aimé cette série, bon sujet!
Lubanski sur la pelouse d’Abbeville? Pour connaître un peu ces deux villes, j’assure que c’est pas plus con que de fouler celle, une semaine sur deux, de Lokeren.. 😉
(la cathédrale – ou collégiale?? – d’Abbeville : détour justifié, elle fait fort penser à celle de Beauvais rayon ambitions revues à la baisse)
Je file relire la première partie.
Larbi Hazam, je me disais bien que ce nom me rappelait quelqu’un : il a eu 2 ou 3 sélections avec le Maroc. Milieu offensif (demi à l’époque) rapide et virevoltant.
Merci Lindo. Je t’avoue que j’en connaissais aucun. Me suis juste dit que Lacroix et Govignon avaient des carrures pour jouer au Stade Français mais au rugby!
Lacroix, c’est l’ancien du TFC de la montée en D1 en 1982, non ? Il est parti à l’arrivée de Domergue, sachant qu’il risquait de ne pas avoir beaucoup de temps de jeu, et il a eu raison.
Merci Triple G. Je ne connaissais pas ce Lacroix au TEF. Domergue, la belle révélation de l’Euro 84.