Performants la saison dernière en Bundesliga, ils ont quitté le pays pendant le mercato. Charge à eux de confirmer dans un nouvel environnement.
Benjamin Pavard (ex Bayern Munich, désormais Inter Milan), chafouin fiable
Décrié l’été dernier et placé sur la liste des transferts (il devait signer à l’Inter même si le Barcelone et sa planche à billet le désirait ardemment), il a démarré la saison en chouinant sur son poste (il veut jouer dans l’axe), sur sa vie allemande, bref sur tout…
Impression d’un passage délicat confirmée au Qatar où le sélectionneur Deschamps l’a sorti de son onze, lui préférant même à l’occasion Disasi en latéral droit !
Et puis, le Benji s’est remis la tête et les jambes à l’endroit. En silence et au travail.
A tel point qu’il est devenu cette saison le défenseur le plus fiable et le plus régulier du FC Bayern (30 matchs, quatre buts, une passe). Et, devant autant de prestations abouties en club, Deschamps lui a redonné à Dublin une place de titulaire en latéral droit de l’Equipe de France : il marque d’une superbe frappe le seul but du match.
Buteur souvent spectaculaire, il a pu jouer cette saison dans l’axe (lors de suspensions de ses collègues arrières-centraux) et sur le côté de la défense des Roten. Sa polyvalence est vraiment intéressante, surtout pour ses entraîneurs Un détail qui n’a pas échappé à l’ami Guadiola.
Ses déboires judiciaires derrière lui, il a vu la girouette Salihadmidzic venir lui faire la cour pour une extension de son contrat. Sans succès.
Jude Bellingham (ex Borussia Dortmund, désormais Real Madrid), joyau de la Couronne
Écartons d’emblée tout quiproquo, ce joueur très polyvalent aux talents précoces est tout simplement un des meilleurs milieux de terrain au monde. L’international anglais a fêté au mois de juin ses 20 ans et a éclaboussé la Bundesliga de toutes ses qualités pendant les trois saisons passées sous le maillot du Borussia Dortmund. Et malheureusement pour la Buli, il est parti cet été au Real Madrid dans le cadre d’un transfert conséquent (103 millions d’euros plus 30,9 millions d’euros de bonus éventuels) pour un engagement de six années, soit jusqu’en juin 2029.
Cette année, il a disputé 31 matchs pour huit buts et quatre passes. Des chiffres qui disent mal son influence sur le jeu des Schwarzgelben. Leader technique de cette équipe, il était aussi un des leader du vestiaire puisque en tant que troisième capitaine après Marco Reus et Mats Hummels, il a porté le brassard en match officiel. A 19 ans.
Qualifier le style Bellingham n’est pas chose simple, même si le terme de box to box revient souvent : porté vers l’avant, sa conduite de balle et sa capacité à éliminer l’adversaire le rendent particulièrement dangereux lorsqu’il évolue assez haut sur le terrain, près de la surface adverse. Cette habilité à savoir bien faire progresser le ballon est renforcée par une impression de puissance physique irrésistible lorsqu’il se lance balle au pied dans les espaces. Une dimension physique qui est également mise au service de l’animation défensive de son équipe : à l’aise avec le pressing, bon tacleur, combatif, fort dans les duels, bien placé pour les interceptions, il est mobile et endurant.
C’est donc le joueur complet par excellence (il explose toutes les analyses Data).
Souvent positionné en numéro 10 ou en numéro 8 très avancé que ce soit en sélection ou en club, Bellingham a pris l’habitude de jouer haut sur le terrain. Pourtant, il présente un potentiel évident pour occuper un rôle de milieu défensif. Poste moins flashy, le jeune Anglais devra peut-être y songer pour se faire une place en Espagne. Évoluer pour continuer à performer, comme un résumé de sa nouvelle vie en fait.
Car le diamant déjà si brillant est encore à polir. Parfois sous le maillot du Borussia, Jude Bellingham a fait preuve d’une certaine impatience, d’autres diraient d’agacement ou pire de suffisance, vis à vis de certains coéquipiers ou de certaines situations de jeu (le ballon qu’il demandait ne lui arrivant pas par exemple). Autant de petites choses qu’il va devoir gommer. Au milieu de terrain, la concurrence à Madrid est autrement plus relevée qu’à Dortmund quand tes coéquipiers s’appellent Modric, Kroos, Camavinga, Valverde, Tchouaméni voir Rodrygo et Güler qui sont eux aussi capables d’évoluer comme milieux offensifs.
D’autant plus qu’Ancelotti n’a pas l’habitude de faire de ses recrues madrilènes des titulaires à part entière dès la première année, que le jeune Anglais semble encore fragilisé par son genou (à ce niveau d’investissement financier, j’imagine que la visite médicale a été renforcée pour vérifier le bon état de son articulation) et surtout que le style du jeu madrilène est basé sur un jeu de passe fluide, très collectif et humble. Ce qui n’est pas forcément la qualité première de Jude au profil plus perforateur, lui qui aime porter la balle et tenter des dribbles.
Au delà de l’inévitable débat sur sa meilleure utilisation possible (et Ancelotti qui est un maître expert de l’école tactique italienne saura faire évoluer l’organisation et les systèmes du Real à bon escient), le Bellingham de Madrid sera forcément différent du Bellingham de Dortmund. Comprendre, s’adapter et s’associer seront en résumé les impondérables d’une intégration réussie au jeu madrilène qui en sera ainsi bonifié.
Jude Bellingham a été désigné par la Ligue allemande comme le meilleur joueur de Bundesliga saison 2022-2023.
Randal Kolo-Muani (ex Eintracht Francfort, désormais Paris Saint-Germain), surprise du chef
Arrivé gratuitement l’été dernier à l’Eintracht Francfort dans un certain anonymat, Randal Kolo-Muani en est reparti cet été beaucoup plus célèbre et pour une somme folle (environ 90 millions, bonus compris).
Entre-temps ? Des buts (beaucoup, 15, et 11 passes décisives en 32 matchs disputés), un pressing permanent, une activité sur tout le front de l’attaque. C’est un attaquant au profil atypique : pas du genre à se limiter à attendre que le ballon finisse dans la surface adverse, il est aussi un dévoreur d’espaces, avec un gros volume de jeu et une participation active au pressing.
Il s’est affirmé en Allemagne comme buteur, ce qui n’était pas forcément gagné lorsqu’il a choisi d’y poser ses valises. Et pour ne rien gâcher un sourire communicatif qui vous le rend sympathique.
Seul point noir de sa saison, ce tir repoussé par la jambe de Martinez en finale de Coupe du monde mais ça c’était avec le tricot de la sélection nationale qu’il a découvert cette année. Le type de popularité dont il se serait bien passé.
Devenu le meilleur joueur de son club, il ne semble pas vraiment avoir de limite actuellement. Juste envie de voir jusqu’où il peut aller. Parce que le périple Boulogne-Nantes-Leverkusen-Qatar a été express et comme ce garçon est une météorite qui vient seulement de boucler sa troisième saison professionnelle, regardons-le et apprécions son insouciance. Car, comme toute belle chose, elle est rare et précieuse. S’il n’est pas désigné meilleur joueur de la saison de Bundesliga, il en est assurément la révélation.
Christopher Nkunku (ex RB Leipzig, désormais Chelsea), envol confirmé
Passé par Clairefontaine puis façonné au PSG où Laurent Blanc lui offre ses premières minutes en professionnel (saison 2015-2016) à 18 ans, Nkunku a su faire évoluer son jeu au contact de coachs aussi différents qu’Unai Emery, Thomas Tuchel, Julian Nagelsmann, Jesse Marsch, Domenico Tedesco, Marco Rose.
Techniquement, il est doté d’une bonne prise de balle ce qui le met à l’aise dans les petits périmètres. Parce qu’il excelle dans le dribble et les situations de un contre un, il est redoutable dans le jeu de transition. Excellent passeur, il sait aussi être créatif dans le jeu collectif. Enfin, avec le travail, il a progressé dans les domaines de la finition et de l’efficacité. On retrouve l’expression de cette confiance lorsqu’il exécute les coups de pied arrêtés.
Ce droitier est aujourd’hui devenu un joueur complet, difficile à lire. Si Nkunku joue principalement en tant qu’attaquant gauche, il peut occuper d’autres postes comme ceux de milieu de terrain offensif central, de meneur de jeu, sur un côté ou de deuxième attaquant. Mais sa meilleure position reste ce côté hybride que l’on retrouve dans sa capacité à briller dans les demi-espaces : dans cette position, il peut utiliser sa vitesse pour se placer derrière les défenses alors que sa qualité de passe et une technique supérieure à la moyenne offrent des possibilités pour combiner avec ses coéquipiers.
Au RB Leipzig, cette polyvalence lui a permis de s’imposer au cœur du jeu derrière l’attaquant et de faire valoir son volume de jeu, sa vitesse et sa percussion. Avec la faculté de débloquer les matchs parfois cadenassés.
Ces qualités ont fait de lui le meilleur joueur de la Bundesliga de la saison précédente et l’attaquant dominant depuis les départs de Lewandowski et Haaland.
Cette saison écoulée a été plus contrastée puisqu’il a connu la blessure et son aventure sous le maillot de la sélection nationale laisse pour le moment un goût d’inachevé. Son départ pour Chelsea est surprenant : pas qu’il soit parti après quatre saisons en Allemagne où il a pris un envol footballistique remarquable quand on repense à son dernier tir au but exécuté face à Koubel en finale de Coupe de France mais c’est surtout la destination de son choix qui fait parler. Le challenge est énorme et il pourra s’appuyer comme certitudes sur les 16 buts inscrits, les quatre passes décisives données en 25 matchs disputés. Une performance qui lui permet de finir co-meilleur buteur de Bundesliga. On a connu pire comme saison en demi-teinte.
Bellingham, le nouveau chouchou de Fred.
Chouchou, t’es gentil. Il doit être en extase totale.
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