Médiiic!

CES FRACTURES SI SALÉES…

Tout passionné de foot a déjà frémi devant ces images. La vitesse stoppée par un cri, de ceux qu’on devine tout de suite annonciateurs de mauvaises nouvelles. Puis on a assurément au moins une fois entrouvert les doigts qui couvraient notre visage pour apercevoir ces tibias, déformés dans des angles impossibles et ces chevilles dont même le néophyte perçoit bien qu’elles outrepassent largement leur devoir physiologique. Même sans connaissances médicales, on sait, on sent son corps entier nous prévenir et nous faire presque sentir ces anomalies anatomiques, comme si nous les subissions nous-même. Certains de ces moments deviendront iconiques malgré eux, gravés dans les mémoires des passionnés, parmi les joies des titres, les peines des descentes, les angoisses des grands soirs. Au-delà des frissons, essayons de comprendre ces traumatismes. Quelles différences existe-t-il parmi les fractures, quels mécanismes peuvent y conduire, pourquoi semble-t-il y avoir tant de disparités d’indisponibilité pour ce qu’il semble être la même atteinte chez différents joueurs ? Afin de tenter de répondre à ces questions, commençons par le point de départ. Attention, biomécanique !

Médiiiiiiic !!(@pixabay)

Terreurs nocturnes et ostéologie première année

L’os est la structure de base du corps. C’est la trame rigide qui s’empile et permet de soulager nos muscles et ligaments, d’efforts excessifs, (sacrée gravité !), pour ériger notre corps. Ils sont le plus souvent composés d’une diaphyse (le corps) et de deux épiphyses (extrémités). Sur eux s’insèrent les muscles (moteurs du mouvement), les ligaments (limitant certaines zones de mouvement) et les membranes (ayant pour but de rigidifier l’ensemble en contenant les muscles). Ils possèdent différentes formes selon les rôles qu’ils remplissent. Il en est de même pour les articulations reliant les os entre eux. L’os est viscoélastique (il se comporte à la fois comme un solide et un liquide) et anisotropique, (comprendre qu’il est fait pour résister à certains types de contraintes et moins à d’autres selon leur application). Cela s’avère efficace pour lutter contre la compression, grâce à la partie solide, et contre la traction, grâce à la partie liquidienne. Il existe également un maillage de travées osseuses internes, qui permet d’augmenter encore la résistance au cours des contraintes naturelles. Vide, il est plus léger mais reste extrêmement solide (les feignants sont plus malins).

L’os est très résistant !? Va dire ça à Djib, Eduardo et tous mes cauchemars !

Et s’il est très résistant, il n’en demeure pas moins vrai qu’il a ses préférences, et c’est ça l’anisotropie. L’os a ses contraintes de prédilections et lorsqu’on lui propose de tester autre chose (cisaillement/flexion par exemple), avec une grande énergie (en courant, donc pas Jay-Jay) il va falloir remettre les mains devant les yeux. Lorsque la quantité d’énergie dépasse une certaine limite, c’est le drame. Parfois un choc de faible intensité suffit, surtout s’il est en torsion ou flexion. Ajoutons à cela que, si le choc est brutal, les muscles n’ont pas le temps non plus de rigidifier le fût osseux en se contractant, ce qui fait perdre encore en résistance. Selon le point fixe (comprendre, la localisation de la semelle assassine par exemple) on y rajoute un bras de levier augmentant considérablement les contraintes. Les fractures vont alors se répartir différemment sur l’os menant à des fractures plus ou moins complexes.

Exemples de fractures (@creative commons)

Portraits brisés, le bal des pires

Une fois le choc passé, il est temps de comprendre, pour réparer. Si des fractures parfois se ressemblent, le contexte rebat encore les cartes. Ainsi l’âge, les pathologies sous-jacentes ou les antécédents, la morphologie, le mode de vie (pose ce verre et éteins cette clope Marco !) influent sur le devenir du patient et le traitement proposé. On comprend également instinctivement que certains facteurs jouent directement sur la gravité d’une fracture : fracture ouverte ou fermée (infection), fracture complète et incomplète, fracture stable et instable. Pour paraphraser Michel Colucci, on est tous égaux mais si ta fracture est ouverte, complète et instable tu vas vraiment en baver. Voilà pour le tableau général, mais plongeons plus en détails sur ce trait de fracture.

Comme annoncé auparavant, l’os a ses préférences. La conséquence est la création une variété importante de traits de fractures, évidemment plus ou moins casse- tête pour le chirurgien. Les traits de fracture vont se repartir sur le matériau selon les forces et faiblesses en présence. Fleurissent alors, fractures comminutives (au moins 3 morceaux), obliques, transversales, par avulsion (le muscle ou le ligament tire tellement fort qu’il décroche un bout d’os), intra-articulaires (le trait de fracture remonte jusqu’à une articulation) j’en passe. Cerise sur le gâteau, rien n’empêche de cumuler des lésions ligamentaires, entorses plus ou moins compliquées, ou musculaires, sur lesquelles nous reviendront plus tard. Il est à noter que nous ne parlerons pas ici des fractures de stress ou non-traumatiques mais bien des fractures traumatiques.

Arrêt de jeu ou fin du match ?

Après avoir vu tout cela, deux choses sont sûres : il va falloir du temps et un traitement adapté à la situation. On reviendra sur les traitements. En ce qui concerne le temps, il existe des délais incompressibles de cicatrisations. Le cal osseux, c’est à dire le tissu cicatriciel de l’os, met du temps à se solidifier efficacement. Et il se remaniera encore longtemps (1 à 4 ans) après cette solidification pour tenter de retrouver ses compétences biomécaniques. On a pour coutume de dire 3 mois de consolidation pour les membres inférieurs, 1 mois et demi pour le membre supérieur, avec bien sur des exceptions. Cela doit, en plus, être pondéré par le contexte (fais pas de ski Dimitri !), le type de fracture et ses éventuelles lésions associées, le type de geste chirurgical et les possibles complications post-opératoires. L’os a besoin de contraintes orientées dans ses préférences locales pour se solidifier correctement, mais pas trop ! Une fois l’opération faite le chirurgien établi un protocole personnalisé de reprise que le patient devra suivre avec son kiné.

Alors on comprend mieux pourquoi certaines fractures mettent fin à des carrières et d’autres ne sont que des péripéties, certes graves. Même simples elles sont toujours traumatisantes surtout pour un sportif de haut niveau. Djibril Cissé et Eduardo Da Silva ont souffert d’une fracture du tibia, mais certainement pas de la même complexité ! Robert Jonquet qui continue de jouer suite au tacle de Vavà (demi-finale CdM 1958 France – Brésil) avec une fracture, comment est-ce possible ? Et Aurélien Tchouaméni revenu en 5 semaines après sa fracture, mais il raconte n’importe quoi !

Tibias angulés !

Dans ces deux derniers cas, il s’agit de fractures de la fibula (ex-péroné), qui est un os mobile de la jambe. Il participe peu au port de charge, ce qui explique la plus faible indisponibilité et surtout la possibilité d’avoir pu jouer après la fracture. Si le rôle du péroné est important, ses fractures diaphysaires sont souvent moins problématiques. Pour Djibril Cissé ou Henrik Larsson, il s’agit de fractures de la diaphyse tibiale (et certainement du péroné, la fameuse « double fracture »), grave évidemment mais ne présentant pas les mêmes complexités que celle d’Eduardo Da Silva. Le tibia, dans sa partie centrale, a un rôle plus brut de pilier dont la principale qualité doit être la solidité en compression, bien loin des arabesques enchantées que doit arriver à produire la cheville de Ronaldinho. Même dans ces cas on note une disparité importante des indisponibilités :

– pour Henrik Larsson suite à sa fracture : 300 jours (du 22/07/99 au 17/05/2000) ;
– pour Djibril Cissé en comparaison : 161 jours pour sa première fracture (du 01/11/2004 au 01/04/2005) et 182 jours pour la seconde (du 08/06/2006 au 07/12/2006).

Il est impossible sans avoir des examens approfondis de savoir pourquoi Henrik Larsson a été si longtemps indisponible : complexité de la fracture initiale, complication post-opératoire ou difficulté en rééducation sont autant de possibilités. Dans le cas d’Eduardo Da Silva (296 jours d’indisponibilité du 23/02/2008 au 15/12/2008), en revanche, la fracture est basse et aurait pu donc toucher l’extrémité des os (épiphyses) de la jambe, ce qui complique la situation fondamentalement. La cheville est le goulot d’étranglement où converge tout : passage complexes des tendons, dizaines de ligaments, nerfs, artères et veines passent dans cette zone effilée. De la magie du corps humain, où tout se croise sans interférences, une mécanique millimétrique.

De plus, les lésions des surfaces articulaires (du cartilage) sont difficiles à réparer et rendent in fine la rééducation des lésions associées (ligaments de la cheville, par exemple) plus complexe, sans parler de l’avenir (arthrose précoce/infiltration). En parlant du cartilage, un chiffre éloquent : son coefficient de frottement (glissement cartilage sur cartilage) est de 0,01 à 0,003. Pour comparaison, celui du couple acier/glace (patin à glace) est de 0,02. Imaginez donc la précision que doivent avoir toutes ces articulations pour fonctionner aussi admirablement. Une pièce d’orfèvrerie, bien loin des schémas tactiques de Pochettino !

Enfin, vous l’aurez compris, le pied est le cœur des mouvements fins (Dieu merci Dennis Bergkamp fut épargné), de l’adaptation, des capteurs en tous genres, des réflexes plus ou moins complexes et c’est d’autant plus vrai chez un footballeur bien sûr. En espérant que ces explications serviront à conjurer le sort et éloigneront, de nos yeux et des terrains, ces moments terribles où le sport perd de sa magie pour redevenir bien trop terre à terre.

Bibliographie:

Transfermarkt.com

goozigooze

24
1

51 réflexions sur « CES FRACTURES SI SALÉES… »

    1. Fin de carrière quelques années plus tard quand même… mais avec des qualités bien tronquées. C’est souvent difficile ces blessures.
      C’est vraiment dommage (pour le côté purement intellectuel) de ne pas savoir ce qui a bien pu se passer en détails dans sa cheville. Dans ces cas là on a assez peur du vieillissement en plus, comme le fait remarquer Sindelar plus bas avec Marco Van Basten par exemple.

      2
      0
  1. merci pour cet article! en gros on est pas tous égaux ou du moins notre corps! sindelar pose une vraie question concernant le grand Marco d’ailleurs je sais pas s’il y a eu des articles sur le pourquoi de sa cheville si fragile (ou fragilisée)! c’est fou quand tu vois les brins que prenait Diego et qu’a part le boucher de Bilbao personne ne lui a vraiment provoqué de blessures importantes
    en tous cas le site part sur les chapeaux de roues!!!

    3
    0
  2. Merci pour cet article , je me croyais revenu en cours de biologie au lycée , une question est ce que tout le monde a la même densité concernant l’os? sans parler bien sûr de la maladie des os de verre (cf film incassable ) . Cela pourrait expliquer les cas par exemple de Cisse ou van Basten souvent blessés

    2
    0
    1. Et bien, c est une bonne question.
      J’imagine qu il y a des disparités. Mais je ne sais pas si cela serait au point de pouvoir expliquer des prédispositions aux fractures (hors pathologies type ostéoporose bien sûr).

      Je vais tenter de me renseigner!

      1
      0
  3. Sympa, cet article, avec le jargon qui va bien avec. Merci.
    Malgré quelques cagades en vélo (fauché une fois par une bagnole, percuté un scooter à 50 km/h), je ne me suis jamais rien pété. Alors je me demande : peut-on récupérer à 100% d’une fracture, ou bien l’os demeure de toute façon fragilisé ?

    2
    0
    1. Il y a pas mal de phases de consolidation, durant lesquelles l’os va etre plus ou moins solides aux différents types de contraintes.
      Compression, traction et rotation pour faire simple et dans l’ordre.

      Techniquement je pense pouvoir dire sans me tromper que l’os redevient aussi solide qu avant après fracture, si la consolidation se passe bien.

      2
      0
  4. Ah, ça cause de Van Basten..

    Un cas possiblement des plus singuliers..dont est surtout curieux qu’il ait été, et reste, si imparfaitement (car si partiellement) relayé.

    Dans l’absolu, vu le passif avéré de l’un ou l’autre footballs germaniques : certaine suspicion serait légitime voire salutaire, mais..mais comme bien souvent, la presse dite « spécialisée » est médiocrement passée à côté (ça dit long de leur niveau)..

    Je repasse tantôt, ai présumé de mon temps dispo..mais d’avance, de grâce : bien tout lire avant de tirer sur le messager! (les icônes sont des sujets sensibles)

    2
    0
      1. Mon cher Verano, je crains de te décevoir!

        L’homme Van Basten n’est certes pas vraiment ma tasse de thé (bien qu’il ne fasse que synthétiser l’esprit du footballeur-NL-lambda : ni plus malin/vertueux, ni plus con/médiocre qu’un autre : il partage assez bêtement les névroses de sa société – pour le reste plutôt estimable).. Quant au sportif, et même si ses 3 BO hum-hum.., il m’est par contre de leurs icônes éternelles qui, ma foi, se tiennent le mieux / le moins mal : un phénomène incontestable! (des Cruyff ou Neeskens par contre, hum..)..mais sur le sujet d’espèce, ben..bah, tu verras bien.

        Et en essayant d’être synthétique! Et surtout en distinguant les faits des accusations, rumeurs et hypothèses personnelles.

        Surtout, j’ai vu que ça causait aussi de Ronaldo, bon point de départ.

        Il y a une douzaine d’années, l’ancien haut-responsable de la lutte anti-dopage de la fédé brésilienne affirmait, en précisant que ses sources étaient des médecins du sport NL (ce qui, avec le temps, a gagné en consistance), que Ronaldo avait dès son arrivée aux Pays-Bas subi des cures intensives de stéroïdes pour développer sa masse musculaire..

        Déjà, préciser qu’une rumeur de cet acabit circulait depuis les 90’s aux Pays-Bas.

        Le responsable de la médecine du sport était alors, au sein du PSV de Ronaldo, le dénommé Cees-Rein Van den Hoogenband – celui-là même que j’évoquais en commentaires de l’article de Verano. De tête : il en fut le grand gourou « médico-sportif » (ça me fait toujours rire) de 86 à 2011.

        Au passage énormément de points communs entre, d’une part, le docteur Mabuse N°1 (il y en eut tant d’autres, mais lui était hors-catégorie) du football NL des 70’s, John Rolink (Ajax et Elftal donc)..et d’autre part ledit Van den Hoogenband Sr (père du champion olympique de natation – ledit père était alors, aussi, conseiller médico-sportif de la fédération de..natation!..ainsi que l’avait d’ailleurs été Rolink quelque 40 ans plus tôt)..

        Non des moindres points communs : avoir lui aussi fait ses preuves dans le cyclisme!, bien que le très influent (désormais ponte de la..lutte anti-dopage à l’échelle mondiale, lol) Van den Hoogenband Sr s’emploie depuis des années à faire disparaître toute trace médiatique de ses activités passées dans le cyclisme (à savoir : équipe Panasonic des dopés avérés Rooks, Theunisse..laquelle fut à la pointe, pionnière même, de l’usage d’EPO – ainsi qu’il en fut, ensuite, au PSV médicalement piloté par VdH Sr), bref.. Bref, on peut trancher sans équivoque aucune : le PSV champion d’Europe 88 tournait à l’EPO (..notamment?).

        Aux Pays-Bas, l’ambigüité n’est pas de mise : VdH Sr passe ouvertement pour un « doctor-doping »!, et ce quand bien même il y est redoutablement procédurier..mais, à cela : il n’a jamais osé répondre par voie de tribunal (toute autre histoire quand l’on y attaque les performances passées de son champion olympique de fils).

        Retour à Ronaldo, de fait radicalement transformé, pour ne pas dire physiologiquement « traumatisé », durant son passage aux Pays-Bas..ou comment, en une poignée d’années, ce gamin physiologiquement équilibré, au jeu souple et félin, se mua en cyborg qui misât toujours plus (pas exclusivement, certes) sur une puissance qui sembla comme tombée du ciel, pour le moins surhumaine, et en rien commune au joueur ni au jeune homme qu’il avait été en quittant le Brésil (NB, passé récent : idem Barca-Neymar). Son jeu même s’en trouva altéré, vicié, appauvri..ce en quoi je ne serai certainement pas de ceux qui remercient l’ingénérie transhumaniste néerlandaise..

        Surtout : une transformation qui marqua presqu’aussitôt le début de ses ennuis physiques (j’insiste : dès avant son passage dans un Calcio plus notoirement dopé), et pour cause : son organisme n’était naturellement pas disposé à supporter tel supplément de masse musculaire..ni la violence concomitante des efforts que ce supplément de muscles lui offrait désormais d’infliger à son corps.

        A noter, depuis la saillie de cet ex-fonctionnaire brésilien : les langues se délient de plus en plus aux Pays-Bas sur le cas Ronaldo.. Ca reste timide, le « Fenomeno » reste un vecteur d’argent, ne pas oublier que ce fut la tête de gondole de Nike dans le football, un monument mercantile!..mais les faisceaux y deviennent de plus en plus accablants, à suivre..

        Avant qu’on ne croie que j’ai une dent avec le foot NL, un cas pour moi des plus troublants (je vais livrer le fond de ma pensée, allez : « accablants »!) est celui du Belge Kompany………………

        Lui-même s’en gaussait, et à raison, avant son départ pour la Bundes : jamais le moindre véritable pépin à ses primes saisons belges quand, avec son physique de masaï (voyez-en des photos, si possible torse-nu, à ses 20 ans – âge de son départ), il récitait une souplesse naturelle, une hyper-mobilité, très suave..mais pour de bon perdues au contact du football allemand où, si ma mémoire est bonne, il commença à développer, dès sa préparation d’avant-saison à l’été 2006, ses premiers et récurrents problèmes physiques, toujours les mêmes et à mesure qu’il gagnait en masse musculaire (8 kilos de muscle en un an!) : mollet, talon d’Achille, ischio-jambiers……………………. Physiologiquement parlant : le début de la « fin » (heureusement pour lui, il partait de très haut), à 20 ans…

        (NB, je n’espère en rien en avoir un jour le fin mot : Belgique et Bundesliga, contrairement à la psyché NL, c’est le monde du silence)

        A l’instar de Ronaldo (cas en cours d’avération), Kompany gagna davantage encore en muscles en PL..et en problèmes, toujours plus chroniques, inextricables.. Concernant le Belge, je confesse être dans l’hypothèse pure..mais c’est trop gros!, Cf. son « évolution » au fil des années, pas naturelle pour un balle..non moins qu’impitoyablement sanctionnée par la nature..?

        Van Basten? C’est trop tentant………………..d’autant que le Marco cumula en termes de parcours : Utrecht (berceau, vivace!, du doping institutionnel NL), Ajax (où l’on atteignit le paroxysme à ce registre), AC Milan………… Quel CV, lol..

        Bref : Van Basten, victime d’une exhaustion artificielle de sa masse musculaire, laquelle le détruisît?? Ce serait d’autant plus séduisant que, cette absence habituelle d’informations sur son cas, comme un parfum d’omerta..

        Sauf que!

        Van Basten, et c’est extrêmement peu connu (dont aux NL), souffrait dudit « syndrome de Pfeiffer », lui-diagnostiqué à ses 16-17 ans (de toute évidence : son cas n’était pas des plus prononcés ; rien à voir avec les cas les plus graves, qui visuellement s’apparentent au mongolisme) : une maladie rarissime qui va de pair (mais vérifiez – très, très vieilles recherches personnelles – bon 15-20 ans..) avec une dysmorphie des mâchoires (la supérieure s’en trouve sous-développée, l’inférieure sur-développée), regard parfois très singulier aussi, strabisme +/- prononcé..et surtout, fort susceptible d’être pertinent dans le cas d’espèce : d’autant plus de troubles musculo-squelettiques qu’il y aura pratique sportive intensive (laquelle n’est pas déconseillée..pourvu que menée de manière raisonnable).

        C’est là qu’Ajax, à la rigueur.. Tahamata raconta un jour comment, en 76-77 je crois, il y fut quasi-quotidiennement bombardé, avec le Danois Arnesen, d’injections de produits appelés à développer sa musculature, booster sa puissance.. Après des années de cour vaine par Feyenoord, c’est en 81-82 que Van Basten signa à Ajax, 5 ans à peine plus tard.. Van Basten y subit-il ce genre de traitement? Les Pays-Bas ont des réflexes têtus en la matière..auquel cas, imposer semblable « régime » à un organisme à ce point prédisposé à de sacrées complications n’était assurément pas la meilleure chose à faire sur le long terme..

        Ajax savait-il? Là, je vais être formel : Ajax savait tout! Leur base de données médicale brassait extrêmement large et, plus fort encore : la KNVB partageait avec eux (pas seulement avec eux) les données biomédicales qu’elle collectait sur le moindre joueur international..fût-il un gamin de 16 ans!, certains clubs NL firent des affaires en or de la sorte.

        Ajax s’en souciait-il? Là encore, je serai catégorique : ils n’en avaient rien à foutre, d’ailleurs il n’y a pas que leur passé qui soit très lourd en la matière ; le joueur n’y était et n’y reste rien d’autre qu’un produit!

        Pour le reste, chacun jugera.. Moi, ce qui m’épate dans l’affaire : que ce handicap originel ne soit jamais vraiment sorti dans la presse (les 3 archives que je dégottai datent du tout début 80’s..puis plus rien!)..

        Pudeur? Ce serait alors très, très mal connaître la presse et la société NL..

        C’est surtout d’autant plus curieux que, dans le cas Ronaldo par exemple : la presse s’empressa de court-circuiter les premières rumeurs, en mobilisant quelque problème de thyroïde..dont Ronaldo lui-même datait les débuts à ses années italiennes, soit après que le transhumanisme sauce NL eût entrepris de le transformer – et d’aussitôt le détruire.

        Mais Van Basten, en dépit de la puissance médiatique de l’empire Berlusconi? En dépit de l’inégalable expertise en comm’ d’Ajax? Rien de tel n’est jamais sorti, curieux.. Peut-être cette histoire tomba-t-elle tout bonnement dans l’oubli, moi-même suis tombé dessus par le plus grand des hasards.. Peut-être est-ce le clan Van Basten lui-même qui s’employa à réfréner cette histoire ; les NL sont de telles putes entre eux.. Ce serait encore le plus probable..

        Je garde aussi à l’esprit, surtout, une interview d’époque du père Van Basten, dans laquelle ledit paternel, conscient du handicap originel de son fils, confessait avoir aussitôt compris que son fils ne se remettrait jamais totalement du choc, de prime abord relativement anodin, subi en décembre 86 face à Groninguen, début officiel de ses déboires..

        Le père savait, lui..

        7
        0
      2. Dit Bota, on y’a déjà dit qu’on avait une fonction proposer un article ? Voire même plutôt qu’on cherchait à débaucher des talents dans ton genre… non sérieux c’est un sacré plaisir de te lire, et rien que pour ça je suis sûr qu’on est nombreux à être doublement satisfaits d’avoir créé ce site !! Merci, ne t’arrête pas (et écris -pour- nous encore !)

        3
        0
      3. C’est gentil mais, famille, boulot.. Y a des priorités.

        Un dernier com sur Van Basten toutefois : de formation, il était..meneur de jeu..

        Je trouve que ça vaut le coup d’être dit, d’habitude c’est le chemin inverse, d’attaquant à meneur..mais lui, non : de meneur à attaquant.

        Beaucoup prêtent à Cruyff d’avoir été son mentor, hum.. Cruyff était son idole, ça oui..et Cruyff peut remercier la providence d’avoir pu surfer sur le talent de ce gamin venu d’Utrecht, un peu comme avec Romario plus tard au Barca..

        Et cependant : à ses débuts, Cruyff voulait mordicus le faire jouer en ligne médiane, c’était sa grande idée pour lancer médiatiquement (quoique, le coup de pute fait à Beenhakker, déjà..) sa carrière d’entraîneur, on allait voir ce qu’on allait voir..

        Problème : ça convenait et plaisait si peu à Van Basten, qu’il fut (mollement?) question de son départ..et Feyenoord était toujours au taquet..si bien que Cruyff n’eut d’autre choix que de céder, comme quoi..

        1
        0
      4. Bon, et bien ça valait le coup d’attendre !
        Le jour où tu as un peu de temps, tu devrais rassembler tes connaissances et proposer un article sur quelques unes des affaires que tu connais bien, sachant qu’ici pour le moment, les néerlandophones ne sont pas légion. Tu couvrirais un pan de football que nous ne couvrons pas. En tout cas, merci et bonne journée

        2
        0
      5. J’oubliais un point, Verano..car de la responsabilité d’Ajax?

        Quoique hypothétique, le traitement de choc pour le fortifier (..et, d’autant, le fragiliser?) est hautement probable..ce qui est alors d’autant plus coupable qu’ils avaient parfaitement connaissance des prédispositions liées à son syndrome de Pfeiffer (la chronologie des événements suggère même qu’il lui fut précisément diagnostiqué dans le cadre de son engagement à Ajax).. (NB : la presse NL, quant a elle, étala publiquement le mal dont il souffrait dès 83 voire 82)

        Là où c’est accablant : quasi-pas de repos/revalidation dans la foulée, opération postposée à l’été.. Il traîna cette blessure (je rappelle que son père le crut spontanément fini pour le football de haut-niveau) de décembre 86 à la fin de saison..laquelle fut pour le moins pleine..

        A certains égards, voilà qui rappelle le cas macabre du pauvre Nico Rijnders : (devenu?) inapte pour le sport de haut-niveau, cardiaque au dernier degré, d’ailleurs victime d’un arrêt cardiaque en pleine finale de coupe des champions..et cependant poussé à jouer (et se doper?) tant et plus, de sorte de pouvoir le vendre au FC Bruges..lequel club, en réalisant quel était son état physique, eut pour sa part et aussitôt la sagesse de lui interdire davantage la pratique du football.

        Cette histoire eut d’ailleurs le chic de refroidir d’un peu l’intérêt des clubs belges pour des joueurs hollandais.. Une prudence parfois excessive prédomina, du moins un temps, dans ces flux de joueurs (cas du goleador Ruud Geels, par exemple).

        1
        0
  5. Merci Goozi!

    Super article complet et éclairant!

    J’ai eu les miquettes, alors tout d’abord j’ai fermé un œil et jeté l’autre en diagonale.

    En effet , je reste traumatisé par la photo du tibia péroné du Djib en page 3 de l’Equipe le lendemain de France/Chine 2006.
    (Je suis sensible).

    2
    0
  6. Splendide article, sur un thème central du football pourtant rarement traité plus en détails !

    Ainsi, combien de fois lisons-nous tel joueur est blessé et donc indisponible pour tant je jours… Sans en savoir plus sur le principe de la fracture ni aucune explication concernant les disparités dans les invalidités !

    L’article répond justement à ces interrogations avec une superbe vulgarisation et au travers d’exemples mythiques !

    1
    0
  7. Excellent article, très très très instructif et bien écrit !

    On a parlé des cas de blessures, Cissé, Ronaldo et Van Basten notamment. Cissé avait forcément un défaut à la conception je pense, ses tibias n’étaient pas aptes à être sollicités comme il le faisait. Aurait-il pu renforcer ses os pour éviter ces désagréments ? (je pense plus à sa 2e blessure, qu’il se fait tout seul contre la Chine en 2006. La première était l’oeuvre d’un boucher, comme l’Angleterre en a vu par paquets de douze. Difficile, dans sa position, d’éviter la fracture.)

    Mais il y a aussi la version opposée, et on y pense moins forcément, celle des dons de la nature. Les bienheureux qui possèdent des caractéristiques « supérieures » à la moyenne. J’avais entendu dire que Blaise Matuidi bénéficiait d’une ossature plus élastique que le commun des mortels, ce qui faisait de lui un être à part, qui se blesse très peu, et qui peut (pouvait* pour le foot de haut niveau, malheureusement le temps fait son affaire, et mon Blaisou n’est pas Benjamin Button non plus…) se permettre des sollicitations plus risquées.

    2
    0
    1. Renforcer des os..c’est possible?

      Les constitutions sont inégales, oui.. Cas le plus illustratif en Belgique : le joueur du FC Bruges des 70’s Raoul Lambert..accessoirement : c’est leur (légitime!) joueur du siècle, figure absolument monumentale du foot belge, bref..

      Ses détails physiologiques m’échappent, faudrait que je fouille dans mes archives..mais sa puissance naturelle était telle, et surtout ses membres inférieurs si anormalement constitués (bizarres à dire vrai, même sa tête.. – je ne me moque pas, tout en lui était morphologiquement hors les clous), qu’il se blessait chroniquement et systématiquement seul, pas la moindre saison sans pépins, toujours les mêmes.. (au niveau des cuisses, je crois?)

      En soi le joueur n’était pas exceptionnellement doué..mais la tonicité qu’il tirait de sa singularité était hors-normes..non moins que cette singularité ne cessa jamais d’entraver sa carrière.

      1
      0
      1. « renforcer ses os, c’est possible ? »

        Je ne suis pas docteur, ni nutritionniste, mais je pense oui. On peut assurément fragiliser ses os par une mauvaise nutrition (il me semble que le veganisme, par exemple, nécessite des compléments alimentaires pour empêcher cette détérioration, entre autres carences) .

        1
        0
      2. Raoul Lambert… Je vais de ce pas étudier cette morphologie !

        « non moins que cette singularité ne cessa jamais d’entraver sa carrière. »
        Cette phrase m’a tué ! (tu ne voulais pas plutôt dire l’inverse ? ^^)

        PS : ça serait bien une option *EDIT*, non ?
        (dit l’utilisateur qu’en branle pas une ! ^^)

        1
        0
      3. Il y avait moyen d’être plus clair, en effet.

        Lambert? Parmi d’autres grands clubs, il fut la priorité d’Ajax..lesquels établissaient des dossiers médicaux sur tout le monde (et ça brassait large : antécédents, maladies, historique des blessures, indices de performance..et même éventuels troubles psychiques)..or je parvins jadis à en choper une bonne trentaine, bref : je regarderai ça ce soir.

        2
        0
      4. Concernant Lambert, je suis donc (enfin!) retombé sur une fiche-Ajax de 1971.. Loin toutefois d’être la plus savoureuse, et pour causes : 1) jugement médical sans appel..et, 2) : ils ne trouvaient rien de particulier à redire sur la personnalité du Brugeois (« émotif mais équilibré ») – leurs conclusions psychologiques étaient « parfois » d’un hardcore, lol…………..bref!

        En substance : accent mis sur son explosivité (« sans égale en Europe »), son courage..mais aussi sur ses blessures constantes, la conclusion était d’ailleurs peu ou prou qu’il ne ferait plus long feu dans le football moderne (je viens de me corriger, car j’allais écrire « football..professionnel » – or Lambert ne devint professionnel que fort tardivement, après ses 30 ans me semble-t-il), « 2 ou 3 ans maximum, profil à hauts risques ».. Son plus grand exploit fut peut-être de démentir ce type de pronostics, absolument récurrents : il ne cessa jamais d’être officiellement fini pour le foot.

        S’en suit une compilation (incomplète) de ses blessures, toujours les mêmes depuis ses 18-19 ans.. En fait et dans son parcours, il n’y eut pas la moindre saison sans 3 voire 4 absences de plusieurs semaines, typiquement pour déchirure musculaire à la cuisse.

        L’explication : muscles extrêmement puissants, mais surtout extrêmement courts. Fascinant, surtout : la moindre archive traitant du « derby des plats pays » (je viens d’en relire 7) s’interroge, d’année en année, côté belge comme néerlandais d’ailleurs, quant à savoir si Lambert pourrait ou non jouer ; un marronnier..mais qui n’avait rien d’ironique ni de moqueur (ce type était une véritable terreur pour les défenses, démarrages et tirs foudroyants.. sa présence ou pas était à chaque fois un sujet de préoccupation majeur).

        Prélude au match-aller de qualif de WC74, à Anvers (je ne sais même plus s’il le disputa), par exemple? Goethals semblait avoir fait une croix dessus..et d’autant sur le moindre espoir de qualif..

        Retour? Rebelote, c’est à nouveau l’arlésienne..comme tout au long de sa carrière..

        Je crois qu’on peut affirmer que ce joueur était par nature « handicapé », et j’aimerais surtout savoir combien de matchs il disputa blessé? Même à 50%, ni Goethals ni Happel ne s’en cachèrent jamais : ils le faisaient jouer, ultra-prioritaire.

        Le public brugeois ne s’y est pas trompé, c’est leur joueur du siècle.. Cf. par exemple cette vidéo, où l’on explique à Lambert (qui n’a jamais vu de tifo de sa vie) qu’il doit monter sur pelouse et que les gens vont agiter des petits papiers.. Une tribune esquisse d’abord son numéro, une autre son surnom..et enfin une troisième son âge..

        Ca ne casse pas trois pattes à un canard… La réaction de « Lotte » Lambert, par contre… : https://www.youtube.com/watch?v=jZKbn5pM4gg (dommage cette musique à deux balles, qui gâche tout)

        0
        0
    2. @Madyoyo
      Merci pour les compliments.
      En ce qui concerne ta question, qui rejoint un peu celle posée par berti.fox, j’ai pas encore trouvé d’infos fiables.
      Tu as raison de dire que la solidité osseuse peut-être perturbée, on parle alors d’ostéopenie. En général provoqué par des défauts de vitamine ou de stimulations (en apesanteur par exemple je crois.)
      Quant à renforcer ses os, ça je ne sais pas je dois dire. Et plutôt que de dire une bêtise je vais tenter de me renseigner!

      2
      0
      1. Et pour la fonction Edit, notre chef informatique a déjà pas mal de difficultés à gérer les attardés numériques, dont je fais partie, du site. On va attendre avant de lui soumettre cette idée. Sinon c’est le burn out assuré.

        3
        0
      2. De ce que j’ai trouvé la façon la plus simple de renforcer les os est encore… Le sport.
        Les stimulations types en compressions et tractions (contractions musculaires en général, car les muscles tirent sur l’os au niveau de leur insertion) stimulent l’os.
        Donc en théorie nos chers footeux devraient être au top de ce point de vue.

        0
        0
  8. Bota
    D’ailleurs Lambert ne joue pas la finale de c1 78 face à Liverpool. Je viens de voir qu’il sort à la 46ème lors du match retour face à la Juve en demi. Blessé?
    Et sinon, son surnom Lotte a une signification particulière?

    0
    0
    1. « Lotte »? Rien à voir avec le poisson : Raoul était le benjamin d’une fratrie de bons voire très bons footballeurs..or, dans la très catholique et traditionnaliste Flandre profonde des années 40-50, il était tout bonnement coutume de recycler les surnoms des anciens, de sorte de les honorer.

      Concernant le dernier arrivé, Raoul : il restait à attribuer le surnom d’une des grands-..mères, « Metje Lotte »..et ce fut donc pour sa pomme.

      Finale 78, oui : blessé (à l’instar grosso modo de 3-4 autres titulaires habituels : le libéro Krieger, le médian Courant..). Faute de mieux, Happel n’eut d’autre choix que de faire déjouer son équipe, soudain hyper-frileuse pour la finale, de l’anti-football caractérisé.. Ce n’était absolument pas sa came, mais pas le choix.

      Juve? Il sort blessé. WC70, je crois qu’il se blessa à la cuisse en transformant son péno face au Salvador..

      (Etc etc etc..)

      0
      0

Laisser un commentaire