J’ai aimé la dramaturgie de la saison, le fabuleux destin de l’Union Berlin, l’instinct de survie de Bochum, le rayonnement sur les pelouses allemandes des ambassadeurs d’un football français trop souvent décrié et l’humanité inspirante d’un défenseur central hongrois.
1/ Un scénario aux suspens multiples pour un dénouement final lors de l’ultime journée
Cette 59e campagne de Bundesliga restera mémorable pour le suspens qu’elle aura ménagé jusqu’au terme de la saison : du suspens à tous les étages, jusqu’au dernier quart d’heure de la dernière journée. En tête, quatre équipes auront occupé le fauteuil de leader : FB Bayern, Fribourg, Union Berlin et le Borussia Dortmund. Le titre se jouant sur la dernière journée, dans les 10 dernières minutes, à la différence de buts.
Si la troisième place du podium s’est elle décantée dès la 33e journée, la quatrième place qui attribue le dernier sésame pour la Ligue des Champions ne s’est jouée qu’à l’ultime journée. Le cinquième devant se contenter du ticket pour la Ligue Europa, une compétition que le sixième disputera grâce à une différence de buts favorable acquise là aussi lors de la journée de championnat.
Côté suspens, la course au maintien n’a pas été en reste. Si le Hertha Berlin a été relégué mathématiquement au soir de l’avant-dernière journée, Schalke a lutté en vain jusqu’à la dernière journée pour ne pas descendre. Augsbourg et Bochum se sauvant lors d’une dernière journée qui enverra Stuttgart disputer le barrage.
Et en bonus que dire quand la 2.Bundesliga décide de ne pas rester en reste, la fête devient totale !
Avec une Coupe du monde au Qatar placée au beau milieu de la saison et rallongeant donc la trêve hivernale qui cette année aura été de 10 semaines, il était dit que nous vivrions une saison de Buli à nulle autre pareil.
2/ FC Union Berlin, le conte de fées continue
L’Union Berlin, qui découvrait encore la Bundesliga il y a quatre saisons, a réalisé une saison de toute beauté, de celle qui marque l’Histoire d’un club.
En finissant quatrième du championnat, les Berlinois se sont directement qualifiés pour la lucrative Ligue des Champions. Pour intégrer ce gotha des 32 meilleures équipes continentales, il a fallu présenter l’excellent bilan de 18 victoires, huit nuls et huit défaites pour 62 points, avec la neuvième attaque ex-æquo avec 51 buts marqués et surtout la première défense ex-æquo avec 38 buts concédés soit une différence de buts favorable (+13).
Avec surtout un parcours au long cours emprunt d’une très grande régularité : jamais classé au-delà de la cinquième place qui sera son plus mauvais classement de la saison (2e et 15e journée), le FC Union a occupé le fauteuil de leader pendant sept journées consécutives (entre la 6e et la 15e journée), s’est installé six fois dans le costume de dauphin et a squatté 13 fois la troisième place, son spot préféré finalement. La quatrième place qui sera son classement final n’aura été occupée que six fois mais surtout lors des quatre dernières journées.
Et pour égayer le tout, un coup d’éclat sur la scène continentale : sorti deuxième de sa phase de groupe de Ligue Europa (quatre victoires, deux défaites), l’Union Berlin a disputé un seizième de finale de gala en affrontant l’illustre club de l’Ajax Amsterdam : après un très bon match nul et vierge ramené de la Johan-Cruijff Arena, les Berlinois vont s’offrir une magnifique victoire de prestige (3-1) dans leur Stadion An der Alten Försterei. La course européenne s’arrêtera brutalement face aux cousins belges de la Royale Union Saint-Gilloise dans une double confrontation (3-3 à Berlin et défaite 3-0 en Belgique) où les Eisernen seront passés à côté.
Au niveau de l’effectif, si la star du club, c’est bien l’équipe avec un E majuscule, l’excellent coach suisse Urs Fischer s’est appuyé sur une colonne vertébrale qui a bien assuré sur toute la saison : le gardien danois Frederik Ronnow dans les cages, le duo de défenseurs centraux Danilho Doekhi et Robin Knoche, Rani Khedira en patron inamovible du milieu de terrain et Sheraldo Becker devant ont été les tauliers de cette équipe dont le schéma préférentiel était un 3-3-2-2 (qui est en fait un 3-5-2 classique avec des joueurs de côté au rôle prépondérant, débat tactique sans fin qui renvoie surtout aux fameuses animations avec ballon et à la perte du ballon…).
Une défense de fer, un jeu minimaliste, très vertical avec une recherche quasi systématique de la profondeur, beaucoup de courses, de l’intensité, de la solidarité et un engagement sans faille à tous les étages, une efficacité redoutable sur coups de pieds arrêtés et son corollaire avec un très bon jeu de tête en attaque et en défense, des joueurs et un staff concernés, un public passionné et une direction inspirée : toutes ces composantes ont œuvré au succès de cet OVNI atypique dans la galaxie du football professionnel de clubs. Une identité si singulière qui va faire le tour des médias forcément friands de ces nouvelles épopées des temps modernes : club de quartier de Berlin-Est ancré dans une histoire en prise directe avec le passé de l’ex-RDA, à la culture ouvrière très prononcée, témoignage vivant d’une sociologie militante et donc un goût revendiqué pour la contestation et les actions solidaires (d’abord, à l’époque communiste puis dans le refus d’un ultralibéralisme toutes voiles dehors). Ressortiront alors les épisodes du don du sang par les supporters pour aider le club alors en difficultés financières (en Allemagne, le don du sang est rémunéré), du don de journées de congés par ces même supporters pour participer à la mise aux normes du stade (certains joueurs dont Karim Benyamina, le meilleur buteur de l’histoire du club donneront le coup de main) ou encore de l’hymne du club écrit par une certaine Nina Hagen.
Le club du quartier de Köpenick est devenu un club véritable refuge depuis la réunification pour certains des partisans de l’Ostalgie, qui bien que ne regrettant en en aucun cas l’ex-Allemagne de l’Est sont nostalgiques d’une période plus solidaire, moins individualiste. Avec sa prochaine participation à la Ligue des Champions, le FC Union renforce ainsi sa dimension symbolique des temps modernes, et particulièrement au regard des transitions actuellement à l’œuvre en Allemagne : c’est un vrai vent de fraîcheur à l’heure où la multipropriété de clubs, des transferts toujours plus délirants, des salaires indécents et des comportements stupides en tribune squattent chaque jour un peu plus l’actualité du sport numéro un. Placé dans le chapeau 4 du prochain tirage au sort pour la phase de groupes de la Ligue des champions 2023-2024, j’en suis arrivé à espérer un tirage de fou en Ligue des Champions, du genre Manchester City, Real Madrid, AC Milan.
Quoiqu’il arrive, l’année prochaine offrira donc un pas de côté à toutes et tous ceux qui comme nous pensent qu’il est encore possible aujourd’hui de concevoir le football différemment.
Punk is not dead !
3/ Bochum, le miracle permanent
Si pour son retour en Bundesliga lors de la saison 2021-2022, le VfL Bochum a facturé une belle saison conclue par un maintien acquis plutôt sereinement à une très honorable treizième place (12 victoires, 6 nuls, 16 défaites) avec neuf points d’avance sur la zone rouge, la seconde saison en première division est réputée être la plus difficile pour tout promu. Et Bochum n’a pas dérogé à cet adage tant il lui a fallu batailler ferme pour renouveler sa session au sein de l’élite du football allemand.
Rançon du succès et réalité économique bien prégnante pour un club endetté, l’inévitable contrepartie de ce parcours réussi a été le départ lors du dernier mercato estival de joueurs ayant participé activement à ces bons résultats : je pense particulièrement ici aux transferts de la charnière centrale (Armel Bella-Kotchap à Southampton et Maxim Leitsch à Mayence), du milieu Milos Pantevic (à Union Berlin) et du buteur patenté Sebastian Polter (à Schalke) soit des ventes représentant 16 M€ dont 11 M€ pour le seul transfert de Bella-Kotchap vers la Premier League.
Avec un budget global club passant de 65 à 82 M€ pour rééditer l’exploit, le recrutement du VfL se devait d’être malin par rapport aux moyens disponibles : il le sera avec des prêts comme Ordets par exemple, des transferts gratuits comme Stöger ou Hofmann et des coups lorsqu’il faut délier les cordons de la bourse à l’exemple de Förster recruté moyennant 500K€, ce qui sera le plus gros transfert de l’intersaison. Malgré tout, les observateurs font définitivement des Westphaliens les grands favoris pour une implacable relégation à l’issue du championnat tant l’effectif constitué semble d’emblée trop léger tant en qualité qu’en densité pour un championnat long de 34 journées.
Avec six défaites sur les six premiers matchs, le début de saison est calamiteux et vient confirmer que cette épopée s’annonce belle et bien périlleuse pour cet effectif si peu fourni. D’autant que pour pimenter le tout, le coach Thomas Reis, sous contrat jusqu’à l’été 2023 et à priori en renégociation officieuse, perd le contrôle en conférence de presse et annonce être à la recherche d’un nouveau club pour l’été 2023. Difficile pour les dirigeants de maintenir dans ces conditions un coach qui clame un peu trop haut et trop fort ses envies d’ailleurs alors que le club se traîne à la dernière place du classement. Il est licencié et c’est le coach des U19 Heiko Butscher qui assure l’intérim avant l’arrivée d’un nouvel entraîneur principal : Bochum prend son premier point de la saison avec un nul à domicile face à Cologne (1-1) ! C’est Thomas Letsch, allemand de 54 ans et en provenance du Vitesse Arnhem, qui est choisi pour mener à bien l’opération de sauvetage. Car, lorsqu’il prend ses fonctions, le club est bon dernier avec la plus mauvaise défense (19 buts) et la plus mauvaise attaque exæquo (cinq buts). Seul rayon de soleil dans cette grisaille, la zone de flottaison n’est qu’à quatre points.
Sans surprise et comme prévu, l’exercice est compliqué jusqu’au bout. Élément favorable pour les 1848ers, les autres équipes concernées par la relégation sont restées engluées dans les fins fonds du classement et n’ont pas pris comptablement leur distance lorsque les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Ainsi, toujours vivant mais encore en ballottage défavorable au moment du coup d’envoi de la dernière journée, et loin d’être tirés d’affaire avec une différence de buts si défavorable qu’elle équivaut à un vrai point de retard sur leurs adversaires directs, les Unabsteigbaren vont se sauver eux-mêmes et torpiller comme des grands le Bayer Leverkusen (3-0) dans un Vonovia Ruhrstadion aux anges. Thomas Letsch a réussi un formidable redressement pour finir à une quatorzième place bien méritée.
Rapide survol du 4-3-3 préférentiel (avec quelques infidélités entrevues durant la saison du côté d’un 4-2-3-1) aligné cette saison sous les couleurs du VfL Bochum. Sachant que pour la prochaine saison, Leitsch a le souhait de changer l’organisation défensive en passant sur une défense à trois.
Dans les cages, Manuel Riemann a fait le travail et ce n’est pas ça qui manquait. Quelques matchs sans, des « pseudo supporters » à la mémoire un peu courte, il n’a jamais lâché. Il fait gagner des points à son équipe et présente des stats sous-jacentes très élevées qui ne font qu’illustrer la pression permanente pesant sur ses buts. Penser à préparer un numéro bis car Riemann aura 35 ans en septembre.
En défense, si les latéraux ont déçu (manque de fiabilité entre insuffisance, irrégularité et blessures répétées), la doublette axiale composée de l’Ukrainien Ordets et du Serbe Masovic a fini par se trouver et s’imposer. La conserver la saison prochaine serait une bonne idée. Tout comme recruter de vrais latéraux et un troisième axial, Keven Schlotterbeck étant rentré à Fribourg à la fin de son prêt. Plus mauvaise défense du championnat, 72 buts encaissés !
Le milieu Stöger (cinq buts, trois passes) – Losilla (deux buts, deux passes) – Förster (trois buts, sept passes) est volontaire, courageux et admirable de volonté. Cette ligne doit être renforcée car à respectivement 29 ans, 37 ans et 28 ans, je ne vois pas les trois en capacité de renouveler une performance aussi intense sur la durée. Seul Osterhage (23 ans) a pointé le bout de son nez, insuffisant pour le moment. Si le capitano Losilla du haut de ses 37 ans m’ a fait kiffé, Stöger et sa vista m’ont épaté et remportent haut la main le titre de recrue de la saison. Ces deux là ont tenu la baraque toute la saison. Attention au risque de surchauffe de la meilleure ligne de l’équipe notamment quand arriveront les inévitables absences pour cause de suspensions ou blessures.
L’attaque a présenté des joueurs de côté parfois virevoltants avec le Ghanéen Antwi-Adjei (3 buts, 6 passes) et le Japonais Asano (trois buts, deux passes) mais qui doivent franchir un pallier si le VfL veut gagner en assurance et maîtrise. Ce duo a souvent dû redescendre au milieu de terrain pour travailler sur la largeur. A 30 ans, l’avant-centre Hofmann découvrait la Buli, contrat rempli (huit buts, deux passes). Holtmann, Zoller et Brochinski (ce dernier arrivé cet hiver) assurant la rotation. Difficile d’en demander davantage à l’avant-dernière attaque du championnat (40 buts inscrits) sans casser la tire-lire.
Un maintien improbable, un mercato plus que contraint, un effectif ric-rac, des joueurs combatifs qui ont donné le maximum de ce qu’ils pouvaient offrir, l’inévitable changement d’entraîneur à la sauce allemande et un public qui a toujours été derrière son équipe, le VfL Bochum a donné du plaisir à ses supporters et aux autres, a fait honneur à son maillot et continue à incarner un football de club divers et nécessaire.
A n’en pas douter, le maintien sera une nouvelle fois l’objectif pour la nouvelle saison qui se profile. La passe de trois ne sera pas des plus simples, le système D devra encore faire des prodiges parce que les miracles n’arrivent qu’une seule fois au même endroit.
4/ Le contingent de français, un soft power qui pourrait dire son nom
A la lecture des différents classements offerts par la Bundesliga, il est facile de constater que la colonie des joueurs français trouve en Allemagne de parfaits terrains pour y exprimer ses talents et y développer parfois des potentiels peu soupçonnés.
Parmi ces ambassadeurs du french flair footballistique, il y en a presque pour tous les goûts puisque seul le poste de gardien de but n’a pas brillé cette saison en l’absence de gardien français dans les effectifs de Bundesliga.
Remise des prix
Tout d’abord, en scrutant l’effectif du champion d’Allemagne, on trouve en Dayot Upamecano (29 matchs, une passe et une première partie de saison en taille patron) et Benjamin Pavard (30 matchs, quatre buts, une passe) deux tauliers de la défense munichoise alors que Kingsley Coman (24 matchs, huit buts, cinq passes) et le jeune Mathys Tel (22 matchs, cinq buts) ont apporté leurs contributions à l’expression de la meilleure attaque de Buli.
Côté goléador, Christopher Nkunku (RB Leipzig, 16 buts, 8 passes, 25 matchs) finit meilleur buteur ex-aequo avec Füllkrug mais avec moins de matchs disputés alors que le bizuth Randal Kolo-Muani (Eintracht Francfort, 15 buts, 16 passes, 32 matchs), et qui finit meilleur passeur (avec 16 passes décisives), partage la troisième place ex-aequo avec Grifo. A la sixième place des buteurs, on retrouve Marcus Thuram (Gladbach, 13 buts, 6 passes, 30 matchs). C’est à dire que la moitié des six meilleurs buteurs de cette saison de Bundesliga sont français.
Autre classement significatif de l’impact offensif d’un joueur, on additionne buts et passes décisives : Kolo-Muani y finit premier (31 points, 15 buts + 16 passes), devant Musiala (25 points) et Nkunku (24 points, 16 buts + 8 passes) troisième.
Big-up à Anthony Losilla, capitaine courage de l’équipe de Bochum (31 matchs, deux buts, deux passes) pour une saison de toute beauté. Peut-être sa plus belle. Et pas en restant vissé dans le rond central ou en marchant à attendre le ballon car ce milieu défensif de 37 ans a cavalé fort pour sauver son club : il est tout simplement cette saison le douzième joueur de Buli au niveau des courses (345,03 km parcourus soit une moyenne de 11,42 km ramenée à 90 minutes) ! Il a tout pour devenir une icône du côté de la Castropher Straße.
Une ribambelle de mentions spéciales :
Eric Junior Dina Ebimbé (Eintracht Francfort, 19 matchs, trois buts, une passe), allégorie réussie de cet exode réussi et de plus en plus important de jeune français s’exportant pour pouvoir exprimer en confiance des qualités pourtant bien réelles. Prototype du Seine Saint Denis Style, formé au PSG, prêté avec réussite au Havre et à Dijon pendant deux saisons avant de perdre son temps via des bouts de matchs au sein de son club formateur, ce milieu de terrain droitier a réussi une belle acclimatation au football allemand. L’Eintracht a levé l’option d’achat de 6,5 M€ comprise dans son prêt. Il devrait faire partie des plans pour relancer son club.
Mohamed Simakan (Leipzig, 24 matchs, un but), défenseur de qualité en grand devenir qui a confirmé sa première belle saison en Allemagne, ce qui n’est jamais facile.
Lucas Tousart (Hertha, 33 matchs, cinq buts, deux passes), une saison consistante pour le milieu défensif qui a eu le privilège de porter le brassard de capitaine à plusieurs reprises. Si tous ses coéquipiers avaient évolué à son niveau, la Vieille Dame ne serait pas descendue cette saison. Reste maintenant à rebondir.
Kiliann Sildillia (Fribourg, 27 matchs, deux passes), le défenseur de 21 ans n’était pas attendu à pareille noce lorsqu’il est arrivé libre en provenance de Metz à l’été 2020. Passé notamment par le championnat de ligue régionale avec les U 23 de Fribourg, il s’est bien développé sous l’œil avisé et bienveillant de Christian Streich à l’image d’un premier baptême du feu réussi en latéral droit face à l’armada offensive du RB Leipzig (octobre 2021). Et puis après avoir bien maturé et appris la langue allemande, le jeune Mosellan saisit sa chance l’été dernier lorsque le défenseur droit titulaire se blesse en début de saison. Celui qui a été formé défenseur central enchaîne alors les matchs et s’impose comme titulaire du poste de latéral droit. Courtisé cet hiver parce que ses performances ne sont pas passées inaperçues, il prolonge à Fribourg au printemps et finit vraiment difficilement la saison. Il paraît émoussé, vidé ce qui est limitant avec un jeu basé autour d’une puissance et d’une agressivité certaines dans les duels. L’été devrait lui faire du bien. Confirmation attendue.
Kouadio Koné (Gladbach, 30 matchs, un but, une passe) qui a épaté son monde en milieu défensif lors de sa deuxième saison de Buli, à en faire tourner la tête de certains chéquiers de l’été ? Il est annoncé sur les tablettes des plus grands clubs.
Amine Adli (Leverkusen, 26 matchs, cinq buts, quatre passes), qui a de nouveau réalisé une belle saison alors qu’il avait d’abord été blessé sur les premiers mois. Il a du talent dans les jambes et dans les pieds. Son profil tout en vitesse et en percussion est rare. A 23 ans, il peut être une très bonne surprise la saison prochaine sous la houlette d’un Xabi Alonso ambitieux.
Josuha Guilavogui (Wolfsbourg, 23 matchs, un but), qui a signé une saison de belle facture alors que je pensais qu’il aurait eu davantage de mal suite à son prêt bordelais. Et ses derniers matchs réussis face à Union, Leverkusen ou Mayence laissent à penser qu’à 32 ans, il peut encore jouer dans nombre d’équipes, surtout en évoluant en charnière centrale d’un 3-5-2. Au grand regret de son entraîneur et de ses dirigeants qui voulaient le voir rester, ce cadre du groupe a demandé à partir. Celui qui a d’ailleurs disputé son dernier match avec les Loups le brassard de capitaine au bras affiche un des plus beaux sourires du plateau. Une très grosse perte pour le vestiaire.
Et enfin, parce que le soft power, c’est aussi ça, un clin d’œil appuyé au Portugais Guerreiro (du Blanc-Mesnil), au Tunisien Skhiri (de Lunel) et au Guinéen Guirassy (d’Arles), tous citoyens du monde nés sous le signe d’un Hexagone qu’a si bien chanté Renaud.
5/ L’action de la saison
C’est Willy Orban, le capitaine du RB Leipzig, qui remporte haut la main cet award de la saison, entre sens des priorités et responsabilité sociétale : inscrit sur la base de données des donneurs potentiels d’organes, le défenseur hongrois a été invité au mois de février à faire un don de ses cellules souches afin de sauver une personne atteinte d’un cancer du sang. Alors que son club s’apprêtait à affronter l’Union Berlin dans un match important pour le podium, il fait le choix fort d’accepter dès que possible le prélèvement et est donc contraint de déclarer forfait pour ce match au sommet, dix jours de repos étant conseillé après l’intervention médicale.
En l’absence du défenseur central inamovible de la défense saxonne, Marco Rose alignera une défense peu courante à trois axiaux dans un 5-2-3. L’Union Berlin en profitera pour s’imposer à la Red Bull Arena (1-2). Willi Orban reprendra sa place le match suivant dans l’axe d’une formation plus classiquement organisée en 4-2-3-1 pour un retour gagnant qui se soldera par une victoire à Wolfsbourg (0-3). Et comme en fin de saison, le RB Leipzig finit devant l’Union Berlin, on dira que la belle histoire se finit bien.
Un belle action déjà mise en valeur avec la tête d’affiche de l’opus 20 de nos billets hebdomadaires (et que vous retrouverez la saison prochaine) : ce don de soi remarquable et remarqué est un engagement citoyen et altruiste à féliciter et qui, espérons le, donnera des idées aux pratiquants de football, aux supporters, aux observateurs de Buli, aux lecteurs de ce billet….
Pour être complet, le défenseur de Karlsruhe Marcel Franke a lui fait don de cellules souches à un patient atteint d’un cancer du sang avec une intervention médicale qui, en accord avec le club, l’a contraint à déclarer forfait dans le choc contre Darmstadt (défaite à domicile, 1-2). Jusqu’à ce forfait, le défenseur central avait participé à tous les matchs de son équipe qui évolue en 2.Bundesliga. Peut-être le début d’une nouvelle mode en Buli.
6/ Dortmund, des émotions à la pelle
Cette saison, le Borussia Dortmund aura été un générateur permanent à émotions fortes autant avec des trajectoires individuelles extraordinaires qu’avec des charges émotionnelles émanant de l’expression collective de ce club.
De Sébastien Haller, porteur d’un formidable message d’espoir pour tous ceux qui luttent contre la maladie à Marco Reus, beau joueur, mais à jamais perdant et malchanceux tant avec son club qu’avec la sélection, en passant par un Nico Schlotterbeck coupable se sauts de concentration fatals pour son équipe (dans le même match capable de se craquer et coûter un but à son équipe et d’en marquer un quelques instants plus tôt/tard), par un Marius Wolf opéré du coeur, à la cagade en mondiovision d’un Gregor Kobel qui s’il réalise pourtant une belle saison a le malheur de se déchirer tout seul comme un grand au tout début d’un Klassiker ultra médiatisé, aux épaules de cristal d’un Bynoe-Gittens décidément trop fragile pour un sport de contact, il y en a eu pour tous les goûts et toutes les sauces
Et que dire des scénarii de certains matchs. Florilège de quelques usines à émotions :
Dortmund-Brême, renversé après la folle remontée d’un promu pourtant mené à la 89’ par deux buts d’écart. Suffisance ?
Dortmund-Bayern, nul obtenu sur une égalisation dans le temps additionnel face au rouleau compresseur bavarois. Et soudain le Westfalenstadion bascule dans la joie et un vacarme assourdissant. Quel bruit !
Bayern-Dortmund, déculottée reçue sur le premier match de Tuchel aux commandes du bolide bavarois contre son ex, une démonstration pendant une mi-temps des Roten avant que les Schwarzgelben ne gagnent la seconde mi-temps d’un Klassiker comme très souvent gagné par le Bayern. Amour vache.
Stuttgart-Dortmund, une équipe du bas de tableau, en infériorité numérique et qui revient par deux fois au score pour arracher un nul aux conséquences inimaginables à ce moment de la saison. Deux points envolés.
Bochum-Dortmund, un pénalty flagrant non sifflé, et l’arbitre du match qui honnêtement reconnaîtra plus tard s’être trompé en oubliant de siffler – mais où était la VAR ? Revierderby fatal.
Dortmund-Mayence, le match pour un titre qui finalement ne viendra pas, au contraire des larmes qui couleront sur la pelouse, en tribunes. Tristesse sur la ville.
Et les quelques douilles administrées au passage parce qu’il y a eu cette saison des jours où ce Dortmund là était tellement efficace sans forcément être tout le temps beau à voir jouer mais avec la gagne au bout. Bref, des jours où tout va bien, très bien même : Dortmund-Stuttgart (5-0), Dortmund-Fribourg (5-1), Dortmund-Hertha Berlin (4-1), Dortmund-Cologne (6-1), Dortmund-Eintracht Francfort (4-0), Dortmund-Wolfsbourg (6-0) et Dortmund-Mönchengladbach (5-2). Que des matchs, certainement pas un hasard.
Des émotions comme le sport sait en offrir. Et cette année, le Borussia Dortmund avait décidé de ne pas être avare en la matière.
Quel boulot, top, merci encore !
Superbe, merci. J’avoue que j’ai du mal à jauger Thuram et Kolo-Muani. Pas vu suffisamment de prestations de leurs parts mais ils ne m’ont pas encore impressionné. Kolo-Muani a une belle énergie mais je l’ai trouvé emprunté avec le ballon.
J’ai vu une interview de Thuram qui semblait très heureux de revenir dans le pays de son enfance.
J’espère que Reus aura un jour son titre. Quel beau joueur à une époque…
La réussite de l’Union est elle en train de grignoter des fans chez le Hertha?
À nouveau très complet et passionnant, merci Rwano !