Le 25 mai 1978, la Canarinha conclut sa phase préparatoire à la Coupe du monde par une rencontre amicale contre une sélection gaúcha (l’état du Rio Grande do Sul) exclusivement composée de joueurs de l’Internacional et de Grêmio. Le sélectionneur Claudio Coutinho sait qu’il s’agit d’un match piège à l’image du précédent de 1972.
En 1972, Mário Zagallo et Aparicio Viana e Silva en font une affaire personnelle : c’est l’affrontement du sélectionneur champion du monde 1970 contre l’adjoint de son prédécesseur João Saldanha, brutalement évincé par les militaires quelques semaines avant la compétition au Mexique. Dans une région prompte à se soulever, l’hostilité contre le pouvoir central qu’incarne la Seleção est telle que le drapeau brésilien est brûlé avant le match et l’hymne national sifflé par les 106 000 spectateurs du Beira-Rio, bien plus que la capacité officielle du stade. Dans une ambiance torride, la Seleção arrache péniblement le nul grâce à Jairzinho, Paulo Cezar et Rivellino, 3-3.
Coutinho « oublie » Falcão
En 1978, Aparicio Viana e Silva dirige à nouveau un combiné Grenal, Grêmio-Internacional, mais au contraire de Zagallo six ans plus tôt, Coutinho ne cherche pas la polémique médiatique. Il faut dire qu’il n’a pas besoin d‘en rajouter pour être haï à Porto Alegre : dans sa liste pour l’Argentine, Batista, milieu du Colorado, est le seul joueur local alors que l’Internacional est au top, champion 1975 et 1976, et que le Grêmio de Telê Santana revient au premier plan.
Depuis son intronisation, Coutinho n’appelle plus Lula, Valdemiro, Caçapava (Internacional), Beto Fuscão et Neca (Grêmio). Il vient également d’écarter Flecha Negra Tarciso, star naissante du Tricolor encore présent lors de la tournée européenne de la Seleção un mois plus tôt. Et puis, suprême injustice, l’obscur Chicão du São Paulo FC est préféré au flamboyant Falcão. Acteur durant les matches qualificatifs à la Coupe du monde, le futur « Roi de Rome » disparaît des listes en 1978, victime de ses relations conflictuelles avec Coutinho.
Pour comprendre ce que Falcão représente alors, il faut remonter à son enfance. Tout jeune, il accompagne son père à l’Estádio dos Eucaliptos, l’ancienne enceinte de l’Internacional. Plus tard, il entend les programmes radiophoniques incitant les torcidas à offrir des matériaux pour participer à la construction de l’Estadio Beira-Rio. Alors, toujours avec son père, il achemine des briques et du ciment dans ce stade inauguré en 1969 dont il devient l’idole, sublime d’élégance tout au long de la décennie suivante. Parmi ses exploits, ce but d’anthologie contre l’Atlético Mineiro en demi-finale du Brasileirão 1976, avec Escurinho comme partenaire.
Porto Alegre n’est plus au Brésil
Comme en 1972, le temps d’un match, Porto Alegre ne fait plus partie du Brésil. Les torcidas de Grêmio et de l’Internacional oublient leur mépris réciproque et se liguent contre la Canarinha.
Poussés par le public, ce sont des revanchards qui pénètrent sur la pelouse du Beira-Rio, bien décidés à démontrer que Coutinho s’est trompé. D’un côté Nelinho, Toninho Cerezo, Dirceu, Reinaldo (Zico et Rivellino sont absents), de l’autre Caçapava, Tarciso, Falcão et le tout jeune ailier gauche de Grêmio, Eder. Le Brésil mène rapidement 2-0 grâce à Toninho et Nelinho mais la sélection Grenal se rebiffe en durcissant le jeu. Les cartons pleuvent, Falcão n’y échappe pas et peu à peu le rapport de force s’inverse. Lúcio réduit le score sur coup franc puis Eder égalise sur penalty dans un stade pris de convulsions.
Wow…
Ça c’est du foot …
On se régale comme des gargantuas !
@berti géniale l’anecdote! je crois l’avoir déjà entendu mais surement oublié, c’est du même acabit que la main de dieu, ou ce qu’il a sortis un jour à son préparateur physique sans Maradona Diego serait toujours à Villa Fiorito
@bota , Platini était aussi blessé en 1982 . D’ailleurs il ne joue pas contre l’Autriche ( ce qui a permis à Genghini de marquer sur coup franc )
Ce qui entraîna aussi un débat avant le match contre l’Irlande du nord , la France est meilleure avec ou sans Platini
Mon père, curieusement brin francophobe (moi, que les choses soient claires entre nous : pas du tout!) pour les affaires footballistiques bien qu’il fût français de souche (je présume qu’il « surjouait le Belge », peut-être?) était généralement cruel à son égard : « quand il marque, c’est toujours parce qu’il est servi sur un plateau d’argent » (sic pour son but face au Brésil, en 86)..
Le chauvinisme de sa néo-belgitude mis de côté, il était lui aussi d’avis que la France jouait mieux sans Platini, je croyais que ça n’engageait que lui (Platini fut quand même souvent décisif sous le maillot tricolore..)..mais tu m’apprends que le débat existait en France ainsi, merci!
Et merci pour sa blessure en 82.. C’était toujours la même, un truc qui lui pourrissait chroniquement la vie, ou..?
Je n’ai pas connu Falcao joueur mais je me souviens de son passage en coach du Bresil. Et de ses discours sur le retard du foot brésilien sur le foot européen. Sur le plan tactique surtout. Et sur le fait qu’il fallait oublier le brio du passé.
On etait loin de l’état d’esprit du Bresil 82!
Sa Copa America 1991 ne fut guere brillante malgré une place de dauphin. Avec Neto de Corinthians et le furtif monégasque Luís Henrique.
Peut-être son passage brillantissime en Italie a-t-il modifié sa perception des choses ? En a fait un adepte du pragmatisme ? C’était un joueur magnifique, l’image du romantisme… mais en même temps, il n’oubliait pas ses intérêts. Ses atermoiements et ses exigences pour prolonger à la Roma alors qu’il a déjà le genou en compote révèlent une autre facette du personnage. Et puis les tifosi romains n’oublient pas qu’il refuse de tirer lors de la séance de TAB face à Liverpool en finale de C1. Immense joueur, malgré tout.
En complément, je poste à nouveau cette
séance nostalgie à propos de Falcão et feu le Tournoi Junior de Cannes.
Le tournoi est un des plus prestigieux pour les jeunes jusqu’à la création par la FIFA d’un championnat du monde de la catégorie en 1977, provoquant un désintérêt progressif des équipes nationales jusqu’à l’extinction de l’épreuve. En 1972, les participants sont le Sporting, Leeds (avec l’Ecossais Frank Gray), Hajduk Split, la France (avec René Girard), l’URSS, l’Argentine, le Brésil et le petit poucet, l’AS Cannes.
L’épreuve se déroule dans le vieux stade rococo de l’AS Cannes, aux Hespérides, dans le prolongement de la Croisette, et à Pierre de Coubertin, à la Bocca, un stade d’athlétisme à l’époque, où le public est loin de la pelouse hormis quelques privilégiés appuyés à la lice en bord de terrain.
En finale, dix mille spectateurs remplissent Coubertin, le Brésil s’impose 2-1 face à l’Argentine. Ce qui saute aux yeux de tous, c’est l’émergence de deux joueurs de classe mondiale : le meneur argentin Norberto Beto Alonso et le relayeur brésilien Paulo Roberto Falcão. Le premier est élu MVP (selon les Brésiliens, le titre est attribué à l’attaquant Washington) et Falcão, joueur le plus élégant du tournoi.
Parmi l’Albiceleste, quelques-uns vont exploser rapidement : Nestor Chírdo est sélectionné dès 73 par Sívori avec l’équipe « fantôme » qui bat la Bolivie et qualifie l’Argentine pour la CM en Allemagne, El Turco Julio Asad et le malheureux Victor Trossero font également de belles carrières. Et puis bien sûr, Alonso devient l’idole de River alors que Bertoni explose avec le grand Independiente, tous deux devenant champions du monde en 78.
Côté Seleção, une partie de l’équipe enchaîne à l’été avec les JO de Munich où le Brésil déçoit énormément. Le « nouveau Pelé » Washington, buteur en finale, ne confirme jamais son potentiel. Levir ou Tuca font de beaux parcours mais le seul à s’imposer avec la grande Seleção est évidemment Falcão.
Ci-dessous la sélection pour le tournoi, il y a même Nocaute Jack, le massagista en chef de la Seleção de 1974 à 1994, adjoint du grand Marío Américo en 1970.
https://melhoresdabase.com.br/arquivos/noticias/interna_1596330873.JPG
Ah ,le tournoi de Cannes n’existe plus? Tu me l’apprends, c’était une référence énorme.. La presse belge l’évoquait systématiquement, qu’il y eût des Belges (Anderllecht y brilla régulièrement) ou pas d’ailleurs.
Stade des Hespérides.. »rococo »? Ca m’a alléché mais, même en ne prenant pas ce qualitatif au pied de la lettre, j’ai du mal à comprendre en en découvrant des photos..à moins qu’il n’ait fort changé?
J’ai découvert il y a 6 mois (photos hélas..alors que je suis déjà allé dans cette charmante petite ville, ach..) l’existence d’une tribune extraordinaire par chez vous, à Montargis.. J’ai d’abord cru à du faux-vieux..sauf que cette carte postale date de 1954 :
https://www.ebay.fr/itm/265930140883?mkevt=1&mkcid=1&mkrid=709-53476-19255-0&campid=5338722076&customid=&toolid=10050
Et donc : cette tribune est toujours là.. Si j’avais su quand je suis passé par là……..
* qualificatif, tûdieu
Rococo, le mot est mal choisi, disons vieillot. En tout cas, les photos récentes montrent un stade où il ne subsiste qu’une tribune dominant un tartan vert. Plus rien à voir avec ce qu’il était dans les 70es.
Ayant grandi à Orléans, je connais Montargis, la Venise du Gâtinais 😉 mais je n’avais jamais vu ni entendu parler de cette magnifique tribune du stade Maurice Béraud. Je n’ai plus vraiment l’occasion d’aller par là mais elle vaut en effet le coup d’œil. Merci pour la découverte.
Bonjour Verano
Je découvre le site depuis 3 jours et je me régale à lire vos articles et commentaires (que j’adorais déjà sur So foot) , toi, Khidiatoulin, Bota, Sindelat et tant d’autres .
Du coup je commente des articles datant de quelques mois ou semaines …
Lorsque tu évoques le pragmatisme de Falcao du en partie à son passage en Italie il faut quand même préciser que la Roma championne en 83 et dirigée remarquablement par Liedholm était une équipe très joueuse qui …grande nouveauté pour le Calcio de l’époque pratiquait la « Zone » avec un libéro (le regretté Di Bartoloméi ) ancien attaquant reconverti , 2 latéraux Nela et Maldera anciens milieux + Prohaska, Conti, Pruzzo, ou le débutant Ancelotti , donc des joueurs plutôt habiles .
Quand tint-il ses positions sur le foot brésilien, Khiadia? Tu te rappelles de l’année?
C’est tragique, ce côté « monter dans le train en marche..ou le rater à jamais », comme s’il ne pouvait nulle part y avoir de troisième voie, d’échappatoire, à cet eurofoot générique et fonctionnaliste qui ne fait que promouvoir système pour le système, watt et big-business..
Au moment de sa prise de fonction. Donc à la suite de Lazaroni et du mondial italien.
Bonjour Verano
Je découvre le site depuis 3 jours et je me régale à lire vos articles et commentaires (que j’adorais déjà sur So foot) , toi, Khidiatoulin, Bota, Sindelar et tant d’autres .
Du coup je commente des articles datant de quelques mois ou semaines …
Lorsque tu évoques le pragmatisme de Falcao du en partie à son passage en Italie il faut quand même préciser que la Roma championne en 83 et dirigée remarquablement par Liedholm était une équipe très joueuse qui …grande nouveauté pour le Calcio de l’époque pratiquait la « Zone » avec un libéro (le regretté Di Bartoloméi ) ancien attaquant reconverti , 2 latéraux Nela et Maldera anciens milieux + Prohaska, Conti, Pruzzo, ou le débutant Ancelotti , donc des joueurs plutôt habiles .
Merci.
Il peut certes s’en passer des choses en 10 ans, des produits qui changent la donne par exemple..mais, une décennie plus tôt et au gré de son fructueux mandat au FC Sao Paulo, le pourtant fort curieux Goethals ne trouva jamais le moindre « retard » à épingler par rapport aux footballs européens.
Des différences ça oui mais, de « retard » : décidément pas le moindre!..et pas même sur le plan de la préparation, du nutritionnisme..
En complément au commentaire de Verano sur le tournoi de Cannes voici la composition du groupe Argentin : Selección Argentina: Delménico, Mouzo, Isamat, Bottaniz, Asad, Chirdo, Bertoni, Ungaretti, Trossero, Ferrero, Picard, Kohli, Ayala, Alonso, Finarolli y Ortiz. DT Rubén Bravo. La delegación se complaetó con: Jesús Asiain (Pte.), Víctor Barba (Del.), Dr. Héctor Venturino (Med.), Elio Real (Kin.) y Vicente Castello (Ut.).
@Bota
Ce débat à mes souvenirs n’est apparu qu’entre les matchs France Autriche et France Irlande du Nord
Michel Platini était quand même incontournable
Platini c’est France Bulgarie en 1977 , France pays bas 1981 , l’euro 1984 ou encore France yougoslavie 1985 entre autres ..
Un jour on lui demanda quel est son plus grand regret ? Il a répondu avec sa modestie habituelle :n’avoir jamais joué une coupe du monde à 100% sinon l’aurait gagné
Pour sa blessure de mémoire c’était un coup reçu contre la Tchécoslovaquie en match de poule et non un lien avec ses pubalgies ,mais je peux me tromper ( on me corrigera si je me trompe )
Les seules bribes dont je me souvienne sont celles d’un FC Cologne – AS Rome en huitièmes de C3 1982-83 (0-1, 2-0). C’était du lourd entre la dernière grande génération du Effzeh, dont on a parlé ailleurs, et une Roma sur le chemin du titre. Falcão avait été stratosphérique au retour.
Super article
Ces matchs ressemblent toujours à un piège ,cela me rappelle le fameux match : France-Corse
Une question sur Zico , comment a t-il pu atterrir à l’udinese?
De mémoire avant lui le club ne s’était jamais qualifié pour une coupe d’Europe .
Je pense que sa place parmi les gens du football se joue avec ce choix de carrière
Zico dans un top club l’histoire aurait été différente
Mais la série A à l’époque c’était le musée du Louvre ( Platini , Maradona ,Prohaska,Brady, Falcao,Cerezo,Zico…)
Salut Bertie. « Comment a-t-il pu atterrir à l’Udinese? » Excellente question, eh eh ! Je ressors un vieux post publié sur Sofoot.
A l’été 1983, le Milan, la Roma et l’Udinese sont en concurrence pour recruter Zico. Mais se souvient on que le transfert de Zico s’est conclu à l’issue d’une quasi-affaire d’état ? Sait-on comment Zico a signé dans un club comme l’Udinese alors que la grande Roma de Niels Liedholm, championne en titre, espérait l’associer à Falcão (ce sera finalement Toninho Cerezo) et le prestigieux Milan voulait se reconstruire avec lui après le scandale du totonero ? Au printemps, le classieux ambassadeur rossonero Gianni Rivera s’est même rendu à Rio pour négocier avec Flamengo et Zico, en vain.
Là où les grands clubs échouent, le modeste club frioulan réussit à convaincre O Galinho de rejoindre le calcio, dans une région frontalière de l’Autriche et la Yougoslavie encore marquée par le terrible tremblement de terre de 1976. Précurseur des agents intermédiaires qui vont bientôt proliférer, Juan Figer Svirsky tient un rôle fondamental dans l’accord entre Flamengo et Zico. L’autre acteur majeur est le président de l’Udinese, Lamberto Mazza accompagné de son directeur général, Franco dal Cin.
Mazza est également président du géant de l’électroménager Zanussi dont le siège est à Pordenone, à cinquante kilomètres d’Udine. Pour parvenir à régler le transfert et assumer le salaire de Zico, Mazza et ses conseillers imaginent un montage financier complexe et opaque, impliquant la création d’une structure financière à Londres, des crédits auprès de banques uruguayennes et la contribution de diverses sociétés pour payer les droits à l’image du joueur.
Zico signe à Udine le 8 juin 1983 mais rien n’est fait : Zanussi rencontre alors de grandes difficultés financières, s’apprête à licencier plusieurs milliers de salariés et l’arrivée de Zico choque les syndicats et le PCI, encore très puissants à l’époque. Le 2 juillet, coup de théâtre lorsque le président de la Federcalcio interdit la cession de l’exploitation des droits à l’image des joueurs. Le transfert de Zico à l’Udinese est annulé, celui de Toninho Cerezo à la Roma l’est également pour les mêmes motifs. Très vite, le club romain trouve le moyen de compenser cette perte financière mais pour l’Udinese et Zico, c’est l’impasse…
Alors, Udine et le Frioul s’insurgent, les manifestants scandent le célèbre slogan «Zico o Austria», rappelant que les mouvements séparatistes sont encore présents. Le sujet devient politique, le parlement s’en saisit, c’est Rome contre la lointaine province. Face au chaos, le président de la République Sandro Pertini intervient pour demander la clémence vis-à-vis de l’Udinese. Et Sandro Pertini, c’est alors ce vieux président tant aimé des Italiens, celui qui s’est enthousiasmé pour la squadra azzura en 1982 en dépit du protocole et dont tout le monde se souvient jouant aux cartes dans l’avion du retour triomphal de Madrid. Qui a remarqué que ses compagnons de jeu étaient Franco Causio, joueur de l’Udinese, Dino Zoff, formé à l’Udinese et Enzo Bearzot, le sélectionneur frioulan ?
Chargé d’arbitrer le litige, le comité olympique national italien fait alors preuve de mansuétude. Il entérine d’abord le transfert de Cerezo alors qu’il a très problablement eu lieu hors période de transfert autorisée pour les étrangers puis il valide le transfert de Zico malgré la faiblesse des garanties financières de l’Udinese. Le calme revient et le 12 septembre 1983, au Luigi-Ferraris, pour le premier match de série A, Gênes et l’Italie découvrent Zico, auteur de son premier but sur coup franc. Il y en aura d’autres, puis les blessures et le mal du pays précipitent son retour à Rio en 1985.
J’avais beaucoup appris à la relecture, merci encore Verano !
Faire jouer la sélection nationale contre une sélection régionale est assez étonnante vu à partir d’un pays extrêmement centralisé.
Cela pourrait être perçu comme une volonté de l’État central d’exclure cette région du tissu national et pour la sélection régionale, une façon de rejeter cette appartenance nationale.
J’imagine que c’est bien plus simple à faire dans les Républiques fédérales.
Sinon, pas besoin de le redire mais GRANDE VERANO
Il y eut d’autres cas de cet acabit..dont près de chez nous!, de tête par exemple un Angleterre Vs sélection mixte Galles-Irlande..dans les années 30??
Je ne sais trop où en était la normalisation des rapports diplomatiques et économiques d’entre Angleterre et Irlande à cette époque, mais a priori ce n’était pas fameux..mais je présume que ce match n’avait pour vocation que de participer de certain apaisement?
Sinon, cas voisins : des matchs opposant métropoles coloniales et équipes indigènes (qu’il s’agît de clubs ou de sélections indigènes)..
Avant la vague des indépendances, c’était à double-tranchant ce genre de barnums – la Belgique en fit d’ailleurs l’expérience..et s’en souvint, lol..
Ainsi, quand un brave (les diplomates sont parfois de bons gars) collègue de la diplomatie belge des Tropiques voulut initier une rencontre de cet acabit, histoire de resserrer des liens diplomatiques terriblement distendus à compter des années 80 (voire de la zaïrianisation), le Ministère belge des Affaires étrangères préféra lui opposer un silence poli, mais prudent et résolu..
Au rugby, ça s’est fait jusqu’aux années 70. Par exemple, ce Angleterre- Pays Galles versus Écosse Irlande.
https://youtu.be/ruwAVvvbtFU
Ils ont jamais fait de Flandres Wallonie en Belgique?
https://www.dailymotion.com/video/x109doc
France corse
C’est effectivement un cas intéressant cependant le Royaume Uni ne partage pas de territoire et n’est pas frontalier avec l’ensemble de ses nations constituantes. De plus, ces dîtes nations sont reconnues comme tel, au contraire de pays centralisés, où ces régions sont sont au lieux des départements administratifs. Pour donner un exemple plus concret, un match Équipe nationale d’Algérie vs sélection régionale Kabyle ou Mozabite est tout bonnement impensable.
Flandre-Wallonie, non..et absolument aucune chance que cela arrive!..du moins pas tant que le divorce n’aura été consommmé et digéré, ce qui pourrait aller vite (électoralement c’est désormais jouable).
Ca m’amène par contre, Chipalo, à un autre cas de figure : les matchs ayant opposé l’équipe du Reich à celle, officielle et pangermaniste, de la Flandre (sous occupation, certes..mais tout de la Belgique, et en particulier de la Flandre, était loin de tenir cela pour une occupation).
(NB : la Belgique fut tenue, à compter de 44?? (à vérifier), pour part intégrante du Reich)
Ce France-Corse de 67 est tellement WTF………. Merci, Berti!
Exemples plus classiques, sinon : aux Pays-Bas, l’équipe dite « du Nord », dont procède celle (moins active toutefois) dite « de Frise ».
Ils jouèrent contre des sélections de l’Est, de l’Ouest.. régionales allemandes aussi, équipe B du Danemark.. des clubs +/- illustres..et enfin, j’y arrive : contre des équipes nationales de la mère-patrie NL, quoique militaire, policière, amateurs.. Ce genre de trucs.
Lors des éliminatoires pour la CdM 1954, le groupe dans lequel se qualifie la RFA était composé de la Norvège et de… la Sarre !
Lors du tournoi de football de la Foire de Roubaix en 1911, on échappa de peu à un France (USFSA)-Lions des Flandres.
Pendant la guerre, l’équipe d’Allemagne joue des matchs contre ses alliés, dont la Slovaquie ou la Croatie. Mais aussi contre certains territoires que la Wehrmacht occupe, comme la Bohême-Moravie.
Concernant l’occupation en Belgique, je me souviens qu’en 40 la région d’Eupen-Malmédy est annexée au Reich. Le reste passe sous administration militaire (face à la menace britannique de l’autre côté de la Manche). Cela me semblerait étonnant que tout le pays fut ensuite intégré au Reich, même dans les derniers instants. Ce n’était pas l’esprit, disons « ethno-territorial », nazi : seuls les territoires reconnus comme étant « allemands » étaient intégrés au Reich. Le reste avait différents statuts, mais ne faisait pas partie du Reich.
Si si, en 44, quand les carottes sont cuites..mais quand exactement? Ca je ne sais plus, ce me semblait relever d’une espèce d’ultime soubresaut grandiloquent, peut-être dans le cadre de l’offensive Von Rundstedt.
Ceci dit c’était dans leurs papiers, d’ailleurs déjà lors de la première WW : la Flandre avait vocation à être une province à part entière du Reich..et, pour ce qui est du football, un championnat flamand pangermaniste avait d’ailleurs été institué (rien de tel au Sud du pays par contre).
En 44, les deux « régions » (les Belges parleraient plutôt d’entités fédérées communautaires, mais bref : compliqué..) belges résiduelles (Flandre et Wallonie donc, après le retour au Reich de ces Eupen et Malmedy que tu mentionnes), deviennent des Reichsgaue..mais j’ignore quand exactement, et à ce stade c’était surtout symbolique..quoique décidément inscrit dans les astres si le IIIème Reich l’eut emporté (uchronie impossible).
Je ne suis pas très clair, Bobby.. Mes excuses!
Cette volonté d’annexion de la Belgique (quoique Flandre surtout, où ils commencèrent d’ailleurs le travail / soft-power) est déjà à l’oeuvre en 14-18. Avant les nazis donc, ça dépasse le cadre idéologique du NSDAP.
Seconde Guerre Mondiale : ils intègrent et Flandre, et Wallonie..mais sur le tard, pressés par les événements probablement, sans avoir eu le temps d’achever leur travail de terraforming identitaire (pour quoi, donc, fut notamment mobilisé le football – comme en 14-18).
A dire vrai, je crois même que c’était déjà dans les cartons dès que se dessina le projet allemand, dès avant Bismarck. Rien que l’hymne, « unie de la Meuse jusqu’au Niemen ».. Pour mon coin de Belgique, d’ailleurs et à la décharge de ce super-nationalisme : ça se tient, après tout le Pays de Liège releva du Saint-Empire germanique pendant 8 siècles..
Apparemment, décembre 44… J’ignorais cette turpitude. Et cela semblait effectivement dans les tuyaux, l’administration militaire n’étant qu’un stade transitoire tant que le R-U restait en guerre. C’est que les idéologues nazis considéraient les Wallons et les Flamands comme des « Allemands ethniques ». De toute façon, l’établissement définitif de Gaue aurait entraîné d’importants mouvements de population (comme ce fut le cas en Europe orientale (même si les déplacements les plus importants le furent après-guerre)).
Décembre 44? C’est raccord avec mes vieilles lectures, tu dois avoir raison.
Bon.. D’une certaine manière l’Allemagne a réussi son coup : les graines de discorde qu’ils semèrent, ou plutôt excitèrent dès 14, ont fini par porter leurs fruits ; la Belgique est depuis lors en process +/- rampant d’implosion..et via le projet « européen » ils ont fini par mettre la main sur, allez, 90% de notre tissu industriel passé (l’énergie leur échappe, car désormais..française), développé à compter du XIXème siècle. Au fond la seule différence pour nous, c’est que nous ne sommes pas obligés d’apprendre l’allemand.
Je les crois aussi trop pragmatiques à travers les âges que pour n’avoir eu que des mobiles ethniques (lesquels, ce n’est qu’un pressentiment, auront souvent été des prétextes), et puisque la Wallonie était un géant industriel mondial jadis.. Quitte à anschlussiser la Flandre (à l’époque le boulet de la Belgique), c’eût été un peu con de s’arrêter en si bon chemin.
Que des mobiles ethniques, non. C’est pour cela que ma phrase est bourrée de précautions oratoires : je dis que les nazis considéraient les Belges ou les Wallons comme des « Allemands ethniques ». C’est une représentation. Comme le racontait Lang, lorsqu’il eut une entrevue avec Goebbels qui voulait en faire le cinéaste-phare du régime, le Viennois lui répondit que sa mère était juive. Réponse du ministre de la Propagande : « C’est nous qui décidons qui est Juif et qui est Allemand »…
Dans la représentation des Wallons et des Flamands en « Allemands ethniques », qui s’est construite probablement au long des siècles ou bien dans quelque fumeux cerveau, entrait peut-être, aussi, tout bêtement des considérations économiques.
Peu importe, les représentations nazies sont des pots pourris de représentations antérieures (antisémitisme, pangermanisme, socialisme, militarisme, etc.). C’était une sorte d’idéologie « up to date », fédérant tout et n’importe quoi… Aujourd’hui, d’aucuns y décèlent même du libéralisme… C’est dire comme cela brassait large !
Si le projet nazi en Belgique porte désormais, indirectement, ses fruits, il en fut diamétralement le contraire en Europe centrale. Alors que les nazis entendaient peupler la région de paysans-soldats allemands, les années 45-48 furent en fait celles d’un exode massif (et, pour partie, organisé) des populations. La marqueterie ethnique où se croisaient Hongrois, Roumains, Allemands, Ukrainiens, Polonais, et que sais-je encore, se simplifia par la grâce des transferts de population : chacun fut chassé et casé dans son Etat-nation (les Allemands en Allemagne, les Hongrois en Hongrie, etc.) Ainsi fut réglé, pour l’essentiel, le « problème des nationalités » qui fut si prégnant pendant plus de 100 ans en Europe centrale. Disons que c’était un mal nécessaire, que personne ne chercha à empêcher… Le projet nazi de « pureté ethnique » se réalisa ainsi, mais à l’envers : les Allemands, au contraire d’en être les grands bénéficiaires, en furent les grands perdants… Mais la suite de l’histoire leur donna finalement raison : quelle est la première puissance économique de la région ?
Oh putain, les gars, Falcão vous a emmené loin ! Bonne fin de soirée.
Oh ! bé, moi, tu me lances sur les nazis…
Tu as raison Verano! De toute façon je suis au fond raccord sur tout ce que Bobby vient de préciser.
Ceci dit, ça m’amène à une question qui me turlupine depuis la lecture de l’article, j’allais y venir : « région prompte à se soulever ».. « hostilité contre le pouvoir central ».. « brûler le drapeau »..
Il a quoi de particulier, ce coin du Brésil? C’est quoi son passif?
Et la fédé brésilienne fit-elle çà et là jouer l’équipe nationale contre des formations d’autres Etats?
Et sinon : pourquoi cet Etat en particulier?
Bota, suis pas historien, mais l’état du Rio Grande do Sul est marqué par la révolution Farroupilha, insurrection des Farrapos (approximativement « les miséreux ») contre les décisions arbitraires du pouvoir central brésilien vers 1830. Un siècle plus tard, agitée par des tensions politiques avec l’état de São Paulo et l’état fédéral brésilien, c’est dans cet état que naît la révolution de 1930 qui mène à la présidence le Gaúcho Getúlio Vargas. A l’époque, Eurico Lara, gardien du Grêmio, est un des symboles de ces soulèvements. Tout ça pour dire que Porto Alegre a depuis toujours un rapport particulier à l’état.
Eh bien merci donc!
Bizarre que la fédé ait surenchéri de la sorte, s’obstiner à vouloir jouer là.. Ce masochisme doit faire sens, mais?
Chiant comme je suis, j’insiste : tu n’entrevois vraiment pas d’autre Etat brésilien dont l’on constitua une sélection pour jouer contre le Brésil ?
Je vais regarder sur RSSSF tiens, ce serait encore bien le genre d’infos dont ils disposent.
Bon : ce n’était pas une exclusive, Cf. liste ci-jointe :
https://www.rsssfbrasil.com/sel/brazilaunof.htm
En gros : si l’équipe du Brésil affrontait Bahia & Co, je présume qu’il était difficilement justifiable de ne pas faire de même avec le farouche Rio Grande do Sul..
Le Brésil est sans doute LA sélection qui a le plus affronté des clubs ou des selections régionales. Et cela depuis toujours. Les clubs européens en tournées dans les années 20 ou 30 étaient régulièrement opposés au sélections d’Amsud. Et le Brésil lui même ne rechignait pas à affronter des sélections comme en 1934 la Catalogne après la CM en Italie.
Ensuite, dans une logique purement sportive, préparer la coupe du monde contre un combiné Internacional–Grêmio, en 1978, c’est très cohérent.
Ton dernier point : bien vu!
Et merci pour ce particularisme brésilien, j’ignorais que ce fut à ce point.
Dans le terme Pele Blanc, n y a t il pas un desir, inconscient ou pas assumé totalement, de la part de la population blanche du Brésil de se trouver un gars qui puisse etre l’égal sportif d’un noir? Dans un foot brésilien où les noirs ont souvent été les meilleurs.
Un peu comme en boxe aux États-unis où le mythe du Great White Hope est apparu avec la prise du titre en lourds de Jack Johnson. Le 1er noir champion du monde des lourds.
J’extrapole peut-être mais en boxe, c’est un fait. Ça a commencé avec Jess Willard qui a vaincu Johnson. Par la suite, Marciano a été adoré pour son style évidemment mais parce qu’il mettait fin à la domination des noirs en lourds. Les Joe Louis, Jersey Joe Walcott ou Ezzard Charles.
Ça a meme pris des proportions complètement injustifiées quand Larry Holmes affronta Gerry Cooney. Un honnête boxeur mais jamais du niveau de Holmes.
Sauf que lors de leur combat, on fit monter en premier Holmes. Qui était le champion. Ce qui n’est pas la coutume. Reegan ayant meme demandé d’installer une ligne directe dans le vestiaire de Cooney pour le joindre en cas de victoire. Ce qu’il ne fit pour Holmes.
Je pense à ça parce que Zico et Pele n’étaient pas des joueurs semblables.
Et on ne parlera pas de la saga « Rocky » et de ce qu’en disait Ali…
Il en disait quoi Ali des Rocky?
Apres, c’est un peu particulier puisque c’est un adversaire d’Ali qui inspira à Stalone le personnage. Chuck Wepner.
https://cultureboxe.wordpress.com/2011/12/18/chuck-wepner-lhomme-qui-inspira-rocky/
Ali avait dit que, incapable d’être champion de boxe en réalité et d’y battre les Noirs, à défaut les Blancs s’étaient inventé un champion de boxe blanc qui tabassait… des Noirs ! Ce qui n’était pas tout à fait faux… « Rocky », c’est un peu la revanche de l’Amérique blanc sur les boxeurs noirs.
Apparemment, le surnom viendrait de France : https://www.eurosport.fr/football/le-pele-blanc-un-surnom-venu-de-france-que-zico-n-a-jamais-aime_sto4135797/story.shtml
Je l’aurais parié, so french.. Merci Bobby.
Ok, merci. Donc ma théorie etait fausse. Hehe
Ah, ces français, s’ils se mettent à filer des surnoms aux brésiliens, on est mal barré!
Je ne connais pas le Brésil comme Cebolinha mais je pense qu’à la différence des USA la question « raciale » n’est pas structurée de la même manière.
Ce n’est pas Noirs VS Blancs, WASP VS descendants d’esclaves.
De ce que j’en ai compris c’est surtout une discrimination sociale forte, le noir riche se sentant plus proche du blanc riche que du noir pauvre.
De plus au Brésil la mixité est tellement grande qu’il est difficile de définir qui est vraiment blanc ou noir.
Le racisme institutionnel n’est pas contre les noirs comme aux US mais contre les « Amazoniens », les Américains d’origine (Bon aux US aussi). En tout cas la culture Brésilienne n’est vraiment structurée autour d’un antagonisme Blanc/Noir, il y a certes des exemples mais pour moi ils sont plus issus d’une influence américaine que réellement brésilien. Pelé n’est pas l’idole des noirs, Zico ou Senna celles des blancs. C’est plus Garrincha l’idole des « pauvres », Zico ou Socrates celles des classes plus aisées. Et encore je pense qu’il y a même un effet « ville » important, l’idole Carioca, l’idole Gaucho etc.
Ali savait bien qu’Apollo Creed etait largement inspiré de lui donc il était directement concerné. Je pense qu’il etait vexé!
Oui, aussi…
Mais avait-il tort ?
Non. C’est dans le meme elan que The Great White Hope. D’ailleurs, si je dis pas de betise, il n’y a pas de champion du monde blanc en poids lourds d’Ingemar Johansson vers la fin 50 jusqu’à Vitali Klitschko dans les débuts 2000.