En 1985, Manolis Rasoulis, le compositeur crétois de la chanson Pote Voudas, pote Koudas, balade folklorique grecque, donnait dans la métaphore quand on le questionnait sur le lien incongru, au-delà du jeu de sonorité, entre Bouddha et Giorgios Koudas, idole du PAOK, fraîchement retraité deux ans plus tôt.
« L’essence du bouddhisme est de prendre la vie comme elle vient et Koudas nous a enseigné cela, en tant que simple homme grâce à sa manière de jouer libre et enthousiaste. Koudas était Brésilien dans son jeu donc magique. A la fois Bouddha et Koudas car nous sommes à la fois divins et humains. »
Les exilés de Salonique
Divinité, roi comme le suggérait son surnom « Alexandre le grand », il est peu de dire que Giorgios Koudas a changé le panorama de la deuxième ville de Grèce, Salonique. Et pas uniquement sportivement. Salonique, la rebelle du Nord, marginalisée des arcanes du pouvoir depuis la guerre d’indépendance face à l’empire ottoman, qui accueillit en nombre les réfugiés grecs de l’ancienne Constantinople après les échanges de population entre la jeune Turquie et la Grèce en 1922. Et parmi eux, les fondateurs du futur PAOK.
Le club devient rapidement l’étendard culturel des nouveaux arrivants, un exutoire pour les multiples frustrations et revendications. Néanmoins en 1963, le stade Tumba, surnom hérité de la découverte finalement erronée de tombes archéologiques, n’a, malgré sa ferveur, pas grand-chose à se mettre sous la dent. La scène sportive nationale n’est que le reflet de l’hégémonie d’Athènes sur toutes les strates de la société. Et quand le titre de champion daigne visiter Salonique, c’est chez les rivaux de l’Aris qu’il s’invite en trois occasions.
A 17 ans, Koudas est bien heureusement loin de ces considérations. Né en 1946 dans une famille pauvre, il se fait remarquer par le PAOK lors d’une partie sauvage organisée sur la place du marché jouxtant le stade Tumba en construction. Il a 12 ans et débutera avec l’équipe senior cinq ans plus tard. Le foot grec est encore amateur, le PAOK se traîne en fond de classement et les débuts de Koudas n’ont rien de révolutionnaire. Tout change lors de la saison 1965-1966. Koudas s’impose dans le onze titulaire, marque 13 buts dont celui victorieux face à l’ogre de l’Olympiakos, un match qui inaugurera 32 ans de déplacements périlleux à Tumba pour le club du Pirée.
Milieu offensif rapide doté d’une grande technique, d’une frappe de balle peu commune et d’une incroyable capacité à éliminer son adversaire, Koudas, 19 ans, est courtisé en 1966 par les géants du football grec. L’Olympiakos semble tenir la corde, il a l’accord de Giorgios et du PAOK, mais ici débute la controverse, où quand le football devient beaucoup plus qu’une question d’habileté.
Le football grec à l’époque n’a pas encore clairement choisi son camp, entre amateurisme immaculé et professionnalisme marron faisant la force des clubs de la capitale. Koudas, qui travaille en dehors du terrain, entrevoit en ce transfert une opportunité sportive indéniable mais également la chance de sortir sa famille de la précarité, elle qui « dût souvent se priver de nourriture. »
La rumeur embrase la ville, les fans du PAOK sont furieux, voyant dans cette manœuvre de l’Olympiakos un vol caractérisé, un nouvel affront de la capitale fait au reste du pays. Un sentiment d’injustice que ne fait qu’amplifier le Panathinaïkos en se joignant également à la cour effrénée ! Mais Koudas a pris sa décision, il jouera sous la direction de l’entraîneur hongrois novateur Márton Bukovi. Le 16 août 1966, Giorgios est aligné avec Olympiakos lors d’un match amical, le début d’une nouvelle vie…
Les fans du PAOK n’ont pourtant pas dit leur dernier mot. Les manifestations devant le siège du club se multiplient et ce dernier change son fusil d’épaule, considérant désormais hypocritement que le transfert est illégal et exhortant les autres clubs à refuser de jouer si Koudas est aligné face à eux. Le président du PAOK affirmant même qu’il préférait être interné sur l’île de Gyaros plutôt que de céder Koudas à l’Olympiakos ! Trahison, puissants contre modestes, toute la trame classique est en place. Une tragédie grecque sans épilogue puisque Koudas est appelé sous les drapeaux pendant deux ans !
Bad colonel
Le service miliaire de Koudas coïncide avec une période d’intenses tensions pour le pays, enjeu majeur de la guerre froide. La guerre civile, ayant suivi la Seconde Guerre mondiale, voit la victoire de l’axe atlantiste face aux communistes mais la crainte d’un coup d’État rouge est toujours bien présente au sein d’une armée chapeautée par la CIA. Un coup de force qui viendra finalement de la droite, le 21 avril 1967. Les militaires placent des chars autour d’Athènes, arrêtent politiciens et sympathisants de gauche. Les partis sont dissous, des milliers d’opposants sont torturés, la funeste Grèce des Colonels.
Une période sombre qui fait paradoxalement le jeu des fans du PAOK. Costas Aslanidis est nommé secrétaire général au sport par la junte et décrète qu’aucun joueur ne peut être transféré entre les clubs grecs de première division ! Le rêve athénien de Koudas s’est définitivement envolé…
A son retour forcé à Salonique, Koudas ne montre aucun signe de déception, du moins extérieurement. Il plante 26 buts, preuve de sa détermination, et le PAOK s’impose progressivement en trouble-fête jusqu’à l’arrivée en 1971 d’un petit gars de Liverpool, Les Shannon. Après avoir connu l’académie de Liverpool, ce dernier fît la majorité de sa carrière à Burnley, flirtant avec la sélection. Ses débuts de coach ne sont que lutte pour le maintien avec Bury et Blackpool mais il répond favorablement à l’appel du large. Shannon a une brillante intuition, convertir Koudas l’ailier en milieu de terrain offensif, se déplaçant de l’extérieur vers l’intérieur afin de lui offrir plus d’emprise sur le jeu de l’équipe. Les résultats sont spectaculaires, Koudas claque un doublé victorieux face au Panathinaïkos pour offrir le premier trophée au club, la coupe en 1972. Exploit que les Asprómavri rééditeront deux ans plus tard, non sans avoir entre-temps ébranlé le Milan AC du vieillissant Rivera à Tumba.
Le sentiment d’infériorité disparaissant, c’est un membre du Onze d’or hongrois qui en récoltera les fruits. Gyula Lóránt prend la suite de Shannon. La saison 1976 est celle de la consécration. Le PAOK ne perd que deux fois, guidé par la quinzaine de buts de Koudas, et arrache ce titre si ardemment désiré au Pirée comme un signe du destin.
Lóránt ne s’éternise pourtant pas à Salonique, dirigeant par la suite l’Eintracht Francfort, le Bayern Munich et Schalke. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, le technicien revient en 1980. Un retour tragique puisqu’il succombera sur le banc d’une crise cardiaque juste après un penalty raté par un de ses joueurs.
Engagé, Koudas l’est tout autant avec la sélection qu’il fréquente depuis 1967. Mais la Grèce n’est qu’un faire-valoir dans les années 1970, jusqu’aux qualifications pour l’Euro 1980. Confronté à l’URSS de Blokhine et la Hongrie de Nyilasi, Koudas le capitaine conduit les Mavros et Anastopoulos vers une qualification inespérée pour l’Italie, la première pour le pays. Épousant l’élan minimaliste de la compétition, la Grèce s’arc-boute en défense, cédant face aux Pays-Bas mais obtient le nul face aux futurs vainqueurs, la RFA. Au diable le panache, l’honneur est sauf pour cette découverte du haut niveau. Koudas soulève sa troisième coupe en 1982 et arrête sa carrière un an plus tard, ne participant pas au titre de champion 1985 du PAOK.
Koudas, fumeur invétéré, aux 607 matchs et 165 buts pour le PAOK, qui trouva dans ce club une famille légèrement possessive et envahissante, ne regretta jamais son transfert avorté à Olympiakos. Un monument pour le pays qui connut l’infime honneur de jouer un match amical en sélection, 12 ans après l’arrêt de sa carrière et à 48 ans, face à la Yougoslavie en 1995. Un homme qui inspira ces mots à Rasoulis. « J’aimerais percevoir nos vies comme un jeu magique, qui nous guide sur les chemins de la connaissance, de la libération et de la rédemption. Vivons comme jouait Koudas, aérien, puissant et magique. Et j’espère que cette chanson marquera des buts dans les filets de l’ignorance. » Yamas !
Πότε Βούδας πότε Κούδας
Parfois Bouddha, d’autres fois Koudas
Πότε Βούδας, πότε Κούδας, πότε Ιησούς κι Ιούδας
Parfois Bouddha, d’autres fois Koudas, à la fois Jésus et Judas.
Έχω καταλάβει ήδη της ζωής μου το παιχνίδι
J’ai déjà compris le jeu de ma vie
Έχω καταλάβει ήδη της ζωής μου το παιχνίδι
J’ai déjà compris le jeu de ma vie
Πότε Βούδας, πότε Κούδας, πότε Ιησούς κι Ιούδας
Parfois Bouddha, d’autres fois Koudas, à la fois Jésus et Judas
Όλο ίδια και τα ίδια, του μυαλού σου ροκανίδια
Toujours les mêmes conneries qui te sortent de la tête
ʼλλο ο ανοιχτομάτης κι άλλο ο αυγουλομάτης
Celui qui est rusé, n’a pas besoin d’écarquiller les yeux comme des billes
ʼλλο ο ανοιχτομάτης κι άλλο ο αυγουλομάτης
Celui qui est rusé, n’a pas besoin d’écarquiller les yeux comme des billes
Όλο ίδια και τα ίδια, του μυαλού σου ροκανίδια.
Toujours les mêmes conneries qui te sortent de la tête
Στο ‘πα μια και στο ‘πα δύο, στο ‘πα χίλιες δέκα δύο
Je te l’ai dit une fois, je te l’ai deux fois, je te l’ai dit mille douze fois
βρε δεν είναι εδώ το Σούλι, εδώ είναι του Ρασούλη
Ici, ce n’est pas Souli*, c’est la maison de Rasoulis**
βρε δεν είναι εδώ το Σούλι, εδώ είναι του Ρασούλη
Ici, ce n’est pas Souli, c’est la maison de Rasoulis
Στο ‘πα μια και στο ‘πα δύο, στο ‘πα χίλιες δέκα δύο
Je te l’ai dit une fois, je te l’ai deux fois, je te l’ai dit mille douze fois
Πότε Βούδας, πότε Κούδας, πότε Ιησούς κι Ιούδας
Parfois Bouddha, d’autres fois Koudas, à la fois Jésus et Judas
Έχω καταλάβει ήδη της ζωής μου το παιχνίδι
J’ai déjà compris le jeu de ma vie
Έχω καταλάβει ήδη της ζωής μου το παιχνίδι
J’ai déjà compris le jeu de ma vie
Πότε Βούδας, πότε Κούδας, πότε Ιησούς κι Ιούδας
Parfois Bouddha, d’autres fois Koudas, à la fois Jésus et Judas
- Souli est une vieille ville grecque
** Rasoulis est le compositeur de la chanson
PS : Je ne parle pas grec. N’hésitez pas à proposer des améliorations à ma traduction !
Grec par alliance, je ne peux que te dire: « Ευχαριστώ πολύ » (« merci beaucoup ») Khia!
Top texte, thème bien trouvé et trame de fond fantastique !
Je suis passé une fois à Salonique. Passer, c’est vraiment le terme. Une journée seulement en direction d’Istanbul. Y’a presque 20 ans. Je ne me souviens que d’une vieille tour qui ressemble un peu à la Torre del Oro à Seville, au bord du Guadalquivir. Et que l’on avait zoné vers l’immense port.
Koudas est un personnage de foot grec assurément. Et j’adore la chanson!
Eucharisto Kyrie Khiadiatoulos.
Khia, tu nous dis un mot sur le PAOK, géant européen en basket ?
Et sinon un article sympa sur un match de basket concernant Vichy et l’AEK en 70. En demi de coupe des coupes. Au retour à Athènes, les vichystes vont jouer devant 80000 personnes! En terrain extérieur. Ils perdent le match mais vont en finale. Me demande si c’est pas la plus grosse affluence pour un match de basket.
https://www.lamontagne.fr/vichy-03200/sports/quand-la-ja-vichy-basket-defiait-et-battait-le-grand-aek-athenes-en-coupe-d-europe_13602590/
Une video du derby basket de Salonique. Chez l’Aris. Ils sont tarés…
https://youtu.be/WcvAOpnnMK0
Géant du basket européen, ce n’est malheureusement plus le cas depuis la création de l’Euroleague, il y a une 20 d’années. Mais Salonique était la capitale du basket en Grece dans les années 80 et début 90 qui correspondent à l’émergence du basket grec. Le titre à l’Euro 87 face aux soviétiques dans une ambiance de folie.
Mais c’est l’Aris qui dominait le pays avec sa paire Galis Yannakis. En allant plusieurs fois au final four. Le PAOK a eu de tres belles équipes et succes dans les 90′. Avec le pivot Fassoulas, l’americano grec comme Galis, Korfas.. Vers la fin de la décennie, l’immense Peja Stoijkovic jouera au PAOK pendant plusieurs saisons avant de briller à Sacramento.
Ils ont des Korac et des Saporta mais pas d’euroleague. Je crois qu’ils font un final four. En 93, il me semble. L’année où Limoges est champion.
Et s’il faut retenir un nom, c’est Brane Prelevic qui était un tueur. C’est la plus grande légende du club.
Scott Skiles a joué au PAOK. Skiles a le record de passes en NBA. 30 dans un match.
Ah oui, mince, j’ai confondu avec l’Aris !
L’Aris était pas loin d’un titre européen mais ils sont tombés sur l’Olimpia de McAdoo et Meneghin et la Jukoplastika de Kukoc.
Yannakis ira gagner son Euroleague au Pana en 96 avec Dominique Wilkins.
Eh eh. Je ne sais plus de quel club français dont il s’agissait mais j’ai le souvenir d’un match télévisé à Salonique un mercredi en milieu d’après-midi quand j’étais minot. Terrain bosselé, petit stade et grosse ambiance.
Sinde
Tu pouvais pas mieux choisir. Il existe un lien entre les fans des Verts et ceux de l’Aris. Sainté t’en parlera mieux que moi mais je pense que le lien entre les deux clubs date de cette époque.
Il m’avait raconté avoir été invité par des fans de l’Aris pour assister en Grèce à des matchs. Foot, je ne sais plus mais il a assisté à des matchs de basket et de water-Polo de l’Aris.
Merci pour l’article ! La voilà donc, la fameuse chanson…
Il s’agit du reste de l’une des chansons les plus populaires du regretté Nikos Papazoglou, lui aussi natif de Salonique et résident du quartier de Toumba (dont il fréquentait assidument les troquets) – un parc de Toumba porte par ailleurs son nom aujourd’hui. A noter que Papazoglou est mort en avril 2011, soit un mois à peine à près Rassoulis, qui avait composé plusieurs de ses chansons, dont celle-ci.
Pour revenir sur la dualité divine et humaine évoqué dans le premier couplet : Salonicien d’adoptation, Rassoulis est effectivement originaire de Crète, et plus précisément d’Herakleio, ville natale de l’écrivain Nikos Kazantzakis, qui s’est beaucoup penché dans ses écrits sur la dualité Dieu/homme de Jésus (mais aussi de Bouddha) – notamment dans son roman La dernière tentation du Christ, adapté au cinéma par Scorsese en 1988. Difficile, donc, de ne pas y voir une allusion à la philosophie de son compatriote crétois.
Pour la traduction, il y a une certaine marge d’interprétation, car les termes sont assez évasifs et poétiques. Je ferais juste deux remarques :
ʼλλο ο ανοιχτομάτης κι άλλο ο αυγουλομάτης
Littéralement: celui qui a les yeux ouverts (qui est vif, intelligent) n’est pas celui qui a les yeux (écarquillé) comme des œufs (l’ahuri). Pas évident à rendre en français, on perd le jeu de mots avec « matis ». En extrapolant, on pourrait dire que celui qui est « aware », malin, rusé, n’a pas besoin d’écarquiller les yeux comme des billes pour voir et comprendre ce qu’il se passe (ça pourrait cadrer avec Bouddha – et Koudas!) Dernièrement, « avgoulomatis », qui a priori est un néologisme créé pour la chanson, fait son retour en grâce pour désigner l’actuel Premier ministre, Mitsotakis, adepte de l’écarquillement intempestif des yeux et des sorties de route…
Όλο ίδια και τα ίδια, του μυαλού σου ροκανίδια.
Toujours ces vieilles histoires qui éclatent dans ton esprit
« rokanidia » c’est la sciure (qui sort ici du cerveau), donc la traduction pourrait passer. Mais ça pourrait être peut-être plus négatif : Toujours les mêmes conneries/délires qui te sortent de la tête.
J’espérais ton passage Adon, merci. J’ai fait la traduction à partir d’une traduction en anglais de la chanson mais la nana expliquait qu’elle avait du mal à retranscrire le sens poétique de certains passages.
Juste pour améliorer tout ça:
Je remplace par »
Toujours les mêmes conneries qui te sortent de la tête. »
Et » celui qui est rusé, n’a pas besoin d’écarquiller les yeux comme des billes »
Ça te paraît correct? Je vais aussi changer la date des échanges de population en 1923.
Merci pour toutes les autres infos également !
Oui, j’ai demandé à deux-trois potes leur avis pour être sûr, ils vont dans le même sens. Je pense que les deux conviennent (même si du coup c’est moins concis – et cocasse – qu’en grec).
Très belle voix Papazoglou, beaucoup de ses titres sont devenus des classiques de la chanson populaire (dont celui-ci).
« celui qui est rusé, n’a pas besoin d’écarquiller les yeux comme des billes », ah merde : c’est ma stratégie privilégiée quand je ne maîtrise pas ce que je fais – ..ou préfère sournoisement jouer les Bourvil, imbéciles heureux, candides..
C’est bon de savoir qu’il y a un hellénophile/-phone parmi nous! Alors une question tiens, raccord avec certains passages de cet article : quid des (éventuels!) rapports de l’Olympiakos avec..l’OTAN? (les pieds dans le plat, désolé)
J’ai appris le grec..ancien……. ;), c’est déjà pas si mal mais insuffisant , Google trad & Co n’existaient pas quand je m’intéressai il y a 20 ans à ces questions, et désormais je suis fatigué, bref : qui fut derrière l’Olympiakos et ses (parfois invraisemblables, dit-on) combines?
Précisions si besoin opportunes : pas la moindre affinité avec le moindre club grec. Ni ne me ressens de la moindre obédience politique.
C’est que, s’il y a bien un pays dont le football dut, « mécaniquement » vu son Histoire post-war, payer un prix lourd au soft-power atlantiste post-war : le grec!!!, pure question de bon sens mais je n’ai jamais pu en juger par moi -même depuis mes connaissances linguistiques, bref?? Help!
(si ça se trouve : c’est le Pana qu’il y a lieu de viser – aucune idée, terra absolument incognita pour bibi)
Un détail aussi : le traité de Lausanne, qui règle les modalités de l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie, a été signé en 1923, même si de nombreux réfugiés sont arrivés dès 1922 sous l’impact de la guerre gréco-turque (et notamment de la reprise de Smyrne). L’échange s’étale sur plusieurs années.
A noter que c’est la religion (et non la langue) qui a été retenue comme critère de sélection pour l’échange, donc plus logique de parler de chrétiens grecs-orthodoxes, plutôt que de « Grecs » en l’occurrence. Et aussi : les chrétiens grecs-orthodoxes de Constantinople ont été exclus de l’échange (à l’instar des musulmans de Trace occidentale).
Religion plutôt que langue? Ils firent preuve d’autant de bon sens (si bon sens il y eut) que possible : les religions sont plus transversales et universelles/universalistes que les langues, pardi.
Un détail qui pourrait donner à désespérer de la culture, d’ailleurs. Ou comme qui dirait un cher ami congolais : « l’espérance est le meilleur business qui soit ».
@Alexandre Pour répondre à ta question du dessus, concernant les liens de l’Olympiakos avec l’OTAN, je l’ignore – au-delà des agissements classiques de Marinakis et de ses multiples activités.
Effectivement, la Grèce est probablement le pays d’Europe (avec la Serbie) le plus anti-américain / anti-OTAN qui soit. Institutionnellement ce n’est pas le cas, surtout avec le gouvernement de centre-droit/droite actuel, pro-américain et libéral (mais même Tsipras avait été atlantiste). C’est surtout le fait de l’extrême droite souverainiste et des personnes de sensibilité de gauche dans leur ensemble, ce qui peut se comprendre vu l’histoire du pays.
Sur l’Ukraine c’est assez frappant : le nombre de personnes que je connais qui se disent ouvertement prorusses et qui considèrent la guerre en Ukraine est un complot des Etats-Unis impressionnant – c’est un avis répandu, et visiblement peu contesté.
Adon
l’île de Gyaros est le Cayenne grec, c’est ça? J’ai que l’île était utilisé comme lieu de déportation dès 1948 donc bien avant la dictature des Colonels. Tu peux m’en dire plus.
* J’ai lu que l’île était utilisée… se relire…
Oui, la Grèce ne manquant pas d’îles, l
Pardon, mon commentaire a bugué, je reprends :
La Grèce ne manquant pas d’îles, la liste des lieux d’exil pour les dissidents politiques et les intellectuels est longue, et ce dès la guerre civile grecque (mais parfois aussi dès les années 1920 pour certaines îles, comme Ikaria). Dans le cas de Gyaros, la caractéristique particulière c’est qu’il s’agit au départ d’une île vraiment déserte (et pelée), ce qui a indéniablement joué quant à la dureté des conditions de détention. Donc effectivement, la comparaison avec Cayenne se justifie.
En fait, du point de vue des anciens militants de gauche, la période de la guerre civile, est souvent perçue comme une période continue allant de la fin des années 40 (guerre civile) au milieu des années 70 (chute de la junte militaire). Les combattants et militants expatriés à l’issue de la guerre civile n’ont officiellement pu revenir en Grèce qu’après la chute de la junte dans les années 1970, et encore avec un statut officiel d’apatride. Cela couvre donc une longue période de 30 ans, et 1974 est généralement admis comme le début de l’ère démocratique, dans l’absolu, en Grèce.
Une petite vidéo pour retrouver Rassoulis et Papazoglou réunis :
https://www.youtube.com/watch?v=6eP4MWCh7QA
Merci! J’aime beaucoup la voix de Papazoglou. J’aime bien le rebetiko également. Tous les fans du Betis sont des personnes de goût mais je ne connais pas les noms sympas. Tu me conseillerais qui?