Bordeaux Nostalgie

Un soir de magie dans le Virage Sud par un jeune supporter bordelais, témoin de l’histoire.

Le 19 mars 1996 restera gravé dans ma mémoire comme le plus beau jour de ma vie de jeune supporter. J’avais à peine 14 ans, mais ce soir-là, au cœur du Virage Sud, j’ai vécu un moment que je raconterai encore et encore. Ce n’était pas qu’un match, c’était une épopée, une bataille, un miracle. Bordeaux contre l’AC Milan, quart de finale retour de la Coupe UEFA, et nous, les outsiders, prêts à défier les géants.

Dès mon entrée dans le stade Lescure, l’atmosphère m’a frappé. Les chants montaient déjà, les drapeaux flottaient, les écharpes s’agitaient dans un ballet d’espoir. La tension était palpable, mais l’espoir aussi. Nous avions perdu 2-0 à l’aller en Italie, et l’idée d’une remontée relevait du rêve. Pourtant, dans nos cœurs, une petite flamme brillait, alimentée par la foi en notre équipe.

Quand le coup d’envoi a été donné, le Virage Sud ne s’est jamais arrêté de chanter. La première mi-temps fut un combat acharné, mais c’est à la 26e minute que tout a changé. Christophe Dugarry, notre héros ce soir-là, a marqué d’une tête puissante. Le stade a explosé, et je me suis retrouvé à hurler, à sauter, à serrer des inconnus dans mes bras. C’était le début d’une nuit magique.

En seconde période, tout s’est accéléré. À la 64e minute, Zinédine Zidane a envoyé une passe lumineuse pour Dugarry, qui a inscrit le deuxième but. Le 2-0 nous ramenait à égalité sur l’ensemble des deux matchs. L’AC Milan semblait déstabilisé, et nous, galvanisés, avons redoublé de ferveur. Je me souviens de mes mains tremblantes en agitant mon écharpe, ma voix cassée à force de chanter « Aux armes ! »

Puis, à la 75e minute, le moment d’apothéose est arrivé. Tholot, d’une volée sublime, a marqué le troisième but. Lescure était en fusion. Je n’avais jamais vu ni entendu quelque chose d’aussi intense. Ce n’était pas juste du football, c’était une communion, un moment où toute la ville de Bordeaux semblait battre à l’unisson.

Quand le coup de sifflet final a retenti, c’était comme si le temps s’arrêtait. Nous l’avions fait : Bordeaux venait de renverser le grand Milan. Dans le Virage Sud, nous pleurions, riions, nous nous étreignions comme une famille. Je n’étais qu’un gamin ce soir-là, mais j’avais l’impression de faire partie de quelque chose de bien plus grand que moi.

En quittant le stade, ma voix était brisée, mes jambes flageolaient, mais mon cœur débordait de bonheur et de fierté. Ce soir-là, Bordeaux n’était pas seulement une équipe ; c’était un rêve devenu réalité. Je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti dans le Virage Sud. Et aujourd’hui encore, en repensant à ce match, je me revois là, parmi cette foule en liesse, un jeune garçon vivant le plus beau chapitre de son histoire de supporter.

Allez Bordeaux, pour toujours et à jamais.

XL pour Pinte de Foot

2 réflexions sur « Bordeaux Nostalgie »

  1. C’est Witschge, qu’on voit à l’arrière-plan, non? Si oui : on en attendait plus, il s’est un peu perdu en cours de route en signant à Barcelone.

    Par curiosité, je lis qu’un second étranger était le Danois Friis-Hansen, lequel n’est significatif de rien de plus que d’un nom pour moi, très vague souvenir..mais, surtout : quel était le troisième joueur étranger??? Il n’y en avait pas? Pas un binational, ou.. Non : dont le statut footballistique était stricto sensu celui d’un renfort extra-national.

    Le football a quand même de ces détours et pieds de nez étonnants : ce noyau fin des fins pas sensationnel (l’un ou l’autre noms deviendront célèbres, certes) aura donc fait mieux, en CE, que la génération des Giresse Tigana Battiston & Co.

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  2. Il y en a, de la nostalgie, à propos des Girondins ! Alex évoque la génération Giresse-Tigana-Battiston : c’est celle-là qui m’a fait vibrer. Il y a eu la victoire de prestige à l’aller contre le Hambourg de Hrubesch et Beckenbauer (dernière saison pro) en C3 1981-82 (2-1), même si la sanction est tombée au retour (0-2). Il y a eu les deux remontadas consécutives en C3 1982-83 contre deux clients sérieux des pelouses européennes des années 80 : le Carl Zeiss Iéna au premier tour (1-3, 5-0) et surtout le Hajduk Split en seizièmes « à la stéphanoise » (1-4, 4-0). Il y a eu la C1 1987-88 et une élimination sans perdre face au PSV en quart de finale (1-1, 0-0), attentat assumé de Gillhaus sur Tigana à la clé, après un bon début (2-0, 2-0 face au Dynamo Berlin, 0-0, 1-0 face à Lillestrøm). Il y a eu ce superbe parcours en C2 1986-87 (Waterford, 2-1, 4-0 ; Benfica, 1-1, 1-0 ; Torpedo Moscou, 1-0, 2-3 ; Lok Leipzig, 0-1, 1-0) fini sur une défaite aux tirs au but au Zentralstadion en demi-finale. Surtout, il y a eu l’épopée en C1 1984-85 et cette demi-finale de légende contre la Juventus (0-3, 2-0) après un premier tour de patron contre l’Athletic Bilbao de Javier Clemente (3-2, 0-0), un difficile huitième contre le Dinamo Bucarest (1-0, 1-1 a.p.), et un quart de finale pour l’éternité face aux Soviétiques de Dniepropetrovsk (1-1, 1-1, t.a.b.) : le gardien Krakovsky en mode invincible à l’aller, le retour déplacé de force à Krivoï-Rog (aujourd’hui Kryvyi Rih, en Ukraine) et disputé par zéro degré sur une pelouse à la limite du jouable, le tir au but vainqueur marqué par Chalana de son mauvais pied… Des souvenirs pour toujours !

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