Boca Juniors: 120 ans « d’or et de boue » (1)

En cette année 2025, l’institution xeneize fête ses 120 ans. En effet, le Club Atlético Boca Juniors a été fondé officiellement le 3 avril 1905 dans le quartier du même nom. Passé de club de quartier populaire à club mondialisé totémique, Boca Juniors a toujours, plus ou moins, gardé une certaine identité sur le terrain, à base de lucha et de garra. Car l’âme véritable du club, est, selon les dires, dans le maillot à défendre, qui serait plus important que le joueur. La tunique xeneize, c’est peut-être elle la véritable idole du club ! À la fois, club le plus supporté et, forcément, le plus détesté du pays, Boca Juniors cristallise les passions et les haines. Pour célébrer et parcourir son histoire, Pinte de Foot vous propose un long format, sous forme d’un Top 50, bonifié et étalé sur plusieurs semaines, de ses plus illustres bosteros.

Photo d’en-tête : quartier de la Boca (octobre 2015)

50. Clemente Rodríguez

Clemente Rodríguez fait parti des joueurs qui ont passé plusieurs années sous le maillot de Boca Juniors, qui, sans être des pointures à leur poste et en raison de l’exode massif des meilleurs Argentins vers l’Europe, ont su être des joueurs historiques et appréciés. Ambidextre, il occupait le flanc gauche de la défense, même s’il fut aussi utilisé quelque fois à droite. Il a vu sa carrière décoller quand Carlos Bianchi est venu le chercher dans son modeste club de banlieue, à Los Andes, à 19 ans. L’entraîneur lui donne sa chance et Clemente progresse rapidement dans l’effectif.

Il débute lors de la saison 2000-2001 dans une équipe alors en pleine confiance, arrivée au sommet et sûre d’elle. Il prend la relève de Rodolfo Arruabarrena, figure du club des dernières années sur le côté gauche, parti à Villarreal. Rodríguez s’adapte très vite et remporte la Copa Libertadores en 2001 face aux Mexicains de Cruz Azul. Sa grande année est 2003. Boca Juniors remporte une troisième Libertadores en quatre ans contre Santos. Le club gagne également le titre lors de l’Apertura 2003. L’année se conclut par une victoire prestigieuse en Coupe Intercontinentale contre le Milan AC aux tirs aux buts. Nommé dans l’équipe-type sudaméricaine annuelle par le journal uruguayen El País. Quelque mois plus tard, Boca perd la finale de Libertadores 2004 contre les Colombiens d’Once Caldas. Après cette saison, Rodríguez quitte Boca une première fois pour le Spartak Moscou.

Joueur rapide, volontaire, combatif, avec une mentalité de gagneur et de ne rien lâcher, comme toute l’équipe, c’est un défenseur de confiance pour Bianchi. Il devient aussi international argentin, sélectionné par Marcelo Bielsa, avec une finale perdue contre le Brésil lors de la Copa América 2004 et une médaille d’or aux jeux olympiques d’Athènes en 2004, à chaque fois remplaçant sur ces deux tournois. A Boca, il y revient en prêt en 2007 pour quelque mois, et accompagner le retour de Riquelme, l’un de ses meilleurs amis. Avec ses cadres revenus, Boca Juniors terrasse Gremio en finale de Libertadores. Rodríguez accroche une troisième Copa, avec, cette fois ci, Miguel Angel Russo aux manettes. Il revient pour un ultime, et troisième, passage au club. Il remporte un dernier championnat, l’Apertura 2011, et se hisse à nouveau en finale de la Copa Libertadores (sa cinquième). Mais dans un Boca plus faiblard qu’en 2007, il est battu par Corinthians. Au total, Rodríguez a disputé 76 matchs de Copa Libertadores, ce qui est, à ce jour, le record du joueur le plus capé de Boca Juniors dans cette compétition.

49. José Borello

Au sortir de la grève des joueurs en 1948-1949, Boca Juniors est à deux doigts de descendre en Primera B lors de la saison 1949. Le début des années 1950 n’est guère plus reluisant, excepté une seconde place en 1950 loin derrière le Racing. En 1954, Boca renoue avec le succès et obtint son seul titre de la décennie. L’équipe peut s’appuyer sur José Pepino Borello, redoutable avant-centre ,qui finit meilleur buteur du championnat cette saison là avec 19 buts (ex-aequo avec le Paraguayen Ángel Berni de San Lorenzo et Norberto Conde de Vélez Sarsfield).

Le natif de Bahia Blanca était revenu sous le maillot bostero en cette année 1954. Il avait déjà connu un premier passage au club, en 1951 et 1952, arrivé d’Olimpo le club de sa ville natale. Mais il ne s’était pas imposé totalement, malgré un ratio de buts élevé, toujours freiné par des pépins physiques. Il fut prêté à Chacarita Juniors pour la saison 1953. Borello n’était pas un avant-centre spectaculaire, mais il était régulier et efficace devant le but. Un joueur simple, précis et doté d’un bon sens de la finition. Dans l’équipe championne de 1954, en attaque, il évolue au centre et est entouré par, de gauche à droite, Julio Marcarián, Iseo Rosello, Miguel Angel Baiocco et Juan Carlos Navarro. Malgré ce titre, où Boca fut supérieur sur la saison, l’équipe ne parvint pas à concurrencer sur la longueur River Plate qui enchaîne les titres dans cette décennie.

Une anecdote connue autour de Borello a lieu lors d’une lourde défaite en 1954, en fin de championnat, 3-0 au Monumental. Amadeo Carrizo, l’emblématique gardien de but de River, le dribble. Un affront pour le goleador, et pour les xeneizes. Carrizo deviendra même un joueur honni à la Bombonera des années plus tard. L’année suivante, les bosteros se vengent sur le gardien de River. Boca en claque 4 à Carrizo. Si Borello ne marque pas, il n’a pas oublié l’humiliation du dernier match. Chaque but est fêté de manière ostentatoire et démonstrative envers le gardien, pour mieux lui rappeler de ne plus faire le malin la prochaine fois. Cependant, la récurrence de blessures ne permet pas à Pepino d’être régulier et de faire des saisons complètes. Ce sera le frein à sa carrière et de sa permanence au plus haut niveau. International et vainqueur de la Copa América 1955, Borello ne retrouve pas son rendement offensif, déjà en baisse en 1955, avant que les blessures ne minent sa carrière. Il ne joue quasiment plus sur ses trois dernières saisons à Boca, qu’il quitte en 1958.

48. Alberto Tarantini

L’arrière gauche était perçu comme le successeur de la légende xeneize Silvio Marzolini sur ce côté de la défense. Alberto Tarantini a fait toutes ses classes au sein de l’institution. Grand espoir du club, il débute à 17 ans en 1973. Rapide et offensif, El Conejo prend les espaces sur son couloir. Il s’affirme comme un futur grand latéral gauche et participe au tournoi de Toulon 1975 avec les espoirs argentins emmenés par César Luis Menotti. Mais c’est sous les ordres de Juan Carlos Lorenzo qu’il devient une valeur sûre de la défense et un joueur de haut niveau. Il remporte les deux titres nationaux en 1976 (Metropolitano et Nacional) et la Copa Libertadores 1977. Il a tout pour s’inscrire dans la durée et devenir un symbole du club.

Mais, le joueur au caractère bien trempé, se brouille avec les dirigeants et est mis de côté à la fin de l’année 1977. Sans club, cela ne l’empêchera pas de disputer la Coupe du Monde 1978. Il profite du retrait de son principal concurrent au poste, Jorge Carrascosa. Libre, champion du Monde en étant titulaire tout au long du tournoi et inscrivant un but dans la controversée victoire contre le Pérou (6-0), Tarantini a de nombreuses offres dont celle du FC Barcelone. Il signe finalement à Birmingham City. En Angleterre, c’est un échec, il ne reste qu’une saison. Il revient en Argentine rapidement au Talleres de Córdoba, avant de rejoindre l’ennemi juré, River Plate, ce qui provoqua l’ire des supporteurs de Boca.

Lors de son premier Superclásico avec la tunique des gallinas, il se fait copieusement insulter et siffler pendant 90 minutes à la Bombonera. Les hinchas de Boca ne lui pardonnent pas cette trahison. Ses bonnes performances à River lui permettent de rester titulaire à son poste avec la sélection et de l’être jusqu’au Mondial 1982. Il connaîtra par la suite une expérience de quelques saisons en France, à Bastia et Toulouse. Il restera, pour Boca Juniors, l’un des plus beaux traîtres. Même si, Tarantini a toujours clamé « soy de Boca » (« je suis de Boca »), comme pour sans cesse devoir se repentir et demander pardon plusieurs années après.

47. Marcelo Delgado

Marcelo Delgado était une figure du onze xeneize sous l’ère Bianchi. L’attaquant débute à Rosario Central, puis passe une saison à Cruz Azul au Mexique. Il devient vice-champion olympique en 1996 avec l’Argentine, avant un retour au Racing. Il signe d’excellentes performances, mais doit s’en aller quand le club traverse de graves problèmes économiques. L’international argentin trouve un point de chute à Boca Juniors en 2000. Chelo devient l’un des protagonistes des grandes heures de Boca au début des années 2000, vainqueur de trois Copa Libertadores, et souvent décisif lors de ces campagnes continentales.

Dans la première des trois, en 2000, il se distingue dans la double confrontation en quart de finale contre le rival de toujours, River Plate. Battu 1-2 à l’aller au Monumental, les Bosteros enflamment la Bombonera au retour et infligent une claque, 3-0, aux Gallinas. Chelo ouvre le score à la 55ᵉ minute, à la retombée d’un centre de Riquelme au second poteau, profitant d’une mauvaise appréciation de la trajectoire du défenseur et gardien adverses. Delgado, tout en opportunisme et détermination, pousse le ballon au fond. Riquelme et Palermo achèvent River par la suite. Boca Juniors remporte l’édition contre Palmeiras, mais Delgado ne dispute pas la finale à cause d’une blessure. Il est titulaire lors de la Coupe Intercontinentale en 2000 à Tokyo, dans une inoubliable victoire contre le Real Madrid, dans laquelle Delgado se distingue, fidèle à ses habitudes : opportuniste, habile et passeur décisif sur le premier but de Palermo, remuant sans cesse et sans compter ses efforts sur le front de l’attaque tout au long du match.

Lors de la seconde victoire en 2001, Delgado est l’unique buteur de la finale aller au stade Azteca de México. Une courte victoire 1-0 contre son ancien club de Cruz Azul. Boca Juniors est battu sur sa pelouse au retour sur le même score. Le doublé est obtenu par une victoire finale aux tirs aux buts. Chelo réussissant le sien. En bon finisseur, Delgado a pu compenser en attaque les pertes de Palermo, transféré, et de Barros Schelotto, blessé, en inscrivant 5 buts sur l’ensemble de la compétition. La Coupe Intercontinentale ne sourit pas aux Argentins, battus par un Bayern Munich sans éclat. Delgado est fortement critiqué pour son expulsion juste avant la mi-temps.

Enfin, Delgado est un grand artisan du troisième sacre de 2003. Il finit meilleur buteur de la compétition avec 9 buts. Son entente avec Carlos Tévez fonctionne très bien. Boca ne laisse aucune chance à Santos en finale. Delgado signe un doublé lors de l’aller (2-0). Un avantage conséquent pour le match retour. Boca l’emporte 3-1 au Morumbí de São Paulo. Delgado inscrit le second but de son équipe. Après ce titre, il rejoint de nouveau Cruz Azul. Delgado revient en 2005, mais sans guère plus d’éclats, plutôt remplaçant et joker de luxe. Il gagne tout de même la Copa Sudamericana 2005. À ses titres internationaux, il faut lui ajouter trois championnats.

46. Sergio Martínez

C’est Oscar Tabárez, son compatriote, alors entraîneur de Boca Juniors, qui le fait venir de l’autre côté du Rio de la Plata. Sergio Martínez s’était affirmé à Peñarol. Le buteur était en pleine ascension et déjà un international uruguayen finaliste de la Copa América 1989 (remplaçant, une seule entrée en jeu) et sélectionné dans le groupe pour le Mondial italien l’année suivante. Son arrivée, avec d’autres renforts offensifs, se fait sur la pointe des pieds. Il n’était pas encore connu du grand public, et commence sur le banc. La signature star de l’intersaison était la vedette brésilienne Charles, qui sera un flop. L’enjeu est de remplacer offensivement le fantastique Diego Latorre parti à la Fiorentina.

Peu à peu, Martínez se fait une place dans le onze au côté de l’idole paraguayenne Roberto Cabañas sur la ligne d’attaque. Et l’équipe xeneize réalise un parcours remarquable dans l’Apertura 1992. Ce qui conduit le club au titre lors de ce tournoi d’ouverture, après onze années d’attente pour le peuple bostero. Manteca Martínez, comme le surnomma Tabárez, pour son physique léger et ce corps glissant et insaisissable, celui d’un attaquant intenable qui se mue en buteur décisif. Auteur de 6 buts en 16 matchs, Martínez apporte sa pierre à l’édifice à ce titre tant espéré, et dont Boca tournait autour depuis le début de la décennie.

L’image la plus iconique, que tout Boca retient de lui, c’est cette folle célébration lors de ce championnat. Le 11 octobre 1992, dans un Superclásico bouillant, Manteca Martínez donne l’avantage à Boca en inscrivant un but. S’ensuit un moment de communion totale avec la Bombonera, torse nu, il grimpe au grillage qui fait face à la popular. Boca l’emporte sur ce score, et prend la tête du championnat, place qu’il ne quittera plus. Martínez électrise les terrains, avec son football direct, combatif, déterminé, cheveux au vent et avec toute la garra uruguayenne qui le caractérise.

De 1992 à 1997, Sergio Martínez fait le bonheur à Boca Juniors, c’est un visage de l’équipe. Il obtint le titre honorifique de meilleur buteur de l’Apertura 1993 avec 12 buts et un second lors du Clausura 1997 avec 15 buts. Mais, Boca patine après le titre de 1992, enchaînant les performances irrégulières et en dents de scie. En 1995, à domicile, il fait partie de l’Uruguay championne d’Amérique du Sud. Il prend part à 4 matchs de la Copa América et restera comme le dernier tireur qui donne le titre face au Brésil aux tirs aux buts. Après 86 buts en 167 rencontres, il quitte l’Argentine en 1997 pour une opportunité en Liga au Deportivo La Corogne. Placé par Paco Casal, le businessman qui fait la pluie et le beau temps du football uruguayen, son aventure européenne est un échec et ne dure qu’une saison, avant de rentrer en Uruguay terminer sa carrière.

A samedi prochain pour la suite !

Une réflexion sur « Boca Juniors: 120 ans « d’or et de boue » (1) »

Laisser un commentaire