Si l’Histoire ne retient que les vainqueurs, de nombreux joueurs ont souvent eu les honneurs des nominations sans n’avoir aucun titre.
Deux figures du Milan, Maldini et Ibrahimovic, sont en tête de ces Poulidor de la récompense de France Football, avec 11 nominations (seuls Messi, Ronaldo, Cruyff et Beckenbauer font mieux, mais eux l’ont gagné).
Le Suédois gagne même un autre concours : celui du joueur le plus nominé n’ayant jamais fini sur le podium, juste devant un autre Scandinave : M. Laudrup (qui totalise 10 nominations). Cela démontre pour ces deux joueurs à quel point ils ont eu une longévité au plus haut niveau remarquable. On note également que même si il n’a pas été nominé cette année Neymar est bien parti pour dépasser le Suédois et Maldini avec déjà neuf nominations et de moins en moins d’espoir de remporter le trophée (sauf en cas de victoire Auriverde dans deux mois).
L’Italie est la plus représentée en nombre de nominations dans ce classement. Outre Maldini, Buffon et Mazzola sont nominés neuf fois, Facchetti huit, Baresi sept et Del Piero et Zoff six fois.
Par ailleurs si le Galicien Luis Suarez est le seul joueur né en Espagne à avoir reçu un Ballon d’Or (l’Argentin Di Stefano en ayant deux en tant qu’Espagnol), il retrouve de nombreux compatriotes dans ce classement : Raul, Iniesta, Xavi, Gento ou Casillas, qui malgré de nombreuses places d’honneur n’ont jamais pu rejoindre l’ancienne idole du Barça. Le métronome catalan ayant même réussi l’exploit d’être cinq fois dans le top 5 en six nominations ! Pour ceux qui ont lu l’excellent article de Khiadiatoulin, Pirri et Asensi finiront avec respectivement cinq et deux nominations.
On retrouve de nombreux noms illustres dans ce classement, comme les deux Belges les plus nominés avec 40 ans d’intervalle : Van Himst (meilleur classement avec une quatrième place comme son compatriote Van Moer) et Eden Hazard, bien loin de ce statut aujourd’hui. Dans la même logique, on peut également remarquer les deux Polonais les plus nominés (devant Lubański et Deyna et leur quatre nominations), Boniek et Lewandowski, le deuxième étant passé très proche d’offrir un premier Ballon d’Or à la Pologne. Les deux frères ennemis allemands Schuster et Breitner sont également présents, le premier ayant même trois podiums. Seul un autre ex-milieu barcelonais, Xavi, fait aussi bien dans ce classement.
On ne peut s’empêcher de parler de Džajić (encore un excellent article de Verano !) qui en dépassant Šekularac devient le joueur Yougoslave le plus nominé, ou du grand buteur Charles qui inaugurera la tradition de la star galloise (suivront Rush, Giggs et Bale avec cinq nominations). Ou de rappeler les grands joueurs qu’étaient le Hongrois Bene ou l’Anglais Greaves dans les années 1960. Même s’ils ne sont pas dans le classement ci-dessous des joueurs oubliés comme le Bulgare Kolev (nominé les quatre premières années) ou l’Autrichien Hanappi (les cinq premières années) méritent une mention honorable.
Drogba et Eto’o font figure de joueurs africains les plus nominés sans que cela ne cache que depuis 1995 aucun Africain n’ait été sur le podium. De l’autre côté de l’Océan on trouve Batistuta, qui avant l’éclosion de Messi était le seul argentin dans le top 5 (et même top 10), démontrant qu’hormis les Brésiliens et le phénomène de Rosario, peu de joueurs Sud-américains ont eu les honneurs du Ballon d’Or.
De nombreux défenseurs et gardiens sont également présents dans cette liste (Maldini, Buffon, Facchetti, R.Carlos, Baresi, Dasaev,Moore, Casillas, Shilton, Zoff…) montrant le côté déterminant d’être un joueur offensif pour obtenir le titre. Tous ces joueurs ont eu le droit à des places d’honneur mais malgré leurs palmarès et leurs apports ils n’ont pas pu rejoindre les quelques défenseurs et l’unique gardien titrés.
Pour finir, la quatrième place de Benzema l’an passé a laissé l’ancien joueur de la Roma et de l’OM Rudi Völler seul joueur à avoir été nominé six fois sans n’avoir jamais intégré un top 10. Le joueur du Real, avec sa huitième nomination cette année (et peut-être premier titre), consolide sa quatrième place de joueur français le plus nominé devant Kopa et ses quatre podiums en six nominations.
Ci-dessous, un tableau représentant tous les joueurs nominés six fois ou plus et n’ayant jamais gagné le Ballon d’Or.
Dernière année de nomination | Nom | Nationalité | Nominations | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 à 10 | 10 ou + |
2016 | Ibrahimović | Suède | 11 | 1 | 5 | 5 | ||||
2007 | P.Maldini | Italie | 11 | 2 | 4 | 5 | ||||
1998 | M.Laudrup | Danemark | 10 | 1 | 1 | 2 | 6 | |||
2017 | Buffon | Italie | 9 | 1 | 1 | 2 | 5 | |||
2009 | Henry | France | 9 | 1 | 1 | 3 | 2 | 2 | ||
1973 | Mazzola | Italie | 9 | 1 | 3 | 5 | ||||
2021 | Neymar | Brésil | 9 | 2 | 2 | 2 | 3 | |||
2012 | Drogba | Côte d’Ivoire | 8 | 1 | 4 | 3 | ||||
2011 | Eto’o | Cameroun | 8 | 1 | 3 | 4 | ||||
2001 | Raúl | Espagne | 8 | 1 | 5 | 2 | ||||
1975 | Facchetti | Italie | 8 | 1 | 1 | 6 | ||||
2015 | Iniesta | Espagne | 7 | 1 | 1 | 2 | 2 | 1 | ||
2001 | Roberto Carlos | Brésil | 7 | 1 | 1 | 1 | 4 | |||
1995 | Baresi | Italie | 7 | 1 | 2 | 1 | 3 | |||
1988 | Dasaev | URSS | 7 | 3 | 4 | |||||
1985 | Boniek | Pologne | 7 | 1 | 1 | 1 | 4 | |||
1975 | Džajić | Yougoslavie | 7 | 1 | 1 | 5 | ||||
1973 | Moore | Angleterre | 7 | 1 | 1 | 2 | 3 | |||
1968 | Greaves | Angleterre | 7 | 1 | 3 | 3 | ||||
2021 | Benzema | France | 7 | 1 | 6 | |||||
2019 | Hazard | Belgique | 6 | 2 | 4 | |||||
2018 | Luis Suárez | Uruguay | 6 | 1 | 1 | 1 | 3 | |||
2012 | Casillas | Espagne | 6 | 1 | 3 | 2 | ||||
2012 | Rooney | Angleterre | 6 | 1 | 2 | 3 | ||||
2003 | Del Piero | Italie | 6 | 2 | 1 | 3 | ||||
2000 | Batistuta | Argentine | 6 | 1 | 1 | 1 | 3 | |||
1991 | Völler | Allemagne | 6 | 6 | ||||||
1989 | Shilton | Angleterre | 6 | 1 | 1 | 4 | ||||
1972 | Van Himst | Belgique | 6 | 1 | 1 | 4 | ||||
1971 | Bene | Hongrie | 6 | 2 | 4 | |||||
1996 | Klinsmann | Allemagne | 6 | 1 | 1 | 4 | ||||
1985 | Schuster | Allemagne | 6 | 1 | 2 | 1 | 2 | |||
1982 | Breitner | Allemagne | 6 | 1 | 1 | 1 | 3 | |||
2003 | Beckham | Angleterre | 6 | 1 | 1 | 2 | 2 | |||
1986 | Dalglish | Ecosse | 6 | 1 | 1 | 4 | ||||
2011 | Xavi Hernández | Espagne | 6 | 3 | 1 | 1 | 1 | |||
1982 | Zoff | Italie | 6 | 1 | 2 | 3 | ||||
1962 | Charles | Pays de Galles | 6 | 1 | 2 | 3 | ||||
2021 | Lewandowski | Pologne | 6 | 1 | 1 | 2 | 2 | |||
1962 | Gento | Espagne | 6 | 2 | 4 |
Sacré boulot encore! Bravo.
C’est quand même assez cruel pour certains joueurs ce ballon d’or.
Jamais compris pourquoi on ne se contentait pas d’une équipe type ou à défaut d’une récompense par poste.
Car à l’époque contemporaine, il faut faire ressortir le n°1. LE meilleur, tu comprends mon ami ? Pas des meilleurs, non. L’individualisation doit atteindre le sommet, sinon c’est pas drôle.
Merci pour ce bel article, Rui, en passant. 🙂
Eheh j avais bien peut de ça effectivement…
Merci Rui! C’est marrant le choix de ta photo parce que le mec chauve chassant Laudrup n’aurait pas du jouer ce match. Il s’agit de Ramon Caldere. Il est contrôlé positif à l’ephedrine lors du match précédent face à l’Ulster.
C’est la meme substance que Maradona 8 ans après.
Il est corpo, ce Rui! Merci pour le clin d’oeil.
Cela confirme ton article en plus, entre Pirri « star » et Asensi « moins reconnu »!
Après Pirri est intrinsèquement un meilleur joueur qu’Asensi. Perso, je le mettrais en central du Real aux côtés de Santamaria dans le onze historique. En milieu, c’est compliqué de lui faire une place…
Quand tu lis certains noms absents du palmarès, et si tant est que ce prix ait une certaine valeur (pas du tout ma came), je trouve séduisante l’idée initiale de ne pouvoir le gagner qu’une seule fois.
J’avoue que j’aimais bien avant le passage Messi Ronaldo. C’était agréable de lire les explications de chaque votant. On y remarquait les influences et le parti pris.
Quand le vote s’est ouvert à l’international, y a quand meme eu un arrière-goût de dédain eurocentré sur la pertinence des votes de certains pays.
Quelle etait la valeur du vote d’un journaliste asiatique ou du capitaine du Togo?
Comme si ces mecs là ne connaissaient pas mieux la saison des stars que les journalistes des années 60. Qui à l’époque ne devaient pas avoir des masses d’images pour se faire une opinion objective.
Ce trophée a toujours été un vote de popularité, avec plus ou moins de criteres d’attribution respectés.
Et hormis Modric en 2018, depuis l’avènement C. Ronaldo / Messi, le BO est devenu un substitut du Soulier d’Or. Plus tu marques des buts, plus t’as de chances de gagner (sauf si tu es Polonais). L’ère des Zidane, Figo, Nedved et Ronaldinho me semble révolue pour toujours 🙁
Salut les pintades!!!
Merci pour les articles Rui Costa… très intéressant !
J’ai retrouvé un vieux trucs que j’avais fait sur le ballon d’or : voir quel serait le palmarès si c’était un trophée que l’on ne peut gagner qu’une fois. Et voilà la liste des joueurs qui l’auraient eu :
– John Charles en 1959
– Dino Zoff en 1973
– Kazimierz Deyna en 1974
– Rob Rensenbrink en 1976
– Bernd Schuster en 1980
– Paul Breitner en 1981
– Jean Tigana en 1984
– Preben Elkjær Larsen en 1985
– Franco Baresi en 1989
– Paolo Maldini en 1994
– Roberto Carlos en 2002
– Andres Iniesta en 2010
– Xavi en 2011
– Radamel Falcao en 2012
– Franck Ribery en 2013
– Manuel Neuer en 2014
– Neymar en 2015
– Antoine Griezmann en 2016
– Gianluigi Buffon en 2017
– Virgil van Dijk en 2019
– Robert Lewandowski en 2021
Dans la mesure où les votes se soient reportés de manière proportionnel à ce qu’ils ont été.
Et si ça avait été unique et toujours réservé aux européens, il faudrait ajouter :
– Jurgen Klinsmann en 1995
– Pedrag Mijatovic en 1997
– David Beckham en 1999
– Oliver Kahn en 2002
– Frank Lampard en 2005
– Fernando Torres en 2008
– Wayne Rooney en 2011
– Iker Casillas en 2012
– Jorginho en 2021
Les années peuvent paraître bizarre parce que l’absence de certains fait des décalages pour d’autres qui l’auraient plus tôt.
Le palmares si on pouvait le gagner qu’une seule fois, ça aurait fait une super liste ! Bien meilleure que la liste réelle à mes yeux et bien plus représentative de qui étaient les meilleurs joueurs au fil des années. Ça manque toujours cruellement de joueurs africains (ne voir ni Eto’o, ni Drogba, ni Abedi Pelé, ni Yaya Touré, même dans cette liste retravaillée, ça me fait vraiment mal au cœur) mais c’est un autre sujet
@Bota et @Sindelar
Non j’avoue des lacunes béantes en matière de foot.
Je vais regarder ces vidéos avec attention.
Merci les gars.
Bah, y a rien à avouer, si tu savais le nombre de trucs que j’ignore en foot..
Sindelar parlait de sa finale face à l’Austria, or c’est un bon résumé des qualités du joueur : frappe, tête, dribble, jeu en déviation.. Le match donne bonne idée de son jeu d’équilibriste, et de son obsession permanente à casser les lignes :
https://www.youtube.com/watch?v=88fTQI3jY5Y
Trois faits marquants cette année!
Mané premier africain sur un podium depuis…Weah pour la première année où ils ont été éligibles!
Et De Bruyne obtient le meilleur classement jamais obtenu par un belge!
Son le meilleur classement obtenu par un joueur asiatique également.
De Bruyne, c’est la filière Genk. Il est assez épatant ce club qui s’est imposé comme un grand de Belgique depuis une vingtaine d’années. Je connais peu mais j’avais regardé un petit doc sur l’époque Oulare Strupar qui coïncide avec leur premier titre. Ils ont l’air d’avoir de bons scouts.
Leurs scouts sont excellents en effet ; Courtois aussi en vient. Pas mes préférés, petit jeu détestable durant l’Euro 2016..mais objectivement et de loin les deux meilleurs Diables résiduels depuis les rédhibitoires déboires de Hazard.
Et Milinkovic-Savic, Malinovsky.. C’est dommage que le fils Hagi y ait échoué, son talent est certain.
Genk est né des cendres de Winterslag (Waseige, Nilis..qualif formidable sur Arsenal aussi jadis) et Waterschei (Clijsters, Emmers..le PSG ;), les frères Janssen de la célèbre affaire de corruption aussi), deux clubs ouvriers (mines).. Quand les mines fermèrent, la région reçut de copieuses subventions..dont une part non-négligeable fut détournée (on peut le dire) pour lancer le Racing Genk né de la fusion des deux.
Leur projet est rondement mené, malins comme des singes..mais vicié par un je ne sais quoi de communautaire, qui a fini par contaminer les tribunes.
Jusqu’à cette fusion, cette région était la chasse-gardée (néerlandophone, donc) du Standard Liège, son arrière-cour politique historique (la Principauté de Liège était multiculturelle), sa pouponnière footballistique et le foyer d’un bon tiers des supporters en tribunes. C’est une région où tout le monde semble naître avec un ballon ; concentration hors-normes, pour la Belgique, de (très) bons footballeurs.. Bref, cet aparté pour signifier que ce projet « Racing Genk » ne fut pas tout-à-fait dénué d’arrières-pensées politiques : il s’agissait de couper le cordon, dont via le football, avec l’ancienne métropole liégeoise, de sorte d’affirmer le caractère néerlandophone de cette très périphérique province (que le reste de la Flandre méprise bien souvent).
@ Bota
J me suis encore fait avoir par un résumé!
Mais son premier but est quand même pas mal!
Ca laisse songeur sur le reste de l equipe si c est lui le maillon faible…
Jvais essayer de geeker un peu cet anderlecht. Tu donnes envie!