Ballade irlandaise (1)

De l’Irlande, on admire la beauté des paysages, la chaleur humaine des habitants, la richesse des traditions, la beauté des mélodies, et la magie des légendes. On est curieux devant ces sports centenaires que sont le foot gaélique et le hurling. On connaît même sa fête nationale, la Saint Patrick, que le monde entier aime célébrer. Mais que sait-on vraiment de son histoire ? L’Irlande porte en elle les traces d’un passé tourmenté, marqué par les batailles, les invasions, et les soulèvements. Mais l’histoire ne s’efface jamais vraiment. Elle survit dans les noms des villes, dans la ferveur de ses habitants et… dans les symboles des clubs de football.

Dans cette série, chaque club du championnat irlandais nous plongera au cœur d’un épisode de ce récit mouvementé. Et parce qu’en Irlande, la mémoire se transmet en musique, chaque étape sera accompagnée d’une mélodie, un écho aux joies et aux blessures d’un peuple qui n’a jamais cessé de chanter ni de se battre.

Des tribus de Dana au peuple de Saint Patrick

Il n’y avait sans doute pas de jour plus approprié que celui de la Saint-Patrick pour inaugurer cette série d’articles. J’aurai l’occasion de revenir en détail sur le saint patron de l’Irlande un peu plus tard, mais avant d’être christianisée, l’île était celte et païenne. Plongeons sans plus attendre dans ces origines lointaines, au rythme de la première mélodie de notre voyage : « Sí Beag, Sí Mór ». Cette ballade envoûtante, inspirée d’une ancienne légende irlandaise, raconte l’affrontement de deux clans de fées sur des collines voisines. Derrière ce conte folklorique transparaît déjà le schéma d’un conflit fondateur qui marquera toute l’histoire de l’île. Héritage musical et mythologique, cette mélodie résume à elle seule l’âme irlandaise : un mélange subtil de poésie, de mélancolie, et de combat.

Le décor ainsi planté, revenons aux premiers habitants de l’île. Les Celtes y débarquent entre le VIIᵉ et le IVᵉ siècle avant J.-C., se mêlant aux populations préhistoriques qui peuplaient déjà ces terres. De cette rencontre naîtra une mythologie propre à l’Irlande, différente de celle du continent. Ainsi, Dana devient la déesse-mère du Panthéon celtique irlandais, figure tutélaire et source de toute divinité. Les Bretons de Manau l’ont chantée, mais à vrai dire, elle était connue chez les Celtes de Bretagne sous le nom d’Anna, assimilation régressive de « l’original », et son rôle était moins important.

La société irlandaise antique présente une particularité majeure : elle ne connaît pas l’empreinte de Rome. L’Empire, qui nomme l’île « Hibernia » – « terre froide et lointaine » – ne s’y aventure pas. Ainsi, l’Irlande ignore les fastes et les normes de l’Antiquité classique et passe directement de la proto-histoire au Moyen Âge. Son organisation repose sur un morcellement de micro-royaumes, où les seigneurs exercent leur autorité sur des communautés agricoles. Tous rendent symboliquement hommage au haut roi siégeant à Tara, lieu mythique du pouvoir. Les druides, figures centrales de cette société, cumulent alors les fonctions de prêtres, juristes, médecins, et poètes.

Tandis qu’ailleurs en Europe l’Empire romain se désagrège et que le christianisme s’impose, l’Irlande, à l’abri de ces bouleversements, demeure païenne. Pourtant, la nouvelle religion n’y est pas totalement ignorée : dès le IIᵉ et le IIIᵉ siècle, des migrants, venant principalement de Gaule et fuyant les invasions barbares, y introduisent des idées nouvelles. Des contacts commerciaux sporadiques avec les chrétiens d’Occident entretiennent également cette connaissance. Mais il faudra un homme providentiel pour convertir l’île : Saint Patrick.

Né aux environs de 389-390 sur la côte ouest de la Grande-Bretagne, il est capturé à seize ans par des pirates irlandais et passe six années en esclavage sur l’île. Pendant sa captivité, il se tourne vers la prière et reçoit la visite mystique d’un ange, Victoricus, qui lui enjoint de s’enfuir. De retour chez lui, Patrick a une vision : les enfants d’Irlande l’appellent à leur venir en aide et à les convertir. Déterminé, il part se former en Gaule, vraisemblablement à Auxerre, avant d’être ordonné évêque. La légende aime raconter que c’est lors de son passage en Gaule qu’il aurait côtoyé Saint Honorat au monastère de Lérins (où une messe de la Saint-Patrick est encore célébrée de nos jours) ou encore Saint Martin à Tours. Cela dit, ce n’est que peu probable au regard des dates.

Sa mission de conversion débute en 430. Si le message chrétien rencontre quelques résistances, l’évangélisation de l’Irlande se fait sans effusion de sang, contrairement à bien d’autres régions d’Europe. Plutôt que de briser les traditions ancestrales, Saint Patrick les intègre : il convertit en priorité les rois et les druides, facilitant ainsi l’adhésion progressive du peuple. Peu à peu, paganisme et christianisme se fondent en une seule et même tradition. Nombre de saints irlandais, à l’instar de Sainte Brigitte de Kildare, puisent leur aura dans des figures païennes. Brigit était l’une des plus grandes déesses celtes ; son nom seul a suffi à faire de la sainte une icône populaire vénérée dans toute l’île.

Sur le plan sociétal, les druides, jadis figures centrales de la tradition païenne, voient progressivement leur influence décliner. À mesure que le christianisme s’ancre dans les terres irlandaises, ils envoient leurs enfants dans les monastères, nouveaux foyers du savoir et de la spiritualité. Peu à peu, les gardiens de l’ancienne foi deviennent les artisans de la nouvelle, troquant leur rôle de prêtres païens pour celui de moines chrétiens.

Contrairement à l’Europe continentale, où l’Église se structure autour d’une distinction nette entre clergé séculier et régulier, l’Irlande suit une trajectoire singulière. Ici, point de diocèses clairement définis ni d’évêques omnipotents : ce sont les cités monastiques qui deviennent le cœur battant de la vie religieuse. Ces communautés hybrides rassemblent moines, prêtres, et laïcs en un même espace, tissant un modèle ecclésiastique propre à l’île, où la spiritualité s’épanouit à l’écart des carcans hiérarchiques. Saint Patrick lui-même ne cherche pas à imposer une organisation rigide ; fidèle à son approche pragmatique, il laisse le temps façonner naturellement l’Église irlandaise.

Ce glissement du paganisme vers le christianisme s’accompagne d’une mutation profonde des mentalités. Là où les druides vénéraient la parole vivante et se méfiaient de l’écrit – perçu comme un outil de fossilisation du savoir –, le christianisme érige l’écriture en fondement du sacré. La tradition, jadis orale, se fige désormais sur le parchemin, et avec elle, toute une mythologie qui aurait pu s’évanouir avec le temps. Les moines irlandais deviennent ainsi les dépositaires d’un héritage millénaire, s’imposant comme les plus brillants enlumineurs de leur époque. Leurs manuscrits somptueusement illustrés, tels que le Livre de Kells, traverseront les siècles comme témoins éclatants de cette fusion entre spiritualité et art. Ainsi, ce qui apparaît ailleurs comme une rupture entre deux croyances devient en Irlande un continuum, une seule et même histoire où les Enfants de Dana se muent en fils et filles de Saint Patrick. Une transition en douceur, où le paganisme ne s’efface pas sous le poids du christianisme, mais se fond en lui, lui insufflant sa richesse symbolique et son ancrage dans l’âme celte.

le « Livre de Kells »

Mais l’héritage de cette époque ne se limite pas aux écrits et aux légendes. Il imprègne encore aujourd’hui la culture populaire, jusque dans les stades de football. Lorsqu’on scrute la première division irlandaise, un club fait résonner cet héritage lointain : le St Patrick’s Athletic, en écho au missionnaire qui façonna l’île.

Le St Patrick’s Atheltic

En 1929, au cœur du quartier ouvrier d’Inchicore, à Dublin, un groupe de jeunes employés des chemins de fer irlandais (Great Southern Railways – GSR, aujourd’hui connue sous le nom de CIE, principal opérateur de transport public du pays) nourrit une ambition : créer une seconde équipe au sein de l’entreprise. La compagnie possède déjà une formation évoluant en Leinster League, le GSR FC, mais celle-ci est exclusivement réservée aux travailleurs âgés d’au moins 20 ans. Malheureusement, leur demande d’inscription d’une nouvelle équipe dans les divisions inférieures essuie un refus catégorique. Loin de se décourager, ces jeunes passionnés, menés par Pat Dunphy, futur visage emblématique du club, prennent leur destin en main. Fervents catholiques et patriotes irlandais, ils choisissent d’honorer le saint patron de l’île en donnant à leur équipe le nom de St Patrick’s Athletic. L’aventure peut alors commencer.

Le club fait ses débuts dans les divisions inférieures du football irlandais, intégrant l’Intermediate League dès la saison 1930-1931. Leur tout premier match officiel, disputé le vendredi 12 septembre 1930 sur le terrain 4 du Phoenix Park, marque les esprits : une victoire éclatante 7-3 qui donne le ton d’une saison mémorable. Portés par leur enthousiasme et leur talent, les Saints réalisent un parcours brillant et terminent en tête du championnat, ex æquo avec leur rival Belleville, club du quartier voisin de Bluebell. L’issue du championnat se joue dans une atmosphère électrique. Pour leur dernière rencontre, les Pats décrochent une victoire par forfait, leurs adversaires ne s’étant pas présentés.

Avec deux points d’avance, joueurs et supporters se déplacent alors pour assister au match décisif de Belleville, qui doit impérativement s’imposer pour arracher une égalité au classement. À vingt minutes du terme, tout semble jouer : Gardenville mène 2-0 et les Saints entrevoient déjà la consécration. Mais l’impensable se produit. En l’espace de quelques instants, Belleville renverse la situation et s’impose 3-2 dans des circonstances pour le moins surprenantes : trois penalties successifs, tous concédés pour des fautes de main du même joueur dans la surface.

Le sort en est jeté : un test-match est nécessaire pour départager les deux équipes. Disputée sur terrain neutre, la rencontre tourne à l’avantage de St Patrick’s, qui s’impose 4-2 et valide ainsi sa première montée dès sa première saison. L’heure est à la fête, et quel meilleur endroit pour célébrer cette victoire historique que le McAvoy, le pub où les joueurs ont pris l’habitude de se réunir avant et après les matchs ? Si vous passez aujourd’hui par Inchicore, vous pourrez toujours lever une pinte à la mémoire de ces pionniers… à condition de pousser la porte du Black Lion, nouveau nom de l’établissement qui a vu naître une légende du football irlandais.

Ce premier exploit marque le début d’une ascension irrésistible pour le St Patrick’s Athletic, qui s’impose rapidement comme l’un des ténors du football irlandais. Dans les années 1940, le club domine la Leinster Senior League, enchaînant titres et trophées dans son antre de Richmond Park. Sa suprématie devient telle qu’en 1951, il n’est plus possible d’ignorer sa place dans le paysage footballistique national. Le St Pat’s est alors invité à rejoindre l’élite, intégrant la première division irlandaise parmi les douze meilleures formations du pays. L’histoire aurait déjà été belle si elle s’était arrêtée là. Mais les Saints ne comptent pas s’éterniser dans l’ombre des clubs établis. Dès leur première saison parmi l’élite, ils réalisent l’exploit ultime : décrocher le titre de champion. Et ce, avec un effectif quasiment inchangé par rapport à celui qui régnait sur la Leinster League.

Les débuts en D1 sont pourtant hésitants, avec seulement quatre victoires en douze rencontres. Mais très vite, la machine se met en marche. Le St Pat’s impose un jeu résolument offensif, porté par son attaquant vedette, Shay Gibbons, qui termine meilleur buteur du championnat avec 26 réalisations en 22 matchs, dont quatre triplés. Ce buteur d’exception, arrivé au club un an plus tôt, inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire des Saints. La saison suivante, il récidive avec 28 buts et un match d’anthologie contre Cork Celtic où il inscrit un quintuplé – un sixième but lui étant même refusé. Son influence ne faiblit pas : en 1955-1956, il trouve le chemin des filets à 21 reprises et mène son équipe vers un doublé coupe-championnat. Trois fois meilleur buteur du championnat d’Irlande, Gibbons inscrit 108 buts sous les couleurs du St Pat’s, un record absolu dans l’histoire du club. Ses performances exceptionnelles lui valent d’être appelé en sélection nationale. En 1952, il dispute son premier match avec l’Irlande, une défaite à Cologne contre l’Allemagne de l’Ouest, où il est le seul joueur du championnat irlandais à être titularisé.

Un autre Saint connaîtra lui aussi les honneurs internationaux : Tommy Dunne, fils du renommé Jimmy Dunne, attaquant d’Arsenal dans les années 1930. Présent au club de 1954 à 1963, il contribue à deux sacres nationaux et deux victoires en coupe. En 1956, il est sélectionné à trois reprises sous le maillot vert, perpétuant ainsi l’héritage familial et la tradition des grands joueurs du St Patrick’s Athletic. Enfin, difficile de ne pas aborder Dinny Lowry, peut être le meilleur gardien passé par le club et dont le rôle fut crucial dans la conquête des titres de 1955 et 1956 ainsi que des deux coupes. Il sera le joueur des Pats le plus sélectionné avec l’équipe nationale à l’époque. Bien qu’il ait été appelé 15 fois, il ne recevra qu’une seule cape face à l’Autriche en avril 62, barré qu’il était par l’immense Alan Kelly, le taulier de Preston North End. Il entre en jeu pour la deuxième mi-temps suite à une blessure du titulaire, un événement marquant qu’il racontait en 2008 au Meath Chronicle : « Quand Allan s’est blessé, je me suis dit « Mon Dieu, je vais jouer », et alors que je me prépare à rentrer, un coéquipier me lance « Bonne chance Paddy ! » Il ne connaissait pas mon nom, mais je ne lui en veux pas. Le foot international était très différent à l’époque, les joueurs ne se rencontraient que la veille ou le matin du match. »

Durant cette décennie faste des années 1950, le palmarès des Saints est d’autant plus impressionnant qu’il est construit loin de leur cher Richmond Park, alors jugé non conforme aux exigences de la League. Contraints à l’errance, les Saints doivent se résoudre à évoluer dans plusieurs enceintes, de Milltown à Glenmalure Park, en passant par Chapelizod – plus connu pour ses courses de lévriers, un sport très prisé en Irlande – avant de trouver refuge à Dalymount Park. Mais malgré cet exil forcé, le club peut toujours compter sur la ferveur indéfectible de ses supporters, qui n’hésitent pas à parcourir la ville à pied, à vélo ou en empruntant les bus de l’ex-GSR devenue CIE pour suivre leurs protégés.

Debout de gauche à droite : Fergie Crawford, Shay Gibbons, Dinny Lowry, Christy Fitzgerald, Tommy Dunne.
Accroupis de gauche à droite: Tommy Desay, Hugh Donnelly, Des Byrne, Tommy ‘Longo’ White, Johnny Cassidy, Paddy ‘Ginger’ O’Rourke.

Les Not-so-Golden Sixties

Le début des années 1960 marque la fin de cette période nomade avec le retour tant espéré à Richmond Park. Un retour célébré de la plus belle des manières par un sacre en Coupe d’Irlande lors de la saison 1960-61, auquel s’ajoute une place de dauphin en championnat, à un souffle du titre. Ce triomphe ouvre au St Patrick’s Athletic les portes de l’Europe : en 1961-62, les Saints deviennent le premier club irlandais à disputer la Coupe des vainqueurs de coupe. L’aventure s’arrête dès le tour préliminaire face aux Écossais de Dunfermline, sur une lourde défaite cumulée de 8-1. Ce que les supporters ignorent encore, c’est que ce trophée en Coupe sera le dernier pendant plus de cinquante ans, marquant le début d’une longue période de disette.

Les Saints connaissent alors des difficultés financières grandissantes qui les contraignent à céder leurs meilleurs éléments. Dans le même temps, le football évolue et la figure de l’entraîneur prend une importance grandissante. Jusqu’en 1954, le club fonctionnait sous le régime du Selection Committee, un modèle hérité du football britannique du début du XXe siècle : un comité de dirigeants ou de membres influents décidait de la composition de l’équipe et, dans une moindre mesure, des orientations tactiques. Aucun entraîneur attitré ne dirigeait l’équipe au quotidien, et l’entraînement reposait principalement sur l’expérience des joueurs eux-mêmes. Mais avec la professionnalisation progressive du football irlandais et l’influence croissante des clubs anglais, ce système archaïque cède peu à peu la place à un encadrement technique structuré. Dans ce contexte, la décennie 1960 se révèle bien plus avare en succès.

Seul véritable joueur d’envergure de cette période, Noel Campbell incarne l’âme du club, bien qu’il échoue à deux reprises en finale de Coupe d’Irlande – une malédiction qui poursuivra les Saints jusqu’en… 2014 ! Aux côtés de son frère Johnny, il dispute la deuxième campagne européenne du club lors de la Coupe des villes de foire 1967-68. Mais là encore, la marche est trop haute et les Pats subissent une lourde défaite face aux Girondins de Bordeaux (9-4 sur l’ensemble des deux matchs). Meilleur buteur du club sur les saisons 1968-69 et 1969-70, Campbell finit par s’expatrier en 1971 pour rejoindre le Fortuna Cologne, quittant ainsi un championnat irlandais en perte de vitesse. Il ne tarde pas à se faire un nom en Allemagne, inscrivant un doublé décisif lors du barrage de promotion en Bundesliga. Le 11 août 1973, il entre dans l’histoire en devenant le premier Irlandais à évoluer dans l’élite allemande lors d’une rencontre face au Borussia Mönchengladbach. Un exploit personnel qui tranche avec les années d’ombre que traverse alors le St Patrick’s Athletic, en quête d’un second souffle.

Les années d’errance : entre désillusion et frémissements d’espoir

Les années 1970 resteront sans doute comme l’une des périodes les plus moroses de l’histoire du St Patrick’s Athletic. Relégué au second plan du football irlandais, le club ne parvient à glaner qu’un unique trophée, une modeste Leinster Cup en 1971, compétition réservée aux clubs de la province du Leinster. Sur le banc, les entraîneurs se succèdent sans jamais réellement imprimer leur marque. Fidèle à la mode en cours dans le championnat, la direction puise régulièrement dans le vivier britannique pour trouver un technicien susceptible de redonner des couleurs à l’équipe. C’est ainsi qu’en 1976 débarque Barry Bridges, ancien attaquant de Chelsea et ex-international anglais (quatre sélections), nommé entraîneur-joueur. À l’époque, le championnat irlandais succombe à la mode des « guest players », ces joueurs prestigieux enrôlés pour quelques rencontres dans l’unique but d’attirer les foules et d’accroître l’aura des clubs. Les Saints ne dérogent pas à la règle et Bridges use de son influence pour faire venir quelques noms ronflants. Terry Venables, ex-coéquipier de Bridges à Chelsea et figure du football anglais, débarque ainsi à Dublin en 1976 pour une pige de trois matchs. On raconte que, fraîchement arrivé, il eut toutes les peines du monde à localiser le stade, errant dans le quartier et frappant aux portes des maisons alentour avant de finalement trouver son chemin.

Mais le véritable coup d’éclat de Bridges reste sans conteste la venue d’un certain Gordon Banks. Le mythique gardien anglais, champion du monde en 1966 et auteur de l’un des arrêts les plus célèbres de l’histoire face à Pelé, accepte de disputer un match sous les couleurs des Saints en 1977. L’occasion est belle pour le public dublinois, qui assiste à un derby face aux Shamrock Rovers. Malgré le poids des années, Banks prouve qu’il n’a rien perdu de son talent en réalisant un arrêt spectaculaire sur une frappe d’Eamon Dunphy. Un éclair de classe dans une décennie bien terne.

Les années 1980 : un lent réveil sous l’impulsion de Brian Kerr

Le début des années 1980 ne marque guère de rupture avec la décennie précédente. Les Saints stagnent dans l’anonymat du championnat, enchaînant les saisons sans éclat. Une lueur d’espoir surgit toutefois en 1981-82, avec l’éclosion d’un jeune défenseur central au talent hors normes : Paul McGrath. Véritable roc, il illumine une équipe en pleine torpeur et, malgré une saison décevante collectivement, il est élu meilleur joueur du championnat. Son talent ne passe pas inaperçu et Manchester United s’empresse de le recruter, offrant ainsi au St Patrick’s Athletic un véritable bol d’air financier. Le transfert de McGrath permet au club de renflouer ses caisses à plusieurs reprises : une première fois par la vente elle-même, une seconde grâce à un match de gala organisé contre Manchester United, et enfin une troisième par le biais d’une prime versée lors de sa première sélection en équipe nationale irlandaise en 1985.

Les résultats, eux, restent en berne. Les trophées passés prennent la poussière, et l’horizon semble toujours bouché. C’est dans ce contexte morose que Brian Kerr est nommé entraîneur au cours de la saison 1986. Un choix qui s’avérera décisif. Dès son arrivée, le technicien imprime sa patte et parvient à stabiliser l’équipe. Pour sa première saison complète sur le banc, il mise sur un effectif mêlant habilement jeunes talents ambitieux et vieux briscards du championnat. Son audace paie presque immédiatement. Lors de la saison 1987-88, les Saints sont à deux doigts d’un exploit retentissant. Le titre se joue lors de la dernière journée dans un scénario de finale à Dundalk. Un seul scénario est possible : une victoire à Oriel Park, car Dundalk possède un point d’avance. Tout semble sourire aux rouges et blancs lorsque Paddy Dillon fait trembler les filets (à 11:50 dans la vidéo)… mais l’arbitre anéantit leurs espoirs en sanctionnant une « Hand of God » bien moins légendaire que celle de Maradona. Dillon est exclu, le but annulé, et les Saints, réduits à dix, doivent se contenter d’un match nul insuffisant. Une déception immense mais qui a au moins le mérite d’offrir au club une nouvelle campagne européenne en Coupe de l’UEFA. Une fois encore, l’aventure s’arrête dès le tour préliminaire face aux Écossais de Hearts, cette fois sur un cinglant 0-4 en cumulé.

Brian Kerr

Pour la saison 1989-90, le St Patrick’s Athletic retrouve un vieux démon : l’exil forcé. Richmond Park est en rénovation et l’équipe doit une fois de plus délaisser son enceinte historique au profit d’Harold’s Cross, un stade habituellement dédié aux courses de lévriers. Pourtant, cette contrainte n’entrave en rien la montée en puissance du collectif de Kerr. Le club enrôle un jeune milieu prometteur, Paul Osam, qui devient rapidement l’un des fers de lance du projet. Et cette fois, l’histoire prend une tournure heureuse : 34 ans après son dernier sacre, St Patrick’s Athletic est à nouveau champion d’Irlande ! Dans cette quête du Graal, Mark Ennis se distingue en terminant meilleur buteur du championnat, une première depuis… Shay Gibbons, le héros des années 1950. Un retour au sommet qui porte l’empreinte de Brian Kerr, architecte patient et visionnaire d’un renouveau tant attendu. Pourtant, une étrange malédiction semble planer sur le club : une fois encore, les Saints décrochent un titre loin de Richmond Park. De quoi faire passer leur stade fétiche pour un talisman maudit…

No money, no party

Ce titre de champion d’Irlande, remporté en 1990 après 34 ans d’attente, offre enfin aux Saints l’opportunité tant convoitée de disputer la Coupe des clubs champions européens. Mais le choc avec le haut niveau continental est brutal : un cinglant 4-0 encaissé à Bucarest face au Dinamo, suivi d’un match nul (1-1) à Dublin, met prématurément fin à leur aventure. Malgré tout, l’excitation d’une première participation européenne et la fierté du sacre national masquent, un temps, une réalité plus sombre.

Les finances du club sont exsangues. À peine le trophée soulevé, la direction se voit contrainte de vendre ses meilleurs éléments pour assurer la survie de l’institution. Pire encore, la rénovation de Richmond Park tarde et l’enceinte mythique du club, loin de se transformer en stade moderne, sert temporairement… de pâturage à des moutons. À l’été 1992, le St Patrick’s Athletic frôle même la faillite, n’échappant à la disparition que grâce à un élan de solidarité sans précédent. Un groupe d’investisseurs locaux, parmi lesquels Brian Kerr lui-même, et des supporters passionnés parviennent à réunir 82 000 £ (environ 250 000 € en 2025) pour sauver le club. Certains fans iront jusqu’à hypothéquer leur maison pour contribuer au renflouement. En 1993, pour apurer une nouvelle fois ses finances, le club est contraint de vendre sa pépite Paul Osam… aux rivaux honnis des Shamrock Rovers. Seule lueur d’espoir : la rénovation a eu lieu, le St Patrick’s Athletic retrouvera enfin son écrin de Richmond Park. Un retour que les supporters espèrent définitif, eux qui, après tant de déménagements forcés, pestaient contre l’exil, souvent pour une raison sacrées en Irlande : « La bière avait un goût bizarre ailleurs… »

Mais ces difficultés financières ne datent pas d’hier et avaient déjà conduit les Saints à s’engager dans des matchs amicaux pour le moins surprenants. En 1989, une sélection des meilleurs joueurs du St Pat’s et des Bohemians, un autre club dublinois, s’envole pour la Libye afin d’affronter Al-Ahli SC à Benghazi devant plus de 50 000 spectateurs. Une rumeur jamais confirmée prétend même que le colonel Kadhafi assiste à la rencontre. Les clubs, éliminés prématurément de la Coupe d’Irlande, avaient vu dans ce « week-end en Libye » une occasion inespérée de renflouer les caisses, comme le confiera plus tard Brian Kerr : « L’argent proposé représentait un mois de salaire pour nos joueurs… et nous en avions vraiment besoin. »

Problème : de nombreux spectateurs libyens sont persuadés qu’ils assistent à un match de l’équipe nationale irlandaise, tout juste sortie d’un Euro 88 prometteur. Rapidement, la controverse enfle, alimentée par les liens politiques et économiques entre la Libye et l’Irlande, notamment le financement de l’IRA par Tripoli et certains accords commerciaux sur l’industrie du bœuf. Mais le véritable casse-tête survient au moment de quitter le pays. Au lieu de la somme convenue en dollars, les joueurs et dirigeants reçoivent leur rémunération en dinars libyens, une monnaie inexportable et pratiquement sans valeur hors des frontières. Ce micmac financier culmine avec une scène surréaliste : des membres de la délégation irlandaise sont contrôlés dans un bar clandestin, tard dans la nuit, en possession d’un sac rempli d’argent liquide. L’altercation avec la police libyenne manque de tourner à l’incident diplomatique et une arrestation est évitée de justesse. Finalement, l’argent est changé et les salaires payés, mais le voyage laisse un goût amer. Cette aventure rocambolesque fera d’ailleurs l’objet d’un documentaire, « In League With Gaddafi », diffusé par la télévision irlandaise.

La « fausse » sélection irlandaise face aux Libyens d’Al-Ahli…
…et sur les écrans de la Raidió Teilifís Éireann.

Et ces périples exotiques ne s’arrêtent pas là. Quelques semaines après leur sacre de 1990, les Saints s’envolent pour Tunis, où ils affrontent la sélection tunisienne (0-0). Peu après, direction Téhéran pour une double confrontation : une défaite (0-2) contre Persepolis, puis un nul face à l’équipe nationale iranienne. L’épisode se conclut en 1991 par un ultime match face à la Finlande à Dublin, où le St Pat’s s’impose 2-0, devenant ainsi un club invaincu contre des sélections nationales !

Le retour en grâce

Après ces années de galère, le vent tourne enfin. En 1995, un nouvel investisseur reprend les rênes du club, bien épaulé par Pat Dolan, ancien joueur des Saints devenu un redoutable homme d’affaires. Brian Kerr, resté fidèle au poste, parvient à rapatrier Paul Osam, dont l’expérience aux Shamrocks a été gâchée par une grave blessure. Il retrouve la recette du succès et, en 1996, exorcise les démons du passé : St Patrick’s Athletic décroche à nouveau le titre de champion à Dundalk, sur ce même terrain où ils avaient échoué en 1988. Mais surtout, un autre symbole est brisé : pour la première fois depuis des décennies, le club remporte un titre en jouant dans son propre stade. Richmond Park n’est plus maudit ! Brian Kerr, architecte de ce renouveau, devient plus qu’un entraîneur : une légende vivante du St Pat’s. Pourtant, à la surprise générale, il quitte le club en pleine saison 1996-97 pour prendre la direction technique de la Fédération irlandaise. Quelques années plus tard, il deviendra même sélectionneur national (2003-2005).

Richmond Park

Son successeur est tout aussi inattendu : Pat Dolan, le commercial du club, reprend les rênes de l’équipe. Âgé de 28 ans, il est le plus jeune entraîneur de l’histoire du championnat. Inspiré par les méthodes de Kerr, il mise sur un effectif mêlant jeunes prometteurs et joueurs aguerris. Son pari est payant : dès la saison 1997-98, St Patrick’s Athletic est de nouveau sacré champion d’Irlande. Une consécration obtenue dans des circonstances rocambolesques : ne maîtrisant plus leur destin, les Saints décrochent le titre grâce à une improbable défaite de Shelbourne, qui n’avait pourtant besoin que d’un petit point… Cette victoire ouvre les portes d’un barrage de prestige en Ligue des Champions 1998-99 face au Celtic Glasgow. Loin d’être intimidés, les Pats arrachent un nul héroïque (0-0) à Celtic Park. Mais l’exploit restera inachevé : au retour, ils s’inclinent 0-2 à Dublin, mettant un terme à leur rêve européen. Dans la foulée, Dolan, fidèle à son pragmatisme, choisit de quitter son poste d’entraîneur pour se concentrer sur son rôle de directeur du football. C’est alors que Liam Buckley, ancien adjoint de Kerr, prend les commandes. Avec lui, les Saints atteignent encore le sommet : un deuxième titre consécutif avec, pour la première fois de leur histoire, un sacre célébré et gagné sur le terrain de Richmond Park, au cœur d’Inchicore.

Pat Dolan

Entre gloires et renaissances (2000 à nos jours)

Les années 2000 ne verront pas les Saints confirmer leur forme des années précédentes. Buckley est viré début 1999 et Dolan reprend les rênes jusqu’en 2003. En 2002, ils se voient sanctionner de 15 points, la faute à la convocation de joueurs non qualifiés. Malheureusement pour eux, la saison est de très bonne facture, et ils auraient été champions sans cette déduction. Les années suivantes vont osciller entre ventre mou et places d’honneur jusqu’au retour de Liam Buckley au poste d’entraîneur en 2012. L’homme du dernier sacre opère un fameux coup de balai puisqu’il se sépare d’une bonne dizaine de joueurs avant d’en recruter tout autant, dont les prometteurs Chris Forrester et Christy Fagan. Sa première saison est encourageante avec une 3e place et une nouvelle défaite en finale de la Coupe. L’année suivante en 2013, le coach et sa jeune équipe confirment les espoirs placés en eux et le club décroche le titre (le 8e et dernier en date).

Buckley et le trophée de champion.

En 2014, le St Pat’s renoue enfin avec le succès en FAI Cup, un trophée qui lui échappait depuis… 53 ans ! La victoire est acquise grâce à un doublé de Fagan, élu meilleur joueur du championnat cette année-là et qui entre pour l’éternité dans le cœur des supporters. Cependant, une nouvelle fois, les années qui suivirent les succès sont plus irrégulières, avec une absence prolongée de titres majeurs. Ce n’est qu’en 2021 que le St Patrick’s Athletic retrouve les sommets, en remportant à nouveau la FAI Cup après une finale haletante face aux Bohemians gagnée aux tirs au but. Cette victoire marque un nouveau cycle pour le club, qui confirme ensuite sa compétitivité en remportant à nouveau la coupe en 2023, encore face aux Bohs.

À travers les décennies, le St Patrick’s Athletic FC s’est imposé comme l’un des piliers du football irlandais, devenant le 5e club le plus titré du pays, oscillant entre périodes de gloire et moments de doute, mais toujours animé par une ferveur inébranlable. Des premiers triomphes des années 1950 à la conquête du titre de 2013, en passant par les défis financiers et les exils forcés loin de Richmond Park, le club a toujours su se relever, porté par une communauté de supporters fidèles et passionnés. Si les Saints ont connu des traversées du désert, leur capacité à renaître et à se réinventer témoigne d’une force inspirante. Les sacres en Coupe de 2021 et 2023 ont marqué le retour en grâce d’une institution qui refuse de sombrer dans l’oubli. Des figures emblématiques comme Shay Gibbons, Paul McGrath, Paul Osam ou encore Brian Kerr ont façonné l’âme de ce club, et continuent de le faire vivre comme Chris Forrester. Aujourd’hui, c’est l’ancien sélectionneur national Stephen Kenny qui est chargé de ramener le championnat à Richmond Park. Le chemin sera peut-être long, mais à Inchicore on sait attendre et résister, ensemble, toujours. « Ní neart go cur le chéile » : il n’y a pas de succès sans unité.

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39 réflexions sur « Ballade irlandaise (1) »

  1. L’un ou l’autre noms que je m’étonne de connaître, au contraire de ce Noel Campbell qui, lui, ne me disait absolument rien.

    Il me fait toutefois penser à un autre Irlandais qui évolua aussi en RFA, Alan Clarke, un de ces moult joueur UK dont je me demandai jadis comment ils avaient atterri à Berlin. Et dans l’autre sens : souvenir que Uwe Seeler joua en Irlande, lui!

    Je sens qu’on va être nombreux à y aller de nos souvenirs.. Perso, les meilleurs que j’aie ramenés d’Irlande sont probablement du côté des îles Arran et de Clifden. Et concernant les Arran, je garde en particulier un souvenir très fort de Dun Aengus ; l’Irlande n’est pas ce que je préfère parmi les îles britanniques, mais ce site-là m’avait vraiment paru extraordinaire, antédiluvien autant que bravache. Peu de choses m’ont autant marqué que cet endroit surpuissant qu’on pourrait croire issu d’un scénario de fantasy.

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    1. J’ai découvert Campbell aussi via les recherches, je ne connaissais pas avant. Tu connaissais qui parmis les noms cités ? Aussi bizarre que cela soit, je n’ai encore jamais mis les pieds en Irlande. Je ne saurai dire pourquoi j’attends toujours le bon moment pour aller y passer au moins deux bonnes semaines. Pas envie d’être frusté par un weekend de deux jours à Dublin ou quelque chose du genre. Tu m’étonnes que ça devait être magnifique, difficile de faire plus sauvage et désolé que ces îles irlandaises de l’ouest.

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      1. Les îles Arran son tres chouettes même si, avis perso et puisque j’y pense par homonymie, elles ne valent par exemple pas l’île d’Aran en Ecosse.

        Pour en sortir : privilegier si possible le ferry qui retourne non pas dans le Connemara mais vers le Burren, en passant devant les falaises de Moher.. ==> Top.

        Si tu n’as que quelques jours, les monts de Wicklow sont deja tres bien.

        Idem mais facade ouest : la peninsule de Dingle est un excellent condensé d’Irlande.

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      2. De Moher, je n’ai pratiquement rien vu : un brouillard à couper au couteau. La balade au bord du précipice était impressionnante, non pas en raison du vide, mais à cause de l’absence de visibilité qui était flippante.

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      3. Depuis l’un des ferries, il m’a fallu deux passages pour en voir quelque chose, car probablement le meme genre de purée de pois que toi la premiere fois.

        Une ex, ce fut bien pire : tempete en mer, et le bateau qui, à l’en croire (elle en avait vu d’autres, une folle – traverser en solo l’Asie à velo, ce genre de trucs), se rapprochait dangereusement des falaises… ==> Je ne sais pas ce qui est le pire en pareil cas, voir ou ne pas voir 🙂

        Le chauvinisme peut etre irlandais!, car déjà lu et entendu qu’ils affirmaient que c’etaient les plus hautes falaises d’Europe, hum : je crois que votre cap Canaille aurait 2-3 mots à leur dire. Ou techniquement plus d’un fjords en Norvege.

        Meme ordre d’idees : le certes tres estimable Shay Givens est le meilleur gardien mondial de son temps.. C’est quand meme des super-insulaires, hein.

        Le Burren est peu coté, mais moi j’avais adoré.

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      4. Ca n’allait pas beaucoup plus loin que des noms, mais Brian Kerr et Jimmy Dunne : déjà entendu.

        Et Liam Buckley, bien sûr. Bien que je n’en garde pas un souvenir impérissable, j’étais plus impressionné par le Congolais Daddy Mutombo……….lequel était pourtant directement issu du 5ème ou 6ème échelon du football belge, et serait cependant énorme lors du double-exploit face à l’AC Milan!

        L’illustre inconnu Mutombo avait pour adversaire direct un certain..Paolo Maldini…….et se fendit cependant de l’un ou l’autre assists, c’était juste incroyable – je ne sais plus quelle manche j’ai vue live, les deux matchs peut-être en fait??, bref : ce mec sorti du fin fond des divisions inférieures belges, qui mettait soudain à mal la défense du Milan, c’était quelque chose.

        Veyt et Desmet y gagnèrent bonne part de leur sélection pour la WC86..puis même un juteux contrat à Lille pour le second nommé. Y avait d’autres bons joueurs dans cette équipe : De Coninck, Görtz, Millecamps………..et mon préféré : Alain Van Baekel, il était vraiment bon lui et fit ensuite un malheur à ses débuts à Anderlecht.

        Lors de cette qualif (méritée!) face au Milan, en 1/4 de C3, je doute même qu’il y eût une dizaine de joueurs pleinement professionnels dans le groupe de Waregem. Et en demi face à Cologne : une classe d’écart mais souvenir de matchs néanmoins bizarroïdes.

        Passé par Saint-Patrick, je relève un autre nom que je connaissais : l’attaquant Kevin Doyle.

        Combien de parties y aura-t-il? Sera-t-il question de la harpe de Brian Boru?

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      5. Quoique affublé du 9, Van Baekel était le meneur de Waregem. Il est ici celui qui tire sur l’angle du but puis qui obtient un péno.

        Le 4, De Sloover : ce joueur qui mit un terme à la carrière de Lozano, et le paya pendant tout le reste de sa carrière. pas sûr qu’on aurait fait tel radmam si Lozano n’avait pas été un joueur d’Anderlecht.

        A la revoyure, compos : pas de Buckley ni à l’aller ni au retour.. ==> Blessé…….ou pas vraiment une priorité?? Le Brésilien Da Silva et, surtout, le futur international ouest-allemand Armin Görtz étaient incontournables, possible que Mutombo lui fût tout bonnement préféré aussi.

        Le match à Milan (qualif mille fois méritée..mais le péno est un peu borderline peut-être) : https://www.youtube.com/watch?v=64KupTrMA4o

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    2. Rayon souvenir, j’ai beaucoup aimé la traversée du pays d’Est en Ouest par de petites routes, des kilomètres et des kilomètres sans croiser âme qui vive. C’était au printemps, hors scolaire, le pied. Et tout au bout, Roundstone et quelques autres villages ouverts sur l’océan.

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      1. Ah ben on a fait les mêmes coins.

        Objectivement, Roundstone est plus joli que Clifden, avec ses Twelve Bens en toile de fond. Mais j’étais mieux accompagné à Clifden et ses faux airs de petite Suisse.

        De maniere generale, c’est ces micro-ports qui sont les plus sympas, avec un pub et pas grand-chose d’autre, tres bien. Hors-saison c’est top.

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      2. Me concernant jamais vu la moindre ânesse là-bas : des moutons et des murs de pierres par contre, ça oui et ad nauseam. Et des chevaux à l’intérieur des terres.

        Plupart du temps eu comme un goût de trop peu sur place, l’Ecosse par exemple me parait beaucoup (beaucoup) plus belle, mais cet article me rend nostalgique quand même. Ce qui est fort alors que son auteur n’y a jamais mis un pied 🙂

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      3. Pour être nostalgique d’un lieu, mieux vaut sans doute n’y avoir jamais mis les pieds. Le fantasme est alors total. Une fois le lieu démystifié, la destruction du fantasme est terrible.

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      4. Je n’avais évidemment pas la référence.

        En fait d’ânesse : avec une trop belle pour moi! Mais le hasard avait bien fait les choses : logés dans un B&B miraculeusement resté libre sur la célèbre Sky Road, alors qu’il faisait déjà noir et que j’avais pas de plan B ni de plan du tout.. En hiver.. Pour le même prix, ma parade amoureuse aurait fait plouf.

        Rétrospectivement, c’est quand même bien chouette comme coin.

        Par contre, dernière fois que j’y suis retourné (il y a une vingtaine d’années, avant les crises de toutes sortes) : les prix de l’immobilier étaient déjà devenus totalement délirants, ce que je ne m’expliquais pas vu l’espace à disposition…….. Quid maintenant? Et idem pour y repartir séjourner ; l’envolée des prix n’a pas dû se calmer avec leur boom économique.

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  2. « Il n’y avait sans doute pas de jour plus approprié que celui de la Saint-Patrick »
    Pour beaucoup, le 17 mars est effectivement le jour de la Saint Patrice (en français). Mais pour moi, égocentrisme oblige, c’est surtout le jour de ma naissance… Je tenais à le rappeler.

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  3. J’ai pas encore tout lu, je fais une pause. Mais c’est vachement bien raconté. Bravo !

    L’Irlande est sans doute la terre qui, du point de vue français, offre le meilleur ratio proximité/exotisme. Tout y semble si bizarre et différent, et pourtant ça n’est même pas à deux heures de vol de Paris…

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  4. Un petit mot sur Liam Buckley, carrière de bourlingueur entre 78 et 98, il passera une courte période en MLS à Vancouver, il passera des tests à Hannovre, devient international en 84 et signe dans la foulée en Belgique, pas loin de chez moi, à Waregem. Il reste une saison la bas qui verra aller le club jusqu’en demie finale d’Europa league. Il est signé dans la foulée de sa saison par Santander ou il restera une petite saison, faisant ses débuts lors d’un match au Camp nou où coté Barcelonais, Mark Hugues et Gary Lineker faisaient aussi leurs débuts.

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  5. Formidable papier, très riche et qui mérite une relecture.
    Je regarderai le docu sur le match en Libye, organisé manifestement quelques mois après Lockerbie. J’imagine qu’il y eut quelques cas de conscience sauf à ce qu’en effet il y ait un lien avec l’IRA.

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    1. Paradoxalement, trop jeune, j’ai dû chercher ce qu’était Lockerbie. Du coup je découvre et en effet aller en Lybie peut de temps après ça n’a pas dû apaiser les tensions entre UK et Irlande.

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  6. Comment expliquer que McGrath n’obtienne sa première sélection qu’en 1985 ? Il est à MU depuis 3 ans et je vois qu’il a même été élu meilleur joueur du championnat d’Irlande en 1982… Problème de nationalité ? Forte concurrence ? Etonnant, non ?

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    1. Hé bien parce que l’Irlande avait de bons défenseurs ces années là avec : David O’Leary (Arsenal) , Mark Lawrenson (Liverpool) , Kevin Moran (Manchester United) et Mick McCarthy (Manchester City). Ce qui fait que McGrath n’a pas eu besoin d’être appelé tôt  » à la va vite » après son explosion aux Pats puis à ManU. Il dira même que lors de sa première cap (contre l’Italie à Dalymount Park) il était pétri de stress et ne s’attendait pas à être appelé ni même monter en cours de jeu. Tellement stressé qu’il ne pensait pas qu’il pouvait rester à l’hôtel après le premier entraînement des joueurs. Résultat il est retourné dormir chez sa mère et ils ont du envoyer un taxi pour le ramener à l’hôtel ! Concernant le match, il rentre en jeu après la blessure de Lawreson, fait un match de patron et devient indéboulonnable.

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    1. Et passé par Arsenal aussi. Ce qui est une connection puissante autant qu’intriguante, car ca fait un bail qu’Arsenal est un club des plus institutionnels..et donc des plus Ireland-friendly aussi, c’est un peu cocasse.

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  7. Quel article !

    Si toute la série est de ce niveau, on va galérer à se mettre au niveau 😅

    D’un point de vue plus personnel, voir être mentionner la superbe ville de Cork (qui va réapparaître sur Pinte 2 Foot dans quelques semaines), l’immense Paul McGrath et Manau me remplie d’une joie très communicative.

    Merci pour ce véritable bonbon qui annonce du très bon !

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  8. Concernant Bryan Kerr, quand il part à la FAI, il devient vite par la suite entraîneur des jeunes des -16 aux -20 ans et va réaliser les meilleurs résultats de l’histoire de la sélection irlandaise. À la coupe du monde des -20 en 97 en Malaysie il emmène l’Irlande à la 3e place du tournoi avec Damien Duff en révélation de l’équipe et du tournoi. Enfin l’année d’après il gagne l’EURO espoirs avec les -16 et les -20 ! Avec des Richard Dunne, John O’Shea et Robbie Keane. Ce sont ces bons résultats qui lui offriront la place de coach de l’équipe première en 2003 bien que l’aventure fut plus décevante à ce niveau.

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  9. Une anecdote que je n’ai pas placée dans l’article, pendant la période de crise financière ou Kerr entraîne les Saints, il raconte que le club dut sa survie aussi grave à une bouteille de coca. Un fan de Waterford lui aurai une fois rapporté une bouteille de coca géante vide, bouteille qu’il fit placer dans son bureau et où il glissera des pièces de temps à autre, pareil pour les personnes passants dans son bureau désirant faire un petit don au club ou alors de manière plus imposée en guides de sanctions pour écarts de conduite des joueurs. Tout cela pour dire, un début d’été ou le club n’avait plus d’argent pour recruter quelques joueurs, ils se seraient des presque 5000£ que contenait la bouteille géante pour pouvoir assurer quelques prêts et semaines de salaire, ce qui permit d’aligner une équipe assez compétitive et éviter la descente.

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  10. Je ne suis allé qu’une semaine en Irlande et c’est clairement la meteo qui a fait notre périple. Après Dublin, on avait envie de découvrir l’ouest mais c’était le déluge. Finalement, on a mis Le Cap sur le nord. Belfast, la Chaussée des Géants et quelques bleds alentours. C’était pas ce que l’on imaginait de l’île mais je ne le regrette pas. Faudra que j y retourne pour découvrir les coins les plus sauvages.

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  11. Merci camarade, une bien belle série qui s’ouvre.
    Toujours eu une sympathie particulière pour l’Irlande.
    j’y suis allé également (en gros la demi-ronde côtière Dublin->Galway->Derry->Belfast-> Dublin), très beau pays, culture, gens, histoire, paysages, bières, … top !

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