1978 dans la banlieue de Buenos Aires… Kubala semble étranger à la scène. Pirri s’approchant, l’invectivant du poing. Retenu de commettre l’irréparable par quelques coéquipiers.
C’est que Pirri digère mal les critiques de la presse après sa prestation face à l’Autriche d’Herbest Prohaska. Il comprend dans le regard de son sélectionneur qu’il le tient pour responsable de l’échec. Kubala ne lui adresse plus la parole depuis lors. Lui le capitaine. Et semble clairement avoir pris parti pour le clan des Catalans.
Il règne une atmosphère paranoïaque et délétère dans cette Roja depuis son arrivée en Argentine. Improvisation fédérale. Lutte d’influence entre les joueurs. Choix calamiteux du camp de base, la tristement célèbre granja de la Martona que les joueurs rebaptiseront ironiquement la ferme laitière. Peinture fraîche. Nourriture infâme. Le froid polaire, l’équipe s’accrochant à la chaleur des bûches. L’ensemble constamment surveillé par des agents spéciaux argentins déguisés en paysan ou maçon.
Pour Pirri, la sentence tombe à quelques heures du match couperet face au Brésil. Il est sur le banc. Remplacé par le culé Antonio Olmo, un des héros de la qualification pour le mondial à Zagreb. Juan Manuel Asensi le supplée au capitanat. Son rêve mondialiste s’arrête net, après avoir attendu 12 ans pour y goûter à nouveau. Celui de l’Espagne ne se remettra jamais de l’incroyable raté de Cardeñosa face au Brésil.
Le capitaine du Real supplanté par celui du Barça ? A nouveau la sempiternelle lutte de pouvoir entre les deux mastodontes espagnols jouée cette fois-ci sur la scène du Rio de la Plata ? Pas tout à fait.
Pirri et Asensi sont amis. Comme Di Stefano l’était avec Kubala. Rivaux certes mais amis sincères sous les mêmes tempêtes. S’affrontant sans répit sur l’arène nationale. Partageant le fardeau d’une sélection en déliquescence depuis le titre à l’Euro 1964. Leurs trajectoires diffèrent pourtant.
Pirri, l’homme du quartier de Hadù à Ceuta, est né sous une belle étoile. Fort. Charismatique. Aussi à l’aise pour régner sur le milieu merengue qu’au poste de libero en fin de carrière, il incarne à merveille les valeurs de la Furia española immortalisée par les propos de Belauste lors des J.O d’Anvers. “A mí el pelotón que los arrollo. » ( « Passe moi le ballon que je les massacre ! » ) C’est l’homme sans douleur comme lorsqu’il défie Chelsea, en finale européenne, avec une fracture de la clavicule. Il étudie la médecine. Plait même aux starlettes de cinéma.
Asensi n’a pas les mêmes atouts. Le gamin d’Alicante n’est pas le plus élégant sur un terrain. Épaules voûtées. Grandes mâchoires. Cheveux longs dissimulant maladroitement une calvitie naissante, il compense son allure par un engagement sans réserve, une belle foulée et une frappe puissante. Il est l’homme dont on interroge le talent. Comme le fit son père avant son départ pour Barcelone. « Si vas a ir a Barcelona a hacer el ridículo, mejor te quedas en casa » (« Si tu vas à Barcelone pour te ridiculiser, tu ferais mieux de rester à la maison »). On a connu mieux comme encouragement…
Asensi va personnifier le Barça des années 1970. Plus que nul autre. Mais son nom disparaît étrangement des radars au moment de la distribution des prix. Le titre 1974, attendu depuis des lustres ? L’œuvre d’un numéro 14 batave. Le titre européen à Bâle ? Le courage de Hans Krankl revenu in extremis du chevet de sa femme accidentée. Un homme que l’on apprécie sans jamais idolâtrer.
Cette décennie 1970, plus marquée par les coups que les coupes pour l’Espagne, verra Pirri tenter de rattraper le train Neeskens. Asensi calmer les ardeurs de Migueli, autre Ceuti teigneux. Alignera les copas partagées jusqu’au petit matin en compagnie de Carles Rexach et Marcial. Du côté de la Castallena à Madrid, juste avant le retour des Catalans pour Barcelone. Se retrouver malgré l’animosité. Toujours… Trinquer à la tristesse de Katalinski. Trinquer au botellazo de Juanito.
Cousins d’Amérique
Heroica Puebla de Zaragoza. Ou Puebla pour les intimes. « Ville des anges » célèbre pour avoir vu la victoire de l’armée républicaine mexicaine sur les troupes françaises menées par le Général Lorencez. El 5 de Mayo 1862 . Date chère aux cœurs des chicanos ou des fans de l’art pugilistique.
Une douce frénésie s’empare de l’aéroport en ce mois de décembre 1980. Pirri et sa femme Sonia Bruno sont là. Prêts à accueillir l’arrivée d’Asensi. Mais que font ces vétérans de la Liga de l’autre côté de l’Atlantique ?
L’affaire débute le 16 août avec l’annonce tonitruante du quotidien ABC. Pirri au Mexique ! Car oui, el pulmón blanco vient de signer chez le modeste Club Puebla. Los Camoteros. Soit les vendeurs ambulants de patates douces grillées.
À 35 ans, celui qui avait refusé précédemment une lucrative offre du Cosmos, accepte celle du propriétaire de Club Puebla, Jorge Suárez. Les conditions sont idéales. Découverte d’un championnat passionné et certitude de pouvoir continuer ses études en médecine, en quatrième année. Ecoles de standing pour les enfants et bourse payée en dollars. Le Real accepte le rachat de sa dernière année de contrat. Suárez, dans son élan, cherchera à consolider la mística blanca de son mercato en courtisant le gardien Miguel Ángel ou le rude Goyo Benito. En vain…
Pirri n’est pas la première légende ibérique à défendre les couleurs de la Franja. Le grand buteur d’Oviedo et de San Lorenzo, Isidro Lángara dirigea l’équipe dans les années 50. Il s’occupe désormais des équipes de jeunes. Lángara ne cache pas son enthousiasme. « Pirri est un joueur avec une excellente condition sur le terrain, avec les ressources d’un professeur et qui gaspille l’énergie et l’enthousiasme comme s’il était un enfant. »
Pirri rejoint une équipe dirigée par l’ancien milanais Dino Sani, conscient des attentes inhabituelles pour un homme de son âge. Et inaugure son périple aztèque par une victoire sur le Cruz Azul du Superman Miguel Marín. Sani lui laisse une totale liberté de mouvement mais l’équipe est inconstante. Indestructible sur ses terres de l’Estadio Cuauhtémoc. Faiblarde à l’extérieur.
Le président Suárez continue de prospecter. Espérant secrètement que la présence de Pirri aimantera la venue d’un autre gros poisson. Et ce poisson portera le nom d’Asensi. La dernière saison d’Asensi au Nou Camp marque son indubitable chute dans la hiérarchie. Kubala ne compte plus sur lui.
Il n’est pourtant pas si vieux. 31 ans. Mais semble usé. Il écoute envieux et intrigué les récits mexicains de son ami Pirri. Et saute le pas… La direction catalane accepte l’offre de 50 millions de pesetas. Promettant d’organiser un match d’adieu en son honneur.
Asensi rencontre des difficultés à digérer le changement. Il est pataud dans ses initiatives et Puebla ne décolle pas. Mais il se nourrit chaque jour de son nouveau décor. La splendeur du volcan Popocatépetl, ombre majestueuse sur la ville. La quiétude du centre historique fait de petites places et d’édifices en pierre grise ou brique rose. Dévore le plat phare du coin. Le mole poblano, une sauce épaisse à base de cacao et riche d’une myriade d’ingrédients. Une vie douce sauf lorsqu’il voit Pirri s’enfuir subitement du restaurant lors de leurs retrouvailles en raison d’un énième tremblement de terre !
Cette saison 1980-81 laissera un goût d’inachevé. Une douzième place éloignée des places qualificatives pour le tournoi final. Le vieux Pirri s’offrant le luxe d’être le meilleur buteur du club. Un Asensi plus affûté sur la fin. Mais nos deux compères n’en ont pas fini avec leur terre natale…
Despedidas
Le mois de mai 1981 est l’occasion pour l’Espagne de célébrer ses anciennes gloires. Le Real organise une grande cérémonie le 15 en l’honneur de Pirri. La sélection espagnole affrontant le club hôte au Santiago Bernabéu. Pirri, Capitán blanco immaculé évidemment. Un stade comble comme le soulignera Marca avec sa une « 90 000 con Pirri ». Ce dernier acclamé à chaque prise de balle. Un Pirri en pleurs pour son dernier bal madrilène…
Le 24 mai, du côté de Barcelone, l’ambiance est bien différente. Le matin même, la Banque centrale est prise d’assaut et 300 personnes sont retenues en otage. Pendant 37 heures. Pour des raisons loin d’être élucidées de nos jours.
Et s’il était besoin d’en rajouter, le Barça n’a pas tenu ses engagements. Asensi n’a jamais reçu l’enveloppe promise pour l’organisation de la soirée d’adieux. Et son beau-père doit assurer lui-même la location du stade ainsi que la promotion de la rencontre auprès des médias locaux ! Ils sont « uniquement » 40 000 personnes à garnir l’enceinte du Nou Camp ce soir là. Préoccupés. Ailleurs… Dont Cruyff venu de Levante. 40 000 à toiser l’ennemi Pirri, le brassard de Puebla au bras. A voir Asensi embrassant sa fille dans un stade qui ne sut jamais en faire son fils préféré…
L’acte final se jouera à Puebla deux mois plus tard. La Roja, en préparation pour son mondial à domicile, prend un bain de soleil au Mexique. Asensi, Pirri mais aussi Lángara ou Angel Zubieta sont invités à l’ambassade espagnole à Mexico DF. L’ambiance est détendue. La Roja vient de battre le Mexique 3 à 1. Il reste encore un match à jouer face au Puebla de Pirri et Asensi.
Santamaría décide d’offrir du temps de jeu aux habituels remplaçants. Les Santillana, Urriti ou Enrique Montero le virtuose du Sevilla FC. Ceux qui joueront ce match ne gagneront pas des points auprès de leur sélectionneur.
Mauvais placement. Manque d’envie flagrant. Technique balbutiante. La Roja est baladée par Pirri et sa bande. L’ancien betico Hugo Cabezas ouvre le score. Par la suite, c’est un Pirri rajeuni qui part de son propre camp, place un une-deux fulgurant avec le brésilien Muricy Ramalho avant de fusiller Urriti ! 2 à 0 pour Puebla. La réduction du score en fin de match ne changera rien. Santamaría est furieux. Mais ce n’est rien en comparaison de Pirri qui fustigera l’attitude déplorable de la Roja dans la presse. N’hésitant pas à traiter un compatriote de sin vergüenza. De vaurien…
La Vengeance du serpent à plumes
Pour la deuxième saison de nos Espagnols au club, Jorge Suárez le président persévère avec un recrutement venu de Liga. Santiago Idígoras, l’attaquant moustachu de la Real Sociedad est annoncé. Tandis que Joaquim Rifé, l’ancien coach d’Asensi au Barça prend la relève de Sani.
Le choix d’Idigoras de quitter la Real fraîchement championne d’Espagne interpelle. Il a seulement 28 ans. Le public d’Atocha l’a certes pris en grippe mais c’est surtout le souffle d’une jeune pousse du nom de José María Bakero qui le conduit vers la sortie. Bakero, un autre qui passera par Puebla… Le Brésilien Muricy Ramalho complète l’arsenal offensif.
Puebla lutte toute la saison pour atteindre le top 8. Excelle en attaque grâce au trio Asensi- Idígoras- Muricy. Mais la défense est perméable et le gardien Moy Camacho impuissant. Pirri, blessé, regarde la moitié de la saison du banc. Utilisant son temps libre à exercer ses dons de praticien sur les muscles endoloris de ses coéquipiers.
La Franja est capable dans un bon jour de s’offrir le scalp de l’Atlante de Cabinho et du Ratón Ayala. De faire baisser pavillon au portero de la selva Pablo Larios de Zacatepec. D’humilier les colchoneros d’Hugo Sanchez en tournée. Pour inévitablement s’écrouler face à de modestes écuries. Une dixième place. La liguilla se verra à nouveau à la télévision.
1982 est une année de grave crise financière pour le Mexique. Le peso connaît une dévaluation record et les salaires des espagnols indexés sur le dollar ne sont plus garantis. Le 17 juillet, la direction du club annonce le souhait de déménager le Club Puebla du côté Veracruz. Telle une vulgaire franchise de sport américain… La vente ne sera évitée de justesse que par l’intervention du gouverneur de l’état.
Malgré des résultats modestes, Asensi et Pirri ont laissé un bon souvenir à Puebla. Et ironie du sort, c’est la saison de leurs départs qui voit le premier titre de champion des Camoteros. Menés par le brésilien Muricy.
Pirri et Asensi se laissent bercer un temps par les sirènes d’Oaxtepec. Mais Pirri se ravise. Le rideau se baisse. À 37 ans. Asensi vivra sa dernière valse sans lui.
Les jours de Clásico, loin du tumulte médiatique, Pirri et Asensi aiment à se retrouver. A feindre l’amnésie lorsque l’on aborde telle défaite. A bomber le torse sur tel acte de bravoure. Pour trinquer un peu à leur gloire passée. Et ce qu’il en reste. À la santé de Puebla et de Napoléon III.
Magnifique… pinte de foot au réveil… pinte de foot au coucher… je vais finir ivre de souvenirs qui ne sont pas les miens!
Joliment dit absolument !
Purée ! si on arrive à faire de Pâté en croûte un poète, c’est qu’on est vraiment sur le bon chemin…
Ne jamais juger quelqu’un à sa croûte…
Enfoireyyy !!!!
Merci Khia pour cette belle histoire.
Khia, un sacré maillon de la chaîne P2F, au four et au moulin on peut le dire avec ici, la main à la patte concernant la rédaction et là… l’implication invisibile propre à tout homme de l’ombre, à toute « Star des coulisses », dans l’aide au développement de ce site.
Muchas Gracias Amigo!
On t’attend au comptoir Calcio!
Quel article ! Félicitations Khia !
Un grand merci pour cet hommage à des joueurs majeurs de l’Espagne des années 1970, pas les plus séduisantes pour le grand public. Une période de violence sur les pelouses (tu cites Migueli mais Pirri jouait également très dur), peu de satisfactions en Coupe d’Europe et une seule participation quelconque à la CM 1978 dans les conditions que tu évoques.
Asensi mal aimé du Camp Nou ? C’est vrai mais ce n’est rien en comparaison de son coéquipier Clares, avant-centre inélégant à l’efficacité variable. Un souffre-douleur. Une honte. De toute manière, à partir de 1973, Cruyff capte toute l’attention. Le public catalan exige que tous les ballons passent par lui, toute transmission tardive vers le Néerlandais provoque des sifflets, comme si les sujets du roi venus au théâtre rappelaient à sa cour ce qu’est l’étiquette. Le monarque lui-même lève les bras au ciel quand le ballon ne lui parvient pas, déclenchant instantanément la colère des tribunes vis-à-vis du joueur irrespectueux des règles non écrites. Combien de fois Asensi et son physique de serf en a-t-il été victime ? Malgré tout, le fait que tu parles de lui aujourd’hui, quarante ans après sa fin de carrière, sur un site français, est la démonstration éclatante de l’importance du gamin d’Elche. Je m’égare, merci encore chef !
Nan mais égare-toi encore un peu, ça ira très bien.
Merci Verano. La défiance que dût combattre Asensi durant sa carrière se retrouve dans le choix du titre de sa biographie. » Asensi. Papá, misión cumplida: No hice el ridículo’. En réponse évidemment au message d’adieu paternel.
Je ne peux l’affirmer mais le vieux que l’on voit sur la photo entre Pirri et lui, lors du Puebla- Barça, est peut-être son pere.
Difficile à dire. On trouve pas mal de photos du père Asensi..jeune!, du temps de sa carrière footballistique..
Mais vieilli, et puis surtout avec ces lunettes et ce béret..??
Ce monsieur sur la photo me paraît toutefois faire trop vieux (je lis que le père Asensi était né en 1919).
La couverture du bouquin. Avec un magnifique Del Bosque chevelu. Et moustachu évidemment.
https://www.todocoleccion.net/libros-futbol/asensi-papa-mision-cumplida-no-hice-ridiculo-toni-cabot-f-c-barcelona-juan-manuel~x320154693
magnifique la photo de couverture du bouquin!!
muchas gracias por este articulo sobre jugadores que conocía poco o que había olvidado! si hablo castillano ja ja ja la selection espagnole même en 82 c’est un peu uniquement une espèce de furia comme principe de jeu, j’ai souvenir qu’en 82 l’équipe est décevante de ce que j’ai lu et vu même si en 84 ils sont pas mal
une question la grande real sociedad (qu’éliminera Bordeaux dans sa campagne de 85) du début des 80’s a t elle fait évoluer un peu les choses outre Pyrénées dans le jeu proposé?
@sainte, c’est l’Athletic que sort Bordeaux. 3-2 à Lescure et un héroïque 0-0 à San Mamés.
Un autre qui n’eut pas toujours facile :
http://hemeroteca.mundodeportivo.com/preview/1968/01/13/pagina-27/940685/pdf.html
Superbe récit Khia. A titre personnel, je ne connaissais pas les deux joueurs et cette histoire commune en fait une belle découverte.
Merci et bonne continuation camarade
Merci l’ami. La décennie 70 est la plus médiocre en terme de résultats pour l’Espagne. Éliminée en qualifs pour le mondial 70 par la Belgique de Van Himst. De celui de 74 par la bande à Djazic. Un quart de l’Euro 76 où la Roja ne vit pas le jour face à la RFA. Sans oublier le piteux mondial argentin.
Au niveau club, ce n’est guère mieux. Un seul titre, le 1er du Barça en 79. Meme si l’Atletico peut avoir de gros regrets sur la 1ere manche face au Bayern en 74.
Mais à l’instar de l’Italie de l’époque, sans les étrangers ramenés au pays par le pognon, ses clubs n’avaient plus le poids des années 50 ou mi-60′.
Meme si l’Espagne se décide à recouvrir ses portes aux étrangers beaucoup plus tôt que l »Italie.
1er titre du Barça pour ceux qui ne considèrent pas la Coupe des villes de Foire comme une véritable coupe d’Europe. Mais ce n’est pas mon cas.
D’autant apprécié que j’ignorais tout de leurs années mexicaines, merci.
Je connais mal ces deux joueurs, mais le portrait que tu brosses de leurs forces/failles me paraît vraiment réussi : assurance féroce chez Pirri, dévouement brin complexé chez Asensi.. Tout cela est palpable dans les matchs..sauf que je n’ai jamais vu de match d’Asensi avant que Cruyff n’y débarquât – lequel n’était pas le meilleur voisinage possible pour la confiance en soi, l’épanouissement personnel..
Je n’avais jamais su ni remarqué que Pirri jouât blessé contre Chelsea en 71??
La finale de c2 1971 face à Chelsea se joue en 2 manches. Pirri se casse la clavicule face à la bande du conspué Bonetti et du terrible Ron Harris lors du match nul qu’arrache à la dernière seconde Zoco.
Et décide malgré sa blessure de jouer le match d’appui 2 jours plus tard. Le Chelsea d’Osgood y gagnera son premier titre continental.
« Lequel n’était pas le meilleur voisinage possible pour la confiance en soi, l’épanouissement personnel.. »
Ah ah ah, c’est joliment dit, t’as vraiment une dent contre lui ^^
Je savais que tu aboutirais à cette conclusion 🙂
J’en ai peut-être trop lu et vu? Tiens, illustration : je proposais hier à Sindelaar 2 vidéos de Tahamata, ça avait l’heurt de pouvoir lui plaire.. Sait-on jamais : tu les a regardées?
Sur la première, un Ajax-PSV où le génial Molluquois démolit la défense brabançonne ( = PSV) dans tous les sens (ailes gauche, droite..à distance..), éh bien, le gardien brabançons, c’est Jan Van Beveren.. Ce gardien formidable (pas irréprochable sur ce match) dont la carrière internationale mais aussi nationale fut brisée par JC Superstar…
A un moment sur le résumé, on le voit se plaindre auprès de l’arbitre, je crois même qu’il se tient la tête.. L’arbitre arrive, ramasse un truc et va le donner à Bobby Haarms, entraîneur-assistant d’Ajax.. Suit un gros plan : les supporters d’Ajax avaient lancé une..chaîne métallique sur Van Beveren (bon 40cm de long, et pas des anneaux de donzelle), en plein match..
Sans avoir accès aux archives/ressources NL, on mettrait légitimement ça sur le compte du hooliganisme NL, alors déjà à bon niveau..sauf que!
Sauf que nous sommes en novembre 79.. Lors de ses premières bisbilles avec Van Beveren (type dont le seul tort avait été de réclamer son dû), 6 ans plus tôt en Pologne, Cruyff s’était contenté de le dégouter du Elftal par des biais peu glorieux mais internes, en mobilisant ses petites frappes habituelles Neeskens, Krol et Suurbier..+ les institutions bien sûr, lesquelles l’appuyèrent lâchement (Michels est impardonnable à l’aube de la WC74).
Et ça marcha!
Quelques années plus tard, un successeur de Michels s’emploie à réconcilier Van Beveren avec l’équipe nationale, ça marche..mais Cruyff ne l’entend pas de cette oreille, et alors ce fut un pont plus loin : campagne d’intimidation et de calomnie via le quotidien national De Telegraaf (où, rappel, Cruyff avait sa tribune et ses nègres – on y reviendra, article 😉 ).. A nouveau : Van Beveren n’eut d’autre choix que de s’effacer, fini sa carrière internationale..mais Cruyff avait la dent dure et n’en avait pas fini!
Le mundial 78 se profile, la tv NL contacte Van Beveren pour qu’il en soit consultant, en plateau..et alors ce furent tout bonnement des menaces de mort sur sa famille, des appels au meurtre aussi.. (Van Beveren renonça, là aussi)
Cette chaîne de métal jetée au visage de Van Beveren, en plein match de 79 : ni plus ni moins qu’un reliquat du climat de haine que ce blaireau avait instigué contre Van Beveren un an-et-demi plus tôt, et qu’il traîna jusqu’à son départ pour les USA.
Bref, tu vois : je veux illustrer Tahamata..mais ce salopard avait tant empoisonné le climat autour du football NL.. C’est difficile d’y échapper!
Quand je dis « Article 😉 » : rien à voir de prime abord avec Cruyff!
Simplement et pour ces années-là : quel que soit le sujet que tu entends aborder, tu aboutis quasi-systématiquement à lui, une mafia..
Rappel : a minima 80% des internationaux NL avaient le beau-père de Cruyff pour agent..
Je vais recentrer sur Asensi 😉 : manche disputée à Barcelone de la fameuse demi opposant PSV et Barca? En préambule à ce match, Cruyff reproduisit les appels au meurtre lancés contre Van Beveren au mois de mars 78.. Ce n’est pas de moi mais de la cellule-psy d’Ajax : ce type était complètement frapadingue.
Au four et au moulin le khia!
Dans le dernier So foot papier y a une rétro sur le real Madrid.
Il me semble que Pirri y est présenté. Je n ai pas encore tout lu, mais y avait une belle photo!
Bota
Le pere de Juan Manuel Asensi n’etait pas un footeux. C’était le patron d’une boite de transport.
Tu parles certainement de Vicente Asensi qui lui fût une gloire du Valence de la Delantera electrica. Qui gagna 3 ligas dans les années 40. Les Mundo, le meilleur buteur historique. Gorostiza, un des plus grands joueurs basques de l’histoire. Epi et Amadeo.
Sans oublier l’éclosion de l’attaquant Igoa et d’Antonio Puchades qui est la figure de Valence dans les 50′. Une sorte de Guardiola et un des plus grands de l’histoire de Valence.
Mais Vicente et Juan Manuel ne sont pas de la même famille!
Puisque tu évoques la delantera eléctrica, je ressors ce commentaire publié sur Sofoot.
Juillet 1936. Espoir de Valencia venant de se révéler en Liga, notamment lors d’un match à Mestalla contre le Barça au cours duquel il inscrit un de ses premiers buts, les rêves d’Amadeo Ibañez s’éteignent avec la longue nuit dans laquelle sombre l’Espagne. Ne subsistent dans un premier temps que les épreuves régionales, l’éphémère Ligue de la Méditerranée et la Coupe de l’Espagne libre à l’été 1937 puis les compétitions cessent totalement.
Valencia est une des dernières villes à tomber aux mains des franquistes qui s’empressent d’effacer toute trace de la République et de réprimer férocement les opposants en saturant à l’extrême la prétendue prison modèle de la ville. Et puis il faut donner des gages de retour à la normalité, du baume au cœur à la population, alors à l’image de l’Aviación Nacional à Madrid (qui fusionne ensuite avec l’Atlético), l’équipe d’El Recuperación del Levante s’installe à Valencia en avril 1939.
El Recuperación est une formation militaire composée pour l’essentiel de joueurs basques ou asturiens enrôlés dans l’armée nationaliste, des types sans conscience politique qui auraient été dans le camp d’en face s’ils ne s’étaient pas retrouvés en zone nationaliste. Trois semaines seulement après la prise de la ville, un match est organisé entre les représentants de l’armée du Levante et une sélection de joueurs locaux. Les militaires font forte impression et enchainent une série de rencontres victorieuses face à différentes équipes jusqu’à une ultime démonstration en septembre 1939 contre Valencia CF dans un Mestalla restauré à la hâte après les outrages subis par le stade pendant la guerre.
El Recuperación del Levante s’autodissout avec la démobilisation des joueurs. Libérés de leurs obligations militaires, ils rejoignent les clubs renaissants des décombres. A cette occasion, Valencia CF récupère Waldo Botana, Poli, Álvaro et surtout Mundo, ex-Athletic Bilbao avant-guerre. Deux autres Basques arrivent dès l’été 1940 : le jeune Epi de San Sebastián et l’immense star des années 30 Guillermo Gorostiza, barré par l’émergence de Piru Gaínza à Bilbao. C’est ainsi que naît la « delantera eléctrica » avec de droite à gauche sur le terrain Epi, Amadeo, Mundo, Asensi et Gorostiza. Car Amadeo est évidemment de retour, un peu plus grave que cinq ans plus tôt mais le maillot Che chevillé au corps.
Mundo est un goleador extraordinaire, Epi un ailier droit rapide et habile qui observe avec dévotion Gorostiza, son alter ego à gauche, pas encore trop esquinté par la boisson et les excès en tout genre. Autour d’eux, les locaux Asensi et Amadeo positionnés en tant qu’inters, indispensables à l’équilibre de la « delantera eléctrica ». Probablement le moins talentueux, Amadeo est l’âme de l’équipe. Les mots ne suffisent pas à traduire ce qu’il représente à Valencia. Il fait tout simplement partie du sentiment Che.
Au fil des années et des titres, le quintet devient immensément populaire. Après les rencontres à Mestalla, les supporters se précipitent dans les bars que fréquentent les joueurs, le Trocadero en particulier, où ils peuvent côtoyer leurs héros et poursuivre les festivités jusqu’au bout de la nuit avec Gorostiza. Cela dure jusqu’en 1946 et le départ de « Bala Roja » dont les performances baissent avec l’âge et l’alcoolisme. Puis ce sont Mundo et Epi, les deux autres Basques, qui repartent dans leur région en 1950, actant la fin d’une décennie glorieuse et laissant le duo valencian Asensi – Amadeo finir sa carrière en pente douce.
Quand Amadeo Ibañez disparaît fin 1979, Mundo et Epi l’ont précédé de peu alors que Gorostiza est mort dans un hospice pour indigents depuis longtemps. On se souvient alors d’Amadeo, ce joueur excessivement correct qu’une expulsion émeut aux larmes un dimanche où l’arbitre choisit le premier lui tombant sous la main pour calmer les esprits d’un Barça-Valencia surchauffé. Et puis ressort cette vieille histoire, datant de juin 1941, après la première victoire de Valencia en Copa. De retour de Madrid, le bus dans lequel se trouvent les joueurs gravit laborieusement les pentes du col de Contreras, frontière naturelle séparant la Mancha et la province de Valencia. Au sommet, Amadeo exige que le chauffeur s’arrête un instant. Il descend et embrasse le sol valencian. Alors le bus peut redémarrer et entamer la longue descente vers Valencia et le bleu de la Méditerranée.
Superbe. Je l’avais rate celui-là.
Ça mérite la suite avec Gorostiza. Hehe
Tu le programmes et je le ressors !
Oui, je parlais de lui. Pour une fois que je veux vérifier un truc sur google, lol..
En googlant le Vicente donc, j’ai une espèce de fiche descriptive à tribord, référenciant le footeux Juan Manuel comme son fils, et je vois que l’un ou l’autre sites sont tombés dans le panneau aussi (« le footichiste »?).
C’est normal. Le père de Juan Manuel s’appelait Vicente Asensi Pascual. Et le footeux de Valence, Vicente Asensi Albentosa!
Merci de la clarification!
Moustache gracias, amigo !
Avec 172 buts Pirri est le 9ème meilleur buteur de l’histoire du Real Madrid, toutes compétitions confondues, ce qui est tout simplement incroyable pour un joueur non offensif. C’est lui qui tirait les penaltys.
Comme Messi il a remporté 10 Liga. Seul Gento a fait mieux avec 12 Liga.
Merci Fred.
De la part du plus ancien madridista francophone que j’ai croisé, ça fait plaisir. Par contre, pour les fans espagnols, tu es un jeunot!
Tu en connais des vieux de la vieille espagnols qui auraient tout vu depuis 56 ?
Ça demande confirmation mais je pense que la première C1 retransmise à la TVE fut celle de 57 (y-a-t-il des VHS ?). En France celle de 59 ?
J’ai bien peur que la retransmission à la radio française de la finale de 56 soit à jamais introuvable.
Sindelar
Juanito, j’en parle dans le texte quand j’aborde el Botellazo de Juanito. L’Espagne joue sa qualification pour le mondial argentin à Zagreb, dans une ambiance très chaude.
Et mène au score grâce à un but de l’Argentin de l’Atletico, Ruben Cano. Une revanche sur l’élimination 4 ans auparavant sur le but de Katalinski que j’ai mis en photo.
Juanito, jamais le dernier pour chambrer le public adverse, sort et se prend une bouteille en verre dans la tronche!
https://youtu.be/ffW9FqOePVA
Et en 73, les Yougos avaient été champions d’Europe de basket face aux Espagnols, en Espagne.
Exact. C’est d’ailleurs la 1ere grosse performance espagnole en basket. En demi, ils battent les soviétiques de Belov et Palauskas. L’équipe du sacre très contesté aux J.O de Munich 72.
Les Rafael Rullan, Nino Busacto ou les américains du Real, Brabender et Luyk.
Mais en face, c’était du très lourd. Cosic, un des meilleurs pivots européens de l’histoire. Les gâchettes moustachues Kicanovic et Dalipagic. Sans oublier la maestria de Plecas ou Slavnic. Immense génération Yougoslavie.
Fred
A la télé, non. Vu leur milieu social, c’est certain que non. Par contre, des mecs plus vieux que toi, fans du Real, j’en avais quelques-uns dans ma famille.
Mon grand-père, qui est né 20 ans avant toi, était fan du Barça. Simplement parce que Barcelone est le seul voyage qu’il ait fait de sa vie. 2 ans de services militaires.
J’ai pas les dates exactes mais je dirais fin des années 40- début 50. Donc époque César, Ramallets ou Basora.
Mais il aimait surtout la corrida.
Bota
Il est monstrueux le milieu d’Anderlecht en 81…
Sainte
La Real Sociedad n’est pas aussi rugueuse que l’Athletic de Clemente, avec de vrais joueurs de ballon comme Zamora ou Lopez Ufarte, mais elle reste avant tout une équipe d’engagement.
C’est un peu le cas de la Roja 84 qui doit surtout sa qualification en finale à un Arconada en etat de grâce. Face à la RFA et surtout les danois en demi. Faut revoir son match face au Danemark, on est du niveau d’un Toldo face aux Pays Bas. Car meme le but de Lerby qu’il prend à bout portant, il est au sol apres avoir fait une parade extraordinaire.
Le changement, c’est la Quinta. D’ailleurs, elle fait partie des illustres absents du palmarès de la c1. En 88 surtout.
Quand tu élimines successivement Naples de Maradona, Porto le tenant du titre et le Bayern de Lothar qui t’avait collé une branlée la saison précédente et que tu perds uniquement au but à l’Extérieur, y a de quoi avoir des regrets.
Même si le PSV a bien manoeuvré la confrontation mais ne pas gagner un seul des ses 5 derniers matchs pour choper un titre, je ne sais meme pas si c’est deja arrivé.
L’Espagne de Clemente, sans etre aussi violente que son Athletic, gardait quelques stigmates de la furia española. C’etait une équipe de réaction qui attendait inconsciemment d’etre au bord du précipice pour se réveiller.
En particulier à l’Euro 96 où elle revint au score en fin de match face à la France et la Bulgarie.
Mais j’avoue que je préférais cette equipe à l’actuelle que je trouve tres fade. J’en viens presque à regretter les boulettes de Zubi ou les passes ratées d’Abelardo.
Rarement été à ce point raccord sur tout!
Le Real peut aussi avoir des regrets pour l’édition 89-90, arbitrage borderline face au Milan.
Fort beau portrait croisé, merci Kia !
Et très belle photo en « une ».
C’est fou qu’un club aussi important que Barcelone ait mis autant de temps pour gagner une coupe d’Europe (1979 ) et encore plus la coupe des champions .
Barcelone empile les Coupes des villes de foire dans les années 50-60 et perd la finale du Wankdorf en 1961 contre Benfica. Avec une ligne d’avants absolument incroyable : Suarez, Kocsis, Kubala, Czibor, Evaristo… Lors de cette finale, Ramallets encaisse un célèbre but casquette et Czibor marque le but du 2-3 d’une impressionnante reprise de demi-volée : https://www.dailymotion.com/video/x4wh025
Quel match!
Je viens de checker, en plus des 5 que tu mentionnes, il y a encore dans l’effectif l’ailier Tejada, Ramón Villaverde, Uruguayen méconnu mais acteur majeur du Barça des 50es et Eulogio Martínez déjà rattrapé par l’embonpoint.
Oui, ce Barcelone aurait dû gagner la compétition puisqu’il s’était débarrassé du favori ultime. Mais c’était sans compter sur le Benfica. Bien vu pour la possible explication du scandale du Ballon d’Or 1960. Tu prépares un article sur la question ?
« Débarrassé du favori ultime » avec l’aide à l’aller et au retour de deux arbitres anglais n’ayant pas peur du ridicule…
Je viens juste apporter ma pierre à l’édifice en bon portugais, mais le Benfica de 1960-1961 avait été impressionnant, gagnant tous ses duels avec une large marge 5-1 contre Heart of Midlothian, 7-4 contre Ujpest, 7-1 contre Aarhus, 4-1 contre le Rapid.
La finale est certes chanceuse (et bien raconté dans cet article)
https://www.eurosport.fr/football/ligue-des-champions/2017-2018/les-grands-maudits-de-la-c1-les-poteaux-carres-du-barca_sto6707667/story.shtml
Un détail oublié dans cette histoire est que Coluna marque le but de la victoire (et joue tout le match) avec le nez cassé.
Ce Benfica était moins fort que celui d’Eusebio mais n’avait pas de malédiction et a eu une chance sur cette finale qu’elle perdra les 60 années suivantes!
Le non-ballon d’or de Puskás en 60 s’expliquerait par le fait qu’aucun votant des pays de l’Est ne l’avait placé en tête, par vengeance puisqu’il avait trahi l’idéal communiste en s’enfuyant de Hongrie. J’avais vu le détail des votes mais ne retrouve plus où.
Détail des votes : quand tu veux, m’intéresse au plus haut point!
Je me rappelle avoir eu ça pour une dizaine d’éditions-vintage, mais.. World Soccer peut-être?
@Bota, je viens de lire ton article en projet. Bravo, je n’en dis pas plus, je réserve mes commentaires pour le jour de sa publication. Mais ça me fait plaisir que tu évoques ce joueur majeur, je m’étais pris la tête gentiment sur Sofoot avec quelques forumeurs qui ne le mettaient même pas dans le top 5 des numéros 9…
Je ne sais pas où tu le vois 🙂
Sous réserves de votre ligne éditoriale : pour moi il fait l’affaire en l’état (sauf les illustrations).
A compter de janvier-février, et en me limitant à des sujets pas trop clivants : 1/semaine sans problème.
Sans oublier la finale de 1986 où le barca était hyper favori face au Steaua Bucarest
Mais duckadam avait tout fait pour que le club roumain gagne sa première et seule coupe d’Europe
Ujlaki 13ème du Ballon d’or 1960, c’est pas mal quand même pour un mec qui n’a joué aucune Coupe d’Europe ni participé à l’Euro 60.