1960-1975, la nuit du football français : 1960–1964, fin brutale d’une génération dorée (1/3)

Fin des années 50 : après une longue période d’apprentissage, le football français écrit ses premières belles pages, en club avec le Stade de Reims double finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1956 et 1959 (finales toutes deux perdues face au Real Madrid), en sélection avec l’épopée des Bleus lors de la Coupe du monde 1958 et la troisième place obtenue, et à titre individuel avec Raymond Kopa lauréat du Ballon d’Or 1958. Nul n’imaginait qu’à l’aube des années 60, le football français allait sombrer au point de devenir une nation de seconde voir de troisième zone pendant 15 ans.

Euro 1960, le premier accident

L’immédiat post-1958 ne laissait pas imaginer le déclassement à venir du football français, malgré une série de cinq matchs sans victoire concédée par les Bleus entre octobre 1958 et octobre 1959 [1], qui pouvait en partie s’expliquer par l’absence de Raymond Kopa, retenu par le Real Madrid [2]. Son retour au Stade de Reims à l’été 1959, motivé tant pour retrouver les Bleus à plein temps, que pour revenir en France et pour préparer les affaires de son après-carrière, coïncide avec le retour de victoires éclatantes : 5-2 et 2-4 contre l’Autriche (qui qualifie les Bleus pour l’Euro 1960), 5-3 contre le Portugal, 4-3 contre l’Espagne, 6-0 contre le Chili.

L’ossature offensive, qui avait tant brillé en Suède, continue de martyriser les défenses adverses. Le groupe est renouvelé par petites retouches, les « anciens » trentenaires avancés (Roger Marche, Robert Jonquet, Armand Penverne) étant progressivement remplacés par de jeunes joueurs (Jean Wendling, Bruno Rodzik, Lucien Muller, René Ferrier, François Heutte). A première vue, il n’y avait pas de signes avant-coureurs de déclin du football français. Mais les Bleus vont être frappés par une cascade de coups du sort dont ils ne se remettront pas.

Le 3 mars 1959, Paul Nicolas, président du comité de sélection [3], meurt tragiquement avec son épouse dans un accident de voiture. Ce jour-là, le football français a perdu une forte personnalité qui s’était illustrée tout au long de son mandat par des choix tout aussi forts : la nomination d’Albert Batteux comme entraîneur des Bleus en 1955 tout en gardant son rôle d’entraîneur du Stade de Reims, la confiance sans faille accordée à Raymond Kopa – dont la sélection pour le Mondial 58 était critiquée, du fait de son absence de deux ans chez Bleus [2] – et surtout à Just Fontaine à qui il avait promis sa titularisation – avant même la blessure de René Bliard – malgré les performances jusqu’ici moyennes de Justo avec les Bleus, enfin le choix d’aligner son équipe-type pour le match de la troisième place contre l’avis de ses propres joueurs…

Bien que la disparition de Paul Nicolas n’ait pas eu de conséquences immédiates au niveau des résultats des Bleus, son autorité a manqué lorsque les premières contre-performances ont commencé à s’enchaîner au début des années 60. Ses successeurs Alex Thépot puis Georges Verriest, vraisemblablement pas taillés pour le rôle de sélectionneur, n’ont pas su trouver de solutions pour s’adapter à un football qui entamait sa mutation tactique et physique, ni pour pallier à l’effritement du groupe de 1958, entre blessures subies et mises à l’écart brutales…

Car à l’aube de l’Euro 1960, les Bleus vont être confrontés à une véritable hécatombe de blessures, du fait de tacles de plus en plus durs (et non sanctionnés !) Roger Piantoni en est la première victime : le 11 octobre 1959, il subit une agression du Bulgare Dimitar Largov qui lui brise le genou, une blessure qui nécessitera plusieurs opérations et a pourri sa fin de carrière. Puis le 20 mars 1960, à l’occasion d’un match de D1 contre Sochaux, Just Fontaine subit un tacle de Sékou Touré : double fracture tibia-péroné. Peu après son retour sur les terrains en fin d’année 1960, il se blesse à nouveau le 1er janvier 1961 : nouvelle fracture qui précipite sa fin de carrière, à seulement 28 ans. Kopa est également diminué par des douleurs récurrentes à la cheville, du fait de tacles répétés, et est contraint de jeter l’éponge pour l’Euro (il sera opéré le 28 août 1960 suite à une calcification de sa cheville).

En plus des absences de Kopa, Fontaine, et Piantoni, Raymond Kaelbel et François Remetter (présents en 1958) sont également forfaits. C’est donc un groupe très jeune, très inexpérimenté et à la motivation fluctuante qui est sélectionné par Alex Thépot pour ce premier Euro, disputé en France, et dont les trois autres qualifiés viennent du bloc de l’Est (Yougoslavie, Tchécoslovaquie et URSS) La demi-finale, disputée au Parc le 6 juillet 1960, oppose la France à sa bête noire de l’époque, la Yougoslavie, qui battait systématiquement les Bleus en match officiel : en qualifications en 1949, et en poule lors des Coupes du monde 1954 et 1958.

Pour cette demi-finale, seuls Jean Vincent (capitaine), Jean-Jacques Marcel et le jeune Maryan Wisniewski ont connu l’expérience d’une compétition internationale, les autres joueurs du onze n’ayant que quelques sélections au compteur, voir aucune pour Robert Herbin (20 ans) et Michel Stiévenard (19 ans). Malgré un début de match difficile et un but encaissé par Milan Galić, les Bleus réagissent bien et mènent 4-2 à un quart d’heure de la fin (buts de Vincent, Wisniewski et doublé de Heutte) Mais l’impensable se produit : les Bleus, dont la défense n’est pas le point fort, reculent, et encaissent trois buts en quatre minutes ! La France est donc éliminée, une nouvelle fois battue par la Yougoslavie (4-5), et le gardien niçois Georges Lamia se fait littéralement massacrer par France Football, qui titre :

« Lamia assassine l’équipe de France ».

« Lamia n’a pas commis une erreur, ou deux, ou trois. Il a quelque sorte commis l’erreur d’être là. » (Jacques Ferran)

Si L’Equipe s’est montré plus mesuré en pointant du doigt les pertes de balle indigente du milieu de terrain, tout en soulignant la fébrilité du gardien tricolore, les avis à posteriori de ses coéquipiers de l’époque divergent quant à la responsabilité de la défaite : Wendling et Wisniewski refusaient de lui faire porter le chapeau, là où Stiévenard et Herbin se sont montrés moins tendres.

L’équipe est remaniée pour le match de la troisième place contre la Tchécoslovaquie – avec son futur Ballon d’Or Josef Masopust – battue 3-0 par l’URSS de Yachine dans l’autre demi-finale. Lamia, Herbin, Wendling, Ferrier et Muller laissent leur place à Taillandier, Jonquet, Chorda, Siatka et Douis. Mais, dans un stade Vélodrome désert (9438 spectateurs), les Bleus sont démotivés, inexistants et logiquement battus 0-2 sous les sifflets.

Compte-tenu des absences multiples des joueurs cadres et de la fébrilité du gardien face aux Yougoslaves, l’échec de l’Euro ressemble davantage à un accident qu’aux prémices d’un déclin. Mais le 12 octobre 1960, alors que les éliminatoires pour la Coupe du monde 1962 ont commencé, les Bleus sont laminés face à la Suisse (6-2) de Charles Antenen et Josef Hügi, auteur d’un quintuplé. La déroute est telle qu’elle provoque la démission d’Alex Thépot et de son adjoint Jean Gautheroux du comité de sélection.

Coupe du monde 1962 : scandale arbitral et non-qualification

Georges Verriest, ancien défenseur des années 30 qui s’était notamment illustré lors de la Coupe du monde 1934 face au Wunderteam autrichien, devient sélectionneur unique (Albert Batteux assumant encore les entraînements jusqu’en avril 1962) d’une sélection marquée par son échec à l’Euro, et qui a pour mission de se qualifier pour la prochaine Coupe du monde au Chili. En qualifications, après une victoire pénible obtenue en Finlande (1-2), les Bleus gagnent par deux scores larges à domicile sans pleinement convaincre (3-0 contre la Bulgarie, 5-1 contre la Finlande). Mais les matchs amicaux inquiètent : en l’absence de Fontaine et du fait de la présence irrégulière de Kopa et Piantoni (toujours en délicatesse avec leurs blessures), les Bleus n’arrivent plus à se procurer d’occasions de but, avec pour conséquence des défaites en Suède (0-1), en Espagne (0-2) et en Belgique (0-3).

C’est donc une équipe en plein doute qui se déplace à Sofia pour le match décisif le 12 novembre 1961, sans son trio magique devant, et en l’absence de Vincent et Marcel écartés par Verriest. A une époque où la différence de buts ne compte pas, les Bleus doivent au moins aller chercher au moins le nul pour se qualifier, et subissent la majeure partie d’un match dont l’issue est faussée par un arbitrage malhonnête. A l’heure de jeu, l’arbitre tchécoslovaque M. Milan Fencl refuse un but à Maxime Fulgenzi pour un hors-jeu imaginaire. Tout aussi imaginaire est le coup-franc accordé aux Bulgares à deux minutes de la fin, pour une faute peu évidente, et que M. Fencl fait retirer de façon douteuse après une première tentative ratée : sur la seconde tentative, Hristo Iliev reprend à bout portant et bat Pierre Bernard, le but est validé malgré le hors-jeu net d’Ivan Kolev. Et pour être sûr que le 1-0 soit définitif, M. Fencl siffle dans la foulée la fin du match, alors qu’il restait encore deux minutes de jeu…

Les français sont écœurés par un arbitrage d’une rare malhonnêteté, fut-elle le fruit d’une corruption ou d’un arrangement entre gens de l’Est. M. Fencl, non sans avoir encaissé un crachat au visage par le journaliste de L’Equipe Robert Vergne, est finalement radié par la FIFA mais le résultat est entériné : les Bleus sont contraints de disputer un match d’appui sur terrain neutre, à Milan le 16 décembre 1961. Le grand public est exagérément optimiste : « ils devraient l’emporter nettement – disons 3-1 » (Sacha Distel), « La France gagnera d’assez peu » (Louis de Funès).

En vérité, les Bleus crispés et maladroits livrent un match affligeant et passent complètement au travers, face à une équipe bulgare sans génie mais qui parvient à trouver la faille en début de seconde mi-temps, sur un tir de Dimitar Yakimov dévié par le capitaine André Lerond dans son but. Malgré une énorme occasion finalement gâchée par Maryan Wisniewski, les Bleus ne reviennent pas et sont éliminés. Georges Verriest est pris à partie par une centaine de supporters sur le parking du stade, réclamant sa démission et lui crachant au visage : à deux doigts d’en venir aux mains, il est finalement extirpé de la foule et poussé dans le bus… Le football français est en crise, et vient d’entamer sa longue nuit…

Dans l’édition de L’Equipe du 18 décembre 1961 « Triste fin d’une illusion », le journaliste Jean-Philippe Réthacker propose une analyse lucide de la situation du football français, que la décennie noire confirmera :

« En football, comme dans toute autre activité, il existe une évolution, un cycle, un cheminement des idées et des hommes qui amène le progrès par le renouvellement constant. Ainsi Reims (l’école Batteux) devient-il, en 1950, grâce à l’arrivée d’un phénomène nommé Kopa, l’exemple, le modèle, le phare autour duquel tourna tout le football français.

Le style Kopa fut mis en lumière en Coupe d’Europe 1956 d’abord, en Coupe du monde 1958 ensuite. Les qualités de dribble de Raymond furent alors mises en évidence par le fait que les systèmes défensifs se basaient encore sur le marquage individuel (un homme sur Kopa) Le travail de préparation fut toujours effectué dans un petit espace et d’un seul côté (le droit). Parce que tels étaient le coup d’œil et la technique de Kopa, instinctivement attirés par le côté droit où le champ de passes était le plus restreint. Et pour couronner le tout, Kopa eut toujours à ses côtés – à son côté droit – le complément indispensable. Il s’appela Glovacki, puis Bliard, puis Fontaine.

Peu à peu, bien sûr, l’adversaire affûta ses armes: il commença par marquer un peu plus étroitement Kopa (voir l’état des chevilles aujourd’hui). Puis il s’aperçut qu’il serait aussi efficace de le laisser travailler seul au milieu du terrain, mais de resserrer la surveillance des fers de lance. Ainsi les systèmes défensifs, même en France, furent-ils petit à petit basés sur le recul, sur la surveillance d’une zone et sur la défense en ligne avec utilisation du hors-jeu: celle-là était d’ailleurs destinée surtout à combattre l’ultime phase en profondeur du jeu offensif.

Que se passa-t-il alors ? Reims, par Kopa et pour Kopa, basa tout son jeu sur la passe courte, précise, indispensable fondement de son style au milieu du terrain. Et tout le football français se mit à l’heure Kopa, à l’heure rémoise. Sans comprendre que Kopa était un phénomène, un être d’exception. Et qu’on ne bâtit pas un système sur un être d’exception.

Ici intervient le travail et la responsabilité des entraîneurs français qui forment l’école la meilleure du monde sans doute, qui sont les plus intelligents, les plus attentifs au renouvellement, les plus ouverts au progrès, mais peut-être aussi les plus intellectualisés. L’ère de la condition physique et de la valeur athlétique qu’il était indispensable de donner aux footballeurs français précéda l’ère de la tactique. La réaction, l’ascension de Kopa et la Coupe du monde 1958 amenèrent l’ère technique dont l’aboutissement logique éclate aujourd’hui. Ce qui était un moyen devint alors une fin. Les séances d’entraînement technique consistèrent de plus en plus en des matches interminables de tennis-ballon ou de « trois contre trois », où le travail de balle court, effectué au millimètre, les échanges répétés de passes en retrait n’en finissent pas. Mais d’exercices de frappe, de séances de tirs, de mouvements collectifs sur une vraie largeur de terrain: peu ou presque plus.

Le drame, c’est que tout le monde s’y est mis : les juniors qui « rapetissent » physiquement et techniquement d’année en année (après Guillas, Di Nallo, après Di Nallo, Margottin, etc.), comme si d’ailleurs une certaine technique appelait et exigeait un certain physique.

Samedi, à Milan, le football français a étalé au grand jour ses faiblesses techniques. Nous devons tous prendre notre part. Nous-mêmes, journalistes, qui versons dans l’individualisme et sacrifions trop au culte de la vedette, même si celle-ci a 16 ou 17 ans (Di Nallo, le nouveau Piantoni, Guillas, le petit Kopa). Les techniciens français vont devoir se pencher sur le problème. L’équilibre a été rompu. Il convient de le rétablir. Un retour à la simplicité portera certainement ses fruits. »

Kopa banni, confirmation du déclin

Suite à ce fiasco, Georges Verriest tente de renouveler son effectif avec l’incorporation de nouveaux joueurs en début d’année 1962. Aux habituels de la sélection (Bernard, Wendling, Rodzik, Lerond, Ferrier, Goujon, Kopa) vient s’ajouter quelques nouveaux appelés (Cornu, Piumi, Théo, Hidalgo, De Bourgoing, Rambert, Koza, Robushi). Mais la cohésion n’y est pas, la mayonnaise ne prend pas et la série de défaites se poursuit contre la Pologne (1-3) et en Italie (2-1). Las, Albert Batteux démissionne en mai 1962 et est remplacé par Henri Guérin.

Le départ de Batteux fragilise Raymond Kopa, miné par ses blessures récurrentes à la cheville mais surtout par de graves problèmes personnels : son père vient de décéder, et son fils Denis est gravement malade d’une maladie inconnue (il s’agit d’un lymphosarcome) dont il décède le 15 février 1963. Kopa parvient malgré tout à réaliser un grand match en Angleterre, lors du premier tour de qualification pour l’Euro 1964, où les Bleus vont chercher un bon nul (1-1) aux allures de victoire (les anglais ayant égalisé sur un pénalty imaginaire) Mais en l’absence d’Albert Batteux, il se heurte au caractère psychorigide de Georges Verriest qui lui refuse d’être exempté des matchs amicaux pour pouvoir être au chevet de son fils.

11 novembre 1962 : la France fait un bon match face à une forte équipe de Hongrie (avec des vedettes comme Florian Albert, Lajos Tichy ou Ferenc Bene) et marque par deux fois par le néo-capé Fleury Di Nallo (19 ans), mais doit une nouvelle fois s’incliner (2-3) Kopa est aligné sur le terrain, mais il n’y est pas, la tête est ailleurs, ce qui semble compréhensible au vu de la situation. Mais pas pour Georges Verriest : « il faut écarter les planeurs ». La guerre est déclarée entre joueur et sélectionneur.

Entre temps, les Bleus (sans Kopa, donc) parviennent à éliminer l’Angleterre par un score sans appel : victoire 5-2 (doubles de Wisniewski et de Cossou, but de Douis), une belle performance face à une équipe incluant les futurs champions du monde Bobby Charlton et Bobby Moore, mais encore marquée par le crash aérien mortel de 1958 (qui décima l’équipe de Manchester United). L’équipe joue mieux, mais elle ne peut rien face au talent de Pelé lors d’un match amical face au Brésil (2-3… triplé de Pelé) Conscient des limites de son équipe, Verriest convoque Kopa en vue de la double confrontation contre la Bulgarie à l’automne 1963, à l’occasion du huitième de finale qualificatif pour l’Euro 64 et ayant des allures de revanche deux ans après l’élimination des Bleus. Au préalable, il fait disputer un ultime match de préparation face au Standard de Liège gagné par les Bleus (3-2) mais au cours duquel Kopa semble encore absent, vraisemblablement pas remis de ses drames familiaux. C’est donc sans Kopa que les Bleus se déplacent à Sofia pour le match aller, le 29 septembre 1963, et perdent une nouvelle fois (1-0) sans qu’il y ait cette fois ci de scandale.

La situation s’envenime à nouveau entre Kopa et Verriest, d’autant plus que le joueur est également dans le collimateur des instances fédérales qui lui reprochent des déclarations tapageuses dans la presse sur le statut d’esclave des footballeurs [4], et le menacent d’une suspension de 6 mois avec sursis :

« Les footballeurs sont des esclaves »

« Je trouve choquant que les dirigeants puissent décider seuls de la carrière d’un footballeur, négocier son transfert sans même l’en avertir, prendre des sanctions financières sans qu’il soit en mesure de se défendre. Je réclame pour tous la liberté que j’ai acquise pour moi, à force de volonté. »

Verriest tient des mots durs envers son joueur dans le Provençal : « Kopa n’a plus l’état d’esprit pour jouer en équipe de France, nous devons l’éliminer. Ses qualités ne sont pas en cause, mais sa mentalité. » Malgré tout, sous pression de la presse, il rappelle Kopa pour qu’il dispute le match retour contre les Bulgares. En réponse, Kopa demande des excuses de la part de Verriest qu’il n’obtient pas, refuse en conséquence sa sélection et est suspendu un mois et demi par le Conseil fédéral. C’est sur cette triste fin que se termine l’histoire de Raymond Kopa avec les Bleus. Mais, renforcés par les arrivées de Marcel Artelesa et de Georges Lech, et par les retours de Robert Herbin et André Chorda, les Bleus sortent finalement victorieux de leur match retour face à la Bulgarie (3-1, doublé de Goujon et but d’Herbin) et sont donc qualifiés.

Il reste un quart de finale à passer avant le tour final, mais le tirage au sort n’épargne pas les Bleus qui tombent sur la Hongrie. Le match aller disputé à Colombes le 25 avril 1964 ne laisse guère d’illusions sur l’issue de la double confrontation, malgré la réduction du score de Cossou en fin de match (1-3) car il faudrait un exploit monumental pour les Bleus qui n’ont à ce jour jamais gagné en Hongrie. Georges Verriest est sur la sellette, il n’ignore pas les rumeurs qui voudraient le voir remplacé par Just Fontaine… Malgré les circonstances, les Bleus font bonne figure au Nepstadion et mènent au bout de deux minutes de jeu par Nestor Combin, deuxième sélection. Mais ça n’est pas suffisant face à une équipe hongroise supérieure sur le papier, et ce malgré l’exode de 1956 consécutif à la répression soviétique (qui a entrainé la fuite de Puskas, Czibor et Koksis en Espagne). Les Magyars finissent par l’emporter (2-1) sur deux sorties approximatives de Pierre Bernard, dans un mauvais jour.

Georges Verriest, contesté dans des proportions que ne connaîtra que Raymond Domenech dans l’histoire de la sélection, donne sa démission le 12 juillet 1964. Le comité de sélection disparaît par la même occasion, et le Conseil fédéral de la FFF décide de fusionner les rôles de sélectionneur et d’entraîneur en confiant les rênes de la sélection à Henri Guérin.

S’il est indéniable que Georges Verriest n’avait pas la carrure nécessaire pour diriger l’équipe de France, et qu’il n’a pas su répondre au défi du renouvellement après l’effritement de la génération de 1958, l’avenir montrera que le football français dans son ensemble n’était pas en mesure d’offrir une succession au niveau de Kopa, Fontaine ou Piantoni. Au-delà des échecs des Bleus, la descente du Stade de Reims en D2 à l’été 1964 et les éliminations précoces en Coupe d’Europe sont les symptômes d’un football français en pleine régression, devenu incapable de sortir des footballeurs capables de rivaliser au niveau international, par manque de structures adéquates, par des entrainements aux méthodes obsolètes, et par l’absence d’une ligne de conduite claire sur les schémas tactiques. C’est ce que nous verrons dans le prochain épisode…

Conar le Barbant pour Pinte de Foot

[1] Matchs nuls contre la RFA (2-2), l’Italie (2-2), en Grèce (1-1), contre la Belgique (2-2), puis défaite en Bulgarie (0-1)

[2] A l’époque, les règlements de la FIFA n’imposaient pas aux clubs de mettre leurs joueurs à la disposition des sélections, d’où le peu de matchs disputé par Kopa avec les Bleus entre 1956 et 1959.

[3] Jusqu’en 1964, les joueurs sont choisis par un comité de sélection, de même que l’entraîneur.

[4] A cette époque, les joueurs étaient par contrat liés au club jusqu’à leurs 35 ans. A l’inverse, le club pouvait unilatéralement décider d’envoyer un joueur dans un autre club, sans qu’il ait son mot à dire.

Sources :

L’intégrale de l’équipe de France de football (Jean-Michel et Pierre Cazal, Michel Oreggia)

L’Equipe n°4867 du lundi 18 décembre 1961

71 réflexions sur « 1960-1975, la nuit du football français : 1960–1964, fin brutale d’une génération dorée (1/3) »

  1. Tout ça je l’ai vécu en direct, donc je ne m’appesentirai pas, pour ne pas raviver de mauvais souvenirs. Juste ceci: La France était la championne du monde des ouvertures de score et des effondrements pathétiques en seconde mi-temps. Le nom complet de Casimir Koza (avant-centre de Strasbourg) était Kozakiewicz. Kopa et Koza on joué une fois ensemble. Ce fut contre…la Pologne. Preuve que c’était devenu presque un sujet de société, à la sortie de Stade français-Nîmes, le 20 mai 62, avait eu lieu un micro-trottoir d’une station de radio sur le thème « Qu’est ce qui manque au football français ? » ou un truc dans le genre. Le décès de Denis Kopa, le 16 février 1963, avait bouleversé la France entière. Trois mois plus tôt , Kopa véritablement dans un état second, avait livré une prestation phénoménale au Parc des Princes contre l’Austria de Vienne en 1/8 retour, 5 à 0 (dont 2 buts de Kopa, lui d’habitude peu prolixe). On ne le savait pas encore, mais ce match reste à ce jour la dernière victoire de Reims en Coupe d’Europe. C’est également ce soir-là qu’eut lieu une sorte de scandale qui choqua la presse. Ce qui se passa ce soir-là se passe aujourd’hui quasiment à tous les matchs couperets en Coupe d’Europe, mais seuls les sachants sachent de quoi je veux parler. Des recherches et un article s’imposent.
    1962 est une des pires années de l’histoire du football français: aucune victoire. La carrière de Michel Hidalgo se résume en tout et pour tout à la seconde mi-temps de Italie-France du 7 mai 62. Il avait d’ailleurs été transparent.
    Pierre Bernard c’était pas topissime, faut bien le dire.

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    1. « La France était la championne du monde des ouvertures de score et des effondrements pathétiques en seconde mi-temps. » C’était le signe d’un déficit physique des joueurs face à des adversaires mieux préparés.

      Après, je ne fais pas partie des « sachants » concernant le scandale lors de Reims-Austria.

      1962, annus horibilis en effet. Mais je pense que 1968 est encore pire (j’y viendrai dans le deuxième article)

      Pierre Bernard était sans doute un peu tendre pour le niveau international, mais j’ai l’impression que c’était récurrent, on galérait à dégager une hiérarchie chez les gardiens (y compris en 1958, puisque Remetter laisse sa place à Abbes à partir du troisième match) Entre Julien Darui et Joël Bats, tu n’as pas un seul gardien qui ait vraiment fait l’unanimité. Hidalgo a consommé 10 gardiens avant de trouver le bon!!!

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      1. Après Darui, tu oublies Vignal mais trop souvent blessé, parce qu’un un peu trop kamikaze. Georges Carnus aurait pu et aurait dû être le chaînon manquant.

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      2. Ubri doit être au courant de ce Reims-Austria.
        Il faudrait trouver un article relatant le match aller pour comprendre la réaction du public au retour.

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      3. @Alfredo : j’ai hésité à citer Carnus, mais il a mis un peu de temps à s’imposer en Bleu (Guérin lui préférait Aubour) Et même avant son tragique accident, Baratelli était en train de le mettre sur le banc.

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      4. Vivement le chapitre sur Castaneda et JPBD qu’on se marre un peu ! 😂

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  2. « Le drame, c’est que tout le monde s’y est mis : les juniors qui « rapetissent » physiquement et techniquement d’année en année ». La leçon a mis du temps à être comprise mais ajd le problème ne se pose plus : les pieds carrés des joueurs de l’EdF sont compensés par leur puissance physique.
    Merci Conar pour cette saga.

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  3. Un rapide complément sur l’affaire Kopa – Verriest. Originaires du nord de la France, l’un venait d’un milieu très modeste et de Nœux-les-Mines quand le second était issu d’un milieu bourgeois de Roubaix. Tout semblait les opposer et pourtant un point aurait dû les rapprocher : les deux hommes avaient connu le malheur de perdre un enfant. Ce qui rend d’autant plus difficile à comprendre la posture de Verriest.

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    1. On peut le voir de plusieurs façons :
      – La fédé voulait se faire Kopa pour ses prises de position en faveur du contrat à temps, et Verriest a emboité le pas.
      – Verriest, qui était franchement contesté, se cherchait un bouc émissaire, la non motivation de Kopa était un bon prétexte pour se dédouaner des résultats qui plongeaient.

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  4. Souvenir hier soir qu’était question de la Bulgarie.. ==> C’était une horreur, un nid à problèmes.. : de loin la pire équipe du Bloc Est dans ces années-là!

    Brutale, cynique.. Je ne me l’explique pas..sinon, pure hypothèse : par le dopage systémique d’évidence assez hardcore qui y avait cours, attesté. Et dont plusieurs joueurs belges témoignèrent par exemple avec dégoût au mitan des 60’s, évoquant des joueurs bulgares chez qui coulaient des filaments de bave aux commissures labiales, comme enragés, possédés.. Quelque chose n’allait pas avec cette équipe, qui alimenta d’ailleurs plus d’une histoires d’arbitrages bizarres.

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    1. Jouer à Sofia à cette époque était un vrai traquenard, entre les joueurs rustres et violents, le public hostile et les services secrets qui rôdaient.

      Fencl en 1961, Foote en 1976… il devait se passer des choses pas très catholiques pour que les arbitres pètent les plombs à ce point…

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      1. Le pire du footbll bulgare sera atteint en 66 avec l’attentat sur Pelé.

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      1. Oui à l’époque il y avait moins de copinage entre les journalistes et les joueurs et entraîneurs. On sortait plus facilement la sulfateuse.

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      2. @Alfredo : et les anciens joueurs n’étaient pas tendres non plus (je pense en particulier à Lucien Gamblin et Gabriel Hanot, anciens Bleus des années 10-20 passés journalistes)

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    1. J’avais commencé un projet sur Gundi Asparoukhov mais entre mon rythme de parution digne de Dip et le fait que le bulgare ne soit pas le plus simple à rechercher, j’ai tout bonnement abandonné !

      Si quelqu’un veut bien s’y coller, c’est fascinant !!

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      1. Moi je reste fasciné par la capacité d’une icône communiste à mourir au volant d’une..Alpha Romeo?? Ou d’une Maserati?

        Ce n’était point une voiture du peuple en tout cas.

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      2. Alfa Romeo Giulia GT effectivement, pas une voiture de prolo…

        Après, j’ai pas le souvenir que Gundi soit particulièrement coco, plutôt un apparatchik qui se satisfaisait de sa condition de « bourgeois » au sein de la société bulgare…

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  5. Merci le Barbant ! Le père de ma compagne a joué en lever de rideau du fameux France-Bresil 1963 à Colombes. Il jouait alors au TFC, premier version, et affrontait Saint Etienne en demi-finale de la Gambardella. Les Verts avaient gagné 2-1 mais mon beau-père avait fait la passe décisive pour le but toulousain.
    Il m’avait montré des articles d’époque et le programme du match.
    Il m’avait dit que les Brésiliens, dont Pelé, les avaient félicités!

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  6. Un comble: à l’issue de la victoire 3 à 1 sur la Bulgarie en octobre 63, Verriest est acclamé par le public versatile du Parc, qui a déjà oublié l’affaire Kopa-Verriest. Public de cons ou public de merde ?

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    1. Certains supporters avaient ramené une banderole « VERRIEST DEMISSION », mais ils l’ont planqué à la fin du match. La presse aussi a quelque peu retourné sa veste, avec un titre : « La France a gagné, Kopa a perdu ».

      Mais au final, Verriest n’a eu qu’un sursis.

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  7. Hâte de lire la suite ! On peut tout de même tiquer sur ce fameux Bulgarie-France de 1961 ; étrange idée que de mettre un arbitre issu d’un pays satellite de l’URSS pour arbitrer une Bulgarie dirigée par Todor Jivkov, proche de Léonid Brejnev face à une France gaulliste.

    Merci d’éclairer cette sombre période du foot tricolore.

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    1. Je ne vois pas le souci, les fans de rugby français ont pris l’habitude depuis plusieurs décennies maintenant d’affronter des anglais (ou assimilés) en étant arbitrés par… des anglais (ou assimilés) et ce, sans que ça ne choque personne ni ne crée le moindre scandale 😊

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    2. Choix douteux de la FIFA, en effet. Au vu du sort ultérieur de M. Fencl, je ne pense pas qu’il y ait eu de corruption dans les hautes instances pour désigner un arbitre complaisant avec la Bulgarie. De fait je prône plutôt pour la naïveté politique.

      Après, les pays de l’Est pouvaient aussi avoir des soupçons si on leur désignait un arbitre de l’Ouest. Mais l’écossais M. Foote a prouvé par une « performance » légendaire – ayant suscité une réaction journalistique non moins légendaire de Thierry Roland – qu’on pouvait venir d’un pays atlantiste et appliquer un arbitrage maison pro-bulgare…

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      1. Quelques temps avant les Irlandais aussi avaient été volés. Il se trouve que je me trouvais en vacances en Irlande cette semaine-là et que j’avais regardé le match dans un pub (ou le hall de l’hôtel ?). Je vous raconte pas la colère des gens dans la salle.

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      2. @Alfredo : de mémoire, les irlandais menaient à Sofia mais se voient refuser un but de Johnny Giles pour un hors-jeu imaginaire. Et derrière la Bulgarie gagne le match 2-1…

        A ce point là, ça ne peut pas être une coincidence, ni de l’incompétence. Soit les arbitres se faisaient graisser la pâte, soit on leur promettait une rencontre avec un parapluie bulgare…

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  8. Article complet sur une période noire du football français en club et en sélection (ce qui est assez rare). Pourquoi Cisowski n’a pas été sélectionné pour l’Euro 60 alors qu’il marquait encore énormément en club ?
    On voit bien les cheveux bien roux du sphinx sur la photo. Et dire qu’un autre rouquin l’a sûrement privé d’un titre européen en 1977 du côté d’Anfield.

    Alors que cette période est terrible pour le football français, les corses ont montré la voie des bonheurs à venir avec :
    – Ajaccio champion de D2 en 66-67, avec donc une montée à la clef en D1
    -Bastia champion de D2 67-68 avec une autre montée en D1
    – Étienne Sansonetti meilleur buteur de D1 67-68 avec Ajaccio
    – Bastia en finale de la coupe de France 71-72 (après avoir éliminé Ajaccio en début de parcours), ce qui lui a valu sa première qualification européenne
    – Marius Trésor élu meilleur joueur français 1972 (avec les 6 premiers mois à Ajaccio).
    – Claude Papi sélectionné en équipe de France en 1973
    – Albert Vanucci (formé à Ajaccio) sélectionné en équipe de France en 1974
    – Charles Orlanducci sélectionné en équipe de France en 1975.
    Alors, on dit merci qui pour ouvrir la voie du bonheur ?

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    1. Ciso marquait encore pas mal avec le RC Paris : 30 buts en 58-59, 27 en 59-60. Mais il avait 33 ans, et son âge était suffisamment avancé pour que Paris l’expédie à Valenciennes lors de l’été 60, sans lui demander son avis.
      Je suppose que le comité de sélection des Bleus a fait le même constat. Après la Coupe du Monde 1958, Cisowski avait été rappelé à l’occasion de quelques matchs, mais pas plus (sa dernière sélection date d’octobre 1958, de fait je pense qu’ils ne comptaient plus vraiment sur lui)

      De manière générale, il n’a pas eu la carrière qu’il méritait avec les Bleus. Les blessures n’ont pas non plus aidé.

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  9. Rien de barbant dans cet article, merci Conar.

    J’ai souvenir qu’on avait sondé la possibilité d’une naturalisation de Salif Keita (quelques années plus tard) tant le niveau de l’équipe de France faisait de la peine. Mais je ne vais pas spoiler ce qui sera sans doute une partie 2 dont je me délecte à l’avance et où il y aura sans doute du saumon au menu 🙂

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    1. Je ne connaissais pas cette histoire sur Keita. Mais même s’il avait été naturalisé, il n’aurait jamais pu jouer en bleu vu qu’il avait déjà des sélections avec le Mali.
      Or depuis 1962, il n’était plus possible de jouer pour deux sélections différentes.

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      1. J’ai un trou de mémoire, quel est le dernier international français à avoir eu des sélections avec un autre pays auparavant ?

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      2. @Alfredo : le dernier qui fut « à la limite » était Hector De Bourgoing. Verriest l’avait convoqué une première fois pour le France-Bulgarie de 1960, mais il n’a pas joué et ça a abouti à un gros imbroglio entre la FFF et la FIFA.

        Citation de Wikipedia sur la page de Hector De Bourgoing, c’était un joli bordel :

        « En décembre 1960, Georges Verriest avait déjà convoqué De Bourgoing en équipe de France pour le match aller France-Bulgarie dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 1962. La convocation de décembre 1960 provoque une polémique car De Bourgoing ne parlait qu’espagnol et ses origines françaises étaient jugées assez lointaines. De plus la Fédération française de football se demande si elle a le droit de sélectionner un joueur qui a déjà porté les couleurs de l’Argentine et qui ne réside en France que depuis un an et demi. (De Bourgoing avait signé à Nice le 27 août 1959).

        En décembre 1960, la FFF pose la question à la FIFA, qui répond : « impossible de sélectionner De Bourgoing s’il n’a pas trois ans de résidence en France. » Mais la FFF ne se tient pas pour battue, et son secrétaire général Pierre Delaunay adresse une lettre à la FIFA en expliquant : « Sans doute le règlement de la FIFA prévoit-il qu’un joueur naturalisé, ne peut être sélectionné dans son nouveau pays qu’après trois ans de résidence. Mais De Bourgoing n’est pas un joueur naturalisé, il est français depuis sa naissance, puisque l’Argentine et la France admettent le principe de la double nationalité. Son cas est donc spécial et je vous demande de l’examiner. » Le cas De Bourgoing fut donc traité au Comité exécutif de la FIFA, réuni en avril 1961 à Londres. Sa conclusion fut la suivante : « Le texte des règlements internationaux ne donne pas une réponse directe au problème soulevé. Il faut donc l’interpréter dans son esprit. L’interprétation de la FIFA est la suivante : un délai de trois ans est nécessaire entre le dernier match joué par De Bourgoing avec l’équipe nationale Argentine et le premier match qu’il devra jouer dans l’équipe de France. »

        La FFF se rend alors compte que la dernière sélection de De Bourgoing remonte au 17 mars 1957 (contre l’Équateur) et qu’il était donc parfaitement sélectionnable en décembre 1960 même s’il n’avait pas encore séjourné trois ans en France. »

        De Bourgoing a joué son premier match en avril 1962 face à la Pologne. Quelques jours après, la FIFA prononçait l’interdiction…

        Il y a eu un autre cas dans les années 70 : Carlos Curbelo a joué deux matchs amicaux en 1976, sous Michel Hidalgo. Lui a eu moins de chance : pour avoir eu quatre sélections avec l’équipe pré-olympique d’Uruguay, la FIFA lui interdit ensuite de jouer avec les Bleus.

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      3. Es-ce que Nestor Combien a été international argentin ou pas ?

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      4. @Claudio Gentile : non, Nestor Combin n’a joué que pour les Bleus (première sélection en 1964)

        Il n’a eu que 8 sélections (pour 4 buts), mais c’était surtout dû à son départ en Italie.

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  10. En prenant les plus capés de la période qui va de septembre 60 à décembre 64, on peut établir un onze type qui, ma foi, sur le papier, n’a pas mauvaise allure:

    Goujon – Kopa – Douis – Wisnieski
    Bonnel – Ferrier
    Rodzick – Herbin – Maryan – Wendling
    Bernard

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    1. On retrouve la plupart de ces joueurs – sauf Kopa, évidemment – sur l’année 1963, qui fut quand même meilleure que la funeste période fin 60-62.

      Après, j’y aurais bien mis Lucien Muller, mais comme pour Kopa avant lui, jouer en Espagne lui fermait la porte des Bleus.

      Au delà des joueurs, il a surtout manqué un coach avec une philosophie de jeu bien définie. Donner les pleins pouvoirs à Batteux était une possibilité. Si ça n’était pas Batteux, j’aurais vu deux autres noms :
      – si tu joues la défense en ligne : Pierre Sinibaldi
      – si tu joues le marquage individuel avec libéro : Helenio Herrera, évidemment

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      1. Attends attends… tu es en train de dire qu’à l’époque, un joueur français jouant en club à l’étranger ne peut pas être sélectionné en équipe de France ?!

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      2. Un Kopa a joué pour l’EDF du temps de son contrat au Real, bref : le cas français n’était pas le danois ou le belge (où ce fut rédhibitoire jusqu’aux 70’s incluses), ni ce qu’avaient été les cas néerlandais ou suédois. Re-bref : les Français pouvaient donc être sélectionnés quoiqu’évoluant à l’étranger.

        Par contre, NL FR BE DK SV………., peu importe : c’était un peu partout un frein pour un sélectionneur / comité de sélection……….. : moins d’images, d’infos.. loin des yeux loin du coeur.. et les places étaient chères, la tentation était grande de satisfaire, tant que possible, tous les acteurs du football national.. ==> C’est ainsi que j’entends le « fermer la porte des Bleus » plus haut..??

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      3. Au plus haut niveau, il était impossible de gagner quoi que ce soit avec Sinibaldi : trop radical, trop dogmatique..et trop friable.

        Face à des équipes très réalistes, excellant dans le contre : c’était mort. Il était ultra-moderne sur certains aspects, un incontestable pionnier…….et en même temps obtusément dépassé sur d’autres.

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  11. De Bourgoing, bien sûr. Je le savais: 5 points !
    Et à l’inverse le premier international français à changer d’équipe nationale est, semble-t-il Mahjoub qui intègre l’équipe du Maroc en 1960.

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    1. Ca dépend si on considère Rachid Mekhloufi et Moustapha Zitouni (ce dernier mériterait une biographie) avec l’équipe du FLN ou pas 🙂
      Mais je ne suis pas sûr que le tissu cicatriciel de cette histoire soit assez solide pour tenir…

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      1. Non les matchs de l’Équipe du FLN ne sont pas homologués par la FIFA.

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    2. Le dernier algerien a joué avec les Bleus est Mahi. Qui fut élu meilleur joueur du championnat avec Rennes. Pendant longtemps, je me suis demandé pourquoi il n’avait pas rejoint l’Équipe du FLN. Il l’explique : En Algérie, il a toujours fallu que je m’explique sur ce sujet. Des joueurs algériens sont venus me voir deux fois. La première fois, j’étais militaire au 2ème CRT là où il y a actuellement le centre commercial des Trois Soleils. Ce jour-là, Mekhloufi et les deux frères Soukhane sont venus de Saint-Étienne pour me chercher. À la porte de ma caserne, ils m’ont fait appeler. Mais toute la caserne était  » consignée « . Ils ont attendu un peu puis sont repartis. Le gardien m’a averti quelques jours après. Je ne savais pas.

      La seconde fois, c’est arrivé alors que nous devions jouer avec Rennes à Saint-Étienne. Dans les jours précédents, j’ai reçu, à Rennes, Maouche qui jouait à Reims. Il m’a alors dit qu’il fallait que nous soyons à Genève le lundi suivant. Je l’ai arrêté tout de suite en lui expliquant que j’avais un match à Saint-Étienne et qu’en plus quelques jours avant, j’avais cassé ma voiture dans un accident et que je devais donc m’en occuper. Nous voilà partis à Saint-Étienne avec le Stade Rennais. À cette époque-là, j’avais un copain de Lyon qui venait me voir systématiquement. Mais ce jour-là, je ne l’ai pas vu. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Nous faisons le match et nous rentrons sur Rennes. Dans le train, les mecs avaient l’Ouest-France. À chaque fois que je le demandais à mon voisin, personne ne voulait me le donner. Juste avant d’arriver à Rennes, j’ai réussi à en récupérer un. En le lisant, je découvre qu’il y avait eu trois Algériens qui avaient été arrêtés à la frontière suisse et qu’ils avaient affirmé que je devais être avec eux. À la gare de Rennes, deux mecs avec des imperméables et des chapeaux ont voulu m’emmener à la préfecture. Le Président Girard est alors intervenu en leur disant que nous arrivions d’un long déplacement, que cela avait duré toute la nuit et que j’étais fatigué. S’ils voulaient me trouver, ils savaient où j’habitais et que cela pouvait attendre le lendemain. Et je n’en ai plus jamais entendu parler.

      Ce n’est qu’après l’indépendance que Zitouni, qui jouait à Monaco et qui était un bon copain, m’a dit qu’avec l’équipe du FLN, ça avait été le bazar tout le temps. « 

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  12. Beau travail de recherche et passionnant article ! Je ne suis jamais déçue quand l’envie de lectures me ramène à Pinte2Foot.
    L’analyse de l’Equipe en 1961 en particulier, qu’il fallait aller trouver et recopier !, est très révélatrice, et je doute qu’on en lise encore de telles dans la presse aujourd’hui (bien que je ne sois pas tout à fait sûre d’avoir compris où elle veut en venir : est-ce le travail de préparation technique qui est critiqué, ou le fait que les joueurs n’ont pas le niveau physique et athlétique qui va de pair avec le niveau technique ?)
    En tout cas, il existe un signe assez clair de ce déclin du football français dans les années 60-70 : les noms des joueurs sélectionnés en bleu à cette période, cités dans cet article, me sont presque tous complètement inconnus !

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